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 Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me

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Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Empty
Message(#) Sujet: Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me EmptySam 30 Nov - 6:22



( just come home with me )
w/@harvey hartwell


Les bras enroulés autour du corps de son petit ami il réalise doucement ce qui vient de se passer, Terrence, les yeux qui se perdent sur l'abstrait des paysages nocturnes qui défilent autour de lui et le vent frais de la nuit qui fait battre ses boucles au rythme des soubresauts de la moto d'Harvey. Il réalise que ce dernier s'est ouvert à lui comme il ne l'avait encore jamais fait, qu'il a osé lui dévoiler sa part la plus sombre, qu'il lui a montré ce que jusqu'alors il taisait mais que Terry savait depuis un moment sans en mesurer l'ampleur toutefois; les combats. Les combats qu'il avait préféré ne pas imaginer tant ils lui faisaient peur, les combats qu'il refoulait pour ne pas avoir à en parler, pour se retenir de questionner Harvey sur le sujet en attendant qu'il soit suffisamment prêt pour se confier spontanément. Ca avait été difficile de ne rien dire et certains soirs Terrence avait dû se mordre la langue pour ne pas lui lâcher un "je connais ton secret.". Il avait préféré ne rien s'imaginer mais la réalité l'avait percuté ce soir de plein fouet, sans préavis et sans rien pour amortir l'impact. Il avait maintenant des images précises, avait découvert les lieux obscurs dans lesquels se perdait Harvey parfois, ces endroits peuplés de salopards prêts à tout pour se faire un peu de tune et il avait été bousculé, Terry, heurté, submergé, les émotions dans tous les sens mais qu'il avait pourtant dû contrôler malgré ses envies de chialer.
Désormais, il sait. Il sait les combats parfois sanglants sans règle ni pitié et les billets alignés sans scrupule, il sait les têtes de mecs comme Harvey mises en enchère et les corps offerts en pâture. Et à mesure qu'ils retournent vers Fortitude et avancent dans la nuit il commence à mesurer l'ampleur du geste de son petit-ami, du risque qu'il a pris de l'amener là bas en espérant que Terry ne parte pas, du courage qu'il lui a sûrement fallu rassembler pour affronter tout ça sans ciller, pour étaler ses blessures et ses douleurs comme on crèverait un abcès les dents serrées mais sans broncher, pour lever le voile sur ses démons en ouvrant grand l'armure et montrer ce qui se passe quand il est au plus bas, là où il fait noir, là où il fait froid. Est-ce qu'il avait assuré, Terry? Est-ce qu'il avait réagit comme il fallait? Est-ce qu'il les avait pas foutu dans la merde en affrontant ainsi Clyde à la fin du combat alors qu'ils étaient coincés dans une pièce de beton avec un contrat-chantage posé sur une table? Est-ce qu'il avait eu raison de le déchirer, de s'époumoner en haut de la falaise et de demander à Harvey d'en faire autant? Est-ce que ça l'avait libéré un peu, au moins? Dis, Harvey, est-ce que t'as été fier de moi autant que j'ai été fier de toi? Est-ce que j'ai merdé? Est-ce que j'ai fait comme il fallait?

Et puis il laisse un peu les larmes couler sur ses joues sans essayer de les retenir et le reste de la soirée défile sous ses yeux fermés, leur course folle dans les dédales du hangar pour fuir loin du danger, la moto qui démarre rapidement en faisant crisser le gravier et enfin leurs corps fatigués échoués devant l'océan, leurs cris et trois mots prononcés à bout de force, comme un merci qui défierait les lois du temps, comme une déclaration soufflée paisiblement, le coeur exposé et les sentiments au creux des mains pour laisser éclore cet amour assumé et enfin verbalisé qui voulait dire mille fois plus que quelques mots, en réalité. Harvey lui a dit "je t'aime" ou lui a offert le monde, c'est du pareil au même. Il lui a dit je t'aime et le plus étonnant c'est que Terrence a répondu "je t'aime moi aussi" pour la première fois de toute sa vie.. Il s'est livré sans parachute et sans filet, les a prononcé, ces mots tant redoutés. Et étrangement il ne ressent ni honte ni regret, persuadé de ses sentiments depuis le mois de juillet, libéré d'un poids qu'il retenait au fond de son coeur par pudeur ou par peur, le poids d'un l'amour contenu avec violence pour ne jamais jamais autoriser personne à venir le blesser au plus profond. Il n'arrive pas à expliquer sa confiance en Harvey et peut être qu'il va droit dans le mur mais en vérité il s'en fout parce qu'il est heureux et fier d'avoir osé, d'avoir donné son coeur en entier au risque de tout perdre, au risque de le voir se faire piétiner. Mais Harvey ne ferait pas ça et il ne le fera jamais, je le sais. Parce que sa voix ne ment pas, ses mains sur moi ne mentent pas, son regard ne trompe pas. Il m'aime, pour de vrai. Il m'a dit qu'il m'aimait alors qu'il était vulnérable comme jamais, le corps blessé et le coeur fatigué. Alors il croit en sa sincérité. Et il est peut être naïf, trop inexpérimenté en la matière, peut être qu'il se laisse aveugler par l'affection qu'il éprouve pour Harvey il en sait rien, Terry. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il refuse de croire que ce dernier puisse un jour volontairement le blesser. Ce n'est pas le Harvey qu'il connait. Ce n'est pas celui qu'il a découvert au fil des semaines, l'homme doux, tendre et dévoué, l'homme fort et sensible, l'homme debout mais blessé avec qui il partageait ses nuits et ses journées.
Les paupières toujours fermées il tourne la tête pour venir caler son nez contre le cou de son petit ami, se rassurer avec son odeur et quand ils arrivent enfin en bas de l'immeuble de James Street il s'empresse d'essuyer ses joues humides et de descendre de la moto. Ils ne parlent pas et le silence assourdissant de la rue ne semble pas les déranger alors il attend, Terry, les épaules qui tremblent et les yeux qui le scrutent comme s'il le découvrait pour la première fois, le coeur adolescent bouleversé par toutes les révélations de la soirée. Et lorsqu'Harvey s'approche, c'est sans hésiter qu'il lui prend la main, l'observe un instant, un peu intimidé, avant de finalement les emmener tous les deux le long de l'escalier et d'entrer dans l'appartement du troisième étage encore plongé dans l'obscurité. L'ambiance est étrangement limpide même si aucun mot n'est échangé mais il sent, Terrence, qu'il a besoin d'agir, de faire quelque chose pour ne pas sombrer dans un flot de questions et de larmes qu'il peine à retenir. Alors instinctivement il referme la porte, allume la lumière et s'active, aide Harvey à retirer sa veste en prenant mille précautions pour qu'il ne souffre pas trop, le corps surement courbaturé par tous les coups qu'il avait encaissé. Il voudrait lui demander s'il n'a pas trop mal mais connait déja la réponse alors il se contente de lui prendre tendrement l'avant bras et d'aller faire s'asseoir Harvey sur le canapé, le dos bien calé au fond. T'as fait assez d'effort, maintenant faut te reposer. Laisse-moi prendre soin de toi. Laisse-moi te réparer.. Bouge pas, je reviens. Rapidement, il retire sa propre veste, sert un verre d'eau à son petit ami, le lui apporte, va récupérer une bassine dans un placard de l'entrée, part dans la salle de bain la remplir d'eau chaude, et c'est muni d'une serviette et d'un gant de toilette qu'il revient s'agenouiller devant lui. La bassine à ses pieds, il fait un rapide état des lieux et sent son estomac se tordre de douleur: une coupure profonde sur la lèvre, une autre sur l'arcade, la pommette déjà jaunie par un hématome qui promettait d'être conséquent, du sang sur la mâchoire, des bleus sur les épaules et les bras, une paupière gonflée... Putain mais dans quel état ils t'ont mis...  Il se redresse et, les sourcils froncés parce qu'imprégné et concentré sur ce qu'il fait, il vient aider Harvey à retirer son marcel d'un blanc poussiéreux. Son torse est martelé de tâches rouges, comme si des milliers de petits vaisseaux avaient explosé sous sa peau et il ne peut s'empêcher de relever un regard inquiet vers lui. Harvey... pourquoi tu te fais du mal comme ça, pourquoi tu te punis? J'ai besoin que tu me rassures, dis-moi que ça va malgré tout ça... Il baisse la tête, conscient qu'il en demande peut être trop, soupire et retourne au pied du canapé pour se placer à genoux entre les jambes d'Harvey, la main qui se saisi du gant de toilette pour le plonger dans l'eau et l'autre main qui vient rapidement aider la première à essorer. Il avance le bassin pour être au plus prêt de lui et avec une infinie précaution, commence à venir éponger le sang de sa lèvre. Il ne sait pas par où commencer, a besoin de briser le silence, aurait mille questions à poser, mille remarques à faire et mille larmes à laisser couler. Mais au lieu de ça il se contente de lui sourire pour le rassurer, le regard doux et les fossettes creusées. Bordel, tu les as bien défoncé hein! J'ose même pas imaginer dans quel état tu les as laissé. Et il lâche un petit rire qui sonne faux et qui s'estompe assez vite parce qu'il n'assume pas de simuler, les lèvres qui se pincent tristement et la main qu'il vient mollement se poser sur le genou d'Harvey, yeux baissés. Il ne peut pas faire semblant, Terry, et maintenant que la révélation est faite, il a besoin d'en savoir un peu plus. Il a besoin de comprendre. Il a encaissé, il a affronté la réalité mais il lui faut quelques informations supplémentaires alors doucement il se relève et vient prendre place à ses côtés, une jambe repliée sous ses fesses et sa main qui vient cette fois éponger le sang collé à son arcade blessée en soufflant doucement dessus. Puis sans le regarder, il lâche la question qui lui brûle les lèvres depuis bien trop longtemps. Pourquoi tu fais ça..? Je veux dire... je te jugerai pas, tu sais, j'te jugerai jamais. Mais j'aimerais comprendre. J'aimerais savoir pourquoi tu vas là bas. Qu'est ce qui te fait souffrir au point que tu recherches la douleur en permanence comme ca? Je sais que t'y vas pas juste pour cogner ni pour le fric, j'suis même sûr que tu n'aimes pas ça. Je crois que t'y vas pour qu'on te fasse mal, j'ai raison? T'y vas pour extérioriser. Je l'ai vu au fond des tes yeux pendant que tu te battais, j'ai vu la rage et la colère, j'ai vu le besoin de vider un truc trop lourd. Et j'peux encaisser tu sais, tu peux me parler. Ok? Hey.. Avec une délicatesse qu'il ne se connaissait pas, il laisse le bout de ses doigts venir se poser contre la mâchoire d'Harvey pour qu'il le regarde. Ca va, ok? J'bouge pas, je pars pas. Tout est ok. J'veux juste quelques explications, et après on pourra aller se coucher. T'as besoin de repos et d'un peu de tendresse. et comme pour lui prouver qu'il ne partirait pas et lui montrer sa sincérité, il se penche en avant et lui embrasse la tempe avant d'y coller son front.


