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 epsteins ▲ walkway blues

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Message(#) Sujet: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyVen 31 Mai 2019 - 19:33



Le bruit de la porte le fait sursauter, ses épaules qui se redressent, sa nuque qu’il allonge. C’était pas un nerveux de base Jack, jamais il l’avait été, le long fleuve tranquille, le gars qui laisse tout couler, qui y va doucement, toujours. Il était tellement souvent dans sa bulle également que c’était bien difficile d’attraper son attention plus qu’une seconde ou deux au vol, avant qu’il reprenne le fil de ses pensées, qu’il se remette à ne vivre que pour tout ce qui se tramait de près ou de loin dans sa tête. Tout est installé autour de lui au salon, les guitares qu’il accordent, les notes et les paroles sur lesquelles il travaille, les enregistrements audios de pistes de chansons qu’il a compilées en matinée. La soirée est encore jeune, son thé est toujours bien bouillant, il n’a même pas touché au sac de livraison, la bouffe chinoise qu’il a commandée y’a plus d’une heure qui vient tout juste d’être livrée, qu’il a déjà oubliée. Mais il sursaute quand même, dans le silence de sa demeure, quand il réalise qu’Ellie est à la maison. Qu’un vendredi soir, sa fille n’est pas partie à l’autre bout de la ville à s’assurer de compiler tous les pires mauvais choix de l’univers rien que parce qu’elle en a envie, parce qu’elle veut, parce qu’elle peut. Elle est là. Il reconnait ses pas sur le parquet, il refait mentalement le trajet que la gamine est en train de tracer en ce moment même dans le couloir, sachant exactement quels sont les arrêts qu’elle faits quand elle se pose chez eux, quand elle revient ici. Et elle est silencieuse, aussi. Pas un mot, pas une mention, s’il ne portait pas attention aux craquements du vieux plancher de bois vernis entre l’entrée et la salle de bain, il aurait très bien pu ne pas savoir qu’Ellie venait de passer la porte, et qu’elle évoluait dans le même périmètre que lui.

Mais il ose, Jack, il ne sait faire que ça avec elle. Il a pris un peu plus confiance au fil des mois, alors qu’il avait toujours préféré s’effacer des environs de sa fille en sachant très bien que sa présence à lui l’importunait énormément. Il ne voulait pas déranger, et même en agissant ainsi, il savait qu’il dérangeait. Pourtant depuis un moment, il se surprenait, Epstein. À tenter de lancer un peu plus souvent des conversations, à éviter les réponses silencieuses, à multiplier les questions intéressées. Il se butait fréquemment à un mur, Ellie pas du tout habituée à ce genre de comportement de la part de son père – mais il essayait, il tentait. Si pour l’instant le taux de réussite de cette maigre stratégie frôlait à peine la note de passage, il arrivait tout de même quelques fois par mois à avoir un contact avec elle, une discussion de plus de 5 minutes, un réel échange. Et il prenait tout ce qu’il pouvait Jack, tout.  

« Je… tu es rentrée. » qu’il s’entendra statuer, stupidement, quand la silhouette d’Ellie passera dans l’embrasure de la porte sans s'arrêter, lui qui s’est levé entre temps pour filer à la cuisine chercher des couverts, de quoi installer le dîner sur la table basse du living. On dirait presque qu’il tente de gagner du temps, qu’il espère qu’en le disant à voix haute, elle ne lui confirmera pas que non, en effet, qu’il sait trompé, qu’elle repart, qu’elle perdra pas son temps avec lui ici. Et il s’en veut Jack, de penser ça. Parce que c’est le scénario qu’il rebute, c’est l’option qu’il déteste. Celle qui voudrait dire que malgré tous ses efforts, Ellie et lui restent au même état de statu quo, qu’il n’y a aucun chance logique qu’il puisse prendre un jour une place de père à ses yeux, plutôt que le rôle ambiant qu’il s’était mérité au fil de ses années d’absence dans la vie de la jeune fille. « Et, j’ai une nouvelle guitare, au salon. Elle gratte bien, tu devrais l’essayer. » alors il tente de trouver un terrain d’entente, il cherche un point neutre, un argument positif, une raison pour qu’elle reste. Juste un peu, juste une poignée de minutes, juste le temps qu’il ait espoir un peu, pas énormément, mais suffisamment pour survivre jusqu’à demain.


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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyVen 26 Juil 2019 - 17:09




Juillet… Et c’était pourtant encore l’hiver. Ou plutôt : ils étaient en plein dedans ! Ça avait beau être sa troisième année à Brisbane, cette notion d’hiver en plein mois de juillet laissait toujours Ellie un peu confuse. En lieu et place des hivers très enneigés elle se retrouvait avec une saison très douce où il faisait parfois bon se retrouver en t-shirt dehors si ce n’était de la pluie et de cette sensation de fraîcheur qui vous prenait rien qu’à cause de cette habitude qu’on prenait vite avec les températures plus estivales.

C’était comme si ici, rien n’était vraiment tout à fait à sa place. Même pas elle. En trois ans on aurait pu croire qu’elle aurait fait son trou, trouvé tous ses repères, refait sa bande d’ami, tissé une relation avec son père… Et si elle avançait pas si mal -question de point de vue sûrement- dans les deux premières catégories la dernière semblait toujours reculer sur sa « to do list ». Son père et elle, ils étaient presque des étrangers encore après tout ce temps. Sa faute à elle en partie. Et puis à lui aussi, parce que ce serait trop injuste et trop facile de tout lui mettre sur le dos quoi… !

Bref. On était vendredi soir, Ellie n’avait rien de spécialement prévu mais elle finirait sûrement par remettre les pieds dehors à un moment histoire de profiter un peu du ciel pas trop chargé qui s’était habillé de nuit. Dans la maison tout était relativement calme, elle se déplaçait avec la tête un peu vide, ayant comme oublié la possibilité pourtant assez importante de croiser une autre âme au détour d’un couloir ! Et c’est plus ou moins ce qui arrive d’ailleurs, même si en guise de couloir il s’agit plutôt de l’encadrement d’une porte.

Son père se tenait là, avec ce petit air gauche qui la mettrait presque en colère. C’était comme se retrouver, parfois, face à un chiot abandonné. On aurait envie de passer son chemin mais le regard de cocker avait réussi à nous hameçonner. Ellie grimace un vague sourire, s’arrêtant donc là sur son trajet qui en temps normal l’aurait amené jusqu’à sa chambre.

« Salut. »

Et de faire remarquer, mi-moqueuse mi-simplement de bonne humeur ce soir :

« On peut rien te cacher, Cap’tain Obvious. »

Ellie pose une épaule dans le chambranle de la porte, observant cet homme avec qui elle avait plus de ressemblance qu’elle ne voudrait l’admettre. Il avait un charme certain qu’elle n’avouerait pas mais qu’elle ne lui niait pas. Il devait avoir été vraiment un bel homme lorsqu’il était plus jeune. Ellie avait vu quelques rares photos mais pas assez pour vraiment en témoigner. Le temps s’était invité sur son visage, dessinant quelques ridules aux coins des yeux ou des lèvres, ne faisant pourtant que lui donner du caractère… Mais il s’était déjà tant servit de ce charme pour se perdre auprès d’autres femmes que sa mère et elle que ces qualités physiques, Ellie avait apprit à les ignorer.

