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 don't look back in anger (harvey)

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Message(#) Sujet: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptySam 9 Nov - 18:26


don't look back in anger
But now he lives inside Someone he does not recognize. When he catches his reflection on accident, On the back of a motorbike With your arms outstretched trying to take flight, leaving everything behind
 
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Religieusement, le souffle coupé pour ne pas tout foutre en l’air, Lonnie Hartwell avait déposé la dernière carte sur le tapis vert de la table, dévoilant un valet rouge formant une paire parfaite avec son frère jumeau posé sur la table devant les joueurs. Levant les bras dans un signe de victoire digne d’un écolier ayant remporté une partie de billes le flic avait haussé un sourire ses lèvres avant d’attraper les billets présents sur la table, une maigre compensation qui ne suffirait même pas à payer son électricité mais qui avait quand même le mérite de le rendre heureux. « Chance du débutant Hartwell. » Que Morris avait conclu en tapant nerveusement du poing sur la table. Il n’avait peut-être pas tords après tout, Lonnie n’avait jamais été un expert en poker bien qu’il ait mis un point d’honneur à en apprendre les règles dans une vague tentative de socialisation, et jamais auparavant il n’avait remporté une si grande mise. « Désolé messieurs, je penserai à vous en utilisant vos billets pour payer le restaurant. » Le bleu faisait le coq, se laissait aller à des commentaires qu’il n’aurait jamais sorti dans d’autres circonstances mais qui s’étaient glissés entre ses lèvres sans qu’il ne s’en rende compte. Il était rare de le voir à l’une de ces soirées et pourtant quand Morris lui avait proposé de se joindre à la petite troupe habituelle le flic n’avait pas hésité un seul instant avant de dire oui, conscient qu’il s’agissait là d’un test afin de savoir si il était apte ou non à faire partie du groupe, lui qui était d’habitude relayé au second plan. Les parties s'enchaînaient tout autant que les bières dont les cadavres venaient s’échouer sur le sol de la pièce, Lonnie ayant bu plus que de raison il s’était stoppé de lui-même en refusant d’un geste de la main la dernière bouteille tendue par un de ses collègues. Il était bien trop tard pour prendre des décisions à la vas vite même si l’ambiance de la soirée était propice à boire plus que de raison, et le flic savait très bien qu’il lui faudrait rentrer en vélo jusqu’à chez lui, autant y voir le plus clair possible pour éviter de se prendre un mur en pleine face. L’horloge s’approchant dangereusement de minuit Lonnie avait décidé d’écourter la soirée sous peine de piquer du nez sur la table et il avait, de toute façon, rendez-vous avec Harvey qui sortait du boulot et à qui il avait promis une bière dans le calme de son appartement afin de discuter de la visite de l’aîné à la prison. Enfourchant son vélo sous un vent léger Hartwell avait tout de même fait glisser ses doigts sur son téléphone pour prévenir son frère qu’il serait légèrement en retard compte tenu du fait que la route devant lui commençait à devenir floue. Jamais le dernier pour se resservir sans pour autant tomber dans les clichés du flic alcoolique Lonnie n’avait, pourtant, jamais connu de situation mettant en péril sa propre vie jusqu’à ce soir où il dû s’arrêter plus d’une fois pour éviter des piétons mais aussi des voitures fonçant à toute vitesse dans les rues de la ville. C’est qu’il était heureux en ce moment, le flic, et cette sensation de bonheur ne l’avait pas quitté depuis sa dernière soirée avec Romy qui avait découché sur une relation encore juvénile mais qui le rendait plus qu’heureux. Elle était parfaite, quand bien même son dressing avait la taille d’un petit appartement étudiant et qu’elle collectionnait les jouets happy-meal Lonnie n’arrivait pas à lui trouver de défaut et tout chez la petite blonde le faisait sourire. Les décharges électriques quand elle passait ses doigts autours des siens avaient pris la première place du podium des meilleures sensations du monde, et pour rien au monde il n’aurait voulu y mettre fin. Sourire aux lèvres le flic s’arrêta net devant son bâtiment en prenant soin de se pas s’attirer les foudres de la vieille voisine qui guettait jour et nuit que personne ne prenne sa place de parking alors qu’elle n’avait même pas de voiture. Mais rien, pas une seule lumière aux fenêtres du bâtiment et pas la moindre traces d’Harvey qui n’avait pas encore répondu au message de son frère. Lonnie avait grimpé les marches difficilement, une main toujours en appuie sur la rambarde pour ne pas dégringoler dans l’escalier et risquer de se briser la nuque, premièrement, mais aussi pour ne pas réveiller les habitants de l’immeuble sous peine de se retrouver avec une lettre du syndic dans la boîte aux lettres. Le félin cracha dès le premier tour de clé dans la serrure, très peu heureux d’avoir été laissé seul sans rien à manger, n’adressant à Lonnie qu’un regard plein de mépris alors que ce dernier enlevait péniblement ses chaussures pour les lancer au hasard dans un coin de la pièce. « Oui c’est bon j’ai compris. » Pour seule réponse aux lamentations du chat qui avait craché de nouveau avant de prendre place dans la cuisine, attendant que son maître par interim daigne lui donner les restes de pizza traînant dans le frigo. Hésitant entre aller vomir pour se donner meilleure mine et s’affaler dans le canapé en prenant le risque de s’endormir Lonnie avait finalement opté pour ‘fumer une clope à la fenêtre en attendant son frère’ tout en jetant un regard noir au chat qui dévorait les dernières parts de pizza, tant pis pour sa fringale du soir. Il ne manquait plus à cette soirée qu’un frère aîné qu’il espérait être de bonne humeur, et même si il avait eu l’impression que la discussion avec Romy n’avait pas été de tout repos Lonnie gardait au fond de lui l’espoir que les deux arrivent un jour à s’entendre, parce qu’il allait passer de plus en plus de temps avec la jeune femme, et que son frère le veuille ou non il était grand temps de prendre en maturité et d’accepter le fait que Gail puisse un jour sortir de prison.

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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyLun 11 Nov - 12:10


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→ Sortant du Confidential Club après une soirée étrangement calme, je m’allume une cigarette tout en marchant vers ma bécane, las et fatigué. Mes courbatures sont affreusement douloureuses, si bien qu’il m’est difficile de ne pas grimacer à chaque pas que je fais. La semaine n’aura pas suffi à soigner toutes mes plaies, et mon corps est encore bien marqué par la violence des combats. Une semaine s’est écoulée depuis mon rendez-vous avec la conseillère de réinsertion au centre pénitencier pour femmes de Brisbane. Une semaine depuis que j’ai rencontré Romy Ashby et évoqué la possibilité que ma mère, Gail Hartwell, sorte de taule. Une semaine difficile et intense où il m’a fallu lutter de toutes mes forces contre l’envie subversive de me replier sur moi, puis contre celle de mettre les voiles et de disparaître. Heureusement, j’ai pu compter sur Terrence pour m’aider à garder les pieds sur Terre, pour me soutenir et me témoigner tout l’amour dont j’ai besoin pour ne pas disjoncter. Toute cette merde remue beaucoup trop de sentiments douloureux, et si j’ajoute à ces derniers la crainte que Clyde et sa bande se vengent de l’impétuosité dont a pu faire preuve Terrence lors des combats, je me sens oppressé et mal dans ma peau. Coincé au beau milieu d’un tas de sentiments qui s’entremêlent, fusionnent et se déchiquètent entre eux, je ne sais plus vraiment où donner de la tête. J’essaie, bon gré, mal gré, de me rattacher à ma routine quotidienne : aller au travail, en revenir, passer mes nuits et mes journées avec mon petit-ami dont la douceur m’apporte un peu de répit. Le vent souffle fort ce soir et mes cheveux sont rabattus vers l’arrière alors que je fixe d’un air absent la foule qui se presse encore devant le pub d’où je sors. Je récupère des heures ce soir, et j’en profite pour rendre visite à mon frère. Nous devons discuter de tout ça, de la procédure à suivre, de Romy Ashby et son professionnalisme, des prochaines étapes… De Maman. Dois-je réellement aller la voir, Lonnie ? Est-ce que c’est un passage obligatoire ? Dois-je affronter à nouveau ces longs couloirs froids qui ne m’inspirent rien d’autre que la mort de l’âme pour faire face à la mère que j’ai lâchement abandonné à son sort il y a plus de dix ans… Oh Maman… Il y a tellement de choses que j’aimerai te dire, tellement de choses que je n’ai jamais eu le courage de t’écrire, tellement de choses qui sont brisées en moi… Je l’ai vu tu sais ? Je l’ai vu te frapper, plus d’une fois. J’ai vu tes joues rougies par les baffes, tes cheveux emmêlés parce qu’il les avait tiré violemment, j’ai vu tes larmes rouler sur ton visage, j’ai vu ton corps se plier sous les coups et tes mains tenter en vain de protéger ton intégrité. Oh Maman… Il y a des souvenirs que j’aimerai avoir oublié, mais je n’ai oublié que les bons et pas les mauvais. Pourquoi ? Pourquoi la mémoire est-elle si sélective ? Pourquoi s’amuse-t-elle à me tourmenter au lieu de m’aider ? Je souffle brusquement la fumée hors de mes poumons, relâchant tout mon souffle alors que mes épaules s’affaissent. Putain… T’es toujours aussi tourmenté boy, t’as toujours autant mal et les années n’y changent rien. Je pensais m’être habitué à la douleur, je pensais pouvoir la dominer et la contrôler. Je me suis fourvoyé car il n’en est rien. J’ai mal, je souffre, mon cœur se serre constamment – pauvre organe à qui on en demande bien trop finalement et qui s’épuise à battre dans le vent – et mon ventre se tord. Et je ne sais pas comment m’en débarrasser. J’ai essayé les coups, j’ai essayé de faire sortir la colère et la rage mais ça n’a fait qu’empirer les choses. Et maintenant, je suis comme un con, à errer un peu mollement dans ma propre vie, sans trop savoir de quoi demain sera fait. Je suis dans l’attente, dans l’expectative que les choses avancent et changent et j’ai peur, réellement peur, de ce que l’avenir nous réserve. Tu vois ça comment, toi petit-frère hein ? T’es du genre optimiste ? Parce que j’vais avoir besoin qu’on positive tu sais, moi j’en suis tout bonnement incapable.

Je balance ma clope au sol et enjambe ma bécane. Casque enfoncé sur le crâne, je m’élance dans les rues de Brisbane en direction de Redcliff. Je vais au 27 ce soir, passer la soirée avec mon petit frère et la sensation est étrange. Curieuse et bouleversante mais plaisante malgré tout. Je ne suis pas tout seul à affronter ça. Nous sommes deux, déjà. Je dirais même trois, car Terrence est avec moi. Son soutien n’a pas de limite et c’est ce qui m’aide à aller de l’avant aussi. Je gare la moto après un relativement court trajet et lève les yeux vers l’immeuble où j’aperçois la silhouette du frangin à la fenêtre en train de fumer une clope. Par précaution, j’enroule la chaine cadenassée autour de la roue de ma bécane, puis grimpe les marches et monte à l’appartement de Lonnie. J’ai à peine le temps de frapper sur la porte en bois qu’il m’ouvre et je pénètre dans l’étroit appartement qui ressemble, étrangement, au mien. – Hey salut, ça va ? J’ai pas répondu à ton message, je me suis dit que je passerai directement, ce serait plus simple. Car moi et les téléphones nous entretenons une relation difficile. – Tu m’attends depuis longtemps ? Oh… Je me stoppe devant le maître des lieux qui me fixe d’un regard rond et curieux, avant de cracher en ma direction. – T’as un chat ? Il s’appelle comment la bestiole ? Il a l’air farouche ! Je m’accroupis devant l’animal qui offre une diversion bienvenue alors que toutes les émotions sont bien là, engluées et polluantes, étouffantes.  Je tends une main calleuse et abîmée vers le félin qui lance une patte griffue vers moi et je grimace. – Il est sauvage ou quoi ? Que je demande, un peu brutalement. Peut-être qu’il n’aime pas ma tronche, tout simplement.  A vrai dire, je fais un peu peur avec ma pommette gauche enflée sous un œil au beurre noir, ma lèvre fendue et gercée et mes mains dans un piteux état. Je me suis battu, clairement. C’est écrit partout sur ma gueule. Mais où ? ça, je me garderai bien de le dire. Je ne veux pas foutre Lonnie dans cette merde.  



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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyMer 13 Nov - 18:22


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Gail Hartwell avait passé une très (trop) grande partie de sa vie en prison et personne n’y avait jamais trouvé quoi que ce soit à redire, simplement parce que la justice avait décrétée qu’une femme comme la mère de famille ne méritait de vivre en dehors d’une cellule. Elle avait commis un meurtre, après tout, prémédité selon le juge qui avait énoncé la peine devant une salle comble venue témoigner de son soutien envers la mère de famille, alors oui, Gail avait mérité de se retrouver cloisonnée derrière des barreaux sans possibilité de voir ses enfants grandir. Pendant des années Lonnie avait vécu avec l’idée de se jamais revoir sa mère, se contentant des visites hebdomadaires pour montrer qu’il allait bien malgré ses cernes et son teint livide, et maintenant il réussissait à voir plus loin, à imaginer Gail dans un appartement en train de préparer le repas, la famille réunie autour de la table. C’était utopique, un rêve de gosse enfoui au plus profond de lui et qu’il n’avait jamais osé évoquer de peur de se faire couper les ailes. Il volait trop près du soleil Lonnie, trop près de cette idée qu’ils réussiraient à la faire sortir de prison, parce qu’il voulait y croire plus que de raison, parce que Romy le poussait à ne pas se laisser abattre et à faire son possible pour rendre à sa mère tout ce que la société lui avait pris il y a de ça des années. Accoudé contre le montant de la fenêtre le flic avait repoussé la fumée d’un geste de la main, observant du coin de l’œil le félin qui se délectait d’un reste de pizza aux peppéronis et qui irai se coucher dans le panier de linge sale une fois son repas terminé. Il fallait qu’il apprenne, le bleu, à voir plus loin que le bout de son nez et à sortir de cette zone de confort qu’il avait bâti au fil des années par peur de se retrouver à nouveau le cœur brisé par une injustice. Ça devait marcher, parce qu’il ne savait pas ce qui adviendrait de lui si on refusait à Gail une liberté qu’elle avait mérité, parce qu’il avait peur de ce qu’il pourrait devenir si il laissait la peur et la colère le consumer. Comme son père, Lonnie avait peur de devenir comme son père. C’était sans doute la bière qui le faisait broyer du noir et il se ravisa au dernier moment d’envoyer un message à Romy qui devait sans doute dormir compte tenu de l’heure tardive à laquelle il était rentrait, soit ça soit elle finissait une énième partie de Mario Kart pour décider du tour de vaisselle, dans tous les cas il ne voulait pas la déranger pour des questionnements aussi idiot que ‘est-ce que je vais finir comme mon père’ ? Le bruit d’un moteur de moto se fait entendre au bas de l’immeuble et Lonnie n’a même pas besoin de pencher la tête pour savoir que Harvey viens d’arriver. Il ne comprendra jamais la passion de son aîné pour les cylindrées qu’il considère comme des cercueils roulants, mais au moins il n’avait pas oublié le rendez-vous, c’était déjà ça de gagné avec l’aîné des Hartwell. Le flic avait ouvert la porte de son appartement pour que son frère puisse s’y engouffrer, sans prendre le risque d’entrer dans un appartement au hasard et de faire peur à un voisin en peignoir, avant de se diriger vers le frigo duquel il avait sorti une bière et une eau gazeuse, incapable d’avaler plus d’alcool sous peine de vomir ses tripes à la première phrase prononcée. « Hey salut, ça va ? J’ai pas répondu à ton message, je me suis dit que je passerai directement, ce serait plus simple. » Tout était plus simple quand Harvey n’avait pas de téléphone entre les mains, lui qui était du genre à ne pas reconnaître l’existence des emojis et à écrire avec le bout de son index. « T’as bien fait, je n’attendais pas de réponse de toute façon. » Il était là et c’était le principal, parce qu’ils avaient beaucoup de sujet à évoquer et beaucoup de rancœur à ravaler, l’un comme l’autre. « Tu m’attends depuis longtemps ? Oh… » Le chat avait fait irruption dans le champ de vision de Harvey non sans cracher son mécontentement de trouver quelqu’un d’autre dans l’appartement, lui qui n’avait l’habitude de supporter que la présence de son maître par interim. « Non je viens juste de rentrer, et fais pas attention à lui … » Que Lonnie avait précisé en pointant le félin d’un vague geste de la main avant de se saisir des boissons posées sur le comptoir pour les amener vers la table basse et le canapé dont il débarrassa les coussins. « T’as un chat ? Il s’appelle comment la bestiole ? Il a l’air farouche ! » Harvey s’était penché pour faire plus ample connaissance avec l’animal qui lui distribua, pour seul accueil, un coup de patte toutes griffes sorties sur la main. « Il est sauvage ou quoi ? » L’aîné s’était redressé d’un geste en serrant sa main abimée par le chat qui dandinait maintenant son précieux postérieur vers la salle de bain, c’est comme ça que Lonnie remarqua l’œil au beurre noir et les différentes ecchymoses couvrant le visage de son frère. C’était pas une surprise que de retrouver Harvey dans un tel état, déjà petit le gamin passait plus de temps à se battre qu’à écouter le bénédicité avant les repas, rien d’étonnant donc mais une pointe d’inquiétude avait percé dans les tripes du flic qui serrait sa boisson gazeuse entre ses mains. « C’est pas mon chat c’est celui d’une voisine mais il squatte ici depuis un moment et à chaque fois que je le fous à la porte il réapparaît donc je me suis fait à sa présence. » Lonnie avait avalé une gorgée fraîche de son eau et son estomac le remercia silencieusement d’être passé à autre chose que la bière chaude qu’il avait ingurgitée toute la soirée. « Il s’appelle Jack … enfin c’est moi qui lui ai donné ce prénom. » Lui et Romy. Le flic avait fait le tour du canapé pour faire face à la gueule cassée de son frère non s’en afficher une moue dubitative alors qu’il observait de plus près les blessures et l’état général de son visage. « J’espère que l’autre gars est plus amoché que toi. » Pour seule réponse, parce qu’il n’avait pas envie de se battre contre les tendances suicidaires d’Harvey ce soir alors qu’ils avaient d’autres sujets sur la table. Mais Harvey était tout ce qui lui restait de famille, sans compter Gail qui était le sujet principal de cette rencontre, et le bleu s’était toujours senti responsable des erreurs de son aîné, se forçant ainsi à se rendre dans la salle de bain pour y prendre la pommade qu’on lui avait donné la fois où il s’était cassé la gueule en vélo. « Tiens… deux fois par jours, ça diminuera les gonflements… mais je te promet rien pour ta connerie par contre. » Autant voir la vérité en face, Harvey s’était fait péter la gueule, et il y avait forcément une raison là-dessous.