Dernière édition par Terrence Oliver le Ven 14 Fév - 18:40, édité 4 fois
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Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Empty
Message(#) Sujet: Re: Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me EmptyMar 3 Déc - 0:20



and if you're lost, just come home with me


→ Le vent froid s’infiltre sous nos vêtements bien trop légers pour une aussi longue virée en moto, il claque sur nos peaux, les faits rougir, les assèche et bientôt, les mains se crispent sur le guidon et les dents se serrent, les muscles se raidissent et la douleur se propage, cancéreuse et viscérale, elle s’installe partout et possède chaque parcelle de mon corps. Ma conduite s’en fait alors ressentir : plus rapide et plus brusque, la bécane avance par à-coups et la souplesse qui d’ordinaire définit ma tenue de route s’est faite la malle ce soir. J’agis dans l’urgence car je sais très bien que celui que j’affronte ce soir est un maître qui ne peut être dominé : le temps. Chaque seconde a son importance car elle nous rapproche inexorablement de l’instant fatidique : celui où mon corps ne saura plus réagir, totalement possédé par les affres de la souffrance physique. Alors, mon poignet se casse sur l’accélérateur, mes yeux se plissent pour affronter l’assaut des bourrasques de vent qui s’infiltrent sous mon cuir et mon t-shirt, font valser mes cheveux blonds détachés dans mon dos qui s’entremêlent aux boucles furieuses de mon homme qui se serre tout contre moi. La chaleur irradie de son corps et mon dos semble en fusion avec son torse. Et c’est ce contact qui me pousse et me force, me permet de me concentrer et de lutter comme un chien fou, de défier les lois de l’univers et la course du temps, c’est ce contact doux, salvateur et libérateur, le contact de ses deux bras forts qui s’enroulent autour de mon torse et me contiennent avec altruisme, naturellement et spontanément. Tout ce que tu me donnes, Terrence, je le reçois au centuple. La force de ton amour repousse les limites de toutes mes réalités et je suis submergé, en extase, fasciné par la beauté et l’éclat de ton dévouement. Ça m’irradie, ça me réchauffe et ça me brûle, telle une flamme incandescente et éternelle qui scintille et affronte le plus noir des horizons sans vaciller. Dans les ténèbres, tu es venu à moi et tu as posé ta main sur mon bras et tu m’as simplement dit « viens ». Et dans ce simple mot « viens » j’ai entendu « ton combat est le mien », j’ai perçu ton infaillible soutien et mon cœur a fondu devant l’immensité du tien. Alors, j’ai choisi de te suivre et j’ai saisi ta main avant de fuir loin, très loin de tout ce foutu amas putrescent de souffrance et d’immondice humains. J’ai fui, et pour la première fois, j’ai couru vers la lumière. Car ta main, chaude et douce contre la mienne, m’a tiré vers l’éclat et le scintillement de l’espoir et ce soir, je ne conduis pas vers le noir, non… Il y a cette lueur qui fait battre mon cœur si fort, les étoiles se sont alignées dans le ciel pour que nos routes se rejoignent et qu’un nouveau chemin brille, ce même chemin que nous empruntons ensemble ce soir. Je t’aime, Terrence. Et si j’ignorais la valeur et la portée de ces trois mots jusqu’alors, j’en saisis tout le sens et l’essence ce soir, alors que ton corps se presse contre le mien et que nos sentiments font rage à l’intérieur de nous. La route est longue, pavée d’embûches, et je suis éreinté. Mais à bout de souffle, tu réussiras à m’insuffler la force nécessaire pour avancer encore et lutter, inlassablement, indéfiniment et je crois fermement qu’il n’y a rien que je ne peux vaincre lorsque tu es à mes côtés. L’emprisonnement de maman et sa libération prochaine, la rage qui s’écoule de mes poings et les coups dont j’ai besoin, la culpabilité et la honte de n’avoir jamais su être suffisamment fort, suffisamment bien… Toutes mes faiblesses, je te les ai montré et tu as choisi de ne pas détourner le regard, au contraire, tu les as affronté,  bien dressé et campé sur tes pieds, la tête haute et le menton relevé, l’air farouche et déterminé, le regard fixe sans ciller, t’as tout affronté. Par dévotion, par amour, par passion, qu’en sais-je ? Je suis l’homme le plus chanceux de l’univers. Et je me rends compte que le véritable amour, celui qu’on ne peut briser, celui qui est sauvage, qu’on ne peut enchaîner, qu’on ne peut restreindre ou supplanter, le véritable amour est à la fois une bénédiction et un abandon. Car il est exigeant, le véritable amour, il demande une abnégation totale et un dévouement sans limite, il demande de l’acharnement et de la rage, il demande des larmes et des cris, des pleurs et de la souffrance, il demande qu’on lutte, lutte, lutte avec la sensation qu’à tout moment on va crever pour seulement quelques secondes de répit… Mais quelles secondes ! Elles valent toute la fortune de ce monde et de tous les autres ces secondes ! Leur grandeur n’a pas d’égale et si on arrive à les cultiver, elles prospèrent si  bien qu’elles deviennent abondantes et nous enrichissent, nous élèvent, nous subliment ! Oui, le véritable amour est exigeant mais la vastitude de sa puissance et de sa beauté vaut tous les sacrifices. Je comprends cela ce soir, et malgré un corps décharné, malgré des muscles ankylosés, meurtris et violentés, j’ai le cœur léger et l’esprit apaisé. Je ne rentre pas seul ce soir, je suis accompagné de mon véritable amour et j’ai confiance en lui.

Une confiance aveugle et infaillible qui s’exprime dans tous mes gestes : chancelant je descends de la moto et peine à placer la béquille pour la maintenir sur ses roues, puis je me tourne, livide, vers Terrence et fait un premier pas vers lui, un pas tremblant, un pas mal assuré car à chaque instant, c’est l’effondrement qui menace. Une nouvelle fois, sa main se saisit de la mienne et la force me revient le temps de grimper les trois étages et de pénétrer à l’intérieur de notre appartement, car c’est autant chez lui que chez moi désormais – il y a toutes ses affaires étalées un peu partout dans les pièces et sa douce odeur flotte dans l’air paisiblement. Je me laisse faire, n’opposant aucune résistance à ses mains qui parcourent mon corps avec une tendresse infinie et m’aident à me déshabiller promptement. Ma veste retirée, il m’entraîne sur le sofa et je me laisse choir au fond, les yeux mi-clos alors que la douleur irradie à divers endroits. J’ai mal, j’ai froid et je me retrouve soudain dans l’incapacité de penser davantage. Tout devient mécanique : prendre le verre d’eau froide dans sa main, sentir la dureté du verre contre sa paume de main, le porter à ses lèvres boursoufflées, lever le coude, déglutir et avaler, puis reposer le verre sur le coussin à côté. Respirer, surtout ne pas s’arrêter de respirer. Et ça fait mal. Aux côtes oui, la cage thoracique qui se soulève et s’abaisse me tiraille et me lance, dans le dos et dans la nuque, sur le crâne. Je ne me suis plus qu’un amoncellement disparate de douleur agonisante. Le t-shirt glisse sur ma peau et un gémissement s’échappe de mes lèvres entrouvertes tandis que la mélodie vibrante me parvient au loin – Harvey… Je grogne en guise de réponse. J’ai mal. Il faut boire, annihiler la souffrance, repousser la douleur, oublier, oublier que ça fait mal surtout. Aide-moi… Donne-moi à boire. Pourtant ce n’est pas ce qu’il fait, Terrence, non. Il ne m’apporte pas de bouteille sale à la teinte jaunie, aucun liquide brûlant ne glisse le long de ma gorge et ne détruit davantage mon corps, ne lacère mon œsophage et ne bousille mon foie. Rien d’autre que le verre d’eau, déjà consommé, déjà terminé, le verre d’eau et la soif qui me tiraille et me rend nerveux. Mais mon état ne me permet pas de bouger sans hurler alors je reste immobile et me concentrer pour ne pas oublier de respirer et lutter, lutter contre l’obsédante addiction qui fait trembler mes mains et me donne des sueurs froides, puis la nausée. Je sens la fraîcheur du gant sur ma lèvre et je réprime une grimace, tente de repousser le tissu avec le bout de ma langue, sans grande réussite. – Bordel, tu les as bien défoncé hein ! J’ose même pas imaginer dans quel état tu les as laissé. Le rire résonne dans mon crâne et je me mets à tousser, le corps pris de soubresauts, penché vers l’avant, tassé sur lui-même. Si tu es fier de moi bébé, offre-moi à boire s’il te plaît. S’il faut fêter ça, pourquoi n’ai-je pas l’droit à une petite rasade ? T’es pas fier ? Hein ? T’es pas fier c’est ça ? Je déraille, je le sens, l’esprit divague et je ne suis plus qu’une ombre qui flotte. Putain d’alcool. Putain de mal. Il est là, il pullule en profondeur, putride et nauséabond, il prolifère, fervent serviteur des démons. Je finis par me redresser, après cette quinte de toux magistrale et ma nuque s’échoue sur le dossier du canapé. J’ai la tête penchée vers le plafond et l’applique murale qui brille faiblement au-dessus de nos têtes, les yeux fermés et la bouche ouverte d’où un râle continu s’échappe, preuve que je respire encore. Il s’assoit à côté de moi, Terrence et tout en douceur, éponge le sang sur mon arcade et ma tempe, éponge le sang qui colle mes cheveux et noircit ma peau, éponge le sang qui a coulé pour rien une fois de plus… En vain… Une fois de trop… - Pourquoi tu fais ça ? Je veux dire… Je te jugerai pas, tu sais, j’te jugerai jamais. Mais j’aimerais comprendre. J’aimerais savoir pourquoi tu vas là-bas. Qu’est-ce qui te fait souffrir au point que tu recherches la douleur en permanence comme ça ? Je sais que t’y vas pas juste pour cogner ni pour le fric, j’suis même sûr que tu n’aimes pas ça. Je crois que t’y vas pour qu’on te fasse du mal, j’ai raison ? T’y vas pour extérioriser. Je l’ai vu au fond de tes yeux pendant que tu te battais, j’ai vu la rage et la colère, j’ai vu le besoin de vider un truc trop lourd. Et j’peux encaisser tu sais, tu peux me parler. Ok ? Hey… Ses doigts glissent le long de ma mâchoire, et je tourne lentement mon visage vers le sien. Oh bébé, je m’abandonne à toi totalement ce soir et je sais, je sais que je suis en sécurité… Toi… Jamais tu ne me feras du mal. – ça va ok ? J’bouge pas, je pars pas. Tout est ok. J’veux juste quelques explications et après on pourra aller se coucher. T’as besoin de repos et d’un peu de tendresse… De whisky aussi, non ? Une larme coule le long de ma joue alors que faiblement je murmure – J’ai soif bébé… Et par soif, j’entends le poison. Celui qui me fait du mal, mais qui m’fait du bien. Celui qui me détruit, mais qui m’sauve parfois. Celui qui est dangereux, mais qui s’avère aussi bon parfois. – Me faut un cachet… Tiroir de la salle de bain, derrière la vitre du meuble… J’vais prendre ça. Ma main le retient malgré tout, elle bloque son poignet avant qu’il ne se lève et j’ajoute, sans résistance aucune – Et ma flasque… Ma flasque de whisky. Mon regard l’implore, la tristesse m’envahit mais le manque se ressent dans tout mon corps et je sais… qu’il me faut boire pour calmer l’agitation. – Mes clopes aussi, bébé ! Mes clopes ! Je parle un peu plus fort alors qu’il est déjà debout, Terrence, en train de s’agiter. Et je n’y mets pas les formes, je suis même grossier mais c’est sans calcul, sans réflexion. Je suis l’homme abattu par son passé, combattant qui sort de l’arène, fier de s’en être tiré mais sans grande conviction pour les lendemains à venir… J’attrape le paquet et glisse une sèche entre mes lèvres. Celle-ci s’allume, je soupçonne Terrence d’avoir actionné le briquet et aspire la fumée avant de la souffler vers le plafond. A nouveau, je tousse. Je me replie sur moi, tousse et pose la cigarette dans le cendrier à portée de main. Le verre d’eau est bienvenu, les cachets aussi, j’attrape le tout et avale, déglutissant bruyamment avant de m’écrouler à nouveau sur le canapé, épuisé. J’ai des sueurs froides, ma main traîne vers mon homme et se pose entre ses cuisses, mollement. – Bébé … Merci. Merci d’être là, merci d’être resté, merci de ne pas m’avoir abandonné, merci d’avoir combattu, merci pour ta force, ton courage, merci pour tout, merci pour toi, merci d’être toi, merci d’être là avec moi… Merci, Terrence, d’exister. – J’ai mal… Je gémis, plaintif. – Je le fais pour ça tu sais… Pour avoir mal… C’est con hein ? Ça n’a aucun putain de sens surtout. Les mains tremblent, la raison m’échappe, mon esprit se bloque et tout se noie. – T’as apporté ma flasque ?


