Tu joues distraitement avec la paille en inox plongée dans ton Sprite quand une voix plus que familière vient te happer. Tu te retournes pour observer Jillian qui, ses bras autour de tes épaules dans une étreinte affectueuse, te prie de jouer le jeu. Tu adresses un coup d’œil vers l'homme qui vous fixe intensément de loin et caresses tendrement le dos de ta cousine avant de déposer un baiser amoureux sur sa joue, parfait comédien. Tu connais Jillian et assez les hommes pour deviner ce qui se trame. « Mon amour ça va ? Je t'attends depuis des heures toute seule dans le bar j'ai cru que tu n'allais jamais venir » « Je pensais exactement la même chose ! » Tu t'exclames, mielleux, tes iris ne quittant pas la brune pour accumuler tous les caractéristiques du couple férocement épris. « Tu m'as tant manqué ! » Tu ajoutes une couche, attirant de nouveau ta cousine vers toi et attendant que sa proie ratée détourne enfin le regard de la trentenaire. Une fois cet objectif atteint, tu détaches ton étreinte et invites ta cousine à s'installer sur le tabouret à tes côtés.

« Oh putain merci Levi tu viens de me sauver la vie, ce mec était super chiant, je te revaudrai ça » Un rire file entre tes lippes et tu retiens assurément cette promesse. « Je note. » Avec le retour de ton cancer, tu soupçonnes que ce genre de faveurs ne seront certainement pas de trop. « C'est ma tournée ! Mais ce sera la seule de la soirée alors profite McGrath » Tu ris de nouveau et suis du regard le barman vous servant deux rhum. Tu prends le rafraîchissement de manière à trinquer : « A nous deux, McGrath. » Puis tu bois une gorgée avant de poser ton verre à côté de ton soda. Tu ne te sens pas assez en santé pour boire de l'alcool ce soir mais tu ne comptes pas non plus jouer les rabats-joie. Puis vraiment, tu ne pensais pas tomber sur Jill et sa présence te ravit. Avec elle à tes côtés, c'est certain que cette soirée sera du tonnerre. « Alors, quels plans avais-tu pour ce soir ? Karaoké ? Alcool et herbe ? » Tu espérais que Jill ait de la marchandise sur elle, mais si tel n'était pas le cas, tu ne te faisais pas de souci : vous en trouverez à vendre. Puis, tu avais un joint sur toi aussi, ce qui pouvait calmer vos ardeurs le temps de vous ravitailler. « J'ai de quoi fumer sur moi, si ça t'intéresse. » Tu offres, buvant une gorgée de ton Sprite. Un nouveau couple prend possession du micro, écorchant au possible Your Song d'Elton John. Le britannique en toi grimace d'être témoin d'un tel massacre.

Habilement et grâce à votre mascarade complice, le garçon qui ne détenait manifestement aucunement les capacités requises pour plaire ou satisfaire Jillian est envoyé sur la touche. Un sourire satisfait étire tes lippes lorsque ta cousine te remercie et t'indique qu'elle t'en doit une. Tu n'as jamais tenu les comptes avec la McGrath, il était naturel de vous aider et de vous sortir des innombrables mauvais draps dans lesquels vous vous mettez avec expertise. Cependant, tu lui signifiais noter quand même cet élément, éclat malicieux peuplant ton regard. Ce que tu aimais chez Jillian, c'était notamment - et parmi bien d'autres choses - que tu pouvais toujours compter sur elle, peu importe la situation. Elle ne jugeait pas et défendait en tout temps.

