CHANGING MINDS. ~ Lilddin.

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CHANGING MINDS. —

— MYRDDIN & LILY

Je suis resté environ quinze ans devant le glacier, à cause de la queue. C’était terrible. L’hiver est pourtant sur nous, mais cette saison ne mérite pas ce nom en Australie. C’est même un affront, car le soleil et les températures sont encore là, changeant complètement la perspective des saisons. Même au bout de quelques années, je ne m’y suis pas habitué du tout. Et il m’arrive de rêver de neige – le peu que nous avions en Angleterre m’allait très bien –, de vent froid, de pluies incessantes, de brume, de grisaille, de Londres quoi. Et pendant tout ce temps, j’ai pu philosopher sur le goût des glaces. Nouveauté de l’année, la glace au chewing-gum. Sérieusement. Quel goût ça a, déjà, le chewing-gum, pour en faire un parfum de glace. De base. Car sur chaque boîte de gommes à mâcher, il y a un arôme différent. Fraise, fruits de la passion, menthe, menthe fraîche (quelle est la différence...)... La matière première doit avoir un goût de plastique, de pétrole finalement, et l’idée même me fait frissonner. Je ne réprime pas une grimace lorsque la personne dont c’est le tour choisi d’en prendre deux boules. Et j’ai beau chercher, je ne vois pas pourquoi quelqu’un choisirait en toute conscience cette glace, tant la couleur bleu pétant rappelle à peine subtilement tout le chimique qui se trouve dans sa confection.

Le temps s’étire encore alors que je regarde mon portable, et y trouve un message de Lily m’indiquant qu’elle est déjà à notre lieu de rendez-vous. Tant pis, la glace sera pour une autre fois. Je pensais en prendre une pour le chemin tant j’avais faim et chaud en sortant directement du Southern Cross Theatre, mais je vais devoir me presser encore pour atteindre le bar situé plus au nord. Je ne voulais pas être en retard, car cela fait un moment que je ne l’ai pas vu ; depuis sa blessure en fait. A croire que c’est la saison, car Clément aussi est dans l’incapacité de danser suite à une blessure au genou. Mais il peut ainsi se concentrer entièrement sur son rôle, de ce que m’en a dit Charles, et ça m’a tout l’air d’être un mal pour un bien. Sauf que dans le cas de Lily, elle n’a que le chant pour contrebalancer son amour de la danse, et son travail au sein de la compagnie repose beaucoup sur cette deuxième partie. Notre petite chorégraphe a dû prendre un repos forcé, et je devine que cela ne lui fera pas de mal de se changer les idées, de sortir et de boire un verre en terrasse. Si elle allait mieux, je lui aurais même proposé une sortie le soir, pour décompresser moi aussi, mais la danse n’est pas au programme.

J’accélère comme je peux, regardant les minutes défiler contre ma volonté. Mais le bus n’en fait qu’à sa tête, si bien que je termine à pied pour travers les dernières rues. Je rêve furtivement d’un hélicoptère, la vie serait plus aisée, pour moi qui suis chroniquement en retard lorsqu’il ne s’agit pas de mon travail. J’aperçois enfin l’enseigne du bar, ce qui me pousse à m’arrêter de trottiner et à reprendre mon souffle quelques secondes. La trentaine approche et je la sens venir, et ça n’a rien de drôle, alors que je vanne souvent Thomas pour ses quarante ans qui pointent le bout de leur nez. Je reprends mon avancée plus tranquillement, et pourtant à grandes enjambées encore, j’ai assez fait attendre mon amie. Je la remarque, de dos, m’étonnant à peine qu’elle soit debout. Souriant largement, je m’approche d’elle en la saluant de la voix, l’entraînant dans un câlin alors qu’elle se tournait vers moi... Mais je la sens résister, et c’est en reculant que je me rends compte que ça n’est absolument pas la bonne personne. Un instant de surprise, puis un éclat de rire amusé et gêné alors que je m’excuse platement auprès de la jeune femme dont les joues rougissent. Elle m’assure que ce n’est rien alors que je persiste à demander pardon, anglais que je suis. Ce n’est que lorsqu’elle part comme prévu initialement que je me retourne vers la terrasse, où je vois cette fois-ci bel et bien ma chère Lily se marrer à mes dépends. Je vais m’assoir à côté d’elle avec une moue et un soupire.

— J’ai pas les yeux en face des trous aujourd’hui... Mais pour ma défense, elle te ressemblait beaucoup de dos, ajoutais-je avec une assurance certaine, avant de sourire et de partager son rire communicatif. Bon je crois que j’ai bien besoin d’une bière moi aussi.. Et désolé de t’avoir fait attendre, vraiment, j’voulais une glace en sortant des répét’ mais la file était super longue. Au final j’ai pas eu ma glace alors- Le serveur nous interrompt avec délicatesse, et de toute façon ma phrase n’allait pas aller vraiment plus loin que cela. Je laisse Lily passer commande en premier. Une Guinness pour moi, merci. J’attends que l’homme ait tourné les talons pour reporter mon attention sur Lily. Ok tu t’en fiche de mes histoires de glace, raconte-moi, ça va toi en ce moment ? Le vif du sujet. Toujours.