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Message(#) Sujet: Re: Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me EmptyLun 9 Déc - 0:23



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Il a mal, Harvey. Ca se voit, ca se sent, et il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer; des ecchymoses, du sang séché, des marques, des déchirures invisibles et l'âme perforée, c'est tout son corps qui souffre, toutes ces cellules qui hurlent et il aurait beau tenter de le cacher, ça serait peine perdue. Surtout face à un Terry qui avait déjà tout vu. Tout vu de la puanteur des rings sur lesquels il était monté, tout vu de la cruauté de ces hommes venus défendre leur poulain pour quelques billets. Ca aurait pu le faire vomir de voir ça, Terrence, il aurait pu fuir aussi. Mais il était resté. Il était resté, bien campé sur ses pieds. Il était resté pour lui, pour Harvey, pour le soutenir, pour lui montrer qu'il était beaucoup plus solide qu'on ne pouvait le penser et qu'il ne comptait pas se tirer à la première difficulté. Alors une fois rentrés il l'accompagne jusqu'au bout, lui retire son blouson de cuir, lui donne à boire, le pousse à s'asseoir et il se laisse faire, Harvey, pantin encore faiblement articulé qui, après avoir vécu l'horreur, choisi de s'abandonner à la douceur plutôt que d'y résister et s'autorise à se laisse guider parce qu'il n'a pas d'autre issue que celle-là en vérité, parce qu'il doit savoir au fond de lui que son petit ami ne lui veut que du bien. Ou alors il est peut être simplement trop fatigué pour répliquer.
Les doigts de Terry sur son corps se veulent délicats et précautionneux comme si le moindre frôlement pouvait tout faire s'écrouler, comme si le moindre contact pouvait provoquer une douleur supplémentaire que personne n'avait demandé. Mais malgré sa volonté de prendre les choses en main, c'est difficile pour lui d'assister à ça, de voir son mec dans cet état et pourtant il tient bon, garde la face malgré son coeur défoncé et ses genoux qui tremblent, malgré les poumons affolés et le courage au bord du gouffre. Il s'applique, fait vraiment de son mieux, ne se laisse pas aller au sentimentalisme ou aux émotions qui l'assaillent parce que ça deviendrait beaucoup trop sérieux et qu'il sent qu'il faut encore quelques minutes pour tout digérer avant de passer aux aveux. Là bas, il était resté sur le côté, avait observé, n'avait pas pris de coup (si ce n'est celui contre son oreille qui la faisait d'ailleurs encore un peu bourdonner), mais il avait encaissé aussi mine de rien. Il avait encaissé sans rechigner le fait que son homme aille se battre, il avait encaissé les moeurs étranges d'un pseudo manager, avait encaissé la peur et l'effroi, avait absorbé la douleur d'Harvey, la rage d'Harvey, les démons d'Harvey, pour le décharger, pour les faire siens. Pour combattre avec lui aussi, pour le comprendre au plus profond. Et c'est surement parce qu'il a encaissé qu'il n'est peut être pas encore prêt pour des révélations qui risquaient probablement d'être compliquées à gérer. Pourquoi tu te fais tant de mal, Harvey, pourquoi tu te fais tant de mal? Il a peur de la réponse mais la question lui brûle les lèvres et même s'il aimerait attendre, même s'il sait qu'il lui faudrait attendre pour se préserver mais aussi pour préserver Harvey qui n'avait peut être pas envie d'évoquer le sujet, il comprend qu'il va finir par ouvrir la bouche rapidement pour tout lâcher. Oh, il ne tombait pas non plus des nues, Terrence, avait eu plus ou moins le temps de s'y faire parce qu'il le savait que son petit ami participait à ce genre de combats mais d'y avoir assisté c'était autre chose. C'était trop concret. Trop brutal. Trop éprouvant. Comment avait-il fait pour ne pas bondir sur le ring et hurler à plein poumons "arrêtez!"? Comment avait-il fait pour ne pas paniquer et se barrer en pleurant parce qu'il s'était senti affreusement perdu, effrayé et impuissant?

Pourtant, il est là malgré tout, à s'agiter dans tous les sens pour tenter de rationaliser, il est là, à ne jamais s'arrêter de bouger, à s'activer et à prendre les choses en main pour ne pas perdre pieds, pour montrer à Harvey qu'il peut compter sur lui et qu'il ne comptait pas le lâcher. Pas au moment le plus critique. Surtout pas au moment le plus critique!  
Il a beau être un peu paumé, Terrence, il sait qu'il tiendra bon, petit brindille qui plie souvent mais ne rompt jamais. Et puis il le sait, il n'a de toute façon pas le droit de flancher face à un guerrier alors il tait sa propre douleur et ses propres appréhensions, s'applique à nettoyer la lèvre puis l'arcade d'Harvey avec précaution. Il l'observe, le trouve beau malgré sa peau marquée, ses traits tirés, ses cheveux défaits, ses grognements caverneux et sa toux trop sèche. Il le trouve beau et c'est un peu perdu dans ses pensées, les yeux qu'il détourne de lui de peur d'affronter son regard fatigué, qu'il ose poser enfin la question. Et la réponse n'est pas celle qu'il espérait. J’ai soif bébé… Il relève subitement des yeux étonnés, Terry, parce qu'il n'est pas stupide et comprend bien de quoi il s'agit. De l'eau, il en avait déjà eu, Harvey. T'as soif bébé? T'as soif de quoi? D'alcool? C'est ça que tu veux? Tu veux ton verre de whisky? T'en veux combien de verre? Un? Deux te suffiraient? Comment je fais moi, Harvey, hein? Comment je fais?! Je dois céder? Je dois t'amener ta flasque et rester là à te regarder? Comme un con ? Tu me laisserais me défoncer sans rien faire, toi ? Tu me laisserais me détruire deux fois de suite comme ça sans rien faire?? Harvey !!! Dis-moi, putain, je dois faire quoi !? La respiration qui s'intensifie, il retire lentement le chiffon humide de l'arcade et laisse sa main tomber mollement contre sa cuisse, les yeux toujours fixés sur Harvey, bouche entrouverte, yeux inquiets. Il est calme au dehors, ne montre rien, mais à l'intérieur c'est une guerre qui vient d'éclater. Me faut un cachet… Tiroir de la salle de bain, derrière la vitre du meuble… J’vais prendre ça. Il reste un instant assis sans bouger, les pensées qui s'agitent comme des papillons nocturnes face à une source de lumière et il inspire avant d'expirer sèchement, sourcils froncés, quand la main de son petit-ami vient retenir son poignet. Et ma flasque… Ma flasque de whisky Et voilà, on y est. Il marque un temps, Terry, esquisse un sourire triste puis finalement se lève en jetant doucement le chiffon dans la bassine avant d'essuyer ses paumes humides contre ses cuisses. J'avais raison, c'est bien du whisky que tu voulais.. et je suis qui, en vrai, pour te le refuser? Et alors qu'il observe les remous de l'eau contre le tissu plein de sang, il sait qu'il a déja pris sa décision Terrence, qu'il assumera cette dernière jusqu'au bout, malgré le regard implorant d'Harvey et la détresse qu'il parvient à y lire, malgré ses propres doutes qui lui mutilent l'estomac. Il ferme les yeux furtivement, se reprend, se rend dans la salle de bain, farfouille dans le meuble comme indiqué, l'écoute lui demander des clopes au loin, revient avec tout ce qu'il lui a demandé. Il aurait vraiment pu mal les prendre, tous ces ordres balancés à la volée comme un "eh, j'me suis battu, j'suis tout cassé maintenant tu m'aides un peu s'il te plait, vu que t'es resté." Il aurait pu s'en offusquer, aurait pu lui répondre "j'suis pas ta bonne, Harvey" mais ce n'est pas comme ça qu'il voit les choses, Terrence, parce qu'il sera présent pour le bon comme le mauvais et c'est à ça qu'aujourd'hui, il va devoir se confronter. Il tend le paquet à son petit-ami, lui allume sa cigarette et fait de même avec celle qu'il vient également de glisser entre ses lèvres sèches, s'installe à ses côtés, l'observe prendre son cachet, récupère le verre qu'il pose sur la tabe basse et le regarde s'échouer sur le dossier en le remerciant. Me remercie pas. Mais il ne répond pas, Terrence. Parce qu'il a tout ramené, tout, sauf une chose. Et il ignore quand Harvey le remarquera. J’ai mal… Il s'avance un peu, tire sur sa cigarette et vient poser sa main fraiche contre son front abimé, les doigts qui jouent tendrement à la lisière de ses cheveux blonds. Je le fais pour ça tu sais… Pour avoir mal… C’est con hein ? Ça n’a aucun putain de sens surtout. Au fond de lui, il le savait, Terrence. Il avait cru reconnaitre les même mécanismes que lui-même utilisait inconsciemment et il se retrouvait désormais face à un mec qui lui ressemblait beaucoup trop, bourré d'addiction et de douleurs internes à s'en éclater la peau. Il sourit, sensible à cette confession qu'il redoutait tant mais qui finalement le libère d'un poids, et lui répond la voix douce: C'est tout sauf con. Et puis tu sais, pas besoin de trouver un sens dans tout ce qu'on fait. C'est juste...comme ça.  Moi aussi j'me suis fais du mal, si tu savais. La question c'est plutôt de savoir si t'as envie de continuer à te faire du mal ou si t'as envie qu'on trouve une alternative ensemble pour que ça s'arrête et que mon mec reste aussi beau qu'il ne l'est. Il esquisse un sourire et alors que ses doigts passent délicatement sur la pommette enflée d'Harvey, ce dernier demande sa flasque. Ca y est.. il a remarqué. C'était pas l'envie qui manquait à Terrence de s'enrouler sur lui même et de lui demander pardon pour ce qui allait arriver, mais ce n'est pas ce qu'il fait. Au lieu de ça, il lui caresse la joue, le regard assuré planté droit dans le sien. Non Harvey j'ai pas amené ta flasque. Mais rassure toi, je vais aller la chercher. J'veux juste qu'on.. je sais pas, j'aimerais qu'on discute de ça, j'voudrais t'aider et pas rester là à te regarder sombrer. Je l'ai fait, je l'ai fait tu sais, pendant des semaines, je l'ai fait, te regarder. Et j'ai rien dit. Mais c'est terminé. Je veux plus me taire. Je veux être là, je veux pas te laisser. Il inspire par saccades, incapable de savoir si son petit ami va accepter de se confier, s'il va s'emporter ou s'il va lui hurler dessus. Parce qu'il connait bien la dépendance à l'alcool, Terrence, il a vu son père perdre plus d'une fois le contrôle, la main leste contre sa joue, les mots durs et les gestes violents, alors il s'attend à tout. Ce soir, tu vas boire un peu, si c'est ce que tu veux, mais je voudrais que tu saches que t'es pas seul et qu'il y a d'autres moyens. Il n'attend pas sa réponse, se lève, va dans la cuisine, ouvre le placard dans lequel se trouve la bouteille, revient, prend le verre sur la table basse et le lui rempli de moitié, les mains tremblantes qu'il essaye tant bien que mal de cacher. Il est tiraillé, Terrence, tiraillé entre l'envie folle de lui dire "non, tu ne boiras pas" et la connaissance aiguisée qu'il a des addictions. Ca ne se fait pas d'un coup, se sevrer. Ca ne se fait pas en une fois. Pas là, pas après un combat, pas comme ça. Est-ce que ça, ça suffit pour ce soir...? Ou t'as besoin de plus? Est-ce que tu penses que tu peux essayer de pas trop boire? Ou ne pas boire du tout? Il souffle, lui tend le verre et ose le regarder, sans ciller, les sourcils légèrement inquiets, parce qu'il appréhende vraiment et que ce qu'il va lui demander ne va surement rien arranger. Et... est-ce que je peux te regarder boire, Harvey? Et il espère que ça le fera ralentir pour ce soir au moins, parce que s'il connait les rouages de l'addiction, Terrence, il sait à quel point cette dernière peut faire plonger dans la honte et gangrener toute envie. Et il compte là dessus pour que ce soir, Harvey lève le pied et ne se murge pas comme il l'aurait surement fait s'il n'avait pas été là. J'suis là maintenant, et j'te laisserai pas tomber. Tu vas y arriver. On va y arriver.  