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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptySam 16 Nov - 0:11


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→ L’haleine du frère n’est pas des plus fraîches à cette heure tardive de la nuit, je reconnais très vite les effluves de bières bon marché grâce à l’odorat que j’ai développé après des années de pratique. Il ne m’a pas vraiment attendu pour faire la fête le petit-frère mais ce n’est pas bien grave après tout, car nous n’avons rien à fêter. Pas encore, du moins… Mon regard s’illumine toutefois en voyant Lonnie me sortir une bière de son frigo. Avoir vécu en Irlande de longues années m’a fait développer un attrait particulier pour la brune, cependant la bonne blonde australienne n’a pas démérité pour autant à mon goût. Je m’entête à caresser son chat malgré l’avertissement dans sa voix pour finalement me faire rabrouer et remettre à ma place assez vite. Le dédain dans l’œil du félin ne me plaît guère, mais je ne suis pas d’humeur à lutter alors je me redresse simplement en m’étirant par la même occasion. J’écoute Lonnie expliquer qu’il ne s’agit pas réellement de son chat, tout en attrapant la bière qu’il me tend. Je constate qu’il préfère passer à la limonade et c’est sûrement plus sage pour lui. – C’est pas mon chat, c’est celui d’une voisine mais il squatte ici depuis un moment et à chaque fois que je le fous à la porte il réapparaît donc je me suis fait à sa présence. Il s’appelle Jack… Enfin c’est moi qui lui ai donné ce prénom. Portant la bouteille de bière à mes lèvres, j’observe en même temps l’appartement du petit-frère et constate qu’il n’est pas trop mal installé. – T’es là depuis longtemps ? Le quartier est bien ? Je ne connais pas vraiment l’endroit mais Lonnie ne me laisse guère le temps d’aller découvrir l’endroit par la fenêtre puisqu’il vient de se poster devant moi avec un regard suspicieux. T’observe quoi, petit-frère ? Ma gueule ravagée ? Oh, tu ne devrais pas te faire de souci pour moi, j’ai défoncé l’autre type. – J’espère que l’autre gars est plus amoché que toi. Un sourire, légèrement tordu du fait de ma lèvre fendue, s’étire sur mon visage et j’hausse les épaules en répondant simplement. – Il l’est. Il ne s’est pas relevé, le pauvre. Et si d’ordinaire je peux en tirer une certaine satisfaction, je dois avouer que cette fois-ci, la soirée qui a eu lieu la semaine dernière me laisse un sacré goût amer en bouche. Je crains les réprimandes de Clyde et j’ai toujours en tête son regard ahuri lorsque nous avons pris la fuite, Terrence et moi, comme si nous ne pouvions pas lui faire ça. Il était hors de lui. Et ça n’annonce absolument rien de bon. – Tiens… deux fois par jour, ça diminuera les gonflements… mais je te promets rien pour ta connerie par contre. J’observe le tube de pommade que Lonnie me tend et j’hésite à m’en saisir durant plusieurs secondes. J’ai envie de lui dire que je n’en ai pas besoin, que je n’ai jamais réellement eu besoin de pommade dans ma vie et que les coups les plus durs que j’ai encaissés ne sont malgré tout pas ceux qui me sont rentrés dans le crâne car je n’ai jamais appris de mes erreurs, mais je me tais. Je me tais car je n’ai pas envie de le blesser Lonnie. Et dans ce geste qu’il a envers moi, dans cette tentative douce et maladroite pour prendre soin de moi, il m’émeut et me touche le petit-frère. T’as pas à prendre soin de moi, tu sais. J’ai quelqu’un qui s’occupe de moi d’une part, et d’autre part ce n’est pas ton rôle. T’as déjà suffisamment pris sur tes épaules tous les malheurs de la famille, tu ne vas pas en plus prendre les miens. Alors, je ne dis rien et je range le petit flacon dans la poche de ma veste en cuir que je laisse choir la minute d’après sur une chaise, dévoilant mes bras nus et d’autres ecchymoses à sa vue. Je ne me suis pas battu à la sortie d’une boîte de nuit, non. Mais c’était la dernière fois, n’est-ce pas ? Il faut que ce soit la dernière fois putain… Je ne peux pas recommencer, je ne peux plus y retourner, Clyde va me tuer… ou s’en prendre à Terrence et ça serait pire alors… Je ne veux pas l’imaginer, non. Je vide la quasi-totalité de ma bière au fond de ma gorge, puis dépose la bouteille en verre sur sa table avant de m’affaler dans le canapé. Je cherche mes clopes dans ma poche. – Bon, sinon j’suis allé voir Ashby. La conseillère de maman, là tu vois ? Je ne croise pas son regard, occupé à trifouiller mon paquet de clopes mais je reste très attentif à ses réactions. J’entre directement dans le vif du sujet, je n’ai pas changé dans l’fond. Je reste toujours ce gars plutôt froid qui va à l’essentiel et qui ne s’emmerde pas avec des palabres et des paroles sans intérêts. – J’peux fumer ? Je demande, clope aux lèvres et briquet entre les mains avant de me lancer dans mon récit. – Je l’ai rencontré à la prison, et elle m’a montré le dossier de Maman. C’est plutôt positif tout ça, en tout cas la conseillère est restée professionnelle et carrée, c’est appréciable. J’te cache pas que quand j’ai vu sa tronche, je me suis posée des questions. J’vais pas dire que j’lui fais confiance car bon, faut qu’elle fasse ses preuves hein, mais elle est tenace et sait de quoi elle parle donc… c’est déjà un bon point. J’expire la fumée de la cigarette, glisse ma main gonflée sur ma barbe et poursuis – Tu sais que si Maman accepte, elle pense pouvoir la faire sortir avant Noël hein ? Noël, Lonnie tu te souviens ? Tu te souviens des services sociaux à la sortie de l’école ? Des locaux sombres et impersonnels aux lumières dégueulasses dans lesquels nous avons patienté des heures avant qu’on nous amène chez une famille d’accueil d’urgence ? De la soupe qu’on nous avait servie à table, en insistant pour qu’on mange ? « Allez les garçons, ça vous fera du bien de manger. » Comme si une putain de soupe pouvait nous mettre du baume au cœur ce soir-là. Comme si nous n’avions pas l’estomac trop retourné pour avaler quoi que ce soit ! Putain les gens sont cons ! Quand tout déraille, ils se raccrochent à des choses stupides du quotidien comme une soupe de merde ! Une soupe de merde et au lit « essayez de dormir les garçons, vous êtes exténués. » Comment dormir quand toute ta vie bascule ? Je me souviens parfaitement de la lune cette nuit-là. Elle était tachetée de rouge la lune, et ce sang dans le ciel, il était comme le sang dans mon cœur, comme le sang qui s’était répandu hors de la poitrine de notre père. On ressent quoi lorsqu’on a envie de pleurer une personne que l’on déteste et pire, qu’on regrette de ne pas avoir tué nous-même hein ? Je me suis senti comme la plus grosse merde du monde, il y a vingt ans. Et aujourd’hui, je n’ai pas tellement l’impression d’être différent. – Ce foutu destin, putain. Quelle belle conclusion. Ce foutu destin, putain. Quel réconfort apporte le grand frère Hartwell, c’est affolant ! Je souffle, sors de mes foutues pensées merdiques qui m’emprisonnent totalement et relève mon regard vers Lonnie – T’en dis quoi de tout ça toi ? Ouais, dis-moi ce que t’en pense petit-frère. Elle t’inspire confiance Ashby ? Tu crois que ça va l’faire la sortie de maman ? Tu crois que j’vais pas tout faire foirer ? Parce que putain moi je n’en suis pas si sûr. J’ai tendance à tout faire foirer tu sais et là, j’sais pas, je le sens pas cette sortie pour Noël. Je sens que ça va me faire disjoncter et péter une durite. Alors dis-moi que ça va aller, que ça va le faire et qu’on va gérer ça. J’ai besoin que tu me recentres là, car je m’éparpille un peu trop dès qu’il s’agit de Maman moi. Mes foutus émotions sont en vrac et je ne les contrôle plus. J’suis partout, ailleurs, mais pas vraiment là. Et c’est pas bon ça, c’est pas bon.


 



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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptySam 16 Nov - 22:20


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La gueule enfarinée, l'haleine loin d'être aussi fraîche que la douce brise de l'été, Lonnie avait fait un pas de plus vers la réconciliation en offrant à son frère le moyen d'entrer (littéralement) dans sa vie en passant par la grande porte. Et même si le chat n'avait pas été très accueillant envers l'aîné des Hartwell le flic pouvait sentir que l'animal avait peut-être vu en Harvey un potentiel danger, ce qui dans l'esprit d'un Lonnie un peu touché par l'alcool n’augurait rien de bon alors qu'il avait refermé la porte de l'appartement derrière la silhouette de son frère. C'était une étape de plus à passer dans leur relation et le cadet se devait se faire un tout petit peu de place à celui qui était parti pendant des années et qui menaçait toujours de s'effondrer à la moindre contrariété. Peut-être que c'était ça en fin de compte, la raison qui avait poussé Lonnie à prendre les devants en invitant Harvey chez lui, peut-être avait-il ce besoin d'être rassuré, de l'entendre de la bouche du premier concerné. Est-ce qu'il va rester cette fois-ci ? Est-ce qu'il se donnera la peine ? Est-ce qu'il cherchera à me comprendre plutôt qu'à me fuir ? La bouteille d'eau gazeuse entre les mains le flic avait observé le videur d'un oeil inquiet, ce-dernier affichant des signes plutôt flagrant d'une bagarre qui lui avait coûté quelques hématomes et -il l'espère un peu) un grand sentiment de honte. "T’es là depuis longtemps ? Le quartier est bien ?" Le bleu avait haussé les épaules sans trop savoir quoi répondre aux questions bateaux servant uniquement à meubler la conversation, déposant par la même occasion une bière dans les mains de son aîné. "Depuis un peu plus d'un an maintenant. J'ai pas encore eu l'occasion de visiter tout le quartier mais je suis pas très loin du boulot alors ça me va." Un trajet qu'il pouvait facilement faire à vélo et qui lui permettait, surtout, de dormir quelques minutes de plus sans avoir à se soucier des horaires de bus. Ce dont il se souciait maintenant c'était de voir Harvey dans un état aussi pathétique, et quant bien même il n'avait pas été le dernier à se battre durant sa jeunesse Lonnie avait retrouvé un semblant de calme que son frère ne s'était pas encore donné la peine de chercher. "Il l’est. Il ne s’est pas relevé, le pauvre." Que l'aîné avait répondu en jouant les coqs, prêt à tout pour prouver qu'il n'était pas un perdant. Et ça faisait chier le flic qui n'arrivait pas à détacher son regard du visage tuméfié de son frère, qui ne pouvait qu'imaginer un combat de rue déloyal où Harvey avait pris un plaisir certain à se faire démolir, un plus grand encore à rendre les coups, la violence comme exutoire pour ne pas craquer. Il pouvait comprendre Lonnie, lui qui avait longtemps pris des cachets pour soigner les crises d'angoisses et de panique, lui qui avait aussi rendu les coups simplement pour ressentir quelque chose. Mais ça le faisait chier que de savoir Harvey plongé dans cette spirale qui n'aurait peut-être jamais de fin si il y prenait du plaisir. Lonnie avait fait claquer la pommade dans la paume de son frère sans chercher à comprendre si il acceptait ou non, tout en soulignant que ça ne pourrait rien arranger à la colère qui sévissait dans le cœur du videur. Harvey avait accepté l'offrande sans rien dire et avait pris place dans le canapé de son frère alors que le flic se tenait toujours debout, sa boisson gazeuse entre les mains, une envie de vomir bien présente. "Bon, sinon j’suis allé voir Ashby. La conseillère de maman, là tu vois ?" Oh oui il voyait très bien. C'était encore frais, nouveau, trop parfait pour être touché. Les lèvres pincées, le corps reposant contre le meuble télé, Lonnie avait baissé les yeux sans rien dire, profitant d'un moment d'inattention de la part de son frère pour faire baisser le rougissement sur ses joues. "Très bien oui." Pour seule explication. Il passait tous ses moments de libres avec la jeune femme, et ça lui faisait un bien fou. Parce que c'était elle, parce que c'était beau, parce que c'était tout ce qu'il avait attendu depuis des années. Sans savoir comment l'annoncer le flic avait préféré taire le sujet jusqu'à ce qu'il soit obligé de se confesser, préférant l'intimité de sa bulle de bonheur à la complexité d'une relation qu'il ne pourrait pas expliquer à son frère sans sourire comme un idiot. "J’peux fumer ?" Harvey, la clope pendante déjà sur le coins de ses lèvres, avait allumé la cibiche sans même attendre une réponse, nourri par l'impatience de sentir la nicotine se répandre en lui. Le flic avait ouvert la fenêtre d'un geste habituel pour faire sortir la fumée avant que la voisine n'appelle les pompiers. "Je l’ai rencontré à la prison, et elle m’a montré le dossier de Maman. C’est plutôt positif tout ça, en tout cas la conseillère est restée professionnelle et carrée, c’est appréciable. J’te cache pas que quand j’ai vu sa tronche, je me suis posée des questions. J’vais pas dire que j’lui fais confiance car bon, faut qu’elle fasse ses preuves hein, mais elle est tenace et sait de quoi elle parle donc… c’est déjà un bon point." Appuyé contre la fenêtre Lonnie avait, à son tour, sorti une cigarette pour la porter à ses lèvres alors qu'il se repassait le discours de son frère. 'Plutôt positif', 'un bon point'. Lonnie s'était attendu à tout sauf à un discours aussi sensé de la part de son frère, lui qui semblait n'avoir maintenant plus aucune rancoeur envers cette mère qu'il avait toujours détesté, qu'il s'était promis de ne jamais revoir, qu'il avait fuit au même titre que tous les autres. "C'est sûr qu'elle est tenace oui, on pourra pas lui enlever." Romy, têtue ? Le mot était encore bien trop faible. "Tu sais que si Maman accepte, elle pense pouvoir la faire sortir avant Noël hein ?" Noël. Le dernier souvenir qu'il avait de la famille réunie avant que sa mère ne prenne la terrible décision qui l'avait condamnée à passer sa vie entre quatre murs. Noël et son goût amer de soupe aux légumes que les gamins avaient bouffées en silence sous le regard inquiet d'un couple de retraités ne sachant pas comment les approcher. Il ne voulait plus de Noël triste, de solitude pendant les fêtes où le seul être présent pour lui tenir compagnie était ce foutu chat. "T'imagines... un Noël ensemble." Sans avoir si c'était la bière ou la pensée de pouvoir enfin serrer sa mère dans ses bras Lonnie avait subitement ressenti ce que l'on ressens quand l'espoir prend le dessus sur la peur. Se brûler les ailes, se permettre autre choses que de l'inquiétude et de la tristesse. Il en avait des frissons, préférant serrer les bras sur sa poitrine pour ne pas se montrer vulnérable face à toute cette situation, parce qu'il y croyait dur comme fer, et qu'il finirait brisé si ce rêve partait en fumée. "Ce foutu destin, putain." Le flic avait haussé un maigre sourire sur ses lèvres avant d'écraser sa clope contre le montant de la fenêtre, rejoignant la silhouette de son frère sur le canapé. "Foutu destin". Comme seule réponse, en écho aux paroles d'Harvey dont le discours avait évolué au fil des semaines et qui se montrait maintenant prêt à faire évoluer les choses, pour le bien de leur mère mais aussi pour le sien, Lonnie en était persuadé. "T’en dis quoi de tout ça toi ?" Déposant sa tête contre le canapé, les bras toujours croisés sur son torse, Lonnie avait fermé les yeux un court instant pour se donner un peu de contenance, pour mettre en ordre ses pensées quand tout dans son esprit criait qu'il avait envie de la rejoindre. "Je dis qu'il faut qu'on fasse confiance à Romy." L'utilisation de son prénom plutôt que de son nom de famille lui avait complètement échappé, mais il n'en avait pas grand chose à faire, Harvey finirai bien par l'apprendre d'une façon ou d'une autre, si il décidait de rester. "Elle connait le dossier comme personne d'autre et elle s'est engagée à fond dedans, c'est pas pour nous laisser tomber. Maman et elle partage une vraie relation, et si on lui demande d'écouter ce que Romy a à lui dire ... je pense qu'on a une chance." Il l'espérait. Il en était sûr. Mais si Harvey avait réussi à franchir une étape en s'adressant directement à la conseillère Lonnie restait persuadé qu'il n'avait pas été jusqu'au bout, que son esprit l'avait dissuadé d'avancer plus loin, de la voir pour la première fois depuis des années. "Ça peut marcher Hart." Lonnie s'était redressé sur le canapé pour déposer ses coudes sur ses genoux, la tête baissé vers le sol pour retenir l'émotion des souvenirs entre ses paupières, pour se montrer perspicace là où il avait envie d'exploser de joie et d'espoir. "Ça va marcher." Il le faut, parce que si ça ne fonctionne pas Lonnie ne s'en remettrait jamais.
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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyDim 17 Nov - 17:04


