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 (leonardo) bad blood

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Message(#) Sujet: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyMer 20 Fév - 22:35



LEONARDO & ALFIE ⊹⊹⊹ But those are the days that bind us together, forever And those little things define us forever, forever. All this bad blood here, won't you let it dry? It's been cold for years, won't you let it lie?

Focalisé sur le découpage de ses dés de carotte avec toute la rigueur qui pourrait caractériser un chirurgien, c’est presque (presque, que l’invité du soir se rassure, il ne goûtera pas à un seul fluide d’Alfie – dieu que c’est tendancieux) avec la goutte de sueur qui perle sur son front et la langue au coin de la bouche qu’Alfie s’affaire à sa mission. « Margarine végétale. » Il quémande, la main tendue, à Jules qui a écopé du rôle d’assistante et qui prend son rôle à cœur, jusque dans le silence qui souligne celui-ci. Trop occupé à faire revenir ses carottes auxquelles il a ajouté des oignons, du poireau et le quinoa dans une petite poêle, Alfie ne prête pas attention au regard suspicieux de sa moitié, qui ne le quitte pourtant pas des yeux. « Persil, s’il te plaît. » L’opération continue, le tout est stabilisé, a besoin de mijoter quelques instants et ce n’est qu’à cet instant qu’il lève les yeux vers Jules, un sourire conquérant sur les lèvres en songeant à la suite de la préparation, qui se transforme en un froncement de sourcils sceptique. « Quoi ? » Il demande à la jeune femme, qui détourne le regard dans le vide et Alfie prend les paris quant à la réponse qui va suivre ce geste : « non, rien », « vraiment ? », « hm, je sais pas… » et c’est finalement une autre option qui l’emporte : « T’es sûr ? » Elle questionne, l’air de rien – celui qui accompagne quasiment toujours son regard qui se fixe dans le vide, le sourire mi-amusé sur les lèvres. « Quoi ? » Il répète, tête penchée, regard qui défie. Il sait ce qu’elle va dire, il la connaît par cœur. Et le sourire qu’elle affiche sur les lèvres confirme qu’il a visé juste, et qu’elle le provoque – comme toujours sur cet épineux sujet. « Hm, tu sais. » La moue boudeuse, l’air innocent plaqué sur le visage, alors qu’elle ne l’est évidemment pas. « Non, je sais pas. » Il rétorque, l’air faussement sérieux, pour la pousser à la faute, à céder la première ; et c’est bien évidemment le cas. « C’est juste que je me disais qu’on pouvait manger un truc normal, pour une fois. » Et elle glousse, elle se moque de lui, et il abandonne sa potée quelques instants pour la menacer avec la spatule. « Attends, c’est ton pote le vegan qui se nourrit de soja lyophilisé, de fromage de patate ou de lupin fermenté, mais c’est moi et mon quinoa qui sommes bizarres ? » Il secoue vivement la tête, rapproche la spatule, plisse les yeux. « Mauvaise cible, Jules, mauvaise cible. » Le quinoa, sujet principal de dispute (pour l’instant) dans leur couple depuis le départ, causé par la passion dévorante d’Alfie pour cet aliment, capable d’en manger tout le temps, sous toutes les formes. Comme ce soir, sous forme de boulettes épicées de quinoa et légumes qui accompagneront les spaghettis de courgettes qui cuisent tranquillement, et la sauce tomate qui mijote également de son côté. Le contenu de la poêle mis de côté, il ajoute un peu de farine et une pointe d’huile d’olive à la préparation, avant de se laver les mains et d’humidifier celles-ci pour débuter le façonnage des boulettes.  Jules s’apprête à ouvrir la bouche, et il la coupe aussitôt. « Admets que j’ai gagné, c’était le deal, je m’occupe du plat, et toi de l’entrée et du dessert. Comment avance ta tarte au chocolat, au fait ? » « Au frais depuis vingt minutes, t’avais l’air si concentré sur tes carottes que je voulais pas te déranger. » Elle souffle, amusée. « Mais je-. » « Oui, j’ai gardé un peu de ganache à côté. » Sourire rassuré sur les lèvres, Alfie adresse son plus beau regard de chien battu à la jeune femme alors que ses mains sont occupées. Elle esquisse un sourire, s’empare d’une petite cuillère qu’elle plonge dans la ganache, avant de la tendre à un Alfie qui s’est décalé de son plat, et… de la faire basculer sur son nez au dernier moment. « Un partout, la balle au centre. » Elle termine, dans un léger rire qui se mêle à celui d’Alfie, alors que du bout du doigt, elle s’empare de l’excédent de chocolat pour le porter à ses lèvres.

Il jette un coup d’œil à l’heure ; Leonardo devrait arriver d’ici une dizaine de minutes. « Je vais me changer. » Il prévient après avoir mis un point final à sa sauce tomate en l’épiçant, et qu’il laisse le tout mijoter à feu très doux jusqu’à ce qu’ils passent à table. Il prend le chemin de la chambre, et après cinq minutes, la voix de Jules résonne. « Mince, j’ai oublié de prendre du thé froid pour Leo ! » Il sent le coup foireux à des kilomètres. « Jules ? » Il interroge depuis la chambre. « Il ne boit que ça, je file... » « JULES ! » Il s’emmêle dans son t-shirt, et quitte la chambre en titubant, pour n’apercevoir que la silhouette de Jules déjà à moitié dans le couloir de l’immeuble. « … à la superette, j’en ai pas pour long. » « NON ! » Elle claque la porte alors qu’il se précipite pour la retenir, et constate avec agacement autant qu’avec un soupçon de fierté qu’elle n’a plus grand-chose à envier à son professeur (c’est-à-dire, lui) en terme de fourberie. Le col de son t-shirt passé sous l’aisselle, il grogne avant d’abdiquer quant à l’idée de la suivre, retournant dans la chambre pour se rhabiller et faisant les cent pas dans l’appartement dans l’espoir qu’elle revienne avant Leo, guettant par la fenêtre tel Jeff Jefferies les allées et venues de tous, constatant avec une certaine appréhension que c’est bien la silhouette du jeune homme qui atteint l’immeuble avant Jules.

Elle se plaint constamment qu’ils ne discutent pas assez, ou qu’Alfie ne fait pas assez d’efforts envers lui (même si, selon lui, la réciproque est tout aussi vraie), ainsi a-t-elle tenté de forcer le destin, ce dont il ne peut pas la blâmer pour y avoir fait de même avec Ariane. L’estomac noué lorsqu’on frappe à la porte, Alfie soupire dans une tentative de se donner du courage, avant d’ouvrir à Leo qu’il accueille avec un enthousiasme oscillant entre le naturel et la feinte. « Leooo…, non, pas assez familiers pour les diminutifs affectueux, … nardo ! » Un sourire discret, mais sincère sur les lèvres et le jeune homme lui fait signe d’entrer. « Fais comme chez toi. Jules a dû aller faire une dernière course, elle va pas tarder à revenir. » Il prévient aussitôt, des fois que Leo estimerait que ce soit le bon moment pour être pris d’une soudaine gastro qui l’obligerait à occuper les toilettes jusqu’au retour de la jeune femme, ou des fois qu’il se souviendrait qu’un de ses chats souffre d’un grave sentiment d’abandon dès lors qu’il quitte son appartement et qu’il ne peut, en bon maître d’accueil, décemment pas le laisser dans une telle souffrance. Mais rien. Nada. « Comment tu vas ? » Et prends le temps de développer, Leo, surtout, qu’on ne soit pas à court de banalité au bout de dix secondes, parle-moi du poisson rouge dont tu as dû faire le deuil durant l’enfance, ou de ce nuage en forme de renard que tu as contemplé l’autre après-midi. « J’ai pas de thé froid à te proposer, par contre, mais on y travaille. » Il ajoute, dans une tentative de combler cette gêne qui l’envahit dès que Leo est dans la pièce, sans réfléchir à la possibilité que sa phrase n’ait aucun sens – pas que ce soit beaucoup le cas en temps normal, de toute manière.
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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyVen 22 Fév - 20:16


Cinq tenues différentes étaient allongées de leur long sur son pauvre matelas, donnant à Leonardo l’impression que tant que son choix n’était pas fait, sa vie se retrouvait incapable d’avancer. Bien évidemment il dramatisait comme à son habitude la situation, mais au vu de l’heure qui avançait inlassablement, il devait tout de même accélérer sa cadence s’il espérait arriver chez Jules à l’heure. Il était encore enrobé dans sa serviette, mais il avait passé tellement de temps à hésiter qu’il était maintenant complètement sec, et il ne la gardait que pour éviter la nudité – ses voisins en avaient déjà trop vu de sa personne. Quoi qu’il en soit, si Leonardo était encore plus indécis qu’à son habitude (et il fallait vraiment le faire, le pauvre Grimes étant une boule de nerfs sur pattes), c’était à cause de quelques circonstances exceptionnelles. Il fallait savoir que Jules – l’une des personnes dont il était le plus proche, rien que ça – avait un copain, Alfie. Or, la relation entre son ami et son copain était tout simplement inexistante, chose dont elle se plaignait relativement souvent. Leonardo n’avait rien contre l’Alfie en question, et il avait l’impression que l’Australien était très content aussi de la non-existence de leur amitié ; malheureusement, Jules avait décidé qu’il en était assez, et elle avait organisé un dîner plus-qu’obligatoire pour forcer les deux hommes à se côtoyer l’espace de toute une soirée, dans l’espoir qu’ils créent des liens durables. Si le Grimes n’était pas convaincu de l’efficacité de son plan, il se garda bien volontiers de lui dire, n’ayant pas envie de déclencher sa fureur et se faire accuser de mauvaise foi (ce qui n’aurait pas été faux, à vrai dire). Du coup, tout ceci expliquait le genre de doutes cornéliens qu’il devait affronter : une chemise ou un simple t-shirt accompagné d’une veste légère ? Si Alfie et lui s’étaient déjà croisés à maintes reprises, ils ne s’étaient jamais trouvés en tête-à-tête avec Jules, ce qui ne faisait qu’intensifier sa tension ; il avait envie de faire une bonne impression, essentiellement pour faire plaisir à Jules mais aussi pour ne donner aucune raison à Alfie de lui en vouloir ad vitam aeternam. Si Jules l’avait vu dans ses pires pyjamas, il n’en était pas autant de son cher et tendre, ce qui éliminait automatiquement toute combinaison un peu trop familière. Ceci étant dit, il ne voulait pas non plus être trop formel, ce qui lui compliquait la tâche. Il décida donc de procéder par élimination, arrivant donc à choisir son bas – un jean bleu qui n’avait rien d’extravaguant et tout de classique. En revanche, il hésitait encore en ce qui concernait son haut ; après maintes délibérations (ainsi qu’une photo envoyée à Jules pour avoir son avis et un message de cette dernière l’incitant à bouger son derrière s’il ne voulait pas être en retard), il opta pour son t-shirt-marinière, couronné par une veste noire qui n’avait rien d’utile et tout d’esthétique. Après un dernier message à son amie, il poursuivit ses préparatifs, enchaînant brossage-de-dents, arrangement-de-cheveux et enfilage-de-bottines aussi rapidement qu’il le pouvait – mais sûrement pas assez pour Jules, malheureusement.

Un pauvre quart d’heure plus tard, Leonardo s’était retrouvé face à la porte d’entrée du couple, un cactus dans les mains. Quitte à potentiellement se tromper de cadeau et faire mauvaise impression, il s’était dit qu’une plante c’était beaucoup plus sûr et moins risqué qu’une bouteille de vin qu’il n’aurait même pas touché. Il se racla doucement la gorge avant de se regarder une dernière fois dans l’écran de son portable, histoire de vérifier que tout était toujours impeccable. Enfin, prenant son courage à deux mains, il toqua à la porte, qui s’ouvrit presque aussitôt sur… Alfie. Heureusement pour lui, il s’était tellement entraîné à sourire devant son miroir que rien n’aurait pu le faire flancher, pas même la Faucheuse en personne. « Heyyy… Alfie. » Contrairement à son prénom à lui, c’était bien plus difficile de l’écourter. Il aurait pu se content d’Alf’, mais à ses oreilles d’adolescent américain ça ne rappelait rien d’autre que des fetuccine alfredo, et il n’était pas sûr que ce soit le meilleur sobriquet qui soit. Il se concentra à nouveau sur son hôte, qui l’informait avec plein d’enthousiasme que Jules s’était éclipsée pour un dernier achat de toute urgence, à croire qu’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Bien joué, Jules. « Oh, il n’y a pas de soucis. » En réalité si, il y avait bon nombre de soucis – mais il n’avait pas spécialement envie de donner à Alfie l’impression de le rejeter. Maintenant, il était bien trop tard pour faire marche arrière – et Leonardo maudissait son amie de tout son être pour avoir réussi à se montrer plus maligne qu’Alfie et lui.

Leonardo ne put s’empêcher de sourire doucement quand Alfie lui évoqua la raison du départ précipité de Jules. Le thé froid était certes sa boisson préférée, mais il aurait très bien pu se contenter d’eau minérale, chose que son amie savait très bien. Il nota dans un coin de son esprit qu’il devait lui tordre le cou à leurs prochaines retrouvailles en solitaire, se concentrant sur son hôte qui essayait tant bien que mal de meubler la conversation. Au moins il faisait des efforts, et Leonardo ne pouvait pas cracher dessus ; ç’aurait été tout aussi gênant pour l’un que pour l’autre. « J’ai ramené… ça. Je n’avais pas envie de me ramener les mains vides, et… j’me disais que c’était sûrement mieux qu’une pauvre bouteille de vin. » Il tendit donc son cactus, espérant de tout son coeur qu’Alfie aimait la plante en question – sinon, il aurait une raison de plus de s’en prendre à Jules. « Et sinon… » Est-ce que ça allait ? La question méritait un peu de réflexion – il avait appris que sa sœur avait retrouvé une cousine que la famille avait chassée dix ans plus tôt, il avait découvert l’existence d’une demie-sœur avec qui il était allé à la fac sans même le savoir, ses frères ne semblaient absolument pas prêts à l’accepter, il avait revu un certain photographe qui lui avait rappelé l’étendue de son célibat. Il aurait pu disserté pendant très longtemps sur ses soucis, fournissant ainsi de quoi parler en attendant le retour de Jules – mais cela n’aurait pas rendu la gêne moins palpable, bien au contraire. Il haussa doucement des épaules, ses mains enfoncées dans ses poches. « Ma foi, ça va. Le festival du Nouvel An était vachement chouette. On était censés sortir à ce moment-là avec Jules, mais au final ça c’est pas vraiment fait. » Ce n’était absolument pas vrai, mais il essayait tant bien que mal de trouver n’importe quel détail sur lequel Alfie pourrait potentiellement rebondir, et Jules semblait la meilleure option les concernant tous les deux. « Et toi, comment ça se passe ? » Intérieurement, il le suppliait de blablater au sujet de sa vie à lui aussi longtemps qu’il le pouvait, histoire de meubler un silence gênant à en faire physiquement mal. Il reprit aussitôt la parole, ne lui donnant à vrai dire pas vraiment le temps de répondre au tac-à-tac. « C’est très joli chez vous. Beaucoup plus que mon pauvre studio, en tout cas. » S’il l’avait pu, il aurait fait un énorme clin d’œil à Alfie, lui montrant qu’il pouvait lui poser des questions sur ça, sur le festival, sur ce qu’ils étaient censés faire avec Jules, sur le cactus qu’il avait ramené… littéralement n’importe quoi, tant qu’ils occupaient le silence. Il reprit la parole après un bref silence, s’assurant qu’il n’allait pas interrompre son hôte en plein élan. « Est-ce que… il y a quelque part où on pourrait s’asseoir ? Je pense pas que Jules nous en voudra pas de nous installer, comme c’est elle qu’on attend en fin des comptes. » Le pauvre Grimes se serait volontiers installé n’importe où, mais il n’allait pas vraiment faire comme chez lui et s’étaler de tout son long sur le canapé d’Alfie. Décidément, il en avait jamais autant voulu à Jules qu’à ce moment-là.
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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyVen 1 Mar - 1:10


