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 Though we don't share the same blood - Harvey

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Message(#) Sujet: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyDim 12 Mai 2019 - 22:48


    C'était rare de voir le vieux Frank s'occuper d'un client en particulier. Il avait tellement fait dans le garage, pendant tant d'années qu'il pouvait se permettre désormais de laisser ses employés gérer les gens qui passaient faire réparer leur voiture. Personne ne lui en voulait, il était tellement gentil avec les personnes qu'il engageait. Il avait tiré d'affaire Garret, lui avait permis de faire un stage chez lui et n'avait pas hésité à l'embaucher lorsque ce dernier était venu le voir à la recherche d'un emploi. Il l'avait bien formé et lui avait fait sous-entendre officieusement qu'il pourrait bien un jour prendre la relève. Il n'en avait pas cru ses oreilles. Lui, Garret Oxton, la brebis galeuse, le gamin en galère, pourrait se retrouver à la tête d'un garage, un de ces quatre. En attendant, Frank s'occupait de cet homme avec attention et semblait le brosser dans le sens du poil. Oui, c'était rare de voir le vieux se charger d'un client mais c'était encore plus rare de le voir faire de la lèche. C'était pas du tout son style, pas du tout sa manière de faire. D'ailleurs, il n'avait pas besoin de ça ; tout le monde l'adorait, le Frank. Il était d'une nature généreuse, le genre de personne à laquelle on s'attache d'un coup. Garry haussa un sourcil, les bras croisés, tenant dans l'une de ses mains un chiffon. L'un des employés s'approcha de lui pour murmurer :

    " - Apparemment, c'était un bon client du garage de l'autre côté de la rue. Tu sais, le mec, là, que Frank déteste là. Mais si, tu sais là... ".


    Garret l'écoutait à moitié, fixant le rouquin avec la lèvre et le nez légèrement retroussés. Donc, en gros, s'il comprenait bien, le gars changeait de garagiste pour X raison et comme ce garagiste était l'ennemi juré de Frank, autant cajoler les anciens clients pour être sûr de les garder. Pas mal, comme tactique. Puis, ça pouvait ramener d'autres clients encore. Not bad. Le garçon fit la grimace, impressionné. Il ne cessait d'être surpris par le vieil homme et il se devait de continuer à apprendre de lui s'il voulait un jour récupérer le garage. Ça n'avait jamais été une véritable vocation pour lui mais il était aussi doué pour réparer les machines que pour composer en musique. C'était stable, ça payait le loyer et de quoi bouffer. Bien plus stable que la musique. Il continuait à les regarder jusqu'à ce que l'homme et Frank se retournent vers lui. Ce dernier lui fit signe de les rejoindre et Garry se mit à rougir. Comment ça, lui ? Le vieil homme semblait insister lourdement pour venir. Le garçon se pointa du doigt tandis que ses collègues se dispersèrent dans l'atelier. La blague. Personne ne voulait s'emmerder avec cet homme. Si ça tournait mal, ce serait forcément la faute de celui qui répare la voiture. Il pinça les lèvres à défaut de pouvoir gonfler les joues et finit par s'approcher timidement :

    " - Euh... Bonjour ? "

    Déjà qu'il n'était pas doué pour parler avec des amis, des personnes qu'il connaissait, alors parler aux clients, à des inconnus, c'était pire que tout. Au moins, il avait toujours eu une bonne diction, ce qui lui évitait d'être emporté par le stress et de bégayer. Il esquissa un bref sourire alors que Frank lui tapota l'épaule :

    " - Voici Garret Oxton, c'est lui qui va s'occuper de votre moto. Allez, fais du bon boulot, kiddo. "


    Sans lui laisser le temps de quoi que ce soit, Frank l'abandonna alors qu'il écarquillait les yeux. Une moto ?! Grosse blague numéro deux. Pas étonnant qu'il l'ait appelé lui et pas un autre : c'était le seul du garage qui avait bidouillé deux trois fois une moto. Ils n'étaient pas spécialisé pour la réparation de moto et autres deux roues, du coup, il n'y avait pas grand monde de qualifié dans le garage. Mais Frank l'avait formé à toute éventualité. Mais s'il se plantait ? Ses dons de réparation avaient des limites. Il leva les yeux vers l'homme et esquissa à nouveau un petit sourire gêné :

    " - Donc... En quoi puis-je vous aider ? "
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyLun 13 Mai 2019 - 11:49



    Il ne m’aura pas fallu moins d’une semaine pour devoir amener ma bécane au garage, vu que je suis extrêmement chanceux avec elle dernièrement. Ce problème de carburateur est en train de me taper sur le système, d’autant plus que ma moto est mon unique moyen de transport – et je déteste radicalement les transports en commun, même s’ils sont plus écologiques. Bien emmerdé, j’ai décidé d’aller chez le concurrent de mon garagiste habituel avec qui je suis clairement en froid depuis que j’ai amené Sid chez moi une après-midi. Je ne crois pas qu’il acceptera que j’utilise son garage à nouveau pour m’occuper de ma jolie Ducatti capricieuse.

    Le patron, Franck, est sympathique et il s’y connait, ce qui m’arrange car je commence à être à cours d’idées en ce qui concerne ma bécane. Faut dire que je ne pensais pas avoir de problème au démarrage après avoir changé la membrane de dépression l’autre fois. J’ai dû merdé en remontant le moteur. Ce qui signifie qu’il va falloir tout démonter à nouveau pour trouver d’où vient le problème. En gros, ça va être fastidieux et je vais avoir besoin des outils du garage. J’aime bien bosser moi-même sur ma bécane, sous les conseils de ceux qui s’y connaissent, évidemment. Le patron y voit là une opportunité, qu’il saisit en me demandant :

    - Est-ce que ça vous gêne si je vous refile mon jeune employé pour vous assister ?

    Je tourne mon regard vers le jeune homme en train de discuter un peu plus loin avec un collègue. Il a l’air jeune, j’espère que ce n’est pas un boulet surtout. Mais je ne peux pas trop me permettre de faire la fine bouche, surtout si mon escapade de l’autre jour fait le tour des garages (ce sont tous des commères, je le sais bien), alors je hausse simplement les épaules tandis que le dit Franck appelle son employé.

    - Voici Garett Oxton, c’est lui qui va s’occuper de votre moto. Allez, fais du bon boulot, kiddo.

    Je souris devant l’air hébété de Garett face à son boss qui le laisse gérer mon cas. C’est une grande marque de confiance qu’il lui octroie, ça me plait. Ça veut dire que le gamin est doué alors je ne m’en fais pas vraiment pour la suite. Et puis, je m’y connais suffisamment pour éviter qu’il défonce ma bécane.

    - Donc, en quoi puis-je vous aider ?