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→ « Pas très loin du boulot », le pragmatisme des frères Hartwell se révèle à chaque détail de leur quotidien, ou est-ce leur histoire et leurs souvenirs qui les empêchent de s’attacher à un endroit, à un lieu et de le considérer comme uniquement secondaire et accessoire ? Quoiqu’il en soit, nous avons exactement la même méthode pour choisir notre lieu de vie : pratique et commode. De toute façon, ‘les choses que nous possédons finissent par nous posséder’, Tyler Durden avait raison dans Fight Club et j’adopte un peu cette philosophie de vie en général. M’asseyant sur le canapé du frère sans faire de manière, j’allume une clope sans attendre son approbation et évoque directement le sujet principal de notre rencontre au beau milieu de la nuit, à savoir la très probable sortie de prison de Gail Hartwell. Peut-être que ça va devenir notre truc : se retrouver au milieu de la nuit et renouer peu à peu les liens trop longtemps délaissés – par ma faute, principalement, car Lonnie a toujours essayé de me contacter, d’échanger et de parler. C’est moi qui l’ai rejeté constamment, pour le protéger bêtement de mes mauvais choix de vie. Ce que je ne fais pas avec Terrence actuellement et j’ignore encore si j’ai raison, mais en tout cas j’ai décidé de ne plus fuir mes responsabilités et de m’améliorer alors… Je vais faire front. Aux problèmes collés à ma peau, à mes inhibitions qui m’ont trop souvent interdit d’avancer, à ma colère, ma rancœur et tous mes sentiments contradictoires envers ma mère. Gail Hartwell, responsable de vingt ans de malheur, prête à recevoir l’absolution. Rencontrer la conseillère chargée de son projet de réinsertion m’a légèrement apaisé, tout en éveillant de multiples craintes quant à l’avenir qui se dessine désormais pour nous. J’exprime alors tout ça, partage mes ressentis avec mon frère et m’ouvre, pour une fois, à lui. C’est un exercice plus difficile qu’il n’y paraît, car je suis toujours dans l’appréhension de ses réactions, l’appréhension du rejet que je pense inévitable et qui fera forcément très mal. Tu trouves que j’agis correctement avec toi, Lonnie ? J’essaie, petit-frère, j’essaie. C’est dur de changer, tu sais. – C’est sûr qu’elle est tenace oui, on pourra pas lui enlever. Et tant mieux ! Je préfère largement une acharnée jusqu’au bout des ongles qui n’a peur de se salir et d’aller au front plutôt qu’une midinette qui sourit pour faire jolie mais qui n’a pas plus d’utilité qu’une plante verte en plein tribunal. – Il vaut mieux qu’elle le soit, ouais. Je confirme, plutôt satisfait de ce trait de caractère chez la conseillère. Je soulève cependant le timing de l’éventuelle sortie de prison qui me semble peu adapté, et peut-être, sûrement, trop précipité. J’ai beaucoup de mal à m’imaginer serrer ma mère dans les bras ce Noël, mère que je n’ai toujours pas revu par ailleurs. Je redoute tellement ce moment où je la verrai, si fort que j’évite à tout prix d’y penser, ne me sentant pas encore prêt à la revoir. – T’imagines… un Noël ensemble. Mon regard fixe et impassible, se pose sur celui, rêveur et plein d’espoir, de Lonnie et je comprends rapidement que nos visions du Noël à venir sont clairement aux opposées. – Humpf. Je laisse échapper ce grognement inexpressif qui peut signifier tout et rien à la fois. Le fait est que je ne rêve pas d’un Noël ensemble, non, j’en ai même sacrément peur. – Foutu destin. De merde, j’aurai envie de rajouter. Foutu destin de merde qui nous pourrit la vie depuis toujours. Pourquoi est-ce que le sort s’acharne autant sur certaines personnes, hein ? Pourquoi devons-nous vivre tout ça, hein ? Quelle leçon doit-on en tirer ? Putain de pensées qui me bouffent l’esprit et m’anéantissent le cœur. Alors je le supplie presque, le petit-frère, de me dire ce qu’il en pense, de me ramener à la réalité parce que toutes mes pensées, elles m’entraînent vers le fond, elles ne me laissent pas de répit, elles me butent le cœur tu sais et laissent mon âme à vif. – Je dis qu’il faut qu’on fasse confiance à Romy. J’arque les sourcils à l’utilisation du prénom de la conseillère et apposant mes paumes de mains l’une contre l’autre, regarde le petit-frère différemment. ‘Romy’, t’as dit ? Alors, j’avais raison, elle t’a tapé dans l’œil la jolie conseillère… Tu m’étonnes, en même temps, elle est plutôt mignonne dans son genre – c’est ce qui m’a mis sur la défensive d’ailleurs et ce qui me rends toujours méfiant. Mais elle a su avancé des arguments et est devenue plus légitime par la suite, selon moi. – Elle connait le dossier comme personne d’autre et elle s’est engagée à fond dedans, c’est pas pour nous laisser tomber. Maman et elle partagent une vraie relation, et si on lui demande d’écouter ce que Romy a à lui dire… Je pense qu’on a une chance. Ça peut marcher Hart. Ça va marcher. Tête baissée, j’écoute le frère et hoche la tête comme pour me persuader de ce qu’il avance. Ouais, ça va marcher. Je souffle alors, passe ma main sur ma barbe et me lève pour balancer ma clope par la fenêtre ouverte. J’ai le ventre serré, la peur qui tambourine dans mon cœur et je lâche brusquement – Je dois prendre rendez-vous pour une visite à la prison. Pour la voir, la confronter… Et bordel, j’ai tellement peur de ce moment, ça me tétanise à l’intérieur, me terrorise. Je déglutis, difficilement. Je n’ai pas eu le courage de la voir, Lonnie, pas encore. J’inspire profondément l’air de la nuit chargé d’humidité, avant d’exposer ma façon de procéder, pour me justifier une fois de plus sur mes défaillances que j’essaie pourtant de dépasser. – J’avais besoin de m’assurer que son dossier était bon, que la conseillère chargée de son projet de réinsertion avait les tripes pour assumer ce qui peut survenir à tout moment, tu sais… les médias, tout ça. Les mains tremblantes, je sors une seconde cigarette de mon paquet et la glisse entre mes dents tout en poursuivant mon récit. – Du coup, il y a quelques adresses de restaurants solidaires et une épicerie je crois… J’vais aller y faire un tour pour voir un peu à quoi ça ressemble. T’y es allé déjà ? Je m’accroche à tout ce que j’ai de concret, à tout ce qui est ancré dans le réel et qui m’évite de perdre pied. – Et si elle sort tu… vas l’accueillir ici ? Comme toujours, nos conversations sont chargées d’émotions. Les frères Hartwell, éternelles victimes de la tragédie qui a marqué leurs vies.



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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyMar 19 Nov - 16:12


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Il est différent de la dernière fois, Harvey, et même si les bleus sur son visage et ses bras témoignent d’une agressivité nouvelle Lonnie arrive à percevoir en son frère un changement considérable dans son comportement. Plus calme, à l’écoute des paroles de son jeune frère là où – durant leur dernière rencontre – la discussion avait été marquée par plusieurs piques sarcastiques, Harvey se montrait de plus en plus digne de confiance et ça réjouissait le flic qui aimait s’imaginer une relation plus sereine entre les deux. Peut-être avaient-ils une chance alors, les frères Hartwell, de faire sortir maman de prison et pouvoir enfin se montrer comme une véritable famille. Des photos sur le cadre de la cheminée montrant les deux jeunes hommes heureux entourant une mère au visage marqué mais heureux, des repas de famille partagés autours d’une dinde qu’elle aurait mis des heures à préparer. Ouais, c’était beaux, idyllique même. Appuyé contre le meuble télé Lonnie s’était pincé les lèvres à l’écoute d’un Harvey qui déballait avoir rencontré Romy dans un rendez-vous que le flic savait mouvementé. La blonde avait laissé sous-entendre que la discussion entre elle et son frère n’avait pas franchement été une partie de plaisir, réveillant la curiosité du bleu qui n’avait pas envie d’apprendre de la bouche de son frère qu’il avait été un peu virulent avec Romy. Elle savait se débrouiller, faire la part des choses entre l’affectif et le professionnel, mais ça n’empêchait pas le flic de ressentir une pointe de colère envers son frère qui n’avait pas du mâcher ses mots avec elle. Il fait des efforts l’aîné, pour montrer qu’il ne prendra plus ses jambes à son cou, pour prouver à Lonnie qu’il a eu raison de le laisser entrer dans sa vie de nouveau. Faut pas que tu gâches tout Harvey, faut pas que tu me brises le cœur. Romy avait, de toute façon, bien l’intention de se donner corps et âme dans cette histoire. Elle ne lâcherait rien, lionne affamée, et ça permettait au flic de respirer un tant soit peu, de faire son maximum de son côté afin d’aider la conseillère dans ses démarches. Parce qu’il serait toujours là pour elle, sur le plan personnel comme professionnel. « Il vaut mieux qu’elle le soit, ouais. » Même Harvey avait compris que Romy n’était pas du genre à abandonner facilement, et ça devait lui plaire puisqu’il en parlait d’un ton détaché que le bleu ne manqua pas de relever. « Elle a la peau dure et elle sait ce qu’elle veut. Ça joue à notre avantage de l’avoir de notre côté. » Pour seule réponse alors qu’Harvey faisait glisser une première cigarette entre ses lèvres et que son frère se détachait pour en faire de même contre l’appui de fenêtre. Maman à la maison pour Noël. Maman dans un tablier, ses cheveux gris volant sur ses épaules, affairée à la préparation de sa tarte aux pommes que Lonnie adorait. Encore une fois, idyllique. « Humpf » Écrasant le mégot de sa cigarette contre le béton le bleu avait relevé les yeux vers son frère qui ne semblait pas convaincu de la date présentée pour la sortie de leur mère, pourtant Lonnie n’avait pas envie de sortir son esprit de cette opportunité et se refusait à croire que Romy s’était embarqué un peu vite sur le sujet. « Tu y crois pas ? A Noël ? » Peut-être que c’était juste cette période, marquée au fer rouge dans l’esprit des frères Hartwell comme un souvenir douloureux. De la soupe et des regards en biais, servi à la pelle par une famille d’accueil dépassée par les événements. Maman n’aurait jamais servi de la soupe pour ce jour de fête. Lonnie avait fait remonter les manches de sa chemise alors qu’il prenait maintenant place sur le canapé aux côtés de son aîné, la tête trop pleine de souvenirs s’écrasant sur le rebord du sofa alors qu’Harvey le questionnait sur ses pensées à lui. Le bleu avait soupiré lourdement en prenant le soin de bien choisi ses mots pour ne pas fuir un frère dont la présence était presque devenue réconfortante au fil des minutes, finissant par avouer qu’ils devaient placer leur confiance en Romy pour être sûrs de ne pas faire de bêtises, pour donner à maman une opportunité à saisir. Tête baissée entre les coudes appuyés sur les genoux Lonnie avait déballé sans s’arrêter tous les espoirs qu’il fondait sur le dossier, persuadé que ça pouvait marcher, que ça allait marcher. Il ne faut pas que ça échoue. Pistolet contre la tempe, doigt hésitant sur la gâchette, larmes qui tracent leurs sillons sur les joues d’un idiot. Dévoré par sa confiance le pauvre gamin qui voulait simplement serrer sa mère dans ses bras. Non, pas question que ça se termine de cette façon. « Je dois prendre rendez-vous pour une visite à la prison. » Oh Harvey. Le cœur du bleu s’emballe alors qu’il dépose son regard sur la silhouette craintive de son frère, tremblant de peur à l’idée d’être confronté au regard d’une mère qu’il pensait – à tort – accusateur. Pour la première fois depuis leur retrouvaille Lonnie avait éprouvé de la tristesse pour ce frère portant sur ses épaules tout le poids d’un monde trop grand et trop lourd, un monde de regrets qu’il s’infligeait de lui-même pour ne pas avoir à s’effondrer de chagrin. « Tu veux que je vienne avec toi ? » Parce qu’ils seraient plus fort à deux, parce que Gail apprécierait de voir ses deux gamins devenus grands ensemble pour la première fois depuis des années. « Je peux aussi t’accompagner juste sur le parking et attendre, ça ne me gêne pas. » Lonnie, encore une fois plongé dans le rôle de l’aîné qui n’était pourtant le sien, avait déposé une main fragile et hésitante sur l’épaule de son frère. Tu vois Harvey, si moi je peux pardonner, maman le peux aussi.  « J’avais besoin de m’assurer que son dossier était bon, que la conseillère chargée de son projet de réinsertion avait les tripes pour assumer ce qui peut survenir à tout moment, tu sais … les médias, tout ça. » Et il voyait déjà les troupeaux de journalises réunis devant les portes de la prison, assoiffés de scoop, ne se préoccupant même pas de savoir tout le mal qu’il pourrait à cette femme encore fragile. Lonnie les détestait déjà, mais ne pouvait pas les faire tous disparaître. Il faudrait les combattre par le silence et protéger Gail des questions trop lourdes, la protéger du monde qu’elle ne connaissait plus. « On s’occupera des médias en temps et en heure. Le principal aujourd’hui s’est de convaincre maman … On ne peut rien faire contre sa volonté. » Parce que c’était encore elle qui avait le dernier mot dans cette histoire, elle qui décidait si oui ou non elle méritait une seconde chance. « Du coup, il y a quelques adresses de restaurant solidaires et une épicerie je crois … J’vais aller y faire un tour pour voir un peu à quoi ça ressemble. T’y es allé déjà ? » Lonnie avait répondu d’un mouvement de tête négatif en avalant les dernières gouttes de sa limonade pour faire passer le goût du tabac froid dans sa bouche. « Non pas encore, mais on … Je compte y aller bientôt. » Il avait passé une main sur son visage, venant gratter la barbe qu’il devrait bientôt tailler histoire de rester professionnel au boulot, conscient que l’alcool aidait beaucoup trop sa langue à se délier. « Et si elle sort tu … vas l’accueillir ici ? » A vrai dire il n’y avait jamais trop pensé, mais l’idée d’héberger sa mère le temps qu’elle trouve quelque chose d’acceptable le faisait sourire comme le terrifiait. « Si il le faut oui … je présume que je pourrai toujours lui faire une petite place … et puis le canapé est pas si horrible que ça. » Parce qu’il était hors de question que sa mère dorme autre part que dans un vrai lit. « Il faut pas qu’on s’accroche aux choses négatives qui pourraient lui arriver si jamais elle sort … justement il faut faire le contraire. » Se levant d’un bond du sofa pour empoigner un stylo et le dessus d’un carton de pizza Lonnie avait dressé deux colonnes avant d’y inscrit au-dessus « pour » et « contre ». « Si il faut qu’on soit rationnels jusqu’au bout autant le faire cette façon. Alors vas-y, donne-moi des pours ou des contres concernant la sortie de maman. » Lonnie avait fait glissé une nouvelle cigarette entre ses lèvres, assis en tailleur devant son frère, le carton d’une calzone entre les mains.
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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyDim 24 Nov - 22:55


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→ Comprenant rapidement que la jolie conseillère a réussi à soulever un intérêt particulier chez mon frère, je m’abstiens difficilement de tout commentaire négatif lorsqu’il me répond « Elle a la peau dure et elle sait ce qu’elle veut. Ça joue à notre avantage de l’avoir de notre côté. » Si ce n’est pas une pimbêche qui cherche à se faire une réputation, hypothèse que je garde en tête malgré son dossier bien construit. Ou une connasse hautaine et prétentieuse. Il faut dire que son joli minois m’inspire plus de méfiance qu’autre chose, ainsi que son tempérament un peu trop enflammé par moment que je trouve insécurisant. Elle ne m’a pas charmé contrairement au petit-frère qui semble conquis. Je dois toutefois admettre qu’avant de me rendre à ce rendez-vous, la libération de Maman me semblait être une douce utopie, un rêve qu’on aurait fait miroiter à Lonnie, quelque chose d’impossible et je m’étais attendu à accuser le coup et à devoir soutenir le petit-frère qui serait inévitablement déçu. Non, en allant rencontrer Miss Ashby, conseillère de réinsertion au centre pénitencier pour femmes de Brisbane, je n’avais pas pensé une seule seconde qu’elle puisse me convaincre et que je doive réellement envisager la sortie de prison de Gail Hartwell. Reconsidérer les choses m’avait demandé de déconstruire des années de résolution et des réalités que j’avais finies par accepter, et cela ne s’était pas fait sans mal – en témoignent les nombreuses plaies que j’arbore aujourd’hui. Terrence, aux premières loges de cet effondrement, était le seul à pouvoir témoigner du mal qu’avait éveillé la conseillère en moi. – Je ne sais pas… Je l’ai trouvé un peu instable en réalité, trop investie peut-être. Il va falloir qu’elle calme un peu ses hormones devant le juge pour obtenir la libération, le tapage médiatique sera suffisamment compliqué à gérer comme ça. Elle peut être autant un inconvénient qu’un avantage, je reste sur mes gardes. Elle a beau avoir une jolie tête, ça ne fait pas tout, encore faut-il qu’elle soit bien remplie hein. J’observe les réactions de Lonnie qui se tend alors que je parle dans des termes peu valorisants de la conseillère chargée du dossier de Maman. Qu’est-ce qu’il y a petit-frère ? Ne veux-tu pas t’assurer que la personne qui est en charge de faire sortir Maman de prison soit la meilleure ? Ou est-ce autre chose qui t’anime ? – Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu te méfies pas toi ? Tu lui fais confiance à 100% ? Y’a quelque chose qui m’échappe Lonnie ? Y’a un truc que t’as envie de me dire peut-être ?

