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 hell is so close and heaven's out of reach | chariel

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Message(#) Sujet: hell is so close and heaven's out of reach | chariel hell is so close and heaven's out of reach | chariel  EmptyMer 6 Nov 2019 - 18:56



No one's giving up quite yet,
We've got too much to lose

@charlie villanelle

"You should go to the doctor, darling, it really doesn't look good." En reposant sa tasse de thé, Jenna esquisse un sourire contrit. En face d'elle, Ariel, assise en tailleur sur la chaise du salon de thé, exhibe (plus ou moins) fièrement son genou gauche déchiré sous son jean pareillement abîmé. Une mauvaise chute en skate, a-t-elle expliqué à sa tante pour calmer son regard horrifié. Ça arrive tout le temps, a-t-elle renchéri, sérieux, t'en fais pas. Et la conversation de reprendre son cours malgré l'air peu convaincu de Jenna.

Elles discutent de tout, de la pluie, du beau temps, et surtout pas des sujets qui fâchent: ni du boulot d'Ariel ni de Ruby, ni de projets ni des histoires amoureuses de Jenna. Mais elles ont l'habitude, la nièce et la tante, de faire abstraction de tout ce qui leur broie le coeur. C'est quand leur bavardage se tarit que les yeux de Jenna errent à nouveau sur le maigre corps d'Ariel, créant un air de désapprobation explicite sur son joli visage. "It's fine, it's just a little... red." Why don't you let it go? "Did you put anything on it?" "Yes!" "Ariel..." "Okay. Water. I put water on it. But it's fine. Everything's fine, I promise." Faux, rien ne va, mais si ce n'est que ça... elle serait capable d'ajouter que les genoux c'est surfait si ça pouvait juste empêcher Ms. James de s'inquiéter pour rien et de scruter sa figure entière avec un air suspicieux. Avec une pointe de nostalgie, Ariel réalise que finalement, malgré la vie qui s'est emparée d'elles, les choses n'ont pas tant bougé: elle est resté l'enfant terrible et elle, la tante soucieuse. Comme pour confirmer ses pensées, cette dernière reprend la parole, une résolution ferme dans sa voix. "Look, I know you're an adult but I will not have you die of a stupid knee infection. I'm dropping you at the doctor's office whether you want it or not, darling. You can thank me later." Avec un soupir exagéré, Ariel obtempère.

Elle ne devrait pas, elle n'en a pas envie, et si c'était n'importe qui d'autre, elle enverrait l'intrusif individu sur les roses. Mais c'est Jenna, et elle lui doit bien ça. Surtout après l'incident de la dernière fois, surtout qu'elle refuse de mettre les pieds dans la maison où elle a passé son adolescence, ne supportant pas l'idée d'avoir le fantôme de Ruby qui hante l'étage. Depuis l'été, elle impose donc à Jenna de la retrouver en ville dès qu'elles veulent se voir - ce n'est que la deuxième occasion, et c'est bien assez. Avec mauvaise grâce, elle monte donc dans la voiture à côté de Jenna, qui la dépose quelques rues plus loin. "And it's close to your place! There you go. Have a wonderful afternoon, Ari." "Yeah, thanks auntie. See ya." Elle reste sur le trottoir un instant, les bras ballants, à regarder la petite voiture se perdre dans le flot de circulation et s'éloigner. Du coin de l'oeil elle effleure la plaque du docteur, considère une seconde céder à la tentation de rompre son accord et de tourner les talons et les genoux, de partir le Diable sait où faire le Diable sait quoi. Un long soupir. Pas du genre à s'laisser avoir par sa conscience, Ariel. Elle a brisé bien des promesses et déçu bien des espoirs. Des grands comme des petits, et elle a bien envie de se dire qu'un de plus, un de moins, on n'en est plus à ça près.

D'un autre côté, elle a mal, et la blessure mal cicatrisée a recommencé à saigner à travers le tissu. Fuck this, fuck that. Que quiconque la reçoive ne s'attende pas à lui décerner la médaille de la patiente du mois... Dans une lamentation exagérée, elle franchit les quelques mètres qui la séparent du seuil et pousse la porte du cabinet médical avec lenteur. Elle hait les médecins, elle hait qu'on l'examine sous toutes les coutures. Elle veut juste un pansement sur le genou et repartir d'ici aussi vite que possible. "I'm sorry, the doctor's a bit late. Please have a seat", lui annonce d'un ton courtois une secrétaire sortie de nulle part. GÉ-NIAL. Elle ne récolte qu'un regard noir, et un fuck you too à peine audible.

Et si la jeune femme pensait à ce stade que les choses ne pouvaient finalement pas empirer, le tableau qui l'attend en poussant la porte de la salle d'attente se fait une joie de lui prouver tort.
Car tous les sièges sont occupés ;
Tous, sauf un.

Et Charlie Villanelle occupe celui d'à côté.

"Fuck me." La dizaine de paires d'yeux des autres patients se lèvent vers elle, choqués, et c'est juste la goute de trop. Okay, c'est décidé, elle dégage. Il n'y a que ça: la fuite. Faire demi-tour. Il n'est pas trop tard, tant pis pour son genou - après tout elle peut très bien vivre avec une jambe en moins.
Et puis, Charlie lève à son tour les yeux vers elle.

C'est la fin.
Ariel ne part pas.
Parce-qu'elle est lâche, mais aussi idiote.
Pas question de perdre une bataille imaginaire.

"I wasn't saying that to you." C'est ce qu'elle lui lance avec l'air le plus renfrogné possible alors qu'elle se laisse lourdement tomber sur le siège à l'autre bout de la pièce. Dans un coin, en plus. Putain d'ego... pas facile de fuir lorsqu'on est acculé.

Lentement, le regard d'Ariel glisse de quelque part au-dessus de la tête de Charlie à son visage, et à son ventre. Oh. Oh.
Oh, no.
...
Un instant son esprit se vide, et il n'y a que le mouvement de ses cils pour indiquer qu'elle vit toujours. "So... Sa voix est un peu rauque, et sa langue prononce des mots que son cerveau n'a pas validé. I guess the rumors are true, after all." Un silence. Ariel plonge ses yeux verts dans ceux de la rousse.

"You got fat."
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Message(#) Sujet: Re: hell is so close and heaven's out of reach | chariel hell is so close and heaven's out of reach | chariel  EmptyVen 8 Nov 2019 - 19:48


De toutes les choses qu’elle déteste à propos de sa grossesse, les visites perpétuelles chez le médecin sont les pires. Elle déteste qu’on lui donne des conseils, elle déteste qu’on l’observe sous toutes ses coutures, elle déteste qu’on lui pose des questions privées et qu’on la juge sur ses réponses. Elle déteste de savoir que ces médecins rigoleront de son cas le soir même au dîner de famille, qu’ils en rigoleront encore plus au prochain repas avec leurs collègues un peu plus tard. Elle déteste d’avoir à vivre avec les conséquences de ses actes et par dessus tout elle déteste que ce soit son enfant qui en paiera le prix le plus fort alors qu’il n’est même pas encore né. Une main protège naturellement son ventre, l’autre occupe son esprit en scrollant son téléphone à la recherche d’informations totalement inutiles, demandant à Kane s’ils peuvent adopter un léopard des neiges ou un puma et lui qui lui dit que oui. Parce qu’il lui concéderait n’importe quoi simplement pour pouvoir la garder encore un peu plus à ses côtés. La voilà qui attend une énième fois une énième consultation, priant pour qu’elle n’ait plus à faire ça sous peu - cinq mois Charlie, cinq mois. Ceux qui toussent deviennent des ennemis à abattre, elle choisit le siège le plus éloigné du reste de la population mais ils finissent tous par rapidement être occupés à tour de rôle. Elle déteste le retard, aussi.

"Fuck me."
Cette voix. Elle connaît cette voix.
Cette intonation, elle la connaît aussi.
L’accent est connu à son tour.
Et ces mots, ceux deux mots. Elle ne les connaît que trop bien.