    Je souris au gosse et enlève ma veste en répondant, à l’aise. – Va falloir démonter le carburateur, c’est chiant mais j’ai dû être distrait en le remontant l’autre fois. La membrane de dépression est neuve, donc le problème ne vient pas de là. Tu t’y connais en moto un peu ? Oh et tutoies-moi, je ne suis pas si vieux que ça. Tu peux me trouver des outils pour bosser, j’compte bien mettre la main à la patte. Pas mon genre de mater les autres travailler en me tournant les pouces. Encore moins quand il s’agit de ma bécane. Je sors une clope et me la cale entre les lèvres, souriant à Garett. La mécanique, c’est l’un des rares sujets où je m’épanche sans aucun problème. J’aime ça, démonter et remonter les choses, comprendre comment tout fonctionne.
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyLun 13 Mai 2019 - 22:33


    Son sourire, dédié aux clients surtout lorsqu'il se trouvait très mal à l'aise, n'avait pas quitté ses lèvres. Comment était-il sensé dire à cet homme qu'il n'avait pas du tout l'habitude de retaper des motos, que ce n'était pas du tout son fort et que s'il foirait la réparation il se foutait dans la merde ? Les lèvres closes et la mâchoire crispée, il refusait de perdre la face. Il avait échoué dans de nombreux domaines mais pas dans la musique, pas dans la mécanique. De plus, Frank comptait sur lui. Il retroussa ses manches et fit craquer son cou, prêt à s'y mettre quand il remarqua que l'homme retira sa veste. Pardon ? Garret cligna des yeux. Il voulait l'aider à réparer ? Son sourcil se haussa. C'était a première fois qu'un client venait... Pour travailler. Le garçon se tourna, essayant d'observer autour de lui ses collègues ou son patron, pour voir s'il s'agissait d'une blague ou si cet homme était vraiment venu pour qu'on l'aide à réparer sa moto. Oui, oui : qu'on l'aide juste. Il n'était pas sûr de si c'était la bonne chose à faire mais ce gars avait l'air de s'y connaître. Peut-être même un peu plus que lui. Enfin... S'il avait monté et démonté le moteur, le carburateur et joué avec la membrane, pas sûr qu'il sache vraiment y faire. Un peu perdu et perturbé par la manière de faire de son nouveau client, il pencha la tête sur le côté, le regard un peu ailleurs :

    " - Je... Vais chercher la caisse à outils alors... "

    Sans attendre plus longtemps, il s'exécuta pour récupérer la caisse avec les outils nécessaires. C'était vraiment étrange de se retrouver face à quelqu'un qui n'hésitait pas à aider, à comprendre ce qu'il se passait avec son véhicule plutôt que de faire des suppositions stupides et diriger les choses de haut. C'était déstabilisant et il n'avait pas l'habitude de fonctionner de cette manière. Il n'était pas réticent, bien au contraire, mais il lui fallait un petit temps d'adaptation. Il avait déjà du mal à s'adapter à bien des choses... Il prit une grande inspiration. Ça va aller. C'est une moto. Tu l'as pas fait autant de fois que pour une voiture, mais au final, ça reste la même chose. Ça va aller. Il s'approcha de la moto et s'accroupit pour commencer le travail ; il démonta tout d'abord le carburateur et l'inspecta minutieusement, les yeux rivés sur l'objet :

    " - Vous fai... Tu fais ça souvent de démonter le carburateur ? Je m'y connais pas des masses en moto mais ça devrait le faire. "

    C'était un comble, pour un mécanicien, de ne jamais être monté sur une moto. Les voitures, il connaissait. Il savait les monter, les démonter, nommer chaque pièce et les remplacer. Mais les motos... On devait se sentir tellement libre et tellement fragile à la fois. Il préférait la voiture, dans laquelle il se savait en sécurité, bien installé. Mais il devait l'avouer : la Ducati avait de la gueule. Du doigt, il lui montra la caisse alors qu'il continuait à scruter le carburateur :

    " - Euh vo... Tu peux regarder dans la caisse, vas-y... "


    Sans quitter des yeux l'objet, alors qu'il n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce quelque chose qui clochait pour lui, il grimaça légèrement. Il pouvait sentir l'odeur du tabac frais et cela lui rappelait qu'il n'avait pas encore pris sa pause. Sa voix, plus basse que d'ordinaire s'éleva faiblement :

    " - Par contre, faut éviter de fumer à l'intérieur du garage. Je risque de me faire engueuler. "


    Ce qu'il avait d'en fumer une aussi, tirer longuement sur sa cigarette et laisser ressortir la fumée par le nez... Garret cligna des yeux et pris de quoi pour nettoyer le carburateur :

    " - En fait, t'as changé la membrane. Mais j'suppose que t'as quand même nettoyé ton carburateur. "

    Il parlait plus pour lui que pour l'homme, bien décidé à vérifier si ce qu'il pensait été vrai. À force de nettoyer le carburateur, notamment l'arrivée d'air, quelques impuretés finirent à sortir par le filtre. Le garçon esquissa un sourire en coin avant de relever la tête et de montrer le carburateur à son client :

    " - Je sais pas si c'est ça qui bloquait mais manque plus qu'à remonter le carburateur pour voir si ça fonctionne. ".
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyMar 14 Mai 2019 - 23:08



    Je souris devant la stupéfaction du jeune garagiste qui me regarde comme si j’étais une bizarrerie, ce qui est surement le cas. Plus personne ne prends part aux réparations de ses propres engins dans les garages. C’est dommage je trouve, ce n’est pas un savoir inutile de connaître sa bécane, après tout c’est tout de même un engin de mort. Je m’assois sur un pneu qui traine et allume ma clope en attendant qu’il ramène les outils. J’observe alors le garage et la manière dont travaillent les employés ici, me faisant une opinion sur l’endroit en général. Peu de motos, malheureusement. C’est un garage typique de ville, je ne suis pas sûr qu’ils aient les pièces nécessaires si ma ducati tombe en panne. Ils peuvent toujours les commander, je sais. Mais c’est bien d’avoir un peu de réserve. Le gamin revient et commence à vouloir démonter seul le carburateur. J’écrase ma clope, m’agenouille de l’autre côté de l’engin et manie habilement les tournevis pour que ça aille plus vite.

    - Vou… Tu fais ça souvent de démonter le carburateur ? Je m’y connais pas des masses en moto mais ça devrait le faire.

    En souriant, je réponds patiemment – Je l’ai démonté uniquement pour changer la membrane, il le fallait. Elle commençait à être capricieuse au démarrage. Tu te débrouilles pas trop mal pour le moment. La mécanique c’est faire preuve de logique et de méthode en général, c’est pas si compliqué quand on s’y intéresse un minimum.

    Seulement, personne n’accorde de temps aux choses simples de la vie. Comment ça fonctionne, on s’en fiche, tant que ça marche au moment où on en a besoin. Et alors quand ça commence à déconner, on râle, on se fiche de savoir la cause et on exige la réparation ou on jette. Société de consommation à la con, on veut tout, tout de suite, sans chercher à comprendre, sans vouloir voir ce qui dysfonctionne. Je cale une autre cigarette entre mes lèvres, et le gamin me reprend sur ma mauvaise habitude. Sans commentaires, je range ma clope et continue de m’atteler à la tâche, demandant

    - ça fait longtemps que tu bosses par ici ? T’as quel âge ?

    Il a l’air jeune. Plus proche de la vingtaine que de la trentaine en tout cas. Il a l’air sympa aussi, il travaille avec efficacité. Ses gestes sont assurés, rapides mais délicats. Même s’il n’a pas l’habitude de travailler sur une moto, il est rapidement à l’aise.

    - En fait, t’as changé la membrane. Mais j’suppose que t’as quand même nettoyé ton carburateur.

    Et là, je me sens con. Comme un débutant. J’arque les sourcils, souris en me rappelant de ce qui m’a distrait la dernière fois et je hausse les épaules en observant le garagiste qui a trouvé d’où venait le problème. Juste un simple souci de nettoyage, faut être bête quand même.

    - On va dire que j’étais distrait quand j’ai dû changer tout ça. Je lui souris et confidence pour confidence, je m’épanche en disant – Il faut savoir saisir les opportunités rares quand elles se présentent. J’ai un peu abusé auprès de mon ancien garage en empruntant une harley pour ramener un mec chez moi. Je lui fais un clin d’œil, pas gêné pour un sou de raconter ça. Et puis, même s’il le raconte à son patron, il est évident que je ne compte pas recommencer. Ce n’est pas une technique de drague rodée, juste un one shot très agréable. – Si tu veux garder ton taf, faut éviter de faire ce genre de trucs. J’ajoute, comme si ce n’était pas évident.