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Assise à une table de ce bar à moitié remplie pour ce milieu de journée, Lily attend Myrddin. Déjà dix minutes qu'ils devaient se retrouver et ce dernier n'est toujours pas là. Elle regarde sans cesse la porte, s'inquiétant de ne pas le voir arriver. Ce n'est pas spécialement son genre. D'habitude, il arrive toujours dans les temps à quelques minutes près. Elle jette un œil à son téléphone mais aucun message ne s'affiche de la part de son ami, pas même une réponse au message qu'elle lui a envoyé en arrivant sur les lieux. Si à trente, il n'y toujours pas là, elle le harcèle d'appels et de messages jusqu'à ce qu'il lui réponde. Peut-être qu'il lui est arrivé quelque chose et qu'il lui est impossible de la prévenir ? Peut-être qu'il a oublié ? Non, ils ont échangé quelques messages dans la matinée et ils se sont bien dits "à tout à l'heure". Mais peut-être qu'il s'est trompé d'heure et qu'il pense que c'est plus tard ? Peut-être qu'elle a juste mal retenu l'heure ? Elle tente de se calmer et d'arrêter de se poser un million de question ainsi que de s'imaginer des scénarios tous plus étranges les uns que les autres. Elle attend simplement, tournant sa cuillère dans la tasse de son café pour faire disparaître le sucre qu'elle y a mis et qu'il ne reste pas seulement au fond de sa tasse. Elle a horreur de ça mais elle n'aime pas le café non sucré. Elle trouve ça trop amer et pas très agréable en bouche. Elle regarde autour d'elle, les personnes présentes dans le bar en même temps qu'elle. Elle se surprend à imaginer la vie de ses personnes dont elle croise la route aujourd'hui. Bizarrement il y a beaucoup plus d'hommes que de femmes. Elle se demande si ce n'est qu'une constatation ou simplement la triste réalité d'un cliché que l'on voit partout dans les médias. Elle les observe sans cesser de tourner sa cuillère dans sa tasse. Elle imagine un divorcé qui se noie dans l'alcool pour oublier sa peine. Un paumé qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Un pris au piège dans un mariage qu'il n'a pas voulu mais qu'il a accepté pour faire plaisir à sa femme qui n'attendait que d'avoir la bague au doigt pour aller frimer auprès de ses copines. Des profils différents qui sont certainement loin de refléter la réalité qui s'offre à Lily. Elle l'espère en tout cas, sinon, ce serait bien triste pour ces personnes qu'elle a en face d'elle. Mais il faut dire que sa vie privée n'est pas aussi fameuse que ce qu'elle imagine à ces hommes dont elle ne connaît aucunement l'identité. Une relation parfaite qu'elle a foutu en l'air à cause d'une demande en mariage dont elle a fui. Trop peur, trop faible pour affronter la chose en face, elle a préféré partir à l'autre bout du monde pour fuir et réaliser son rêve avant qu'elle ne soit enfermée dans un mariage ou des fiançailles. C'est comme ça qu'elle le voit.

La porte s'ouvre de nouveau et Lily tourne la tête pour enfin apercevoir son ami. Il était temps, elle commençait à sérieusement se demander où est-ce qu'il était passé. Elle le regarde, lui adressant un sourire mais il ne lui adresse même pas un regard. Et ne se dirige même pas à la table où elle s'est installée. Peut-être a-t-il vu une personne qu'il connaissait et qu'il se dirige vers sa table pour la saluer. Elle se trouve à deux ou trois tables de la sienne. Lily le suit du regard et le voit prendre une femme dans ses bras qui ne semble même pas le connaître et qui le repousse gentiment. La jeune femme se retient de rire en voyant la scène au loin et elle l'entend s'excuser à cette femme. Mais la scène est trop belle et Lily ne peut pas s'empêcher de rire. Pas trop fort non plus, elle ne voudrait pas attirer l'attention sur sa personne et que tout le monde pense qu'elle se moque ou quelque chose qui y ressemble. Elle n'est pas comme ça et elle ne veut pas qu'on pense qu'elle est comme ça. Malgré tout, Lily se soucie un peu de son image et de ce que les autres peuvent penser d'elle malgré son air je m'en foutiste. J’ai pas les yeux en face des trous aujourd'hui... Mais pour ma défense, elle te ressemblait beaucoup de dos. Elle essaie de se calmer un peu pour répondre quelque chose mais c'est compliqué. Elle reprend son souffle et respire un bon coup. Désolée mais la scène était vraiment hilarante, dommage que je n'ai pas eu le temps de la filmer. Elle pose son regard sur la jeune femme avec qui il l'a confondu pour la regarder et la comparer à elle. Surtout pour voir si elles se ressemblent et elle a un peu de mal à le croire. Elle a les cheveux plus courts que les miens il me semble. Mais on va dire que ta défense se tient. Elle hausse les épaules, amusée de la situation et reporte son attention sur Myrddin. Bon je crois que j’ai bien besoin d’une bière moi aussi.. Et désolé de t’avoir fait attendre, vraiment, j’voulais une glace en sortant des répét’ mais la file était super longue. Au final j’ai pas eu ma glace alors- Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que le serveur vient l'interrompre pour savoir ce qu'il souhaite commander. Une Guinness pour moi, merci. Et il constate que tu as déjà quelque chose en face de toi, alors il repart aussi rapidement qu'il est arrivé pour préparer la boisson du jeune femme en face de toi. Ok tu t’en fiche de mes histoires de glace, raconte-moi, ça va toi en ce moment ? Elle lâche un petit rire avant de boire une gorgée de son café, qu'elle repose rapidement par la suite. Toujours aussi chaud, elle a l'impression qu'il n'a pas refroidit d'un seul degré depuis que le serveur l'a déposé en face d'elle. Oh non, je ne m'en fous pas. C'est dommage pour ta glace. Elle sourit un peu avant d'ajouter autre chose et de répondre à sa question. On me retire mon atèle dans quelques jours normalement. Tu n'imagines même pas à quel point je suis soulagée de savoir que ça approche à grand pas. Je n'en peux plus. Le nombre de fois où elle s'est énervée à cause de ça, elle ne les compte plus. Elle avait l'impression d'être une mamie, de n'être bonne qu'à rester assise ou coucher toute la journée. Elle a l'impression de devenir folle par moment. Et à par ta glace, comment ça se passe à la compagnie ? Du nouveau ? Elle prenait régulièrement des nouvelles de ses collègues, à présent devenus amis pour la plupart. Ils étaient comme une grande famille maintenant. Elle aimait cette sensation et cette complicité entre eux.