Et pourtant, elle joue l’autruche, elle scrute l’écran de son téléphone affichant un DIY choisi au hasard - ça vous intéresse de savoir comment réaliser des lampes avec des crayons de bois ? parce que soudainement ça intéresse beaucoup la blonde. Pourtant ses yeux observent le bout des pieds hésitants de l’autre blonde, ils l’observent commencer à se détourner pour changer d’avis alors que le bleu de ses yeux plonge dans le vert des siens. T’es piégée, là, Ariel. Elles le savent toutes les deux, joueuses bien trop accomplies de ce jeu d’orgueil qu’elles mènent à la perfection depuis toujours - et surtout depuis ces six derniers mois. "I wasn't saying that to you." ”Damn, I thought we were gonna have sex right here right now.” Trop facile, Charlie. Tu tends le bâton pour te faire battre, Ariel. La plus jeune retourne à son téléphone, crissant intérieurement des dents à la vue du jean tâché de son amie (?) et de sa démarche mal assurée bien qu’elle fasse de son mieux pour ne pas le montrer. Ne rien montrer de leurs faiblesses et de leurs sentiments, tel fût le deal silencieux acté lors de leur dernière rencontre. Cela ne les empêche pas de continuer à se faire mal, pourtant, bien au contraire. Il a toujours été plus facile de blesser que de soigner, c’est une vérité générale.

"So … I guess the rumors are true, after all." La blonde souffle doucement. Cela sonnerait comme de l’exaspération aux oreilles de n’importe qui mais elle est secrètement heureuse que le silence entre elles ne dure pas. Peu importe ce qu’elles pourront se dire, tant qu’elle peut encore entendre quelques fois la voix d’Ariel. Peu importe si ça blesse, si ça fait mal à nouveau. Son cœur n’est plus à ça près, désormais, et à défaut que cette affirmation soit réaliste au moins Charlie y croit réellement. Elle finit même par enfin lâcher son téléphone des yeux et le serrer plus fort que nécessaire pour évacuer un peu de pression. "You got fat." Un rire faux au possible s’échappe rapidement de sa gorge alors que ses yeux roulent un instant pour rapidement revenir se visser sur ceux d’Ariel à nouveau. Là où elle se perd à nouveau. C’est à n’y rien comprendre. ”So you’ve heard things about me.” So you still care about me.” Elle ne sait pas faire dans le soft, elle ne sait pas enjamber la flaque d’eau sans avoir à sauter dedans à pied joints et éclabousser tout le monde. ”You angry ?” Elle résume sa question au strict minimum, jugera de l’attitude à avoir envers la blonde selon ce qu’elle lui répondra à ça. Elle parle de la grossesse, bien sûr, mais aussi de tout le reste. De ces années passées à se côtoyer pour finalement se quitter si abruptement. Elle parle de ce seul siège restant à côté d’elle, le seul sur laquelle elle a dû s’assoir alors qu’elle aurait pu continuer à vivre sans Charlie-l’aimant-à-problèmes.
C’aurait été trop facile.
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Message(#) Sujet: Re: hell is so close and heaven's out of reach | chariel hell is so close and heaven's out of reach | chariel  EmptySam 9 Nov 2019 - 17:15


Un éclair dans les yeux verts d'Ariel, lorsque la réplique de Charlie fuse à travers la pièce. Pas d'humeur à badiner, l'australienne, surtout vu la situation. Elle se dit que Charlie va l'ignorer, qu'elles s'ignoreront mutuellement et ce ne sera peut-être pas plus mal. Mais évidemment, la rousse la surprend: au lieu de se braquer contre elle après son délicat constat, elle éclate de rire brièvement, lève les yeux au ciel mais ne contre attaque pas. À la place, une question de sa voix douce, qui vrille dans le coeur d'Ariel.

Pas question de montrer quoique ce soit, cependant - elle se contente de hausser les épaules avec fatalisme. Oui, Charlie, j'ai entendu des trucs sur toi. Des histoires invraisemblables même, si tu savais. T'es dans beaucoup de têtes (et pas que dans la mienne). Brisbane a beau être une grande ville, le monde des soirées qu'elles fréquentent chacune depuis leur adolescence ne s'étend pas à l'infini: il y a toujours une paire d'yeux ou d'oreilles indiscrètes pour colporter les rumeurs et répandre les dernières infos. "People talk and I listen, that's all." Déjà qu'elle n'est pas d'un naturel bavard, ce n'est pas pour se mêler au petit jeu du 'qui a dit quoi'. Ça l'a amusé un temps, c'est vrai, mais Ariel est bizarrement trop intègre pour prendre du plaisir aux dramas et révélations soi-disant scandaleuses. Déjà, les histoires de tromperie et de couple lui passent bien au-dessus de la tête, et elle n'aime toujours pas juger sur les apparences. On la sollicite pour faire la révolution, pour les idées foireuses de fin de soirées, pour voler une bagnole, taguer le mur du voisin en enjambant le balcon, marcher sur les toits, faire des concours de shots. Pour voler aux riches et scander des paroles aux vibes de rock'n'roll, pour du sexe vite fait dans une chambre d'amis ou pour faire des doigts d'honneur à la caméra.
Pas pour parler.
Jamais pour parler.
Alors Ariel s'occupe d'elle-même, ce qu'elle fait avec plus ou moins de succès, et se contente d'écouter ce que les langues bien pendues et les esprits perfides de Brisbane racontent. Occasionnellement elle pose une question et s'en retourne séduire, danser ou boire.
Elle n'avouera pas que ça a été difficile de ne pas rire aux éclats quand elle a entendu que Charlie Villanelle était enceinte pour la première fois. Elles se sont quittées y'a juste quelques mois, c'est pas possible de faire un gosse en si peu de temps, si? Et puis, pas Charlie, (pas sa Charlie). Surtout lorsqu'ils ajoutent qu'elle a abandonné ses études, qu'elle est en couple, qu'elle garde l'enfant. Ariel secoue la tête avec un rictus hilare, l'air de dire qu'ils sont vraiment cons.
Au final, c'est elle, la conne.

Parce-que devant elle, dans cette salle d'attente, au milieu du mois de novembre, la preuve est là et irréfutable sous ses yeux. Mais c'était plus simple d'être dans le déni, évidemment. Y ajouter une once de crédibilité aurait bouleversé l'image qu'elle se faisait de Charlie, sa petite rousse préférée érigée sur un piédestal si haut qu'elle lui faisait toucher le ciel. Et ça voulait dire surtout que Charlie avançait dans sa vie, tout en la foutant en l'air, tout en la laissant sur le carreau. Ça voulait surtout dire qu'Ariel se serait trompée, peut-être, et qu'elle n'avait jamais vraiment su qui se cachait derrière ces yeux azur.
Plus simple de ricaner en se disant que tout va bien finir se régler entre les draps et les oreillers.

Not today, though.  

Alors, comme elle peut, Ariel feint l'indifférence - parce-que son attention n'est pas déculpée lorsqu'il s'agit de Charlie. C'est juste une coïncidence, qu'elle ait repéré son nom dans les conversations. C'est tout.

"You angry?"

La question prend Ariel de court, et elle la dévisage un instant sans comprendre, surprise. Elle fronce les sourcils, adopte cette expression de confusion qui lui sied bien. "Angry?" Le mot est répété bêtement, redondance inutile mais pourtant nécessaire pour l'australienne: elle n'en sait rien. Elle lâche une courte expiration, cherche à gagner du temps. Est-elle en colère?

Elle n'en sait foutrement rien. Du tout. Et puisque le sol refuse de s'ouvrir sous ses pieds, puisque les médecins imbéciles ne semblent pas près d'arriver, elle n'a d'autre choix que de donner une réponse. Mais laquelle? Sa politique des sentiments, c'est la fuite: la raison pour laquelle elle s'évertue à échapper aux histoires d'amour, aux grandes émotions, aux effusions. La raison pour laquelle ses seuls contacts physiques hors sexe sont de courtes embrassades avec quelques rares élus. La raison pour laquelle elle a un code de conduite en la matière, parce-que tout ce qui ne rencontre pas l'approbation de ses règles est évincé.
Comme Charlie, par exemple.
 