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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyVen 17 Mai 2019 - 18:43


    Cela ne faisait pas non plus des années et des années qu'il travaillait dans ce domaine, dans ce garage, mais du haut de ses vingt trois ans, c'était la première fois qu'il se retrouvait face à un client qui aimait la mécanique et qui n'avait pas peur d'apprendre à faire les choses soi-même. Il s'était retrouvé tellement de fois en face de personnes incapables de dire où se trouvait le moteur de leur voiture qu'il était venu à se demander plusieurs fois comment ces personnes avaient réussi à obtenir leur permis. Garret ne disait pas à ses clients qu'ils se devaient de tout connaître, sinon aucun intérêt d'avoir des mécaniciens et garagistes, mais qu'au moins pour certains, qu'ils apprennent à monter et démonter une roue seuls. En observant la manière dont cet homme était capable de manier un tournevis, il n'y avait aucun doute qu'il pouvait se débrouiller seul pour le plus gros des tâches à faire sur sa moto. C'était tellement satisfaisant de travailler avec un client comme ça et s'il continuait sur cette voie, peut-être que Garret pourrait ramener ce client de manière permanente. Il eût d'ailleurs un petit sourire en coin qu'il ne pût cacher tant il était fier de réussir à bidouiller la moto. Il acquiesçait du bout du nez, entièrement d'accord avec lui sur le fait que la mécanique n'était que pure logique. Cet outil était fait pour telle ou telle chose. Cette pièce s'encastrait dans telle ou telle partie. C'était aussi simple que ça mais il comprenait aussi les personnes qui pouvaient se sentir totalement dépassées par les évènements et être incapables de quoi que ce soit. Garret, lui, se sentait totalement dépassé lorsqu'il s'agissait de remplir des papiers ou face à l'administration. Il avait l'impression de devoir rédiger dans une langue qui lui était inconnue. C'était effrayant.

    Le garçon pinça les lèvres, minutieux, alors qu'il commençait, à l'aide de son client, à remonter le carburant. Il espérait sincèrement que sa théorie était vraie car si c'était autre chose, il avait peur de ne pas être assez qualifié pour pouvoir découvrir le pourquoi du comment. En tout cas, ça avait été une expérience intéressante et peut-être qu'il devrait se pencher un peu plus sur la moto pour augmenter ses compétences. Il terminait de visser, la tête penchée sur le côté :

    " - Ça arrive d'être distrait en faisant quelque chose. "

    Garret releva la tête pour le regarder et cligna des yeux avant de comprendre ce qu'il disait. Ce mec avait volé une moto pour ramener un autre mec chez lui, d'où le fait que son ancien garage refuse qu'il revienne comme client. Ses yeux ne cessèrent de cligner et s'écarquillèrent progressivement alors que ses joues se mirent à virer au rouge. Sérieusement ? Il avait vraiment fait ça ? Il n'arrivait pas à déterminer si c'était de l'inconscience pure et dure ou du génie. Sa gorge se noua puis il baissa les yeux. Le pire dans tout cela ? C'est qu'il n'en avait aucune honte : aucune honte d'avoir piqué une bécane pour impressionner quelqu'un et s'envoyer en l'air, aucune honte à dire ouvertement qu'il s'agissait d'un autre homme. Il assumait. Il assumait tout. Le garçon releva le menton pour l'observer et vit son clin d’œil, ce qui le fit rougir davantage, jusqu'au bout des oreilles. Il n'aurait jamais deviné que cet homme était gay, pas le moins du monde. Est-ce que cela voulait dire qu'il avait compris que Garret l'était ? Non, non, impossible. Personne ne savait. Tu psychotes pour rien, Oxton. Tu ne dis jamais rien, tu ne laisses jamais rien paraître. Im-po-ssible :

    " - Euh, hm... Euh... Ouais... Ouais... "

    Il se massa la nuque, visiblement très mal à l'aise. Bien entendu qu'il ne ferait jamais une chose pareille, sans forcément parler au niveau de son travail. Il était tout simplement incapable d'aborder quelqu'un de manière amicale alors romantiquement parlant... Il bégayait et bredouillait sans plus savoir quoi dire ou faire, se triturant les doigts pour les occuper tandis que la moto était prête pour le démarrage. Il se racla la gorge, le visage toujours écarlate :

    " - Si vous... Si tu euh... Veux essayer de la faire dé-démarrer. On pou-pourra euh au moins voir si ça fonctionne, hein ? "

    Il avait peur que son état de gêne absolu passe pour de l'homophobie et ça, ça le gênait d'autant plus. Il ferma les yeux, les mains enfouies finalement dans ses poches pour éviter de s'arracher la peau des doigts et se mit à parler très vite :

    " - Je suis désolé, je n'ai aucun problème avec vo... Avec toi. J'le jure ! "

    Ses yeux restèrent fermés alors qu'il se crispait de plus en plus. Quelle ironie pour lui de se retrouver en face d'un homme qui assumait ses actes, ses pensées, ses envies, tout ce que lui aurait voulu assumer et passer pour un gros facho, un gros cliché du gros dur qui réparait des voitures.
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyVen 17 Mai 2019 - 21:57




    Moi qui pensait prodiguer de plus ou moins sages conseils, utiles en tout cas il me semble, je me retrouve bien embêté en voyant le jeune garagiste rougir de plus en plus. Un court instant, j’essaie de me souvenir de mes paroles et de déterminer ce qui peut être choquant dans ce que je viens de dire. Vu qu’il m’arrive quasiment tout le temps de parler sans réfléchir, ce n’est pas la première fois que je suis confronté à une interprétation étrange de mes mots. Bon, je viens de dire que j’ai volé – emprunté – une moto à un autre garage pour ramener un mec chez moi. Je préfère me dire que c’est le vol qui le choque plutôt que le fait que ce soit un mec que j’ai ramené chez moi. Faut avouer que j’ai rarement été confronté à l’homophobie, je ne suis pas du genre à parler de ma sexualité à tout va – sauf là en fait. Serait-ce là d’où vient le problème ? Un jeune ne peut pas penser comme ça, merde ! C’est tellement arriéré comme pensée bordel. Je me mords les joues alors qu’il se met à bégayer, visiblement plus qu’embarrassé à présent.

    - Euh, hum… Euh… Ouais… Ouais… Si vous… Si tu euh… veux essayer de la faire dé-démarrer. On pou-pourra euh au moins voir si ça fonctionne, hein ?

    Je hoche la tête, en essayant de faire abstraction de sa réaction pourrie. Ça m’apprendra à faire des confidences moi aussi, putain. Pourtant je le trouvais à l’aise le petit gars, il maniait correctement les outils, m’a sûrement trouvé la panne et il m’a inspiré de la sympathie. Je devrais être plus méfiant et me taire. Je glisse la clé sur le contact, et je me stoppe en le voyant fermer les yeux et trépigner sur place. Et bien que se passe-t-il maintenant ? On dirait un mioche qui se retient de se pisser dessus d’un coup. Peut-être qu’il est un peu timbré en fait ce gamin et que j’ai déclenché une crise chez lui en parlant de cul.

    - Je suis désolé, je n’ai aucun problème avec vo… avec toi. J’le jure !

    De plus en plus étonnant. J’observe autour de nous mais personne ne semble avoir remarqué la scène bizarre qui se joue entre nous. Tant mieux. Je souffle, regarde le gamin qui ferme toujours les yeux, tendu et nerveux et je fronce les sourcils en répondant

    -Ah ouais ? T’es sûr de toi ? Parce qu’on dirait le contraire… Tu sais, deux mecs peuvent s’aimer en toute légalité dans ce pays. Y peuvent même se marier depuis un peu plus d’un an alors… J’comprends pas que ça puisse choquer en fait. J’ai même jamais compris pour le coup, ça me semble on ne peut plus naturel, mais soit. J’m’en fous. J’aurai dû garder pour moi mes expériences sexuelles, alors t’en fais pas petit gars. Si t’arrête de faire cette tête, j’veux bien oublier tout ça et passer l’éponge.