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En retard, comme souvent lorsqu'il n'est pas question de travailler. En retard, et pourtant je n'aime jamais ça, mais c'est presque plus fort que moi. Aujourd'hui c'est à cause d'une glace, d'une file qui s'éternise, mais ça aurait pu être n'importe quoi. Une dizaine de minutes, c'est un retard que j'estime correct, mais plus, je suis immédiatement, et je ne peux pas faire grand-chose pour accélérer davantage, creusant encore mon retard et faisant patienter Lily contre mon gré. Je n'ai même pas pris le temps de répondre à son message lorsqu'elle est arrivée sur les lieux, déjà pressé. Lorsque je vois enfin l'enseigne du bar, j'arrête de courir pour reprendre un court instant mon souffle. La chaleur d'Australie ne m'apprécie toujours pas... Et enfin, enfin, je passe l'entrée de l'établissement. Mais qui sait sila chaleur a trop d'effet sur moi, ou si c'est simplement la fatigue, mais je me dirige vers la mauvaise personne. De dos, la ressemblance est frappante, et, trop hâtif, la demi-seconde où la jeune femme se retourne vers moi ne me suffit qu'à peine à remarquer que c'est une inconnue. Je m'en détache pourtant rapidement avant de m'excuser platement, comprenant mon erreur. La jeune femme, souriante, s'en amuse plus qu'elle ne s'en offusque et je suis bien ravi d'éviter un malaise.

C'est alors que j'entends plus ou moins rire, et mon regard balayant la salle à moitié pleine se pose sans problème sur mon amie. Hilare. Evidemment. Je m'approche de sa table avec un sourire en coin ; la scène vue de l'extérieur devait vraiment être drôle, je n'ai pas le moindre doute, et je la connais assez bien pour savoir qu'elle ne se moque absolument pas. Je trouve une excuse lambda, tout en gardant un sourire après un soupire à fendre l'âme en m'asseyant sur la chaise m'étant destinée. Lily, encore au bord des larmes à cause du rire, s'excuse de son fou rire et regrette de ne pas avoir eu le temps de filmer tant c'était un moment parfait. Machinalement, je lève les yeux au ciel, puis les tourne vers la jeune femme avec qui je l'ai confondue. En observant de plus près, comme mon amie le dit, les cheveux sont un peu plus courts, mais c'est négligeable.

— De dos je te dis, vous avez un peu la même silhouette, et la même couleur de cheveux, il m'en faut pas plus, et j'étais pressé ! ajoutais-je en luttant contre un sourire en coin, signe évident que je prenais tout ceci à la rigolade et que je me fichais bien de ma défense.

Très rapidement je lui explique ensuite mes déboires à propos de ma glace, que je n'ai finalement pas eu, et le serveur arrive au moment pile où je parle de bière. Je passe commande d'une Guinness et il repart aussitôt, Lily ayant déjà un café devant elle. En ayant moi-même marre de mes histoires de retard, je demande à mon amie comme elle va en ce moment. Je crois que cela fait un peu de temps que nous ne nous sommes pas vus, que nous n'avons pas pris le temps de discuter. Plus ou moins depuis qu'une blessure l'empêche de se rendre à la compagnie et de danser, elle est moins présente et préfère se reposer, ce qui est tout à fait normal. Mais j'imagine que le temps lui dure puisque, après avoir gentiment dit qu'elle ne se fichait pas de mes histoires de glace, c'est la première chose dont elle me parle. D'ici quelques jours, si tout se passe bien, on lui enlèvera son attèle. Je souris largement, n'ayant aucun mal à imaginer son bonheur de pouvoir retrouver sa passion.

— Je ne te comprends que trop bien... C'est super en tout cas, ça c'est d'la bonne nouvelle. Mais du coup maintenant c'est Clément qui s'est blessé au genou... Une histoire de ligaments, il en pour quelques semaines encore il me semble, dis-je en grimaçant légèrement. Avant de sourire au serveur qui m'apporte ma Guinness. Clément non plus ne peut plus danser, mais on a pu le retrouver au théâtre récemment, enfin, et il garde son rôle. Il est aussi le genre à s'énerver facilement à cause de son genou d'après ce que j'ai pu voir, du coup, ça sera aussi une chose de plus à gérer. A part Clément, rien de vraiment neuf, répondis-je à sa question à propos de la Northlight, juste avant de prendre une bonne gorgée de ma bière. En fait, j'ai soif après ma petite course. Les représentations de la pièce sur Shakespeare approche, plusieurs flippent à cause de la montagne de textes à apprendre encore, mais la modernité de l'ensemble est géniale, ça donne un contraste très intéressant. On bosse donc encore très dur, y'a guère la place pour le commérage ou les embrouilles de coulisses. Je souris légèrement, reposant mon verre après une nouvelle gorgée, puis pose mes bras sur la table. Mon sourire s'agrandit, comme celui d'un enfant s'apprêtant à confier un secret à sa meilleure amie. Et c'est un peu le cas, Lily et moi sommes devenus très proches au fil du temps, et contre mes propres attentes. Mais bon, elle est adorable. Sinon tu recevras bientôt l'invitation pour le mariage, on a quasi fini la liste et sait déjà la forme qu'auront les cartes, du coup... D'ici une ou deux semaines, je dirais.