Dernière édition par Terrence Oliver le Sam 18 Jan - 2:16, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me EmptyJeu 12 Déc - 23:42



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→ La douleur annihile tous mes sens, elle envahit tout mon être comme une vieille amie aux intentions sinistres et ne me laisse aucun répit. Je suis incapable de penser à autre chose qu’au mal qui broie mes os, déchire mes muscles et transperce mes organes ; ce mal auquel je suis habitué sans ne m’y être jamais réellement fait, ce mal qui me défonce le cœur et me bute l’âme, ce mal qui m’engloutit, me malmène et me persécute inlassablement. J’en redemande constamment, comme si ne connaissant que la douleur, il m’est devenu impossible de vivre sans la ressentir. Car d’aussi loin que je me souvienne, elle a toujours fait partie de ma vie, elle a toujours été présente de manière subtile ou non et c’est elle qui m’a éduqué, bien plus que ma propre mère finalement. Je me suis forgé dans la douleur, j’ai grandi avec et j’ai besoin d’elle désormais – même si je redoute parfois sa morsure brûlante à laquelle s’ajoute une cuisante honte coupable. Car coupable je le suis, auprès de lui et je lui en demande bien trop ce soir, alors j’ai honte. C’est un plaisir coupable et égoïste que j’éprouve ce soir auprès de toi, Terrence. T’as décidé de rester, t’as décidé de faire face et d’affronter mes démons (alors que moi-même je les fuis) t’as décidé de leur tenir tête avec résistance et ténacité, et je t’admire pour ça : pour l’impétuosité dont tu as su faire preuve face à un caïd du milieu, pour la tête brulée que j’ai découvert ce soir, pour cette flamme dans tes yeux qui flamboie et brûle avec une intensité épatante, pour ta férocité et ton abandon… Oh mon amour, si tu savais tout le bien que tu me fais. Je n’ai pas l’habitude qu’on prenne soin de toi, tu sais. Je n’ai pas l’habitude qu’on prenne la peine de me défendre, je n’ai pas l’habitude qu’on me cajole, qu’on m’écoute, qu’on me réconforte ; je suis celui qu’on laisse dans un coin avec comme certitude ‘il se débrouillera bien’. Et preuve qu’ils doivent avoir raison, tous ceux qui se sont détournés de mon malheur, car je me suis bel et bien débrouillé pour survivre, oui. Parfois, je me demande pourquoi ? Pourquoi s’obstiner autant, pourquoi cette rage de vaincre, de vivre ? Est-ce pour lui prouver que ses coups ne m’ont pas détruit, qu’aucun coup ne le pourra et que malgré la douleur intense ressentie, je me relèverai toujours ? Est-ce que je cherche à prouver quelque chose à mon enculé de défunt père ? Putain, j’en sais rien… Mes pensées tournoient, n’aident pas la migraine atroce qui s’accroche à mes tempes et je sombre davantage dans la peine, me raccrochant à la bouteille, ma seule et unique porte de sortie, la plus radicale, la plus efficace. Faut croire qu’il m’a laissé un sacré héritage finalement ce foutu père, et j’ignore s’il cherchait tout comme moi à oublier des pensées obscures ou à noyer un chagrin trop lourd et pesant mais c’est mon cas lorsque je supplie presque Terrence de m’apporter ma flasque de whisky. Juste quelques gouttes, quelques gouttes du liquide ambré, pour me brûler la gorge et réduire en cendres mes violents traumas d’enfance qui remontent à la surface. Vulnérable, je le suis. Et je m’abandonne, à la merci de mon petit-ami. Il n’y a plus aucune barrière, plus rien pour m’empêcher de montrer le pire de moi.  Ça t’effraie, Terrence, le pire de moi ? Qu’est-ce que tu te dis en me regardant ? Quel spectacle affligeant ! N’est-ce pas ? Est-ce que je te dégoûte ? As-tu pitié de moi ? Éprouves-tu de la colère ou de la peine ? Peut-être un savant mélange des deux… Moi, je me dégoûte tu sais… Mais je n’ai pas de pitié, car je l’ai cherché. J’ai ressenti le besoin de souffrir après ce rendez-vous éprouvant à la prison, j’ai ressenti le besoin de me faire du mal. Je le ressens encore, mais tu le sais ça, non ? Tu l’as compris, je le sais. Ça n’a aucun sens je crois… Aucun putain de sens. – C’est tout sauf con. Et puis tu sais, pas besoin de trouver un sens dans tout ce qu’on fait. C’est juste… comme ça. La question c’est plutôt de savoir si t’as envie de continuer à te faire du mal ou si t’as envie qu’on trouve une alternative ensemble pour que ça s’arrête et que mon mec reste aussi beau qu’il ne l’est. Mon visage se tourne lentement vers le sien et l’observe… Je souris, un peu bêtement. Tu me trouves beau, bébé ? Tu veux qu’on trouve une alternative ? Que tout ça s’arrête ? La douleur ? Tu crois qu’elle peut réellement partir toi ? Tu crois que je survivrai à son départ ? J’ai mal… Si mal… Donne-moi à boire, s’il te plaît. Les doigts traînants caressent ma peau et me font frissonner. Ô comme j’aime ton toucher. Ô comme j’aime ta douceur.  – Non Harvey j’ai pas amené ta flasque. Mes traits se déforment et c’est l’inquiétude qui surgit alors.  Pourquoi tu ne l’as pas amené ? Il n’y a que ça pour que j’arrête de penser tu sais. J’ai mal dans mon corps, j’ai mal dans mon cœur et j’ai mal dans ma tête. J’ai mal partout, y’a que ça qui m’fait du bien. – Mais rassure toi, je vais aller la chercher. Ah. La tension se relâche et je souffle lentement, détournant le regard pour chercher ma cigarette qui s’est mystérieusement envolée jusqu’au cendrier. – J’veux juste qu’on… je sais pas, j’aimerais qu’on discute de ça, j’voudrais t’aider et pas rester là à te regarder sombrer. Je l’ai fait, je l’ai fait tu sais, pendant des semaines, je l’ai fait, te regarder. Et j’ai rien dit. Mais c’est terminé. Je veux plus me taire. Je veux être là, je veux pas te laisser. Difficilement, en grognant, je soulève mon corps et me penche pour attraper la cigarette qui se consume seule dans le cendrier, un mince filet de fumée s’étirant jusqu’au plafond.  J’appose la cancéreuse entre mes lèvres et aspire lentement la nocive en prenant conscience de ce qu’il est en train de me dire. Tu m’as observé… ça veut dire quoi ça ? T’en as déduit quoi de mon addiction ? T’es en train de me dire quoi là ? Qu’il faut que je me soigne ? Que je me laisse ronger par un mal qui inévitablement me fera crever ? On crèvera tous bien un jour non ? Pourquoi un vent de colère m’habite soudainement alors que je sais… Putain je sais que tu ne veux que mon bien. Peut-être que cette fichue colère est en réalité diriger contre moi et mon incapacité à prendre le problème à bras le corps, mon incapacité à le considérer comme un problème aussi… Tu ne connais pas la technique de l’autruche toi, n’est-ce pas ? – Ce soir, tu vas boire un peu, si c’est ce que tu veux, mais je voudrais que tu saches que t’es pas seul et qu’il y a d’autres moyens. Mon visage se relève brusquement alors qu’il se lève et s’éloigne et tout en moi crie : lesquels ? Quel autre moyen annihile aussi bien mes pensées noires, quel autre moyen m’aide à survivre à mes cauchemars, quel autre moyen m’aide à tenir debout malgré tous les coups reçus hein ? Quel autre moyen ? Furieux, piqué par la curiosité, je l’observe en continuant de fumer ma cigarette, désireux de comprendre où il veut en venir. C’est quoi tout ça ? Tu me prépares quoi ? Sur la défensive, méfiant, je le regarde revenir avec un verre rempli de moitié de whisky. Je ne bouge pas, tiraillé par l’envie d’engloutir le liquide brutalement et de l’accueillir en moi et par la crainte d’être jugé et pointé du doigt si je me laisse aller. – Est-ce que ça, ça suffit pour ce soir ? Ou t’as besoin de plus ? Est-ce que tu penses que tu peux essayer de ne pas trop boire ? Je ne bouge pas, ne dit pas un mot. Mon regard fixe celui de Terrence qui me tend le verre de whisky en disant – Et… est-ce que je peux te regarder boire, Harvey ? J’inspire lentement et longuement, le regard fixe sans ciller. Une tension suffocante a pris possession de la pièce alors que nos regards se fondent l'un dans l'autre. Tu veux me regarder boire, Terrence ? Tu veux me regarder me détruire un peu plus ? M'oublier ? Et si moi, je n'ai pas envie que tu me vois comme ça hein ? Quel est mon choix en réalité ? Ma paume chaude et calleuse se pose autour du verre frais, mes gros doigts caressent le dos de sa main et son poignet, doucement. Dans un geste calme et lent, j’abaisse le verre et son bras sans le quitter des yeux. – Boire, ça me permet d’oublier la douleur, de rendre tout ça plus acceptable, plus tolérable. Si je ne bois pas, je vais être exécrable et me tordre de douleur toute la nuit. Demain aussi, très certainement vu mon état déplorable ce soir. – Mais ça ne fait pas que ça. Ça chasse les souvenirs aussi, ceux qu’on préférerait oublier mais qu’on arrive jamais à oublier. Tu sais de quoi je parle, j’ai vu les marques sur ton corps, les flagellations dans ton dos, fines cicatrices témoignant d’un passé horrible que tu n’aurais pas dû vivre. Nous n’aurions jamais dû être le réceptacle d’autant de fureur. Mes dents se serrent, mon regard se plisse et ma main se crispe autour de la sienne et du verre. – Si je ne bois pas… Je… Je ferme les yeux, baisse la tête, écrasé par la honte. J’inspire lentement, pus relève la tête pour poursuivre – Trembler, vomir peut-être même halluciner. Je vais te supplier de me donner à boire, je vais peut-être même me servir de force, j’en sais rien… Je connais pas d’autre alternative. Je connais pas d’autres moyens. Je veux bien essayer, ouais, mais j’ai peur de ce que je suis capable de faire. J’ai si peu confiance en moi tu sais. Si peu confiance putain ! Je lâche alors la main, me détourne du verre et me lève d’un coup du canapé. Debout, je m’acharne sur la ceinture qui maintient mon jean et l’enlève avant de déboutonner ce dernier pour le faire glisser sur mes jambes. – J’veux prendre une douche. J’ai besoin de me rafraîchir les idées, j’ai besoin de réfléchir sans cette pression continue sur ma tête, j’ai besoin d’air. Je balance mon caleçon sur le sol et me retrouve nu devant lui. Nu, sans artifices, le corps morcelé de bleus et de marques violacées, je tends la main vers lui. – Viens avec moi. C’est une demande, prononcée sur un ton autoritaire, la supplique au fond du regard. Aide-moi, putain. J’veux bien souffrir, si tu me promets que tu seras toujours là. Car te perdre, ça je pourrais pas en fait. Non, j’pourrais pas.


