Cet accident, tu n’en avais clairement pas besoin. Une partie de toi en voulait à John de t’avoir mise dans cette position, de te retrouver à devoir justifier ta relation avec John, la présence de ce dernier dans ta vie à Abel alors que tu veillais si bien à ne faire aucun écart dans ton rôle de mère. Pourtant, tu savais que rationnellement, John n’y pouvait rien. Les accidents ne portaient pas leur nom par hasard, ce n’était pas de sa faute non plus, il n’était pas en tord. Mais tu savais que tu allais lui en vouloir pendant quelques temps, il allait falloir que tu laisses passer quelques semaines pour lui pardonner complètement et pouvoir passer à autre chose. Ta seule victoire là tout de suite c’était d’avoir évité un affrontement entre John et Abel devant ta fille. Même si cela ne plaisait pas à ton ex-mari, ta petite fille aimait beaucoup John et voir son père et celui qu’elle considérait comme son oncle se sauter à la gorge, ce n’était pas un spectacle auquel tu avais envie qu’elle assiste. Le docteur finit par passer et vous écoutiez tranquillement tout ce qu’il vous dit. Abel et toi alliez vous débrouiller pour le lendemain, n’était-ce pas une des beautés du rôle de parent que de devoir tout annuler pour son enfant au dernier moment ? Tu ne pouvais pas annuler ton photoshoot cependant, l’agence ne te le pardonnerait jamais donc si Abel était disponible, c’était mieux ainsi. « A quelle heure je passe la récupérer ? » Tu réfléchis quelques secondes à l’heure du photoshoot, le lieu où il se déroule avant de lui dire : « Tu peux passer la récupérer à quatorze heures. » Tu laissais ensuite Abel promettre à Morgane qu’il l’emmènerait à la plage. Tu les observais tous les deux avec un petit sourire. Tu les laissais profiter de ce moment de complicité et c’est en les regardant et en voyant le bonheur écrit sur les traits de ta fille que tu savais que tu avais fait le bon choix en offrant à Abel une place dans sa vie. Peut-être pas celle qu’il espérait mais pour l’instant, tu ne pouvais pas lui offrir plus, pas tant qu’il ne t’avait pas prouvé qu’il la méritait. John revint dans la chambre quelques minutes plus tard avec les victuailles tant attendues. Tout le monde attrapa sa boisson et une petite friandise et tu laissais John et Abel échanger quelques mots. Mais tu n’avais aucune envie de t’éterniser dans cette chambre. Une fois les boissons terminées, tu proposais de quitter les lieux, cela laisserait la chambre à d’autres patients plus en danger que Morgane. Une fois à l’extérieur, Abel te dit : « Allez-y, j’vais récupérer les documents. T’es venue comment Jess ? Tiens, je te file mes clés, j’suis garé sur le trottoir en face de l’hôpital. J’vous rejoins ! » Tu attrapes les clés qu’il te tend alors que tu sens les tiennes bouger dans ton sac à main. Peu importe, tu le laisses filer alors que John te dit : « Pas de soucis. Je dois y aller de toute façon, faut que je m'occupe de cette épave qui me sert encore de voiture .. » Tu n’avais pas pensé à sa voiture et aux dégâts matériels. Tu fis une petite grimace en lui disant : « J’espère que l’assurance va bien te dédommager. » Parce que c’était la seule manière de faire quelque chose à ce sujet. Vous avançâtes vers l’entrée de l’hôpital où vos chemins allaient se séparer. Tu n’avais pas besoin qu’il te le dise, tu pouvais le lire sur son visage. « Si tu savait comme je m'en veux Jess .. » Posant une main sur son épaule, tu lui dis : « Hey, plus de peur que de mal. Je … Je vais avoir besoin d’un peu de temps pour me remettre de mes émotions mais ça va aller. » Tu ne voulais pas que John pense qu’il ne pouvait plus compter sur toi, ce n’était pas le cas. Tu attrapais ta fille pour qu’elle lui fasse un câlin et tu déposais un baiser sur sa joue avant de lui dire : « Rentre bien. On s’appelle d’accord ? » Une fois un dernier au revoir donné, tu pris la direction de la voiture d’Abel en expliquant à ta fille que vous allez tous à la maison ce soir. Elle sembla surprise mais tu ne pus t’empêcher de voir qu’elle se battait contre le sommeil. Tu l’installais dans son siège auto et quand Abel vous rejoint, tu déposais un baiser sur le front de Morgane avant de lui donner les clés : « Je suis venue en voiture. On se retrouve à la maison ? » Quand il eut hoché la tête, tu lui fis un petit sourire avant de traverser le parking pour récupérer ta voiture. Cette soirée allait certainement être étrange mais priver Morgane de son papa ou inversement n’était pas une possibilité envisageable. Alors que tu t’installais derrière le volant, tu poussais un soupir. Quelle soirée remplie d’émotions …

the end