Son regard se pose alors plutôt sur ce qu’il y a autour d’eux… Et ignorant dans un premier temps les guitares et tout particulièrement la nouvelle dont son père venait de parler, Ellie se dirige vers le sachet odorant posé dans un coin. Du bout des doigts elle fouille rapidement l’intérieur du sachet… Et note :

« Du chinois. Cool... »

Elle prend une boîte qui avait commencé à bien tiédir, l’ouvre… Et vient grappiller entre deux doigts une crevette, l’enfournant entre ses lèvres rehaussées d’une pointe subtile de gloss (elle qui n’était que rarement tentée par beaucoup de maquillage!). Ellie a un bref petit « hm » avant d’arrondir les lèvres, soufflant un peu, toussotant…

« Punaise ça arrache… » 

Elle se ventile d’une main, faisant signe à son père de l’autre de se dépêcher alors qu’elle réclame :

« De l’eau ! Vite !! »

Oui bon, elle aurait pu demander avant de se servir, ça lui aurait évité une déconvenue mais bon ! Elle n’en était pas à crever sous le piquant de la sauce qui accompagnait le met mais clairement ses papilles frétillaient comme des charbons semi-ardents ! Et parce qu’elle jette un rapide coup d’œil aux guitares, avisant une housse qu’elle ne connaît pas et qui doit donc elle la dernière acquisition en date :

« Tu l’as acheté pour quoi celle-là ? »

Une raison particulière ? Et puisqu’elle était d’humeur à se montrer bonne pâte, à défaut d’être une bonne fille :

« Montre ? »

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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptySam 27 Juil 2019 - 4:14



« Du chinois. Cool... » et elle reste. C’est la seule chose à laquelle il pense Jack, la seule chose à laquelle il se raccroche. Elle qui parle de bouffe et qui s’y intéresse, ses yeux qui se perdent sur la cargaison qu’il a étalée sous ses yeux sans y croire vraiment, et son air perdu en tout temps reprend du lustre au Epstein, il y a même un sourire qui se dessine quand il la voit froncer des sourcils et plonger avec intérêt vers le dîner qu’il leur a improvisé.

Il fait l’inventaire, il se rappele ce qu’il a commandé pour lui, mais surtout pour elle. Les détails que Jude lui avait raconté, les bribes inutiles qu’il avait retenues au détour d’un appel téléphonique échangé avec la femme de sa vie à l’autre bout du monde. Sa mémoire de merde à Jack, elle faisait défaut, elle était faillible, elle n’enregistrait rien ou que des parties, que des éclats de souvenir. Mais apparemment, les quelques préférences de sa fille d’une autre vie, elle les avait capté parfaitement. « Y’a les dim sums que t’aimes et … - » qu’il tente, prenant en confiance sur le début, la nuque qu’il allonge et le doigt pareil pour pointer les boîtes de cartons. Mais Ellie s’emporte à son tour, un « Punaise ça arrache… »  qui complètera la bouchée volée qu’elle a gobé beaucoup trop rapidement pour éviter la vague de piment qui apparemment, arrache.

Jack qui reste presque médusé, l’amorphe, il ne fait rien, il observe et il la voit qui panique, il s’en veut d’ignore ce qu’il doit dire ou faire, la pression qui revient et la certitude que comme père, il craint à un niveau où il n’aura jamais pu croire se rendre.  La preuve de son incapacité prouvée une nouvelle fois à le voir qui fixe la pauvre gamine, qui la voit lutter contre la chaleur brûlant sa langue, qui rage devant son mutisme, son silence de glace. « De l’eau ! Vite !! » il bégaie et il se confond et il se presse Jack, il avait juste besoin qu’elle demande au final, qu’elle le ram ;ne à l’ordre, quand il s’allonge en Vitesse et braque son verre sous les soins de la gamine en détresse – so dramatic. « Prends le mien. » il n’y touchera pas de toute façon, la bière à ses pieds qui suffisait. Et l’eau qu’il laisse aux bons soins d’une Ellie qui finit par survivre à l’épreuve comme un charme sans que Jack n’arrête de se répéter à quel point il n’avait rien de l’adulte dans leur relation. À quel point c’était elle qui savait quoi faire, en tout temps, elle qui dirigeait la danse, elle qui maîtrisait toute situation envoyée à leurs têtes communes – et perdues.

« Tu l’as acheté pour quoi celle-là ? » et la nouvelle guitare qui revient sur la conversation. L’appât d’un pauvre Jack désespéré, espérant justement partager ce moment avec Ellie si elle le laisse. « Montre ? » il recommence à inspirer, c’est léger, c’est presque pas apparent, mais il sent également ses épaules qui se baissent, sa cage thoracique qui se relâche. « Elle est pas vraiment nouvelle. Elle vient d’une brocante et elle doit être plus vieille que toi et moi réunis. » qu’il tente, revenant sur ses mots, s’étirant à son tour pour aller chercher la guitare en ouvrant la housse, sortant la 8 cordes avec une précision et une douceur qu’il réservait presque strictement qu’à ses instruments. Un rire étouffé, il essaie de blaguer Jack, il n’a pas l’humour agréable et encore moins évident, mais il tente, il faut tout de même le lui donner. « J’aimais l’histoire qu’elle avait l’air de raconter. » Epstein qui glisse un doigt sur le bois, qui y gratte du bout de l’ongle une retaille de peinture par ci, une signature par là. Pas particulièrement reconnue, la marque n’avait pas la moindre importance pour lui quand il y avait vu au-delà du son tout un tas d’idéaux et d’anecdotes, toute une chronologie qu’il s’inventait presque, grattant les cordes avec minutie.

« Tu veux l’essayer? » qu’il finira par proposer, à peine une minute plus tard, avant de tendre la guitare vers Ellie pour qu’elle l’apprivoise à son tour.

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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyDim 28 Juil 2019 - 10:25




Spoiler:

Y avait des fois, comme ça, ou son père parvenait encore à la surprendre. Comme là, alors qu’il parle de plats « qu’elle aime ». Il faut dire qu’il a raison, elle peut pas contre-argumenter. La nourriture chinoise avait toujours fait son petit effet sur elle. Elle aimait le côté épicé (mais en toute modération visiblement!) et aussi les mélanges sucrés-salées qu’on retrouvait assez peu dans les préparations plus occidentales. Si Ellie avait été du genre à tenir un journal intime, elle l’aurait planqué ailleurs, juste pour être sûre que son père n’avait pas été chercher ce genre d’information là dedans… !

Par contre il est toujours aussi gauche au moment d’avoir « les réflexes qui sauvent » hein ! Ellie finit quand même par se mériter le verre d’eau tant demandé, venant en caler une grande gorgée avant d’en prendre une autre qu’elle garde un instant en bouche, que le feu sur sa langue s’apaise. Aux coins externes de ses yeux bruns quelques larmes se sont invités, solitaires. Pas du chagrin ni rien… Juste une réaction tout biologique à cette bouffée de chaleur ! Avalant sa gorgée d’eau elle vient essuyer ces quelques reliquats d’eau, s’humidifiant les lèvres comme pour vérifier au passage l’état de ses papilles.

« Tout est sous contrôle... »

Mais elle vient retirer la veste en jean qu’elle avait sur le dos quand même, juste le temps que son corps se débarrasse de ce petit coup de chaud. De toute façon pour le moment les mets chinois sont relégués à plus tard. Ils causent musique là. Enfin… Instrument de musique, pour être exact.

Ellie vient poser ses fesses sur un bout de canapé alors que son père s’empare de son nouvel achat. Un nouvel achat mais un vieil objet, visiblement ! Ellie reste silencieux, curieuse mais critique, attendant de voir un peu ce que son paternel allait tirer de la housse. Et franchement, Ellie était encore trop profane pour pouvoir affirmer qu’elle « voyait » que cette guitare avait de l’âge. Celui qui l’avait vendu à son père devait s’en être bien occupé. Enfin… Bien sûr on voyait qu’elle ne sortait pas du magasin… Par endroit la peinture s’écaillait sous le vernis et le bois du manche avait quelques griffures superficielle. Mais rien qui laisse présager que la guitare ait plus de 60 ans disons !

