Après avoir malencontreusement bousculé la personne, je me retourne vers elle et dépose ma main sur son bras. Je ne le fais pas volontairement, c'est plus un réflexe, pour m'assurer que la personne va bien. Maintenant que je lui fais face, je peux voir qu'il s'agit d'une jeune femme. Elle est brune, a les cheveux longs et est plus petite que moi. Elle me fait rapidement regretter mon geste en dégageant son bras. « Ça va, je ne suis pas en sucre malgré ma petite taille. » Je retire donc ma main pour éviter de m'en prendre une, elle ne me semble pas de super humeur. Je tente toutefois de la détendre en levant les mains en l'air, un petit sourire au coin des lèvres. Encore pardon. La jeune femme est à présent tournée vers moi, ce qui me permet de l'observer. Première chose : elle est belle, très belle. Elle possède de magnifique yeux bleus. J'évite cependant de trop la regarder. Après tout je viens de la bousculer, si en plus je la regarde comme du bétail, je risque de me retrouver avec une jolie trace de main sur la joue.

Cependant, je ne peux m'empêcher d'être troublé en la regardant. J'ai l'impression de la connaître. Je ne suis pas sûr, son visage ne me revient pas entièrement. Si c'est quelqu'un que j'ai connu il y a longtemps c'est normal, elle devait avoir changé. Cependant c'est très embêtant de ne pas savoir la situer dans ma mémoire. Je me risque donc de jouer franc jeu et lui demande si on se connaît. Ma question semble la troubler à son tour puisque je la vois froncer des sourcils et me dévisager. Face à ce comportement, je ne peux m'empêcher de sourire, dévoilant la fossette que je possède sur la joue gauche. Après quelques secondes de réflexion, la belle brune m'avoue qu'on se connaît, intimement de surcroît. J'hausse des sourcils, surpris par cette révélation. Mince, j'avais couché avec cette beauté et je ne m'en souvenais même pas ! Je devais vite retrouver la mémoire, sinon je sens qu'elle me fera regretter ce moment gênant pour nous, et insultant pour elle. J'ai beau avoir couché avec de nombreuses femmes depuis mon arrivée à Brisbane, j'ai bonne mémoire et je m'en souviendrais si c'était le cas. Ce devait donc être une ancienne conquête. Ce qui est plus problématique, si je l'ai connue dans la période où j'étais au plus bas, je n'avais pas souvent l'esprit clair et là ce sera dur de m'en souvenir... Toutefois, si c'était le cas, je n'aurais pas cette impression de déjà vu. C'est donc qu'elle s'était démarquée des autres, d'une façon ou d'une autre. Elle se pince les lèvres et je fronce des sourcils. Cette chevelure brune, ces yeux incroyablement bleu, cet air sur le visage... Soudain, le flash. Mad... Madison ? Je plisse des yeux. Si ce n'est pas elle, je risque gros. Mais j'en suis sûr, plus je la regarde et plus mes doutes s'évaporent.

Madison, ça n'a pas été l'histoire que d'un soir. Non, ça a été plusieurs moments, plusieurs fois. C'était peu de temps après Emma, je commençais à sortir du trou mais commençait à déconner d'une autre façon. Je ne buvais plus seul le soir mais sortait pour ça, et rentrais donc accompagné. Madison, c'était cette jeune fille timide, qui ne tenait pas très bien l'alcool et qui ne semblait pas dans son élément dans ces fêtes. Je l'avais remarquée rapidement, elle était différente. Mais ça n'avait pas duré, je ne pouvais pas me permettre de m'attacher à ce moment, c'était impossible. Peut-être qu'en d'autres temps, d'autres circonstances... Wow Madison, regarde-toi ! Je ne t'ai presque pas reconnue. m'exclamai-je en souriant. Elle avait changé, vraiment. Ce qui est normal, nous étions jeunes à l'époque. Maintenant elle faisait beaucoup plus mûre, femme tout simplement. Je ne pensais jamais la revoir, encore moins à Brisbane. Comment tu vas depuis le temps ? Et qu'est-ce qui t'emmène si loin de Londres ? Je suis en présence d'une personne que je connais, qui m'est familière, ce qui me met tout de suite à l'aise. Je ne suis pas du genre à me mettre des barrières dans mes relations avec les autres. Toutefois, si je garde un agréable souvenir de la jeune femme, je ne sais absolument pas ce qu'il en est de son côté. Je le saurai bien assez tôt.

Lorsque je parviens à resituer la jeune femme qui me fait face dans mon passé, son prénom me revient presque immédiatement : Madison. C'est plutôt étrange, mais j'ai bonne mémoire et j'associe facilement un visage à un prénom, même plusieurs années après. Par contre, ce n'est pas la même histoire avec les noms de famille que j'ai beaucoup de mal à retenir. M'enfin, j'en suis un peu plus sûr à chaque seconde maintenant, c'est Madison qui se tient devant moi. Je bafouille son prénom, cherchant à se ce qu'elle me confirme son identité afin de lever le moindre doute qui pourrait subsister. « Oui c'est bien moi. » me confirme-t-elle. Je souris, agréablement surpris de la revoir. Non pas que nous étions particulièrement proches par le passé, mais c'est toujours plaisant de croiser une tête connue. C'est James, tu te souviens ? dis-je pour lui remémorer mon prénom. Je devine aisément que tout le monde n'a pas ma mémoire des prénoms, et qu'elle peut avoir par conséquent du mal à se souvenir du mien. Cela ne me vexe pas, je me souviens des conditions dans lesquelles nous nous fréquentions, nous n'étions jamais très frais.