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La scène était vraiment drôle, Lily n'a pas pu s'empêcher d'éclater de rire à travers le café où ils s'étaient donnés rendez-vous. Les regards se tournent vers elle mais elle s'en fiche. Après tout, elle ne doit pas être la seule à rire ou en avoir envie tellement la scène était hilarante ? Oh et puis, ça ne va pas les tuer qu'elle rit un peu trop fort. Elle est dans un lieu public après tout, s'ils ne sont pas contents, ils ont juste à rentrer chez eux et ils auront tout le calme dont ils veulent. C'est aussi simple que ça. Elle l'accueille à sa table avec toute sa sympathie et un grand sourire sur les lèvres, lâchant quelques petits rires encore de temps en temps. De dos je te dis, vous avez un peu la même silhouette, et la même couleur de cheveux, il m'en faut pas plus, et j'étais pressé ! Lily jette un oeil à la jeune femme mais malheureusement, elle ne peut la voir que de face et il lui semble qu'elle a les cheveux quand même plus court que les siens. Impossible de voir si elle lui ressemble vraiment ou non. Mais elle ne sait même pas à quoi elle-même ressemble de dos alors elle n'est pas sûre qu'elle aurait vraiment pu comparer, tant pis. Tu feras un peu plus attention la prochaine fois, histoire de ne pas te taper la honte devant tout un café et de faire peur à une belle jeune femme. La pauvre, elle n'a pas du comprendre ce qui se passait. À sa place, Lily aurait certainement hurlé et fait un bon de trois mètres en arrière. Ok, c'est exagéré mais ça n'empêche qu'elle aurait eu peur et qu'elle aurait essayé de se défendre peut-être. Elle ne sait pas vraiment. Il lui demande comment elle va et elle lui répond qu'on va lui retirer son atèle très bientôt et que c'est un énorme soulagement pour elle. Même si elle ne pourra pas re-danser de suite après, ça lui retire un poids de la conscience. Elle pourra doucement reprendre son activité favorite et reprendre les cours normalement. Parce qu'être assise sur une chaise, ce n'est vraiment pas la joie. Je ne te comprends que trop bien... C'est super en tout cas, ça c'est d'la bonne nouvelle. Mais du coup maintenant c'est Clément qui s'est blessé au genou... Une histoire de ligaments, il en pour quelques semaines encore il me semble. Elle grimace un peu en apprenant la nouvelle. Elle l'a entraîné de nombreux mois depuis son arrivée à la compagnie. Ce petit a du talent et elle sait qu'il pourrait aller très loin. Ça l'embête de savoir ça et elle espère que ce n'est pas de sa faute, qu'elle ne l'a pas entraîné trop durement. Oh mince... Il va bien ? J'essaierai de passer ou de l'appeler. Entre personne handicapée, il va bien falloir se soutenir. Elle dit en riant un peu mais elle espère sincèrement que ça va aller pour lui et qu'il garde le moral malgré tout. Elle sait ce que c'est mais ils ne sont pas pareils alors peut-être qu'il a mieux réagi qu'elle. Elle lui retourne évidemment la question mais aussi, elle souhaite savoir comment ça se passe à la compagnie et ce qu'elle a loupé ces dernières semaines. Avec des béquilles, elle n'a pas pu passer autant qu'elle l'aurait souhaité et elle a hâte de revenir. A part Clément, rien de vraiment neuf. Elle hoche de la tête, presque satisfaite de la réponse. Elle n'aime pas trop louper trop de choses mais c'est le jeu et ça fait partie des dures lois des arrêts forcés, malheureusement. Les représentations de la pièce sur Shakespeare approchent, plusieurs flippent à cause de la montagne de textes à apprendre encore, mais la modernité de l'ensemble est géniale, ça donne un contraste très intéressant. On bosse donc encore très dur, y'a guère la place pour le commérage ou les embrouilles de coulisses. Une nouvelle fois, elle hoche de la tête pour montrer qu'elle a parfaitement entendu sa réponse. Heureusement qu'elle n'est pas la seule à travailler sur les chorégraphies des spectacles, sinon elle serait vraiment mal de les laisser tomber à un moment aussi crucial. Il faudrait que je passe dans la semaine pour voir ça. Vous avez besoin d'aide d'ailleurs ? Enfin en fonction de ce que je peux faire évidemment, j'ai du temps, autant que ça serve. Elle rit un peu, elle préfère en rire qu'en pleurer à présent. Elle n'a pas toujours eu cette façon de penser. Encore moins au début de son accident. Maintenant ça va mieux, elle en voit le bout. Elle pose ses mains de chaque côté de sa tasse de café pour se réchauffer les mains. Il ne fait pas froid dans ce café mais ça n'empêche qu'il ne fait pas bien chaud non plus. Elle observe le garçon en face d'elle, se mettant en position comme pour lui annoncer un secret le plus merveilleux du monde. Et Lily est prête à tout entendre, les oreilles grandes ouvertes, elle attend patiemment. Sinon tu recevras bientôt l'invitation pour le mariage, on a quasi fini la liste et sait déjà la forme qu'auront les cartes, du coup... D'ici une ou deux semaines, je dirais. Un grand sourire se dessine sur son visage, elle est tellement heureuse d'entendre ça. Lily n'a jamais osé sauter le pas du mariage, la preuve, elle s'est enfuie la seule fois où le garçon comptait la demander en mariage. Mais ça n'empêche qu'elle trouve ces moments absolument magnifique. Elle est très enthousiaste à l'idée d'y assister et de les voir s'unir au nom de l'amour. C'est vrai ?? Je meurs d'impatience de découvrir l'invitation et d'y être. Je suis sûre que ça va être sublime. Elle a presque des étoiles dans les yeux quand elle dit tout ça et pourtant, ce n'est pas elle qui se marie. Ça ne sera certainement jamais elle même si elle a commencé à aller voir un psychologue pour comprendre cette peur de l'engagement un peu très sérieuse. À voir ce que ça va donner. Je suis tellement contente pour toi, pour vous. Elle est sincère, elle se réjouie de son bonheur et de l'amour qu'ils se portent l'un à l'autre. Elle trouve ça beau et elle espère trouver le courage d'aimer autant un jour.