Par contre, lorsque son père parle d’histoire que cette guitare lui raconterait, Ellie arque un sourcil, dubitative.

« Mais de quoi est-ce que tu parles ? »

Elle était sûrement trop jeune encore pour bien comprendre le concept de la nostalgie et de ce genre de trucs. Pour elle, cette notion « d’histoire », c’était autant chinois que les crevettes qui lui avait mis le feu quelques minutes plus tôt !

Par contre elle n’hésite pas vraiment à tendre les mains lorsqu’il lui propose d’essayer la bête. Ellie la récupère donc, s’installe confortablement… Sa main droite vient souvenir le manche et ses doigts de la main gauche viennent superficiellement effleurer les cordes. La pulpe de ses doigts était encore tendre, contrairement à celle de son père. Elle pratiquait encore depuis assez peu de temps et la corne ne s’était pas faite. Résultat : Ellie jouait souvent avec un médiator sans quoi à force de jouer ces cordes étaient capables de lui saigner les doigts, carrément.

« Tu l’as essayé déjà ? »

Ou alors c’était la première fois aujourd’hui qu’il la sortait de la housse ? Elle trouvait ça presque bizarre qu’il lui propose de l’essayer avant lui, si c’était le cas.

« T’as pas peur que je l’abîme ou un truc comme ça ? »

Elle allait en prendre soin hein ! Ellie n’était pas une « brise-tout » dans l’âme. En tout cas, elle en revient à l’instrument… Et siffle un rapide « la » pour l’avoir en tête avant de venir tester chaque corde, cherchant à en vérifier l’accordement. Dans sa chambre elle avait un diapason pour être au plus juste… Elle avait un accordeur aussi… Mais depuis qu’elle avait surprit sans se faire voir son père le faire à l’oreille, elle s’employait à l’imiter et à s’entraîner à ce niveau. Ça lui prenait clairement plus de temps qu’à lui… Mais elle n’avait pas la même expérience disons !

« Tu vas la mettre en vitrine ou tu comptes l’utiliser ? »

Et si son ton était particulièrement critique et revêche à la question, c’est qu’elle sous-entendait un « est-ce que tu vas aller t’amuser sur les routes avec ton nouveau joujou ? »… !

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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyVen 2 Aoû 2019 - 1:32



« Tout est sous contrôle... » et il retient un sourire de venir la narguer, il est pas méchant Jack, il est pas mesquin, mais il voit bien que la pauvre gamin brûle sous l’épice, qu’elle est déstabilisée, au profit du pauvre verre qu’elle gobe d’un trait et de sa veste qu’elle envoie voler à ses pieds. Il ne rit pas non, jamais il oserait, mais son regard n’en est que plus attendri lorsqu’il le plonge dans son riz sauté et qu’il reprend contenance une seconde plus tard. Juste à temps pour faire écho aux questionnements de la brunette, pour y voir l’occasion parfaite de laisser sa nostalgie si familière reprendre du service.

La guitare qu’il ramène à lui, à eux, qu’il caresse du bon des doigts en lui imaginant une vie complète avant. Jack qui s’attachait autant aux objets qu’aux humains, Jack le sentimental qui avait à cœur chaque détail, chaque cassure, chaque point d’ancrage auquel il s’ancrait justement. « Mais de quoi est-ce que tu parles ? » et la gamine se moque, elle fait bien. Il remonte son regard voilé vers elle, lit dans ses yeux qu’elle essaie vraiment de suivre, mais qu’une part d’elle n’en a strictement rien à faire du passé. Que c’est réglé, que la page est tourné, le chapitré terminé ; et elle fait bien Ellie, de ne pas s’accrocher au déchu, au défunt. C’est probablement ce qui l’aide à chaque jour à être un peu plus forte depuis que Jude n’est plus parmi eux, c’est probablement ce qui la rend aussi forte, aussi courageuse selon Jack, ce qui lui permet de l’estimer aussi fort au fil des jours qui passent.

« Regarde là. » qu’il finira par insister, entraînant l’intérêt de sa fille sur l’une des cordes, plus lâche, celle que le guitariste avait probablement malmené parce qu’il l’adorait, parce que toutes ses compositions reprenaient toujours la même note, qu’elle sonnait comme une véritable poésie à son oreille. « Et ici. » il retourne l’instrument, montre son dos à Ellie, trace du bout de l’index une longue fissure qu’il a remarquée, probablement due à beaucoup de transport, à la ganse de support qui lui aurait mené la vie dure, qui l’aurait abîmé à travers. « Ce sont des détails, mais ça vient avec, ça fait partie d’un tout. » il souffle avec douceur, avec patience Jack. Il ne s’attend pas à ce qu’Ellie voit tout, au contraire, il s’en étonnerait. Mais le simple fait qu’elle l’écoute toujours, qu’elle soit encore là, ça vaut beaucoup, ça vaut énormément à ses yeux.  

« Tu l’as essayé déjà ? » « Un peu, à peine. » Jack qui balaie du revers avec que la brune finit par avoir la guitare sur ses cuisses, par en prendre momentanément possession sans que son père ne pense une seule seconde à la lui retirer maintenant, un jour, jamais. Elle prend ses marques, il s’en ravit, il la laisse faire, il assiste seulement, s’étonne qu’elle lui en donne le droit. « T’as pas peur que je l’abîme ou un truc comme ça ? » un léger rire qui glisse le long de ses lèvres, un sourire qui redresse ses joues, creuse son visage. « Elle est déjà pas mal abîmée en son genre, tu lui fais pas peur. » et puis il sait Jack, qu’Ellie ne l’abîmera pas volontairement. Il ne doute pas de la force de sa gamine, il sait parfaitement qu’elle saurait et pourrait le faire, mais il est persuadé également qu’elle ne le veut pas, qu’elle n’y voit pas l’intérêt. Elle a beaucoup de rage en elle, elle bouille constamment ; mais elle n’est pas méchante, pas mesquine, pas volontairement. Et il lui fait confiance aussi, surtout.

Sa prochaine question lui fait redresser un sourcil, il ravale sa dernière bouchée non sans entendre un double-sens qu’il ne s’autorise pas, incapable de croire qu’Ellie regretterait son absence, s’il venait à repartir en tournée un jour prochain. « Tu vas la mettre en vitrine ou tu comptes l’utiliser ? » il pense, il cogite, il réfléchit, il n’hésite pas par contre, lorsqu’il précise. « Sûrement au studio, y’a quelques morceaux qui pourraient faire avec le son qu’elle a. » un son plus cru, plus sec, un son qu’il pourra utiliser et manier comme il le veut, pour ajouter profondeur et gravité à ses compositions.

Et quand les doigts de sa fille parcourent la guitare une nouvelle fois, quand il entend les mélodies qu’elle improvise sans le moindre effort, il soupire à nouveau, conquis. Il sourit aussi, fort, beaucoup, il est heureux Jack, il lui en faut peu. « J’ai jamais pris de cours non plus, tu sais. » elle ne sait pas, ou du moins, elle ne s’y intéresse pas. Pourtant, il relate. Qui sait si un jour elle écoutera. « Ça enrageait ma sœur. T’entendre la fâcherait probablement un peu aussi. » et une bribe de famille au Canada qu’il n’a pas revu depuis si longtemps, mais de qui il s’ennuie, constamment.