Pareillement, tout ce qui s'éloigne de ses émotions de base et qui se complexifie un peu est soigneusement emballé dans une boîte et rangé dans une armoire au fond de son coeur et en bas de son cerveau, avec pour étiquette 'fragile - ne pas toucher'. Et des boîtes qui s'empilent y'en a des centaines, peut-être des milliers, qui s'accumulent depuis 1990. La colère, c'est un sentiment simple qu'Ariel maîtrise bien. Mais Charlie est un sujet complexe, et par effet de contagion, tout ce qui la touche le devient aussi. La colère, pour Ariel, se dirige contre les injustice, les riches, le système, le capitalisme, le massacre des animaux pour nourrir la population, la pollution de quelques entreprises pour un maximum de profit ; contre les erreurs de ses parents, ses mauvais choix dans sa vie. La colère, c'est une pulsion sourde dans son ventre, un battement frénétique de son coeur. Les poings qui se serrent, la rage qui tord son ventre, le besoin de frapper quelqu'un, quelque chose ; le cri rauque qui sort de sa gorge, sa bouche déformée, ses yeux qui imitent une nuit d'orage. La colère, c'est les hématomes bleus et les cicatrices rouges sur sa peau trop blanche, les murs fracassés dans lesquels s'emboîtent la forme de son poing, des bouteilles brisés, des larmes amères qui brûlent ses joues.

Là, elle est avachie sur une chaise en plastique, les bras croisés dans une posture qui tient plus du défi idiot que de la provocation, un genou en compote et une expression stupide figée sur les traits. Les six derniers mois, en pensant à Charlie (ce qu'elle s'est oh si soigneusement appliqué à ne pas faire), elle a plutôt eu envie de se taper la tête contre les murs que de frapper quelqu'un. Ses doigts ont souvent effleuré l'écran de son téléphone, la lumière bleue illuminant sa chambre le soir sous le regard étonné de Mulder, ses dents attaquant sa lèvre inférieure en esquissant des débuts de messages, de "how are you" à "wanna fuck?". Son coeur s'est engouffré dans le vide de sa poitrine en entendant les rumeurs, coulant comme du plomb contre sa cage thoracique, mais sans violence. Dans le vide, seulement. Elle est tombée dans le vide, et le vide, ce n'est pas la colère. Le déni non plus: au contraire, ça l'en protège.
Alors elle penche légèrement la tête sur le côté pour appuyer sa réflexion, décide qu'elle a bien assez d'éléments pour répondre. "No, not really."

Comme c'est tentant de détourner le regard, de sortir son téléphone pour mater les nudes d'une fille quelconque ; mais il faudrait rompre le contact visuel, la question silencieuse au fond des iris bleus. Then what? "I don't know, okay? I'm not angry. I'm... choquée? triste? frustrée? lasse? confuse? la roue des adjectifs tourne encore. disappointed." finit-elle par dire. Ça semble coller à la situation. La déception. Vis-à-vis de Charlie et d'elle-même, pour avoir tout gâché. La déception d'un mauvais scénario, de la fin d'un film que l'on attend pas, celle que l'on ne veut pas car l'alternative aurait été meilleure si les personnages avaient fait les bons choix. "But a bit angry too, I suppose, yeah, ajoute-elle soudain en se retournant. I thought you were clever. That you knew better than to ditch your future for this." D'un geste imperceptible du menton, Ariel désigne le ventre de Charlie, soigneusement protégé par l'une de ses mains. I've been that kid, you know, qu'elle tait. They were already parents but they were only two kids, they were idealists too, they thought they were gonna make it. They didn't, and neither did my brother or I. Une confession qu'elle n'est pas prêt de rendre, ni dans cette vie ni dans une autre. Mais n'empêche que c'est ce qu'elle ressent, un tremblement subtil, une inflexion particulière qui s'entend dans sa voix et ces mots qu'elle ne peut pas garder en elle. I thought I mattered a bit, too.

Incapable de soutenir longtemps le regard de Charlie, et sentant se fissurer son masque d'impassibilité enfilé tant bien que mal, elle feint de chercher son portable dans la poche de son jean, ouvre une application au hasard pour se distraire en terminant. Encore juste un petit effort pour empêcher l'amertume de dégouliner de ses propos. "And I guess I would have liked to hear it from you. It not the same fun when it's random people telling you that your former... sexfriend got pregnant and you're the last to know." Ses doigts appuient un peu trop fort sur l'écran.
Les prémisses de la rancune.
Et derrière, tapie dans l'ombre profonde, la colère.

Alors elle inspire, repose l'appareil, et offre à sa voisine un sourire qui n'atteint pas ses yeux.

"But you seem perfectly happy for someone who didn't know what she wanted."

Spoiler:
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Message(#) Sujet: Re: hell is so close and heaven's out of reach | chariel hell is so close and heaven's out of reach | chariel  EmptyDim 10 Nov 2019 - 1:05


Pourquoi on peut pas être heureux, Charlie ?
Ces mots qui lui martèlent l’esprit, ces mots qu’elle entend toujours plus fort dans sa tête parce qu’ils ne sont que bien trop appropriés à l’instant. Parce que ce n’est pas Ariel qui lui avait posé cette question mais elle aurait pu le faire aujourd’hui si elle n’avait pas un aussi gros ego que la blonde. Le problème ne vient pas des autres, c’est bel et bien Charlie qui n’accorde à personne le droit d’être heureux en sa présence si elle ne l’est pas elle même. C’est bel et bien Charlie, le problème, et ça ne changera pas. Surtout pas aujourd’hui, surtout pas avec Ariel avec qui tout a toujours été si compliqué.

"People talk and I listen, that's all." ”That’s all.”

C’est tout sauf seulement that’s all. La blonde reprend les mots avec insolence, ses yeux toujours faussement occupés par son écran de téléphone. Elles savent toutes deux ce dont il en retourne, la plus jeune se contente seulement de remuer le couteau souillé dans la plaie qui ne guérira jamais. Ce n’est qu’une bataille de coeurs de d’adultes qui ont oublié de grandir.

Pourtant Charlie reste Charlie et même si elle peut avoir d’horribles mots, cela ne dure jamais bien longtemps. Elle est un coeur d’artichaut et le restera, elle est une éponge sentimentale et continuera à excuser tout le monde pour tous leurs maux quoi qu’il se passe. Tant que cela ne touche qu’elle, elle continuera de pardonner. Elle continuera de se remettre en question sans jamais le dire avec des mots. C’est ainsi que le ton d’Ariel l’émeut, que son "Angry?" fait relever les yeux bleutés de la femme enceinte. Ces yeux là ne lancent pas d’éclairs, ils ont seulement l’espoir fou que sa douce Ariel lui répondra par un ”Why would I be angry ?” ou n’importe quoi allant dans ce sens là. N’importe quoi, vraiment. Mais pas ça.

Une éternité s’écoule entre le moment où elle répète ses mots et l’autre moment où elle y répond. Charlie aurait préféré qu’elle reste silencieuse, finalement. Ses bras croisés aurait dû être un indice surffisant à propos de la suite de la conversation. "No, not really." … Ok ? That’s a good answer, right ? If she’s not angry then everything is gonna be ok ? They are gonna be ok ? Right ? Uh ? Nah. "I don't know, okay? I'm not angry. I'm... Don’t. Don’t say anything. Don’t answer. I don’t want to know the answer. Please. disappointed." Fuck.
Les yeux de Charlie trahissent son manque flagrant de compréhension. Elle ne comprend plus rien à la situation, encore moins à ce qui se passe entre elles. Déçue ? Vraiment ? Elle est celle qui est partie la première du bar, elle est celle qui a toujours refusé de construire un us ou même de l’imaginer. Elle est celle qui a toujours tout refusé et maintenant que Charlie construit sa vie, officiellement du moins, elle est déçue ? La blonde fronce ses sourcils un instant, si ce n’est de dégoût au moins d’incompréhension. Elle nage dans l’inconnu, là. Pour changer.
La liste s’allonge et le coeur de la plus jeune continue de se déchirer. Elles n’avaient pas eu le temps d’aller au bout du massacre, la dernière fois, et les voilà qui rattrapent le temps perdu à leur manière. Elles finissent le travail.  "But a bit angry too, I suppose, yeah, I thought you were clever. That you knew better than to ditch your future for this.” A sa première main s’ajoute une seconde qu’elle pose sur son ventre, comme si Ariel allait lui retirer cet enfant. Le visage de la blonde se referme encore un peu plus, elle déglutit lentement. Ce n’est plus question d’un duel entre elles deux seulement, elle vient d’y impliquer cet enfant et c’était sûrement la pire chose à faire. Accepter des mots dures envers soi même, c’est facile ; quand ça concerne ceux qu’on aime il ne s’agit plus de la même chose. Quand ça concerne son enfant, la vie qu’elle porte, la vie qu’elle a créé, la seule chose qui la raccroche encore à Tim … c’est dangereux. ”He’s my kid, not a this.” Elle corrige au moins ça avant de se préparer à la prochaine salve d’attaques qu’Ariel marine depuis des mois.