- Tu y crois pas, à Noël ? J’hausse les épaules, sans trop savoir quoi lui répondre. Le problème n’était pas d’y croire finalement. – C’est la période, Lo’… Juste la période c’est tout… Un brin de lassitude dans la voix alors que je glisse une cigarette entre mes lèvres. La période de Noël, marquée au fer rouge chez les Hartwell, un traumatisme qui se renouvelle chaque année et que les lumières scintillantes n’aident pas à oublier… J’en profite alors pour lui avouer que je n’ai pas encore rendu visite à Maman, et même si je prévois de le faire, j’ai besoin d’un peu de temps encore pour rassembler mes idées. Être fort, garder la tête haute, ne pas tout envoyer en l’air… - Tu veux que je vienne avec toi ? Venir avec moi au parloir ? Je lève mon regard vers Lonnie et me tord les lèvres, ignorant à nouveau quoi lui répondre. Et devant mon silence, il s’empresse d’ajouter : - Je peux aussi t’accompagner juste sur le parking et attendre, ça ne me gêne pas. Ma main vient passer sur ma barbe fournie alors que j’hésite à répondre – Je ne sais pas… Peut-être que… J’ai besoin d’y aller seul une première fois tu sais… Et je baisse la tête, honteux. La vérité c’est que je n’ai pas envie que tu me voies péter les plombs, Lonnie. – ça fait plus de dix ans tu sais… Juste avant mes 21 ans, en Janvier 2007, juste avant de sortir du système de la protection de l’enfance, juste avant d’intégrer le groupe de motard en parallèle de mes études, juste avant de faire le choix de partir pour dix années en Irlande… Je ferme les yeux, abattu alors que tous mes choix de vie me reviennent en tête avec l’effet d’un boomerang lancé un peu trop fort. – On s’occupera des médias en temps et en heure. Le principal aujourd’hui s’est de convaincre maman… On ne peut rien faire contre sa volonté. Rouvrant les yeux brusquement sur la rue agitée en cette nuit de weekend, j’inspire une grande bouffée d’air avant d’hocher la tête. – On la convaincra… On va la sortir de là-bas. Même si elle s’y est installée toute seule, même si c’était sa décision de passer sa vie derrière les barreaux, même si c’est elle qu’a choisi cette putain de vie de merde. On va la convaincre d’en sortir de ces murs puants et froids, on va la convaincre d’affronter la vie au lieu de la passer comme une détenue. Parfois, j’ai honte de penser que t’as choisi la facilité Maman, mais c’est l’impression que tu me fais et je sais d’où vient ma lâcheté. Tirant sur ma clope, je garde mes pensées négatives pour moi, pensées qui détruiraient en un claquement de doigt le petit-frère qui nourrit l’espoir d’avoir sa maman auprès de lui depuis toujours. Qui peut l’en blâmer hein ? J’évoque les possibles emplois pointés par la conseillère et demande à Lonnie s’il y a jeté un œil – Non pas encore, mais on… Je compte y aller bientôt. Je ne relève pas l’hésitation et allume ma seconde clope  avant de demander s’il compte accueillir notre mère chez lui par la suite. – Si il le faut oui… je présume que je pourrai toujours lui faire une petite place… et puis le canapé est pas si horrible que ça. Un coup d’œil au meuble en question me permet de confirmer les dires d’un bref coup de tête. C’est une solution à court terme qui me semble peu contraignante. A long terme cependant… - Il faut pas qu’on s’accroche aux choses négatives qui pourraient lui arriver si jamais elle sort… justement il faut faire le contraire.  Surpris par cet élan de positivité, je reste cois, posé contre le rebord de la fenêtre et observe le petit-frère se saisir d’un stylo et d’un bout de carton de pizza qui traîne par-là – ce qui me rappelle inévitablement mon appartement avant que Terrence n’y mette de l’ordre et ne vienne y habiter. – Si il faut qu’on soit rationnels jusqu’au bout, autant le faire de cette façon. Alors vas-y, donne-moi des pours ou des contres concernant la sortie de maman.  C’est une blague ? Incrédule, j’observe Lonnie qui tient son carton de pizza fermement. Il est apparemment sérieux, on va vraiment faire ça. Les sourcils arqués, dubitatif, je finis par abdiquer en soufflant et en haussant les épaules – Baaaah, j’sais pas vraiment… Dans l’absolu, il n’y a pas de contre puisqu’elle n’a rien à foutre en taule mais bon… C’est bien elle qui l’a… Je marmonne et me tais, grogne un peu et évite de terminer ma phrase par ‘elle l’a voulu’. Je me racle la gorge, croise mes bras sur mon torse et fait mine de réfléchir quelques secondes en disant – Les contrariétés à venir vont consister en : éviter la presse, lui trouver un taf, lui trouver un appart, faire toutes les démarches administratives… En gros, ça va être chiant un peu tout le temps mais bon… Est-ce qu’on a le choix ? C’est notre devoir en tant qu’enfants, non ? Même si elle n’a pas assumé son devoir en tant que mère et s’est reclus derrière des barreaux toute sa vie, hein ? – Et les pours… Bah… Elle sera là.L’émotion débarque brusquement et je lève mes yeux bleus vers les étoiles dans le ciel pour refouler les larmes qui affluent soudainement. Elle sera là… Et ce sera bien suffisant, non ? C’est tous les pours réunis, n’’est-ce pas Lonnie ?


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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyLun 25 Nov - 16:12


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Jamais personne n’avait soulevé l’hypothèse que Gail puisse sortir de prison après autant d’années, jamais personne jusqu’à Romy qui s’était battu pour faire valoir ce dossier aux yeux de ses paires, pour monter un plan qui tiendrai la route si toutes les parties concernées y mettait du cœur. Elle était cette lumière dans le brouillard qu’il avait toujours cherché, cette main tendue qu’il avait saisi à la première occasion et qui lui avait redonné l’envie de se battre pour une mère qui avait – depuis longtemps – payée sa dette à la société. Alors ça lui pinçait les tripes de voir qu’Harvey n’avait pas la vision que lui de Romy, qu’il se plaisait à croire que la conseillère ne faisait ça que dans le but de gonfler son CV. Oh non Harvey, pas sur ce terrain-là, c’est perdu d’avance. « Je sais pas … Je l’ai trouvé un peu instable en réalité, trop investie peut-être. Il va falloir qu’elle calme ses hormones devant le juge pour obtenir la libération, le tapage médiatique sera suffisamment compliqué à gérer comme ça. Elle peut être autant un inconvénient qu’un avantage, je reste sur mes gardes. Elle a beau avoir une jolie tête, ça ne fait pas tout, encore faut-il qu’elle soit bien remplie hein. » Il allait trop loin, beaucoup trop loin pour que le flic ne réagisse pas en croisant les bras sur sa poitrine, se contenant de ne pas foutre son poing dans la gueule du videur qui ne pensait – encore une fois – qu’à sa petite personne sans prendre le temps d’examiner l’impact de ses mots sur la vie des gens. Lonnie avait la bougeotte, s’efforçait de trouver une occupation à ses mains pour ne pas que ses dernières atterrissent dans le visage déjà tuméfié de son frère (un bleu de plus ou de moins…) et alors qu’il se mordait la langue pour ne pas être trop incisif dans sa réponse, le but n’étant pas de faire du tort à sa relation naissante en utilisant Romy comme excuse. « Sans elle on en serait pas là à discuter comme des adultes. On serait encore en train de se haïr chacun dans notre coin en attendant que le temps passe. Et maman, tu y penses dans toutes les conneries que tu sors ? » Ouais, il n’en avait pas fallu beaucoup au flic pour se mettre en colère contre son aîné, et si il tentait de combattre son envie d’exploser d’une colère justifiée il n’en restait pas moins capable de tout pour défendre la blonde. « Elles ont une vraie relation que ni toi ni moi ne pouvons expliquer. Romy est la seule personne que maman voit en dehors de moi, et encore je lui parle à travers une vitre. Tu penses qu’elle est instable ? Moi je pense qu’elle est la meilleure chose qui nous soit jamais arrivée. » Harvey avait touché une corde sensible et n’hésitait pas appuyer ses mots pour transpercer la carapace que Lonnie avait mis des années à érigée autours de son cœur, de peur d’être abandonné à nouveau comme il l’avait toujours été. Romy restait, et il n’aurait pas su expliquer cette relation qui avait tout d’idyllique à ses yeux, mais elle restait, et c’était ce qui lui donnait confiance. « Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu te méfies pas toi ? Tu lui fais confiance à 100% ? » 200 même, et il serait prêt à la suivre aveuglément dans cette histoire tant il était sûr qu’elle avait toutes les cartes en main pour faire sortir Gail de prison. Les mains toujours croisées sur sa poitrine pour leur éviter de trembler, ou de s’enfoncer sur la gorge de son frère, Lonnie avait pris la direction de la fenêtre pour glisser une clope aux coins de ses lèvres afin de calmer ses nerfs. « A 100% … peu importe ce que tu en penses… Romy n’est pas notre ennemie et si elle t’a pris de haut pendant votre rendez-vous c’est ce qu’elle avait de bonnes raisons … après tout tu n’es pas le membre le plus fiable de la famille… » Ça ne lui arrache même pas les lèvres de tenir ce genre de parole, parce qu’Harvey mérite de se faire descendre d’un étage, et surtout parce que le bleu ne peut pas supporter de savoir la conseillère ainsi jugée alors qu’elle donnait son maximum pour palier à l’envie de frapper l’aîné des Hartwell avec une chaise en métal.

Gail avait des chances de sortir pour Noël, et dans sa naïveté enfantine Lonnie se plaisait à imaginer un repas de famille partagé autours d’une dinde que la matriarche aurait chouchoutée pendant des heures. Ouais, ça lui plaisait de penser ça même si Harvey semblait avoir des doutes sur la date de sorti de Gail. « C’est la période, Lo’… Juste la période c’est tout. » Il pouvait comprendre, le bleu, que cette date avancée n’était pas forcément celle qui concordait le mieux avec les souvenirs des frères Hartwell. Et si Lonnie n’avait plus fêté un seul réveillon depuis l’emprisonnement de sa mère il n’en restait pas moins qu’il pouvait facilement s’imaginer un retour aux sources, aux essentiels. Putain Harvey, il faut sortir les ombres de ta tête. « Moi je trouve ça ironique, presque poétique même. Le dernier noël passé ensemble était le pire souvenir de ma vie, le prochain pourrait être le plus beau. » Il avait envie d’y croire, dieu qu’il s’était laissé envahir par cette douce sensation d’imaginer sa mère derrière les fourneaux et le sourire de Romy lorsqu’il lui présenterait son cadeau. C’était con. C’était trop tôt. Mais ça lui faisait du bien. Lonnie s’était radouci, un peu, non sans oublier qu’il était toujours sur les nerfs et qu’une seule phrase de la part de son aîné pouvait faire pencher la balance et le faire vriller complètement. En prenant place à côté de Harvey sur le canapé le flic pouvait sentir l’électricité parcourant leur deux corps, cette tension palpable qui pouvait faire déraper la soirée d’une minute à l’autre. Il y avait de la compassion dans la voix du flic alors qu’il proposait à son frère de l’attendre sur le parking de la prison pour sa première visite, si il fallait se montrer le plus intelligent des deux Lonnie était prêt à mettre sa colère de cœur pour le bien général. « Je ne sais pas … peut-être que… J’ai besoin d’y aller seul une première fois tu sais… » Harvey baisse la tête pour cacher la honte qui s’empare de ses yeux, et dans un geste qu’il ne pourrait jamais vraiment expliquer, Lonnie avait pressé ses doigts contre l’épaule de son frère, une demi-seconde, histoire de. « Ça fait plus de dix ans tu sais… » La tête appuyée contre le dossier du canapé le bleu avait fait glissé son regard sur le plafond, comme si ce dernier allait trouver les réponses à sa place. « Il est jamais trop tard pour se racheter Harvey. » Un demi-sourire sur les lèvres Lonnie avait fait glisser une main sur son visage fatigué par l’alcool et le manque de sommeil qui s’accumulait depuis quelques jours. Jamais trop tard non, pour toi comme pour elle. Harvey avait bien raison de se méfier des médias, des pourritures de journalistes qui n’hésiteraient pas à s’attrouper devant la prison pour recueillir ne serait-ce qu’un mot de la part de Gail ou de ses fils, mais il fallait éviter de pleurer avant d’avoir mal, la sortie de leur mère restant le premier point sur la liste.