Lorsqu’il pose ses yeux sur sa compagne avant qu’elle ne lui claque la porte au nez, ce n’est pas juste la silhouette de Jules qu’Alfie aperçoit, mais également le halo lumineux qui l’entoure, caractéristique d’une certaine fierté qu’il éprouve à voir la jeune femme agir de la sorte, qui lui fait rapidement oublier la pointe d’agacement ressentie lorsqu’elle a annoncé son manège foireux de l’autre bout de l’appartement. Il aurait dû s’en douter, au cours des dernières heures, à chaque fois qu’elle a usé de cette voix innocente qu’il ne connaît que trop bien pour la maîtriser à la perfection ou dès qu’il a croisé son regard rieur synonyme de mauvais coup, regard qu’il a lui-même inventé. Et s’il lui en a tenu rigueur un bref instant de le mettre ainsi devant le fait accompli, Alfie est bien incapable d’en vouloir longtemps à Jules (pas sur ce plan, du moins) ; il est d’autant plus fier de réaliser qu’elle avait prévu son coup bien avant qu’il ne s’éclipse pour se changer. Ce comportement fourbe provoque sa joie parce que la jeune femme lui démontre une nouvelle fois qu’elle est pleine de surprise, et qu’elle est parvenue à sortir de cette zone de confort derrière laquelle elle se retranche en temps normal et qu’il sait être une souffrance sans qu’elle ne veuille le reconnaître. Il lui impose parfois de prendre du recul et de lâcher prise, parce qu’il sait pertinemment que d’elle-même elle en est incapable ; ainsi voir que ses efforts portent leurs fruits, même s’il devient le dindon de la farce, n’est pas dérangeant pour lui, au contraire. Ce sont ces petites choses du quotidien auxquelles il a besoin de se raccrocher dernièrement, pour se souvenir pourquoi cette relation fonctionne si bien et pourquoi elle est aussi essentielle à ses yeux ; parce qu’ils ont besoin de cet équilibre qu’ils s’apportent l’un l’autre. Car si Jules a besoin d’aller au-delà des barrières qu’elle s’est toujours imposée, de son côté Alfie a besoin d’avoir sa présence rassurante à ses côtés, de l’entendre lui suggérer de jouer sa dernière composition ou de lui parler de sa dernière recherche dès qu’elle sent qu’il perd le fil de ses pensées, de l’emprisonner dans ses bras dès qu’il est incapable de tenir en place ou que son sommeil est moins paisible qu’il ne le prétend. Alors tous les bénéfices qu’elle lui apporte valent bien quelques sacrifices, comme le fait de se retrouver en tête à tête avec Leonardo, même s’il espère que ce moment ne s’éternisera pas et qu’il ne découvrira pas qu’au-delà de la sournoiserie, Jules possède également un certain goût pour le sadisme en prétextant une excuse pour ne jamais revenir.

Il a prié Dieu, Marie et même tous les saints dont il se souvient du nom pour espérer distinguer la silhouette de Jules avant celle de Leonardo en bas de l’immeuble ; mais le karma lui interdit de rattraper autant d’années d’athéisme et c’est donc le jeune homme qui apparaît avant sa moitié. Alfie se prépare mentalement durant les quelques instants qui séparent Leonardo de sa porte d’entrée et comme à son habitude, finit par envisager les choses sous la meilleure perspective : s’ils n’ont pas d’affinités, il n’en reste pas moins que Leo n’est pas un mauvais bougre, au contraire. Seulement, le silence et la gêne risquent de dominer leur échange, et finalement, il lui est possible de combler cela en étant simplement lui-même et en disant absolument tout ce qui lui passe par la tête. Cela ne garantit pas que ça en sera moins gênant, mais ce sera assurément moins silencieux, ça fait déjà un problème à rayer sur deux, c’est presque une victoire. Alfie préfère voir les choses ainsi plutôt que se centrer sur tout ce qui l’agace chez Leonardo, la liste serait longue et son esprit n’a pas le temps de s’encombrer de détails aussi insignifiants (pense-t-il alors qu’il retient que les trichobézoards désignent les boules de poils régurgitées par les chats ou que la phobie de ces sales bêtes se nomme l’ailurophobie). Ouvrant la porte à la hâte comme pour arracher rapidement le pansement, il n’a cependant pas besoin de forcer son enthousiasme – naturel chez lui – lorsqu’il salue le jeune homme. Il informe rapidement celui-ci quant à la situation et surtout pour qu’il accueille la nouvelle avec une joie égale à celle d’Alfie (non) concernant la désertion du soldat Jules. Il n’y a pas de soucis, mais il voit dans le regard de son invité qu’il y en a un. Il ne le blâme pas, on peut deviner la même réflexion dans le sourire pincé d’Alfie en guise de seule réponse. L’invitant à entrer, puis lui demandant comment il va, c’est par un très léger froncement de sourcils qu’Alfie écoute sa réponse. Surtout, Leo, ne t’écorche pas la bouche à me répondre, voyons. Mais tu ne viens pas les mains vides, je te pardonne, parce que tu as RAMENÉ UN CACTUS. Un grand sourire se dessine sur les lèvres d’Alfie et encore une fois, son enthousiasme n’est pas feint. « Oh, c’est génial ! J’adore les cactus ! Et c’est même pas une vanne, si Jules me retenait pas cet appartement serait un jardin botanique… Et l’argument utilisé est souvent « un jour on va se retrouver avec un iguane qui se sera égaré dans notre appartement » qui tend cependant à le convaincre de réellement transformer leur logement en une serre, juste pour la curiosité. … et puis après je me souviens que j’ai pas la main verte, alors t’étonnes pas si la prochaine fois que tu viens tu trouves une plaque commémorative à la place de ton cactus. Mais il aura été aimé, je t’assure. » Qu’il soit prévenu, ce ne sera pas une volonté d’Alfie de s’en débarrasser – bien au contraire – mais une volonté du cactus de se débarrasser de lui. Quoi qu’il en soit, Alfie s’en empare pour l’observer quelques instants, se perdant dans ses pensées. « On dirait pas comme ça, mais tu savais que certains cactus contiennent de la mescaline ? C’est un psychédélique naturel qui peut être aussi violent que le LSD si bien dosé, voire pire, certains trips durent jusqu’à dix-huit heures, c’est assez incroyable. » Déposant la plante sur un meuble du salon, il réalise qu’il ne devrait pas dire tout ce qui lui passe par la tête, en fin de compte. « Je l’ai lu dans un bouquin quand je préparais un terrain. » Il ajoute, tandis que Leonardo lui parle du Brisasia Festival, et il faut quelques instants à Alfie pour comprendre qu’il répond à sa question précédemment ignorée. « Ah, oui, c’est peut-être de ma faute, je l’ai embarquée pour voir la parade avec… Il s’interrompt un instant, réalisant que l’un n’empêche pas l’autre, et qu’il n’est en rien fautif, mais peu importe. T’as vu la parade ? Elle était assez dingue, j’avais jamais assisté à ce festival mais je dois dire que j’ai pas été déçu. Et puis le stand de Bibimbap, seigneur, c’était… » Il s’interrompt à nouveau, songeant au fait qu’il parle trop et qu’il va assommer Leonardo avant même qu’ils n’arrivent à l’entrée, et puis il se dit que finalement, il est chez lui, il fait comme il veut, si cela implique de le noyer sous des paroles pour éviter le silence, eh bien il va maintenir la tête de Leonardo sous l’eau. Il s’apprête à répondre à la question de son invité lorsque celui-ci change de sujet, et c’est un Alfie un peu déçu qui ferme la bouche. Donc tu t’en fiches de comment ça se passe pour moi ? J’avais pourtant une super anecdote à propos du buisson devant l’entrée de l’immeuble, m’enfin, si ça t’intéresse pas. « Oh, merci, c’est gentil. C’est du travail à quatre mains : Jules a peaufiné la décoration, moi j’y ai ajouté du bordel. » Il précise, distrait mais néanmoins sérieux. Ce n’est pas qu’il n’a pas eu son mot à dire sur la décoration, c’est juste qu’il s’en fiche, du moment qu’il peut exposer les souvenirs ramenés de ses terrains ou quelques objets qui lui tiennent à cœur, le reste de l’appartement pourrait bien être à la gloire d’un temple sataniste qu’il ne s’en formaliserait pas. « Ah oui, on a des canapés, et même des chaises ! » Il s’exclame avec un bref rire, avant de réaliser que ça ne doit faire sourire que lui, en fait. « Euh ouais, bref, installes-toi où tu veux, tu veux déjà boire quelque chose ou tu préfères attendre la livraison spéciale de Jules ? T’en fais pas, je lui dirai pas que tu as fauté et je t’aiderai à cacher les preuves du crime. » Si après un tel rapprochement la jeune femme se plaint encore que les deux hommes ne sont pas liés, c’est à ne rien y comprendre.
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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyLun 4 Mar - 12:00


Si Leonardo avait été la cause perdue de sa famille depuis trop longtemps pour se souvenir d’un temps où il en avait été autrement, ses parents avaient tout de même essayé de le faire rentrer dans la matrice par laquelle tous les enfants Grimes étaient passés – sans qu’aucun d’entre eux ne sorte vraiment comme prévu. Mais contrairement à tous ses aînés, Leonardo n’avait jamais appris à être à l’aise en société comme ses parents semblaient l’être en toute circonstance. Il se souvenir des soirées mondaines passées collé aux jupons de sa mère, qui parlait inlassablement des heures durant pour ne rien dire, se rappelant des moindres détails de la vie d’une personne qu’elle n’avait croisée qu’une fois auparavant pour savoir quoi dire et surtout, comment. Sa mère était un véritable torrent de paroles et discussions, et si elle se vantait souvent de sa loquacité, Leonardo avait plutôt l’impression d’avoir affaire à un robot; sa mère était un automate sur pattes, qui réutilisait les mêmes schémas de conversation qu’elle avait pu entendre auparavant dans n’importe quel contexte. À en croire ses dires, elle avait tout appris dans son enfance et adolescence, assistant de loin aux discussions des adultes pour ensuite les imiter. Mais en fin des comptes, il avait l’impression qu’elle se contenter d’avoir le même type de discussions avec n’importe qui, rendant tout lien qu’elle pouvait créer faux et impersonnel. Et si Leonardo était admiratif d’un tel savoir-faire, il détestait l’idée de perdre son temps à passer d’ineptie en ineptie avec des gens qu’il allait descendre ensuite en privé, une fois la fête terminée. Il ne voyait juste pas d’intérêt d’en faire autant, et même s’il en avait eu envie, il avait toujours eu de mal à se plaire dans la masse comme sa mère; que ce soit au cours des soirées mondaines où il n’avait au grand jamais trouvé sa place ou à une fête organisée par l’ami d’un ami d’un ami, il avait toujours fait en sorte de disparaître très doucement dans le décor – contrairement à sa mère, qui faisait l’impossible pour faire partie de la masse. De temps en temps, Leonardo se disait qu’il aurait au moins dû essayer d’en tirer quelque chose, comme Milena l’avait fait avant lui; elle n’avait rien du robot, et elle ne ressemblait en rien à sa mère dans de telles situations – mais elle avait compris comment évoluer dans un monde où la parole était une arme redoutable, apprenant le peu que leurs parents avaient pu leur inculquer d’utile. Après tout, si son aînée n’avait pas maîtrisée l’art de la parole, elle n’aurait jamais réussi à en arriver aussi loin dans une telle carrière – non seulement pour gagner ses cas, mais aussi pour tenir tête à tous ces hommes qui tiraient les ficelles d’un monde où elle avait dû forger sa propre place. Quant à lui, Leonardo s’était contenté de s’éloigner autant qu’il le pouvait d’un monde dans lequel il n’avait jamais eu sa place, mais en agissant de la sorte il avait renoncé aux quelques avantages qu’il aurait pu en tirer. Il ne regrettait évidemment pas son départ, ni la distance qu’il avait constamment mis entre ses parents et lui – mais il en voyait les effets de temps en temps. Par exemple, en allant à un mariage avec Milena; celle-ci avait papillonné d’invité en invité sans aucun souci, pendant que son frère la suivait comme un enfant sans but aucun, ce qui, du haut de ses presque-30 ans, était un bien triste constat.

Pour tout ça et bien plus encore, Leonardo avait très hâte de se retrouver en tête-à-tête avec Jules pour pouvoir l’étrangler. La jeune femme savait très bien que si elle se contentait de les laisser faire, les deux hommes n’auraient jamais fait ne serait-ce qu’un pas vers l’autre – et Leonardo était en grande partie fautif. Il ne pouvait pas dire qu’elle ne l’avait pas prévenu; elle avait essayé maintes et maintes fois de le convaincre de sympathiser avec Alfie une bonne fois pour toutes, sans aucun succès. Du coup, elle avait pris les choses en main. Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, pour être tout à fait honnête – mais il n’allait pas la laisser s’en sortir de la sorte. Et avec grand effroi, il se rendait compte qu’il ne connaissait absolument pas le jeune homme chez qui il venait d’entrer. Il connaissait des bribes de sa personne par ci et par là, mais il n’en savait pas assez à son sujet pour savoir ce qui l’aurait fait parler, ou ce qu’il aimait assez pour en discuter en l’absence de Jules, ou… grand-chose, à vrai dire. Il sourit poliment à son essai de blague sur le fait qu’ils avaient des chaises et mêmes des canapés, essayant de ne pas le décourager. « Merci, je veux bien. Mais je compte sur ta discrétion, sinon on finira tous les deux par se faire assommer. » C’était peut-être bien leur seul sujet commun de conversation – mais ils ne pouvaient pas passer des heures à s’extaser sur les qualités de la jeune femme absente, n’est-ce pas ? « J’aimerais bien un verre d’eau, merci beaucoup. » Il avait appris cette technique infaillible à l’université; il se promenait tout le temps avec une bouteille d’eau à la main pour la siroter dès lors qu’il se trouvait avec quelqu’un sans savoir quoi dire. En règle générale, voyant qu’il buvait comme s’il n’y avait pas de lendemain, les gens faisaient en sorte de monopoliser la discussion ou éventuellement poser des questions quand il en avait fini. En plus de ça, il buvait enfin suffisamment d’eau par jour, sans que ce soit une corvée à surveiller. Que des avantages, en fin des comptes. Il prit son verre, remerciant une nouvelle fois son hôte – mieux vaut trop que pas assez, après tout. « Franchement, elle ne sait pas ce qu’elle rate. » Il ne pouvait pas vraiment en vouloir à Alfie. Il avait l’air tout aussi mal à l’aise que lui, mais il essayait tout de même de meubler le silence de sorte qu’ils n’aient pas le temps de s’y noyer en attendant le retour de Jules. Du coup, c’était à son tour de blablater du mieux qu’il le pouvait en espérant que celle-ci daigne se dépêcher. « Du coup, tu disais que tu bossais sur le terrain? C’était pas trop dur avec tous les trajets et… toutes les contraintes qu’il devait y avoir sur place? » Il se rendait compte qu’il ne savait pas vraiment quelles questions poser, tout simplement parce qu’il n’en savait rien – et il craignait de froisser l’Alfie en posant une question trop déplacée, ou qui n’avait rien de bien pertinent. « ‘Fin, je demande ça, mais tout ce qu’on voit de semblable à la télé c’est Bear Grylls. Et je doute que ce soit un portrait super fidèle ou le même truc, à vrai dire. » Leonardo avait certes visité l’Europe ainsi qu’une partie de l’Asie à son déménagement en Australie, mais il n’avait jamais vraiment exploré. Il s’était toujours contenté de trouver son confort même à l’autre bout de la planète, sans jamais vraiment en profiter pour en découvrir plus sur lui-même. Et assez naïvement, il s’imaginait qu’Alfie ne devait pas vraiment en dire autant. S’il était content de ses choix de carrière, il ne pouvait s’empêcher de jalouser un peu tous ceux qui, comme Alfie, semblaient trouver leur place ailleurs. Le Grimes prit une toute petite gorgée de son verre, avant de reprendre la parole d’un ton un peu plus blagueur. « Mais ça doit être beaucoup plus intéressant que l’orthophonie. À part les méandres de l’administration et de la sécurité sociale, on découvre pas grand-chose. Et franchement, ça n’en vaut absolument pas le détour. » Il ne s’était jamais attendu à faire face à autant de paperasse, et à chaque fois c’était toujours le moment qu’il redoutait le plus. En voyant le cactus dans le coin de son champs de vision, il fit une dernière blague au sujet. « Malheureusement, je crois bien que ce cactus ne contient rien d’un tant soit peu aussi intéressant que de la LSD. Mais je ne t’encourage pas à l’ouvrir en deux, il risque de pas trop apprécier. Tant qu’il a de l’eau de temps en temps, il râlera pas trop. » Et oui, comme quoi il avait bel et bien écouté le Maslow parler d’il-ne-savait-plus-quelle-molécule (était-ce une molécule, même?) on pouvait trouver dans certains cactus. Mais encore une fois, il ne s’y connaissait pas assez en la matière pour débattre au sujet. Alors, estimant qu’il allait juste se ridiculiser s’il ouvrait à nouveau sa bouche, il prit son verre et le sirota, attendant patiemment qu’Alfie monopolise la parole à son tour.
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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyLun 11 Mar - 23:36