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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyLun 5 Aoû 2019 - 9:01




Ellie ressent encore les picotements de l’assaisonnement des crevettes sur sa langue lorsqu’elle s’installe. Mais son attention est quand même toute portée sur son père. Ou sur l’instrument qu’il a dans les mains. Ou les deux. Disons qu’elle n’avait pas trop envie de se poser des questions de ce type là. C’était rare qu’ils partagent quelque chose. Et pour Ellie aussi ça revêtait un caractère un peu sacré. Fragile aussi. Elle aimait ça mais au moment de le dire, de le faire comprendre, ça sortait pas… Ou jamais de la bonne façon. Là encore elle se tait d’ailleurs, se contentant d’écouter son père et de jeter un œil à ce qu’il lui montre. Aucune idée de la véracité de cette histoire qu’il leur montait. Peut-être que le précédent propriétaire était juste quelqu’un de peu soigneux. Et d’un peu menteur. Mais ça semblait lui faire plaisir de voir les choses comme ça alors pour une fois Ellie se la ferme.

« Un truc genre « c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes » ? »

Elle arque un sourcil interrogateur dans sa direction, savoir si elle avait un peu juste, même si elle ne comprenait pas forcément bien l’engouement. Pourtant, son père avait une guitare qu’Ellie adorait. Un vieux truc à mettre en vitrine, usé jusqu’à la corde en concert et tout ça… Elle gardait cette admiration de l’objet pour elle mais ça l’aiderait peut-être un jour à comprendre ce que son père lui racontait aujourd’hui, lorsqu’elle aurait compris au préalable cet intérêt pour l’autre guitare.

« Après… Un joueur nul rendra pas mieux sur ce genre d’instrument. »

Elle restait un peu plus terre à terre que son père sûrement à ce sujet, un peu moins bohème. C’était sûrement un peu l’adolescence aussi qui voulait ça. C’était l’âge du questionnement et toutes les questions avaient besoin de réponses pour le moment.

« Il saura sûrement même rien en tirer de potable. »

De toute façon son père ne remettrait jamais l’instrument entre des mains profanes n’est-ce pas ? Il ne commettrait pas un sacrilège de ce genre ! Et puisque son père l’avait essayé, même brièvement :

« Elle sonne comment ? »

Ellie venait de la prendre en main, elle allait pouvoir le constater par elle-même… Mais s’il y avait bien un sujet sur lequel elle argumentait parfois tout en admettant que son père lui était supérieur dans le domaine, c’était bien la musique. Alors son avis était plutôt bon à prendre.

Elle esquisse un bref sourire amusé alors que son père taquine sur les autres guerres qu’avait vu la guitare, en quelque sorte. C’est sûr, dit comme ça… En plus elle était ni très grande ni bien grosse. Même si elle avait essayé de l’abîmer pour de bon elle aurait dû y mettre une sacrée force. Pas pour ça qu’elle irait risquer d’aggraver une fissure ou d’en créer de nouvelles en la laissant tomber pour autant quoi.

Son père évoque ce qu’il en fera pendant qu’elle gratte quelques accords pas trop difficiles. Elle commençait à en apprendre de plus ardus, tout doucement… Mais Ellie n’avait pas trop envie de fausser devant son expert de père disons. Elle n’était pas sans connaître son oreille absolue en plus… Ça mettait un peu la pression. Mais pour en revenir à ce qu’il dit, Ellie reste silencieuse, un peu comme si elle n’avait pas entendu. Au début du moins. Et quand la question lui brûle trop les lèvres pour qu’elle puisse la tenir, elle s’entend demander :

« Du moins jusqu’à ce que tu décides de repartir sur la route j’imagine. T’attend que je sois majeure peut-être ? »

Et il sortirait à nouveau de sa vie sans crier gare sous prétexte que maintenant « elle était adulte ». Pourtant, leur relation père-fille était au stade du nourrisson, clairement.

« T’es pas obligé de répondre. »

Surtout, elle avait beau avoir posé la question, Ellie n’était pas sûre de vouloir en connaître la réponse. Elle craignait un peu se heurter le cœur et ça la rendait déjà à fleur de peau, toute prête à exploser, en larmes ou en cris, selon. Mais c’étaient souvent les cris qui l’emportaient en public et les larmes dans sa chambre.

Une information tombe et Ellie relève les yeux de la guitare en cessant de jouer pour les poser sur son père.

« Maman disait que tu avais un don. Que tu en as toujours eu un d’ailleurs. »

Alors il avait quand même un net avantage !

« Mais maman devenait un peu bête lorsqu’elle parlait de toi. »

Ellie aimait follement sa mère. Elle gardait son souvenir comme un soldat et quiconque aurait dit ce qu’elle venait de dire en aurait pris pour son grade ! Mais elle elle avait le droit. Parce qu’elle avait vraiment vu sa mère ériger son père au titre de meilleur homme du monde. Et Ellie ne parvenait pas à comprendre ce qu’il avait fait pour se mériter une telle ferveur. Elle préférait se dire que sa mère était un peu bête sur le sujet plutôt que de se résoudre au fait qu’elle n’était pas assez maligne pour voir qu’il se servait d’elle. Sa mère méritait meilleure éloge funèbre.

« Dis comme ça j’ai pas vraiment envie de rencontrer ta sœur. »

Bizarrement ! Mais parce qu'à trop penser à sa mère, à s'imaginer déjà un futur abandon et tout ça, Ellie se sentait toujours un peu au bord du gouffre, elle ajoute, entre tristesse et colère, l'orage pointant le bout de son nez :

« Encore qu'on aurait un point commun elle et moi. »

Rager contre lui...

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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptySam 10 Aoû 2019 - 15:24



Il sent la pointe de nostalgie, le reproche qui monte. Mais il est aveugle Jack, surtout lorsqu’il s’agit d’Ellie. Il se met tant d’œillères et se limite à l’impossible, il refuse de voir les choses en face et pourtant il ne voit qu’elle. La guitare qu’elle calle sur ses cuisses et les notes qu’elle cumule, il entend parfaitement la mélodie qu’elle pratique sur son propre instrument – qu’elle lui a volé, il ne lui en tient pas rigueur – et se fascine pour l’enchaînement qu’elle fait faire avec un naturel désarmant, qu’elle répète et accélère tout en discutant. « Du moins jusqu’à ce que tu décides de repartir sur la route j’imagine. T’attend que je sois majeure peut-être ? » et il inspire, doucement, il cherche ses mots mais au final il sait exactement ce qu’il veut lui répondre à Ellie. Il redoute juste sa réponse.

« T’es pas obligé de répondre. » elle le dédouane. Il n’aime pas, pas du tout, se redressant un brin au sol, roulant les épaules vers l’arrière le temps de canaliser ses mots dans sa tête, de s’entendre les articuler enfin à voix haute. « Tu viendrais ? » qu’il demande, de but en blanc, s’étonnant d’avoir enfin eu le courage de l’interrogée, d’avoir arrêté de prendre pour acquis qu’il recevrait de la part de sa fille un non catégorique. « Si je pars. Tu viendrais avec moi ? » Jack n’a prévu aucune tournée. Il n’a plus envie de s’épuiser, il n’a rien au programme qui justifierait un tel retour à ses habitudes – mais justement. Ce sont ses habitudes. Et il ne peut pas dire qu’il ne repartira jamais. Il ne peut tout simplement pas le nier avec conviction. D’où l’option qu’elle vienne avec lui qui prend tout son sens à mesure où il se fait à l’idée. « T’es pas obligée de répondre. » qu’il répète et paraphrase, qu’il déculpabilise aussi. Elle n’a pas besoin de répondre tout de suite, surtout pas. Qu’elle se fasse à l’idée elle aussi, d’abord. Qu’ils ne pressent rien.