    Pas sûr que je revienne par ici après ça toutefois. Passer pour le pédé à moto, très peu pour moi, merci. Après je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même d’avoir livré ce détail là de ma vie. Je sais très bien que ce n’est pas écrit sur mon front et que les hétéros n’y font pas attention en général. D’habitude, on ne m’emmerde pas avec ça. Ça surprend, parfois, mais les gens ne me font pas de remarques. Et quand bien même ils en feraient, au fond je les emmerde. Je me tape qui je veux putain. Jamais fantasmé sur une paire de seins, c’est pas ma faute ! Légèrement agacé, je fais tourner la clé sur le contact pour couper court à toute discussion sur le sujet. Pas envie de m’énerver. La moto démarre alors dans un vrombissement bien sonore et parfait. Satisfait, je coupe son moteur après l’avoir laissé ronronner quelques instants.

    - Bon et bien, t’es doué pour réparer des trucs mon gars. J’te dois combien ?


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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptySam 18 Mai 2019 - 17:21


    Ses yeux restèrent fermés un long moment, crispé, les poings serrés. Son comportement était lamentable, complètement pathétique. Comment lui expliquer qu'il n'était pas du tout homophobe, qu'il n'avait rien contre les homosexuels sans cracher que lui-même avait un faible pour les hommes ? Personne n'était au courant ici et ça devait le rester. Est-ce que son secret valait le coup d'être gardé s'il devait passer pour un abruti fini ? Parce que c'était ce pour quoi il était en train de passer : un abruti fini. Il rouvrit lentement les yeux alors qu'il entendit la clé entrer dans le contact. Le bruit du moteur ne retentit pas : avait-il au moins réussi à réparer l'engin ? Garret se mordit les lèvres. Quelle plaie. C'était foutu. Il s'était mis dans une position très délicate. Non : il était dans la merde jusqu'au cou. Il croisa à peine son regard et le vit froncer les sourcils. Il aurait pu tomber sur bien moins conciliant que cet homme et aurait très bien pu se prendre un énorme coup de poing dans la face. Mais tout ce que le garçon récolta, c'est une bonne remontrance à base de tolérance. Et en plus, pour couronner le tout, l'homme était prêt à passer l'éponge. Personne n'avait l'air d'avoir entendu leur discussion, un petit plus pour eux. Enfin ; surtout pour lui. Honteux et dépité, Garret baissa la tête qu'il rentra dans ses épaules comme une vieille tortue prise au piège, tentant un repli stratégique. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Quelle idée de réagir comme ça.

    Comme pour couper court à toute cette discussion gênante, le rouquin tourna la clé et fit démarrer la moto. Garret poussa un faible soupir en fermant brièvement les yeux de soulagement. Au moins une bonne chose. Il se sentait affreusement mal malgré tout. Il savait mieux réparer les objets que les gens. Pour une fois qu'il avait trouvé le client idéal pour le garage et de quoi le réinventer en proposant la réparation de moto, il avait tout gâché. Ses poings restèrent bloqués contre le haut de ses cuisses, serrés. Comment pouvait-il se permettre de le faire payer après tout ça ? Il prit une grande inspiration et releva la tête pour tenter de lui faire face, les joues toujours aussi rouge. Ses lèvres s'entrouvrirent et alors qu'il voulut se mettre à parler, aucun son ne put sortir. Il se retrouva encore plus bête qu'il ne l'était déjà, la gorge nouée face à son client, incapable de prononcer le moindre mot. Il déglutit lourdement, sentant ses jambes sur le point de flancher. Ce n'était pas en train d'arriver, il était en plein cauchemar et il allait se réveiller.

    Sa respiration s'accéléra alors que Garret perdait peu à peu ses moyens. Que ferait sa sœur dans ces moments-là ? Elle plaisanterait, trouverait aisément quelque chose à dire pour rebondir. Mais il n'était pas Jess et il se retrouva face à quelqu'un qu'il venait de blesser sans pouvoir se rattraper. Il reprit une énorme inspiration, essayant de ne pas perdre plus contenance :

    " - Rien. "

    Enfin, des mots purent s'échapper. Il avait la nausée. C'était pas possible que cette situation lui arrive, à lui. Il était inconcevable pour lui de le faire payer. Ce serait retenu sur sa paie ou il ferait en sorte de glisser quelques billets de sa poche dans la caisse de Frank mais hors de question de le faire payer. Pas après cet énorme quiproquo. Les jours toujours aussi rouges, il fit un effort monstrueux pour soutenir son regard et parler le plus lentement possible d'une voix audible :

    " - Je m'excuse sincèrement. Je suis tout à fait d'accord avec vous et je n'aurais jamais dû réagir comme ça. Vous ne me devez rien, puisque votre moto n'était pas du tout endommagée. C'était juste un peu de nettoyage alors, vous ne me devez rien. "


    C'était certainement la phrase la plus longue qu'il avait délivré à un client et c'était aussi la première fois qu'il s'excusait. Garret en était même venu à le vouvoyer de nouveau. Il s'essuya les mains sur son bleu de travail en détournant le regard :

    " - Vraiment je... Suis désolé. Sincèrement désolé, je... ".

    Je suis désolé d'être ce que je suis. Désolé de ne pas pouvoir te dire à quel point je sais ce que c'est que de se faire détester pour quelque chose que je ne peux pas contrôler. Si tu savais. Si tu savais à quel point ça me fait mal d'être comme ça.
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptySam 18 Mai 2019 - 20:33



    Je ne sais pas pourquoi mais ce petit gars a l’air foutrement mal dans sa peau. Je sais que j’impressionne parfois et que je ne suis pas une personne très loquace, mais tout de même ! C’est bien la première fois que je fais face à ce genre d’attitude et de réactions qui me font questionner tout ce que je fais ou dis. Je viens gratter ma nuque en attendant sa réponse, mal à l’aise. Au final, je ne suis pas vraiment sûr que le problème vienne de mon homosexualité, ni qu’il soit réellement lié à moi. Durant ma longue expérience des foyers d’accueil, j’ai croisé tout un tas de mecs aux comportements étranges, qui n’osaient pas révéler de simples choses sur eux par peur du regard des autres. Au final, je devrais peut-être remercier ma mère de nous avoir exposé de la sorte, mon frère et moi, en butant mon père ; le fait que je sois gay m’a paru une bagatelle à côté de l’image du gamin désœuvré et orphelin qui tournerait forcément mal véhiculée par les journaux et la télévision. Je n’ai jamais eu aucun problème à m’assumer, à l’époque j’emmerdais simplement les gens et si leurs réflexions à la con allaient trop loin, mes poings s’assuraient de leur faire ravaler leur salive de serpents. Je les emmerde toujours, mais j’ai grandi depuis. Je ne frappe plus n’importe qui. Pas besoin de me retrouver avec une plainte au cul pour avoir agressé quelqu’un suite à des propos homophobes. La police n’en a de toute façon rien à foutre des pédés et ce n’est pas parce que Lonnie a décidé de devenir flic que ça change mon opinion à l’égard des policiers. Tous des cons, sauf mon petit-frère évidemment, mais il n’a pas eu la vie facile alors… C’est une excuse valable. Alors que je tergiverse seul dans ma tête, le gamin finit par me répondre enfin.

    - Rien. Je m’excuse sincèrement. Je suis tout à fait d’accord avec vous et je n’aurais jamais dû réagir comme ça. Vous ne me devez rien, puisque votre moto n’était pas du tout endommagée. C’était juste un peu de nettoyage alors, vous ne me devez rien. Vraiment je… suis désolé. Sincèrement désolé, je…

    Ok, je crois que j’ai compris. Il est désolé. J’intègre ses mots et lève les yeux au ciel, passant ma main dans mes cheveux pour les ébouriffer légèrement. Je crois que le gamin est sincère dans le fond, c’est pas un homophobe. Et ça me gonfle de le laisser comme ça, parce que… Il a l’air vraiment mal.