Si la conversation n’est pas aussi naturelle qu’elle l’aurait été s’ils s’appréciaient comme deux vieux amis qui prennent plaisir à échanger sur leurs vies respectives, elle s’avère moins déplaisante que ce qu’Alfie a pu imaginer en voyant la silhouette du jeune homme se glisser dans l’immeuble avant celle de Jules. Si la gêne subsiste, le trentenaire ne fait pas preuve de mauvaise foi en ignorant les efforts que fait Leonardo, au contraire, il s’avère même reconnaissant et peut-être peut-on y voir l’espoir que les choses se débloquent entre eux – quel dommage que Jules ne soit pas là pour assister à la scène. À cette pensée, il note dans un coin de sa tête de ne pas oublier de demander à sa compagne un briefing complet sur son ami, et tant qu’à faire sur d’autres membres de son cercle social. Ce qu’ils apprécient, leurs passions, leurs hantises et les sujets tabous, tout ceci dans le but d’orienter la conversation au mieux et de s’éviter un malaise comme celui ressenti en cet instant. Peut-être même qu’il poussera la dévotion jusqu’à mémoriser les noms des animaux de compagnie des amis de Jules, leurs aliments préférés ou leurs prochaines vacances réservées, car s’il y a une chose qu’Alfie a appris avec les années, c’est que quoi qu’on en dise, il est humain d’apprécier que l’attention soit sur soi, et personne n’échappe à la règle. Ces petits détails peuvent sembler insignifiants, ils n’en sont pas moins importants pour s’attirer de bons points – le jeune homme en sait quelque chose, pour maîtriser à la perfection la conversation subtilement dérivée sur son interlocuteur afin d’en apprendre davantage sur lui. Si d’ordinaire il agit de la sorte que dans un environnement professionnel, il songe à cet instant à l’étendre à sa vie personnelle. Vu sous cet angle, ce tête-à-tête avec Leonardo en devient agréable, presque utile, et le jeune homme passe du statut d’étranger à celui de cobaye en quelques instants. Rien ne laisse présager qu’Alfie s’affaire effectivement à jouer avec Leonardo comme un chat avec une souris (comparaison particulièrement appropriée compte tenu du bénévolat auquel s’astreint Leo), car ce qui lui apparaît souvent comme une idée de génie disparaît généralement avec la même fugacité. Quoi qu’il en soit, Alfie créé un dossier « Grimes » dans son esprit turbulent et y inscrit d’ores et déjà les éléments en sa possession en attendant que Jules ne l’aide à compléter le document, dans la continuité du travail d’équipe qui rythme leur relation (comme c’est encore le cas par rapport à cette situation, avec une Jules qui agit, et un Alfie qui trinque – bien que d’habitude il soit question de l’inverse et que pour cette raison, il ne peut définitivement pas en vouloir à la jeune femme).

Parce que demeurer statique ne fait qu’accentuer la gêne ambiante, Leonardo marque un point lorsqu’il suggère de se mettre à l’aise sans tarder, démontrant une nouvelle fois de ses efforts et accentuant toujours plus l’incompréhension quant à leur absence de relation pour tout observateur extérieur. Si l’on devine sans difficultés qu’ils ne sont pas ce qu’on peut appeler des amis, on peut légitimement douter de leur inconfort respectif face à cette conversation certes légère, mais surtout plus fluide et moins forcée que ce qu’on pourrait imaginer lorsqu’on connaît les pensées d’Alfie à l’encontre de Leonardo. Encore une fois, ce n’est pas qu’il le déteste, que ce soit lui ou une autre personne c’est un sentiment qu’Alfie est presque incapable de ressentir. Seulement, il ne lui trouve pas toutes les qualités dont Jules vante régulièrement les mérites. Son écoute, sa présence, son humour discret, sa stabilité. Le trentenaire se sent plutôt oppressé en sa compagnie, comme si Leonardo réunissait toutes les qualités que Jules ne voit pas en lui. S’il sait pertinemment que Leo est plus à voir comme un complément qu’un adversaire, il n’en demeure pas moins qu’Alfie ne parvient pas à l’envisager avec les mêmes yeux que sa petite amie, et qu’il n’y parviendra probablement jamais, maintenant qu’il a cessé de faire des efforts autrement que pour maintenir des relations cordiales avec celui qui est si important pour la jeune femme. « Si je tombe, tu tombes avec moi. » Il dit par automatisme lorsque la voix de Leonardo parvient jusqu’à ses neurones, non sans ajouter un air solennel à la réflexion pour accentuer celle-ci. Acquiesçant silencieusement à la demande de son invité, Alfie lui tend sans tarder son verre, avant d’esquisser un bref sourire lorsque le jeune homme reprend la parole. Un moment de flottement se fait sentir un bref instant, avant que Leonardo ne s’assure de capter l’entière attention de son hôte lorsqu’il évoque le travail de ce dernier. De la même manière, il acquiesce silencieusement dans un premier temps, le temps de mettre de l’ordre dans ses pensées – parce qu’il pourrait disserter des heures sur son travail et qu’il a appris à se canaliser à force de voir ses interlocuteurs bailler. Durant quelques instants, par l’intérêt qu’il porte à sa vocation, Leonardo level up de manière importante dans le classement des gens qui composent le cercle social, proche ou éloigné, d’Alfie. Avant d’en redescendre tout aussi rapidement, de creuser sa propre tombe, de s’y enterrer, et de pourrir avec les vers lorsqu’il prononce le nom de l’ennemi. Bear Grylls. Le cœur d’Alfie manque un battement, il fronce les sourcils un bref instant, souhaitant soudainement que l’orthophoniste déshonore sa profession en mâchant la moitié de ses mots jusqu’à en devenir incompréhensible plutôt que d’avoir la confirmation qu’il a bien entendu. C’est comme confondre un supporter des Wallabies à un supporter des All Blacks, un boucher avec un vegan, un clown avec un croque-mort. « C’est pas du tout-c’est pas comparable, ouais. » Il débute, songeant au fait que Leonardo a lui-même admis la méprise. « Il donne dans la survie, et moi dans les sciences, si on veut résumer. C’est pas du tout la même chose, déjà par ça, et puis parce que ce type est devenu un pur produit médiatique dont le seul intérêt réside dans le fait d’assurer le spectacle en inventant une réalité qui n’a même pas de sens dans le contexte qu’il propose. » Car est-ce vraiment utile de dépecer une belette quand on est parti en trek depuis à peine dix heures ou de se faire un masque de crottin de dromadaire quand aucun hypothétique insecte mortel ne vit dans la région ? À quel moment boire dans les empreintes laissées par un éléphant est-il moins dangereux que la déshydratation provoquée par les bactéries et potentiels virus qui macèrent dans cette même empreinte depuis des jours ? À quel moment les vers trouvés dans la carcasse d’un cervidé apparaissent-ils comme le repas du siècle sans prendre en compte les risques mortels que cela implique ? « Ouais, enfin, bref, je cherche pas à assurer ma propre survie, mais celle de ces tribus opprimées par leur gouvernement alors que ce même gouvernement leur doit énormément. C'est ça qui devrait intéresser les gens, de vrais problèmes de la vraie vie, aller à la rencontre d'autres personnes, de les écouter, d'apprendre à les connaître, de rejoindre leur vision du monde et non pas de se planter devant la télé, dans leur fauteuil confortable, pour apprendre des tips qui leur serviront jamais. J’ose croire que je suis plus utile, à mon échelle, qu’un clown télégénique et que la comparaison s'arrête au modèle de sac à dos qu'on partage. » Il ponctue sa phrase d’un léger rire pour détendre l’atmosphère, conscient qu’il se transforme en politicien au speech passionné dès qu’il est lancé sur le sujet de son travail. « Et pour répondre à ta question, non, le terrain c’est pas difficile quand tu aimes ça. Il y a toujours un temps d’adaptation, d’angoisse je dirais même, parce que tu dois faire ta place rapidement et dans le respect de ces personnes qui ont une façon de vivre et de voir les choses complètement différente de la tienne, mais c’est aussi ce qui est passionnant dans ce travail. » Il conclut, concis et sérieux, comme souvent quand il aborde ce travail qui est réellement une passion. « Tu as l’air d’adorer ton métier, en tout cas. » Il ajoute à la suite des commentaires de Leonardo, sans moquerie dans la voix, l’invitant à préciser ses dires s’il le souhaite. « Je sais pas, j’imagine que ça te permet quand même une certaine stabilité, puis un certain détachement, aussi, et de pouvoir faire la part des choses. » Il songe à voix haute, pensif. « Dans tous les cas, si t’as des tuyaux pour supporter l’administration, je suis preneur, j’ai pas encore réussi à déléguer ça à quelqu’un, à l’université. » Il ponctue avec un léger rire. Ce n’est pas une légende, si à cinquante ans on a toujours pas réussi à venir à bout des spécificités administratives, on a raté sa vie. Nager au milieu des requins avec une tenue en viande à la Lady Gaga lui paraît toujours une meilleure option que de rendre des comptes à la direction de l’université – et il est amené à le faire régulièrement dans le cadre de ses recherches. « Dommage, gamin j’ai toujours rêvé d’être chirurgien. Je trouverai un autre cobaye pour m’entraîner. » Il soupire, faussement déçu, en jetant à son tour un coup d’œil sur le cactus. Le silence envahit la pièce quelques instants pendant lesquels Alfie passe en revue les sujets à aborder maintenant, ceux susceptibles de maintenir cette conversation sous respirateur artificiel jusqu’à ce que Jules décide enfin de la débrancher pour abréger les souffrances des deux hommes. L’espérance de vie des dauphins au Sahara, le cycle de reproduction des moucherons asiatiques, s’il préfère vomir des limaces vivantes jusqu’à en crever étouffé ou être incapable de faire la différence entre un bébé et un muffin, les sujets sont nombreux mais aucun ne lui paraît pertinent pour étendre cette conversation. Come on, Alfie, tu t’es pas transformé en parfait fonctionnaire pour rien, réfléchis, sois conventionnel, sois normal, juste pour une fois. L’état d’esprit, c’est fait, le travail, c’est fait… « T’as un studio, alors ? T’as pas envie, parfois, de voir plus grand ? J’suis sûr que tes chats adoreraient un petit jardin pour y lancer un business d’herbe à chat dans le quartier. » Il conclut, toujours avec un léger rire, toujours dans la crainte de froisser Leonardo, toujours dans l’optique de combler le silence.
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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyMar 19 Mar - 14:30


Leonardo regretta bien vite d’avoir osé prononcer le nom de Bear. Il se retrouva en deux temps trois mouvements noyé dans des explications très animées sur le pourquoi du comment c’était un arnaqueur qui ne servait à pas grand-chose, en fin des comptes. Mais si Leonardo ne partageait pas une passion pour ce métier-là, il réussit tout de même à comprendre ce qui énervait à ce point Alfie au sujet du Grylls : à sa place, il aurait sûrement moyennement apprécié qu’on trivialise à ce point un travail dans lequel il mettait corps et âme. Il prit une toute petite gorgée d’eau, profitant d’une brève pause dans sa tirade pour montrer qu’il était tout à fait d’accord avec lui. « Je… vois. C’est étonnant qu’on continue d’en parler autant, du coup. » Le Maslow reprit la parole sur un ton un peu plus léger, parlant des contraintes du terrain qui, apparemment, n’en étaient pas vraiment quand on aimait vraiment ce travail. Et s’il ne connaissait pas très bien l’homme qui se tenait devant lui, il devait avouer qu’il voyait très facilement que c’était quelqu’un de très motivé et passionné ; ce n’était pas bien compliqué de le comprendre, s’il devait être tout à fait honnête, ne serait-ce que parce que c’était un métier dans lequel on rentrait assez difficilement par pur hasard.

Alfie retourna ensuite la discussion sur le Grimes, demandant de manière indirecte ce qu’il pensait de son travail à lui. Heureusement pour lui, il ne pouvait pas vexer le Maslow en parlant de son travail. « Pour le coup oui, je ne regrette absolument pas d’avoir choisi ça. » Et il espérait que ça ne change pas de sitôt. Mais en tout cas, ce n’était pas parti pour. « Après… je pense pas être le maître du détachement, et je pense que dans une certaine mesure ça peut te permettre d’être encore plus impliquée dans ton travail, ce qui t’aide à donner le meilleur de toi-même. » Ce côté un peu challenging l’aidait à toujours rester motivé, sans pour autant que ça en devienne angoissant ou inquiétant, ce qui l’aurait tout simplement détruit. « Surtout que je n’ai pas affaire à des patients mourants, donc… ce n’est pas la fin du monde, quoi. » Parce qu’autrement, il n’aurait sûrement pas été capable de travailler dans un tel domaine. « Mais en soi oui, tu dois être capable de… prendre ce que tu vois et entends et arriver à comprendre en d’où est-ce que ça peut venir et comment tu peux intervenir pour aider à corriger ça. Mais aussi ce qui est à corriger et ce qui est juste… normal. C’est une frontière bien plus compliquée à tracer que ç’en a l’air, et c’est toujours intéresser de trouver de nouveaux défis, en quelque sorte. » Il aurait pu rentrer dans les subtilités de son métier, en essayant par exemple d’expliquer à Alfie en quoi il devait s’efforcer de garder la plus grande neutralité en découvrant ses patients, de sorte à ne pas leur imposer un certain accent qui ne serait pas naturel chez eux mais natif chez lui, ou d’autres problématiques à la frontière des sciences du langage avec lesquelles il était régulièrement confronté. Mais le Maslow n’avait jamais demandé à avoir un cours express sur l’orthophonie et l’importance du perspectivisme en linguistique, du coup il se contenta de rebondir sur leur terrain d’entente en matière de travail : l’administration. « Et malheureusement, j’ai toujours pas réussi à tenir tête à l’administration. Je crois que dans ma boîte mail, y’a… 90% de mails sur ça. Et je n’ai plus un seul octet de libre. » True story. Il faisait un effort pour vider régulièrement sa boîte mail, et ça ne servait jamais à rien. Il relança la conversation sur Alfie une nouvelle fois, essayant de le faire parler de choses qu’il ne savait qu’approximativement. « Tu enseignes à la fac aussi, du coup ? Ça change pas trop du terrain ? » Il ne tarda pas à rajouter, avec une pointe d’humour dans la voix : « J’ai failli devenir enseignant-chercheur, mais je dois avouer que j’ai vite compris que j’assumerais pas le côté enseignant. » Il aurait eu bien plus de mal à gérer des étudiants que des patients, et il ne regrettait absolument pas ce changement de direction.