Tu paies un verre à Jillian, demeures sagement avec ton soda. Tu n'avais malheureusement pas l'énergie ni la volonté de tenter le Diable en t'alcoolisant ce soir. Tu ne te trouvais pas au sommet de ta force et avais assez mal au cœur en temps normal pour ne pas souhaiter additionner de nouveaux motifs te menant vers des hauts-le-cœur. « Aux deux meilleurs McGrath de cette foutue famille ! » Un rire sincère file entre tes lèvres tandis que vous trinquiez. « Oh yeah, on est les meilleurs McGrath ! » Tu confirmes. Vous formiez un véritable duo infernal et vous ne vous ennuyez certainement jamais vu que vous ne possédiez quasiment aucun filtre dans vos paroles et actions. Tu empruntes un air mystérieux quand la brune s'étonne que tu ne bois pas d'alcool et enchaînes sur les plans qu'elle avait pour la soirée. Tu vises dans le mille - mis à part pour le plan cul - et ris de nouveau quand la trentenaire te confie lâcher ce moment de la soirée pour rester en ta compagnie. « Même si j'avais rajouté plan cul à ma liste, je préfère passer ma soirée avec toi darl' ! » Tu prends affectueusement la fêtarde dans tes bras. « J'me sens honoré ! Même si je sais que c'est parce que tu te doutes que j'te ferai vivre des choses aussi intenses qu'un mec dans un lit ! » Tu taquines gentiment et vous grimacez de concert en subissant la chanson Your Song d'Elton John totalement charcutée. « Il va falloir que t'ailles remonter le niveau Lev' parce que là c'est pas possible ! » Tu acquiesces puis suggères : « On peut y aller ensemble. On chante ce que tu veux si tu veux ! » Jillian finit son verre, t'as envie pour ta part d'aller fumer avant d'éventuellement te produire sur la petite scène. « On est deux alors ! On va pouvoir bien se défoncer tous les deux ce soir ! » « Oh yes ! On y va maintenant ? Puis après deuxième round ? » Tu proposes, finissant toi-même ton Sprite.

Tu te lèves du tabouret et t'orientant vers la sortie pour fumer, tu questionnes ton interlocutrice : « Et sinon, quoi de follement neuf dans ta vie, darl' ? »

Ils trinquent naturellement aux "deux meilleurs McGrath" de leur foutue famille, un large sourire se plaque sur les lèvres du garçon, un éclat indéniablement malicieux étincelant ses émeraudes. Bien qu'il y ait nombreux parties arborant le patronyme McGrath qui ne méritait aucunement leur attention, Levi se sentait chanceux d'avoir ses cousins dans sa vie, en particulier Jillian. L'enfant du milieu détenait cette sensibilité folle qui lui aussi l'étreignait quotidiennement, elle ne reculait pas devant le danger et partageait avec lui un goût pour l'interdit comme l'adrénaline. Levi se sentait toujours moins seul quand la brune était à ses côtés, car ils possédaient cette aptitude à se comprendre spontanément, instinctivement. Ils étaient faits de mêmes nuances.

Le musicien reste aux sodas tandis que la McGrath continue sur sa lancée alcoolisée. Il commente l'intensité qu'il peut procurer à sa compagnie, qu'aucun coup d'un soir ne pourrait espérer égaler. « Bien plus intenses darl' ! Bien plus j'en suis certaine ! Il y a aucun mec dans ce bar qui a une tête à être un bon coup... » Il rit sincèrement, se permettant de balayer les lieux du regard. « J'avoue, c'est pas très riche ce soir. » Il commente, moqueur, avant de grimacer tandis qu'une chanson d'Elton John se fait charcuter sans scrupule aucun dans le micro du bar. Les cousins décident d'offrir leur propre prestation plus tard, après une pause joint bien méritée. Pendant les quelques mètres à parcourir, Levi choisit soigneusement le morceau qu'ils chanteront plus tard au duo, attentif au fait d'opter pour une chanson que sa cousine connaît. « C'est toi qui sors le premier joint ! » Il hausse un sourcil, affiche une moue signifiant qu'il ne comptait pas faire autrement. Habilement, il extirpe un joint puis l'allume, tire dessus, avant de le tendre à Jill. « Y'a jamais rien de neuf dans ma vie, je sors, souvent, tout le temps en fait ! Et je couche avec pas mal de monde. Ooooh si j'ai trouvé une amie à peu près aussi cinglé que moi ! » Une partie de lui envie Jillian d'être capable de prendre autant son pied. Le sexe n'avait jamais été une partie de plaisir pour lui, ce qui l'incitait à songer qu'il était encore une fois, bien trop différent et en plus été privé d'une source d'enivrement manifestement peu négligeable. « C'est qui cette amie ? J'peux la rencontrer ? » Il questionne, vivement intéressé. Les gens déjantés, il prenait ! « J'ai revu Bailey aussi, et j'ai fait une crise mais rien de grave... Et toi ? Quoi de neuf ? Ça va dans ta vie ? » Un sourire désolé, compatissant, apparaît sur son minois. « La crise était due à Bailey ? » Il interroge, inquiet. Levi tenait beaucoup à Jillian et même si jamais il ne s'était interposé dans ses choix, il veillait constamment à ce qu'elle ne nuise pas gravement à sa vie. C'était tout ce qui l'intéressait : que sa cousine ne se mette pas en danger de mort imminent. Sinon, il était totalement pour les folies de parcours. « Je fais beaucoup de musique, pour mon album The Voice. » Il annonce, passionné. Le jeune homme reprend le joint pour tirer de nouveau dessus puis confie : « J'ai quelques soucis de santé, mais rien de grave, je gère. » Avec Ariane, qui tolérait de surcroît le fait que le britannique garde son cancer secret.