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Message(#) Sujet: Re: Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me EmptyVen 10 Jan - 9:14




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w/@harvey hartwell


Deux addicts, voilà ce qu'ils étaient. Deux accros maladifs, deux adultes harassés aux brisures trop nombreuses pour être rassemblées, deux gamins qu'on avait laissé sur le côté en leur disant distraitement "débrouillez-vous, vous n'avez besoin de personne pour y arriver". C'était faux. Surement qu'ils étaient forts tout au fond pour avoir réussi à surmonter la brûlure de l'abandon et la morsure de la vie, mais il n'en demeurait pas moins qu'ils auraient désespérément eu besoin qu'on les aime, qu'on les soutienne, qu'on les regarde. Qu'on les aide à trouver leur place, qu'on les fasse exister. Et s'ils s'étaient perdus en chemin tous les deux, c'était uniquement parce qu'ils n'avaient rien trouvé de mieux que leurs dépendances pour les sauver et les empêcher de crever. Terrence avait sa drogue, Harvey l'alcool et les combats et avant qu'ils ne se rencontrent, avant que leur amour ne les confronte, ils se contentaient bêtement de ça, de cette routine morbide et pernicieuse qui savait exactement comment les rassurer, où appuyer pour compresser l'hémorragie et comment apaiser la douleur de leurs trop nombreuses plaies. Et ils savaient bien, l'un comme l'autre, qu'une addiction ce n'était pas un mal qu'on pouvait balayer d'un petit revers de poignet en espérant que ça suffirait, ils savaient qu'il fallait du temps pour chasser quelque chose qui avait mis des années à s'installer, qu'en vérité elle ne soignait rien du tout cette addiction mais laissait cruellement la blessure pourrir sous le bandage en faisant miroiter la guérison. Et tout en connaissant les risques, c'était facile de s'y laisser glisser, de ne voir que les bons côtés en occultant les mauvais, de faire l'autruche en refusant de réaliser qu'au lieu de panser la blessure, ça l'aggravait. Ils avaient conscience d'être tous les deux pétés mais aussi étrange que ça pouvait paraître, Terrence avait également la certitude qu'ils s'en sortiraient. Ouais, on va s'en sortir Harvey et tu sais pourquoi? Parce qu'on se tire vers le haut toi et moi, tu le vois pas? Quand je suis avec toi, j'ai envie d'être meilleur, de m'améliorer et de te rendre fier de moi. C'est ce que tu ressens, toi? Quand je te vois te battre chaque jour alors que je sais que tu souffres, j'ai envie d'y croire. Et lui aussi il se bat, Terrence, se réveille avec l'envie de drogue, se couche avec l'envie de drogue, prend sa douche avec l'envie de drogue et malgré le parfait dosage de méthadone, malgré sa volonté farouche d'y arriver, il avait peur à chaque minute d'être tenté et de replonger. Il n'en parlait pas à son petit ami, estimait qu'il s'agissait de son combat et qu'Harvey avait déjà bien assez à s'occuper de son côté. Parce qu'il se doutait que le schéma était sûrement le même, que peut être Harvey se levait whisky, se couchait whisky, calmait la peur, les griffures et l'ennui avec ça, comblait les vides avec ça, oubliait les souvenirs trop lourd avec ça. Et s'il avait vu son père picoler avant de le frapper, Terrence, il ne savait rien de la marche à suivre pour sevrer un alcoolique alors ce soir, juste ce soir et pour se laisser le temps de bien se renseigner, il l'autorise à boire. Je me mets à ta place et je me dis que tu dois en avoir besoin mais est ce que je t'aide en faisant ca? T'as tellement souffert ce soir et j'suis qui moi pour décider de te faire souffrir encore plus? Pourtant je sais qu'il faut pas repousser la décision à demain, que je dois t'en parler là, alors oui j'irai chercher ta flasque Harvey, mais sous certaines conditions... Et il se demande si l'amour passe toujours par la souffrance, se demande si un jour ils seront enfin delestés de leurs chaines et libérés de leurs entraves. Surement que oui. Forcément que oui. Eternel optimiste à toujours y croire quand plus personne n'y croyait, il s'efforçait de serrer les dents et de calmer les battements frénétiques de son coeur, Terry, s'oblige là tout de suite à établir en deux secondes chrono un plan d'action pour la soirée. Il n'a pas le choix, fout ses questions au placard, rassure comme il peut la partie affolée de son âme, celle qui ne se remettait pas encore de ce qu'il avait vu mais il devait rester fort et droit. Il pourrait flancher plus tard mais pas maintenant. Rationaliser. Ouais, fallait rationaliser. Mettre dans des cases et procéder par étape. C'est ce qu'il fallait faire. Il détestait faire ça, mais là, il n'avait pas le choix.

Boire ok, mais dans quelle quantité? Ca, ça te va Harvey? Ce que je te donne, là, c'est suffisant pour calmer ce qu'il faut calmer? Et puis j'vais pas te lâcher, j'veux te regarder. Ca va pas être facile d'avoir mon regard sur toi, je le sais. Tu vas te sentir jugé alors que ça sera pas le cas, mais je compte sur la honte et la culpabilité pour te freiner. J'essaye ce que je peux, surement que j'fais tout à l'envers. Pardonne-moi si je te fais souffrir en voulant t'aider... Et il a les larmes aux yeux, Terrence, mais ne cille pas, continue de le couver de sa douceur, le verre tendu dans la direction d'Harvey, le regard farouchement accroché au sien. Il lui donne le whisky mais il y a tout en lui qui espère qu'il le refusera, qu'il lui dira non, qu'il préfèrera lutter plutôt que de couler et lorsqu'il comprend que c'est ce qu'il fait, il inspire, Terrence, sourit discrètement parce qu'il est fier et s'il ne se retenait pas à cause de ses blessures, il se jetterait contre lui pour l'enlacer aussi fort que ses bras le lui permettaient.  Boire, ça me permet d’oublier la douleur, de rendre tout ça plus acceptable, plus tolérable. Si je ne bois pas, je vais être exécrable et me tordre de douleur toute la nuit. Mais ça ne fait pas que ça. Ça chasse les souvenirs aussi, ceux qu’on préférerait oublier mais qu’on arrive jamais à oublier. Il sait, Terry, s'en doutait, a conscience qu'ils vont s'engager ensemble sur un chemin fait de terre mouillée et de marécages et que tomber sera autorisé mais se relever sera obligatoire. Il a conscience qu'il va devoir le soutenir du bout des bras à la seule force de son amour, le porter à chaque fois qu'il en aura besoin, sait qu'il est assez fort pour l'aider à tout recoller, à tout rassembler, à tout reconstruire. Et s'il manque des pièces et qu'ils ne les retrouvent pas, il ira en acheter ou les fabriquera de ses mains. Boire pour oublier, ce n'était pas si éloigné de ce qu'il faisait lui avec la drogue finalement et il essaye d'imaginer à quoi ressembleront les prochaines heures, se dit qu'il lui faudra être fort et présent, se donner corps et âme pour lui éviter de se sentir abandonné. Alors il enfile le masque de la détermination, Terrence, fronce les sourcils et l'écoute. Si je ne bois pas… Je… vais trembler, vomir peut-être même halluciner. Je vais te supplier de me donner à boire, je vais peut-être même me servir de force, j’en sais rien… Je connais pas d’autre alternative. Je connais pas d’autres moyens. Il hoche la tête, le coeur qui pulse d'émotion et les poumons atrophiés. Ca sera dur. Oui je sais. Ca va être compliqué, mais tu vas t'en sortir, tu as fait le meilleur de tous les choix. Et je suis fier de toi. Et il n'imagine pas, Harvey, à quel point Terrence est emplis de fierté, à quel point il se sent pret à l'épauler et à tout faire pour faciliter ce nouveau mode de vie à s'intégrer correctement avec l'ancien. Et il reste là avec ce verre de whisky que personne ne boira ce soir, fini par le poser sur la table basse, observe Harvey se lever et se déshabiller nerveusement. Il a besoin de prendre une douche, l'invite à l'accompagner et il marque un temps, Terrence, laisse ses yeux glisser douloureusement sur le corps musclé mais abimé de son petit ami, prend sa main, se lève et embrasse amoureusement ses phalanges écorchées qu'il replie par dessus ses doigts. Tout va bien se passer. Il le fixe, fait une moue dubitative et rectifie immédiatement. Non, j'en sais rien en fait. Ca peut bien se passer comme être terriblement dur. Mais je suis là. T'affronte pas ça tout seul. T'affronte pas ça tout seul. Sans ajouter un mot il l'emmene jusqu'à la douche, le fait entrer dans la baignoire, active l'eau chaude et prend quelques secondes pour retirer à son tour ses vêtements avant de le rejoindre. Viens là. A peine entré dans la douche qu'il colle son dos contre le carrelage et attire Harvey avec douceur contre son torse pour qu'il s'y appuie, qu'il se laisse aller sous les jets d'eau chaudes. Je sais que tu aimes pas forcément ça, les douches brûlantes. Mais faut relaxer tes muscles. Essaye de te détendre, de profiter sans penser à rien d'autre qu'à mes mains. Il tente de le focaliser sur quelque chose d'autre que l'alcool ou la douleur, laisse ses paumes passer délicatement contre la peau de son dos dans des mouvements amples et circulaires, remonte jusqu'à ses épaules qu'il vient embrasser du bout des lèvres avant de le regarder. Harvey... On va se lancer là dedans ensemble alors.. j'aimerais que tu sois transparent avec moi. Ca pourra pas marcher si t'essayes de m'épargner en me cachant des trucs. T'es prêt à tout me dire pour que je puisse t'aider du mieux que je peux? Il le pousse un peu en prenant toutes les précautions du monde pour ne pas lui faire mal, se penche pour prendre le gel douche et en applique sur ses mains avant de venir frotter son torse, ses yeux greffés dans les siens, l'air sérieux. Si parfois tu as besoin de boire, j'aimerais qu'on note ça dans un petit carnet. Ca permettra déja d'évaluer ta consommation. J'vais me renseigner, j'vais lire des trucs et on va faire au mieux. Mais t'es pas tout seul et je te laisse pas tomber. Pose ton front sur mon épaule. Il se saisi du shampoing et laisse Harvey s'installer, lui masse le crâne tout en lui lavant les cheveux et il rince ensuite la mousse à grands coups d'eau chaude. Il enchaine les actions, Terry, parce qu'il a besoin de rester en mouvement. Il donne, donne et donne encore jusqu'à ce que la pile soit à plat et il ne faut surtout pas qu'il s'arrête, comme un muscle chaud qui est capable des plus beaux efforts. S'il refroidit, il serait capable d'éclater en sanglots parce qu'il tremble encore de cette soirée, qu'il a peur, Terrence, ne se l'avoue pas mais il a une trouille monumentale qui lui dévore les entrailles et il espère être assez fort, assez présent, assez aimant aussi pour traverser cette épreuve sans trop d'encombres. Il serre Harvey contre lui, le caresse et le touche et lui murmure d'une voix douce tu veux faire quoi maintenant? Tu veux aller dormir? Sortir? Regarder une série? Dis moi, on fera tout ce que tu voudras. Et il le pense, Terrence, est vraiment prêt à tout pour qu'il tienne le coup... tout.