Leonardo ne put s’empêcher de se sentir quelque peu attaqué par la dernière prise de parole d’Alfie. C’était peut-être – sûrement, même – involontaire, mais ça ne lui empêchait pas d’être assez piquant ; Leonardo avait effectivement bientôt la trentaine, et il habitait toujours dans un studio digne d’un étudiant de première année, qui découvre les joies de la vie universitaire dans une boîte à chaussures. Quant à lui, le Maslow n’était pas spécialement à plaindre de son côté à lui. Son appartement était – du moins du point de vue du pauvre Grimes – plus-que-ravissant, bien décoré, et suffisamment grand pour quelques animaux et un couple. C’était là aussi un autre point très délicat ; s’il savait très bien que ça ne faisait pas la valeur d’une vie et d’une personne, il ne pouvait s’empêcher de ressentir la lourdeur de sa solitude, encore plus à quelques pauvres semaines de ses trente ans. Malgré tout ce que l’on pouvait dire et philosopher, il avait l’impression que sa vie s’écoulait de plus en plus vite – et il craignait de cligner des yeux et se rendre compte que tout le monde était casé et géniteur… sauf lui. Sa fratrie l’aidait à relativiser, puisque Cade et Milena étaient bien plus âgés et quand-même célibataires ; mais était-ce pour autant rassurant d’être tous ensemble dans un bateau qui coulait ? Pas forcément. Leonardo reprit une petite gorgée de son verre tiédi, avant de reprendre un peu plus tristement la parole. « Je dois avouer que parfois j’aimerais bien être… comme tout le monde. Comme vous peut-être, dans un appart’ bien plus grand et bien moins vide, oui. » Mais ça faisait maintenant un petit moment qu’il n’avait plus partagé ce studio avec quelqu’un d’autre que Danny et Seung-Jin, qui avaient depuis pris leurs bagages et quitté Brisbane, abandonnant Leonardo à son sort de solitaire. Il y avait certes Chad et Andy, mais il se voyait très mal les inviter dans sa douce demeure. Et s’il pouvait inviter les siens à tout moment, ce n’était pas vraiment le genre d’affection dont il manquait. « Mais voilà. Disons que pour l’instant j’ai pas vraiment eu le besoin de déménager, en soi. » La conversation prenait soudainement un ton un peu trop sombre à son goût, et si Jules voulait certainement que les deux hommes se lient d’amitié, Leonardo ne se sentait pas tout-à-fait prêt à partager ses grands complexes et doutes existentiels avec l’Alfie, ce qui le poussa donc à essayer de remonter un peu l’atmosphère de la discussion. « Après ça fait moins de ménage, moins de loyer… et mes chats ont pas l’air trop malheureux là-dedans, ma foi. » Sa tentative de blague n’était pas des plus impressionnantes, et il se dépêcha de retourner à nouveau la conversation vers Alfie, l’encourageant à plonger dans les tréfonds de sa personne pour lui répondre. Moins lui il avait à ouvrir sa bouche, mieux il se portait. Où diable était Jules? « Comment vous vous êtes rencontrés, Jules et toi ? Je dois t’avouer que j’ai jamais eu vent de la fameuse rencontre. » Se rendant compte que c’était peut-être un peu trop personnel, il essaya de rendre son coup un peu plus discret, tout en espérant qu’il se mette à meubler leur silence. « Si c’est pas indiscret, bien sûr. C’est juste… je me posais la question. » Jules ne lui avait jamais rencontré les détails de leur vie, ou en tout cas pas de leur rencontre et leurs débuts, ce qui aiguisait énormément la curiosité de Leonardo, qui s’en servait sûrement pour compenser sa vie affreusement plate sur ce plan-là en particulier. « Disons que voilà. Je vous vois partager toute votre vie pendant que… j’ai des chats ? » Il décida qu’il valait mieux se taire, et il reprit son verre bientôt vide en attendant qu’Alfie décide de reprendre la parole. Décidément, il n’avait jamais eu à ce point envie d’étrangler son amie.

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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyMar 2 Avr - 20:32


S’ils avaient été dans un film, les deux mots prononcés par Leonardo auraient marqué le moment où l’intrigue démarre réellement, lorsque deux vieux amis prennent conscience qu’en réalité, ils appartiennent à deux camps opposés. Pas qu’Alfie en doutait jusqu’à présent, seulement c’est désormais concret, accentué par le regard noir que ce dernier a offert au plus jeune, de ceux qu’on offre à son petit frère qui vient de pousser le premier domino de centaines d’autres, venant ainsi de griller la priorité après des heures et des heures à empiler des pièces en plastique pour avoir le simple plaisir d’être celui qui réduit tous ses efforts à néant pour dix secondes d’euphorie. Car c’est ce que l’Italien vient de faire, en se permettant une comparaison qui déplaît fortement à un Alfie qui oublie rapidement la délicatesse et la sympathie que lui a témoigné Leonardo depuis le début de la conversation. Peu naturelles, certes, mais bien présentes pour autant, effacées à la simple évocation de Bear Grylls. Jules ne peut définitivement plus échapper à la corvée qui sera la sienne dès demain ; elle devra s’affairer à dresser une liste des sujets que les deux hommes peuvent aborder lorsqu’ils sont laissés seuls, et tous ceux qu’il est préférable d’éviter pour que la situation ne dégénère pas. Pas qu’Alfie soit violent, ou plutôt heureusement pour Leonardo qu’il ne le soit plus, mais il y a peu de choses qui parviennent à le contrarier ; ainsi lorsqu’on touche à un sujet qui réussit à animer ce genre de réactions en lui, il lui est difficile de passer outre. S’il sait pertinemment que ce n’est pas la faute du Grimes et que c’est la raison pour laquelle il prend soin de fournir des explications qui justifient que sa bonne humeur soit ainsi mise à mal, cela ne fait qu’accentuer ce sentiment d’incompréhension qui entoure son métier. Que ce soit ses parents, sa petite amie, certains amis et maintenant son entourage plus ou moins indirect, Alfie se heurte à une méconnaissance générale sur cette passion qui l’anime ; et si d’ordinaire il est le premier à vouloir éclairer les esprits qui le veulent bien, il se retient de se lancer dans un discours échauffé qui ferait fuir Leonardo avant même que l’entrée ne soit servie. Il se contente alors de préciser pourquoi il n’apprécie pas cette comparaison – avec toute la diplomatie dont il peut présentement faire preuve – tout en essayant vraiment de se persuader que la comparaison fait sens. Spoiler alert : à ses yeux, elle ne le fait pas. Il y a un gouffre entre ce que ce fameux Bear propose et ce en quoi consiste son travail. Les seuls liens que l’on puisse faire consistent en des voyages à plusieurs milliers de kilomètres de sa terre d’origine, et la notion de survie bien qu’elle soit très différente dans les deux situations. Au-delà de cette association raccourcie qui l’agace, c’est surtout la manière dont Leonardo met – encore une fois, sans que ce soit intentionnel Alfie essaie de s’en souvenir – sur le même pied d’égalité un type qui fait le clown devant une caméra pour faire de l’audience et son travail qui consiste à réellement tendre la main à des minorités en difficultés. Il y a un véritable enjeu derrière ; et pour autant, c’est bien de Grylls dont le commun des mortels se préoccupe majoritairement. C’est décourageant, écœurant, même. Mais on continue d’en parler, pour une raison très simple. « Pas vraiment quand tu y penses. On vit dans une société très individualiste, l’être humain a besoin de se sentir valorisé, alors forcément se penser capable de survivre dans un désert leur parle beaucoup plus que de s’intéresser à la vie des autres et à tendre la main à des personnes sous-représentées. » Et qui auraient réellement besoin qu’on leur accorde plus de visibilité. Laissant échapper un soupir, il finit par reprendre rapidement la parole, un sourire bien plus détendu sur les lèvres. « En plus, on sait très bien que 90% de la population se pisserait dessus dès les premières minutes de solitude et qu’ils se feraient bouffer par le premier vautour qu’ils s’imaginent chasser. » Probablement que dans leur imagination, la majeure partie de la population s’imagine se faire un manteau de la première bête croisée, utiliser comme canne le fémur d’un touriste ayant perdu contre la déshydratation, arpentant le désert comme s’il s’agissait de leur territoire. Certainement que dans la réalité, on les verrait plutôt hurler à la mort devant un scorpion, tenter une danse chamanique pour faire venir la pluie, et finir en PLS contre un cactus qu’ils auront confondu avec leur mère.

Si c’est avec un peu moins d’enthousiasme qu’il s’adresse désormais à Leonardo, il n’en demeure pas moins intéressé par ce qu’il a dire. Même si les restes de l’AVC causé par l’évocation de Grylls sont toujours palpables, Alfie ne compte pas chasser l’Italien de chez lui pour si peu – même s’il a effectivement perdu une partie de son capital sympathie. Dans ce jeu de ping-pong que représente leur discussion, la balle est désormais du côté du plus jeune, dont c’est maintenant le tour d’évoquer son travail. Un instant, Alfie est tenté de lui demander si ça lui plaît d’être « assistant dentaire » – un juste retour des choses – mais il se retient en songeant encore une fois que Leo n’est pas méchant, seulement maladroit. C’est dans le silence que le trentenaire écoute son invité, acquiesçant simplement de temps à autre pour signifier de son intérêt – qui, pour le coup, n’est pas feint contrairement à ce que l’on pourrait croire. Ce n’est que lorsque Leo prend une pause que l’anthropologue se permet un commentaire. « Je dois dire que tu me donnerais presque envie d’envisager une reconversion. » Il affiche un fin sourire, avant de reprendre (et peut-être qu’il aurait dû s’arrêter-là). « Je dois avouer que je ne pensais pas que l’orthophonie pouvait être aussi complexe et intéressante. » Est-ce qu’il vient réellement de dire cela ? Le regard aussi vide que celui d’un poisson mort, Alfie se mord la lèvre, ses doigts jouant nerveusement ensemble. « Euh, enfin, je veux dire, pas que ce soit un métier chiant, non, je pense pas, juste on en parle pas beaucoup et, ça donne un peu l’impression qu’il se passe jamais rien et je… » Ta gueule, Alfie. Si l’atmosphère s’était détendue, voilà qu’elle redevient lourde et particulièrement gênante à cause de sa maladresse. Chacun son tour, il faut croire. « En tout cas, tu fais une différence dans la vie des gens, et c’est quelque chose que je trouve admirable, pour ce que mon avis vaut. » Ce n’est pas une tentative de se rattraper, c’est la pure vérité. À son échelle, Leonardo aide également les autres, et c’est peut-être là un point commun important qu’ils partagent. « Et vu comme tu en parles, tes patients ont de la chance de t’avoir. » Et il est maintenant temps pour lui de réellement se taire quant au sujet, parce que cela en devient de plus en plus gênant ces compliments sincères, mais pas naturels pour autant. C’est avec un soulagement qu’il ne dissimule même pas que la conversation dérive sur l’ennemi commun d’une grande partie de la population : l’administration. « Bon, tant pis. Il ne reste plus qu’à nous rabattre sur « comprendre les ficelles administratives pour les nuls », mais je serais pas étonné que l’auteur ait abandonné après la préface. » En voilà un moyen de devenir riche avec facilité : éditer un livre de cet acabit, qui se vendra forcément à des millions d’exemplaires. Pour autant, ce sera probablement au détriment de l’auteur qui y laissera sa santé mentale à essayer de s’en sortir avec les administrations publiques. La balle revient dans son camp, et c’est avec un soupir qu’il ne parvient pas à réprimer qu’il accueille la question de Leonardo. Non, il n’enseigne pas, et c’est bien ça le problème. « C’est vrai ? Pourtant, j’imagine qu’il faut avoir une certaine pédagogie pour être orthophoniste, non ? » Pas qu’être un bon orthophoniste fasse forcément un bon enseignant, la manière de faire diffère très certainement, raison pour laquelle Leonardo ne s’est pas lancé dans cette seconde voie. « Mais, non, je… je suis que professeur-assistant, j’enseigne pas vraiment, enfin, c’est assez rare, et... Il s’interrompt au milieu de sa phrase, marque une courte pause pour réfléchir à ce qu’il s’autorise à révéler à Leonardo. À l’origine, je bosse pour la fac en tant que chercheur, et ça reste mon activité principale. Ils ont un très bon département de sciences sociales, alors c’est… assez intéressant de bosser pour eux. » Il conclut avec un fin sourire, ne sachant pas qui de lui ou Leonardo a besoin d’être le plus convaincu par cette affirmation.

Le silence qui s’ensuit oblige l’esprit d’Alfie a passer en revue la liste des sujets qu’il pourrait aborder, mais demeure toujours le problème de ne pas connaître suffisamment son interlocuteur pour arrêter son choix sans prendre le risque d’alourdir une ambiance qui est à peine respirable. Ainsi, après avoir passé en revue leur métier respectif, ne lui reste que deux sujets relativement superficiels et faciles à aborder : les amours et le cocon. Mais puisqu’il n’est pas suffisamment familier avec Leonardo pour lui poser des questions sur une potentielle vie de couple, c’est la deuxième option qui est retenue, suite aux informations du jeune homme. Leonardo vit dans un studio qui, par déduction, doit être relativement petit. Si on ajoute à cela l’âge de son invité, plus le schéma traditionnel qu’attend la société, il devrait donc être sur le point de déménager, ou du moins, de l’envisager. En soit, Alfie ne juge pas, lui-même ayant squatté chez ses parents jusqu’au milieu de la vingtaine par flemme de se trouver un chez lui, par difficulté aussi avec un dossier comme le sien qui, implicitement, dévoilait ses attentions de quitter le logement au bout d’à peine six mois. Pas assez fiable, c’est un reproche qu’on lui fait très souvent, dans beaucoup de domaines. Le ton plus monotone de son interlocuteur lui fait se demander s’il aurait effectivement émis une pointe de jugement dans sa question, mais Alfie ne prend pas la peine de s’excuser – parce qu’il sait qu’il n’a rien fait de mal. Dans la continuité du sujet précédent, le trentenaire reste silencieux jusqu’à ce que Leonardo termine de clarifier sa pensée et lui donne le signal implicite que c’est à son tour de jouer. « Comme tout le monde, c’est un concept à la con, je trouve, si toi ça te convient, c’est l’essentiel. » Cela peut sembler paradoxal avec la question qui a amené à cette conversation, mais justement, il ne s’agissait que de faire la conversation et non d’un jugement. « Et si en plus ça convient aux chats, alors tout le monde est content. » Il ajoute avec un sourire sincère après la tentative de plaisanterie de Leonardo, parce que finalement, tout le monde sait que les chats finiront par dominer le monde et que leurs propriétaires ne sont que des marionnettes entre leurs griffes, ainsi s’ils n’arrivaient à se satisfaire du studio de Leonardo, celui-ci n’y vivrait plus depuis longtemps. Machinalement, Alfie jette un coup d’œil à son téléphone dans l’espoir d’y voir un message de Jules qui lui donnerait un indice quant à son retour, c’est peine perdue. Faisant retomber avec lassitude l’appareil dans un coin du fauteuil, il relève la tête lorsque Leonardo lui pose une question un peu plus intime, mais pas foncièrement indiscrète. S’il avait demandé le déroulement de leur premier rancard ou premier baiser, oui, là ça aurait été franchement problématique, mais l’histoire de leur rencontre n’est pas un tabou. Et si cela peut permettre de faire la conversation, et bien Alfie est prêt à l’étirer en longueur, à rajouter des détails en veux-tu, en voilà. « Oh, non, pas de soucis. Je sais pas, je pensais que Jules t’en aurait parlé. » Parce que c’est son ami à elle, après tout, et que c’est le type d’anecdote qu’il partage avec ses amis à lui. Il est un peu vexé d’imaginer qu’elle n’ait pas parlé de cela à Leonardo, surtout après trois ans, mais cela ne veut pas dire qu’elle passe son quotidien avec lui sous silence. Ou peut-être que si, et qu’elle ne le trouve pas suffisamment intéressant pour être abordé au détour d’une conversation entre amis, quand on sait tous que la vie sentimentale en fait justement un très bon, de sujet de conversation. « À l’église, il débute, avant de se rendre compte de l’aspect solennel de ce détail, je me suis trompé de porte, j’ai débarqué au milieu d’un mariage pile quand le prêtre demandait si quelqu’un s’opposait à cette union, et tant qu’à mettre de l’action, j’ai joué le jeu à fond. Et voilà, je suis coincé avec elle depuis. » Il lâche un bref rire nerveux, avant de réaliser que ses propos pourraient être mal interprétés, raison pour laquelle il se reprend rapidement, et parce que le but n’est tant de se moquer de Leonardo que de détendre l’atmosphère. Il n’a aucun mal à parler de Jules, ou du moins de cet aspect de leur relation, alors il n’a pas besoin de subterfuges pour éviter la question de Leo – de toute manière, si elle avait vraiment été dérangeante il ne se serait pas gêné pour le lui faire savoir. « C’était effectivement à l’église, mais lors d’un réveillon organisé par la paroisse. Elle accompagnait sa mère, j’ai été traîné par mes parents, la moyenne d’âge était proche de la soixantaine et elle est venue me sauver de mon ennui en engageant la conversation. Alors, la « fameuse rencontre » n’a rien de très original, c’est vrai, mais ça change pas son importance. » C’est un sourire sincère qui s’affiche sur ses lèvres en songeant à cette journée qui, aussi cliché ce soit de le dire, a effectivement changé le cours de son existence. « Et tu sais, au moins les chats, eux, ne prennent pas toute la place dans le lit. » Il ajoute avec un léger rire, petite pique plus que méritée compte tenu de la situation dans laquelle la jeune femme les a coincé. Il s’abstient de préciser que cette idée selon laquelle il est essentiel de tout partager avec son partenaire lui paraît bien plus compliquée à mettre en place qu’à le suggérer. Peut-être parce qu’il part du principe qu’il est préférable d’user de mensonges agréables que de vérités douloureuses. « Je suis sûr que ta vie ne se résume pas qu’à tes chats. » Il précise, sans réellement l’avoir voulu, sans réellement comprendre pourquoi, peut-être parce qu’étrangement le constat de Leonardo lui parle plus qu’il ne le voudrait. « Du coup… tu es célibataire, en ce moment, c’est ça ? Et pareil, si c’est trop indiscret, ou… » Ça l’est probablement, et c’est une question d’autant moins nécessaire que la réponse semble claire. Mais il n’a plus de sujet à aborder sous le coude, il ne peut que retourner celui-ci pour tenter de réanimer cette conversation en fin de vie. À moins que… quittant sa place sur le canapé, le trentenaire se dirige en direction du frigo pour en sortir un plat de dips de légumes avec une sauce aux herbes, avant de s’emparer du paquet de biscuits apéritifs trônant sur le comptoir. « Hm, je me permets, parce que je sais pas trop quand elle va arriver et, je dois avouer que je commence quand même à avoir un peu faim. » C’est faux, il aurait très bien pu attendre, mais l’empressement avec lequel il chipe un dip laisse songer au contraire, et il grignote le bâton de carotte comme le ferait un lapin, lui permettant ainsi d’étendre le temps durant lequel sa bouche est trop occupée pour converser.
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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyLun 22 Avr - 21:32