    - Tu fumes ? Je lui demande, de manière un peu brusque. Je n’attends pas vraiment sa réponse pour lui faire signe de me suivre au-dehors. Je sors mon paquet, glisse une sèche entre mes lèvres et lui donne mon paquet pour qu’il se serve. J’allume ma clope, tout en réfléchissant à la meilleure manière d’approcher le gamin sans l’effrayer davantage. J’ai envie de l’aider et ça ne s’explique pas, je le ressens au fond de moi. Si je pars, maintenant, avec ma moto comme je devrais le faire, je vais ruminer cette rencontre toute la soirée. Je vais m’en vouloir de ne pas avoir agi correctement et rattrapé le coup. Déjà que j’ai une sale image de moi, je n’ai pas envie de m’en rajouter sur la tronche. Je paie déjà suffisant, alors chaque occasion est bonne pour me convaincre que je ne suis pas vivant pour rien. Putain, quelle merde. Je m’épuise réellement. Je lui tends mon briquet et demande

    - ça t’intéresse les motos ? T’as l’air d’aimer ce que tu fais, mais tu manques de pratique sur les deux roues. J’veux pas te débaucher du garage hein, mais il se peut que je te ramène quelques engins si j’parle à des potes. Ça te dirait d’élargir ta clientèle ainsi ?

    Je fume ma clope, je l’observe. Il doit avoir quoi ? 20 ans, peut-être un peu plus. Si jeune et si mal dans sa peau. Je ne devais pas être mieux à son âge. Je ne suis toujours pas mieux maintenant.

    - Ils ne seront pas tous pédés mais dans l’fond, c’est pas vraiment ça le problème hein ?

    Bon, à la base je ne voulais pas y aller trop fort. Mais il a besoin qu’on le bouscule un peu le petit car sinon, il risque de se détester toute sa vie pour quelque chose qui n’est pas un choix mais un fait. Ce serait con de louper ses meilleures années à cause du regard que la société peut nous porter, non ?

    @Garret Oxton
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptySam 18 Mai 2019 - 22:05


    " - Tu fumes ? "

    Sa voix est pressante, brusque, encore sacrément agacée de ses propos. Il n'empêche qu'il lui fît signe de le suivre en sortant une cigarette de son paquet avant de la porter à ses lèvres. Les joues de Garret commencèrent à reprendre une couleur à peu près normale tant il était surpris de sa réaction. Il leva l'une de ses mains pour toucher sa joue gauche encore brûlante de honte, marchant instinctivement dans la direction de l'homme. Il jeta un bref coup d’œil par-dessus son épaule pour regarder ses collègues qui travaillaient sur d'autres engins avec d'autres clients. Ses pas s'arrêtèrent en même temps que ceux du rouquin, le regardant avec une totale incompréhension. Peut-être qu'il lui laissait la possibilité de fumer sa dernière cigarette avant de lui donner un coup de poing sec pour lui péter les dents. Et il l'aurait mérité. Le paquet tendu vers lui, il hésita un instant avant de finalement piquer une clope. Il bredouilla un faible merci, les yeux baissés. Il crevait d'envier de fumer depuis qu'il l'avait vu en sortir une dans le garage. Il extirpa de l'une de ses nombreuses poches un briquet pour tenter d'allumer sa cigarette mais en vain. En levant le bout du nez, il s'aperçut que l'homme lui avait déjà tendu son briquet. À nouveau du bout des lèvres, il le remercia et déclencha le briquet alors que son pouce appuya sur la roulette, laissant une petite flamme apparaître.

    Le garçon s'adossa contre le mur. Le malaise était différent. Sa cigarette au coin des lèvres, il tira une longue taffe avant d'en souffler la fumée sur le côté. Il ne comprenait pas trop ce qui était en train de se passer mais il détestait cette sensation d'échec et de mal-être qui l'envahissait. Il le sentait remonter, du font de ses tripes jusque dans l'arrière de sa gorge. Il cligna des yeux alors que son regard croisa celui de son client :

    " - Hein ? "

    Calée entre deux doigts, sa cigarette se consumait sans qu'il ne la fume. Un peu de cendre s'étala sur le sol. Il venait vraiment de lui proposer de ramener des gens au garage ? Il était forcément en train de se foutre de sa gueule, pas vrai ? C'était une grosse blague pour se venger ou lui faire comprendre que chaque acte avait des conséquences. Pourtant, à le voir, il ne mentait pas, c'était certain. Il avait l'air d'être le genre de personne sincère, un peu abrupte mais sincère. En état de choc, il le fixa avec la bouche et les yeux grands ouverts avant de réaliser qu'il ne devait plus passer pour un abruti devant cet homme. Il acquiesça vivement de la tête, manquant de se la décrocher et tira une nouvelle fois sur sa cigarette :

    " - Oui ! Oui ! Je promets de plus faire de conn'ries et de me démener ! J'apprends vite, j'peux demander à Frank de ramener des pièces et de nous spécialiser aussi dans les deux roues ! "


    Sa réaction de petit garçon surexcité valait celle où il avait regardé du Agnès Varda pour la toute première fois. Il s'était décollé du mur, s'agitant sans pouvoir se contenir. C'était incroyable, un cadeau immense qu'il lui faisait là. Pourtant, il n'avait rien fait pour mériter une telle gentillesse, au contraire. Ses joues s'empourprèrent à nouveau à sa dernière phrase. Il baissa la tête, un long frisson lui parcourut l'échine. Sa cigarette resta entre ses doigts alors que cette fois, il ne sut quoi faire de son corps. Il plaqua à nouveau son dos contre le mur et haussa les épaules. Il n'allait quand même pas se confier à un inconnu ? Jess avait déjà assez de mal comme ça à lui extirper les vers du nez alors un homme dont il ne connaissait même pas le nom...

    " - J'suis... J'suis vraiment désolé. J'dis ou fais pas ce genre de conneries d'habitude. Et puis ça m'regarde pas. Que je sois d'accord ou non, ça me regarde pas. "


    Garret voulait lui poser un milliard de questions mais comment faire sans se faire démasquer ?
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyDim 19 Mai 2019 - 9:37



J’essaie de rattraper le coup, de me montrer un brin mature et même altruiste car je reste persuadé dans le fond que ce gosse a besoin qu’on lui fasse confiance au final, pour le pousser à avancer, à se dépasser et surtout à mieux réagir face à la différence, ou aux confidences que peuvent faire les clients qui se sentent à l’aise – comme moi. J’ai croisé pas mal de mecs dans ma vie qui m’ont poussé à être meilleurs, je ne les ai pas toujours écouté, mais parfois leurs sages conseils m’ont permis d’avancer, de cheminer à mon rythme et de ne pas trop m’enfoncer dans la merde. J’en ai aussi croisé qui ont profité de mes faiblesses, m’ont poussés vers la mauvaise voie pour se faire du fric et je les ai laissé faire, désabusé. J’essaie alors de subtilement faire comprendre au petit que je passe l’éponge sur son comportement étrange, à la limite de l’homophobie, de tout à l’heure. Et je suis réellement prêt à lui faire de la pub, car il est doué. J’en ai croisé des garagistes, et peu d’entre eux savaient démonter aussi vite un carburateur ainsi qu’une membrane de dépression. Il faut généralement un peu de bouteille pour réussir à toucher à ses pièces et savoir comment les manier. Alors lui qui a peu d’expériences avec les deux-roues, il va vite apprendre c’est sûr. C’est le moment où jamais d’ailleurs, il a l’envie de se prouver sa valeur, alors autant l’y aider tiens.

- Oui ! Oui ! Je promets de plus faire de conn’ries et de me démener ! J’apprends vite, j’peux demander à Franck de ramener des pièces et de nous spécialiser aussi dans les deux roues !