Dernière édition par Terrence Oliver le Jeu 16 Jan - 4:00, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me EmptyLun 13 Jan - 23:52



and if you're lost, just come home with me


→ Debout, nu devant lui, je fais face à mon choix incertain et téméraire, à ce brusque élan de volonté qui s’est emparé de moi et me permet de lutter contre l’envie qui broie mes organes et tord mon être de l’intérieur et je m’accroche à ses prunelles émeraudes, à ses deux yeux verts d’opaline qui sont devenues tout mon monde, je m’y accroche avec force et avec désespoir, pour ne pas flancher et retomber aussi vite dans mes travers car le liquide ambré au fond du verre me donne l’impression de me fixer, et il dégage une odeur que mes narines connaissent bien. La tentation est là, à portée de main et je suis dans un état lamentable après cette soirée, mais preuve en est que même à terre, je suis encore capable de résister. Car je t’ai toi, maintenant et tu me rends encore plus résistant, tu décuples tout ce qu’il y a de bon en moi, tu me donnes envie de lutter contre le mal qui a trop longtemps gangrené en moi, jusqu’à me posséder en partie. Tu vas être là, dis-moi ? Quand je devrais y retourner… là-bas… pour la voir… J’ai envie que tu sois là, je ne veux pas que tu me lâches. Ne m’abandonne pas, s’il te plaît, ne m’abandonne pas… - Oui je sais. Ça va être compliqué, mais tu vas t’en sortir, tu as fait le meilleur de tous les choix. Et je suis fier de toi. Le meilleur de tous les choix… Ai-je réellement fait le meilleur de tous les choix, Terrence ? Ou est-ce un acte idiot et orgueilleux, terriblement égoïste même car je ne veux pas que tu me vois affaibli, possédé par la bouteille et l’ivresse pleine d’illusion qui s’en dégage ? Ce choix est-il réellement motivé par la volonté de sortir d’un cercle vicieux dans lequel je me noie depuis trop de temps ou uniquement par la prétention de te séduire davantage en te montrant que je suis capable de me sevrer à n’importe quel moment ? Je n’en suis pas capable, je le sais pertinemment. Alors, comment puis-je expliquer cette obstination autrement que par la vanité et l’arrogance nourries par mon égo mis à mal ? Et si je te blesse, si je m’emporte, si je te crie dessus, si je te harcèle, te menace, qu’en sais-je ? Si je perds les pédales, que se passera-t-il ? Tu sais, Terrence, l’alcool ça rend mauvais. C’est un mal sournois qui s’immisce en soi et qui dévie chaque émotion sur le chemin de la colère et de la haine. Il n’efface rien, il contourne la difficulté et la douleur pour se concentrer sur la fureur irradiante et fugace qui laisse un grand vide en disparaissant aussi vite qu’elle est apparue. L’alcool, quand ça devient un besoin et une nécessité, ça fait juste tout vriller et je ne suis pas un surhomme, non. Je n’ai jamais prétendu être meilleur qu’un autre, je veux juste être meilleur que lui, que cette enflure de père qui m’a façonné avec ses  poings et dont la cruauté m’a pénétré pour s’inscrire et s’enraciner dans ma chair et dans mon âme.  Dis-moi, qu’adviendra-t-il de nous si le choix que je fais là, par impulsivité, par orgueil et vanité, nous entraîne vers la chute ? Si je ne me maîtrise pas, si j’explose, si je te fais du mal aveuglé par le besoin corrosif d’oublier la peine, la souffrance, la douleur, la rage et la haine tout en les alimentant paradoxalement ? Car l’alcool nourrit le mal, ce même mal que j’aimerai oublier. Putain d’inadapté ! Qu’adviendra-t-il de nous, Terrence, si je cède ? Ai-je réellement fait le meilleur de tous les choix ? Dis-moi, bébé, comment peux-tu avoir autant foi en moi après ce que tu as vu ce soir ? Tu étais là dans ce hangar, non ? Tu m’as vu sur ce ring, n’est-ce pas ? Alors, comment fais-tu ? Qui es-tu ? Mon ange-gardien ? Existe-t-il réellement une divinité, qui là-haut, dans son absolue puissance, a décidé de faire preuve de clémence en nous plaçant sur la même route ? Qui dois-je remercier pour le cadeau que tu es à mes yeux ? – Tout va bien se passer. Non, j’en sais rien en fait. ça peut bien se passer comme être terriblement dur. Mais je suis là. T’affrontes pas ça tout seul. T’affrontes pas ça tout seul. Il s’est levé, a glissé ses mains avec douceur dans les miennes et a embrassé tendrement mes phalanges meurtries, dans un geste rassurant et réconfortant, plein de pudeur et de candeur et sa détermination m’a de nouveau subjugué. Il est beau, Terrence, dans son unicité, dans sa façon de prendre tous mes problèmes à bras le corps sans y réfléchir posément, dans son impulsivité, dans sa volonté farouche de me protéger, de prendre soin de toi, de me faire du bien ; il est beau Terrence car l’espoir brille au fond de son regard, même dans les pires moments et je le revois, perdu au milieu de tous ces malfrats, dans ce hangar où la peste et le choléra se côtoient, sous les taules sales et la poussière, je le revois me regarder avec force, je le revois se mettre de côté, rejeter toutes ses émotions troublées, toutes ses peurs pour me donner l’envie de me battre, pour m’empêcher de renoncer, pour me donner du courage alors que tout s’effondre autour ; oui il est beau Terrence, et sa force n’a d’égale que la richesse de son cœur et l’infinie de sa bonté. Si tu savais à quel point je suis fier d’être avec toi, à quel point je t’admire pour tout ce que tu es, à quel point tu me fais du bien quand tu me regardes, quand tu me touches, quand tu me parles… Je ne suis pas seul. Je ne suis plus seul. Alors, oui, tout va bien se passer. J’en suis persuadé. – Viens là. Pantin désarticulé, je m’éloigne du verre tentateur non sans y jeter un dernier regard, entraîné par mon tendre amour à qui je m’abandonne entièrement. Fais-le disparaître. S’il reste là, ça va m’obséder. Je ne fais qu’y penser tu sais, et je me déteste pour ça. Je me déteste tellement si tu savais… Je ne veux pas lui ressembler. L’eau s’écoule du pommeau de douche et je pénètre dans le petit recoin carrelé étroit, mon corps venant se coller au sien en grimaçant. L’eau est brûlante et mes plaies me lancent, si bien que je laisse échapper plusieurs grognements de mécontentement. – Je sais que tu n’aimes pas forcément ça, les douches brûlantes. C’est peu dire, je déteste radicalement les douches brûlantes. – Mais faut relaxer tes muscles. Essaye de te détendre, de profiter sans penser à rien d’autre qu’à mes mains. Je soupire, grogne et réponds d’un ton bourru. – J’suis en train de cramer, c’est pas si facile que ça de faire abstraction… Je râle mais mon bras s’enroule autour de son corps au niveau des épaules et j’enfouis mon visage dans son cou pour respirer l’odeur de sa peau, de la transpiration qui subsiste et qui s’en va, chassé par l’eau qui glisse sur sa peau de soie. Je ferme les yeux, curieusement en paix avec moi-même et j’écoute ses mains caresser ma peau et masser les zones les plus abîmées de mon corps. – Harvey… On va se lancer là-dedans ensemble alors… j’aimerai que tu sois transparent avec moi. Ça  pourra pas marcher si t’essayes de m’épargner en me cachant des trucs. T’es prêt à tout me dire pour que je puisse t’aider du mieux que je peux ? Je frissonne et ouvre les yeux à nouveau, penchant la tête sur le côté pour l’observer un instant avant de répondre – Si j’avais voulu t’épargner bébé, je ne t’aurais pas emmené avec moi ce soir. J’aurai prétexté une connerie, n’importe quoi et … Je m’arrête, brusquement interrompu par la pensée soudaine que je n’aurai pu lui mentir de toute façon. Ce qui me fait aussitôt réaliser que mes derniers combats remontent à plus de deux mois… Je m’écarte un peu de lui, l’observe différemment en réalisant qu’il est le baume calmant et apaisant qui guérit toutes mes blessures et les mains posées à plat sur ses pectoraux, j’avoue – Je ne me suis pas battu ces deux derniers mois, je n’en ai pas éprouvé le besoin, pas depuis… Depuis notre séparation, depuis la révélation de Lonnie concernant Maman… Je tremble furieusement d’un coup, secoue la tête et reprends avec assurance – Je ne te cache rien, Terrence. A vrai dire, je ne sais pas faire ça, je sais pas te mentir. Tout ça, c’est à cause de… De ma mère. De ce passé qui me hante sans me laisser de répit, des tourments qui m’habitent depuis si longtemps que j’ai fini par en oublier les origines, de toute la colère emmagasinée toutes ces années que j’arrive difficilement à contrôler. Le rendez-vous avec Romy Ahsby a réveillé le monstre qui somnolait en moi, son manque de tact et son mépris à mon égard ont fait ressurgir toute la colère du petit-garçon abandonné furieux et désemparé de l’époque du drame et j’ai cédé. J’ai cédé sous la pression, j’ai explosé sous l’indifférence de mes paires envers mon histoire. T’es coupable, Harvey, parce que tu n’as pas soutenu ta mère qui est passée par la case prison. T’es coupable, Harvey, et tu débarques comme une fleur au beau milieu d’un sauvetage désespéré alors fais-toi tout petit et ne viens pas tout foutre en l’air, s’il te plait. T’es coupable, Harvey : coupable d’être parti, coupable d’avoir voulu t’en sortir, coupable d’avoir résisté face à cette chienne de vie, coupable de ton propre isolement, coupable de ta propre douleur. T’as renié les tiens et t’es parti, alors ne t’étonne pas s’ils te considèrent comme un chien… - Le rendez-vous a été compliqué et la conseillère n’a pas vraiment mâché ses mots. Rien que d’y penser à nouveau, je me mets à trembler. J’inspire fortement et explique malgré tout : - Ce qui est bien, c’est que le dossier semble solide et que la demande de liberté conditionnelle est pertinente alors… Je n’ai plus qu’à lui rendre visite… A elle. La responsable, la vraie coupable, la mère qui nous a abandonné, la traitre, l’égoïste, la meurtrière, le monstre. Je referme les yeux, pour me calmer et ne pas me laisser emporter par mes émotions à nouveau. Je ne pourrais pas faire face à une nouvelle salve de douleur, il faut que cela cesse. Les mains douces de Terrence parcourent mon corps et provoquent des frissons sur ce dernier, lentement je m’apaise et me calme. Tout ça n’a rien à voir avec l’alcool… Le mal est entré car la porte était grande ouverte, certes mais je l’ai laissé prendre ses aises et s’installer durablement.  – Si parfois tu as besoin de boire, j’aimerais qu’on note ça dans un petit carnet. Ça permettra déjà d’évaluer ta consommation. J’vais me renseigner, j’vais lire des trucs et on va faire au mieux. Mais t’es pas tout seul et je te laisse pas tomber. Pose ton front sur mon épaule. J’obéis : je pose mon front sur son épaule et me laisse faire. Je m’en remet totalement à lui et je m’abandonne au creux de ses mains douces et fidèles, de son toucher tendre et vaporeux, des petits massages qui délient les nerfs et m’aident à sombrer peu à peu vers la détente et le sommeil. – Tu veux faire quoi maintenant ? Tu veux aller dormir ? Sortir ? Regarder une série ? Dis-moi on fera tout ce que tu voudras. Le verre est toujours sur la table. J’ignore cette information qui se glisse dans mon esprit alors qu’il me demande de faire un choix. Le verre est toujours sur la table. Regarder une série, s’allonger sur le canapé et prendre ce verre ressemble à une soirée banale, n’est-ce pas ? Sauf qu’elle n’a rien de banale cette soirée, rien. Le verre est toujours sur la table. – Dormir. J’veux aller m’coucher, avec toi. J’veux qu’on fasse l’amour. Je ne veux pas penser à ce verre qui trône majestueusement sur la table du salon, je veux l’oublier dans nos caresses et nos draps. Viens, viens avec moi et fais-moi tout oublier. J’veux juste me laisser aller tout contre toi, j’veux pas penser à ce que ça ferait de boire ce verre putain. J’en ai envie, bordel, tellement envie. Je pourrais courir dans le salon pour le vider dans ma gorge, sentir la brûlure vive le long de ma gorge, la douleur irradier dans mon thorax et prendre possession de mon ventre par la suite… Je pourrais mais je ne le fais pas. Je m’accroche à toi, de toute mes forces, de toute mon âme, je m’accroche à ses deux prunelles émeraudes qui m’éblouissent à chaque instant, je m’accroche à ta force et à tout ce que tu me donnes délibérément. Ton amour, oh oui, ton amour… Viens, bébé, faisons l’amour… Oublions nos tracas et nos soucis dans les draps. Je te veux toi, uniquement toi, pour le reste de ma nuit, pour le reste de la vie…