Leonardo était peut-être admiratif de la ruse dont Jules avait fait preuve, mais ça ne lui empêchait pas d’avoir tout de même envie de l’étrangler. Non seulement parce qu’elle l’avait mis dans une situation des plus embarrassantes avec son copain à elle, mais… elle aurait pu le préparer. Par exemple, en lui faisant comprendre de manière très explicite – puisque Leonardo et l’implicite, ça faisait trente-deux – qu’Alfie avait d’opinions très marquées en ce qui concernait son travail et son rôle dans le monde, et qu’il aurait dû faire gaffe à tout ce qu’il disait au sujet. Bien évidemment, elle avait préféré le laisser à la merci du Maslow et des erreurs dont il serait obligé d’apprendre. Et le pire dans une telle histoire était qu’il ne pouvait pas lui en vouloir. Effectivement, Leonardo aurait pu faire plus d’efforts pour apprendre à connaître Alfie ; lors de leurs rares sorties communes, il aurait pu essayer d’initier le contact, au lieu d’attendre très patiemment que Jules serve de tampon entre les deux. Néanmoins, il aurait préféré avoir des avertissements plus insistants. Ou littéralement n’importe quoi qui aurait pu l’aider à briller dans l’estime du Maslow. S’il avait appris à ne pas (trop) se soucier de l’avis des inconnus, il ne pouvait pas vraiment faire comme si l’Australien était un parfait étranger dans sa vie. Certes, il ne se côtoyaient pas de manière naturelle ; que ce soit en ce qui concernait leurs hobbys ou leurs carrières, ils n’avaient pas beaucoup de points communs qui les auraient poussés à traîner ensemble ou même juste se rencontrer, à vrai dire. Mais en tant que copain de Jules, ça devenait automatiquement quelqu’un de relativement important ; Leonardo devait bien savoir qui était Alfie, ne serait-ce que parce que c’était quelqu’un d’important pour son amie. Pour avoir vécu des relations où ses amis n’avaient jamais voulu rencontrer son copain, il avait vite compris qu’un tel scénario était en règle générale très mauvais signe – et le fait de toujours devoir choisir entre l’un et les autres rendait les événements de type anniversaires très compliqués à gérer. Donc, même s’il n’avait pas grand-chose à faire de l’homme devant lui (et vice-versa, il en était persuadé), ils étaient obligés d’être au moins en rapports cordiaux. Et visiblement, Jules avait décidé que ce n’était jusque-là pas assez. Mais il ne pouvait pas être en colère. Alors, il se contenterait d’élaborer sa vengeance jusqu’à ce que le moment opportun vienne. Mais elle pouvait être sûre de se retrouver dans la même situation que Leonardo si celui-ci trouvait sa douce moitié. Il essaya de se reconcentrer sur l’Alfie, qui avait repris la parole pour expliquer pourquoi, d’après lui, de telles émissions existaient alors que c’était tout ce qu’il y avait de plus faux. Et à ce moment-là, il comprit un peu mieux ce qui aurait pu les empêcher d’être bien plus proches ; Alfie avait l’air d’être quelqu’un de très réfléchi, qui avait des opinions très élaborées sur à peu près tout, y compris l’individualisme et la solitude des humains. Quant à lui… Leonardo n’était sûrement pas bête, mais c’était quelqu’un d’assez simple ; il n’aurait jamais pensé à essayé de comprendre en quoi s’intéresser à Bear Grylls pouvait faire oublier aux gens la monotonie de leur vie. Et ce n’était absolument pas son intention ou de sa faute, mais Leonardo avait presque l’impression de devoir être plus profond et intéressant face à Alfie qu’en temps normal, sous peine de ne pas l’impressionner et passer pour un pauvre simplet. Mais encore une fois, son esprit jouait sûrement bien plus de tours que nécessaires, et le Maslow n’avait peut-être même pas pensé à cela en parlant à Leonardo ; après tout, il se contentait de répondre aux questions de celui-ci. « Pour ce que ça vaut, je serais le premier à être bouffé par un vautour. Ou littéralement n’importe quel animal un tant soit peu dangereux. » Parfois, il se demandait si l’Australie avait vraiment été un bon choix en matière de déménagement – mais en dix ans de vie australienne, il n’avait jamais été surpris au réveil par une tarentule dans sa chaussure, donc c’était sûrement bon signe. « Mais si ça peut te rassurer, j’ai jamais regardé Grylls. Juste des comédies romantiques un peu trop clichés, comme Jules t’en as sûrement parlé. » Plus d’une fois, il avait fini par sangloter très bruyamment dans les bras d’une Jules obligée de lui tapoter le dos en lui rappelant que tout allait bien se passer. Après tout, c’était bien la principale différence entre leurs vies et une comédie romantique.

Suite à cela, la conversation se tourna doucement vers Leonardo, qui mentionna ce qui lui faisait de sa triste vie. À côté d’Alfie, il ne pouvait s’empêcher de se sentir quelque peu inutile, ou en tout cas bien moins passionnant et intéressant. Là où le premier avait vécu dans plein de cultures différentes et connu des situations les unes les plus intéressantes que les autres, l’autre se contentait de se rendre au cabinet et passer sa journée assis devant, la plupart du temps, des enfants. Et si ce portrait était bien terne, Leonardo essayait de se rassurer en se disant que jamais il n’aurait pu enfiler les chaussures du Maslow, et qu’il fallait de tout pour faire un monde. « Oui, c’est vrai que c’est pas tellement connu comme métier. Mais au moins personne ne le trivialise inutilement à la télé, pour le coup. » Il s’apprêtait à répondre à Alfie, confirmant que le fait d’aider les gens était bien ce qui l’avait poussé à se lancer dans une telle voie, mais il s’arrêta net à la mention de ses parents – souriant d’un air très gêné, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre. Pas tellement, non. Leonardo soupira assez lourdement ; Jules n’avait visiblement rien dit des rapports quelque peu compliqués que le Grimes avait avec les siens à son copain. Et s’il lui en était reconnaissant – puisqu’Alfie était qu’un simple inconnu, pour l’instant, il n’avait pas spécialement envie qu’il connaisse sa vie dans les moindres détails et vice-versa – il aurait peut-être dû dire à la Rhodes de mentionner à son cher et tendre que ça faisait partie des quelques sujets qu’il valait peut-être mieux ne pas traiter. Profitant du peu de points communs que les deux semblaient avoir, Leonardo se mit à parler de l’administration, son plus grand cauchemar en ce qui concernait son travail. S’il était parfaitement conscient de l’enjeu desdits papiers qu’il compilait parfois pendant des heures entières, il n’aurait pas été contre une simplification d’un tel processus – et visiblement, ce n’était pas le seul. « C’est clair. Mais pour le coup, je serais très mal placé pour reprendre en main sa rédaction. » Le Grimes décida ensuite de reposer quelques questions sur ce que l’Alfie faisait, cette fois-ci sur un terrain qu’il connaissait déjà un peu mieux : l’université. Il fut quelque peu étonné du soupir qui accueilla sa question, mais n’ayant pas envie que le silence s’installe entre les deux, il réponda aussitôt à sa question à lui, quant à la pédagogie dans son métier. « Je te dirais bien que oui, mais… j’sais pas. Je pense que j’aurais eu bien plus de mal à motiver des amphis pleins à craquer d’étudiants que le fait qu’on puisse parler est la chose la plus intéressante au monde à disséquer. » S’il était réellement passionné par ce qu’il avait appris pendant toutes ces années passées derrière les bancs, il doutait de sa capacité à transmettre efficacement cet intérêt. En règle général, il avait bien plus de mal à trouver les mots et les explications qu’il fallait pour des concepts qui étaient pourtant clairs comme l’eau dans son esprit. Et d’expérience, il savait assez bien que si la passion était importante chez un prof, tout le reste l’était tout autant ; il n’aurait sûrement eu aucun mal à mener des recherches dans son coin et en discuter avec des personnes qui venaient du même cursus que lui, mais ça s’arrêtait là pour lui. D’où une telle reconversion, finalement. Il hocha poliment de la tête à la réponse d’Alfie, restant tout de même silencieux ; il ne savait pas ce qu’il pouvait bien lui répondre, et à ce stade-là de la conversation il préférait se taire qu’aborder maladroitement des sujets qui lui étaient chers.

Leonardo reprit à nouveau la parole au sujet de sa vie privée, notamment ce qu’un trentenaire pouvait bien faire dans un studio pour étudiants, répondant aussi honnêtement qu’il le pouvait, malgré la honte qu’il ressentait à ce propos. « Certes. Mais ce serait sûrement mentir que de dire que j’ai toujours rêvé d’habiter dans un salon amélioré à trente ans presque révolus. » Il s’en arrêta là pour les confessions mélodramatiques, jugeant qu’Alfie devait déjà avoir une opinion bien triste à son égard. Il essayait de se rassurer en se disant qu’Alfie était plus âgé que lui, mais le Maslow n’avait pas non plus la quarantaine – ce qui rendait son constat un peu plus triste, le poussant alors à recentrer la conversation sur son interlocuteur et le centre de tous leurs rapports en fin des comptes : Jules, qui par ailleurs ne montrait pas signe d’arriver – comme le montrait le silence de son portable à lui ou celui de son copain, à en juger par son absence de réactions. Leonardo demanda donc au Maslow comment son amie et lui avaient bien pu se rencontrer. Leur relation était plus récente que leur amitié à eux, mais il ne se souvenait pas qu’elle lui ait raconté les détails de leur rencontre – peut-être qu’il se trompait ceci étant dit, et quoi qu’il en était il avait juste envie que le silence s’arrête. Il posa donc son menton dans ses mains, écoutant aussi attentivement qu’il le pouvait l’Alfie prendre la parole, essayant tout de même de ne pas avoir l’air d’un pauvre type qui, incapable de vivre ce genre de choses par lui-même, se contentait d’écouter les autres en parler – même si c’était un peu le cas à vrai dire. Il ne le faisait sûrement pas exprès, mais il y avait bien une raison pour laquelle sa bibliothèque était remplie de films et livres à l’eau de rose. D’une certaine manière, ça l’aider à se dire qu’il était juste dans le prologue de l’histoire de sa vie, la partie qui s’achève en règle générale au bout de quelques pauvres minutes en accéléré, avec une rencontre apparemment insignifiante mais pourtant cruciale pour l’histoire. C’est ce qu’il essayait de se dire en se levant tous les matins dans un lit des plus froids, en voyant que tous ses amis semblaient commencer à se marier et fonder une famille, ou quand il réalisait à quel point le temps passait vite quand il se faisait ravaler par sa routine – c’est-à-dire bien plus souvent qu’il ne le souhaitait. Ainsi, il en faisait de même avec ce qui n’était qu’une simple anecdote pour Alfie. Après un bref rire nerveux suivant une histoire qui n’avait rien de vrai, il lui raconta leur vraie rencontre dans toute sa simplicité. Et si Leonardo ne pouvait s’empêcher de rêver se trouver un jour à leur place, il s’abstint de verbaliser de tels ressentis – il n’avait pas vraiment envie qu’Alfie le prenne pour un énorme creep. Alors, il se contenta de respirer doucement, ne sachant pas vraiment sur quoi rebondir après une telle histoire. Il aurait pu poser plus de questions sur leur relation, mais il avait l’impression de s’introduire bien trop en profondeur dans une vie qui n’était pas la sienne. La conversation retourna à nouveau sur lui, mais c’était bien moins intéressant et bien plus vide à raconter. Mais avant qu’il n’ait eu le temps de lui répondre, Alfie se leva et disparut dans la cuisine, avant d’en revenir assez vite, de la nourriture dans les bras. Leonardo ne put s’empêcher de sourire, amusé par un comportement qui leur vaudrait sûrement une petite engueulade de la part de Jules à son arrivée. Mais pour leur défense, elle n’aurait eu qu’à rester. « Merci. Je dois avouer que je commençais à sentir mon ventre gargouiller. C’est toi qui as préparé ça ? » Ce n’était peut-être que des bouts de légume accompagnés d’une sauce, mais il était reconnaissant de l’attention apportée. Il se servit d’une dip avant de la croquer une fois mouillée de sauce – et une fois tout ceci fait, il soupira doucement avant de prendre à son tour la parole. « Non, rien d’indiscret. C’est rien qu’on ne puisse pas trouver sur Facebook. » Non pas qu’il ait été du genre à partager sa vie dans les moindres pensées sur le réseau, très loin de là – mais en fouillant assez bien, on pouvait trouver tous ses souvenirs dessus, raison de plus pour lui de s’en tenir loin. « Mais oui, je suis bien célibataire. » Et c’est pas faute d’avoir essayé ! qu’il aurait pu dire, mais il se disait qu’il devait déjà être assez pitoyable dans le rôle de père à chats à à peine 30 ans. Il frotta son cou avec sa main, ayant soudainement l’impression d’exposer ses plus grosses insécurités avec quelqu’un dont il ne connaissait, au final, pas grand-chose – ce qui n’était pas aussi loin que ça de la vérité. Si Jules avait été là, elle aurait sûrement été fier du Grimes. Mais visiblement, il y avait une longue queue au supermarché. « J’ai eu quelques relations assez importantes, et j’ai même failli me fiancer avec mon dernier ex mais… ça fait un petit moment que c’est plus trop d’actualité. » Il aurait pu rentrer dans les détails de ses relations, le bon comme le mauvais, entre la séparation qui l’avait fait soupirer de soulagement et le petit pincement au cœur qu’il avait ressenti en voyant son premier copain annoncer ses fiançailles (et par la suite, son mariage) sur Facebook – mais c’était bien trop tôt (et il était bien trop sobre) pour ce genre d’anecdotes. Il toussota légèrement, comme s’il voulait ponctuer un peu ses propos. « Disons qu’au début c’était sympa d’être… libre et seul. Mais au bout de trois, quatre ans… je me dis que ce ne serait pas de refus de connaître à nouveau quelque chose. » Sortez les violons. Il aurait pu discuter des détails de sa vie sexuelle à défaut d’avoir quoi que ce soit d’autre à raconter, mais rien que l’idée d’en parler à Alfie lui donnait envie de s’écraser le crâne contre un mur jusqu’à l’évanouissement. Idem pour la drôle d’histoire que le reliait à Andy par exemple, ou Chad ; dans les deux cas, Jules n’avait pu s’empêcher de pouffer de rire au vu de la complexité de l’histoire. Il fallait avouer que « oui, j’ai vu le mec que mon meilleur ami avait embrassé avant de me prévenir que mon autre meilleur ami avait un crush sur lui, et cela après que j’ai couché avec deux fois, et il venait de rouler une pelle à mon ex-coach de boxe, qui avait disparu en courant après que je l’ai croisé dans un bar, ce qui avait donné une situation affreusement gênante avant que je comprenne qu’il avait peur que je le oute, et tout cela alors que j’étais bien trop alcoolisé pour une telle situation », ce n’était peut-être pas la plus compréhensible des histoires – ni celle qu’il avait envie de partager avec un inconnu comme Alfie, ne serait-ce que parce qu’il n’avait pas non plus envie qu’il se rappelle de lui comme étant le-pote-de-Jules-incapable-de-trouver-quelqu’un. « Après voilà. Je me dis que la trentaine peut être le moment de bien travailler, mettre de côté, éventuellement trouver un appartement plus joli… et ensuite on avisera une fois le moment venu. » Jusqu'au moment où ce sera bien trop tard. Il toussota légèrement une nouvelle fois, avant de meubler le vide laissé par d'aussi tristes confessions en prenant un bout de légume et en jetant un coup d’oeil à sa montre. « Faut croire que Jules s’est perdue sur la voie du retour. » Il releva sa dip d’un coup, ne lui laissant pas vraiment le temps de répondre. « D’ailleurs… elle m’avait mentionné une tortue. Est-ce qu’elle est dans le coin ? » Il reprit la parole un peu plus rapidement, se sentant obligé d’expliquer pourquoi un tel intérêt aussi soudain pour un pauvre animal qui n’avait rien demandé à personne. « Forcément, en tant qu’homme à chats je suis obligé d’aimer tous les animaux. Mais j’ai un faible pour les tortues. Pas autant que les chats, mais voilà. » Et, argument qui n’était pas des moindres : ça permettrait à Alfie de parler de quelque chose qu’il connaissait dans les détails, leur faisant gagner du temps pendant lequel Jules était occupée on-ne-savait-pas-comment, en train de se délecter de la réussite de son plan maléfique.
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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyVen 26 Avr - 16:57