A le voir aussi content, je ne peux pas m’empêcher de sourire. Comme quoi, c’est plaisant de faire une bonne action et de dépasser nos différences – quoique je ne suis pas sûr qu’on soit si différents que ça en réalité. Je parierais qu’il s’agit juste d’un gamin mal dans sa peau qui n’ose pas trop s’avouer sa propre sexualité surtout. Je tire sur ma clope et hoche la tête, ajoutant

- Ouais, il faudra un peu de matos au départ. Mais ça demande tout de même peu d’investissement vu la rentabilité, il y a beaucoup de monde qui roulent en deux-roues. Ça peut carrément être intéressant si tu fidélises les clients.

Parce que le côté commercial n’est pas à négliger, surtout lorsqu’on est garagiste. Il ne s’agit pas uniquement d’être bon, il faut savoir échanger, faire des remises, négocier des trucs… Je suppose que c’est son patron qui doit s’y coller, mais lui aussi il faudra qu’il s’y mette s’il a vraiment envie de poursuivre dans cette voie, et qui sait ? D’ouvrir son garage par la suite. S’il ne déconne pas trop, qu’il dépasse ses aprioris et réactions étranges, il en a carrément les capacités. Je ne résiste pas à le mettre en garde tout de même et à tenter une ouverture pour qu’il se confie un peu plus. A nouveau, il se met à rougir et baisse la tête, surement honteux. Je me mords les joues et termine ma clope en laissant mon regard trainer sur la route en contre-bas et les automobilistes qui roulent comme des tocards.

- J’suis… J’suis vraiment désolé. J’dis ou fais pas ce genre de conneries d’habitude. Et puis, ça m’regarde pas. Que je sois d’accord ou non, ça me regarde pas.

Son insistance est suspecte et je lève les yeux au ciel. Si jusqu’à présent le doute subsistait, il est en train de s’envoler. Je tourne mon regard vers lui, un brin amusé malgré moi et demande

- T’es sûr que ça ne te regarde vraiment pas ? Je jette ma clope au sol, met les mains dans mes poches et l’observe. – Tu sais, c’est pas parce que tu bosses dans un garage que t’es obligé de coller à l’étiquette du gros beauf hétéro qui bave sur les nanas en détresse qui ramènent leurs caisses. Et qui les entube aussi tiens, en passant. Bah oui, tirer son coup en faisant du profit, c’est mieux non ? – Fin ce que j’veux dire c’est que t’as pas à avoir honte de qui t’es, c’est tout. Et essayer de rentrer dans le moule quand on est pas fait pour, c’est une putain de perte de temps inutile. Fin, ça ce n’est que mon avis, tu fais ce que tu veux.

@Garret Oxton
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyDim 19 Mai 2019 - 19:13


    Frank lui avait fait confiance dès le début. Tout était parti d'un petit stage non-rémunéré, faisant parti d'un tas de petits stages non-rémunérés que sa mère l'avait forcé à prendre. Elle savait que son fils échouerait pour son diplôme de fin d'année et qu'il ne suivrait pas la voie de ses sœurs à la faculté. Est-ce qu'il avait baissé les bras parce qu'il savait pertinemment qu'il ne réussirait pas ou est-ce qu'il avait baissé les bras parce que sa mère avait depuis bien longtemps baissé les bras avec lui ? Il avait enchaîné les semaines de stage, d'un endroit à un autre, d'un domaine à un autre jusqu'au garage de Frank. Le vieil homme l'avait regardé de son air renfrogné qui cachait derrière une bienveillance infinie. Après seulement quelques semaines passées à bidouiller les voitures, il s'était dit que la mécanique c'était pas si mal. La patience et la bonté de Frank avait joué en faveur de la réparation automobile. L'homme avait accepté de le prendre sous son aile, de le former sans avoir à passer un diplôme. Parce qu'il fallait l'avouer : Garret n'aurait jamais supporté de passer ne serait-ce qu'une minute de plus à l'école. Il n'était pas fait pour apprendre de manière académique. Il apprenait seul, lorsque la curiosité le piquait sur un sujet. Et face à cette Ducati, la curiosité l'avait piqué. Il était prêt à faire des heures supplémentaires, à démonter et remonter un nombre incalculable de fois les pièces d'une moto si cela lui permettait d'en apprendre davantage et de faire évoluer le garage. Ce ne serait pas pour lui qu'il ferait en sorte de gagner en clientèle et de développer les affaires, mais pour Frank. Pour lui rendre la pareille.

    L'homme avait raison, c'était le bon moment pour lancer la réparation sur les deux roues. Le garage en avait plus que besoin et c'était stupide de perdre des gens pour la simple raison qu'ils ne traitaient pas les motos ou autres deux roues. Le regard brillant, Garret acquiesça. Oui, ce serait sa mission de se spécialiser pour faire bouger les choses. Il en était capable. Si cet homme lui disait tout cela, c'était parce qu'il avait vu qu'il était doué pour réparer les choses et qu'il pouvait s'améliorer. Le garçon avait peu confiance en lui, doutait de tout mais quand il savait qu'il pouvait y arriver, plus rien ne pouvait l'arrêter. C'était la raison pour laquelle il n'avait jamais abandonné la musique, qu'il allait se mettre à la photographie et désormais qu'il allait réparer des motos.

    Garret termina sa cigarette en tira longuement avant de la laisser tomber au sol, comme son interlocuteur. La tête basse et les mains dans les poches, il écrasa le mégot avec la pointe de son pied en soupirant lourdement. Bien sûr que ça ne le regardait pas. Les gens faisaient ce qu'ils voulaient avec qui il voulait. Qui était-il pour juger ? Certainement pas le Dieu que sa mère aimait tant. Il haussa un peu les épaules. De toute façon, il n'y connaissait rien à ce genre de choses. Les filles au lycée lui avaient longuement tourné autour, gloussant lorsqu'il passait dans les couloirs pour tenter de se faire remarquer. Il s'était souvent retourné, de peur qu'on se soit moqué de lui. Ce n'était jamais le cas. Il ne comprenait pas pourquoi les filles le trouvaient " mignon ". C'était moche, de dire à un garçon qu'il était " mignon ", comme à une fille de lui dire qu'elle est " jolie ". Autant employer le mot " beau ". C'était tout de suite plus subjectif, plus assumé. Aucun garçon, par contre, ne lui avait dit qu'il était " mignon ". Aucun ne s'était retourné en gloussant, en le reluquant de bas en haut pour tenter d'attirer son attention. Parce que ça ne se faisait pas. Alors, il ne l'avait jamais fait. Et le voilà, coincé avec ses pensées et ses sentiments qu'il ne pouvait extérioriser.

    Il le fixait, les yeux exorbités, les doigts crispés à l'intérieur de ses poches. Il l'avait percé à jour aussi facilement ? C'était si facile que ça de se rendre compte, qu'en plus d'être mal dans sa peau, il était gay ? Ses yeux se baissèrent. Il se sentit fébrile. Tant de temps à se cacher, tant de temps à avoir peur et à se recroqueviller pour qu'un inconnu comprenne tout de suite. Il voulut se défendre, dire qu'il avait tort et que c'était tout simplement son imagination mais Garret en fût incapable. Ses yeux se relevèrent et croisèrent les siens. Mal à l'aise, il regarda autour d'eux ; personne n'écoutait, ils étaient seuls. Il se détacha du mur et avança vers l'inconnu avant de se mettre face à lui. L'homme avait bien une tête de plus que lui et il se sentit encore plus ridicule :

    " - J'couche pas avec les filles. Encore moins celles qui viennent ici. "

    Garret se retint d'ajouter qu'il ne couchait pas tout court mais vu comme l'homme l'avait percé à jour, il n'y avait sûrement pas besoin de ce petit détail. Il continua, encore plus gêné alors que ses yeux s'abaissèrent au sol :