Elle fuit, utilise son téléphone comme échappatoire, ne fait qu’attiser encore un peu plus la colère sous jacente de Villanelle. Elle ne peut pas l’attaquer sur sa vie et ses choix et seulement décider de son prochain coup du soir comme si de rien n’était la seconde suivante. I can be your one night stand whenever you want, just look at me in the fucking eyes. "And I guess I would have liked to hear it from you. It not the same fun when it's random people telling you that your former... sexfriend got pregnant and you're the last to know." Tout pique dans cette phrase. Tout a un goût amer. Tout lui donne soudainement envie de vomir et cela n’a plus rien à voir avec la grossesse cette fois ci. ”When was I supposed to announce that to you ? In july, august, september, when we didn't say a word ? In october, when we didn't say a word either ? In july when I didn’t even know it myself ? Or maybe in june when you left me cos we talked about random shit ?” Elle aurait pu lui dire n’importe quand. Elle aurait pu réellement envoyer un de ces milliers de message qu’elle avait commencé à écrire sur son téléphone, n’importe lequel d’entre eux qui parlait de la pluie et du beau temps. N’importe lequel d’entre eux qui ne parlait pas de John, de Kane, de Tim, de son boulot au bar, de ses études abandonnées, du bébé qu’elle ne voulait pas puis qu’elle voulait, de cigarettes, d’alcool, de drogue. N’importe lequel de ces messages qui aurait continué à faire croire à Ariel qu’elle menait une vie de rêve qui n’avait rien à voir avec la réalité. Les ragots dépeignent sûrement la vie de rêve, d’ailleurs. Elle a été mise au courant par extension, uh ?
Mais y’a autre chose. Y’a un autre mot qui pique, qui brûle, qui fait mal au coeur. Sexfriend. C’est tout ce qu’elles étaient, alors ? Toutes ces années, toutes ces soirées, toutes ces discussions, tous ces moments passés à s’aimer et se détester ; seulement une histoire comme une autre ? ”Sorry, must have forgot to announce to all my sexfriends I was going to be too fat to have sex for the next few months. C’est tout ce qu’il y avait entre elles ? De tous leurs moments passés ensemble, seuls ceux dans un lit comptaient réellement ? Sérieusement Ariel ?

"But you seem perfectly happy for someone who didn't know what she wanted." ”Fuck you.”

Elle parle trop fort, oublie de chuchoter, oublie que toutes les oreilles de la salle d’attente se sont tournées en leur direction pour apprendre les derniers ragots du quartier. Elles en ont à revendre, elles deux, des ragots. Pourtant cela n’a plus aucune sorte d’importance désormais. ”You seem quite jealous for someone who didn’t want a place in my heart.” Elles vont jouer à ça, alors ? A utiliser les paroles de l’autres pour mieux les lui balancer à la figure à nouveau ? ”What do you want to know, James ? What did you hear ? You wanna laugh ? Wanna cry ? Wanna kill me ? Wanna have mercy ? I’ve got everything. People have talk, uh ? Yeah ? About who ? Which boyfriend ? Which fucking twisted story ? cos I’m a fucking twisted girl - but you know that already. If I really seem happy hence it only proves you still don’t know me. Maybe we really were only sexfriends.” Talk to me Ariel. Let’s talk. Like we used to do. Please.


Dernière édition par Charlie Villanelle le Mar 19 Nov 2019 - 20:58, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: hell is so close and heaven's out of reach | chariel hell is so close and heaven's out of reach | chariel  EmptyMer 13 Nov 2019 - 15:32


C'est puéril. C'est idiot, même. Rien dans l'attitude de Charlie n'indique qu'elle est heureuse - et Ariel est à peu près sure de savoir à quoi Villanelle ressemble lorsqu'elle rayonne. Pas à ça, à un petit bout de femme au regard trop sombre, aux épaules trop basses et à la voix inhabituellement dure. Décidément bien loin de l'étudiante espiègle d'il y a six mois, mais la tentation est irrésistible et Ariel n'a pas envie de jouer les âmes compatissante. Alors elle appuie sur la plaie encore, juste un peu plus fort.
But what happened to you, Charlie? What the fuck happened?
Elle aurait pu se contenter de ça, pourtant elle choisit l'attaque. Le sarcasme - comme à chaque fois que les choses lui échappent, elle se retranche derrière son mur, des silences et une indifférence feinte.

Une âme plus sensée se serait doutée que le this ne passerait pas très bien, qu'on n'identifie pas l'enfant à naître d'une femme enceinte à une conception abstraite, un truc sans forme ni contours. Ariel lâche un discret soupir, mais si elle reconnaît son erreur, si elle a conscience de sa maladresse, elle ne le montre pas, hausse imperceptiblement les épaules - peu importe.

La riposte arrive rapidement, et la blonde égrène les mois au fil de ses questions, résume leur chronologie en quelques phrases, en quelques mots: when we didn't say a word. Ça pique, suffisamment pour qu'Ariel se redresse sur sa chaise, sa bouche transformée en une ligne par ses lèvres serrées, ses sourcils haussés sous l'effet de la dernière question. "When I left you?" qu'elle demande, l'air outré et pour une fois pas feint - et on pourrait s'arrêter là-dessus, se dire que le seul truc qu'elle retient des mots douloureux de sa voisine c'est l'accusation qui la vise directement, le reste semble secondaire. Parce-qu'elle sait que le blâme est justifié, pourtant l'impulsion de se défendre est trop forte - I left you because you pushed me away, did you forget that too? Mais le reste, oh, le reste, elle est prête à lui retourner ses arguments idiots un par un, à lui écrire un bouquin sur les mille et une raisons pour lesquelles oui, n'importe lequel de ces approximatifs 123 jours passés entre juin et novembre aurait été une date décente pour lui dire qu'elle avait un autre être humain en train de grandir dans le ventre. Mais elle ne va pas plus loin, les répliques corrosives fanent sur le bout de sa langue car Charlie ne lui laisse pas davantage l'espace de se plaindre; elle continue sur sa lancée, butant sur le terme maudit. Yeah, sexfriend - you sang stupid song lyrics at me to send me mixed messages, and you said we were impossible. So what did you expect?

Elle a rejoué la scène 150 fois dans sa tête, Ariel, comme une cassette VHS rayée qui repasse en boucle la même scène sous les yeux fatigués du spectateur. Les dialogues, leurs réactions, le battement d'aile d'un papillon qui a déchiré en quelques secondes ce qu'elles avaient mis des années à construire. Mais la scène ne peut plus se rejouer et le rideau est tombé depuis longtemps, ne reste sur leurs mains que les poussières de cendre du brasier tragique. Elle a rapidement compris que ça ne servirait à rien de chercher les pourquoi, de se demander comment. Le rejet de Charlie, en revanche, elle ne l'oublie pas et l'impression de trahison subsiste quelque part dans les méandres de ses pensées.
Alors, reprenant la même attitude, elle lève les yeux au ciel, accentue un peu le côté dramatique de la chose pour signifier à Charlie que ouais, peut-être, c'est bien ce qu'elle aurait dû faire.    

Et puis, les questions tombent et ne se ressemblent pas, et Ariel n'a rien d'une sirène lorsqu'elle se noie parmi les interrogations agressives de la blonde.

Mercy? Oh darling, there's no mercy around here.