« On la convaincra…on va la sortir de là. » Le flic avait combattu les larmes montantes dans ses paupières en essuyant ses yeux d’un revers de la main. Les paroles de son frère comme une mélodie qu’il aurait voulu entendre des années plus tôt mais qui était pourtant bien là, présente entre les deux corps fracassés des frères Hartwell. « On va la sortir de là. » Parce que tu n’as plus rien à faire là-bas maman, tu as payé ta dette maintenant. Lonnie s’efforce de rassembler ses esprits et de ne pas se laisser happer par le bonheur d’avoir enfin fait plier Harvey, alors il se redresse pour faire face à son frère qui évoque maintenant les différentes endroits où Gail pourrait commencer une nouvelle vie, loin des barreaux, des chaînes et des vitre la séparant du monde extérieur. Bien noté à l’encre noire dans l’agenda du flic il y a ce rendez-vous dans ce restaurant solidaire qu’il a bien l’intention de visiter en compagnie de Romy afin d’être sûr que ça pourrait convenir. Et même si il devait sacrifier l’état de santé de son dos pour permettre à sa mère de passer de bonnes nuits Lonnie était prêt à toutes les abnégations pour voir naître un sourire sur les lèvres de sa mère. Pris dans un élan de positivité et d’entrain le flic s’était relevé d’un seul homme pour arracher un bout de carton d’une boîte à pizza et s’emparer d’un stylo sans capuchon trainant sur un coin de sa table basse. Dressant deux colonnes distingues séparées par un trait grossier Lonnie avait attendu les réponses de son frère, assis en tailleur sur le tapis du salon comme un enfant. « Baaah, j’sais pas vraiment… Dans l’absolu, il n’y a pas de contre puisqu’elle n’a rien à foutre en taule mais bon … C’est elle qui l’a… » Harvey ne termine pas sa phrase, préfère replonger ses lèvres sur la cigarette pour éviter d’en dire trop, même si le flic sait que la fin de cette phrase incrimine une mère qui – d’après son frère – l’aurait cherché. « Ok … ‘pour’ : elle a rien à faire en prison. Je mets dette payée. » D’un geste tremblant Lonnie inscrit le premier mot de la colonne des pours, tirant à son tour une nouvelle cigarette de son paquet déjà bien entamé, une étape de plus vers sa promesse d’arrêter pour de bon. « Les contrariétés à venir vont consister en : éviter la presse, lui trouver un taf, lui trouver un appart, faire toutes les démarches administratives… En gros, ça va être chiant un peu tout le temps mais bon. » Le flic tenait la cadence, inscrivant au fur et à mesure les différents points dans la colonne des contres tout en tirant sur sa clope de temps en temps pour ne pas la laisser se consumer dans le vide. « Tu sais Harvey tous ces trucs là … trouver un travail, un appartement, les démarches comme tu dis … On le verra même pas. Romy ne vas pas abandonner maman à peine le pied foutu dehors … y’a un accompagnement derrière tout ça. » Harvey avait besoin de voir, de comprendre que Gail n’était pas simplement déposée aux pieds de la prison avec son baluchon sous le bras. Personne ne la laissera tomber une fois dehors, le but étant qu’elle passe le reste de sa vie loin de tous problèmes. « Et les pours … bah… elle sera là. » Bon point, Harvey. Sourire aux lèvres Lonnie avait inscrit ‘elle sera là’ en plus gros dans la colonne de gauche, heureux comme un gamin de pouvoir enfin serrer sa mère dans ses bras après tant de temps passés séparés. « J’écris alors. Et je rajoute aussi : on pourra la convaincre qu’on ne lui en veut pas. » L’émotion dans les yeux d’Harvey trahis son envie de pouvoir un jour serrer sa mère dans ses bras sans éprouver la honte de l’avoir laissé tomber, et si Lonnie avait fortement envie d’éclater la gueule de son frère au début de la soirée, il était maintenant apitoyé par l’état dans lequel son frère avait fini. Le cœur en miettes.  
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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyJeu 28 Nov - 3:52


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→ Je pense avoir tapé exactement là où ça fait mal, vu l’agitation soudaine qui anime Lonnie en m’entendant parler en termes peu élogieux de la conseille de réinsertion. Les signes de nervosité sont évidents, les mains qui s’agitent, les phalanges qui craquent, les montées de sueur et la respiration plus courte et rapide. Ce que je dis ne lui plaît guère, ce qui m’interroge sur la nature de sa relation avec Romy Ashby. – Sans elle on n’en serait pas là à discuter comme des adultes. On serait encore en train de se haïr chacun dans notre coin en attendant que le temps passe. Et maman, tu y penses dans toutes les conneries que tu sors ? Piqué au vif, je fronce les sourcils et croise les bras sur mon torse en observant le petit-frère qui s’agace. Je ne vois pas bien ce que Maman vient faire au milieu de mon questionnement sur le professionnalisme de la conseillère. Je le laisse terminer sa tirade, comprenant que cette réaction exacerbée est totalement liée à la façon dont je parle de ‘Romy’. – Elles ont une vraie relation qui ni toi ni moi ne pouvons expliquer. Romy est la seule personne que maman voit en dehors de moi, et encore je lui parle à travers une vitre. Tu penses qu’elle est instable ? Moi je pense qu’elle est la meilleure chose qui nous soit jamais arrivé. Oh Lonnie… T’as tellement envie de voir Maman dehors, tu t’accroches à tous les espoirs que tu trouves en chemin et elle t’en as mis plein dans la tête, cette fichue conseillère. Le chemin ne risque pas d’être aussi plaisant et facile qu’elle le prétend, je n’y crois pas pour ma part. – Elle a du mal à dominer ses émotions et est trop impliquée, oui. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, je dis que lorsqu’on s’implique trop émotionnellement, le risque de faire une erreur est doublé. Et j’aimerais qu’elle évite d’en faire, tout simplement. J’hausse les épaules, tirant sur ma cigarette en sondant du regard le petit-frère. J’ai du mal à comprendre cette réaction un peu trop vive, bien que le sujet soit émotionnellement douloureux. Je suis du genre à envisager tous les aspects d’un problème, afin de me préserver et d’anticiper les futures déceptions et moyens d’actions, recours s’il faut. Si la conseillère s’est montrée dans un premier temps professionnelle, elle n’a pas hésité à se montrer jugeante par la suite et peu apte à conserver son calme. – Et puis, tu sais Lonnie, elle est payée pour ce job. J’veux dire c’est pas une bonne samaritaine hein, la meuf touche sa paye à la fin du mois pour exercer son job correctement. Alors, si elle le fait bien tant mieux, pour maman et pour nous ; mais si elle le fait mal, on peut aussi le dire. Et j’suis peut-être dur selon toi, j’essaie juste d’être rationnel et de ne pas m’enflammer. J’ai subi suffisamment de déceptions dans cette vie pour garder les pieds sur terre et ne pas m’enthousiasmer trop à l’avance. Placer sa confiance aveuglément en quelqu’un, c’est lui octroyer le droit de faire des erreurs en pensant pouvoir lui pardonner. Personnellement, je ne crois pas que je pardonnerai une seule erreur à Romy Ashby, et je suis bien content qu’elle le sache car peut-être qu’ainsi, elle fera plus attention à sa manière d’agir et évitera justement de faire de la merde. Ouais, je suis intransigeant mais je n’ai pas envie de prendre tout ça à la légère. Alors, peut-être que je suis blessant, peut-être que je remets en cause le travail d’honnêtes gens, peut-être que je questionne des intentions qui sont à la base tout à fait honorables, mais si Romy Ashby est droite dans ses baskets, rien de tout cela ne devrait l’effrayer, bien au contraire. Et Lonnie devrait être rassuré de me voir rationnaliser tout cela de la façon la plus objective qui soit, en mettant mes propres ressentis et sentiments à l’écart pour ne juger que la situation telle qu’elle est. Pourtant, ce n’est pas ce qu’il se passe lorsqu’il affirme avoir confiance à 100% en la conseillère. – Peu importe ce que tu en penses… Romy n’est pas notre ennemie et si elle t’a pris de haut pendant votre rendez-vous c’est qu’elle avait de bonnes raisons… après tout tu n’es pas le membre le plus fiable de la famille… La pique lancée touche sa cible en plein centre, et c’est un bouillonnement de rage qui enfle brusquement en moi et dont l’écume s’échoue sur mes lèvres furieuses. – Oh, et donc pour cela je n’ai pas le droit de donner mon avis ? Viens, Harvey, aide-nous mais ferme ta gueule, c’est ça ? Désabusé, je secoue la tête et lisse ma barbe en laissant échapper un soupir. A quel moment ai-je pu croire que j’avais de nouveau ma place dans cette famille ? Ma place je l’ai perdu en partant, et je ne suis pas prêt de la retrouver. Condamné et jugé moi aussi. Je comprends que si je suis toléré, je ne suis pas vraiment accepté et j’ignore si cette accalmie perdurera une fois maman au-dehors. Je ne le crois pas en vérité, tout me pousse à croire que non. Il est facile de pointer du doigt mes échecs, alors que j’ai subi le drame familial de plein fouet moi-aussi, et si je n’ai pas été là durant dix ans c’est peut-être parce que j’essayais, à ma façon, de m’en sortir. Que serait-il advenu de moi si j’étais resté ? J’aurai fini en taule, assurément, je n’ai aucun doute là-dessus. La recrudescence de la violence au sein du moto-club ne laissait pas présager d’autres issues et la fuite fut en quelque sorte salvatrice. Bien évidemment, Lonnie ignore tout cela, tout comme j’ignore la façon dont il a fini par intégrer la police. Nos choix de vie divergent, nos histoires aussi car elles se sont séparées au moment où notre foyer a explosé en mille morceaux. Et je ne suis pas responsable de ce fait-là. Je reprends malgré tout, accusant le coup. Y’en aura d’autres de toute façon, des reproches balancés comme ça, pour piquer et pour faire mal, des reproches plein de rancœur contre lesquels je ne pourrais rien. – Mais en ce qui concerne Miss Ahsby, je ne la considère pas comme notre ennemie, non. Je la considère comme la conseillère en charge du dossier de maman et celle en qui reposent nos espoirs de la voir sortir de taule. Et si je dois lui mettre un coup de pression pour lui rappeler de bien faire son travail jusqu’au bout, alors je le ferais. Ménager la sensibilité de Romy Ashby n’entre pas en ligne de compte lorsqu’il s’agit de la sortie de prison de Maman, désolé. Je fixe le petit-frère dans les yeux, bien campé sur mes positions et conscient que si je dois entrer dans un bras de fer avec lui, je le ferais. Il faut garder les pieds sur terre, à tout prix et si je dévie de ma ligne de conduite, je ne suis pas sûr de pouvoir assurer tout le long de la procédure. C’est ma façon de faire et d’agir, calme et stoïque, en tenant loin de moi les émotions qui pourraient me faire dérailler. Et c’est justement là où nous sommes différents, Lonnie et moi. Alors que je rejette brutalement tout ce qui pourrait me faire sombrer et briser la carapace que je maintiens comme je peux, lui plonge dans les sentiments et s’abandonne à ses émotions. Il évoque Noël comme un rêve alors qu’il s’agit d’un cauchemar pour ma part, et nos opinions semblent diamétralement opposé sur le sujet. – Moi je trouve ça ironique, presque poétique même. Le dernier noël passé ensemble était le pire souvenir de ma vie, le prochain pourrait être le plus beau. Mon regard se perd sur les toits de la ville alors que je refoule l’immense appréhension qui s’empare de moi. Je ne sais pas, Lonnie, je ne sais pas… - C’est une façon de voir les choses… Je finis par murmurer, gardant cette distance raisonnable avec l’émoi qui me tiraille et me malmène dans tous les sens. La paume de ma main s’écrase sur mon visage et je le frotte durement un instant, fatigué par toute l’émotion que cette conversation fait ressurgir. Et je pense à Terrence, je m’accroche à lui en me disant que je vais le retrouver après ça et qu’il réussira, par sa douceur et sa présence, à tout apaiser. Tout ce fichu bordel qui bouillonne en moi, il saura le canaliser et le contrôler. Il est devenu ma soupape de sécurité, ma lanterne dans les ténèbres et je place toute ma confiance en lui. Aussi, lorsque Lonnie évoque la possibilité de m’accompagner pour voir Maman en prison, je grimace car j’ai peur. Je sais qu’il va m’être très difficile de rester stoïque face à celle qui est responsable de tous nos malheurs, je sais que je risque de ne pas être tendre et de ne pas mâcher mes mots. Lonnie ne peut pas comprendre ça, il m’en voudra davantage et si notre relation s’apaise difficilement en ce moment, je ruinerai tous nos efforts en moins d’une minute. Non, il ne peut pas m’accompagner, je le sais. – Il est jamais trop tard pour se racheter Harvey. Cette phrase m’arrache un sourire jaune et tordu. Me racheter… Auprès de qui et pourquoi ? Qui doit réellement se racheter en vérité ? N’est-ce pas elle pour avoir délibérément appuyer sur la gâchette et tout envoyer valser ? Que ce soit le corps de son mari comme ses enfants, Gail Hartwell n’est pas toute blanche dans l’histoire et la rancune, tenace, est toujours bien présente. Je serre les dents mais ne dit rien, pensant qu’il est préférable que je n’expose pas une nouvelle fois mon point de vue. De toute évidence, c’est une vision des choses que je ne partagerai jamais avec mon frère. Alors, j’assure simplement à Lonnie que Maman sortira de taule, parce que je ferais tout pour. Pour lui, pour qu’il est sa mère auprès de lui, le fidèle et gentil garçon qui lui a rendu visite toutes les semaines en vingt ans… Un véritable chemin de croix qu’elle lui aura fait subir. Le mesure-t-elle dans l’fond ? Et puis merde après tout : qu’elle s’y confronte à la vie, qu’elle encaisse un peu sa dureté, qu’elle apprenne que rien n’est facile et que vingt ans derrière les barreaux ne l’aideront pas à mieux s’en sortir qu’une autre. Sors Maman, sors de taule et essaie de vivre. Tu verras, c’est pas si simple dehors, pas si simple. Lonnie attrape un carton de pizza, pour lister dessus les raisons pour lesquelles elle devrait sortir, et je me prête au jeu bon gré mal gré, sans vraiment comprendre le but de tout ça. Nous nous sommes mis d’accord, non ? Alors de quoi est-ce qu’il essaie de me convaincre maintenant ? J’avoue ne pas vraiment comprendre la finalité de tout ça… - Ok… ‘pour’ : elle n’a rien à faire en prison. Je mets dette payée. Tu sais Harvey tous ces trucs là… [..] Romy ne va pas abandonner maman à peine le pied foutu dehors… y’a un accompagnement derrière tout ça. J’hausse les épaules, m’affalant sur le canapé et je pose un bras le long du dossier de ce dernier. – Ouais, j’me doute mais… Je ne fais pas confiance aux gens ? J’ai besoin d’avoir la main mise sur tout ? Je suis légèrement parano et angoissé lorsqu’il s’agit de placer mon destin dans les mains d’un autre ? Je soupire. – T’as raison, elle f’ra son job correctement j’en suis sûr… Ne voulant pas relancer le débat sur la conseillère et les limites de son accompagnement. – Et je rajoute aussi : on pourra la convaincre qu’on ne lui en veut pas. Sourcils arqués, j’observe le petit-frère avec la nette impression d’être tombé en plein guet-apens. Sur la défensive, je demande – Ah oui ? Et pourquoi ça a son importance ? Sentant venir le débat auquel je souhaite échapper depuis le début de la soirée, j’attrape une autre cigarette avec laquelle je lisse mes lèvres un instant. Décidant de la jouer sur le même terrain avec les vérités qui font mal, je demande alors d’un air innocent : - Dis-moi, la conseillère de maman… Romy… T’es avec depuis longtemps ? La flamme du zippo s’élève et vient griller le bout de ma cigarette alors qu’un silence flotte entre nous… Jette-toi à l’eau, petit-frère, ça ne peut pas faire de mal…


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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyVen 29 Nov - 15:56


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Sans trouver de solution pour le moment à cette rancœur qui pourrissait dans le fond de ses tripes, Lonnie avait pourtant accepté de laisser une nouvelle chance à un Harvey dont la gueule cassée témoignait des difficultés qui avait encore dans la société. Et si il le faisait c’était d’une part pour faire comprendre à son frère qu’il avait un rôle crucial dans la libération de leur mère, d’une autre part parce qu’il ne voulait lui laisser la porte complètement fermée. Mais Harvey joue les imbéciles, les ‘monsieur je-sais-tout’ en se permettant de juger Romy sur le simple échange qu’ils ont entretenus à la prison. Ça brise le flic, lui mets les nerfs, faire naître en lui une colère nouvelle et un désir profond de sauvegarder l’honneur de la blonde quand bien même elle sait très bien le faire toute seule. Pas sur ce terrain-là, Harvey, pas maintenant. Le discours du flic n’est plus rationnel, simplement basé sur ses émotions alors qu’elles devraient être les dernières à apparaitre sur ce tableau, mais il ne peut pas retenir le crissement dans sa voix alors qu’il s’emporte contre son frère. Harvey est trop fidèle à lui-même, cherchant des excuses plutôt que d’affronter la réalité de ses propres échecs, et ça le bleu ne le supporte pas, ne le supporte plus. T’es parti Harvey, c’est toi qui a pris cette décision. Et il pourrait lui balancer dans la gueule toutes les longues nuits passées à sangloter dans un coin de son lit, tous les jours où ses crises d’angoisses ont pris le dessus et où il n’arrivait même plus à mettre un pied dehors. C’est une bataille qui s’engage dans les yeux de Lonnie Hartwell qui, malgré un taux d’alcool bien trop présent, décide tout de même de s’ouvrir une dernière bière pour contrer le flot de conneries qui sort de la bouche de son frère. « Elle a du mal à dominer ses émotions et est trop impliquée, oui. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, je dis que lorsque l’on s’implique trop émotionnellement, le risque de faire une erreur est doublé. Et j’aimerai qu’elle évite d’en faire, tout simplement. » Elle n’en ferait pas, Lonnie en était persuadé, sans doute naïvement et dompté par sa nouvelle relation avec la jeune femme … non, il en était persuadé. Harvey hausse les épaules en tirant sur cette clope que son cadet rêve de lui enfoncer dans le fond de la gorge, et alors que Lonnie cherche ses mots pour éviter le drame il prend une longue gorgée de la bière salvatrice, s’influant assez de courage pour reprendre d’une voix claire. « Elle n’en fera pas. Tu vas dire que je lui donne trop de crédit et que je suis trop impliqué là-dedans et tu as peut-être raison. » Les rendez-vous avec Romy avaient été bien suffisant pour qu’il lui accorde toute sa confiance, aveuglément même. « Peut-être que finalement ça sert à rien tout ça, hein ? On devrait se contenter de la laisser mourir là-bas puisque tu trouveras toujours quelque chose à redire. » La discussion se déroulait à couteaux tirés et Lonnie était bien trop alcoolisé pour essayer de relativiser, la seule envie qu’il avait été d’enfoncer son poing dans la gueule de son frère pour lui rajouter un bleu qu’il ne verrait même pas. « Et puis, tu sais Lonnie, elle est payée pour ce job. J’veux dire c’est pas une bonne samaritaine hein, la meuf touche sa paye à la fin du mois pour exercer son job correctement. Alors, si elle le fait bien tant mieux, pour maman et pour nous ;  mais si elle le fait mal, on peut aussi le dire. Et j’suis peut-être dur selon toi, j’essaie juste d’être rationnel et de pas m’enflammer. J’ai subi suffisamment de déceptions dans cette vie pour garder les pieds sur terre et ne pas m’enthousiasmer trop à l’avance. Placer sa confiance aveuglément en quelqu’un, c’est lui octroyer le droit de faire des erreurs en pensant pouvoir lui pardonner. Personnellement, je ne crois pas que je pardonnerai une seule erreur à Romy Ashby, et je suis bien content qu’elle le sache car peut-être qu’ainsi, elle fera plus attention à sa manière d’agir et évitera justement de faire de la merde. »