C'était donc acté, le reste de la soirée se déroulerait auprès de Jillian. Comme quoi, le hasard faisait bien les choses. Je m'étais orienté puis installé au bar du Canvas de manière à profiter de la soirée karaoké annoncée et passer de bons moments avec les clients réguliers qui étaient devenus des fréquentations et de bonnes connaissances à force de mes allers et venus ici pour finalement avoir le grand plaisir de faire fuir le prétendant peu reluisant de Jillian qui avait eu du mal à lâcher les basques de cette dernière. « Doooonc, je vais coller mon cousin préféré toute la soirée ! » Je me tournais de manière à faire face à mon interlocutrice et l'étreindre affectueusement tout en déposant un bruyant baiser sur sa tempe. « Et moi ma cousine préférée ! » Je surenchérissais du même ton. Entre nous, il n'y avait pas de limite, aucun tabou, aucune honte. Nous pouvions parler de tout et faire tout ce qui nous plaisait, l'on pouvait constamment compter sur un acolyte hors pair dans la présence de l'autre. Nous étions libres d'être nous, tout simplement, même si nous avions une tendance certaine à être totalement déjanté.

Jillian me parle d'une amie qui a l'air franchement sympathique. Un large sourire étire mes lippes lorsque la McGrath propose une soirée à laquelle je pourrais faire sa connaissance. Les gens approuvés par Jill composaient forcément des personnes de choix à ajouter à son répertoire. « On organise une soirée avec elle quand tu veux darl', je suis sûre que tu l'aimerais bien ! » « Dès que possible, alors ! J'veux la rencontrer ! » Et je n'avais pas énormément de temps devant moi avant de risquer de ne plus pouvoir partir en soirée quand je le souhaitais. Déjà que j'avais du mal à tenir la route ces temps-ci, entre les douleurs, les nausées et la fatigue, lorsque je démarrerais mon traitement, mon énergie comme mon endurance seraient encore plus compromises. « La crise était dû aux voix, c'est la faute de personne tu le sais. C'était bien plus compliqué que ça... » Un sourire sincèrement désolée apparaît sur mon visage. Bien sûr que j'en ai conscience, parce que j'ai toujours écouté et tout fait pour comprendre ma cousine même si son mal lui était singulier. « Je le sais. Et j'te promets, un jour, ce sera plus compliqué. » Un jour, Jillian sera entourée de personnes qui comprennent réellement et la soutiennent de manière indéfectible, même si les voix qui la tiraillent lui font perdre les pédales et la rendent méconnaissable ou insupportable. Un jour, il n'y aura que des gens qui l'aiment et qui comptent vraiment à sa proximité et ils sauront y faire et l'accepter avec et sans l'impact de ces voix, comme je l'avais toujours fait, parce que c'est ce que la trentenaire méritait.