Il ne s'en faut pas de beaucoup pour que la colère jaillisse brutalement, d'un simple coup porté au bon endroit par la sauvagerie de Charlie. Chaque phrase, chaque interrogation ponctionne ses poumons et ce qui en sort n'est pas beau à voir,
La colère passe au premier plan.
If I really seem happy hence it only proves you still don’t know me.
Et son esprit n'en finit pas de tourner, de retourner. Elle est acculée et elle déteste ça, c'est viscéral. Elle a le dos au mur, littéralement, et on la somme de s'expliquer.
Elle voudrait s'extraire les sentiments des tripes, et les lui balancer à la figure dans un mélange cru de sang et de fluides. Elle voudrait les voir anéanties, ces émotions qui bouillonnent trop rapidement, et ce rouge inhabituel qui lui monte aux joues. Ariel n'a aucune considération pour les regards toujours plus ébahis de leurs comparses malades, ni pour l'agitation qui se crée lorsque la secrétaire fait irruption dans la pièce, leur sommant de baisser d'un ton car ce n'est pas une foire.
James ne daigne même pas lui accorder une seconde d'attention, toute à sa fureur qui se contient de moins en moins ; toute à ses mots maladroits qui sortent trop vite, faute de pouvoir les assimiler correctement.  

"Stop shouting at me! Holy shit what on earth is wrong with you? Oh and fuck off with your drama, you know I don't give a shit about what people say. I never did and as far as I'm concerned you can have two or ten boyfriends, I couldn't care less. Not quite true, mais ce n'est pas le sujet. You're twisting my words and that isn't fair. Et Ariel a ce qui est juste au coeur, selon son propre compas moral. Charlie qui reprend sa détresse de la dernière fois pour la gifler avec, ce n'est pas juste. By the way you don't look happy, you look like shit. Better now? You look like shit and you're saying shit. L'intonation montante n'est pas volontaire mais l'émotion est une vague sur laquelle Ariel ne peut, pour une fois, pas surfer. Y'a pas de maîtrise, sa façade de connasse cynique se fissure en mille et unes brèches sous l'effet du tsunami. I'm not jealous for fuck's sake, I'm upset! I'm upset that you though that the dumb fight we had six fucking months ago was more important than telling me about the human growing in your belly! I know I'm not the best person around but I could've, like, helped you? L'idée est franchement risible, mais là encore, ce n'est pas la question. See? Don't tell me I have a place in your heart when you didn't have the guts to tell me about your pregnancy. But the problem isn't even you being pregnant, the problem is you throwing away everything you had with it! You had the fucking world at your feet, Charlie, and you're wasting it."

C'en est trop.
Ça déborde.
C'est drôle, non? Y'a que Charlie qui lui fait ça. Qui la fait se tordre et souffrir, qui l'oblige à dire ce qu'il y a sur son coeur sous peine d'en crever.
D'habitude, Ariel garde tout pour elle et c'est beaucoup, beaucoup plus simple de feindre l'indifférence que de mettre les mains dans le foutoir des émotions.

"Remember? You had those ideals bigger than yourself, when I first met you nothing or no one could stop you from doing your thing. And all of this you’re letting go? Just because you're having a rough time? Les cris s'atténuent et la colère graduellement se transforme en mépris, furtif, mais présent. Toutes les pensées accumulées au cours de ces dernières semaines dévalent ses lèvres et son ton est dur, plus dur qu'elle ne devrait. Spoiler: everyone has a rough time. Life is shit, people are shit and you can only ever count on yourself. Leçons de vie d'Ariel James, 101. Pas besoin d'avoir fait de longues études ou d'être calé en philosophie pour savoir ça. And you can scream and run and fight and ultimately fuck up your own life, however it's not just about you anymore. Elle se calme un peu, comme pour faire ressortir l'évidence dans le labyrinthe de ses pensées. I spend enough time around shit people to know that it's too late for some of us, but it isn't for you."

Et puis elle se replie au fond de son siège, les bras croisés. "I don't know what we were, all I know is that you used to give me hope and make me dream; yet you've shut me out and you're blaming me for being angry about it."

L'attaque comme dernier rempart,
Elle ne sait pas défaire les noeuds, Ariel, alors sans vraiment le vouloir, elle tire encore plus fort aux deux extrémités et resserre l'amas de fils enchevêtrés.
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Message(#) Sujet: Re: hell is so close and heaven's out of reach | chariel hell is so close and heaven's out of reach | chariel  EmptyMar 19 Nov 2019 - 22:25


Chacun de ses muscles est tendu et ses mâchoires sont serrées au maximum. Elle aurait aimé n’avoir à dire que des mots tendres à Ariel mais la vérité c’est qu’aucun ne lui vient à l’esprit en cet instant. La rage l’emporte. L’autre femme a toujours été très douée pour la rendre folle en quelques mots, en quelques secondes. Le simple fait de reprendre ses paroles avec un air outré l’énerve. Sa simple présence n’est pas sans conséquences non plus, ni même le fait qu’elle vienne troubler le calme apparent de sa vie en faisant une scène au beau milieu d’une salle remplie d’inconnus. La secrétaire les rappelle à l’ordre et elle passe aussitôt dans la liste des gens que Charlie déteste, cette même liste dont Ariel fait parti - en parallèle de la liste des personnes qu’elle estime le plus sur cette Terre.

Les hostilités reprennent de plus belles, c’est au moins une chose dont elles ont l’habitude et qu’elles savent gérer. Se faire du mal. "Holy shit what on earth is wrong with you?” Tu devrais poser la question inverse, Ariel, la réponse serait bien moins longue. "As far as I'm concerned you can have two or ten boyfriends, I couldn't care less.” Tu mens. Tu mens Ariel, t’es une menteuse. Charlie le sait, Charlie essaye de s’en convaincre mais ce n’est pas une tâche aisée alors que son amie (ce qu’il en reste, du moins) lui affirme le contraire en la regardant droit dans les yeux - regard que la blonde esquive. Elle fulmine déjà de l’intérieur et a perdu le peu de self control qu’elle tentait de regrouper depuis leur dernière entrevue. Une langue rageuse passe par dessus ses dents.

You're twisting my words and that isn't fair. You’re twisting my mind and my mind, that’s not fair either. Rien n’a jamais été juste entre elles. Depuis le début, depuis la première seconde, depuis l’instant de leur rencontre ; rien n’a jamais été juste. Pourquoi est ce que tout reviendrait à la normale aujourd’hui alors qu’aucune ne fait d’efforts pour que ce soit le cas ? By the way you don't look happy, you look like shit. Better now? You look like shit and you're saying shit. ”Well, we finally have things in common.” La blonde ne parle que lorsque ses paroles ne peuvent que faire mal, garde pour elle tout ce qui pourrait persuader Ariel qu’elle n’est pas une personne parmi tant d’autres dans son cœur. Elle garde la vérité bien caché parce qu’il sera toujours plus aisé de se faire du mal que d’essayer de recoller les morceaux.

I'm not jealous for fuck's sake, I'm upset! I'm upset that you though that the dumb fight we had six fucking months ago was more important than telling me about the human growing in your belly! I know I'm not the best person around but I could've, like, helped you? Help me ? ‘bout what, Ariel ?” Elle la cerne trop bien, trop vite. Ca effraie Charlie mais jamais ô grand jamais cela ne saurait la remettre en question. ”I don’t need you and I don’t need your help.” Elle est la cause de beaucoup plus de maux qu’aucune des deux ne voudraient l’avouer. Le mal a été fait et leur attitude bornée fait que cela ne saurait être réparé. Des excuses (qui n’arriveront jamais) n’y changeraient rien. ”Don’t pretend you care about me or the baby.” Si elle affirme le contraire cela remettrait bien trop de choses en cause pour que cela soit sain. Comme si sa relation avec Ariel, peu importe ce qu’elle est, a un jour été saine. ”See? Don't tell me I have a place in your heart when you didn't have the guts to tell me about your pregnancy. But the problem isn't even you being pregnant, the problem is you throwing away everything you had with it! You had the fucking world at your feet, Charlie, and you're wasting it." Fuck you, fuck you, fuck you. Ca la tue qu’elle arrive toujours autant à la cerner même quand elle doit rattraper six mois de vie en un temps record et qu’il lui manque un nombre incalculable d’informations. La vérité c’est qu’Ariel la connaît parfaitement et que cela lui sert seulement à planter ses couteaux là où ça lui fait le plus mal, là où ça la tord de douleur sans jamais la tuer. Ce serait un échappatoire bien trop facile.