Les mots s’enchaînent dans la tête du bleu alors qu’il se pince les lèvres pour puisant au fond de lui-même pour ne pas se jeter sur le canapé et étrangler ce frère qui pense avoir eu le monopole de la douleur et de la souffrance. Alors que non, j’en ai chié aussi Harvey, t’es pas le seul à avoir eu mal toute ta vie. « Parce que toi tu n’es pas payé pour ton boulot ? Et moi, hein ? J’arrête des gens mais comme je suis payé pour le faire ça fait de moi un mauvais flic ? » Du bout des doigts il tire sur l’étiquette de la bière avant de la décoller complètement, tête baissée mais larmes qui pointent sous ses paupières et qu’il retient pour ne pas tout briser. « Tu penses être le seul à avoir souffert Harvey ? Tu veux que je te parle de toutes les nuits où je me suis réveillé en hurlant après que tu sois parti ? Des angoisses que j’ai eues ? De cette peur, si profondément enfouie de moi, de finir tout seul qui m’empêche de faire confiance et qui me coupe du monde ? » Il pourrait en déballer encore et encore sur le mal-être qui l’a frappé durant des années et pour lequel il n’avait pas toujours pas trouvé de remède, un sentiment qui s’estompait pourtant en présence de Romy.  « Mais t’as quand même raison sur un point tu sais, j’ai confiance en elle mais je ne suis pas aveugle pour autant. Et ce que je vois c’est que maman aurait rêvé avoir une fille comme elle… » Le flic se pince les lèvres pour ne pas finir sa phrase, pour ne pas envenimer les choses plus qu’elles ne le sont déjà. Une fille comme elle plutôt qu’un fils comme toi. Lonnie fait de son mieux pour mettre de l’eau dans son vin et ne pas énerver un Harvey qui serait capable de repartir et de tout laisser tomber encore une fois. « Oh, et donc pour cela je n’ai pas le droit de donner mon avis ? Viens, Harvey, aide nous mais ferme ta gueule, c’est ça ? » Les poings serrés, le regard noir, Lonnie préfère s’allumer une nouvelle cigarette plutôt que d’ouvrir la bouche. Et Harvey en rajoute en secouant la tête comme si il avait raison, comme si c’était lui l’instigateur de tout ça alors que son frère s’était toujours démerdé tout seul pendant des années, et ça le mets encore plus en colère le flic. « Je t’ai jamais demandé de revenir Harvey… » Personne ne l’a demandé, c’est un choix que tu as fait pour expier tes pêchés. « Mais je ne peux pas dire que je n’ai pas profité de ton retour pour aider maman, mais ça tu le sais aussi bien que moi. » Maman c’est une excuse, un moyen pour les frères Hartwell de se faire à nouveau confiance. Parce que Lonnie était prêt à lui pardonner ses erreurs, avec le temps, et même à lui laisser une place dans sa vie dans laquelle manquait cruellement la présence rassurante d’un frère. « Mais en ce qui concerne miss Ashby, je ne la considère pas comme une ennemie, non. Je la considère comme la conseillère en charge du dossier de maman et celle en qui reposent nos espoirs de la voir sortir de taule. Et si je dois lui mettre en coup de pression pour lui rappeler de bien faire son travail jusqu’au bout, alors je le ferais. Ménager la sensibilité de Romy Ashby n’entre pas en ligne de compte lorsqu’il s’agit de la sortie de maman, désolé. » Il ne l’était pas, désolé, mais préférait se donner le rôle de la voix de la raison plutôt que d’avouer qu’il avait encore du mal à se faire à l’idée, qu’il avait encore du mal à se pardonner. Romy était son purgatoire. Elle représentait toutes ces choses qu’il n’avait pas faites, toutes les étapes qu’il avait loupées durant son exil. Sa façon à lui de trouver la rédemption. Parce qu’il était toujours plus simple de rejeter la faute sur les autres plutôt que de se regarder en face, et ça Lonnie l’avait bien compris.

Il attrape le regard de son frère à la volée sans pour autant le soutenir, préférant regarder ses doigts qui décollent lentement l’étiquette de la bière et se diriger vers la fenêtre pour souffler la fumée de la clope qui lui brûle les lèvres. Il faut faire redescendre la tension, se contenter de l’idée qu’Harvey veut placer ses pions sur l’échiquier avant de faire quoi que ce soit. Aux yeux de Lonnie il a tort, aux yeux des autres il a sans doute raison d’être méfiant. Le flic s’imagine pourtant un noël radieux, entouré de ceux qui comptent. Maman à la cuisine qui passerait une journée entière derrière les fourneaux pour n’apporter que des bons plats sur la table. Romy à ses côtés, souriante et heureuse. Harvey, aussi, enfin débarrassé de ses démons. Idyllique, utopique, mais il avait besoin d’y croire. « C’est une façon de voir les choses… » Et qu’elle était belle cette façon, qu’elle avait le pouvoir de rendre au flic des années passées à se lamenter sur son sort sans jamais rien faire pour en sortir. Il avait le sourire aux lèvres là où Harvey semblait porter le poids du monde sur ses épaules. Et un futur rendez-vous avec le passé ne changera en rien les inquiétudes de l’aîné, ne fera même que les augmenter à peine son regard posé sur cette mère encore et toujours coupable de les avoir abandonnés. Que serait-il advenu des frères Hartwell ? En prison, en exile, morts. Lonnie n’arrivait à s’imaginer une autre vie que celle qu’il avait, et ne voulait pas faire l’effort de l’envisager. Il serait mort de toute façon, trop faible dans les yeux d’un père qui n’avait jamais eu la moindre parole gentille à son égard. Trop petit, trop maigre, trop faible. Encore et encore les mêmes mots qui se précipitent dans son esprit alors qu’il soulève l’idée d’accompagner Harvey, au moins jusqu’à la porte. Mais il ne veut pas de son aide, rejette l’idée sans même chercher un moyen de la comprendre, et ça brise le cœur de son cadet qui fait tous les efforts du monde pour retrouver un semblant d’équilibre familial. Attrapant le carton d’une pizza qui aurait dû être jeté depuis des jours pour inscrire les pours et les contres de cette sortie, préférant cette solution à celle de parlementer avec un Harvey encore bien trop touché par toute cette histoire. Maman ne sera pas seule, son chemin sera suivi et contrôlé par une Romy en quête de bien faire, et c’est là le plus important. « Ouais j’me doute mais … T’as raison, elle f’ra son job correctement j’en suis sûr. » Enfin. Le flic s’autorise un sourire alors qu’il agrippe fermement le carton entre ses mains pour y noter que ses enfants lui pardonneront, qu’elle n’aura pas à s’inquiéter de savoir si l’amour est toujours présent. Une mère reste une mère, peu importe ses défauts. « Ah oui ? Et pourquoi ça a son importance ? » Merde. La confiance de Lonnie s’écrase en flèche alors qu’il dépose le bout de carton sur sa table basse et attraper une nouvelle cigarette qu’il n’allume pas, la laissant trainer aux coins de ses lèvres. « Parce qu’elle ne s’autorisera pas à vivre si elle est persuadée qu’on lui en veut toujours. » Gail ne sera qu’un fantôme effectuant des tâches basiques pour ne pas se laisser mourir, mais elle ne sera pas en vie, pas vraiment. « Dis-moi, la conseillère de maman… Romy… T’es avec depuis longtemps ? » Sans savoir quoi répondre ou quoi faire. Juste comme ça, comme une balle qui fuse dans son estomac. Le flic fait glisser une main contre sa barbe avant d’allumer cette clope qui finira bien par trouver le chemin de l’œil de son frère sans problème si ce dernier continue de jouer les connards. « Non. » Pour seule réponse alors que le bleu s’empare des cadavres de bières simplement pour s’occuper les mains. « Ça fait pas longtemps. » Pour une fois il s’autorise à lever un regard noir sur Harvey dont les yeux sont maintenant remplis d’une colère nouvelle poussée par l’envie de faire sortir Lonnie de ses gongs, juste pour voir si il a les couilles de l’avouer. « En fait c’est ça le problème hein ? » Il abandonne les bouteilles pour tirer une latte sur la cibiche, les bras croisés sur sa poitrine. « Tu penses quoi ? Que parce que je suis avec elle ça me rend complètement con ? Je sais où tu veux en venir Harvey. Tu veux que je reconnaisse que ma vision est biaisée parce qu’elle et moi on est ensemble, et tu crois que je lui donnerai le bon dieu sans confession. » A vrai dire il le ferait, mais Lonnie n’avait pas l’intention de dévoiler à son frère tous les tourments de son cœur, pour protéger sa relation, pour le protéger lui. « Je ne crois pas en elle parce qu’on est ensemble. Je crois en elle parce qu’elle fera tout pour maman. Elle passe des nuits sur ce dossier, elle n’abandonne pas, jamais. Et c’est ce qui me retient de rajouter un bleu sur ta gueule. »  Pointant du doigt son frère sur qui il n’aura jamais l’avantage Lonnie avait avalé d’une traite la fin de sa bière sans pour autant quitter Harvey du regard.  
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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyVen 6 Déc - 4:09


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→ Les bonnes intentions et les envies de renouer qui nous ont rassemblées au beau milieu de la nuit dans l’appartement de Lonnie semblent désormais balayées par les rancœurs et nos visions opposées. D’une discussion difficile, nous sommes passés à l’affrontement et tandis que j’expose les raisons pour lesquelles je questionne les pratiques et capacités de la conseillère (raisons que je trouve tout à fait sensées pour ma part), j’observe le petit-frère s’énerver et maugréer dans sa barbe. Une seule raison possible à cela : il en pince pour la charmante demoiselle. Et je ne peux pas l’en blâmer, il faut dire qu’elle est très jolie Romy Ashby et que son mordant doit être terriblement séduisant - d’autant plus lorsqu’il sert une cause qui tient particulièrement à cœur. Aveuglé par le charme de la demoiselle, Lonnie réfute toute mon argumentation, se braquant. Dès lors, je comprends vite qu’une pluie de reproches s’apprête à s’abattre sur ma personne, et bien que je sois en capacité de la comprendre, je ne suis pas persuadé que je doive l’accepter encore et encore. Oui, je suis coupable d’être parti du jour au lendemain. Oui, je suis coupable de n’avoir pas rendu visite à ma mère au cours de ces dix dernières années. Oui, j’ai perdu le droit de faire partie de cette famille un jour – si famille il y a réellement eu. Mais est-ce une raison pour être constamment désigné comme responsable de la désunification de notre famille ? Je ne suis pas à l’origine du drame qui nous a séparés. Et la fautive, sous prétexte qu’elle vient de passer vingt ans en prison pour cela, en est totalement affranchie. Durant combien de temps encore vais-je devoir payer pour les fautes de mes parents ? – Parce que tu n’es pas payé pour ton boulot ? Et moi, hein ? J’arrête des gens mais comme je suis payé pour le faire ça fait de moi un mauvais flic ? Un souffle bruyant s’échappe de mes lèvres entrouvertes alors que je constate que Lonnie a tout interprété de travers. – J’ai pas dit ça… Je dis juste qu’elle fait son taf, qu’elle ait payé pour et que, comme tout un chacun, elle doit le faire correctement oui. Je dis juste qu’il ne faut pas lui attribuer une médaille pour faire son job correctement justement. T’es pas décoré à chaque fois que t’arrête un connard, non ? J’ai pas de prime dès que j’sors un soulard du club, personne ne m’applaudis non plus. Il ne faut pas oublier que Romy Ashby n’agit pas seulement dans notre intérêt, mais aussi dans le sien quoiqu’elle en dise. Je ne vais pas lui attribuer un mérite supplémentaire parce qu’elle a décidé de se saisir du dossier de ma mère. Si pas elle, ça aurait fini par être quelqu’un d’autre. Non ? – Tu penses être le seul à avoir souffert Harvey ? Tu veux que je te parle de toutes les nuits où je me suis réveillé en hurlant après que tu sois parti ? Des angoisses que j’ai eues ? De cette peur, si profondément enfouie de moi, de finir tout seul qui m’empêche de faire confiance et qui me coupe du monde ? Oh Lonnie… Toi et moi sommes fait du même bois tu sais… J’inspire profondément, touché par ses quelques mots qui décrivent un quotidien que je ne connais que trop bien. Les cauchemars sont toujours bien présents, ils surgissent au cœur de la nuit, brusquement et sournoisement, ils viennent perturber un sommeil difficile, alimenter des pensées trop noires et nourrir le désespoir. Et j’ai de la chance d’avoir trouvé un ange gardien pour veiller sur mes nuits désormais. Car ce n’est plus le poison que j’avalais autrefois par litres qui tient éloigné mes démons, mais bien les douces caresses et la voix mélodieuse de mon mec qui ont pris le relais. Lentement, je vois le chemin de la rémission se profiler à l’horizon et l’espoir, violent, vibrant, excitant, d’un avenir bien meilleur. – Mais t’as quand même raison sur un point tu sais, j’ai confiance en elle mais je ne suis pas aveugle pour autant. Et ce que je vois c’est que maman aurait rêvé avoir une fille comme elle. Avec cynisme, j’aurai envie de rétorquer qu’heureusement pour Romy Ashby, elle n’est pas née au sein de notre merveilleuse petite famille aux mœurs abjectes et aux nombreux abus. Mais quoi que je dise au sujet de la conseillère, ce sera pris comme un affront alors je ne réponds pas et me contente d’hausser les épaules. Si Maman a trouvé une personne avec qui discuter et échanger, une personne pour la soutenir et lui changer les idées, tant mieux pour elle. Je ne vais pas ériger pour autant une statue à la gloire de Romy Ashby, faut pas déconner !

La sortie de maman… Les démarches administratives, l’installation, la conquête de la ville… Qu’est-ce que ça fait d’avoir quitté la vie pendant plus de vingt ans ? D’avoir vécu en marge de la société ? Tellement de choses ont changé en vingt ans… Ne serait-ce que la technologie. Les téléphones ne sont plus filaires maintenant et internet a débarqué dans nos vies. Tu vas être perdue, Maman, déboussolée. La vie, ici, est effrayante tu sais. Ça ne va pas être une partie de plaisir pour toi en vérité. Ça risque même d’être sacrément dur ! Mais c’est ça la vie, pas vrai ? C’est ça la liberté, aussi. Etre confronté à la vie, à la dure réalité et se prendre des murs, des murs et des murs, constamment. Sans grande conviction, je me prête au jeu de Lonnie qui consiste à classer les points négatifs et positifs liés à la sortie éventuelle de Maman. Je ne vois pas vraiment où il veut en venir, jusqu’à ce qu’il parle d’effacer toutes les rancunes – du moins celles envers Maman. Grimaçant, je relève en montrant clairement mon désaccord, questionnant l’importance de ce point précis ; ce à quoi Lonnie réponds – Parce qu’elle ne s’autorisera pas à vivre si elle est persuadée qu’on lui en veut toujours. Sans bouger, j’observe le petit-frère, la clope pas encore allumée pendue au bout des lèvres. Je finis par formuler la question qui me brûle les lèvres. – C’est ce que t’as fait toi, Lonnie ? Tu lui as pardonné ? Tu ne lui en veux plus ? Il n’y a plus une once de rancune envers Maman dans ton cœur ? T’as tout effacé ? Les cris, les pleurs, la solitude, les grands couloirs froids, les éducateurs et les services sociaux, la famille d’accueil et le nouveau quartier, les difficultés pour récupérer nos affaires… Toutes tes premières nuits sans ta peluche fétiche, tu te rappelles ? Tu te rappelles comme il te manquait ton doudou ? Et nous ne pouvions pas retourner chez nous, la police avait scellé la baraque pour son enquête… On a dû attendre, attendre que les grandes personnes décident pour nous, attendre des explications qui ne sont jamais venues, attendre que le cauchemar prenne fin… Mais il n’a jamais pris fin, n’est-ce pas Lonnie ? Tu parlais d’angoisses tout à l’heure, tu parlais de peur de la solitude… T’es resté ce pauvre gamin arraché à son foyer brutalement à la sortie de l’école qu’a pleuré des semaines entières et refusé de manger ou de sortir. Alors comment t’as fait ? Pour tout effacer ? Pour tout pardonner ? Hein ?