Changement de sujet : la musique. C'était l'une de mes passions, l'art qui me permettait de ne pas perdre la tête. « Je veux un concert privé ! » Un rictus malicieux fend mes traits, je tends le joint à ma cousine. « Ça c'est quand tu veux. » Mais avant tout, je souhaite l'informer de mes problèmes de santé. Je ne veux pas l'inquiéter, surtout que je suis persuadé gérer - majoritairement grâce au concours d'Ariane - mais je refuse qu'elle apprenne que je suis malade par inadvertance et par quelqu'un d'autre que moi. « Je... Tu me le dirais si c'était grave hein ? » Je maintiens le regard de l'australienne, marchandant : « J'te le dirais si j'pensais pas savoir gérer. » Parce que j'avais conscience que ma maladie demeurait très sérieuse et rimait avec mortelle pour certains. De plus, je n'étais pas capable de mentir à Jillian en lui disant que ce n'était pas grave. Cependant, j'étais convaincu pouvoir m'en sortir et gérer la situation, sans ajouter un poids de plus à ses épaules déjà bien chargées. « T'inquiètes pas pour moi, darl' ! » Je m'exclame avec entrain, désireux de rendre l'atmosphère plus légère entre nous malgré ces révélations. Je termine le joint et l'écrase contre la brique avant de prendre sa main : « Allez viens, it's show time! » Autrement dit, la scène est à nous. J'attire la McGrath jusque derrière le micro et sélectionne Shallow de Lady Gaga et Bradley Cooper sur la machine. Peu importe s'il y avait un thème à la soirée et que la chanson à succès n'y correspondait pas, elle demeurait un duo et avait un réel talent pour rester dans ma tête sans me prendre le chou. Je ne m'en lassais pas et j'étais persuadé que la chanter était dans les cordes de Jillian. Adressant un sourire complice à ma cousine, je m'approchais du micro tandis que les premières paroles s'affichaient sur l'écran en face de la scène :

« Tell me somethin', girl
Are you happy in this modern world?
Or do you need more?
Is there somethin' else you're searchin' for?
I'm fallin'
In all the good times
I find myself longing for change
And, in the bad times, I fear myself »

Je mimais les quelques notes de guitare jouées entre la transition et me reculais du micro de manière à inviter Jill à mettre le feu sur les planches. Bien sûr, si elle avait besoin d'aide, je serais toujours là pour elle.

Cette soirée est consacrée entièrement à Jillian, la belle surprise du destin. La brune déclare me coller toute la soirée, verdict auquel je me sied sans difficulté aucune, n'éprouvant absolument aucun scrupule à proclamer mon interlocutrice cousine préférée. Je ne l'avais jamais caché, même si cela pouvait déplaire aux autres : Jill était celle avec laquelle je m'étais toujours entendu le mieux. Elle était rebelle, franche, téméraire, audacieuse. Nous étions faits de la même trempe, étions motivés d'aspirations bien divergentes de nos patrimoines génétiques originels que nous épousions éhontément. Certes, nous en avions bavé, mais aujourd'hui, j'étais persuadé qu'on en était devenu plus forts, voire invulnérables.

La McGrath m'indique avoir rencontré une jeune femme qui promet d'être très intéressante, je trépigne d'impatience à l'idée de faire sa connaissance. On a jamais assez de relation déjantée. « Je nous organiserais ça Darl' ! Et toi ? Aucun nouvel ami à me présenter ? » Je réfléchis quelques instants, avant de confier : « J'ai rencontré une espagnole, elle bosse dans un bar et est un vrai rayon de soleil. » Une connaissance à approfondir, par ailleurs. Je portais chèrement dans mon cœur la jeune Itziar, qui m'avait même surpris en m'offrant un instrument de musique au cours de la finale télévisée de The Voice Australia. « Je te la présenterai, » je promets, sourire aux lèvres.