Et il se perd dans les notes qu’elle joue, dans sa musique qui englobe la pièce. « Maman disait que tu avais un don. Que tu en as toujours eu un d’ailleurs. Mais maman devenait un peu bête lorsqu’elle parlait de toi. » un fin sourire vient couronner ses lèvres à Jack. Parce que d’entendre parle d’elle lui fait toujours cet effet les premières secondes. Jude qui vient toujours avec un souvenir heureux d’emblée, Jude qu’il a aimé et qu’il aime toujours de tout son être sans le moindre doute. Puis vient le rappel qu’elle n’est plus, et le voile qui reprend sa place sur son regard trop gris pour ne pas statuer à quel point elle lui manque. « Je deviens toujours absolument bête quand je parle d’elle. » au présent, toujours. Il ne tarit aucune de ses qualités, il relate absolument n’importe quel souvenir la mettant en vedette. Il l’aime encore à en crever, il sera mort dix fois pour elle s’il avait pu se sacrifier. Pourtant, il sait Epstein, que leur relation était dysfonctionnelle, que Jude méritait mieux, tellement mieux que lui. La culpabilité remonte quotidiennement, elle est là même dans l’instant, lui serrant le cœur en pensant à toutes ces femmes avec qui il a été quand c’était avec elle et seulement elle qu’il voulait être.

« Dis comme ça j’ai pas vraiment envie de rencontrer ta sœur. » Ellie qui ne perd pas le nord, et Jack qui laisse aller un rire franc pour la forme. « Elle est pas méchante. » il défendra toujours sa cadette, il défendra toujours sa famille envers et contre tout, n’était absolument pas certain qu’eux-mêmes le ferait pour lui. Mais il ne tient pas rancune Jack, il est trop vieux pour garder des comptes avec eux. « Encore qu'on aurait un point commun elle et moi. » la pique qu’il aurait pu avoir vu venir s’il l’avait voulu. Pourtant il s’est noyé dans leur complicité là, l’espace d’un instant, Jack s’est surpris à vivre un moment aussi simple qu’essentiel avec Ellie. Qu’elle le ramène à l’ordre n’est donc que la moindre des choses. Il inspire, reprend ses esprits, acquiesce en silence avant de préciser à demi-mot. « Et t’as bien plus de chance qu’elle t’aime que moi. Elle adorait Jude, elle verrait sûrement tout ce que tu as gardé d’elle avec les années. » il est triste mais ça ne change pas vraiment de d’habitude. Ses prunelles qui caressent le visage de la gamine avec la fierté d’un père qui reconnaît tout le beau, tout l’espoir qu’elle personnifie. Tout ce qu’il ne sera jamais.

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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyMar 13 Aoû 2019 - 8:28




Les doigts d’Ellie cessent de pincer les cordes alors que son père lui pose une première fois la question. Et même s’il reformule : elle avait parfaitement compris depuis le début. Il ne faisait que confirmer, lever toute ambiguïté. Lentement sa paume se pose sur les cordes, comme pour les obliger à se taire alors même qu’elles ne vibraient déjà plus. Il utilise la même formule qu’elle… Mais Ellie aurait envie de lui hurler dessus. Elle se contient tellement qu’elle en tremble, son humeur se partageant entre l’envie de lui sauter dessus pour tenter désespérément de le retenir et celui de le secouer ! Entre larme de chagrin et de rage. L’adolescence était cette période cruelle et confuse où les émotions se disputaient sans cesse le monopole des humeurs et Ellie ne faisait pas exception à son plus grand damne !

« T’es vraiment… »

Mais il le prend de court en embrayant sur sa mère. La faute d’Ellie un peu, qui avait elle-même embrayé sur ce sujet après tout. Et ça fait mal d’entendre parler d’elle par cet homme-là. Parce que sa mère lui manquait soudainement incroyablement plus que les autres jours où elle lui manquait pourtant déjà fort.

« Fais pas comme si tu la connaissais. Comme si tu l’aimais et que ça t’intéressait ! »

Cette fois sa voix était partit dans les aigus alors qu’elle avait haussé le ton, presque ulcérée. Parce que non, la sœur de son père n’aurait rien vu du tout chez elle ! Impossible !

« Ou comme si ta sœur la connaissait ! Vous savez rien d’elle ! Et tu me connais pas du tout ! »

Elle se relève brutalement et la guitare manque d’ailleurs d’échouer sur le plancher. Peut-être pas si compliqué de la briser finalement lorsque la colère s’en mêlait. Ellie la rattrape néanmoins, la fourrant rageusement dans les bras de son père.

« Tu sais pas du tout qui j’suis ! »

Ellie enfonce le clou, criant à présent presque tout à fait. C’était comme des aiguilles : ça faisait aussi mal à sortir qu’à recevoir. Ou en tout cas elle espérait que ça ferait mal à recevoir. C’était paradoxal puisqu’elle était certaine que son père se fichait de tout la concernant. Et pour finir cette phrase qui n’était pas sortie un peu plus tôt :

« T’es vraiment un putain d’égoïste ! »

N’avait-il pas confirmé ? Confirmé qu’il repartirait effectivement, avec ou sans elle. Il était au mieux capable d’endurer qu’elle vienne avec lui.

« Je suis pas une de tes groupies ! Je déteste ce que tu fais ! »

C’était même pas sincère à ce stade mais le mensonge venait au secours des maigres arguments qu’elle avait à lui cracher pour exprimer sa colère et son désarroi. Elle cherche ses mots, se maudissant de ne pas les trouver, d’avoir envie d’être consolée aussi, tout autant qu’envie d’être laissée seule. De toute façon elle risquait de s’enfuir en direction de sa chambre de manière imminente.

On aurait pas dit mais en général son père et elle parvenaient à cohabiter. Faut dire qu’ils se parlaient peu et se côtoyaient tout aussi peu. Ça aidait à garder une entente cordiale. Mais lorsque le dialogue s’en mêlait ils étaient souvent pas mal dans la galère, tous les deux affrontant le même handicap social.

« Tu m’énerves avec tes airs supers cool, tu t’en fous de tout, t’es un drogué, un alcoolique, un taulard ! Et tu as la prétention d’avoir été le grand amour de ma mère ? Tu sais pas t’occuper de toi-même alors d’un enfant ? »

Elle devenait méchante, c’était voulu et en même temps, quelque part dans sa tête, elle était horrifiée par ses propres mots. Mais c’était trop tard, les digues avaient cédées et plus moyen de retenir le flot d’injures et de reproches.

« T’espère quoi ? Que d’ici un an ou deux je fasse comme elle ? Que je rentre chez moi et que j’aille crever dans un coin, du coup tu te pointeras comme une fleur en feignant la tristesse ? Et puis tu seras enfin délivré de tes obligations ? »

Les larmes s’en mêlent pour de bon. C’était se rappeler que cette année passée sur la fin de la vie de sa mère avait été l’occasion de voir toute la force de sa petite maman… Mais aussi le vide qu’elle avait laissé. Et cette peur que ce qu’elle avait vu, Ellie puisse l’avoir aussi, que ce soit logique ou pas du tout.

« Tu sers à rien ! C’est toi qui aurais dû mourir ! »

C’était un peu le glas de son discours de rage. Elle en tremblait encore tellement que ses doigts étaient tous crispés et si elle en avait eu le courage, si elle ne l’avait pas aimé au fond d’elle-même, elle l’aurait agrippé à main nue, l’aurait roué de coups de pied… Alors finalement, dans un pur cri de détresse :

« Elle me manque ! Rend moi ma mère ! »

S'il avait seulement pu satisfaire ce caprice là...