J’inspire un grand coup, et décide de changer de sujet, revenant sur celui ô combien épineux, de la conseillère au centre de nos préoccupations ce soir. J’allume ma cigarette et tire dessus sans lâcher du regard le petit-frère qui se tend à nouveau, prêt à défendre sa nana avec les poings s’il le faut. Et cette attitude me fait sourire, finalement. On est tous un peu comme ça quand il s’agit de nos moitiés, non ? – Non. Ça fait pas longtemps. Alors comment peux-tu ne pas être aveuglé, Lonnie, si tu penses avec ta bite au lieu de ton cerveau hein ? – En fait, c’est ça le problème hein ? Tu penses quoi ? Que parce que je suis avec elle ça me rend complètement con ? Faut dire que ça joue pas vraiment en sa faveur, au petit-frère. Sa réflexion est totalement biaisée par son histoire d’amour avec la conseillère, mais ça encore, c’est normal. Il ne faudrait pas toutefois que cette relation devienne un frein au dossier et à son acceptation au tribunal. – Je sais où tu veux en venir Harvey. Tu veux que je reconnaisse que ma vision est biaisée parce qu’elle et moi on est ensemble et tu crois que je lui donnerai le bon dieu sans confession. Honnêtement, j’hausse les épaules et hoche la tête car oui, c’est à peu près ça en effet. Je ne vais pas m’en cacher hein ! Lorsqu’on est amoureux, on fait rarement preuve de clairvoyance. – Je ne crois pas en elle parce qu’on est ensemble. Je crois en elle parce qu’elle fera tout pour maman. Elle passe des nuits sur ce dossier, elle n’abandonne pas, jamais. Et c’est ce qui me retient de rajouter un bleu sur ta gueule. Un léger rire s’échappe de mes lèvres à l’entente de cette menace. Un de plus, un de moins, pour ce que ça change… Je secoue la tête, souffle la fumée vers la fenêtre et pose mes coudes sur mes genoux en tentant de calmer un peu les tensions. – Si tu l’dis. Tu la connais bien après tout, alors… Je te crois ! Glissant une main sur ma barbe, je demande tout de même l’air songeur – ça ne pose aucun problème dans la procédure que vous soyez proche ? Tu sais, faudrait pas qu’on la juge inapte à s’occuper du dossier de maman parce que vous êtes ensembles hein… Théorie principalement fondée sur des séances de visionnage intensif de New York Police Judiciaire à un moment désertique de ma vie.  Puis, plus détendu et avec le sourire, je décide de témoigner mon soutien au petit-frère pour cette idylle naissante, car en dépit de ce que je dis sur Romy Ashby, je ne pense pas que ce soit une mauvaise fille. – C’est une belle plante, t’es pas le moins chanceux toi ! Tu l’as attiré comment hein ? Avec ton air de chien battu à la Hartwell, hum ?




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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyMar 10 Déc - 21:23


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Avec Harvey les conversations se déroulaient toujours à couteaux tirés, dans une ambiance plus que pesante dont les frères n’arrivaient pas se défaire. Le poids des années, de toute cette rancœur et de l’abandon auquel Lonnie avait dû faire face des années plus tôt, étaient les moteurs de cette discussion houleuse. Un cycle vicieux, une boucle éternelle qui se répéterait autant de fois jusqu’à ce que l’un des deux fasse l’effort de passer l’éponge. Harvey et sa colère de ne plus faire partie de la famille, Lonnie et cette rancune qui ne le quittait pas à chaque fois qu’il plongeait son regard dans celui de son aîné. Abandonné, petit garçon au désespoir qui se traîne de famille d’accueil en famille d’accueil jusqu’à trouver un moyen de s’en sortir. L’alcoolisme ou la vie, la longue bataille que Lonnie avait affrontée seul de peur de ne trop s’attacher aux autres, à tous ceux qui entraient dans sa vie. Cette peur de se retrouver de nouveau laissé pour compte et qui l’empêchait de trouver le bonheur dans les petites choses du quotidien. Sauvé de la noyade par la police qui lui avait imposée un cadre rigoureux mais exemplaire, sauvé de la peur par ses amis qui avaient toujours supportés ses angoisses, une main sur l’épaule en guise de remède. Sauvé par Romy. Il pouvait comprendre, le flic, que sa vision de cette affaire était biaisée par une relation nouvelle et fantastique qui le détachait de la réalité trop présente. Clignant des yeux pour effacer les traces de cette colère montante Lonnie avait pourtant rétorqué de ne pas être complètement con. Un mot de plus pour empêcher Harvey de s’exprimer alors que ce-dernier était simplement venu se confier, trouver une oreille attentive pour s’épancher un instant. Lonnie ne pouvait pas, ne pouvait plus. Vision déformée, cœur trop touché pour marcher droit, le bleu n’avait qu’une envie et c’était celle de refermer la porte d’un coup sec sur la silhouette de son frère. Au diable maman, au diable les gens. Il aurait préféré se murer dans le silence plutôt que d’affronter les paroles d'un aîné dont les neurones s’alignent pour trouver lui-même les réponses aux questions. Trop con de croire qu’il avait le droit à un bonheur sincère, trop fragile pour ne pas se plier face au vent. Lonnie, comme un gamin éternellement arraché à sa famille. Pour autant il n’avait pas envie de baisser les bras aussi rapidement, une petite flamme brûlante lui arrachant un sourire de consternation alors qu’il répliquait d’une pique destinée à faire flancher son frère. L’un de deux finira bien par exploser, et le flic n’avait pas du tout envie d’être celui au bord de la crise de nerf. « J’ai pas dit ça… Je dis juste qu’elle fait son taff, qu’elle ait payée pour et que, comme tout un chacun, elle doit le faire correctement oui. Je dis juste qu’il ne faut pas lui attribuer une médaille pour faire son job correctement justement. T’es pas décoré à chaque fois que tu arrêtes un connard, non ? J’ai pas de prime dès que j’sors un soulard du club, personne ne m’applaudis non plus. » Le flic trouvait du réconfort dans le creux de sa bouteille, l’expression de son visage ressemblant de plus en plus à celle de papa quand il avait un verre de trop, et ça le dégoûtait. Ça le dégoûtait car Harvey n’avait pas totalement tort, dans le fond, pas vraiment du moins. « Personne a dit qu’elle allait bâcler tout ça pour en finir au plus vite, justement c’est tout le contraire. Tu juges sans savoir, simplement parce que tu as peur. » Peur de la voir sortir, peur d’avoir à affronter son regard là où Lonnie aurait pu crever pour la prendre dans ses bras. Il avait eu peur lui-aussi, des semaines entières passées dans le noir de sa chambre à pleurer en silence pour ne pas réveiller la famille d’accueil. Des mois à se demander si il ne serait pas plus simple de disparaître plutôt que de se battre contre le vent. Une peur inscrite au plus profond de lui, qui ne partirait jamais.

Si il était venu le temps des reproches Lonnie avait tout un sac à déballer. Harvey, tu m’as enterré quand tu es parti. La tête dans le sable, une asphyxie qui avait pourrie de ses poumons jusqu’au cœur. L’aîné accuse le coup, la tête basse sur des mains qui tremblent devant les mots acérés de ce frère qui a tenu trop longtemps en apnée avant de reprendre sa respiration. Il a le cœur au bord des lèvres, l’esprit trop embrumé pour réfléchir un instant à l’impact de ses mots sur ce frère qui se prend reproches sur reproches sans pouvoir répondre quoi que ce soit. Oh ça fait bien trop longtemps que le flic se retient de dire toutes ces choses, et il s’en fout bien de savoir que ça fasse mal à un Harvey déjà à terre. Non, ce cercle vicieux devait prendre fin, quitte à se foutre sur la gueule pour faire parler les poings plutôt que la bouche. Mais la discussion change, se tourne vers les petits soucis auxquels maman devra faire face une fois dehors. Les papiers, les démarches diverses qui prendront du temps mais qui seront là pour donner un cadre à cette sortie. Le flic se laisse faire, abandonne une minute cette sensation horrible de main lui tiraillant les tripes pour se plonger dans l’espoir de revoir sa mère, même si il doit abandonner son appartement pour lui laisser une solution de replis, Lonnie était prêt à tous les sacrifices, quitte à s’oublier lui-même encore une fois. Il faut qu’il se change les idées, alors quand il attrape le carton de la boîte à pizza pour y noter les pours et les contres c’est une façon de se sortir la tête de cette atmosphère pesante. Les doigts du flic sont tremblants mais précis, accroché à cet espoir de voir la colonne des pours s’étirer sur la longueur. Mais Harvey n’est pas d’une humeur autre que celle de faire chier son monde, et quand Lonnie ouvre la bouche pour prétexter que Gail ne pourra jamais s’autoriser à vivre si elle n’a pas le pardon de ses enfants, c’est une bombe qui explose entre les frères Hartwell. « C’est ce que t’as fait toi, Lonnie ? Tu lui as pardonné ? Tu ne lui veux plus ? Il n’y a pas une once de rancune envers maman dans ton cœur ? T’as tout effacé ? » Abandonnant le carton sur un coin de la table basse Lonnie avait déposé ses mains sur ses hanches avant de se pincer les lèvres. Avait-il vraiment tout pardonné ? Sous ses paupières flottaient un océan de larmes à qui il refusait le droit de prendre le dessus d’un mouvement de la tête. Toutes ces nuits, passées à sangloter en silence alors qu’une famille d’accueil perdue essayait tant bien que mal de lui faire plaisir avec un chocolat chaud et une attention. Toutes les fois où il avait préféré se frapper les mains contre les murs plutôt de laisser la colère prendre le dessus. Toutes les plaies, les cicatrices encore rouge. « Il m’aurait tué… » Que le bleu souffle lentement alors que du plat de la main il essuie une fuyarde ayant trouvé un moyen de s’enfuir. « Harvey, tu le sais aussi bien que moi… »  A coup de poings, de pieds, de cette bouteille de scotch qui ne le quittait jamais. « Peut-être que toi tu aurai réussi à le repousser et à t’enfuir … mais pas moi. » Trop fragile. Trop frêle. « Alors je préfère le savoir mort. Et la vérité c’est que je l’aurai sans doute tué moi-même si maman ne l’avait pas fait. » Incapable de supporter les pleurs de sa mère et les bleus sur ses bras et son visage. Trop petit encore, mais assez grand pour comprendre que ça n’aurait jamais pris fin. « J’ai pas tout effacé. Elle nous a laissé et on a dû tout affronter seuls, mais je lui ai pardonné. Il le faut. » Sans quoi on ne s’autorise plus à vivre, fantômes coincés dans le passé.

La clope au bord des lèvres pour se donner une constance Lonnie doit faire face au regard curieux de son frère qui met enfin les pieds dans le plat, qui appuie là où ça fait mal pour lui tirer les vers du nez, à Lonnie. Il avoue tout, par la force des choses le flic est obligé de confesser sa relation avec Romy qui demeure aujourd’hui la seule éclaircie dans son paysage. Alors oui, il a peut-être la tête ailleurs et sans doute qu’il ne réfléchit plus correctement depuis qu’elle est entrée dans sa vie, mais le bleu était prêt à la défendre à la force des mots comme à celle des poings. Rendu sauvage par les paroles d’Harvey le flic ne peut empêcher son corps de se tendre alors qu’il évoque la grande possibilité de rajouter un bleu dans la galaxie déjà présente sur le visage de son aîné. Il ne trouve rien de mieux à faire que d’hausser les épaules en souriant, et ça fout Lonnie dans une rage folle qui le pousse à tourner le dos pour ne pas laisser la rage prendre le dessus. « Si tu l’dis. Tu la connais bien après tout, alors … Je te crois ! » Le flic ne sait plus sur quel pied danser, et alors qu’il ramasse un cadavre de bouteille pour y jeter sa cendre c’est tout son corps qui s'alerte pour affronter les paroles de son frère. Une crise d’angoisse après l’autre, redevenu petit garçon au tempérament bien trop colérique pour être supporté. « Ça ne pose aucun problème dans la procédure que vous soyez proches ? Tu sais, faudrait pas qu’on la juge inapte à s’occuper du dossier de maman parce que vous êtes ensemble hein… » Si il faut répondre à la connerie par la connerie Lonnie se contente d’hausser les épaules à son tour avant d’écraser la cendre de la clope dans l’espace entre son pouce et son index. « On l’a pas encore évoqué si tu veux tout savoir, mais je présume que tu ne t’intéresse pas à ma vie sentimentale simplement pour faire la causette ou me souhaiter d'être heureux...» Non, il n’arrivait pas à se débarrasser de cette sensation d’abandon, quand bien même Harvey faisait tout son possible pour reprendre lentement sa place dans la vie de Lonnie. « C’est une belle plante, t’es pas le moins chanceux toi ! Tu l’as attiré comment hein ? Avec ton air de chien battu à la Hartwell, hum ? » Il le sait, au fond, que tout ça est demandé sur un ton plus léger, qu’Harvey fait des efforts pour changer le sujet de discussion et pour que tout redevienne comme avant. Lonnie, lui, se retrouve plongé dans une spirale de colère dont la seule porte de sortie se trouve être le poing qu’il serre et les ongles qui s’enfoncent jusqu’à la chaire de sa paume, trace de sang sur la moquette qu’il tente de cacher. « C’est surtout quelqu’un de formidable. » Il a la tête qui tourne, les pensées emmêlées dans un brouhaha qu’il n’arrive pas à faire taire. Et ça tourne lentement jusqu’à ce que le mur dans son dos devienne un pilier, un secours. « Et il fallait bien que papa nous lègue quelque chose en plus d’un penchant pour régler les soucis avec les poings. » Les mains tremblent, le corps en entier, et dans la nouvelle cigarette qu’il allume Lonnie se brûle le bout des doigts avec la flamme. « Alors, il est où ton fight club ? » Puisque Harvey ne s’est décemment pas pris les pieds dans le tapis pour se retrouver avec autant de bleus sur le visage, autant mettre les choses au clair tout de suite.   
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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyDim 22 Déc - 23:21


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→ Si nous avions fini par grandir séparément et emprunter des voies différentes, nos caractères n’étaient pas si dissemblables en réalité et ce soir, je reconnaissais en Lonnie mon esprit borné et têtu, mon tempérament prompt à la colère et mes réactions aux abois, sur le qui-vive, hyper-défensives. Gosses acculés, habitués à devoir se défendre que ce soit par la parole ou par les poings, jetés aux loups dès leurs plus jeunes âges, nous avions rapidement compris tous les deux qu’il fallait très souvent –trop souvent – mordre avant d’être déchiquetés. Les mêmes mécanismes de défenses bien huilés et hyperactifs nous animent ce soir alors que la discussion vire rapidement en affrontement. La tension est palpable dans la pièce sitôt que nous nous engageons sur le sujet épineux de l’éventuelle sortie de prison de Maman mais les esprits s’échauffent réellement lorsque j’ose questionner le professionnalisme de la conseillère que j’ai rencontré la semaine dernière à la prison. Il faut dire que cette rencontre m’a laissé un goût amer en bouche et que j’ai encore du mal à digérer le manque de distance de Romy Ashby envers moi. Je suis pourtant habitué à être jugé, rabaissé et peu considéré mais les gens ne connaissent pas mon historique familiale lorsqu’ils le font et ça crée une sacrée différence. La conseillère m’a jugé en toute connaissance de cause, elle n’a eu aucune pitié pour le gamin meurtri qui sommeille en moi, n’a exprimé aucune compassion pour l’homme que j’ai réussi à devenir en dépit des armes en carton qu’on m’a attribué plus jeune, elle n’a pas hésité une seule seconde à faire de moi le coupable entièrement désigné de la situation actuelle. Et si j’en croie ses douces paroles, si ma mère refuse de sortir de taule, c’est uniquement ma faute. Parce que je l’ai délaissé, parce que j’ai choisi de l’ignorer et de faire ma vie, affranchi de son joug maternel. Dois-je en convenir qu’elle a raison ? Qu’elle est objective parce qu’étrangère, en dehors du cercle familial et qu’elle est professionnelle ? Tout me pousse à croire que non, et les réactions vives et sèches de Lonnie me confirment sa relation avec la conseillère. A ce stade, il vaut mieux ne rien dire car tout ce que je pourrais balancer sur Romy Ashby sera clairement retenu contre moi. Et je ne lui en veux pas au petit-frère, de défendre sa copine avec ardeur, je réagirai très certainement de la même manière s’il attaquait Terrence. Je choisis d’apaiser les tensions à ma façon, ou tout du moins d’essayer de ne pas les attiser davantage. Il soulève toutefois quelque chose d’intéressant Lonnie lorsqu’il me dit que j’ai peur. Et il n’a pas tort, car j’ai réellement peur, oui. De ne pas réussir à me maîtriser face à la réelle responsable de l’effondrement de notre famille, de m’effondrer en apercevant son visage à travers la glace du parloir et en constatant toutes les rides que je n’ai pas vu fleurir sur sa peau, de me réfugier dans la haine et la colère au lieu de faire face à la détresse et la tristesse. Oui, j’ai peur. J’ai peur d’affronter la femme que je fuis depuis plus de dix ans, et je sais aussi que cela est désormais inévitable ; car je lui ai promis au petit-frère, et je ne peux pas le laisser tomber. Pas cette fois. Pas encore. Mais le fait est que j’ai peur, en effet. Jusqu’à présent, la certitude que j’acceptais difficilement était l’enfermement à vie de ma mère. Désormais, c’est tout un champ de possibilités inconnues qui s’étale devant nous. – Je juge pas, je m’assure que tout est correct. Que je marmonne, malgré tout pour qu’il ne se méprenne pas. Moi, je n’ai rien contre Romy Ashby mais ça n’a pas l’air d’être son cas à elle. Tu lui as raconté quoi à la conseillère, Lonnie hein ? Que ton frère était un connard et un lâche sur lequel on ne pouvait pas compter ? Qu’il valait mieux éviter de faire appel à lui ? Que le tenir à l’écart serait certainement le mieux, hum ? Mais ce n’est pas ce qu’elle veut, Maman, n’est-ce pas ? Et ça vous coince tous les deux… La colère m’emporte, mes pensées sautent sur le moindre prétexte pour considérer tout le monde comme mon ennemi, je ne dois pas me laisser happer par toute cette négativité, je dois prendre du recul, impérativement. Sinon, je vais lui sauter à la gorge et le mordre, avant qu’il ne m’écharpe.