C’en est trop pour la jeune femme qui ne supporte déjà plus d’être enfermée et qui rejette la cause de son manque d’air sur tous les yeux rivés vers elles. Elle a besoin d’air frais autant qu’elle a besoin d’être seule avec Ariel. Elle se relève subitement, ne donne d’autres choix à la journaliste si ce n’est la suivre alors qu’elle entoure son poignet de ses doigts - le geste le plus doux qu’elle ait eu à son encontre depuis six mois. Elle boitille, elle a mal, et peu importe. Charlie n’en a égoïstement rien à faire. La porte de la salle claque derrière elle et la jeune femme relâche sa main en même temps qu’elle entend le bruit sourd. Elle passe ses mains dans ses cheveux, souffle longuement avant de se retourner vers James ; toujours aussi belle. Fuck you for that too. ”I don’t care about the world Ariel. You know a lot of things but you don’t wan’t to see what’s fucking obvious.” Tellement fucking obvious que Charlie ne veut pas le lui dire non plus, son ego lui refuse d’exprimer à voix haute qu’à défaut d’en avoir quelque chose à faire d’avoir le monde à ses pieds elle voulait seulement Ariel à ses côtés. Ca semblait si simple. ”Why couln’t you be happy for me ? Just for once, for God’s sake.” Prétendre que tout se passe bien, essayer d’être des personnes normales arrivant à se rencontrer sans que tout ne vole en éclats.

Certains ont tenté de mettre Charlie face à ses erreurs mais Ariel ne fait pas ça, elle les lui fait imprégner à coups de couteaux. "Remember? You had those ideals bigger than yourself, when I first met you nothing or no one could stop you from doing your thing. And all of this you’re letting go? Just because you're having a rough time?” Yeah I do remember, I think I was there too. Cette époque où Ariel était son Dieu, son Maître, son idéal vers lequel elle ne cessait de tendre. Elle était tout pour elle, absolument tout, dans tous les sens du terme. Il y a quelques mois de cela encore et depuis le monde s’est écroulé. ”Why do you blame me when you’ve done the very same mistakes ?” Son esprit vrille, elle se bat contre des moulins en les pensant dragons cracheurs de feu, elle cède du terrain sans s’en rendre compte. Mistakes. Elle le dit elle même. De grosses erreurs qui auront des conséquences pour le reste de sa vie. Ses choix ont été de monumentales erreurs et elle déteste que ce soit Ariel qui le lui dise, parce que venant d’elle elle sait qu’elle pense réellement ses mots.

Les mots qui s’ensuivent ne sonnent que trop vrais, trop sincères, trop bien placés pour que cela ne fasse pas mal. A nouveau. Tout dans cette discussion fait mal ; du visage d’Ariel qui se tord à son ton qui monte, à l’air qu’elle expire de ses narines en signe de mépris jusqu’à son genou qu’elle ne pense même plus à soigner désormais. A défaut d’avoir de l’espoir pour elle même elle a utilisé ses dernières forces pour les transférer chez Charlie et c’était une très, très mauvaise idée.  "I don't know what we were." ”I don’t know that either but what I do know is what we could have been.” "All I know is that you used to give me hope and make me dream." You were my hope, you were my dreams. You were the reason why I didn’t have two or ten boyfriends, and not even one.” You were the only fucking one. And you knew it. "You can't just come back now, not when I'm trying to get my shit together." Le ton de la jeune femme se calme enfin pour sa dernière phrase et elle se laisse glisser le long du mur, épuisée.

Now what ?
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Message(#) Sujet: Re: hell is so close and heaven's out of reach | chariel hell is so close and heaven's out of reach | chariel  EmptyMar 10 Déc 2019 - 15:42


On oppose souvent la guerre à l'amour,
Mars à Venus,
Le sang versé, les cris de rage et les bruits de bataille, les blessures infligées et la furie incandescente pour la victoire ; on leur oppose la douceur d'une caresse, les murmures bas des amoureux, les espoirs retrouvés, l'ivresse romantique et le plaisir des sens.  
And that's bullshit,
it's two sides of the same coin.


Ariel fait les deux, tout le temps, constamment.
Elle s'épanouit plus dans la guerre que dans l'amour, c'est un fait; n'appréhende toujours pas très bien cette notion vague d'attachement qui s'accommode mal de ses pulsions de liberté. Mais ça ne l'empêche pas d'aimer, brièvement, fortement, de vouloir être aimée aussi - même si elle préférerait agoniser plutôt que de l'avouer. Le résultat est le même cependant: à chaque rencontre elle revêt un uniforme de fer et de feu, et se munit d'une épée et d'un bouclier pour parer les coups les plus violents et les sentiments qui risquent de l'embraser; pour transpercer le coeur des armées d'en face et les empêcher de trop s'avancer. Elle est une guerrière sans courage émotionnel, frappe à l'instinct, prend et prend et prend sans jamais rendre la pareille. Ce qui compte est l'instant de la victoire, la jouissance de la conquête, profiter de ce qui vient. Puis, abandonner le champ de bataille; parfois, revenir chevaucher sur les terres conquises.
Mais jamais elle ne signe d'armistice.  

Et sans se tromper, le fiasco qui se déroule sous ses yeux est bien une bataille dans laquelle elle s'illustre assez piètrement. Ce serait idiot d'en vouloir à Charlie de se montrer aussi féroce, de riposter avec l'éclat furieux de ses yeux bleus, de se défendre contre les assauts injustes et amers de l'australienne. Mais Ariel est une idiote - on le lui a assez répété et elle va finir par le croire - et encaisse coup sur coup sans pour autant prendre le temps de panser ses blessures. La sentence finit par tomber, un coup de masse supplémentaire qui explose les fragments de son coeur, mais au lieu de se plier sous l'impact du choc, elle se redresse encore, le menton haut, toutes dents sorties.
C'est une guerre sans merci pour deux coeurs.

I don’t need you and I don’t need your help.
Don’t pretend you care about me or the baby.


Elle voudrait hurler de rage ou de rire, ses muscles frémissent sous l'énergie dangereuse et physique de la colère qui se répand doucement dans ses veines. Elle lui offre pratiquement des excuses et une raison sur un plateau d'argent, se retrouve encore une fois mise à la porte. Alors elle redouble d'agilité, vicieuse, pour laisser entrevoir sa vérité. Elle ne sait pas manier les sentiments, Ariel, mais lorsque la fuite n'est plus une option il lui reste l'attaque. Elle a pour atouts le franc désespoir de ceux qui n'ont plus rien à perdre, la résignation imbécile des laissés pour compte et l'expérience cruelle des déceptions humaines. Quinze ans qu'elle se rôde à l'art de la guerre, Ariel. Même la brutalité honnête de ses propos est une diversion pour détourner Charlie du fond du problème (elle). C'est une leçon savamment apprise: n'avance jamais à découvert - de toute façon lire entre les lignes n'est simplement pas une option dans cet espace-temps présent et pourtant irréel où tout s'enchaîne trop vite, où elles répondent à leurs frappes sans se laisser de temps mort.

Ses yeux verts dardent sur la fille aux cheveux de feu une lance acérée, et elle brûle, Ariel, elle brûle et sa légendaire nonchalance se fissure, fond sous la chaleur des émotions. Elle discerne la panique dans le regard de Charlie, le sentiment d'être prise au piège - une personne sensée s'arrêterait, et ce serait magnanime que de lui accorder une grâce. De mettre fin au massacre, d'opter pour une option plus diplomate... précisément ce qu'elle n'est pas.
Tout se déroule en une fraction de seconde et Ariel n'a pas le temps de comprendre ce qu'il se passe, sa silhouette maigre déjà levée par la force de Charlie, ses doigts ancrés autour de son poignets laissent une douce brûlure sur sa peau. Sans avoir pu anticiper ce revirement, Ariel prend par réflexe appui sur son genou blessé et la douleur lancinante lui arrache une grimace, peut-être même une exclamation qui passe inaperçue dans le brouhaha qui les accompagne vers la sortie.
Désormais gladiateurs hors de portée des spectateurs, Charlie a choisi le combat intime en face à face. La température vient de baisser de dix mille degrés, et étrangement, sans les dizaines de paires d'yeux scrutant leurs gestes et s'amusant de leurs paroles, elle se sent soudain nue et terriblement exposée face à l'expression de marbre que lui offre Charlie. Elle a un mouvement de recul, un réflexe: elle sait d'expérience que ses tête à tête avec la jeune femme sont toujours mille fois plus dangereux pour elle.