Jillian m'indique avoir subi une crise suite aux voix qui la tiraillent. Confiant, je partage mon assurance qu'un jour, celles-ci deviendront plus faciles à gérer, plus simples. « Je pense pas que ma vie sera simple un jour. On est des McGrath darl', on est censé finir par détruire tout notre bonheur un jour non ? » Malheureusement, ma cousine avait entièrement raison. Nous étions maudits, et la sensation que nous l'étions encore plus que les autres me saisissait régulièrement. Cependant, je ne souhaitais pas que cela nous abatte. Nous pouvions toujours composer des phénix, à force de renaître incessamment de nos cendres. « Seulement parce que rien ne nous résiste, darl', » je réplique, malice au bord des lèvres. Il y avait toujours moyen de tourner les situations à notre avantage, n'est-ce pas ? Chaque drame était doté d'un élément conduisant du positif. Puis surtout, rien n'était joué tant qu'on n'avait pas abandonné. Je pressais fraternellement l'épaule de la trentenaire, gage de mon soutien indéfectible à son égard. Même si les épreuves étaient rudes, même si elles s'apparentaient à l'insurmontable, tant que je respirais sur cette planète, elle pourrait compter sur moi.

La musique ne restait jamais sous silence avec moi et rapidement, un concert privé sur le bateau était planifié. « Un jour, nous deux, sur ton bateau, avec ta guitare. Je pourrais passer la nuit à t'écouter ! » « J'y compte bien ! » J'approuve, muni d'enthousiasme comme d'entrain, deux nuances qui se dissipent néanmoins progressivement en percevant un soupçon d'inquiétude dans la voix de ma cousine qui aborde inévitablement les maux qui me tiraillent. Je refuse de l'inquiéter, bien que jamais je ne voudrais qu'elle soit totalement déstabilisée par mon infortune. Pour l'instant, j'estimais gérer la récidive de mon cancer et peut-être naïvement, j'espérais pouvoir guérir sans alerter mes proches ni les soucier davantage. Ariane s'était déjà métamorphosée en véritable et perpétuel soldat acharné, un dévouement duquel j'étais incommensurablement reconnaissant mais qui me terrifiait également : je ne souhaitais pas devenir un fardeau pour la rouquine, ni un boulet ayant assombri des mois de son histoire. Je rejetais être transformé en responsabilité ou raison néfaste freinant les ambitions et aspirations de qui que ce soit. Je militais contre la fatalité d'ôter du bonheur et de la joie à mes proches via le malheur qui m'avait happé. Ainsi, j'épargnais toutes les personnes que je pouvais, par amour, par respect et sans doute indéniablement par égoïsme. « Si y'a quoi que ce soit qui cloche un jour, ou une nuit. Je suis là, je débarque pour te voir en moins de 10 minutes je te le promets » Je soutiens le regard de mon amie quelques secondes, avant de lui offrir un sourire sincère, bienveillant. « Et c'est réciproque, » j'assure, empli de gratitude à l'égard de la disponibilité et l'altruisme de la McGrath. Je savais que si une situation déplorable survenait, j'aurais énormément de mal à déranger un proche. Toutefois, c'était extrêmement rassurant de savoir pouvoir compter sur quelqu'un de plus.

Une fois la petite pause extérieure terminée, j'entraîne Jillian sur la scène afin d'interpréter Shallow de Lady Gaga. Cette chanson nous plaît à tous les deux et naturellement, j'entame le premier couplet, comme le convie la composition. Les instruments résonnent suite aux quelques paroles chantées, je lis l'appréhension de ma cousine dans son regard, ne la quitte pas des yeux en soutien, promettant silencieusement que ça irait. Puis, la voix de la brune détonne, dépote et un large sourire fier apparaît sur mon visage. Jill rayonne, elle chante avec une si jolie justesse et ce soir, plein de chanceux en profitent. Je ferme les yeux et savoure l'intensité de sa voix dont les notes gagnent en intensité et hauteur puis en harmonie, je la rejoins, avant de lui laisser le soin de terminer la prestation.

« In the sha-ha-sha-ha-low
In the sha-ha-sha-la-la-la-low
In the sha-ha-sha-ha-ha-low
We're far from the shallow now »

Une fois l'interprétation achevée, j'étreins affectueusement ma cousine. « Comment tu leur as tous foutu une raclée ! » Je vante, avant de revenir auprès du bar, un couple nous succédant sur la scène. « T'enregistrerais une chanson avec moi ? Une chanson que j'ai écrite et composée rien que pour nous deux ? » Je la questionne, avide d'immortaliser un tel moment avec elle. Nous avions tellement vécu, ensemble, que j'avais noirci des pages de nos péripéties avant que celles-ci n'en deviennent un morceau de ma création.