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Message(#) Sujet: Re: Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me EmptyJeu 16 Jan - 22:57




( just come home with me )
w/@harvey hartwell


Harvey dit qu'il est en train de brûler et il répond je sais, Terrence, parce que oui, il sait. En quelques mois, il a eu le temps d'être attentif aux détails, a retenu méticuleusement ce qu'Harvey aime et ce qu'Harvey déteste, et il a bien conscience que son petit ami n'est pas d'accord avec tout ça parce qu'il ne supporte pas les douches chaudes mais il ne lui demande pas son avis, Terry, l'oblige à se détendre, le touche tendrement comme si ses mains pouvaient aspirer la douleur et le soulager. Que pouvait-il faire d'autre, en vérité? Il navigue un peu à l'aveugle, là, agit un peu au hasard de son instinct, avance pas à pas pour ne pas le brusquer, se laisse guider par l'amour qu'il éprouve et il sait qu'il serait capable de tout pour lui, de se mettre de côté comme jamais, capable de s'oublier pour qu'il s'en sorte, capable de se perdre pour lui permettre de se trouver. Ce n'est peut être pas ce qu'il faut, peut être qu'il s'offre trop, peut être que le sacrifice est trop total mais il s'en fout, n'a besoin de l'opinion de personne pour avancer dans la vie et prendre ses décisions. Il fait ce qu'il a envie, ce que son coeur lui dicte et ici, dans cette douche, il n'existe plus que pour Harvey. Et ce n'est pas le moment de parler de ses peurs et de ses doutes à lui, pas le moment pour s'effondrer en larmes et de lui avouer qu'il est terrifié, qu'il aurait besoin de ses bras, affreusement besoin de ses bras, que ce qu'il a vu dans le hangar l'a tant bouleversé qu'il serait capable d'en trembler des jours entiers s'il ne se maitrisait pas comme il le fait. Il donne tout, Terrence, se canalise pour être suffisamment fort pour le soutenir à la mesure de efforts qu'Harvey a fourni et des douleurs qu'il a subit, l'oblige à se laisser aller contre lui même si ses jambes ne tiennent plus rien, le frotte, le caresse et le masse avec douceur sans vraiment comprendre d'où lui vient toute cette énergie. Du désespoir, surement. Et si son corps l'accueille avec dévouement, son esprit a besoin de rationaliser, d'être moins abstrait alors il ne se retient pas et lui fait part de ses projets. Il n'a pas vraiment pris le temps de les élaborer, lance ça un peu comme ça vient, lui dit qu'il veut de l'honnêteté et de la transparence parce que c'est vrai; s'ils veulent avancer ensemble comme ils l'ont fait jusqu'à présent, s'ils veulent que ça marche, il faudra tout lui dire. Et il ne demande pas ça parce qu'il n'a pas confiance en Harvey, le demande parce qu'il sait que l'addiction est une salope capable de parler en son nom, au travers de sa bouche. Le mensonge : le fléau des toxicos. Si j’avais voulu t’épargner bébé, je ne t’aurais pas emmené avec moi ce soir. J’aurai prétexté une connerie, n’importe quoi et … Il se recule, Harvey, l'observe d'un regard que Terrence peine à comprendre, ses pupilles vertes qui s'agitent pour décrypter le langage de son visage. Mais il n'y arrive pas. Tu veux me dire quoi ? Ca veut dire quoi ces yeux que tu poses sur moi? Pourquoi tu me regardes comme ca? Et s'il ne comprend pas, il sent son ventre s'électriser totalement lorsqu'Harvey penche sa tête sur le côté, comme un enfant intrigué. Il est beau. Il est beau. Il est beau et il pourrait le répéter en boucle des heures durant, Terrence, parce qu'il est amoureux et que tout le rend fou. Suspendu à ses mots, il attend la suite, le souffle court. Je ne me suis pas battu ces deux derniers mois, je n’en ai pas éprouvé le besoin, pas depuis… depuis...? oh. ..depuis qu'on s'est séparés. Il termine la phrase parce qu'il suppose qu'il s'agit de ça, même si lui aussi ça lui écorche la langue de devoir s'en rappeler. Cette rupture aussi prématurée que violente avait apparemment laissé des séquelles encore visibles dans leurs chairs et Terrence baisse la tête, inspire pour se redonner un peu de force parce qu'il a mal mal mal, parce qu'il ressent encore au fond de son ventre la douleur qu'il avait ressenti en juillet, quand Harvey l'avait laissé. Il aimerait faire comme d'habitude, se mettre de côté et tout donner mais s'il pouvait le faire sans sourciller le reste du temps, parler de cet hiver durant lequel il avait littéralement agonisé contre son parquet lui fait occulter totalement la partie "je ne me suis pas battu pendant deux mois". Alors il reste là, le visage fixé sur ses pieds, les larmes silencieuses qui se mêlent discrètement à l'eau de la douche. Je ne te cache rien, Terrence. A vrai dire, je ne sais pas faire ça, je sais pas te mentir. Tout ça, c’est à cause de… De ma mère. Il relève le regard vers lui, lui sourit tristement. Je sais Harvey. Toi aussi tu t'es débattu comme t'as pu, toi aussi t'as essayé de survivre alors que tu te pensais foutu. On est plus rien que des carcasses vides en vérité... pas vrai? Et il sent qu'il pourrait sombrer là tout de suite, Terrence, s'effondrer totalement, se mettre accroupis dans la baignoire et hurler jusqu'à s'en faire saigner les tympans parce qu'il encaisse sans broncher mais elle siffle, la cocote-minute, elle siffle, est sur le point d'exploser. Il ne sait même pas comment il fait pour rester là sans bouger, le regard fixe et le corps immobile alors qu'en lui une tempête s'est déclarée. Mais il y arrive. Il y arrive et s'active à nouveau, passe ses mains sur son corps blessé, reprend on rôle de bouclier, de protecteur, se jette sur le côté de la route pour qu'Harvey puisse avancer, l'écoute lui raconter pour le dossier, la conseillère et la rencontre entre lui et sa mère qui semble inévitable, lui répond j'suis sur que ça va aller tout en lui lavant les cheveux, avant de lui proposer une idée, celle de tout noter dans un carnet parce qu'il trouve ça bien de garder une trace concrète de sa consommation. Mais Harvey ne répond pas. Surement qu'il ne veut pas. Il sait pas, Terry. Il est paumé. Il est paumé, oui, mais il tient bon, se dit qu'ils en reparleront, que c'est peut être pas le moment. Il est paumé mais il le maintient, le sent plus lourd contre son épaule et pense surtout qu'il serait temps de sortir de là. L'air devient trop étouffant, l'ambiance aussi. Tu veux faire quoi Harvey maintenant, hein? J'ai besoin que tu me le dises parce que moi j'sais plus. Aide-moi un peu, que je puisse t'aider en retour comme il faut.  Dormir. J’veux aller m’coucher, avec toi. J’veux qu’on fasse l’amour. Il esquisse une moue un peu triste, Terry, le rince en frottant à nouveau ses paumes contre sa peau puis coupe enfin l'eau, lui prend la main pour qu'il sorte de là, l'enroule dans une serviette et actionne le sèche-cheveux. Il le sait, que ça coupe court à la conversation momentanément mais il a besoin de temps pour se remettre d'aplomb, pour ne pas flancher, pour retrouver la force dont il aura besoin dans les heures à venir si Harvey pète un plomb, s'il se met à hurler pour avoir de l'alcool, s'il se met à trembler et à le supplier. Il devra être fort pour résister et ne pas céder aux appels de sa douleur, devra tenir le coup, devra serrer les dents et ne pas pleurer s'il le voit par terre en train se s'effondrer.
Son corps est lourd à Terrence, il lui fait mal et l'oreille contre laquelle il s'était pris un coup de poing au hangar lui brûle le crâne et bourdonne horriblement fort mais il s'applique avec concentration à sécher Harvey en occultant tout le reste, frotte ses cheveux blonds d'une main et agite le sèche cheveux de l'autre comme si ça pouvait chasser sa propre peine. Il a sous ses côtes des torrents de larmes qu'il retient, voudrait pleurer mais s'en empêche, ferme fort les yeux et se met à douter de ses capacités. Pourtant, s'il se laisse peut être abattre parfois, Terry, s'il plie souvent, il est comme le roseau et ne se casse jamais. Et quand le bruit de sèche cheveux s'arrête enfin il a les sourcils froncés, s'essuie le corps rapidement, lui dit je reviens, bouge pas et court jusqu'à la chambre farfouiller dans la commode pour lui apporter des vêtements et s'habiller également. En passant devant le salon il bloque sur le verre qui trône en plein milieu de la table basse, s'arrête les bras chargés de fringues et marque un temps. Merde, faut pas qu'il voit ça ! Alors sans réfléchir il pose les vêtements sur le fauteuil, s'empare du verre et va le vider dans le fond de l'évier. C'est si dur. Si dur de le voir se bousiller comme ça, si dur de devoir se battre tout le temps pour tout et il sait que ça vaut le coup sinon il ne le ferait pas, mais la douleur reste quand même là. Vive. Intense. Destructrice. Il secoue la tête et cache la fiole de whisky derrière les boites de conserve, hésite, la ressort et a vide entièrement au fond de l'évier. voilà. Tu pourras retourner l'appart, Harvey. Y a plus rien. Aller Terry, sois fort. T'es fort. T'es fort ! T'es capable. Tu peux l'aider. Tu dois l'aider ! Tu dois le soutenir même si t'es par terre là. Oh ! Relève toi bordel. C'est ton mec. Relève toi. Il a besoin de toi. Il a besoin de toi. Le déçoit pas. Et il pourrait se gifler pour se remettre dans le bon axe si sa motivation n'avait pas été suffisante, revient dans la salle de bain pour lui donner ses vêtements et le trainer jusque dans leur chambre. Allonge-toi. Il allume la lampe de chevet pour tamiser un peu la lumière, s'en va rapidement dans la cuisine pour préparer un sandwich jambon-beurre-cornichon le temps qu'il s'habille, remplis un verre d'eau puis revient et lui pose le plateau sur les genoux. Mange. Il se glisse ensuite sous les draps et se love tendrement contre son bras, la bouche contre contre épaule, le coeur qui tambourine derrière ses côtes. Mange Harvey. T'as besoin de forces. Cette nuit va être compliquée, et tu le sais. Et il a envie de lui, bien sur qu'il a envie lui mais il refusera de faire l'amour parce qu'il n'a pas la force pour ça. Et surement qu'Harvey n'en avait pas la force non plus. Mange, et après on va se reposer un peu, ok?