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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyMer 4 Sep 2019 - 4:42



 « Fais pas comme si tu la connaissais. Comme si tu l’aimais et que ça t’intéressait ! » la première claque l’assène sans même qu’il ne le réalise. Il était trop occupé à la regarder gratter sa guitare, trop obnubilé par l’instant volé qu’il partageait avec elle une fois à travers toutes les autres où elle jouait, où elle apprenait sans lui. « Ou comme si ta sœur la connaissait ! Vous savez rien d’elle ! Et tu me connais pas du tout ! Tu sais pas du tout qui j’suis ! » et elle nie Ellie, elle nie et elle rage, et sa voix monte dans les aïgus, alors que Jack il bouge pas d’un millimètre, il ne voit qu’elle, il n’entend qu’elle. Chaque mot qu’elle hurle et qui lui brise le cœur, chaque attaque qu’elle crache comme si c’était du venin, comme si elle arrivait à lui faire autant mal que lui avait pu la blesser depuis le tout début de sa courte vie. Il en a mal à l’âme Epstein, parce qu’il sait que même en donnant tout ce qu’elle a, jamais Ellie n’arriverait à le détruire autant qu’il l’a cruellement détruite elle. « T’es vraiment un putain d’égoïste ! » et il le sait ça, il le sait et il n’assume pas et elle le lui dit pour l’une des premières fois à voix haute, et même s’il est au courant, il en crève doucement encore plus. « Je suis pas une de tes groupies ! Je déteste ce que tu fais ! » et ça, il l’a déjà entendu ailleurs. Il l’a entendu avec Jude, il l’a entendu le lui dire tant de fois, de tant de tons différents. Et pourtant, jamais ne l’avait-il entendu autant clairement que maintenant.

Le silence qui se perd, la guitare qui n’a plus aucune utilité. « Tu m’énerves avec tes airs supers cool, tu t’en fous de tout, t’es un drogué, un alcoolique, un taulard ! Et tu as la prétention d’avoir été le grand amour de ma mère ? Tu sais pas t’occuper de toi-même alors d’un enfant ? » chaque mot lui fait l’effet d’une dague de plus en plein cœur, même s’il sait qu’elle a raison. S’il sait que tout ça, elle le garde en elle depuis si longtemps. Ellie qui avait dépeint ses insultes et ses reproches dans ses silences, dans ses soupirs, dans ses phrases aussi passives qu’agressives – mais qui jamais n’avait ouvert à ce point son cœur de cette façon-là. Il aimerait être objectif Jack, il aimerait y voir une ouverture, une possibilité de recevoir à la gueule tout ce qu’il mérite dans l’optique d’un jour se reconstruire avec sa fille sur leurs ruines prêtes à voir le beau s’ériger. Mais il est trop occupé à encaisser sans broncher. « T’espère quoi ? Que d’ici un an ou deux je fasse comme elle ? Que je rentre chez moi et que j’aille crever dans un coin, du coup tu te pointeras comme une fleur en feignant la tristesse ? Et puis tu seras enfin délivré de tes obligations ? » et elle pleure maintenant Ellie. Elle pleure, et lui aussi. « Tu sers à rien ! C’est toi qui aurais dû mourir ! » la larme qu’il daigne essuyer du revers de sa paume, et celles de sa fille qui coulent à grands flots, qui somment sa détresse et sa rage et son mal et toute l’accumulation, l’horrible accumulation que la pauvre adolescente a dû traîner durant trop d’années pour en sortir indemne. « Elle me manque ! Rend moi ma mère ! »

« Elle me manque aussi, tellement. » qu’il souffle, presque inaudible, quand dans une pulsion paternelle qu’il ne voit absolument pas venir il se penche vers elle, passe son bras autour de ses épaules, férocement, protecteur. Il ne se reconnaît pas envers Ellie, mais il se reconnaît envers une âme en détresse quand il force l’étreinte, quand il love la tête de la brunette contre sa nuque, qu’il laisse ses larmes à lui se mélanger à celles de sa gamine. « Ç’aurait dû être moi, ç’aurait vraiment dû être moi. » il acquiesce Jack, parce qu’il l’a pensé chaque jour depuis, parce qu’il est d’accord avec Ellie, parce qu’il n’est rien sans Jude, parce qu’il ne mérite rien sans Jude. Même pas elle, il ne la méritait pas. Et il s’attend, à ce qu’Ellie le rue de coups. Il l’espère peut-être un peu même, parce que ça voudrait dire qu’elle laisse vraiment toute sa rage sortir, qu’elle est véritablement sur la route de la rémission. Il espère qu’elle le griffe et qu’elle le frappe, qu’elle le cogne et qu’elle le haïsse avec le plus de violence possible. Si elle le blesse, si elle le brise, peut-être ressentira-t-il quelque chose. Peut-être ressentirait-il le moindrement une douleur, un mal, n’importe quoi. Peut-être ressentirait-il quelque chose du moins. Enfin.


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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyLun 9 Sep 2019 - 8:38




Elle lui manquait plus à elle ! C’était égoïste comme façon de voir les choses sûrement… Mais elle, elle ne s’était séparée de sa mère que parce que la mort s’en était mêlée. Lui il les avait abandonné. Qu’importe si toute petite elle s’était émerveillée à écouter sa mère lui parler de cet homme-là… Aujourd’hui Ellie n’était plus une petite fille, elle voyait les choses différemment et malgré le flot de larmes et le chagrin qu’elle éprouvait : elle avait grandi avec cette absence, la rendant plus naturelle que cette présence avec laquelle elle composait depuis trois ans. Sûr que ça devait être pareil pour lui mais pour le moment, Ellie n’avait pas envie de composer avec les sentiments de quelqu’un d’autre : les siens débordaient déjà bien assez.

Il se penche sur elle et Ellie amorce un mouvement de recule un peu trop tardif. Elle hoquette de surprise avant de geindre lorsqu’il l’étreint, comme un petit poisson d’eau froide qu’un peu de chaleur humaine brûlerait littéralement. Elle se défend de cette étreinte, d’abord de manière solide… Son coude heurte son père, ses paumes poussent contre les hanches de l’homme…

« Lâche-moi… ! »

Elle hurle mais tout en le hurlant, sa pression pour être relâchée se fait moins intense déjà. Elle donne encore un coup contre l’os plus saillant du pelvis de son père… Mais finalement elle se sentait déjà trop épuisé pour lutter. Elle lui avait fait mal sentimentalement parlant et ça lui faisait beaucoup moins de bien qu’elle ne l’avait espéré au départ… Finalement Ellie cesse pour de bon de se débattre, nichant son nez contre l’épaule de son père, continuant d’hoqueter tandis que les sanglots vont plus vite que sa respiration.

Pour la première fois depuis longtemps elle avait l’impression de relâcher un peu de pression « pour de vrai ». Sa coupe était pleine jusque-là et sans dire qu’elle était sur le point de se déverser pour se vider entièrement, Ellie sentait qu’un poids venait de se lever de ses épaules.

Avec presque pudeur, comme à contrecœur parce qu’elle essayait vraiment de lui en vouloir encore là tout de suite, Ellie passe finalement ses bras autours de la taille de son père, posant ses mains à plat contre son dos avant que ses petits poings ne se crispent sur sa chemise. Elle tremble de la tête aux pieds sans savoir si elle a froid, peur ou si elle est juste encore ivre de colère ou de chagrin. Sûrement un peu tout ça à la fois.

Au final elle ne dit plus rien pendant un moment et visiblement lui non plus n’a rien à ajouter. Ces émotions, ça l’avait épuisée elle… Peut-être que lui aussi.

« Si tu t’en vas, tu ne pourras plus jamais revenir. »

C’était intense… Et peut-être qu’elle ne le penserait pas toute sa vie… Mais Ellie cherchait une forme de stabilité « là là ».