Plus que jamais, il est regrettable que les rapports entre les deux hommes soient plus cordiaux que véritablement amicaux, sans quoi Leonardo n’aurait pas été malmené de la sorte par un Alfie qui lui fait payer les innombrables commentaires entendus sur son choix de carrière et sur la mauvaise représentation que s’en font les gens. C’est parce qu’ils ne se connaissent pas suffisamment que Leonardo ne remet pas en doute la parole d’un Alfie soudainement sérieux, là où dans la vie quotidienne, avec son entourage proche, on tend à ne pas le considérer comme crédible lorsqu’il s’énerve – même si dans la situation actuel il s’agit plus d’une très légère contrariété qu’une véritable colère destinée à Leonardo, Alfie étant bien conscient que le meilleur ami de Jules n’avait pas pour volonté de se moquer de sa profession ou de faire un parallèle foireux juste par envie de le faire sortir de ses gonds. C’est peut-être pour cette raison qu’Alfie n’est pas en mesure de passer à autre chose, et loin de faire le procès du jeune Grimes, il estime malgré tout important de clarifier certaines idées reçues auprès de la seule personne qui, paradoxalement, daigne bien écouter ses réflexions sans lui faire l’affront de bailler ou de lui dire « oh, j’ai presque cru que t’étais sérieux mec ». Dans un sens, au travers de cette conversation, Jules est presque parvenue à obtenir ce qu’elle recherchait ; si Alfie et Leonardo sont encore loin d’aller cueillir des pâquerettes dans un champ en se tenant la main, il n’empêche qu’Alfie, bien que quelque peu vexé par l’évocation de Grylls, apprécie l’oreille attentive de Leonardo alors qu’il s’agace de l’image que ce dernier renvoie dans les médias. Certes, si Alfie parvenait à prendre du recul sur la situation, il verrait que Leonardo a surtout l’air d’être un gamin terrorisé qui n’ose pas couper la parole à son père qui lui passe un savon, mais lui préfère voir ça comme un certain intérêt du plus jeune quant à ce qu’il peut raconter. Et Jules serait même fière de lui ; il essaie d’être concis et y arrive plutôt bien, car s’il voulait réellement s’emporter, il ne serait pas parvenu à condenser ses pensées, ni à terminer son discours sur une pointe humoristique pour tenter de détendre l’atmosphère lorsqu’il réalise – enfin – qu’il part peut-être un peu trop loin et que Leonardo, dans le fond, n’a rien demandé rappelons-le. « Oh tu sais, je suis pas sûr non plus que je ferais long feu. » Il admet avec un sourire, parce que c’est la vérité : contrairement à ce que Leonardo a pu croire, son métier ne consiste pas à devoir se battre pour sa survie, mais bel et bien pour celle des autres ; si Alfie possède forcément des notions pour se débrouiller en territoire hostile, ce n’est pas pour autant qu’il serait en mesure d’être suffisamment astucieux pour utiliser l’environnement autour de lui – ou plutôt, oui, il en serait parfaitement capable, la véritable question est de savoir si cela serait de manière appropriée et la réponse est non. Mais admettre sa faiblesse ne l’empêche pas de maintenir son avis sur cette émission ; ce n’est pas tant le concept que la manière dont celle-ci est orientée (dans une pure envie de divertir le spectateur), il existe de très bonnes émissions de survie que le commun des mortels peut suivre pour obtenir de véritables conseils plutôt que des astuces pour mieux se mettre en valeur. Réalisant que le débat est devenu interne à défaut de vouloir assommer Leonardo avec un discours enflammé, Alfie n’est pas en mesure de se souvenir si l’intérêt pour les comédies romantiques est un détail que Jules a déjà mentionné auparavant. « Si elle m’en a parlé, c’est pas le genre de détails qui m’a marqué. Mais c’est bien d’avoir une piqure de rappel au cas où elle déciderait d’organiser une soirée films et que je suis chargé de les sélectionner, ça m’évitera de te décevoir. » Inutile de préciser qu’il espère surtout éviter la situation. S’il n’a rien contre Leo, et qu’une soirée cinéma est finalement une perspective plus engageante qu’un repas compte tenu du silence qui va de pair avec un tel thème, Alfie n’en sera pas plus à l’aise pour autant. « Et inutile de me rassurer, tu fais et tu regardes ce que tu veux, mon opinion n’engage que moi. » Il conclut avec un sourire qui se veut compréhensif, car ce n’est que la stricte vérité : malgré le désamour qu’Alfie porte à Bear – non mais rien que le fait de s’appeler comme ça est un bon indicateur de la crédibilité à accorder à ce type – il ne juge pas qu’on puisse apprécier ses programmes, car il en faut pour tous les goûts. « Si tu veux tout savoir, je peux passer mon dimanche devant des émissions de cuisine à me prendre pour un véritable critique gastronomique et prétendre que je peux faire mieux qu’eux, donc on peut m’inclure dans le lot de ceux qui ont besoin de se sentir valorisés. » Qu’Alfie ajoute avec un fin sourire, pour nuancer ses propos face à un Leonardo qui s’est senti obligé de se justifier au point où Alfie a presque pris conscience d’avoir été un peu trop emballé par le débat à sens unique d’il y a quelques instants et qu’il essaie de rassurer l’ami de Jules – et rien que pour ça, elle lui doit reconnaissance éternelle car il n’est pas dans ses habitudes de prendre le temps de rassurer un presque inconnu.  

Un presque inconnu qui le devient de moins en moins au fil de la conversation. S’ils ne sont pas encore à s’échanger leurs anecdotes les plus croustillantes – et Dieu sait qu’Alfie ne s’imagine pas en arriver là – ils apprennent, petit à petit, à aller au-delà des informations superficielles qu’on retrouve sur un cv, parce qu’en fin de compte le malaise est palpable et le biais de désirabilité sociale bien présent entre deux individus qui veulent à tout prix se débarrasser du sentiment d’être l’initiateur de cette non-relation entre eux. Et même si la conversation est avant tout là pour éviter le silence, elle n’en demeure pas moins intéressante ; à part son âge, son métier ou son bénévolat, Alfie ne connaissait pas grand-chose sur le Grimes avant qu’ils ne se retrouvent tous les deux et même si ça le tue de l’admettre, Jules sera parvenue à les aider à faire connaissance. Toutefois, Alfie fait preuve de beaucoup de maladresse et il se flagelle tout seul à mesure que les hommes s’échappent de sa bouche sans qu’il ne parvienne à réfléchir à ceux-ci au préalable. Il a peur de vexer Leonardo, et ce n’est pas étonnant ; il a toujours marché sur des œufs avec lui. Alfie a un petit rire à la réflexion de Leonardo sur la méconnaissance de son métier qui l’empêche d’être discrédité, ce qui pourrait encore une fois donner véritablement envie à Alfie d’envisager une reconversion s’il ne s’épanouissait pas pleinement dans sa situation actuelle. Le silence dans lequel se mure ensuite Leonardo provoque un rapide froncement de sourcils à Alfie avant qu’il se reprenne bien vite en réalisant qu’il pourrait encore interpréter ses expressions comme un jugement. Dans d’autres circonstances, Alfie ne se serait pas gêné pour y aller de son petit commentaire, à base de « j’ai appuyé sur le bouton off ? » mais il n’est pas assez familier avec Leonardo pour tenter une plaisanterie du genre, ce qui rend ce court silence d’autant plus gênant, avant que le sujet divague sur l’administration – et rien que pour ça, on ne peut pas se plaindre d’eux, parce qu’ils permettent de mettre d’accord le reste de la population sur le fait que ce sont des branleurs détestables (est-ce qu’on sent qu’Alfie a été confronté plus d’une fois à leur inaptitude ? Parfaitement). Alfie hoche simplement la tête pour confirmer à son invité qu’il serait tout autant mal placé, avant que celui-ci ne dévoile un nouveau point commun – enfin, si on considère qu’un point commun peut être mis en évidence dès le moment où deux individus apprécient l’idée de respirer, ou qu’ils ont tous les deux une paire de poumons et un cœur. Leonardo a donc envisagé la possibilité de devenir enseignant-chercheur, un statut qu’il pourrait presque partager avec Alfie si celui-ci ne voyait pas les choses sous un angle différent. Dans les faits, c’est effectivement ce qu’il est, mais il tend à apprécier de séparer son travail de chercheur de celui d’enseignant, car comme il le souligne, son rôle à ce niveau se veut être plus de l’assistance qu’autre chose. Il enseigne quelques fois – le minimum requis pour justifier son salaire – mais ce n’est pas suffisamment important, pas suffisamment épanouissant, pour mériter qu’on s’y attarde. La recherche a toujours été sa priorité et suscite bien plus son intérêt même si ce n’est pas le fait de se retrouver face à un auditoire qui préfère discuter de leur plan du week-end ou du dernier épisode de Game of Thrones plutôt que de l’écouter qui soit vraiment problématique à ses yeux, c’est plus le côté répétitif qui est gênant. « Dès le moment où ils sont dans ce même amphi parce que ce que tu as à leur apprendre les intéresse, je pense que la plus grosse partie du travail est faite. » Car même le plus intéressant des professeurs n’arrivera pas à motiver un étudiant pour une matière à laquelle il ne s’intéresse pas le moins du monde à l’origine. C’est l’avantage de l’université, et la raison pour laquelle quitte à devoir endosser le rôle de professeur Alfie est bien content que cela se fasse entre ces murs : les étudiants qui assistent au cours ont choisi ce cursus pour la plupart, et si leur degré d’intérêt peut varier, à l’origine celui-ci demeure sincère. « Je sais que tu m’as pas demandé mon avis, mais je pense que tu ferais un bon professeur. » Qu’il conclut, fuyant volontairement le regard d’un Leonardo qui pourrait s’interroger quant à ce compliment, qui se veut parfaitement honnête. Seulement Alfie est probablement aussi gêné que lui de l’avoir formulé, mais malgré le manque de feeling évident entre les deux hommes, ça ne l’empêche pas de mettre en évidence une opinion positive qu’il commence à se forger sur le Grimes. Il évoque son travail avec un certain intérêt, et Alfie n’a pas menti – il est vraiment intéressant de l’entendre en parler de cette façon.