Une fois les présentations faites, une nouvelle fois, je me détends et me permet d'être familier avec la jeune femme. Après tout, nous avions couché ensemble, c'est quelque chose de très intime donc ça ne servait à rien de faire les timides ni les inconnus. Je lui avoue que je ne l'avais presque pas reconnue. « Presque pas ? Pourtant on me dit souvent que j'ai toujours un visage poupin. » Je la fixe pour mieux l'observer. A mes yeux, elle est vraiment différente. Mais, peut-être est-ce dû au fait que mes souvenirs ne sont pas très précis, cela remonte à plusieurs années et nous étions toujours alcoolisés. J'hausse finalement des épaules sans répondre, je n'allais pas débattre sur mon ressenti. En face, elle me confesse que j'ai pris un coup de vieux. Aïe, dans les dents. Mais elle semble se rendre compte de sa maladresse et se rattrape en précisant que c'est positif et que je dois toujours plaire. Je souris, elle n'a pas tort. Je n'ai pas de problème c'est vrai. Je pense que toi non plus. dis-je en faisant glisser mon regard le long de son corps.

Curieux, je m'empresse de prendre de ses nouvelles. Elle m'apprend que ce sont des raisons professionnelles qui l'ont amenée à Brisbane, il y a deux ans. Je ris quand elle fait remarquer qu'elle n'est pas bronzée, ce n'est pas faux. Contrairement à moi qui ai un teint halé après à peine quelques semaines. Et le climat londonien ne te manque pas ? Tout le monde ne recherche pas forcément le soleil, et je me dis que Londres peut manquer à Madison, surtout si c'est pour le boulot qu'elle est venue et non pas par envie. « Hé bien comme tu as pu le voir il y a deux minutes je suis un peu tendue mais sinon tout va bien. » Je souris en la regardant, c'est sur que sa réaction avait été un peu excessive. Je vois ça. C'est le fait de te lever tôt pour le marché qui te met dans cet état ? demandais-je sur le ton de l'humour. « Et toi qu'est-ce qui t'a fait venir ici ? Tu te fais un petit tour du monde ? Tu viens draguer les petites australiennes ? Ou bien pour autre chose ? » me retourne-t-elle. J'hausse des sourcils, un peu surpris par le ton froid employé. Madison a l'air mal à l'aise en ma compagnie, comme si elle avait honte de ce qu'il y avait eu entre nous. A l'entendre, je vis une vie de rêve dans le monde des bisounours. Besoin de changement. Je suis venu habiter ici voilà un peu plus de deux mois maintenant. Je n'entre pas dans les détails, si je ne suis pas mal à l'aise avec elle, nous n'avons jamais été amis non plus. Et tu te plais ici ? Tu travailles dans quoi au fait ? demandais-je poliment.

La belle brune qui me fait face ne semble pas très à l'aise de me revoir, alors que moi je suis assez content. Serait-ce à cause de la relation intime que nous avions ? Peut-être n'est-elle pas très fière d'avoir vécu ainsi parle passé. C'est compréhensible. Moi, j'ai toujours ce train de vie et il me convient parfaitement. Pourquoi avoir honte de simplement profiter de la vie et de ses plaisirs ? Ou alors son malaise serait lié à mon prénom qu'elle aurait oublié ? Car si moi je l'ai appelée par son prénom, elle n'en a pas fait de même. Au cas où, je le lui rappelle. Cela semble marcher puisque j'ai l'impression qu'elle se détend un peu, est moins gênée. Mais peut-être que tout cela ne se passe que dans ma tête, je prends trop de temps à analyser les gens et leur comportement. C'est un des effets de mon métier, à force de croiser du monde, on apprend à les juger au premier regard, savoir si ce sont des menteurs, des intéressés, des gens honnêtes, etc. « Oui ! Heureusement que le deuxième James que je connais ne te ressemble pas ou je finirais par m'embrouiller. » Je ne sais pas comment prendre ce qu'elle vient de dire, parle-t-elle de notre différence physique ou de caractère ? Et est-ce une sorte de reproche ou une simple constatation ? M'enfin, ça ne sert à rien de se prendre la tête pour ce genre de chose, je pense surtout que sa phrase est maladroitement formulée. Ne perdant pas de mon assurance, je décide de le prendre avec humour. Je suis le plus beau, c'est ça ? dis-je malicieusement. Que ce soit à Londres ou ici à Brisbane, je n'ai encore jamais connu d'autre James donc je ne vois absolument pas de qui elle peut bien parler.