« J’veux pas vivre dans la peur de savoir qu’en me levant un matin tu seras peut-être partit et que tu reviendras comme une fleur quand ça te tentera pour jouer avec mon cœur. »

Etre juste de passage avant de disparaître des semaines, des mois, des années… A l’image de Kyte. Elle détestait ce schéma. Ellie n’avait que 17 ans et pourtant elle aurait pu dire qu’elle avait passé l’âge de ce genre d’incertitude tout en sachant de quoi elle parlait.

« Si tu veux vraiment que ça marche, tu dois redéfinir tes priorités. »

A contrecœur à nouveau, elle le relâche. Paradoxal pour elle qui avait tant hésité à lui rendre son étreinte.

« Je serais bientôt adulte, tu pourras faire ce que tu veux… »

Mais pas « là ». Si « là », son objectif de vie c’était d’être son père, il devait remettre à plus tard ou à jamais un départ pour dieu seul savait quelle tournée.

« Tu pourras toujours faire le tour des grandes villes pour jouer ta musique… »

Tandis que…

« Moi j’aurais dix-sept ans qu’une seule fois. »

Une seule chance pour faire cohabiter leurs deux mondes et c’était pas une mince affaire… ! Sa mère lui disait souvent qu’elle ressemblait follement à son père. Ca l’agaçait et la flattait tout à la fois. Peut-être que si elle essayait mieux, elle trancherait.

« C’est pas pour ça qu’on s’engueulera plus. Mais je serais jamais une bonne fille si t’es pas un bon père. »

Ellie vient essuyer ses yeux d’un revers de manche, la farouche envie de se sauver vers sa chambre se faisant sentir. Néanmoins, effort qu’elle ne ferait peut-être pas toujours elle reste solidement campé sur ses pieds, face à son père, fuyant malgré tout un peu son regard.

« On peut regarder un DVD d’un de tes concerts si tu veux tout à l’heure… Maman en gardait plein. »

Ils étaient dans un carton dans son armoire. Même elle les avait souvent regardé, en cachette comme si ça avait été une activité honteuse.

« Mais je veux pas qu’on parle d’elle… Pas encore… Je suis pas prête à la partager avec toi pour le moment… »

Elle trouvait ça encore trop injuste de le faire !

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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyMar 24 Sep 2019 - 2:08



Le silence dans lequel ils se noient tous les deux fait autant de mal que de bien. Jack reprend contenance, Ellie reprend son souffle, ils se retrouvent dans les bras l’un de l’autre sans s’en étonner, ce qui aurait probablement été complètement improbable à peu de mois près. « Si tu t’en vas, tu ne pourras plus jamais revenir. » il le sait. Il sait que s’il part, il sait que s’il s’envole pour que tournée ou une autre escapade ailleurs, elle lui tournera le dos. Il sait qu’en décidant de se choisir lui, encore, toujours, il la renie elle. Et il ne peut plus, il ne veut plus Jack, il assume enfin. Il a mal, mais il sait qu’elle a raison.

« J’veux pas vivre dans la peur de savoir qu’en me levant un matin tu seras peut-être partit et que tu reviendras comme une fleur quand ça te tentera pour jouer avec mon cœur. » l’espace d’un instant, Epstein avait complètement oublié qu’il représentait cette épée de Damoclès au-dessus de la tête de sa fille. Qu’il n’était qu’un compte à rebours, qu’une bombe prête à exploser, qu’un détonateur qui n’en finirait plus de la lâcher, qui ne le lui avait prouvé que trop de fois déjà. « Si tu veux vraiment que ça marche, tu dois redéfinir tes priorités. » « Je veux que tu sois ma priorité Ellie. » qu’il se surprend, dans son empressement, dans son élan de vérité. Il y croit, il le statue, il l’implore aussi ; et il doute qu’elle le croira quand lui ne croit que ça.

« Je serais bientôt adulte, tu pourras faire ce que tu veux… Tu pourras toujours faire le tour des grandes villes pour jouer ta musique… Moi j’aurais dix-sept ans qu’une seule fois. » et c’est maintenant elle, le compte à rebours. C’est maintenant elle, l’épée qui se brandit au-dessus de la tête d’un père, qui souffle, entre ses lèvres gercées, vieillies « Dix-sept ans. » comme un perroquet de malheur. Elle n’est plus une enfant, elle n’est plus une gamine, elle est bientôt majeure, et il ne le réalise que maintenant. À dix-sept ans, il parcourait le Canada dans son van, à dix-sept ans, il avait renié ses parents, il s’était inventé une meilleure vie, il avait tout quitté un matin – comme à son habitude – pour mieux. Et il a peur qu’elle lui fasse vivre le même traitement, quand il est lâche Jack, quand il oublie que ce ne serait que logique, qu’il ne recevrait que ce qu’il mérite. Si elle part, si lui reste, ce n’est que le retour de l’ascenseur, ce n’est que la plus simple cohérence. « Si t’es prête à essayer, je suis prêt à tout faire pour moi aussi. » il tente, finalement, alors qu’elle se détache, mais que ses yeux à lui ne la lâche pas elle la moindre seconde.

Ellie qui fronce, un rictus qui passe vite, que Jack pense halluciner, mais qui lui rappelle les siens à lui, ses mimiques qu’on lui dénote, qu’on lui souligne. Il a sûrement rêvé. « C’est pas pour ça qu’on s’engueulera plus. Mais je serais jamais une bonne fille si t’es pas un bon père. » doucement, il hoche de la tête, doucement il profite de son calme à elle pour retrouver son calme à lui. « Ça fait partie du contrat de toute façon, je pense, les disputes père/fille. » il ne connaît aucun père dans son maigre entourage qui pourrait nier l’association, surtout l’adolescence en fleurs comme motivateur. « On peut regarder un DVD d’un de tes concerts si tu veux tout à l’heure… Maman en gardait plein. » jack perd le regard d’Ellie, pourtant elle ne bouge pas, se lève, reste stoïque, droite, évitant la relance, mais suggérant tout de même. « On pourrait en regarder un au hasard, celui qui te plaît. On tombera peut-être même sur l’un où je joue avec ta guitare préférée. » qu’il propose, sachant à quel point elle aimait l’instrument, sachant combien de fois il l’avait "perdu" dans la maison pour finir par le retrouver dans les affaires pêle-mêle de sa fille. Il ne s’était jamais résolu à sortir la guitare kidnappée de la chambre d’Ellie, elle y trônait probablement encore maintenant à l’heure où ils se parlent.

Sa voix est douce à la gamine, sa voix essaie. Et il essaie aussi, quand il se redresse à son tour, la laissant initier le pas, se stoppant dans son mouvement avec patience. « Mais je veux pas qu’on parle d’elle… Pas encore… Je suis pas prête à la partager avec toi pour le moment… » « Pas de problème. » qu’il confirme, attendant de rattraper les iris de la brune pour y ancrer les siens. « À ton rythme, Ellie. » qu’il commence Jack, plein d’espoir. « Je t’ai trop longtemps imposé le mien.  » qu’il s’excuse Jack, plein d’espoir également.


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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyLun 30 Sep 2019 - 15:43




Peut-être que ce qui sauve son père, à ce moment-là (et un morceau de leur relation), c’est la précipitation qu’il met à lui faire regagner la tête du classement de ses priorités. C’était pas du luxe, à son âge… Ellie aimerait lui jeter à la figure que sa mère et elle auraient toujours dû être le doublé de tête. Mais elle est épuisée de devoir se battre à la fois contre lui et contre elle-même. Fatiguée de se forcer à le repousser, fatiguée d’être en colère. Ellie avait de l’énergie à revendre mais ce soir, elle était vidée.