Et après une maigre tentative pour animer cette soirée différemment et orienter la discussion ailleurs que sur nos personnalités butées respectives qui rêvent de s’affronter, le fossé entre nous se creuse encore davantage. Car lorsque Lonnie parle de pardon, j’y vois un nouvel affront. Tu lui pardonnes à elle, mais à moi tu ne peux pas ? Elle ne t’a pas abandonné elle, peut-être ? Elle n’a pas déconné, elle ? Alors, clairement, je fais savoir mon désaccord et je lui demande franchement ce qu’il en est, au petit-frère. Et je lis son désarroi dans son regard, les larmes qui s’accumulent sous ses paupières céruléennes et celle qui, sournoise, réussit à glisser sur les quelques taches de rousseur parsemées sur sa joue. – Il m’aurait tué… Harvey, tu le sais aussi bien que moi… Comme si un vent glacial venait de s’engouffrer dans la pièce et de lécher furieusement mon dos, je me raidis et fixe Lonnie sans bouger. – Peut-être que toi tu aurais réussi à le repousser et à t’enfuir… mais pas moi. Alors je préfère le savoir mort. Et la vérité c’est que je l’aurai sans doute tué moi-même si maman ne l’avait pas fait. Dis, petit-frère, j’ai échoué à ce point ? J’ai été aussi nul que ça ? Je serre la mâchoire, je serre les poings mais le bouleversement à l’intérieur est immense alors que je réalise que je n’ai jamais inspiré un sentiment de protection à mon petit-frère. J’ai été nul à ce point ? Au point où tu en arrives à penser que je fuirais en te laissant crever derrière moi ? C’est ce que tu penses que j’ai fait en quittant l’Australie il y a dix ans ? C’est ce que tu penses que j’ai fait en te laissant dans cette famille d’accueil, il y a vingt ans ? C’est ce que tu penses que j’aurai pu faire lorsque je n’ai pas su m’interposer entre ses coups et toi, il y a vingt-cinq ans ? Ma tête bascule vers le sol, s’abaisse et je renifle difficilement pour ne pas fondre en larmes. Mais mon cœur saigne, abondamment. – J’ai pas tout effacé. Elle nous a laissé et on a dû tout affronter seuls, mais je lui ai pardonné. Il le faut. Est-ce que je pourrais me pardonner un jour ? D’avoir été trop faible, trop impuissant, trop incapable ? J’essuie mes larmes, attrape en tremblant la cigarette que je porte à mes lèvres et bafouille brusquement des excuses. – Excuse-moi… Je… Bruyamment, je renifle et tire furieusement sur la clope pour faire cesser les larmes et chasser la tristesse au loin. L’enfumer, la repousser, l’anesthésier. – J’aurai aimé le buter aussi. J’aurai aimé être en capacité de… nous sortir de ce putain d’enfer… J’aurai aimé qu’elle ne fasse rien, qu’elle ne se condamne pas à sa place… Car c’est ce qu’il s’était passé finalement. En appuyant sur la gâchette, en visant le torse de son mari, Gail Hartwell avait scellé son destin à la prison. Elle s’était condamnée pour les crimes de son mari. Où est la putain de justice là-dedans ?

Le silence s’installe et dure un petit moment, le temps pour nous de reprendre nos esprits, de digérer les récentes confessions, de se reprendre et de récupérer le visage de facette, le masque, vital et nécessaire que nous nous sommes confectionnés au fil du temps. Et je crois que je préfère l’affrontement à l’effondrement, aussi je parle à nouveau de Romy et de la relation qu’il entretient avec elle. Je questionne, sans réellement savoir si cela peut impacter le dossier de maman, si leur relation est connue des services de la prison ou non. – On l’a pas encore évoqué si tu veux tout savoir, mais je présume que tu ne t’intéresses pas à ma vie sentimentale pour faire la causette ou me souhaiter d’être heureux… Une petite moue se pose sur mes lèvres, alors qu’un sentiment d’apaisement se fait sentir en moi en retrouvant l’agressivité du petit-frère. Va-s-y Lonnie, je préfère quand tu m’en fous plein la gueule ainsi, je peux  y faire face au moins. – Tu présumes mal. Si t’es heureux, j’suis content pour toi. Et j’ajoute qu’elle est plutôt pas mal, la conseillère, même si mon appréciation du sexe opposé est limitée – les femmes ne m’ont jamais attirées et je ne sais pas vraiment ce que peuvent leur trouver mes homonymes masculins. - C’est surtout quelqu’un de formidable. Et il fallait bien que papa nous lègue quelque chose en plus d’un penchant pour régler les soucis avec les poings. Je grimace et hausse les épaules, chassant l’image du paternel qui me saute aux yeux malgré moi. – Ouais. Simple constat. – Alors, il est où ton fight club ? Je sursaute, brusquement. Je ne m’attendais pas à cette franchise soudaine de sa part, mais je ne vois pas pourquoi je fais l’étonné. Ce n’est qu’un juste retour des choses après tout. Je glisse ma main sur ma pommette encore douloureuse et souffle… - Nulle part, et partout. Comme tu l’as dit, on a reçu un sacré héritage toi et moi. Je soupire, la douleur au fond du regard et finit par souffler, abattu avant d’avouer. – J’ai… Je… Me mords la lèvre, bien embêté, avant de décider de me lancer – Je veux me sevrer. De l’alcool. Gêné, je regarde partout sauf le petit-frère, avant d’ajouter d’une traite – Mon mec va m’aider, il se bat lui-même avec une fichue addiction alors, on va essayer de s’en sortir. Je ne sais pas trop encore comment faire ça mais… J’ai envie de m’en sortir, Lonnie tu sais. Je relève la tête vers lui, et vide la fin de la bouteille de bière dans ma gorge avant de la poser sur la table. Je suis déterminé, un peu perdu mais sûr de moi. Je dois arrêter de boire comme je le fais. Apprendre à me maîtriser. A diriger la colère ailleurs, autrement. C’est une nouvelle vie que je prévois d’entamer, et faut qu’il soit au courant le petit-frère. Je vais faire des efforts, je vais m’améliorer, essayer de devenir une meilleure personne.  






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Message(#) Sujet: Re: don't look back in anger (harvey) don't look back in anger (harvey) EmptyJeu 26 Déc - 18:04


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Harvey ne rendait pas la tâche facile mais faisait des efforts pour se muer convenablement dans la vie de Lonnie. Sans forcer, avec cette douceur dont le bleu n’avait pas l’habitude de la part de son frère, de la part de personne d’ailleurs. Il fallait qu’il sache, pourtant, toutes les épreuves que Lonnie avait dû traverser sans personne pour l’épauler, trop seul pour se tourner vers quelqu’un, trop sensible pour demander de l’aide dans les moments où il en avait le plus besoin. Carapace autours du corps pour se protéger de la vie et des autres, surtout de ceux qui s’étaient attribués leur histoire sans même penser aux deux gosses plongés dans ce foutoir. Harvey et sa gueule cassée qui n’arrivait pas à pardonner les péchés d’une mère qui avait pourtant fait ce qu’il fallait. Lonnie et sa peur de l’abandon qui le poussait à chercher du réconfort auprès de tous ceux qui lui témoignaient un peu d’intérêt. Un beau tableau que celui des frères Hartwell qui arrivaient à se comprendre sans parler, qui se ressemblaient bien plus aujourd’hui adultes qu’autrefois enfants. Nature morte, dépérie, le genre que l’on affiche dans les musées mais à l’abri des familles, surtout des gamins, pour ne pas trop faire de la peine. Parce qu’ils se déchirent, se donnent des coups sans même chercher à comprendre le pourquoi de cette querelle insignifiante. Aux grands maux les grands remèdes, et si Harvey s’empresse de mettre la balle au centre en appuyant un doigt accusateur sur la relation qui unie maintenant Lonnie et Romy, c’est justement pour que le flic puisse voir le revers de la médaille. Il a toute confiance en elle, ne remettant jamais en question les agissements de la conseillère qu’il sait sincère et pleines de bonnes volontés. Mais de la voir ainsi se faire désigner comme l’élément perturbateur de l’histoire ça a tendance à faire monter les nerfs du bleu qui s’empresse de défendre la jeune femme avant même de chercher à comprendre ce qui déclenche les questions de son frère. Parce que, dans le fond, Harvey à raison de s’inquiéter, et c’est le pire dans tout ça. Lonnie et sa naïveté, incapable de penser que Romy leur ferait le moindre mal en toutes connaissances de cause. Incapable de voir plus loin que sa relation, que sa propre personne. Pendant vingt ans il a été le seul juge de sa vie, le seul coupable aussi. Essoré par les visites au parloir, fatigué par la pression au boulot, complètement brisé par l’absence de famille qui l’a rongé tout au long de sa vie. Ça n’est que la peur qui fait parler Harvey, terrifié à l’idée de voir sortir une mère qu’il as ignoré pendant des années, anéanti par des paroles qui n’ont pas été prononcées mais qu’il attends comme un couperet. Gail, la seule chose aujourd’hui qui réunis les frères Hartwell, la seule personne capable de sauver l’aîné coincé dans sa spirale infernale personnelle. Lonnie se donne une mission, rassurer son frère pour qu’il accepte enfin de se rendre à la prison, la dernière étape avant de pouvoir serrer contre lui une mère qui lui as tant manqué. « Je juge pas, je m’assure que tout est correct. » Qu’il balance pour terminer la discussion sur Romy alors que le cadet allume une nouvelle cigarette pour faire passer l’envie de jouer des poings sur la gueule amochée de son frère. « Tout est correct Harvey, je peux te le promettre. » La tension accumulée jusque-là retombe petit à petit même si le visage de l’aîné reste fermé, oscillant entre l’envie de se barrer et celle d’en coller une bonne dans la gueule du flic qui n’arrive pas à voir plus loin que son nouveau bonheur.

Un bonheur trop longtemps inaccessible, dissimulé sous les coups d’un père qui n’en avait rien à foutre des bleus sur le corps de sa femme, des nuits de sanglots que les deux gosses tentaient de dissimuler sous une lourde couverture. Un père qu’il aurait fini par tuer lui-même. Un soir, après une énième bouteille de whisky vidée, Lonnie se serait glissé derrière lui en pleurant, une main sur le calibre pour mettre fin à des années de tortures passées sous le silence. Pourquoi tu as des bleus Lonnie ? Parce que je suis tombé en faisant du vélo. Tu fais quoi au poignet Lonnie ? J’ai glissé dans une flaque d’eau. Des excuses par centaines qu’il servait encore et encore pour ne pas aggraver les problèmes à la maison. Des professeurs inquiets qui s’étaient tournés vers Gail en espérant avoir une réponse, et la mère de famille qui avait toujours refusé d’avouer sa faiblesse, son incapacité à protéger ses enfants. Elle avait fait un choix, cette nuit-là, celui de ne plus être une mère et de devenir une meurtrière. La tête d’Harvey se baisse, lourde de larmes qu’il retient depuis trop longtemps, les mêmes qui s’échappent sous les paupières de Lonnie qui balaie son visage du revers de la main. « Excuse-moi … Je… » Oui, le pardon Harvey, c’est la seule chose qui nous reste. Il tire lourdement sur sa clope alors que le flic fait mourir la sienne dans le creux entre son pouce et son index, ne ressentant même plus la douleur après des années de sévices. « C’est rien… » Et tout à la fois. Contre le mur, le corps bien trop marqué par tous les efforts produits au cours de cette soirée, Lonnie observe ce frère, meurtri, abattu par des mots trop durs qu’il aurait préféré ne pas entendre, pas ce soir du moins. « J’aurai aimé le buter aussi. J’aurai aimé être en capacité de … nous sortir de ce putain d’enfer… J’aurai aimé qu’elle ne fasse rien, qu’elle ne se condamne pas à sa place … » Oui, ça aurait été différent si Gail Hartwell n’avait pas appuyé sur la détente ce soir-là. Elle ne serait pas en train de croupir en prison, et papa serait encore en vie. Le flic avait haussé les épaules, trop abattu pour faire autre chose qu’écouter les paroles de son frère en empêchant les larmes de couler. « C’est comme ça, on pourra pas changer le passé Hart… » Mais ils avaient encore les moyens de changer l’avenir, et c’était tout ce qui importait au bleu. « On aurait dû partir … tous les trois … sans se retourner. » Fuir une vie merdique pour une qui l’aurait été un peu moins, ballotés entre les différentes connaissances de maman jusqu’à ce qu’elle trouve un endroit assez sûr pour y rester. Puis rattrapés par les flics, et rendus au loup comme des brebis égarées.

Elle est la seule chose qui en vaille la peine, Romy, et sa présence suffit à le rendre heureux. Harvey questionne, cherche encore la petite bête dans cette relation afin d’éviter de s’écrouler. Affronter plutôt que de subir, le mécanisme de défense bien huilé de la famille Hartwell. « Tu présumes mal. Si t’es heureux, j’suis content pour toi. » Oui, plus heureux que jamais auparavant, et ça ne lui coûte rien de le crier sur tous les toits. « Je le suis, avec elle. » Un bonheur encore naissant, mais une sensation de félicité tellement présente que Lonnie pourrait s’abandonner dans les bras de la blonde pour ne plus jamais les quitter. C’était fou, insensé, encore trop jeune pour y voir une éternité, mais la seule chose qui le rendait heureux. Appuyé contre le mur pour ne pas sombrer Lonnie avait fait tourner le vent en sa faveur, délaissant un sujet de conversation qui pourrait le plonger dans une colère sans nom pour affronter le regard d’un frère qui passait sûrement ses nuits à se battre. Il pouvait comprendre, le flic, ce besoin de ressentir quelque chose d’autre que la solitude et la haine, et si il n’avait pas choisi le chemin de l’académie Lonnie aurait sûrement fini dans le même endroit que son frère, à donner les coups pour se sentir en vie. « Nulle part, et partout. Comme tu l’as dit, on a reçu un sacré héritage toi et moi. » Collé à la peau, à ce nom de famille que ni l’un ni l’autre n’a décidé de changer. Trop lourd à porter pour des enfants abattus, trop honteux à cacher pour des adultes anéantis. « Ouais, mais il existe aussi des salles de boxe où tu peux donner les coups sans te faire démonter la gueule. » Parce que ça le faisait chier, dans le fond, d’assister à la descente aux enfers d’Harvey. « J’ai… Je… » Lâche tout, vide ton sac, les épaules de ton frère sont assez solides pour tout supporter. « Je veux me sevrer. De l’alcool. » Les chiens ne font pas des chats. Les mains dans les poches Lonnie fait le tour de la table basse pour attraper les bouteilles de bières pleines qu’il a déposé en début de soirée, préférant les remettre au frigo et sortir une bouteille d’eau qu’il porte jusqu’aux pieds de son frère. « Ça fait combien de temps, que tu es dedans ? » Harvey n’était pas arrivé à cet extrême par hasard, et plus l’addiction remontait à loin plus il était compliqué de la combattre. « Mon mec va m’aider, il se bat lui-même avec une fichue addiction alors, on va essayer de s’en sortir. Je ne sais pas trop encore comment faire ça mais … J’ai envie de m’en sortir, Lonnie tu sais. » Biche effrayée dans la lumière des phrases. Trop apeuré pour ne pas être sincère, attirant une moue désolée sur le visage de Lonnie qui prend place sur le canapé, le paquet de clopes vides entre les doigts. « Je connais des gens, si tu veux … C’est pas des psys ou un truc comme ça mais ils viennent faire des rencontres au poste pour nous parler d’addiction et tout… » Les mains occupées à déchirer le papier, le regard perdu sur le plafond, le flic avait relevé la tête un instant pour faire face à son frère qui venait de baisser sa garde. « Il s’appelle comment ? » Un demi-sourire sur les lèvres il avait invité Harvey à le rejoindre sur le canapé, pour en finir avec cette atmosphère pesante qui finirait par les bouffer tous les deux. « Tu connais le prénom de ma copine je peux bien connaître celui de ton mec… » Rien de choquant, pas même un haussement de sourcils interrogateur face aux préférences d’un frère dont il ignorait encore quasiment tout. « Promis, je vais pas le suivre dans la rue pour m’assurer qu’il est réglo. »  Parce qu’il en était capable, malgré tout Harvey restait sa famille, un lien de sang sur lequel il ne pourrait jamais faire une croix. « Il te rend heureux ? » Pour question principale alors qu’il tirait une clope du paquet de l’aîné pour calmer les tremblements nerveux.   
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