Nous arrivons à parler de nos physiques. Si je lui fais remarquer qu'elle a changé, ce qu'elle contredit, elle est la première à me complimenter en me disant cash que ce doit être facile avec les filles. Je suis un peu surpris par cette franchise qui contraste avec sa gêne d'il y a quelques minutes. Toutefois, elle n'a pas tort. Je n'ai aucun problème avec les filles. Ce n'est même pas n'avoir aucun problème, j'ai en fait des facilités. Quelques regards, quelques sourires, les bons mots et je finis la nuit en bonne compagnie. Je ne compte plus mes conquêtes et il m'est déjà arrivé de voir une fille différente chaque jour. Cet aspect de ma vie ne me gêne pas, et je confirme les propos de Madison. Charmeur, je lui retourne le compliment en ne me gênant pas de la déshabiller du regard. Madison est une très jolie femme, même si je suis persuadé que ce n'est pas le genre à utiliser de son physique. Et pourtant, elle pourrait. Ce qui attire tout de suite ce sont ses magnifiques yeux bleus, et puis il y a sa peau laiteuse, son grand sourire, son corps bien proportionné. Sa petite taille fait aussi partie de son charme, lui ajoutant un côté frêle très plaisant pour un homme. Comme réponse, la jeune femme m'avoue que si elle a des problèmes avec la gente masculine, même s'ils ne sont pas causés par son physique. J'hausse des sourcils de surprise, pourquoi cette confidence ? J'espère que ça s'arrangera alors. répondis-je banalement, après tout je ne sais rien d'elle.

Retrouvailles obligent, nous en venons à prendre des nouvelles l'un de l'autre. Je suis le premier à le faire en lui demandant si Londres ne lui manque pas, ni son climat. « Non du tout, je préfère mourir de soif ici plutôt que de me retrouver sous la pluie... La seule chose que je regrette c'est de pouvoir tomber sur les bébêtes les plus horribles du monde, toutes ces grosses araignées beuurk... dès qu'il y a une pluie d'araignée je m'enferme à double tour chez moi. » Ne m'en parle pas, j'en ai fais des cauchemars. lui dis-je en frissonnant de tout mon corps. Les araignées... Ces putains de bestioles immondes, elles sont mon pire cauchemar. Il y avait eu une pluie d'araignée peu avant mon arrivée et j'avais remercié Dieu de m'avoir épargner cette épreuve, je suis sûr que sinon je ne serais plus de ce monde à l'heure actuelle. Je demande ensuite à la jeune femme si c'est l'heure avancée de la journée qui la tend à ce point, ce qu'elle confirme. En y réfléchissant, cela ne m'étonne qu'à moitié. Madison était du genre à traîner au lit encore et encore les matins que nous passions ensemble, ce qui n'était pas très grave puisque nous trouvions toujours des façons très agréables d'en profiter. « D'accord, enfaite moi aussi je suis plutôt nouvelle à Brisbane je ne suis dans cette ville que depuis janvier, on m'avait proposé un poste très intéressant c'est pour ça que j'ai emménagé ici, à la base j'étais plutôt à Sydney. Oui je me plais ici les affaires marchent plutôt bien, je travaille dans l'événementiel, ma boîte est spécialisée dans le mariage mais je fais de tout et toi tu fais quoi de beau ?» Je l'écoute attentivement pendant qu'elle m'explique un peu plus ce qu'elle fait depuis qu'elle est à Brisbane. Enfin, en Australie puisque j'apprends qu'elle a d'abord été à Sydney. Je suis content pour toi alors si ça marche bien. dis-je sincèrement. L'avoir perdu de vue pendant des années ne m'empêchait pas de l'apprécier et de vouloir sa réussite. Je n'ai jamais été à Sydney, mais j'aimerais bien visiter cette ville une fois. Moi je suis mannequin, ça a bien marché pour moi depuis notre rencontre. Je lui souris. Lorsque nous nous sommes connus, je commençais à peine ma carrière et puis que dans ce métier rien n'est assuré, ce n'était pas sûr que je réussisse. Et pourtant, plusieurs années après, je le suis toujours.

Mon portable sonne et nous interrompt. Je le prends en main et remarque que c'est mon agent. Je regarde Madison avec un sourire désolé. En parlant de boulot... Désolé, je dois le prendre. m'excusais-je avant de décrocher. L'appel ne dure pas très longtemps, juste assez pour que mon agent m'apprenne qu'il venait d'arriver en Australie pour m'annoncer une nouvelle, et qu'il était bientôt chez moi. Je raccroche en soupirant, il ne me lâche jamais celui-là. Je suis désolé Madison mais le devoir m'appelle. annonçais-je en gardant le sourire. Ça m'a fait plaisir de te revoir. Peut-être qu'on pourrait boire un café ensemble à l'occasion ? proposais-je sincèrement. Peut-être que notre rencontre ici n'est pas entièrement le fruit du hasard, et qu'après avoir brûlé les étapes en devenant tout de suite des amants, nous pourrions à présent apprendre à devenir des amis.