HJ :

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Au moins avec ma gaffe j'ai bien fait rire Lily, c'est déjà ça. Mais je ne suis pas gêné ou honteux de mon erreur, ça me passe bien au-dessus, et puis je suis capable d’imaginer pourquoi mon amie trouve ça si drôle et, honnêtement, j'en souris volontiers aussi. Je joue un peu la comédie en feignant un agacement et une excuse un peu tiré par les cheveux ; je maintiens, elles se ressemblent un peu, de dos. Si je vais attention à la longueur des cheveux à quelques centimètres près moi… D’autant plus que cela fait un petit moment que nous ne sommes pas vu, Lily aurait très bien pu être passée chez le coiffeur ! Soit, j'appuie un peu ma mauvaise foi, mais mon expression prouve que je ne suis pas à prendre au sérieux. Lily plaint elle l’a pauvre jeune femme à qui j'ai dû faire une belle frayeur. Être salué par un inconnu de loin, ça va, être enlacé par un inconnu, totalement différent. J’ai un léger rire à ses propos, et je finis pas hausser les épaules.

— Je ne sais pas, après m’être excusé elle avait pas l’air apeurée, mais elle a bien dû me prendre pour un fou, ou un imbécile.

J'ai eu de la chance qu'elle ne réagisse pas plus violemment, ou excessivement. J'aurais bien été en peine de savoir quoi faire si elle avait hurlé ou paniqué, là je me serais bien fait remarquer. À sa place, j'aurais bien sûr sursauté, mais je ne pense pas que j'aurais réagi trop différemment. À moins qu'un réflexe m'aurait fait frapper la personne. Je n'aime pas trop être surpris encore, alors qui sait. Cela ne fait jamais remonter de bons souvenirs. Bref, voulant passer à autre chose et rentrer un peu plus dans le vif du sujet, je demande à Lily comment elle se porte. C'est toute ravie qu'elle m'apprend que son atèle sera bientôt de l'histoire ancienne, et je partage totalement son enthousiasme. Cela signe un retour, le repentir mais sûrement, de la jeune femme à la danse, et il sait à quel point être privé de sa passion peut être infernal. On ne se rend pas compte qu’une chose nous est finalement vital avant de la perdre. Nous allons donc bientôt la revoir au sein de la compagnie, à danser et à donner des cours, et la vision me réjouit ; elle m'a finalement beaucoup manqué je dois dire, il manque une pièce du puzzle lorsqu'elle n'est pas là, même si elle n'est pas la seule à gérer les chorégraphies.

En parlant de la troupe, je lui parle de Clément, avec qui elle a souvent travaillé, qui s'est à son tour blessé. Je ne connais pas tous les détails ni la façon dont il s'y est pris, et je ne me souviens guère des termes médicaux, mais j’essaie de mettre la jeune femme au courant de tout ce que je sais. Lui, c’est a genoux qu'il s'est blessé, et il y a peut-être une histoire de ligaments là-dessous. Rien de très amusant, et cela l’impact dans pas mal de domaines. Il est d’ailleurs en convalescence, ce qui tombe un peu mal avec la pièce que nous préparons. Mais il est encore jeune et il devrait se remettre vite s'il suit bien les recommandations. Et peut-être que Lily pourra l'aider s'il sent la déprime venir à ne plus pouvoir danser. Elle le suggère d'ailleurs. Clément est peut-être assez stressé comme garçon, j'espère que cette blessure ne pas nuire à sa bonne humeur et son entrain général.

— Exactement oui, ça devrait lui faire du bien, approuvais-je en souriant. Pour l'instant j'ai l'impression que ça va, mais tu le connais, il ne dit rien quand ça va mal.