Le sujet reste sur Leonardo alors qu’Alfie se permet un commentaire pour meubler la conversation, faisant appel à l’information dévoilée par son invité quant au logement qu’il occupe. Il n’y a pas de mal à avoir un studio à trente ans selon l’anthropologue, et si sa réflexion pouvait laisser penser le contraire, c’était surtout pour dire quelque chose – et tant pis si ça se fait dans la maladresse la plus totale, au point où il en est il préfère très largement ça à un lourd silence. Pour seule réponse à sa confession, Alfie se pince les lèvres. Qu’est-il censé répondre à ça ? C’en devient réellement gênant. « Mais alors qu’est-ce que... » Avec un de ses amis, Alfie aurait été cash, n’aurait pas hésité à lui demander ce qu’il attend si ça semble autant lui peser, mais Leonardo n’est justement pas un de ses amis, raison pour laquelle il s’interrompt et zieute son téléphone sans ménagement, relevant la tête pour glisser un « j’ai cru recevoir... » Un message, non, ça ne dupe personne Alfie, ferme-la, merci. Il n’ose pas être direct avec le jeune homme pas plus qu’il n’ose lui tapoter l’épaule en lui disant « tu veux un coup de main, j’étais agent immobilier dans une autre vie » ou balancer un « mais hé, remarque c’est pratique quand t’es bourré, t’as le lit à côté des chiottes haha ». Dans le doute, il s’abstient de toute réflexion, poussant un soupir de soulagement lorsque Leonardo l’interroge sur sa rencontre avec Jules – c’est un sujet qu’il maîtrise bien plus que le réconfort d’ami de sa copine qui a un studio à trente ans et prétend que ça le gêne pas mais qui en fait si un peu. La gêne ressentie par Alfie s’envole bien vite lorsqu’il évoque Jules, comme souvent. S’il ne laisse pas présager un romantisme exacerbé dans sa réponse, privilégiant même une approche humoristique dans un premier temps – s’abstenant de phrases clichées comme « dès que je l’ai vue j’ai su » parce que la vérité c’est que non, il n’a pas su tout de suite, ou « elle est la plus belle chose qui me soit arrivé » parce qu’aussi heureux soit-il avec elle, son bonheur ne se résume pas à la seule présence de la jeune femme dans sa vie – ce n’est pas pour autant qu’Alfie minimise l’impact de Jules dans celle-ci. À l’inverse, Leonardo semble maximiser celui de ses chats, en considérant qu’il a au moins ça, et encore une fois, Alfie ne sait pas ce qu’il doit répondre à cette réflexion. « Dis-toi que ça pourrait être pire et que tu pourrais être allergique », « si tu veux vraiment de la fidélité, je te conseille d’opter pour un chien » ou « c’est cool les chats, tout le monde aime les chats » (non, pas lui). À défaut, il se permet une affirmation dont il peut attester ; un chat ne prend pas toute la place dans le lit, et c’est une très bonne raison de rester célibataire, en fin de compte (c’est d’autant plus crédible que cette pensée vienne d’Alfie, celui qui ne laisse aucun espace vital à sa petite amie en se collant à elle la nuit venue). Se risquant à se montrer indiscret en posant une question sur le statut actuel de Leonardo, Alfie ne laisse finalement pas le temps à ce dernier de répondre, filant en cuisine pour aller chercher des provisions, qui à défaut d’être un vrai sujet de conversation, parviendra à leur occuper la bouche pour justifier que justement ils n’en aient pas. « Oui, mais je suis un piètre hôte, j’ai pas poussé le fait maison jusqu’à faire pousser les légumes sur le balcon. » Mais à défaut, la sauce aux herbes a été préparée avec amour et il espère que ça rattrapera son manque d’investissement concernant les légumes. Leonardo n’a pas oublié la question qu’Alfie lui a posée au préalable, et loin de paniquer quant au terrain glissant que le sujet peut représenter, Alfie est plutôt reconnaissant qu’il fasse l’effort de lui apporter une réponse et de ne pas laisser un blanc s’installer. Le Grimes confirme être célibataire, et pendant qu’il écoute celui-ci s’épancher un peu plus sur la question, Alfie se permet de détailler quelques instants Leonardo, se surprenant de cette vérité, d’autant plus confirmée à mesure qu’il parle. Si le physique n’est pas le critère principal d’une relation, il doit reconnaître que Leonardo est très loin d’être désagréable, autant à regarder qu’à écouter. Il manque peut-être un peu de conversation, à une réserve qui laisse penser qu’on l’emmerde plus qu’autre chose, une timidité certaine, mais il est persuadé que le Grimes peut s’avérer bien plus ouvert s’il est à l’aise avec son interlocuteur, alors si le fait d’être célibataire ne le surprend pas outre-mesure puisque c’est quelque chose de très commun, c’est la durée de cette solitude qui étonne sérieusement Alfie. « Trois, quatre ans ? Alfie écarquille les yeux lorsqu’il réalise que c’est bien sa voix qui s’est élevée. Je-désolé. C’est juste que ça me surprend, t’as pas l’air d’être insupportable à vivre. Ok, tu t’enfonces. Pas l’air seulement, si ça se trouve tu l’es carrément en réalité, c’est ça que tu sous-entends, Alfie ? Mais, désolé en tout cas pour… enfin, avec ton ex. » Mais est-ce qu’il doit vraiment l’être ? Avoir manqué de se fiancer ne veut pas dire que Leonardo le regrette réellement. L’anthropologue se pince la lèvre, ne sachant plus vraiment que dire. Il ressent bien une certaine fatalité dans les propos de Leonardo et loin d’y être insensible, il ne sait pas quels mots seraient les plus appropriés pour tenter de le réconforter sur une situation que, finalement, il ne connaît que très peu et pour laquelle il ne se sent pas légitime dans le rôle du confident. Ils ne se connaissent pas assez, et à l’exception de Jules, Alfie n’a jamais connu d’histoire durant plus de quelques mois – un an tout au plus – au contraire, il tendait à enchaîner les aventures, voire plusieurs en même temps, alors ce sentiment de vouloir être avec quelqu’un, il ne l’a jamais vraiment connu avant sa rencontre avec Jules. Et même au départ, ça ne lui semblait pas aussi important d’être ainsi dépendant d’autrui, c’est quelque chose qui s’est installé progressivement – même s’il ne sera jamais totalement dépendant de qui que ce soit. « Peut-être que tu n’auras même pas à aviser et que ça viendra naturellement d’ici-là. Enfin, c’est que mon expérience personnelle, mais je cherchais absolument pas quelqu’un avant de rencontrer Jules, c’était pas du tout env-... » Envisageable. Et si c’est la stricte vérité, il n’est pas sûr de vouloir passer pour un goujat auprès d’une personne aussi proche de sa petite amie, au risque que cela finisse par arriver à ses oreilles – même s’il n’a jamais caché qu’il était le premier surpris à s’investir autant dans cette relation. « Je veux dire, ça m’est tombé dessus alors que je m’y attendais pas du tout. Je te le souhaite en tout cas. » Qu’il conclut avec un sourire sincère, avant de laisser échapper un léger rire nerveux à la réflexion de Leonardo sur la désertion de Jules. C’est là qu’il voudrait être parfaitement honnête et rire de bon cœur avec Leonardo sur le plan foireux de la jeune femme pour les rapprocher, mais ça nécessiterait d’admettre qu’ils n’ont guère de feeling l’un avec l’autre, et c’est un peu le genre de vérité taboue, dont on connaît parfaitement l’existence sans pour autant oser l’assumer. Toutefois, le visage d’Alfie change d’expression et s’illumine lorsque Leonardo mentionne Odie, et il semblerait que ce soit un sujet qui permette au trentenaire d’appréhender la suite de la conversation avec beaucoup plus d’aisance. « OUI ! » Qu’il s’exclame, avant de filer dans la chambre à coucher pour s’emparer d’Odie – c’est là-bas que le ballon a été vu pour la dernière fois, même s’il fait désormais son apparition dans le salon, la tortue au bout. « Je te présente Odie, ça fait seize ans qu’elle partage ma vie. Le regard qu’il porte à celle qu’il considère comme sa progéniture ne trompe pas quant au lien qui les unit. Posant l’animal sur le canapé à côté de Leonardo, Alfie reprend rapidement la parole. C’est sûr qu’elle sert pas à grand-chose et qu’elle a plus un rôle décoratif qu’autre chose, mais je l’aime bien, elle est pas chiante et j’ai pas besoin de la sortir. Alfie finit par relever le regard en direction de Leonardo et de poursuivre, ravi d’avoir trouvé de quoi occuper la conversation pendant les prochaines minutes. Tant qu’à faire la visite, on a un couple de rats aussi, si tu veux les rencontrer. » Itchy et Scratchy sont encore des colocataires récents, qu’Alfie a ramenés un soir après avoir découvert les pauvres bestioles abandonnées dans une cage au milieu de la rue, et si l’attachement n’est pas aussi profond que la bromance qu’il partage avec Odie, il les aime bien quand même. « J’essaie de convaincre Jules d’adopter un alpaga comme prochain animal, c’est pas un franc succès pour l’instant, alors à l’occasion, si tu peux lui en toucher deux mots, toi elle t’écoute. » Qu’il ajoute, avec un sourire amusé sur les lèvres, tandis qu’il a épuisé le stock d’idioties à dire sur le merveilleux sujet des animaux. Finalement, après un nouveau silence, Alfie finit par opter pour l’honnêteté. Ou presque. « Est-ce que… est-ce que je l’appelle ? Tu sais, des fois qu’elle serait tombée dans un espace-temps qui l’empêche de revenir ici. Dans le cas contraire, il l’y poussera lui-même. Enfin, c’est surtout que je veux pas que le repas finisse par être cramé, tu comprends. » Tu vois, ça n'a absolument rien à voir avec toi, alors dis-oui.

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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyVen 24 Mai - 21:07


Leonardo avait ressenti le changement d’atmosphère à sa mention de Grylls, et depuis ce moment fatidique il comptait les secondes en espérant que Jules finisse par se décider à revenir pour l’extirper de la situation dans laquelle il s’était retrouvé. Il pouvait sentir les quelques gouttes de sueur perler à la base de son cou, avant de descendre inexorablement le long de son dos, d’une lenteur telle qu’il pouvait les sentir sur chaque centimètre de sa peau. Heureusement pour lui, il n’avait pas (encore) développé des énormes auréoles de sueur qui, en transperçant son pauvre t-shirt, auraient de suite montré à Alfie à quel point il était tendu en sa compagnie. Ce n’était pas foncièrement de sa faute – après tout, il faisait de son mieux pour mettre son invité à l’aise, même si ça ne marchait pas forcément autant que les deux l’auraient souhaité – mais Leonardo n’avait jamais prié aussi fort le retour de Jules, qui semblait avoir été portée disparue. Peut-être que c’était vraiment le cas : peut-être que la Rhodes avait eu un accident et elle avait été blessée, tuée ou kidnappée. Peut-être qu’on l’acheminait en ce moment-même à l’hôpital, pendant qu’Alfie et lui discutaient d’absolument tous les sujets les plus insignifiants. Si tel avait été le cas, Leonardo aurait été incapable de se pardonner ; il se serait toujours senti coupable d’avoir forcé son amie à utiliser de tels subterfuges pour rapprocher son ami et son copain, et elle n’aurait jamais eu à partir aussi précipitamment. Leonardo essayait de se concentrer sur son interlocuteur, n’ayant pas vraiment envie de s’imaginer dans une telle situation. Celui-ci lui avoua que dans des situations similaires à celles dans lesquelles Bear se jetait, il n’aurait pas fait long feu bien longtemps, ce qui fit doucement sourire le Grimes. S’il lui disait ça, c’était sûrement que leurs travails respectifs étaient bien différents. « On ferait un sacré trio avec Jules dans Survivor, tiens. » Sa voix était à moitié entre le sarcasme et l’auto-dérision. Rester bloqué dans un endroit désert dans des conditions atroces avec sa meilleure amie mais aussi son copain avec qui il ne pouvait pas dire s’entendre, le tout dans un groupe d’adultes filmés toute la journée pour que l’Australie toute entière juge de leurs capacités et de leur mérite pour gagner une somme démesurée ? Ce n’était pas vraiment dans sa liste de priorités s’il devait être honnête. Non seulement la gêne et la compétition lui aurait fait perdre la raison, mais il était bien trop habitué au confort de sa vie de citadin. Sans air climatisé, eau chaude ou nourriture qu’il aimait le pauvre Grimes aurait fini par attendre son élimination en position fœtale sur le sol. « Je suis sûr qu’on finirait bien par trouver un terrain d’entente, à un moment ou un autre. » Ne serait-ce que pour Jules, en fin des comptes. Mais s’il devait être tout à fait honnête, Leonardo aurait cherché n’importe quelle excuse pour fuir une soirée pyjama en compagnie du Maslow. « Et si ça peut te rassurer, je pense qu’on fait tous ça devant les émissions de cuisine. » Même si Leonardo était très loin d’être nul en cuisine, il n’avait pas l’impression qu’Alfie le soit, lui. Il attendait patiemment de pouvoir goûter le dîner qui attendait le retour de Jules, mais s’il avait été aussi catastrophique que ça il n’aurait pas cuisiné en fin des comptes, si ?

Au fur et à mesure de la conversation, certes, les deux apprenaient à se connaître peu à peu – mais étrangement, Leonardo n’avait pas l’impression que leurs échanges étaient réellement honnêtes. Il avait presque l’impression de passer un entretien, comme si le Maslow s’apprêtait à le juger de sa valeur pour savoir s’il était ou non digne d’être ami avec Jules. Bien évidemment, le Grimes savait pertinemment que ce n’était pas le cas – Alfie ne semblait pas être ce genre de copain-là, et il aurait sûrement fini par l’entendre de la part de Jules si ç’avait été le cas. En réalité, Leonardo savait que s’il était aussi tendu c’était en grosse partie parce qu’il ne connaissait pas encore Alfie et il craignait à tout moment d’enfoncer leur amitié avant même qu’ils aient pu la débuter. Dans les faits, il était censé ne pas se soucier de l’avis d’un parfait inconnu de sa personne. Mais dans la pratique, il voulait au moins faire des efforts pour que Jules n’ait pas à toujours choisir entre les deux – surtout qu’entre un copain et un ami, le choix était bien souvent vite fait bien fait. En plus de cela, il avait envie qu’Alfie l’apprécie. Le Maslow n’avait rien de bien étrange ou méprisable – qu’est-ce que ça aurait voulu dire sur lui s’il l’avait détesté alors qu’il essayé d’être apprécié ? Leonardo n’avait pas vraiment envie d’avoir la réponse, et il espérait tout de même réussir du moins à se faire tolérer par son interlocuteur, avec qui la discussion avait entre-temps touché son travail à lui et le métier de professeur d’université. Pour avoir des enseignants absolument passifs et pas motivants du tout, il savait à quel point cela pouvait avoir un impact sur ce que les étudiants retenaient d’un tel cours – et Leonardo n’avaient pas envie d’être la raison pour laquelle quelqu’un échouait son année. Mais il avait l’impression qu’Alfie et lui auraient été assez semblables en tant que professeurs : l’un comme l’autre étaient très passionnés par leurs emplois respectifs, et ils semblaient capables d’en parler des heures durant – mais il ne savait pas vraiment jusqu’où leur pédagogie pouvait aller. Et en ce qui le concernait, Leonardo préférait largement ne dépendre que de lui-même et ses résultats que d’une hierarchie qu’il aurait été incapable de comprendre et analyser. Le Britannique soupira, ne sachant pas vraiment ce que sa vie aurait été s’il avait choisi un tel parcours. Elle n’aurait certainement pas été bien différente – son lieu de travail aurait juste été différent, en fin des comptes. « Je n’en doute pas. Mais est-ce qu’on a vraiment envie de dépendre ad vitam aeternam de l’administration universitaire? Je sais pas toi, mais perso j’ai jamais réçu un seul papier à l’heure, donc j’imagine que ça doit être pareil au niveau des salaires. » Et pour le coup, Leonardo n’avait pas vraiment envie d’expliquer à son propriétaire qu’il devait attendre quelques mois pour recevoir son loyer. De toute façon, il était trop tard – non pas qu’il lui aurait été impossible de se reconvertir, mais il n’avait pas envie de recommencer des grandes études à 30 ans révolus. Non pas qu’il avait une quelconque famille dont s’occuper de suite, mais il n’avait absolument plus la foi de faire de tels changements. Était-ce donc ça la vieillesse ? À sa plus grande surprise, Alfie lui fit un énorme compliment. « Merci. C’est… très gentil. » Leonardo ne savait pas vraiment comment le prendre. Bien, sûrement. Il ne s’était juste pas vraiment attendu à cela de sa part, et il n’avait, à vrai dire, aucune idée de la façon appropriée d’y répondre. Je sais aurait été bien trop vaniteux, et toi aussi bien trop impersonnel. Alors Leonardo décida qu’il valait mieux, pour une fois, se taire et rien riposter. Au moins, il ne risquerait pas de se tromper et vexer son interlocuteur.

Suite à cela, la conversation se tourna vers les amours. Et si Leonardo était plus que content d’étaler sa vie pleine de vide à quiconque voulait l’entendre parler, dès qu’il eut fermé la bouche il se rendit compte du silence gênant qui s’installait. Pour pailler à cela, il aborda le premier sujet sous ses yeux : la nourriture qui les attendait – et visiblement, Alfie était plus-que-ravi de profiter d’une telle opportunité, sans pour autant trop se vanter de ce qu’il avait fait. Leonardo se contenta de sourire gentiment quand Alfie lui avoua ne pas avoir fait pousser ses légumes sur le balcon. Même si Brisbane était loin d’être dans un état semblable à celui de New York niveau pollution, le Grimes imaginait que toute poussée devait être bien meilleure quand elle était faite dans une campagne immaculée – mais à vrai dire, il n’avait jamais effleuré la terre nue d’un simple pouce, donc il ne connaissait strictement rien à la façon dont les légumes poussaient selon les différents environnements. C’était le cliché parfait du citadin qui ne s’y connaissait rien à la vie en dehors de la ville ; comme tout le monde, il aimait bien en sortir de temps en temps et séjourner ailleurs, mais il aurait été incapable de vivre toute sa ville ailleurs – mais pour quelqu’un qui avait grandi à New York, Brisbane était déjà une ville d’une taille raisonnable. Un nouveau changement de sujet reporta la conversation sur ses histoires d’amour, avec un Aflie ébahi par la durée de son célibat. Le Grimes ne put s’empêcher d’hausser d’un sourcil, se demandant comment il était censé interpréter de tels propos. T’as pas l’air d’être insupportable à vivre ? Si c’était un compliment, c’était bien étrangement formulé. Mais puisqu’Alfie n’avait pas l’air d’avoir voulu l’insulter en disant ça, il fit comme si de rien n’était – non pas qu’il aurait fait quoi que ce soit si tel avait été le cas, à vrai dire. Il haussa des épaules lorsqu’Alfie lui dit être désolé pour ledit ex, essayant de montrer que ce n’était pas si important ou grave que ça. « Eh, c’est la vie. Ça aurait été pire si on avait pas cassé. » Alfie se mit ensuite à parler de sa relation à lui avec Jules, et de comment leur relation lui était un peu tombée dessus sans qu’il ne s’y attende – ce que Leonardo ne pouvait que comprendre. C’était certainement cliché, mais ses meilleures relations avaient été celles où il n’avait absolument pas cherché à se caser, juste à connaître de plus en plus une personne. « C’est vrai que pour le coup, j’ai pas eu l’impression qu’elle s’y attendait vraiment elle non plus. » Suite à cela, Leonardo essaya de trouver un autre terrain où les deux hommes pouvaient potentiellement s’entendre, et il se souvint soudainement des quelques animaux que Jules avait mentionné par-ci et par-là – le prétexte idéal pour faire blablater un Aflie amoureux, puisque Leonardo en aurait fait de même si on lui avait demandé de parler de ses chatons d’amour. Le Grimes ne put s’empêcher de couiner tellement Odie était mignonne, et tellement il avait envie de lui donner toute la salade de ce bas monde. « Seize ans ? Elle en a dû voir, des choses. Et c’est encore jeune pour une tortue, non ? » Suite à cela, Alfie lui proposa de voir aussi les deux rats qu’ils avaient adopté, Itchy et Scratchy – des prénoms pas forcément flatteurs, mais il ne fallait pas se fier à la couverture d’un livre. « Carrément ! Je vois pas une seule raison de refuser. » Même si Leonardo avait une claire préférence pour les félins, il ne pouvait s’empêcher d’aimer tous les animaux de la planète… à l’exception des moustiques. En ce qui le concernait, il attendait patiemment le jour de leur disparition. « Promis, j’essayerai de la persuader que c’est pour le mieux ce choix… moyennant une compensation, évidemment. » Il plaisantait, bien évidemment – il avait déjà suffisamment d’argent, et s’il comptait gagner la sympathie d’Alfie ce n’était pas en le dépouillant qu’il allait y arriver. Vint enfin le moment que Leonardo attendait depuis le début du festival de gêne qu’avait été leur rencontre : Alfie lui proposa d’appeler Jules. « OUI. » Se rendant compte d’à quel point il avait failli crier, le Grimes se racla la gorge, essayant de baisser d’un ton ou deux. « ‘Fin, oui. Ce serait bien qu’on sache où elle en est. Et j’ai pas envie que le repas refroidisse non plus, bien évidemment. » Bien évidemment, un tel enthousiasme venait du fait qu’il avait faim – Leonardo était un bien piètre menteur, et il sentait déjà ses joues rougir d’embarras. Mais même si Alfie comprenait à quel point sa compagnie le mettait mal à l’aise, il le voyait très mal faire une quelconque remarque à ce sujet. Mais malgré tout, Leonardo était encore en vie et sur ses deux pattes – ce qui était un exploit, au vu du sale quart d’heure qu’il venait de passer.
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Message(#) Sujet: Re: (leonardo) bad blood (leonardo) bad blood EmptyDim 9 Juin - 4:32


