Isaac et moi avons passé une semaine entière à déjouer les pièges de la production, nous avons réussi à venir au bout de la course et, malgré quelques péripéties, nous avons gagné. La victoire était bien présente et je la tenais là, dans le creux de ma main, avant que la désillusion ne me rattrape : Ivy et Sienna sont arrivées dernières. Et May a donc mit ses menaces à exécution en demandant à deux binômes de quitter la course : Ivy et moi ainsi que Sienna et Gregory.  Je m'en doutais un peu, vu comment elles ont galéré avec leur pauvre animal, mais j'osais y croire jusqu'au bout. Jusqu'à la fin je pensais qu'elles s'en sortiront et qu'elles arriveront au moins avant dernières. Mais non, il n'en fut rien et c'est donc, le cœur lourd, que je me détourne d'Isaac. Chaleureusement et sincèrement, je le remercie de m'avoir supporter cette semaine et de m'avoir offert une dernière victoire et je le fait promettre de remporter cette course avec sa binôme d'origine, avant que je n'aille rejoindre Ivy et Sienna qui se trouvent un peu plus loin.

Au passage je croise le regard de Loan, lui adresse un sourire triste, la déception se lisant sur mon visage avant d'hausser les épaules et lui signifier silencieusement que nous parlerons ensemble plus tard. Pour l'instant, tout ce qui m'importe c'est de retrouver Ivy et de lui faire comprendre que ce n'est pas de sa faute et que, si elle s'en veut, ce n'est clairement pas mon cas.

 «Hey » soufflais-je en douceur en m'approchant par derrière,  posant une main sur son épaule  « Moi je propose qu'on profite à MORT de cette dernière soirée» dis-je avec un certain entrain  «Y a un bar au bout de la rue qui m'a l'air pas mal. On peut y boire des cocktail et des bières et bien d'autres alcool qui vont nous faire oublier cette désastreuse dernière épreuve » je souris  «T'en dis quoi Ivy ? Ça te tente ? » mon regard glisse ensuite vers Sienna et Gregory qui vient de rejoindre sa binôme  «Vous voulez venir aussi ? » proposais-je, l'air de rien, étant persuadé que les rivalités s’envoleront avec la fin de la course.

@Ivy Waterhouse & @Sienna Hawkes & @Gregory Morton

Je vois Kelly et Colleen arrivées, Martin et Isaac en première position, ce qui fait de nous les troisièmes. Loan s’est fracassé la gueule par terre, mais le chameau avance quand je le tire. Il est réticent au fait de s’avancer à nouveau vers tous ces gens, mais on parvient à passer la ligne d’arrivée tout de même. On partait mal, pourtant, mais Bip-Bip nous a montré qu’on pouvait finalement avoir confiance en lui quand il n’y avait plus grand monde à côté. Je le tapote gentiment alors que je le dirige vers son piquet pour l’accrocher en attendant les autres, et le félicite en chuchotant – faudrait pas que les autres me voient comme ça quand même. « C’est bien mon vieux, je suis fier de toi. » Une fois qu’on est bien sûr qu’il s’échappera pas, je me retourne pour voir où est le chameau d’Ivy et de Sienna : si Loan et moi étions parvenu à atteindre l’arrivée, il fallait qu’elles arrivent avant Jack et Grace aussi. A choisir entre ma belle-fille accompagné de ma Jackouille, et de ma binôme accompagnée d’une casse-couille, je crois que je choisirais quand même la deuxième option : je veux pas perdre. Elles sont encore loin d’arriver, putain. Je perds pas espoir pourtant, je les encourage de loin, comme un supporter à un match de foot alors que les joueurs l’entendent pas du tout depuis les gradins. Mais quand je vois que c’est Grace et Jack qui passent la ligne avant ma binôme, quand je vois qu’elles sont encore à la traîne tout derrière, la colère monte, très fort, d’un seul coup. Mon sourire s’est vite effacé sous le regard d’un homme trahi, et ma mâchoire se resserre immédiatement. Je vais quand même pas être éliminé alors que je suis pas arrivée dernier ? C’est quand même pas possible, ça ? Je peux pas partir, pas comme ça ? Mes espérances s’écrasent vite sur le sol quand May annonce les éliminés, et j’en fais partie. BORDEL.

Alors que les deux filles se dirigent tête baissée pour garer leur putain de chameau qui voulait pas avancer, Sienna croise mon regard, et je pense qu’elle comprend tout de suite que je suis pas fier d’elles, pas fier d’elle. Elles est pas foutue de s’en sortir sans moi ou quoi ? Je me dirige vers elles, rapidement, sûrement, prêt à les incendier toutes les deux. Mais elle a toujours été bonne Sienna avec moi, je comprends pas pourquoi elle perd sur cette épreuve ? Sienna fait de son mieux, elle fait toujours de son mieux, alors est-ce que ce serait pas plutôt de la faute d'Ivy si elles sont pas arrivées à temps ? Tout ça parce que c’est avec des chameaux qu’il fallait qu’elles fassent équipe, et pas des conducteurs en chien qui la prendrait dès qu’elle mettait une mini jupe ? Putain de blondasse de merde.

« T’es sérieuse Sienna ? T’es sérieuse d’être arrivée dernière ? »

Mon regard est complètement fermé, mes yeux la fusillent. Mais est-ce vraiment vers elle que je dois me tourner pour exprimer ma colère ? Est-ce vraiment à cause d’elle si nous nous sommes fait éliminer ?