J'hausse les épaules ; je sais très bien qu'elle est au courant comme moi des habitudes du jeune homme, l'ayant coaché à de nombreuses reprises. Lily me retourne ensuite la question, plus orienté sur les dernières nouvelles de la compagnie. Outre Clément, il ne s'est pas passé grand-chose d'important. Tout le monde est concentré sur la pièce de Shakespeare en production. Donc la danseuse n'a pas loupé beaucoup de choses depuis son départ à cause de sa blessure. Elle m'annonce qu'elle essaiera de passer dans la semaine pour filer un coup de main, maintenant qu'elle ne sera plus entravée par l'atèle. Souriant, j'approuve totalement l'idée de mon amie, et lui dit que de petites mains supplémentaires ne seront jamais de trop. Elle est au courant e ça, de la frénésie qui s'accentue au fur et à mesure que la date de la première représentation approche. Il y a de plus en plus choses à faire, toutes importantes pour la bonne marche du projet, et aussi de nouveaux problèmes à régler. Et ce, jusqu'au premier levé de rideau, et souvent même bien après. Les imprévus font partie inhérente de nos métiers. Je souris aussi, heureux de la voir en meilleure forme qu'au début de son arrêt forcé. Elle reprend du poil de la bête, alors que la fin de sa convalescence approche. Sa bonne humeur retrouvée est totalement communicative. Après une bonne gorgée de ma bière, je décide qu'il est temps de lui parler un peu du mariage. Elle est bien sûr invitée, et je lui glisse l'information que les invitations ne devraient plus tarder. Sa réaction ne se fait pas attendre, un large sourire comme si je venais de lui apprendre la plus merveilleuse des nouvelles. J'ai un léger rire à son ton enjoué et presque empressé, aux étoiles dans ses yeux. Elle paraît presque plus enthousiaste de mon mariage que moi-même. Je sais plus ou moins qu'elle n'a pas sauté le pas alors que l'occasion s'offrait à elle, mais elle ne jette pas en bloc l'idée du mariage, et est sincèrement heureuse. Encore une fois, je me rends compte que mon amie m'avait bel et bien manqué.

—Merci beaucoup, dis-je avec un grand sourire, et les joues légèrement rougies sous l’attention. J’espère que ça va bien se passer, les préparatifs avancent mais c'est un peu plus de stress à chaque fois, c'est sans fin. J'ai presque plus hâte que tout soit terminé que du mariage en lui-même c'est pour dire. avouais-je en grimaçant légèrement. Mais je reprends vite un sourire. Heureusement Tom est là pour assurer, il a un sang-froid étonnant. Et puis personne ne peut rivaliser avec son organisation, c'est incroyable. Enfin, et toi alors, à part ton atèle infernale, rien à me raconter ? Je préfère encore changé de sujet, et puis je suis curieux que les derniers événements qui se sont produits dans la vie de mon amie. Après tout, il ne peut pas y avoir que l’enlèvement de l’atèle qui est notable sur ces dernières semaines.