"You know a lot of things but you don’t wan’t to see what’s fucking obvious." Yeux verts se plissent, sa poitrine se soulève, l'air passe mal dans ses poumons. Les questions se bousculent et non, non, elle ne voit pas. Elle ne sait même pas ce qu'elle ne voit pas. "I can't, I won't be happy for you because you are not happy for yourself!" Intonation défensive dans son cri. C'est mauvais signe. C'est un recul, c'est une première défaite. Car elle n'en est pas certaine - elle voudrait que ça soit le cas, elle voudrait que Charlie ne soit pas heureuse pour justifier sa propre attitude exécrable envers elle. Elle voudrait pouvoir se draper dans la justification de circonstance, passer pour le héros - je ne peux pas être heureuse pour toi si toi-même tu ne l'es pas, c'est une phrase de poète, c'est une phrase vicieuse pour lui donner raison. Car s'il n'en est rien alors Ariel perd tout, et Charlie l'abandonne à sa solitude pour un bonheur difficile et fort dans lequel elle n'a de toute évidence pas, ou plus, de place. Et elle ne peut rien faire pour lutter contre.

L’espace d’une seconde, elle  pense pouvoir retourner la situation, prendre le dessus, tout réparer en abimant Charlie à coup d'accusations malignes, mais ce qu'elle n'anticipe pas non plus, c'est la riposte finale,
Quelques mots qui font un trou aux contours bien nets dans son coeur et dans sa tête,
Et qui ouvrent la boîte de Pandore.

Why do you blame me when you’ve done the very same mistakes?

Elle ne s'y attendait pas. Pas venant de Charlie, en tous cas. Et elle blêmit, Ariel. Perd sa belle assurance, perd son aura d'héroïne tragique et mal-aimée. Elle recule de quelques pas, son dos cogne contre le mur derrière. Son coeur menace d'exploser et sa bouche devient sèche. Ses sentiments atteignent le paroxysme de la confusion et elle ne sait plus ce qu'elle doit ressentir, les signaux se mélangent et lui font tourner la tête. "Because you still can be saved." Sa voix rauque est presque inaudible, la confession jaillit sans préméditation.

Elles sont pathétiques. C'est un drame en trois actes et la scène finale plonge la pièce dans le silence, les larmes invisibles ruissellent sur leurs joues et leurs douleurs exacerbées ont eu raison de leurs forces. Avec une douceur presque indécente, Charlie assène le dernier coup fatal à l'arrogance d'Ariel.  

I don’t know that either but what I do know is what we could have been. You were my hope, you were my dreams. You were the reason why I didn’t have two or ten boyfriends, and not even one.

Ses jambes se dérobent sous elle et elle s'effondre au sol une seconde avant que la silhouette gracieuse de son adversaire ne l'y rejoigne.

You can't just come back now, not when I'm trying to get my shit together.

Ariel reste muette longtemps. Le temps, sans doute, de ramasser les éclats du masque de son indifférence, de les recoller et d'apposer cette fausse expression sur son visage tailladé par les rides de la peur et de la colère.

"And what is that supposed to mean?, demande-t-elle finalement, sans chercher à dissimuler l'extrême lassitude dans sa voix. Charlie veut tout et son contraire et Ariel n'ose pas comprendre le sens caché de sa dernière phrase. Because if you're shutting me out again, Charlie, if you're telling me that you'd rather be left alone to live this life, then I will leave." Triste menace qu’elle ne prononce qu’une seule fois- elle a l’habitude de ne pas se répéter. Et visiblement, Charlie semble convaincue du bien fondé de ses sentiments. Ariel lui jette un dernier regard: le bleu de ses yeux est froid, ses traités tirés. C’est un ultimatum que la blonde lance, un pari sur leur avenir, si tant est que ce mot s’applique encore à elles.

Bluffe-t-elle? Elle-même l’ignore. Mais à l’instant, elle est exsangue, son cadavre presque rendu à son dernier soupir. En quelques minutes elles sont montées à l’assaut de toutes leurs forces. Mais Ariel ne négocie pas l’armistice, elle ne se rend pas. Y’a pas de drapeau blanc qui tienne pour les mercenaires de la passion: si les conditions de Charlie sont irrévocables alors elle laissera son cœur et une partie de son âme sur le carreau ; elle partira sans se retourner, drapée du voile lugubre de la disgrâce tragique des amants éconduits, brisée, abandonnée une fois de plus. Jamais le premier choix, elle sait d’avance que la prophétie maudite de sa vie va une nouvelle fois trouver à se réaliser. Trop heureuse de fracasser la raison et le bon sens sur l’autel de la facilité - c’est toujours la faute des autres.

Dans un ultime sursaut - pas question de périr sans s’entretuer, l’australienne esquisse un rictus, murmure encore un proverbe à l’ironie cruelle.  

"And you know, your wish is my command."
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Message(#) Sujet: Re: hell is so close and heaven's out of reach | chariel hell is so close and heaven's out of reach | chariel  EmptyMar 17 Déc 2019 - 12:19


Si cette histoire était contée dans n’importe quel livre elles auraient eu le droit à la description du ciel et du sol s’ouvrant en même temps, d’éclairs devant leur seule source de lumière dans l’obscurité, de grondements du tonnerre incessants. Elles auraient eu une quantité infinie d’artifices pour seulement souligner une fois de plus qu’elles ne sont que deux aimants incapables de se lier.

Ce n’est pas parce que les mots et les gestes sont semblables que Charlie a appris à avoir moins mal avec le temps, bien au contraire. Elles se contentent de rouvrir les mêmes plaies encore et encore et la douleur n’en devient que plus forte avec le temps qui passe. Ariel veut sauver tout le monde mais n’a déjà plus aucun espoir pour son propre sort ; Charlie veut sauver tout le monde en oubliant qu’elle aussi aurait besoin d’aide. Tout part d’une bonne intention, sûrement, mais il faut avouer que le résultat est seulement catastrophique. "Because you still can be saved." La blonde souffle, la blonde lève les yeux au ciel. Une fois encore, ce n’est pas ce qu’elle veut. Une fois encore, Ariel retourne le problème et s’emmêle les pinceaux en pensant agir pour le bien de tous.

Le masque de la belle Ariel tombe et le coeur de la blonde se brise. Elle joue aux grands, elle a les mêmes mots qu’eux, mais jamais ô grand jamais elle ne voulait la mettre à mal. Tout ce qu’elle a dit a largement dépassé sa pensée. Elle ne veut pas rejouer la même scène qu’avec Tim, elle ne veut pas devenir le bourreau d’une seconde personne alors qu’elle n’a jamais aspiré à ce genre de rôle. Certains le font bien mieux qu’elle et elle leur délègue cette tâche avec plaisir. Charlie n’a toujours cherché qu’à apaiser les douleurs et calmer les tensions mais désormais elle se doit d’avouer qu’elle est d’une piètre aide dans ce genre de situations. Elle est l’huile sur le feu, rien d’autre. Et voir le feu d’Ariel être mis à mal sous ses yeux lui fait du mal. La voir choir la brise intérieurement parce que jamais elle n’aurait cru ça possible. Son aînée a toujours représenté la force de caractère qu’elle n’aurait jamais, cette conviction qu’elle déteste mais dont elle connaît au moins la valeur. Ariel a toujours représenté énormément de choses, sans doute trop, mais jamais la défaite.