Je parle d'Itziar naturellement, cette barmaid espagnole avec qui le courant est passé si facilement, si aisément. Je me rappelle de son passage express à la soirée tenue par Matt au sein de son bar à l'occasion de la finale de The Voice Australia, motivée par sa générosité de me faire un présent, peu importe l'issue des votes. Je me souviens de son saut en parachute et de notre escapade en mer et bien sûr, la blonde se hisse dans mon palmarès des individus que je suis heureux d'avoir croisé sur mon chemin. « Elle est jolie ? » interroge Jillian, à m'en faire recracher ma boisson par un rire amusé. « Elle serait de ton goût, ouais ! » J'assure, même si le jeu nuance chacun de mes termes. Bien sûr que la Cortés est ravissante, charmante, pétillante. « Rien ne nous résiste, » enchérit la McGrath avant de me bousculer amicalement, affectueusement et je ris doucement, certifiant : « Rien ne nous résiste. » J'en suis certain, que Jill et moi sommes capables de tout, du meilleur comme du pire, si nous y mettions assez de volonté et de cœur. Nous ne sommes pas des gens que nous pouvons freiner facilement. Nous faisons partie des tempêtes, des ouragans, des forces sauvages de la nature.

« C'est noté dans un coin de ma tête, et tu sais que je débarquerai à l'improviste même si c'est dans 10 ans. » « Tu me tiendrais en haleine jusque là ? Cruauté ! » Je nargue, sourire taquin aux lippes. Il y a peu de choses auxquelles je crois, peu d'éléments sur lesquels je me fie, surtout lorsqu'ils s'apparentent aux vivants. Néanmoins, la loyauté et l'amour de Jillian, je l'intègre telle à une vérité générale. Je sais qu'elle ne me laissera jamais tombée et elle me l'a prouvé à d'innombrables reprises. Nous sommes le duo des mauvais McGrath, nous nous serrons les coudes et avançons à notre manière sur nos routes sinueuses, écorchées, rebelles. Nous nous la rappelons, cette promesse tacite d'être toujours là l'un pour l'autre, quand bien même on le sait aussi bien l'un que l'autre. « Je sais. » Une étreinte s'en suit, je la serre contre moi. Sans Jill, ma vie aurait été au centuple plus difficile et je suis heureux de vivre dans le même pays qu'elle. Elle est mon soutien indéfectible et savoir qu'elle se trouve à proximité depuis l'annonce de ma maladie rend celle-ci beaucoup plus facile à gérer psychologiquement.

J'entraîne la brune sur la piste, lance une de ses chansons favorites qui rend justice à sa si jolie voix. Ma cousine s'amuse, ses yeux pétillent, et je suis comblé de partager ce moment avec elle, de la voir prendre ainsi du plaisir. C'était ça, notre manière de s'amuser, de se sentir vivant : sortir de notre zone de confort pour s'éclater au maximum, qu'importe les avis, qu'importe les conséquences. Une fois la prestation achevée, je félicite comme il se doit la trentenaire puis lui demande si elle souhaite participer à mon projet de composition. « Quoi ? Mais... » Le sourire de Jillian est large, elle m'étreint de nouveau, marque à laquelle je réponds derechef. « Tu l'as déjà écrite ? » « Bien sûr darl' ! J'attends plus que toi ! » J'annonce, enthousiaste, ravi et excité à l'idée d'enregistrer avec ma cousine. « Tu sais que je te suis toujours darl' » « On s'fait ça dès que possible alors ! » Je pose mes mains affectueusement sur ses épaules, choyé et euphorique. Je lis son regard brillant de mille feux qui me répondent à l'affirmative à défaut de sa voix. « J'ai trop hâte de te la faire découvrir ! » Et j'espère sincèrement qu'elle lui plaira, car cette chanson, car c'est la leur, leur vie, leur histoire, leur relation, de ma perspective et un peu de la sienne, pour maquer éternellement, avec mes plus beaux et compétents outils, notre passage et notre duo sur cette planète.