Le seul truc qu’elle se permet, c’est lorsqu’il joue leur relation sur du « donnant-donnant ». C’est normal sûrement, même elle peut le reconnaître… Mais elle fait tout de même remarquer :

« C’est à toi de faire des efforts en premier. »

C’est un petit peu injuste, sans aucun doute. Mais Ellie restait convaincue qu’il avait plus à se faire pardonner qu’elle !

« Peut-être que je te saoule depuis 3 ans et que tu me trouves imbuvable. Mais toi t’as été absent pendant 14 ans. »

Plus ou moins. Alors il lui semblait que niveau « donnant-donnant », il devait ramener plus de billes qu’elle ! Elle avait peut-être un peu envie de se faire chouchouter, un truc du genre. Mais bon, son orgueil tout comme la décence l’empêcherait toute sa vie de le dire comme ça !

« Mais je veux bien essayer. »

Elle précise quand même, du bout des lèvres. Il a l’air de comprendre qu’elle ne sera pas une adorable petite fille du jour au lendemain et Ellie se doute bien qu’il sera pas un père parfait dans les jours qui suivent non plus. Dans le fond, il a jamais eu de fille avant ça… Et elle a jamais eu de père avant la même date. C’est normal que ce soit tout un bouleversement pour l’un comme pour l’autre.

Ellie tique un peu alors qu’il mentionne sa « guitare préférée ». Pendant un instant, elle est tentée de lui demander de manière un peu venimeuse si c’est un reproche… Rapport au fait que l’instrument traînait toujours dans sa chambre à elle, finalement. Mais elle inspire profondément et se mord la langue, sacrifiant son envie un peu autodestructrice de lui rentrer dedans sur l’autel d’une relation bancale et maladroite père-fille. Est-ce que ça fonctionnerait un jour ?

Et à côté de tout ça, Ellie ne peut pas nier qu’elle aime le ton de sa voix lorsqu’il s’adresse à elle de cette façon. Lorsqu’il parle comme il chante, de manière caressante. Ça lui vient pas aussi spontanément que ça semble le faire lorsqu’il chante sur scène mais il n’empêche que ça reste beau et qu’elle est tenté de se laisser amadouer. Et puis il en fait quand même des efforts, Ellie le voit bien, en vrai. Il lui donne même des excuses. Combien de père feraient ça ? Combien d’autres l’auraient envoyés mourir ?

« Est-ce que tu m’aimes… ? »

Elle avait posé la question à toute vitesse, ses mots trébuchant les uns sur les autres, à peine compréhensibles. Sûr que l’adolescente aurait préféré la retenir cette question indélicate mais elle n’avait pas pu. Cette dernière lui brûlait les lèvres depuis le 1er jour où il était revenu dans leur vie. Est-ce qu’il l’aimait ? Ou est-ce qu’il l’avait aimé, un jour ? Peut-être qu’il se sentait un devoir moral envers sa mère. Parce qu’elle, il n’avait aucun mal à dire qu’il l’avait aimé, si ? Est-ce qu’elle était un genre de fardeau ? Une croix à traîner ? Et puis de manière plus générale, Ellie avait juste envie qu’il lui dise que oui, il l’aimait, tout en craignant qu’il ne le dise peut-être pas. Du coup, précipitamment, sans qu’il puisse répondre réellement elle se rétracte :

« Non répond pas, laisse tomber. »

Elle avait déjà le cœur un peu morcelé ce soir et ils avaient dit qu’ils faisaient une trêve, qu’ils enterraient la hache de guerre… Et même elle réalisait qu’avec cette question c’était un peu elle qui remettait le feu aux poudres.

« J’vais prendre une douche avant de chercher le DvD… »

Parce qu’elle avait besoin de prendre quelques minutes en solitaire pour bien se remettre les idées en place et tout ça. Pour récupérer de son entrain habituel, de sa verve, de son mordant.

« Tu devrais recommander de la bouffe… Mais pour deux cette fois. »

Qu’ils… Dînent ensemble en regardant la télé, un truc comme ça. C’était pas très naturel dans leurs routines mutuelles de faire des trucs ensemble mais s’ils voulaient avoir plus en commun qu’environs 50% de leur ADN, il allait falloir qu’ils commencent à travailler pour, sans doute !

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Message(#) Sujet: Re: epsteins ▲ walkway blues epsteins ▲ walkway blues  EmptyMar 8 Oct 2019 - 0:34



« Est-ce que tu m’aimes… ? » qu'elle avait demandé, la voix cassée, le regard qu'elle tenait plongé dans celui d'un père qui se rappelait clairement le moment où il l'avait réalisé, limpide, que oui, il l'aimait. Qu'il l'aime. C'était un peu après l'avoir rencontrée pour la première fois, à l'hôpital.

Parce que la première fois, il ne l'avait même pas réalisé. La première fois, il avait quitté l'Australie en furie pour prendre le premier avion vers Vancouver. Il était arrivé en pleine nuit, avait dérangé tout le monde dans l'hôpital, s'était perdu un nombre incalculable de fois dans les couloirs, avait toqué aux mauvaises portes. Il était à bout de souffle et coké, le nez qui lui piquait et les yeux rougis par la fatigue et la drogue. Quand il avait finalement abouti dans la chambre de Jude et que la fine silhouette d'Ellie nouvellement née dans les bras de sa mère lui avait arraché une larme qui goûtait le chlore, la sueur amère, le plomb tuméfié.

C'était une semaine plus tard, qu'il l'avait réalisé. Qu'il l'aimait. Qu'il l'aime. Jude s'était assoupie au salon, Ellie lovée contre sa mère, Jack était monté chercher une couverture de plus et quelques coussins pour elles à l'étage. L'instinct paternel qu'il se découvrait et qu'il ne comprenait pas, qui l'avait pris à la gorge lorsqu'il avait fini par aboutir devant elles, au pied du canapé à les recouvrir avec douceur, avec patience, chaque geste calculé de la plus lente et avenante des façons pour s'assurer de ne pas les réveiller. Et même si Jude était l'amour de sa vie, et même si un seul coup d'oeil sur elle lui animait une passion et une admiration sans bornes qu'il éprouverait toujours pour elle malgré son départ, c'était sur Ellie que ses prunelles s'étaient fixées. Sur Ellie assoupie, sur son visage de porcelaine, son corps encore minuscule qui tenait dans une main ou presque. Il l'avait observée des heures comme ça, s'était juré de l'aimer de tout son coeur, sachant fatalement très bien qu'il la décevrait, qu'il ne savait faire que ça, mais s'assurant de se répéter encore et encore qu'un jour, elle comprendrait la mesure de l'amour pur et immuable qu'il entretenait pour elle.

« Non répond pas, laisse tomber. » mais ce jour-là n'est pas aujourd'hui. Il avait l'histoire sur le bout des lèvres, il était prêt à la relater, mais Ellie l'arrête dans l'élan, le ramène à ici et à maintenant. Il n'est pas digne encore qu'elle l'écoute, il ne mérite pas encore l'attention d'une gamine qu'il a sans aucune surprise bien évidemment déçue, et aux yeux de qui il tentera désormais de se racheter au mieux. Lèvres scellées regard brouillé, il la voit se lever pour se diriger vers la douche, la station qu'elle annonce avant de clarifier le plan de la soirée. De leur soirée. À deux.

« Je leur dirai de se calmer sur la sauce épicée avec les crevettes. » qu'il tente avec un humour approximatif, quand Ellie a déjà quitté la pièce et qu'il compose le numéro de téléphone du resto, comme une habitude qu'ils prennent, comme un premier pas qu'ils tentent.  


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