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Si elle s'était présentée et indiquée dès qu'il a passé les portes, ce petit incident ne se serait pas produit. Mais elle ne l'a pas fait, trop occupée à observer la scène et à se demander ce qu'il faisait. Mais ce n'est pas grave, ça lui a valu un bon fou rire et elle doit avouer que ça fait du bien de temps en temps. Elle n'était pas la seule à rire, elle est sûre que tout le monde le remercie pour ce petit moment fort sympathique dans un quotidien pas forcément tout rose. Je ne sais pas, après m’être excusé elle avait pas l’air apeurée, mais elle a bien dû me prendre pour un fou, ou un imbécile. Ça la rassure un peu, enfin surtout pour cette pauvre jeune femme qui n'a rien demandé à personne et qui s'est retrouvé entre les bras de Myrddin. Mais cet homme est un amour, il ne lui aurait rien fait de mal de toute façon, qu'elle ne s'inquiète pas. Ou peut-être les deux. Qu'elle dit en haussant les épaules pour l'embêter un peu. Lily aime bien le taquiner et se moquer gentiment de lui. Ce n'est même pas de la moquerie à ce stade parce qu'elle n'en pense pas un mot. Myrddin n'est pas un imbécile, ni même un fou. Ou peut-être un peu quand il s'y met mais chaque être humain a un côté fou et imbécile en lui. À un degré plus ou moins élevé selon les personnes. C'est ce qui rend le quotidien moins terne selon Lily. Mais le sujet change et Myrddin lui apprend que Clément s'est blessé. Chose dont elle n'était pas au courant, certainement trop occupée à pester contre elle-même et sa blessure à la cheville. Essayant de refaire le monde et son futur assise sur une chaise de laquelle elle ne pouvait presque pas bouger. Du repos que lui avait ordonné le médecin. Du repos, c'est facile à dire. Lily n'aime pas rester sur place à ne rien faire. Elle a besoin d'être en mouvement, de bouger. Pas de rester assise à regarder le temps passer. Il n'y a rien de pire pour elle. Exactement oui, ça devrait lui faire du bien. Pour l'instant j'ai l'impression que ça va, mais tu le connais, il ne dit rien quand ça va mal. Elle rit un peu, évidemment qu'elle le connaît. Ils se ressemblent assez sur ce point puisque Lily est exactement pareille. Elle préfère dire que ça va, qu'elle va survivre alors qu'au fond, elle souffre le martyre et elle est à deux doigts et tout envoyer valser. J'essaierai d'aller lui remonter le moral. Mais... Ça pourrait être sympa qu'on y aille à plusieurs un soir. Je sais à quel point les journées peuvent être très longues.. Elle grimace, étant en plein dedans, elle le sait mieux que quiconque. Et une petite soirée avec ses amis et les gens de la compagnie, ça pourrait être sympa et lui remonter un peu le moral. C'est ce que pense Lily en tout cas. Mais contrairement à Clément, elle n'en a plus pour très longtemps et elle a hâte de fouler de nouveaux les planches d'une salle de danse et de danser de nouveau. Même si elle sait très bien que ça ne se refera pas tout de suite. Un mois sans danser et sans bouger le pied, elle va avoir besoin de le muscler à nouveau un peu. Elle sait que ce sera plus simple et elle ne se fait aucun soucis pour ça. Il lui parle des prochaines représentations de la pièce qu'ils montent depuis des mois, c'est un gros projet. Mais Lily sait que ça va être grandiose. Elle a vu les débuts et elle a validé. Elle est impatiente de découvrir la pièce finale, une fois que tout sera au point et que tout le monde sera prêt. Elle sait que ça peut être un gros stress et que la montagne de texte à apprendre peut en faire peur certains. Mais c'est un challenge, un petit défi à se donner. Lily sera là pour les aider si jamais parce qu'elle est aussi là pour les coatcher si jamais ils en ont besoin. Elle a l'expérience derrière elle, elle sait de quoi elle parle et ce que ça fait d'être à leur place. Elle peut bien leur donner quelques conseils. Rien que pour ça, elle se doit de passer très rapidement. Et le sujet du mariage est sur le tapis, Myrddin lui annonce qu'elle ne devrait pas tarder à recevoir son invitation. Ça semble tellement plus réel comme ça et elle a tellement hâte de découvrir cette invitation mais aussi le mariage en lui-même. Evidemment, elle ne raterait ça pour rien au monde. Merci beaucoup. J’espère que ça va bien se passer, les préparatifs avancent mais c'est un peu plus de stress à chaque fois, c'est sans fin. J'ai presque plus hâte que tout soit terminé que du mariage en lui-même c'est pour dire. La jeune femme éclate de rire, ne pouvant s'en empêcher une fois de plus. Les souvenirs de cette bague qu'elle a retrouvé dans les affaires d'Arthur, le fait qu'il souhaitait la demander en mariage. Tout ça remonte dans sa tête. Et si elle n'avait pas aussi peur de l'engagement et des relations sérieuses, elle serait certainement mariée à l'heure d'aujourd'hui, la bague toujours au doigt. Bien-sûr, elle n'imagine pas une seconde qu'ils auraient pu divorcer, Arthur est un homme bien. Lily en a pleinement conscience. Elle était heureuse avec lui, amoureuse aussi. Mais ça ne lui a pas suffit. Tu n'es pas le premier à dire ça. Et je pense que tu ne seras pas le dernier. Et crois-moi que pour avoir aidée ma sœur à organiser le sien, je ne peux que te comprendre. Elle ne l'avait pas aidée dès le début à cause du fait qu'elle soit à New-York et aussi en tournée à travers le monde entier. Mais dès son retour, elle a mis la main à la patte sans broncher. Elle était tellement heureuse de pouvoir l'aider, de pouvoir organiser et décorer ce qui allait être le jour le plus heureux et le plus beau de la vie de sa petite sœur. Ou en tout cas l'un des plus beaux. Elle se souvient des galères et des décommandations de dernières minutes. Une horreur, une catastrophe. Mais elles ont su se relever rapidement et trouver des solutions. Et ce n'est pas pour te faire flipper ou stresser encore plus, mais tu n'es pas au bout de tes surprises. Qu'elle dit en riant un peu. Elle préfère le mettre en garde parce que ça la surprise de son côté, elle n'imaginait pas ça mais maintenant, elle est parée pour son futur mariage, si jamais elle décide enfin à sauter le pas, évidemment. Elle prévoira plusieurs traiteurs, plusieurs fleuristes, plusieurs dj's. Plusieurs tout. Mais ne te prends pas trop la tête non plus, un mariage, ça n'arrive qu'une fois généralement. Alors profites surtout. Elle sourit, se voulant rassurante mais dans toute cette agitation et stresse, elle n'est pas sûre que ça marchera. Tant pis, elle aura essayé. De son côté, elle est sûre que le mariage sera une réussite. Heureusement Tom est là pour assurer, il a un sang-froid étonnant. Et puis personne ne peut rivaliser avec son organisation, c'est incroyable. Enfin, et toi alors, à part ton atèle infernale, rien à me raconter ? Elle lui adresse un sourire, heureuse de savoir que Tom n'est pas loin et qu'il est là pour faire pencher la balance. Puis cette question tombe. Quoi d'autre à raconter à part son atèle ? Elle réfléchit, Lily mais elle ne voit pas. Ses journées semblent tellement vide à présent. Peu de choses. J'en profite pour travailler sur mon projet d'école, je t'en avais parlé il y a quelques mois. Lily est assez discrète là-dessus mais elle travaille sur l'ouverture d'une école de danse et de chant principalement. Elle aimerait bien avoir d'autres sections, comme du théâtre, de la musique, les arts du spectacle... Et d'autres. Vraiment, une école tournée vers les arts de la scène et tout ce qui peut se cacher autour. Dans le style de l'école dans Un Dos Tres, série qu'elle a tellement adoré lorsqu'elle était gamine. Une rêve de gosse en fait. Elle y travaille dur.