Because if you're shutting me out again, Charlie, if you're telling me that you'd rather be left alone to live this life, then I will leave." Au tour de la blonde d’être pressant et de perdre tous ces moyens. Elle sous entendait sans doute un millier de choses dans ses paroles, mais pas celle ci. Pitié, pas encore. ”No !” Elle hurle presque, pressante. Ses yeux supplient les siens, son expression est tirée par l’inquiétude plus que par n’importe quel autre sentiment. Elle restera à jamais cette femme qui ne sait pas ce qu’elle veut mais, égoïstement, elle veut continuer à être indécise avec la blonde à ses côtés. Elle la présentera comme une amie, ça sera la version courte, la version censurée, la version politiquement acceptable pour tout le monde. Ariel, son amie qui a été tout et rien ; plus tout que rien.

La plus jeune lâche la première, énième preuve qu’elle n’a pas le courage dont elle aimerait être dotée. Ses yeux lâchent ceux d’Ariel au même moment où elle a cet horrible sourire victorieux, celui qui lui donnerait presque envie de faire volte face dans ses propos et de lui ordonner de partir, de lui dire qu’en effet elle la bannit de sa vie une fois de plus. Elles vont en perdre le décompte, à force.

"And you know, your wish is my command."
Fuck you.

Aucune réponse, seulement ses genoux redressées vers sa poitrine et ses doigts qui jouent entre eux, ses phalanges qui craquent lorsqu’elle les pousse à bout. Ses paroles font mal mais sans doute pas autant que les siennes ont heurté Ariel, alors elle ne dit rien. Pour la première fois depuis longtemps elle encaisse en silence parce qu’elle a peur d’aller trop loin encore une fois. Pour Ariel elle est prête à beaucoup, notamment ranger son ego et ses incertitudes un temps. Même Tim n’avait pas eu le droit à ce traitement de faveur, seule elle arrive à la pousser dans ses retranchements avec une aisance si déconcertante. Si elle le voulait, elle pourrait faire n’importe quoi de Charlie. Absolument n’importe quoi.

”What happened to your knee ?” Tentative maladroite de prendre de ses nouvelles et rattraper le temps perdu. Son ton est redevenu neutre même si son expression reste encore largement altérée. Elle a besoin de plus de temps pour se calmer, pour se remettre de ses émotions. ”I wish you can be happy too. That’s all I want.” Une dernière fois, elle avoue, fatiguée de tout.
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Message(#) Sujet: Re: hell is so close and heaven's out of reach | chariel hell is so close and heaven's out of reach | chariel  EmptyJeu 26 Déc 2019 - 17:11


Peut être qu’elle a raison, Charlie, au fond.

Peut-être qu’Ariel se fiche d’elle et de son enfant à naître et que tout ce qui l’intéresse, égoïstement, c’est de retrouver Charlie dans ses draps pour qu’elle la fasse rêver. Pour qu’elle lui donne à nouveau de l’espoir. Elle ne comprend même pas comment l’inverse pourrait être possible, et elle sait que même si le temps guérit toutes les blessures, la cicatrice de son aveu restera un souvenir lancinant de cet épisode terrible. Elle est vide, Ariel, ce n'est pas compliqué à comprendre pourtant. Elle est vide, elle laisse la vie lui passer entre les mains, elle a trop peur de prendre une décision pour rendre son quotidien meilleur. Elle s'enferme dans ses propres contradictions, se laisse envahir par sa propre lâcheté parce-que c'est plus facile de donner raison à tout le monde. Elle s'contente d'être spectatrice de la vie des autres, de les voir avancer, évoluer, partir. Trente ans bientôt et ses nuits qui se ressemblent à côté de corps dont les visages ne marquent pas son esprit, son esprit brouillé par l'ivresse perpétuelle. Elle pourrait avoir un problème d'alcool que ça ne la surprendrait pas, elle ne vit que pour ces cheap thrills aux dérives déjà connues.

Mais Charlie n'est pas comme elle, Charlie brûle d'une étincelle à laquelle Ariel interdit de s'éteindre, de vaciller. Et pourtant, elle a l'impression que sa volonté ne suffira pas, cette fois. Parce-qu'elle essaie maladroitement de le lui dire ; you can be saved, tu n'es pas obligée de te laisser aspirer par ce trou noir ; et que la belle aux yeux bleus soupire. C'est sans issue, alors? Charlie va se laisser couler et Ariel, depuis les profondeurs où elle réside déjà, va assister, impuissante, au naufrage. Pas exactement une conclusion heureuse, mais elle se fait à l'idée que ça ne sera jamais leur destin.

Alors elle lui lance son ultimatum, car si Charlie sombre, Ariel ne veut pas la regarder toucher le fond. Elle l'a déjà trop vu, elle a vu trop de personnes abandonner, l'abandonner. Si sa belle décide de rejoindre le camp des lâches auxquels elle-même appartient, elle préfère s'épargner le processus... même si elle doute pouvoir y parvenir vraiment: depuis toutes ces années Villanelle s'est greffée au coeur d'Ariel, elle y a laissé son empreinte et ce serait un déchirement que de s'en détacher. Elle attend la réponse alors que le battement de son coeur lui parvient, frappe sourdement dans sa tête, résonne dans son corps, et le cri de Charlie taille le voile qui s'abaisse dans son esprit. Non. Non?  
 
Elle attend, rien ne vient. C'est juste un non. Ce n'est pas une alternative, ce n'est pas une proposition, seul un état de fait qu'elles partagent toutes les deux qui n'apporte aucune solution. Ariel soupire à son tour. En face, Charlie a ramené les genoux vers sa poitrine, se protège physiquement. Les jambes d'Ariel, elles, sont étendues sur le sol, sa blessure au genou visible - le cadet de ses soucis. Elles se dévisagent un instant dans le silence qui les enveloppe. Et vraiment, y'a rien à dire. Y'a rien à faire. Ariel voudrait presque que la scène coupe et qu'on les retrouve dans un autre décor avec d'autres personnages pour s'épargner la suite, incertaine, fragile. Et puis d'une voix étonnamment calme, Charlie s'enquiert de son genou - la raison de sa présence ici qu'Ariel avait oublié. Haussement d'épaules, again. Elle hésite à lui répondre que c'est une attaque de requin, une balle perdue, un coup de couteau, un truc tragique, un truc dramatique. "Skate accident. But it's not as bad as it looks, it doesn't really hurt." Moins que les mots de Charlie, en tous cas. Elle prend le parti de la vérité, au point où elles en sont, ça ne change pas grand chose. Elle ne sait pas pourquoi elles continuent à s'infliger ça.

Et Charlie d'en remettre une couche. Sérieusement? Ça ne tire à Ariel qu'un rictus cynique. "Yeah, well, don't we all?" Heureuse, Ariel l'est, parfois. Elle l'est lorsque le ciel est clair et qu'elle vogue au milieu des vagues, lorsque son corps est immergé, lorsqu'elle maîtrise sa planche loin de la terre ferme. Elle l'est dans les salles de cinéma obscures, lorsque d'autres vies que la sienne se déroulent sur grand écran. Elle l'est en compagnie d'Edge lorsqu'ils rient ensemble comme les idiots qu'ils sont ; elle l'est en compagnie de Dimitri lorsqu'il la regarde et lui rappelle qu'elle a un jour été innocente. Elle l'est lorsque elle atteint l'ivresse, lorsque l'alcool débloque ses inhibitions, lorsqu'il n'y a plus de conséquences à ses actes. Elle l'est le soir lorsqu'on la touche, lorsque le plaisir des sens atteint son paroxysme. Elle l'est lorsqu'elle se laisse happer par l'insouciance des moments entre amis. Mais ce ne sont que des moments volés.

Seule, elle n'a pas l'impression d'être heureuse.
Elle se convainc du contraire, le déni est devenu avec le temps l'une de ses spécialités - sûrement un trait de famille.

"You should go to your appointment now, dit-elle en désignant le ventre de Charlie du menton. It's a priority. Parce-que si Charlie se lève et rentre dans le cabinet du médecin, ça laisse le champ libre à Ariel pour s'éclipser sans bruit, essuyer une défaite sans humiliation supplémentaire. I'm just gonna stay here waiting for happiness to knock at my door." Et si elle pouvait mourir d'une putain d'infection entre temps, ça la soulagerait presque.

De toute façon, la partie est terminée, et ce n'est pas totalement un échec. C'est pire.
C'est un match nul.

- RP TERMINÉ -
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