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Message(#) Sujet: Re: Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me Oliwell#8 - and if you're lost, just come home with me EmptySam 18 Jan - 11:07



and if you're lost, just come home with me


→ La vie est un combat acharné, une lutte permanente, une bataille sans fin, un conflit perpétuel, une guerre furieuse que l’on mène principalement contre soi. J’en ai conscience depuis longtemps, et la violence que j’ai emmagasiné durant mon enfance à travers les coups de mon père, puis durant mon adolescence à cause d’un système défaillant et enfin durant ma vie d’adultes à travers les coups de mes pairs, cette violence s’extériorise brutalement sur un ring, elle s’échoue sur des corps inconnus et frappe la vie durement pour l’adoucir sans succès. C’est l’unique moyen que j’ai trouvé pour la laisser sortir sans causer de torts à mon entourage, pour que le mal s’échappe sans ternir ceux qui vivent autour de moi, et cette solution est devenue régulière, nécessaire puis obsessionnelle. L’habitude crée la dépendance, et il en va de même avec l’alcool. Ça n’était qu’un verre au départ, un tous les soirs. Puis, les doses ont augmenté tout comme la fréquence, et j’ai glissé sur cette pente sournoise qui est celle de l’oubli de soi, de la perte d’intégrité et du désespoir. J’ai sombré, lentement, petit à petit, je me suis enfoncé dans la solitude, je me suis replié sur moi-même et je me suis camouflé sous la honte et la peur du jugement. Dans cet appartement où il faisait si noir avant que Terrence ne vienne y habiter, j’ai entassé mes sombres pensées et des bouteilles sans compter. Je n’ai plus de force, à peine de quoi résister à l’appel du naufrage qui bouillonne en moi, les vagues pulsionnelles me tirent vers le fond sans relâche et je m’accroche, fermement, à mon radeau comme un désespéré, à ses prunelles émeraudes comme s’il pouvait encore me sauver, comme si je pouvais encore le lui demander. Tu n’es qu’un foutu égoïste, boy ! Regarde-le : il est en train de crever, t’es en train de l’épuiser, de lui sucer toute son énergie jusqu’à la moelle, de le mettre à terre, de le détruire… Que restera-t-il de lui après cette nuit, hum ? Que restera-t-il de lui si tu lui prends tout et ne donne rien en retour ? Tu devrais boire, arrêter de croire que tu peux lui plaire, arrêter de penser qu’il restera malgré tes travers, c’est trop tard pour changer, trop tard pour inverser la courbe du temps, le processus longuement engagé te tire vers le fond, la surface a disparu, tu ne la vois plus alors laisse tomber… Pourquoi tu te forces ? Pourquoi tu t’obliges ? Tu veux te prouver quoi ? A qui ? A lui ? Tu veux lui prouver que tu peux résister, qu’il a raison de t’aimer, que t’es heureux qu’il reste à tes côtés ? Pauvre idiot… Tu vas le tuer, tu vas le tuer car c’est dans tes gênes boy. C’est de famille, vous êtes des meurtriers vous, les Hartwell. Vous ne savez pas construire, seulement détruire. – Je reviens. Bouge pas. Face au miroir embué de l’étroite salle de bain, les mains posées à plat sur l’évier, j’observe mon reflet en tremblant, les larmes qui roulent sur mes joues et s’écrasent dans ma barbe. Le conflit qui m’anime à l’intérieur me malmène plus férocement que mon corps affaibli par tous les coups que j’ai reçu au cours de la soirée. J’ai la gorge sèche, les muscles encore tendus et une migraine infernale qui m’obsède car un refrain impitoyable ne cesse de tourner en boucle dans ma tête : va boire un coup, va boire un coup, va boire un… TA GUEULE ! Mon poing se serre violemment, mes phalanges blanchissent et ma mâchoire se crispe alors que l’image du miroir me nargue avec véhémence. T’es pas capable, t’es pas capable…

La réapparition de Terrence dans la pièce met fin à ces doutes internes, et je me laisse guider, mollement jusque dans la chambre. Vêtu d’un simple caleçon qui recouvre partiellement mes cuisses, je m’assois sur le bord du lit et observe le sandwich qu’il m’a préparé, sans envie. – Mange. Mange Harvey. T’as besoin de forces. Pourquoi est-ce que j’aurai besoin de forces ? Pour faire semblant ? Pour continuer de faire illusion et te promettre des choses que je ne peux pas réaliser ? Je ne suis qu’un faible. J’ai mal… Ma tête bascule vers l’arrière et je lâche un long soupir en fermant les yeux, abattu par la lutte silencieuse que je mène contre moi et mes pulsions. Je ne suis qu’un imbécile… - Mange, et après on va se reposer un peu, ok ? Je ne peux pas te demander ça, je ne peux pas te faire subir tout ça, je ne peux pas exiger ça de toi, l’abnégation, la totale soumission, l’acceptation de tout ce qui déconne chez moi. Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas. La gorge nouée, je découpe un petit bout du sandwich avec mon pouce et mon index pour le glisser entre mes lèvres sèches et coupées. L’absence de salive dans ma bouche ne rend pas la chose facile et je mets un temps fou à avaler cette minuscule bouchée de pain avant de finalement déposer le plateau par terre, à côté des fringues qui jonchent le sol. A bout de force, je m’allonge dans le lit en grimaçant à cause des nombreuses plaies qui me lancent et mon bras vient s’enrouler, possessif, autour du ventre et du dos de Terrence que je ramène contre moi. J’enfouis mon visage dans son cou et ferme les yeux, écoutant sa douce et calme respiration pour m’endormir sans demander mon reste. Je ne comprends pas pourquoi tu restes d’ailleurs, je ne comprends pas ce qui te motive à être là après cette soirée monstrueuse, après tout ce que je viens de te faire subir. Tu devrais fuir, tant qu’il est encore temps, tu devrais fuir car je ne vais pas te faire du bien, Terrence, je risque de te détruire… C’est ce que je fais, je détruis car je ne sais pas construire. C’est dans mes gênes, c’est héréditaire il semblerait, je ne peux pas lutter… Et le sommeil a raison de moi, il m’emporte loin de tout ça et m’offre un peu de répit. Là où je suis, il n’y a plus rien. Mon corps flotte entre deux dimensions, celles des rêves et de la réalité, il se trouve en suspens, tiraillé par les bleus qui arpentent ma peau et rendent chaque instant douloureux et par le besoin, quasiment vital, de récupérer par l’absence et le noir total. Pas d’hôpital, car justifier mon état m’obligerait à faire face aux forces de police. La souffrance doit être apprivoisée, une fois reconnue par l’esprit ; et cette fois-ci, il n’y a rien pour l’aider, pour la rendre plus supportable, plus acceptable, plus ‘normale’. Ce n’est pas normal de s’infliger pareille souffrance, il y a quelque part un besoin malsain de se faire du mal, de se punir pour des faits passés ou pour retrouver une sensation inscrite au plus profond de soi, quelque chose de cruellement familier qui donne la malheureuse impression d’exister. Et c’est par les cris affolés que j’existe en me réveillant plusieurs fois au cours de la nuit, le corps en transe et le regard vitreux. Le besoin d’alcool me fait vomir, puis pleurer et surtout trembler, et il n’y a rien de plaisant à me supporter ou me voir dans cet état, non, absolument rien de séduisant dans tout ça. – Je ne comprends pas pourquoi tu restes avec moi… Je vais te détruire. Donne-moi à boire putain ! – Je n’en vaux pas la peine… Tu serais mieux sans moi, sans tous mes problèmes alors que tu as déjà les tiens à gérer… Pourtant mon corps se serre contre le tien, je m’accroche à toi comme un naufragé à une bouée en pleine mer. C’est la tempête tout autour de nous, les vagues pleines d’écume s’apprêtent à nous engloutir et je ne te lâche pas. Je suis terrifié, j’ai peur mais tu es là. Tu es là, et je m’accroche à toi comme un condamné à sa dernière clope avant la potence, l’envie de vivre au fond des tripes qui me secoue furieusement et m’oblige à tenir bon, me maintient à la surface et m’amène jusqu’au petit matin… Et lorsque les premiers rayons du soleil s’invitent dans la pièce, c’est avec soulagement que j’accepte de lever le voile sur une nouvelle journée et avec fierté que je considère la nuit tout juste passée. Les draps sont trempés de transpiration, mon corps est encore tremblant mais mes yeux se ferment, le repos libérateur survient alors et je me laisse aller, au creux de tes bras, à l’espoir de jours meilleurs et de nuits plus sereines…

The End.


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