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CHANGING MINDS. —

— MYRDDIN & LILY

Après une entrée en scène remarquée, je suis bien content de retrouver Lily et d’enfin rattraper un peu de temps perdu. A cause de sa blessure, nous ne nous sommes vraiment pas vus souvent, alors que je la compte parmi mes proches amis. Elle avait un peu besoin d’être seule, ainsi privée de danse, étant bien placé pour connaitre ce sentiment je n’ai pas forcé les choses, et le contact a repris de lui-même. Ce petit rendez-vous autour d’un café est le genre de choses qui m’a manqué, surtout avec ce qui se passe dans ma vie personnelle. Mais d’abord je la tiens au courant de ce qu’elle a loupé dans la compagnie. L’avancement des projets, des répétitions, et surtout la blessure de Clément qui rejoint la sienne. Je pense qu’elle pourrait d’ailleurs l’aider à traverser cela, sachant qu’il lui est tout aussi nécessaire de danser que de respirer, comme mon amie. Et que le jeune homme a la fâcheuse tendance de ne pas précisément dire lorsque cela ne va vraiment pas. Il va prendre sur lui et ça n’est pas bon. Comme Lily est plus à même de le comprendre, je suppose qu’il y a quelque chose à faire pour faciliter la vie au jeune comédien. Elle approuve l’idée, avançant même que faire ça à plusieurs serait aussi un bon moyen de lui changer les idées, lors d’une soirée par exemple. J’hoche la tête avec un léger sourire.

— En effet, ça ne pourra pas lui faire de mal... Et puis ça détendra tout le monde, si on ouvre ça au reste de la troupe. Un afterwork un jour où on ne finit pas trop tard... Parler vraiment d’autre chose que du taff... C’est à tenter. J’hausse les épaules en prenant une gorgée de ma boisson. Mais déjà que tu lui parles c’est un premier pas, qu’il comprenne à quel point c’est important qu’il prenne du repos que ça n’est pas du temps de perdu.

J’ai un peu peur qu’il teste trop ses limites ou les dépasse. Car une blessure mal remise le fera souffrir toute sa vie, et une carrière parsemée de séquelles n’est pas souhaitable. Il est encore jeune, il se remettra vite et repartira du bon pied sans problème, mais si son genou de ne se remet pas correctement, il va traîner ça le reste de sa vie. Je ne sais pas s’il en a réellement conscience, toujours est-il que c’est mieux de s’en assurer. Je m’en voudrais de ne pas avoir été assez là pour lui, mais je parie que Charles est déjà sur le coup, vu les espoirs qu’il a en ce garçon. Quelques jeunes ont du talent dans la troupe, il sait bien le remarquer, et il ne faut pas gâcher ça. Lily au contraire n’a plus beaucoup de temps à attendre, puisqu’on enlève son attèle d’ici quelques jours. Bientôt elle sera à nouveau parmi nous, à danser dès que l’occasion se présentera et à nous aider pour la dernière ligne droite de la pièce que nous montons depuis des mois et à laquelle je participe. Un projet ambitieux mais que tout le monde adore, et cela se ressent vraiment sur scène. De fil en aiguille je lui parle du mariage et des invitations qu’elle ne tardera pas à recevoir. Célibataire elle-même, elle est néanmoins très heureuse pour lui, avec des papillons dans les yeux. Pour entrer dans le cliché, une vraie fille, ravie par le blanc du mariage et les larmes de joie.

Je suis plus dans l’angoisse d’un truc qui tourne mal, et en même temps je suis assez confiant dans l’organisation de Thomas, pour le moment ça roule. Mais je ne serais pas déçu quand ça sera terminé. Tout ce bazar pour une journée quand même. Ayant organisé le mariage de sa sœur, Lily voit très bien de quoi je parle. Le plus beau jour de notre vie, préparé sur des mois, à la recherche de notre perfection. C’est épuisant, j’espère que ça vaudra le coup. L’idée de porter le nom de famille de Thomas (accolé au mien, mais ce sont des détails) me plaît, l’idée que le monde entier nous reconnaisse pleinement comme un couple, comme tout autre. Si l’Australie n’avait pas légalisé le mariage entre personnes du même sexe, certainement nous aurions fait ça au Royaume-Uni, parce que si au final c’est surtout des papiers, il reste une signification derrière. Sans doute parce que je n’imaginais pas un instant, il y a à peine quelques années, de me marier, d’avoir une famille, et encore moins avec l’homme de ma vie. J’ai de la chance et j’en ai conscience à présent.

— Ouais, je sais que le pire peut nous tomber dessus, mais je sais que Thomas a quelques atouts dans sa manche... C’est un pro, avouais-je en plaisantant, avec un sourire aux lèvres.

Je suis bien d’accord avec tout ce qu’elle dit, profiter est le plus important, je sais aussi que cette journée passera très très vite. Le stress et l’agitation devront être mis de côté. Ça sera autant un effort de profiter que de préparer tout ce mariage. Et que tous les dieux qui existent ou non entendent : oui je ne veux qu’un mariage. Je demande ensuite des nouvelles plus poussées que ce que Lily m’a dit dès le départ. A part sa blessure en somme. Son projet d’école, dont elle m’avait déjà parlé il y a un moment, assez vite fait, avance petit à petit. Forcée d’être loin de la compagnie et du travail, elle a le loisir de se plonger dans ce rêve. A part ça en revanche, elle a beaucoup de temps libre. Je saute donc sur l’occasion pour poser quelques questions sur son école, les idées qu’elle a, si elle a besoin d’aide... Être prof ne me tente pas pour le moment, et ça ne sera sûrement jamais le cas tant j’aime être dans l’action, sur les planches, mais si elle a besoin d’un coup de main je serais là. On continu à discuter de ça un moment, ainsi que de choses et d’autres, comme toujours il est facile de discuter avec elle et sa bonne humeur fait du bien après cette journée de travail. J’ai hâte qu’elle revienne pleinement parmi nous. Au final nous ne voyons même pas le temps passer.

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