Dans un sens, Jules est parvenue à ses fins, et Leonardo a effectivement laissé son empreinte auprès d’Alfie ; seulement ce n’est probablement pas de la façon dont la jeune femme l’espérait en les obligeant à se côtoyer de la sorte. Car si ce n’est pas encore aujourd’hui que les deux hommes pourront se considérer comme des amis (et il est peu probable que ce jour arrive), Leonardo peut se vanter d’avoir fait son petit effet auprès d’un Alfie généralement indifférent à tous ceux avec lesquels il n’a pas la moindre affinité. Certes, si le plus jeune a suscité l’intérêt de l’anthropologue, c’est avant tout à cause d’une comparaison maladroite quant à son travail, et même si Alfie essaie de se raisonner quant à l’aspect plus maladroit que méchant de ce commentaire, il s’en retrouve néanmoins vexé. En ce sens, c’est un double exploit pour Leonardo qui mériterait une médaille pour sa capacité à avoir agacé un Alfie d’ordinaire détendu et indulgent. S’il y a peu de sujets sur lesquels le plus vieux est susceptible de réagir de manière aussi animée, son travail a toujours été une corde sensible. Parce que c’est une passion qui est bien trop souvent bafouée par son entourage, considérant sa profession comme un « caprice qui lui passera » ou ne mesurant pas l’importance de celui-ci, autant à ses yeux qu’auprès des populations qu’il étudie. Même si ce serait son rêve le plus cher, Alfie n’a pas la prétention de croire qu’il peut changer le monde, mais il considère, à juste titre, qu’il en fait plus que beaucoup dans la défense des minorités ; ainsi le comparer à Bear Grylls équivaut à une véritable insulte pour lui. Il pourrait se lancer dans de longs discours enflammés sur la raison pour laquelle il prend les choses autant à cœur, mais il n’est pas sans savoir que Leonardo est avant tout venu passer une bonne soirée plus qu’assister à une conférence sur pourquoi le métier d’anthropologue est trop peu reconnu et considéré. À défaut, Alfie tente d’apaiser la tension ambiante lorsqu’il reconnaît l’avoir initiée, en mettant en avant sa propre incapacité à survivre en milieu hostile. C’est un demi-mensonge, car même s’il n’en a pas la certitude, Alfie saurait probablement se débrouiller, repoussant sa mort de quelques jours à défaut de pouvoir assurer sa survie (et il n’est pas certain que la perspective soit plus réjouissante). « Ouaaaaaais. » Qu’il rétorque à la réflexion de Leonardo, le sourire forcé et les dents serrées. Là, il a surtout envie d’hurler un « mais bordel, qu’est-ce que t’as avec les émissions de télé-réalité ? » et autres « est-ce que j’ai insulté un de tes chats pour que tu viennes m’insulter chez moi ? », mais Alfie se contient (essaie, du moins). Car encore une fois, il sait pertinemment que ce n’est qu’une touche de plaisanterie, et qu’il n’y a pas à y voir une quelconque attaque sur son métier. Ou alors, Leonardo est un très bon acteur qui sait parfaitement enfoncer le clou en prétextant être innocent. À cette pensée, Alfie arque un sourcil tandis que son regard s’arrête quelques instants sur son invité, scannant le moindre des traits de celui-ci, décidant de n’y voir qu’une naïveté exacerbée renforcée par son air à gober des mouches. « Même si on peut tout aussi bien tester nos limites sans forcément s’afficher dans une émission. » Oops. C’est plus fort que lui, même si Alfie lève les yeux au ciel pour s’auto-flageller de son incapacité à prendre de la distance quant à ce sujet. Le seul point positif ; c’est le système d’élimination, et il se serait fait un plaisir de dégager tous ceux qu’il juge faibles (Leonardo probablement en tête de liste). « Mais ça me donne une idée pour mes prochaines vacances, alors merci, Leonardo. » Il ajoute avec un sourire cette fois sincère, car ses propos le sont ; il n’a jamais eu autant envie de se casser à nouveau loin de toute civilisation et s’éviter ce genre de conversation, sans compter le fait qu’il s’ennuie de plus en plus à Brisbane et qu’il a juste envie de se retrouver dans son élément (et spoiler alert : ce n’est pas dans une grande ville). Alfie affiche un air plus détendu quand la conversation dérive sur les comédies romantiques dont raffole Leonardo, et loin de juger Alfie reconnaît que c’est là un détail dont il ne se souvenait guère, à condition que Jules lui en ait déjà effectivement parlé. « J’en ai déjà trouvé un, Australia. Vous baverez devant l’histoire d’amour, et moi devant les paysages, et tout le monde sera content. » Qu’Alfie propose comme solution qui conviendrait à tout le monde, et c’est bien la seule raison pour laquelle il s’imposerait le visionnage de ce film (quoi que, songer à toutes les critiques négatives parce que le film a osé traiter du sujet des générations volées lui fait avoir une affection particulière pour celui-ci, même si le tout est évidemment romancé). Quant à son comportement qui est, d’après Leonardo, tout à fait légitime devant une émission culinaire, Alfie se contente d’esquisser un bref sourire, avant que son regard ne se porte sur l’horloge, et qu’intérieurement il soit en train d’imaginer les diverses manières dont il pourra punir Jules pour cet affront – à commencer par une cure de quinoa d’un minimum de trois semaines.

Si la conversation s’avère moins pénible que prévue, parce que tous les deux font des efforts, elle n’en demeure pas moins superficielle. Et si Alfie est malgré tout intéressé par les réponses de son invité, ce n’est pas pour autant que cette impression le quitte. Dans d’autres circonstances, son naturel lui aurait permis de poser une multitude de questions à Leonardo qui lui aurait permis de se faire une véritable opinion sur celui-ci ; « quelles sont tes opinions politiques ? », « quel est ton avis sur le quinoa ? », « tes cheveux sont si beaux, quel est ton secret ? », mais Jules l’a bien trop souvent contenu sur le fait que ce n’était pas nécessairement le genre de sujets à aborder pour une première « vraie » rencontre (puisque jusqu’ici il s’est toujours contenté de croiser rapidement Leonardo sans s’attarder sur celui-ci, et quelque chose lui dit qu’il y avait une raison), raison pour laquelle Alfie s’abstient de se lancer dans de tels débats. Et il n’oublie pas les yeux de bichette apeurée que lui adressait Leonardo il n’y a encore pas si longtemps, et il n’oublie pas non plus que son objectif est que celui-ci n’ait rien à lui reprocher plutôt que l’inverse ; il ne verrait pas comment il pourrait se justifier auprès de sa petite amie si celle-ci lui demandait des comptes pour avoir traumatisé son meilleur ami. Mais malgré cette impression désagréable de ne pas parvenir à cerner Leonardo autant qu’il le voudrait – principalement parce qu’il essaie réellement de le mettre à l’aise et qu’Alfie a surtout l’impression qu’il poignarde un de ses chats devant lui à chaque fois qu’il tente un élan de sympathie – Alfie n’est pas pour autant désintéressé par ce que veut bien lui partager le jeune homme. Évoquer leurs métiers respectifs est foutrement banal, mais pas désagréable, et lui permet de prendre conscience que sur un point, ils ne sont pas totalement éloignés : ce sont deux passionnés. Seulement, le fait de l’être de deux sujets terriblement opposés n’aident pas à créer des liens malgré ce point commun, et c’est de nouveau une gêne ambiante qui caractérise leur tentative de meubler la conversation en attendant le retour de Jules. Et là, Alfie lui en veut énormément de lui avoir inculqué des leçons de vivre, sans quoi il ne se serait pas gêné pour balancer un « on se mate un truc à la télé dans le silence jusqu’à son retour, t’es ok ? » sans se soucier de si c’est adéquat ou non du moment que ça lui paraît pertinent pour lui. « Ouais, tu marques un point, je dois dire que... » Le regard quittant la télévision sur laquelle il s’était accroché, Alfie revient dans la conversation, s’interrompt pour jeter un coup d’œil à Leonardo, en oublie ce qu’il voulait ajouter. Une chose est sûre, Leonardo marque effectivement un point ; Alfie n’a aucune envie de dépendre de l’administration universitaire jusqu’à la fin de ses jours, à l’exception de tout ce qui touche à ses recherches. Déjà, parce qu’il persiste et signe ; l’administration est une sacrée bande d’emmerdeurs et plus il est loin d’eux, mieux il se porte. Et aussi parce que cela voudrait dire qu’Alfie n’a pas été en mesure de reprendre son travail, le vrai, s’il venait à être dépendant de ce système tel qu’il l’est actuellement. « Par contre, je peux t’assurer qu’au niveau des salaires, ils sont réglos. Je pense qu’ils se doutent que si ça n’était pas le cas, ils feraient face à une telle révolte que l’université se transformerait en no man’s land au bout de deux jours et pourrait être rayée des cartes. » Il admet avec un léger rire, parce qu’il aurait été le premier à aller taper du poing sur le bureau du secrétariat pour avoir le droit à sa paie ; car tout travail mérite salaire, et que l’université ne souffre pas de déficits qui soient suffisamment importants pour justifier un gel ou un retard de ceux-ci. Alfie se surprend à complimenter son invité, et s’il est sincère, ça n’en demeure pas moins gênant parce que si le brun n’est jamais avare en bons mots, il n’est pas certain que Leonardo soit du type à les accepter avec facilité, rendant ce qui aurait dû être bienveillant particulièrement déstabilisant. Il se pince les lèvres aux remerciements de Leonardo, son regard se portant sur la porte, alors que pour la énième fois, il maudit Jules, et sait pertinemment qu’il se glissera dans leur chambre avant elle pour fermer celle-ci à clefs et lui laisser l’honneur d’établir ses quartiers dans le salon pour la peine.  

De leurs professions, ils en arrivent à leurs amours, un sujet qui d’ordinaire n’aurait pas été à évoquer avec quelqu’un qu’on côtoie à peine, mais qui semble être une vraie échappatoire pour les deux hommes. Toutefois, Alfie sent un certain défaitisme dans les propos de Leonardo, et s’il voudrait s’en vouloir de le mettre dans une telle situation, l’anthropologue se ravise lorsqu’il songe au fait qu’il n’est pas celui s’étant écarté sur ce chemin, quand bien même il s’avère maladroit pour tenter de (vainement) rassurer Leonardo. Il n’a pas l’air insupportable à vivre. Il aurait tout aussi bien pu souligner le fait qu’il avait l’air d’un type qui changeait ses caleçons tous les jours et qu’il l’en félicitait que c’en aurait été aussi gênant. « Oh, je vois. » Non, il ne voit pas, mais pour Leonardo il fera comme s’il avait parfaitement interprété la situation en quelques mots et qu’à choisir une team, il se range évidemment du côté de la sienne plutôt que dans celle de son ex. Alfie se déride légèrement lorsqu’il est question d’évoquer sa rencontre avec Jules, même s’il se veut encore une fois maladroit dans sa formulation des choses ; comment avouer à Leonardo que même si elle lui a plu assez rapidement, elle ne s’est pas non plus imposée comme une évidence alors qu’il s’agit là d’une réaction type que chaque homme amoureux devrait avoir à l’égard de sa petite amie ? « J’en suis même persuadé, pour ma part. » Parce que cet enflure de Julian était passé par là avant, et qu’il lui avait fallu des semaines pour que Jules lui accorde sa confiance (ou du moins, lui fasse comprendre qu’il l’avait), et le début de leur relation avait été particulièrement maladroit, c’était ça aussi qu’il lui avait plu ; parce qu’il n’était alors pas le seul à l’être. Il aurait été capable de s’épancher sur la question en long, en large, et en travers, inventant des mots à Jules ou prétextant se souvenir de la tenue qu’elle a porté à leur premier rencard pour étendre cette conversation plutôt que de reprendre le risque de la détourner sur un sujet délicat qu’il ne saurait maîtriser, mais c’est sans compter sur Odie, qui confirme une nouvelle fois son statut de femme number one dans sa vie, avant Jules, avant sa mère, avant la barista qui rajoute toujours plus de crème chantilly dans son chocolat. « Ah ça, oui. » Sa courte carrière de danseuse hip-hop quand il lui manquait une bouteille pour diviser les tâches ménagères lors des vacances entre amis, le partage d’un joint parce qu’elle lui faisait de la peine à regarder sans kiffer, son rôle de serre-livres lorsqu’Alfie devenait fou parce qu’il ne parvenait pas à garder une page ouverte durant ses longues heures de révision… Ouais, elle a vécu des choses. « Pas pour son espèce, non, elle est déjà à la moitié de sa vie. » Qu’il confesse avec une légère moue, même si Odie et lui ont fait un pacte ; elle doit battre le record de longévité de ses congénères, et comme elle a tendu le cou lors de cette conversation (principalement parce qu’il l’appâtait avec une feuille de salade, mais chut), la tortue ne peut plus se défiler. « Ils sont dehors. » Qu’Alfie annonce concernant les rats, alors qu’il se lève et invite Leonardo à en faire de même, non sans mentionner au passage quel serait l’animal de ses rêves, histoire qu’il puisse en toucher un mot à Jules. « Ton prix sera le mien. » Qu’il lui assure avec un léger clin d’œil, tandis que face au silence qui s’installe à nouveau, il ne tarde pas à proposer THE solution, celle qu’ils attendent probablement depuis l’arrivée du Grimes : appeler Jules pour savoir où elle en est. L’enthousiasme de Leonardo est loin de le vexer, ne fait que confirmer qu’il aurait dû céder à cette envie il y a de longues minutes déjà. « Très bien, tu m’excuses une petite minute ? Qu’il demande, sortant son téléphone de sa poche avant de désigner la porte du salon qui mène sur le balcon. Ils sont sur la droite. » Qu’il invite Leonardo à s’éclipser, alors qu’il compose le numéro de Jules, une première fois, une seconde et c’est au bout du troisième essai qu’elle daigne enfin répondre. « Si t’es pas là dans dix minutes, je vais malencontreusement allumer une bougie au milieu de la bibliothèque. » Qu’il annonce à la jeune femme sans même lui avoir laissé le temps d’en placer une, d’un ton plus froid qu’il ne l’aurait voulu et qu’il ne s’en serait pensé capable.


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