    " - Bah... Euh... Le... Dîtes pas à Frank, s'il vous plaît. Il me vir'rait pas mais j'veux juste pas que ça se sache. J'veux pas entendre que j'suis bah... Que j'suis pédé quoi. J'veux pas qu'ça parle dans mon dos. C'est très bien comme ça. "

    C'était tellement plus simple. Si personne ne savait, s'il ne le disait pas, il pouvait continuer à vivre et ça aurait l'effet d'un rêve. Tout ça n'existerait pas. Il haussa à nouveau les épaules, excédé, fatigué. C'était mieux comme ça, il ne décevait personne. Sauf lui. Mais ça, c'était pas si grave. Il avait appris à vivre avec ses démons. Il les côtoyait et ils étaient devenus un peu comme des amis. Ses lèvres se pincèrent. Il était trop différent ; pas assez hétéro pour rentrer parfaitement dans le moule et pas assez gay pour s'y retrouver. Il était ni dans l'un ni dans l'autre et à la fois trop dans l'un ou dans l'autre :

    " - Ça doit être facile pour vous. Les gens doivent vous respecter et vous n'avez peur de rien. Ça s'voit. "

    Cet homme était beau, grand, charismatique et il avait l'air d'avoir tout un tas d'autres qualités comme le fait de pardonner et de donner une chance aux crétins qui l'avaient blessé. Et surtout, il se trouvait à mille lieux des stéréotypes et des clichés sur les homosexuels. Bien loin du cas de Garret. Si Frank, si ses collègues venaient à apprendre qu'il était gay, leur réaction ne serait jamais pire que s'ils apprenaient qu'il avait un faible pour le maquillage et le travestissement :

    " - Vous avez de la chance. "


    Plus il parlait et plus sa voix faiblissait. Le rouge sur ses joues s'étaient évaporés alors qu'il devenait de plus en plus livide.
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyLun 20 Mai 2019 - 13:56



Peut-être que c’est son air un peu triste et perdu… Peut-être que c’est sa réaction exagérée et violente de tout à l’heure… Peut-être que c’est parce qu’il est doué en mécanique… Peut-être parce qu’il me renvoie quelque chose tout simplement. Je ne sais pas vraiment, mais je ressens l’envie de l’aider, de lui tendre la main.  Il y a quelque chose chez lui qui me touche, un peu de tristesse et de désespoir. A son âge, on devrait profiter de la vie et se foutre de ce que les autres pensent. Je le sens totalement inhibé par ses peurs, par le regard des autres. De la façon dont il regarde derrière lui et s’assure que personne ne surprendra cette conversation avant de s’approcher de moi ; dont ses joues encore écarlates peinent à reprendre leur teint ordinaire et dont son regard légèrement fuyant mais avide de plus se pose sur moi.

- Je ne couche pas avec les filles. Encore moins celles qui viennent ici. Je ne masque pas un petit sourire, me retenant de demander s’il avait déjà couché avec quelqu’un tout court tant il semble coincé et perturbé par cette histoire de sexualité. Pauvre petit gars, il aurait bien besoin de se laisser vivre un peu. – Bah.. EuH… Le… dîtes pas à Frank, s’il vous plait. Il me vir’rait pas mais j’veux juste pas que ça se sache. J’veux pas entendre que j’suis bah… que je suis pédé quoi. J’veux pas qu’ça parle dans mon dos. C’est très bien comme ça. J’enfonce à mon tour les mains dans mes poches en le regardant et je soupire, un peu triste à mon tour. – Très bien pour qui, petit ? Pour les autres ou pour toi ? Je comprends que ce soit difficile à assumer, il y a toujours des cons pour penser que ça ne devrait pas exister mais heureusement, il n’y a pas que des cons dans la vie. Je hausse les épaules, un peu bourru, un peu peiné. Je mentirai si je n’ai pas mal pris certaines remarques parfois, mais ado je faisais plus parler mes poings qu’autre chose alors on ne m’emmerdait pas vraiment avec ça. – Mais j’dirais rien. Je suis pas une balance, jamais. Peut-être que je devrais revoir cette position en ce qui concerne les trafics qui se déroulent au confidential club ceci dit, mais c’est une autre affaire.

- ça doit être facile pour vous. Les gens doivent vous respecter et vous n’avez peur de rien. Ça s’voit. Vous avez de la chance. Oh petit, si tu savais la chance que j’ai en effet… Assumer d’être gay doit être le dernier de tous mes problèmes en effet. Quelle chance ! En le voyant devenir livide toutefois, ma main sort de ma poche et se pose sur son épaule pour le secouer un peu – Hey petit tu vas pas me faire un malaise hein ? Tu m’fais de la peine, honnêtement. C’est pas de la pitié, mais ça m’bouffe de te voir dans un tel état. J’ai pas plus de chance qu’un autre tu sais, j’fais juste avec qui je suis, bien obligé. J’vais pas me forcer à reluquer des nanas alors que ça ne me dit rien. Ecoute… On s’connait pas je sais, mais… Je vais te filer mon numéro et si tu veux causer de tout ça, dans un endroit neutre, à l’écart, tranquille, t’as qu’à m’appeler. C’est pas le bon endroit ici et… J’ai vraiment envie de t’aider. Je pousse un soupir, passe une main devant mon visage. J’ai l’impression que mes propos peuvent être interprétés de tant de façons différentes. C’est difficile d’aider les gens, je ne sais pas comment faire, j’ai l’impression d’être pitoyable. Un mec qui s’occupe des autres pour ne pas avoir à s’occuper de lui-même. – Je te force à rien évidemment. Si t’as pas envie de causer, je reviendrais juste ici pour ma moto et les réparations.


@Garret Oxton
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyLun 10 Juin 2019 - 22:38


    Heureusement qu'il n'y avait pas que des gens stupides sur cette planète. Si cela avait été le cas, il aurait sûrement pris le poing de cet homme dans la gueule avant même d'avoir eu le temps de s'excuser ou de se justifier sur son comportement. Le rouquin aurait pu s'en prendre à lui, lui en mettre une et le remettre à sa place comme il l'aurait mérité. Ses mots étaient sortis sans qu'il n'y puisse rien, il avait réagi de manière complètement stupide et il s'en voulait terriblement. Qu'il soit gay ou non ne change rien : il l'avait jugé, l'espace d'une fraction de seconde alors qu'il n'en avait pas le droit. Personne n'en avait le droit. Sa petite tête brune se releva et il observa l'homme, toujours aussi gêné, un peu sur la défensive même. Déjà qu'il n'avait pas l'habitude de parler avec ses clients, pas plus avec ses amis, il se retrouvait à faire la conversation sur sa vie privée et sa sexualité. Tout pour le mettre mal à l'aise. Ses joues reprirent une couleur pourpre alors qu'il haussait les épaules. Que pouvait-il répondre à ça ? Que toute cette situation ne lui convenait pas mais qu'il devait faire comme si tout allait bien parce qu'il n'avait pas le choix ? Non, il n'avait pas le choix. Si cela arrivait aux oreilles de sa mère, de sa petite communauté catholique, il se retrouverait carrément dans la merde. Il savait aussi qu'il perdrait le peu d'amis qu'il avait, peut-être même son boulot. Les gens le regarderaient de manière totalement différente et ce n'était pas envisageable :

    " - Je vais faire avec. "

    Je n'ai pas le choix. Ses lèvres se pincèrent et il esquissa un bref sourire. C'était dur pour lui, que quelqu'un sache mais ça faisait du bien de voir qu'on ne le jugeait pas. Il avait la petite impression de ne plus se sentir seul dans un monde qui l'oppressait parce qu'il était différent. Il se sentait, pour la première fois depuis longtemps et par quelqu'un d'autre que sa sœur, compris. En sécurité :

    " - Merci. "


    Sa voix sonnait comme soulagée, débarrassée de tout fardeau. Malgré tout, il y avait toujours ce poids qui pesait lourd sur ses épaules, sur son petit cœur. Il cligna des yeux avec un léger soubresaut en sentant la main se poser sur son épaule. Il secoua négativement la tête, revenant doucement à la réalité. La main le pressait avec à la fois force et douceur, ce qui eut pour effet de le faire rougir davantage :

    " - Euh... Pardon, non, ça va, je... J'vais pas m'évanouir hein. "

    J'suis pédé mais faut pas déconner quand même. Le garçon déglutit et baissa la tête. Okay, donc, on en était là, à se passer un numéro de téléphone pour discuter ailleurs.Il devait encore juger et interpréter ça de manière irrationnelle parce que ce gars avait certainement autre chose à foutre que de draguer sa petite carcasse d'homosexuel en herbe. Il secoua la tête et se ressaisit :

    " - Hm. Ouais. D'ici là, je saurais vraiment réparer votre... Ta moto. "

    Un nouveau petit sourire au coin des lèvres et cette fois-ci, il releva le menton avec plus d'assurance. Il avait pour but de s'améliorer en réparation des deux roues désormais, ce qui lui donnait du travail et de quoi penser à autre chose en attendant. Il voulut quand même s'excuser, à nouveau pour sa réaction mais surtout pour le fait qu'il n'était pas très bavard. Il se gratta la tempe, la tête penchée sur le côté alors que quelque chose le perturbait :

    " - En vrai, je sais même pas comment tu t'appelles. "
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyMer 12 Juin 2019 - 16:08



→ Être vulnérable et se sentir jugé à cause d’une chose qu’on ne maîtrise pas, ce ne sont pas des sentiments très réconfortants et je suis le premier à dire que ce foutu monde n’a pas de cœur et que les gens préfèrent se piétiner plutôt que s’entraider. C’est fâcheux, terriblement. Effrayant même. Et peut-être que si nous faisions preuve d’un peu plus d’altruisme, nous éviterions des catastrophes. Cela étant, je ne vais me reconvertir en grand penseur, je ne suis qu’un mec un peu pommé en réalité. Et face à ce petit mécano tout coincé, j’y vois l’opportunité de faire une bonne action, en lui prouvant qu’il n’est pas seul et qu’il a le droit de s’épanouir comme tout un chacun. Être homo n’est pas une maladie et les mentalités ont tout de même bien évoluées sur le sujet, du moins c’est ce que j’ai envie de croire. Y’aura toujours des sales cons intolérants de toute évidence. Que ce soit contre les pédés, contre les handicapés, contre tous ceux différents… L’étroitesse d’esprit est la véritable tare.

-Je vais faire avec. Merci. Haussant les épaules, j’observe le jeune homme renfermé qui se replie sur lui-même, prêt à endurer la solitude et à renoncer à son propre épanouissement. C’est fichtrement dommage, et en le voyant devenir livide, je ne peux m’empêcher d’insister. J’essaie d’éviter de paraître lourd, même si c’est sûrement ce qui se passe. Lui proposer mon numéro de téléphone alors que je ne le connais pas, ça peut même sembler complètement déplacé. Pour le coup, même moi je m’en rends compte et j’espère qu’il ne va pas flipper encore plus. Ce n’est pas de la drague, d’autant plus qu’il doit avoir dix ans de moins que moi, au moins. Mais il a l’air d’être tellement seul et tellement mal dans sa peau… Et puis, il vaut mieux qu’il se libère un peu car il pourrait tomber sur quelqu’un de bien moins compréhensible que moi.

-Euh… Pardon, non, ça va, je… J’vais pas m’évanouir hein. Hm. Ouais. D’ici là, je saurais vraiment réparer votre… Ta moto. Je souris, l’encourageant à se reprendre un peu et j’enlève ma main de son épaule. J’espère que ma fichue moto va tenir le coup plus de deux semaines avant de recommencer à être en panne car mes finances en prennent un sacré coup dernièrement. –Bien. J’espère que je ne vais pas te la ramener trop souvent quand même. Je remarque qu’il se redresse, reprends un peu en assurance ce qui me fait sourire à nouveau. – En vrai, je ne sais même pas comment tu t’appelles. Ah oui tiens, c’est vrai. A croire que ça devient une habitude dans les garages de refiler mon numéro avant même de connaître le nom des personnes que je rencontre. Bêtement, je souris et réponds –Harvey. J’m’appelle Harvey. Toi, c’est Garett c’est ça ? Je sais que je n’ai rien à régler mais tout de même, je me dirige vers la caisse. Là, j’attrape un stylo et un bout de papier sur lequel je gribouille mon numéro. Je tends le papier à Garett et lui dit –N’hésite pas, si t’as besoin de parler ou juste d’aller boire un verre. J’connais des endroits cools. Où personne ne juge personne et où on peut boire un verre tranquillement. Je m’avance vers la moto à nouveau et tourne la clé dans le contact. Je souris en constatant qu’elle ronronne et démarre au quart de tour. Sans plus attendre, je l’enjambe et avant de mettre mon casque, je lui fais un clin d’œil. –Merci pour le nettoyage. Puis, je lance la moto vers la sortie du garage lentement, tout en vérifiant que j’ai bien fermé mes poches. Je vais pouvoir aller sur la côte avant de prendre le boulot, ce qui me ravit.



@Garret Oxton
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Message(#) Sujet: Re: Though we don't share the same blood - Harvey Though we don't share the same blood - Harvey EmptyJeu 20 Juin 2019 - 11:31


    À vrai dire, Garret se fichait complètement s'il se ramenait d'ici quelques jours avec des modifications à effectuer sur la moto. D'ici-là, il serait prêt. Il avait une nouvelle raison d'apprendre et rien ne pourrait l'arrêter. Son petit sourire finit par s'élargir d'un coup en entendant enfin le nom de son interlocuteur. Harvey. Ça ressemblait pas mal à Harley, comme la moto. Le garçon trouva que ça lui allait bien, surtout avec son côté rebelle. Born to be wild, hein ? Ses lèvres se pincèrent alors qu'il se concentra pour répéter faiblement le prénom :

    " - Harvey... "

    Une façon pour lui de le mémoriser et de ne jamais l'oublier. De toute façon, comment pourrait-il, ne serait-ce qu'oublier ce moment à la fois déroutant et étrangement intéressant ? Ce client était pour lui comme un nouveau départ, un point d'encrage pour le début d'une nouvelle vie. Du moins, il l'espérait. S'accepter serait bien difficile mais s'il avait quelqu'un pour le guider et le conseiller, tout devrait se passer pour le mieux. Il s'humecta les lèvres dans un petit sourire avant de répondre :

    " - Oui. Garret Oxton. Je suis ici pratiquement tous les jours de toute façon. "

    C'était vrai. Même si des fois, ses heures n'étaient pas payées, il pouvait s'entraîner pour réparer et ainsi s'améliorer. Ce n'était pas comme s'il avait énormément de choses à faire en dehors de son boulot. Il composait et jouait de la musique, regardait quelques films ou se documentait sur le photographie, se débrouillait pour voir sa sœur et parfois même des " amis " s'il n'était pas trop d'humeur renfermée. Il préférait largement aider Frank au garage, au moins, il savait qu'il pouvait servir à quelque chose, surtout s'il s'agissait du vieux Frank. Il suivit Harvey, les mains dans les poches, visiblement beaucoup plus détendu. Une fois le papier tendu, Garret n'hésita pas à le prendre. C'était un cadeau précieux qu'il accepta avec un grand sourire :

    " - Merci beaucoup... J'vais essayer. "

    J'vais essayer d'aller de l'avant.
    Le garçon salua le client qui s'en allait sur sa moto fraîchement réparée avant de regarder à nouveau le numéro de téléphone. Il ne savait pas quand ni comment il finirait par appeler ce numéro, mais une chose étaient certaine : il le ferait.

    Merci pour tout.


[RP TERMINÉ]
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