Martin débarque à son tour, il essaie d’être doux, gentil, attentionné, un vrai petit toutou à sa maman avec l’autre blonde là. Il est pas énervé d’avoir perdu à cause d’elle alors qu’il était arrivé premier ? Il lui en veut pas ? Il s’en fout en fait de gagner ? Il faisait ça pour le fun ? Putain mais à quoi ça sert de participer si c’est juste pour le fun ? Laissez la place aux autres, non ?

«Vous voulez venir aussi ? »

Il est sérieusement en train de me demander si on veut aller boire un verre avec celle qui nous a éliminés ?

« Tu crois vraiment que j’ai envie de boire un verre avec vous, Martinou ? Tu crois vraiment que j’ai envie de me bourrer la gueule avec celle qui nous a fait perdre ? » Et cette fois-ci, c'est vers Ivy que je me tourne pour lui dire tout ce que je pense : « Hein, t’es contente Ivy, t’as eu ce que tu voulais, t’as éliminé tes plus gros rivaux ? Tu savais que t’aurais aucune chance contre nous en finale alors t’as pris les devants et tu nous as foutu dehors en demi-finale ? Putain mais t’as pas honte ? » Je me déchaîne sur elle, je déverse toute ma haine sur cette pauvre pimbêche profiteuse et manipulatrice, putain qu’est-ce que je lui en veux. « Ben t’as tout gagné, salope va. » Le salope part vite, j’ai aucune retenu, je veux tout casser. Si Sienna ne retenait pas mon bras, je crois bien que je l’aurais secouée celle-là. dans tous les sens, jusqu'à ce qu'elle se fracasse le crâne par terre et qu'elle finisse à l'hosto, avec son regard provocateur et ses décolletés là.

On est arrivé dernière. Putain de dernière. Je descends de ce chameau de la mort que j’aurais pu brûler vif en passant la ligne d’arrivée. Pourquoi ils nous ont fait ça ? On était trop forte ? Elle est conne May à pas penser à ses audiences ? Je vais leur faire la pire réputation de tous les temps, je suis déjà en train de préparer tous mes plans. Je regarde Sienna qui est dans la même état que moi. Ca s’est arrangé cette semaine, on a discuté (on avait pas vraiment le choix) et on a arrêté de se gueuler dessus pour un rien. Elle est pas aussi conne que je pouvais le penser même si ça m’étoufferait de le dire à voix haute.

Je ne suis pas d’humeur, c’est vraiment pas le moment pour venir me chercher et bien évidemment il faut qu’il y en ait un qui le fasse. Ce connard de vieux de Gregory. Il a quoi ? Il a oublié de prendre ses calmants ? Il nous fait une petite crise de manque ? Il arrive vers Sienna et j’écarte la brune pour me planter face à lui quelques secondes. Ce n’est pas pour la défendre, seulement parce que je vais avoir besoin de passer mes nerfs sur quelqu’un. Je pourrais envoyer quelqu’un en prison, ou passer un coup de fil à des tueurs à gage uniquement pour me rendre un peu le sourire. Oh Greg tu sais pas à qui tu t’attaques. “Si t’es venu là pour gueuler dégage personne a besoin de toi.” Je retiens le abruti entre mes lèvres. Il pense qu’on est pas assez mal comme ça ce con ?

Martin s’approche de moi et je me concentre sur lui. Je ne m’excuse jamais, et pourtant là je l’aurais fait s’il n’avait pas parlé avant moi. “J’en dis que je déteste cette émission et ce chameau.” Ouais j’ai encore du mal à avaler cette histoire. Je regarde Sienna qui reste à côté de son binôme. Est ce qu’il a toujours été aussi abruti ou il a pris exemple sur les chameaux ? “Ouais on peut faire autre chose si tu veux.” Je ne me précipite même pas vers le bar, je soupire. Et Greg revient vers moi. Il ne me fait pas peur, je me tourne et je croise les bras sur ma poitrine et je ne lâche pas son regard. Il peut toujours venir me frapper je saurais le recevoir. Peut-être qu’il a une vie trop simple, avec un procès au cul il ferait sûrement moins le malin. “Tu veux t’en prendre à quelqu’un, vas y amuse toi.” J’ai beaucoup de rage qui ne demande qu’à sortir et ma main me démange déjà. Il continue de parler et mes yeux se tournent furtivement vers Sienna, elle va vraiment laisser dire tout ça ? Je reste encore calme, stoïque face au vieux gamin. “T’es certainement le pire connard de l’univers.” Un sourire en coin qui, j’espère, va encore l’énerver. Il s’est attaqué à Sienna et à moi comme si on avait eu un quelconque pouvoir sur l’animal. J’allais me détourner et l’ignorer, mais il va trop loin. C’est le mot de trop et je me retourne. Tout mon élan, ma rage, et ma force se retrouvent dans ma main droite. Elle claque violemment, bruyamment sur la joue du connard en question. “Ca te remet les idées en place là ou il en faut une autre ? Tu la fermes maintenant, et tu consoles ta binôme qui a perdu à cause d’un putain de chameau de merde. Si t’en es pas capable tu dégage loin, tu vas te calmer ailleurs et nous on ira boire un verre parce que ni elle ni moi on mérite ce que tu dis espèce d’abruti.” Ouais j’ai inclu Sienna dans l’équation, et si elle n’est pas d’accord c’est pareil.

Le simple fait de croiser le regard de Greg eut le don de lui glacer le son. Les émotions de Sienna s’entremêlaient dans un mélange de haine, de tristesse, de déception et de peur. Peur de quoi ? Peur de la réaction de Greg. Elle évita son regard, et ralentit sa démarche toujours aux côtés d’Ivy, qu’elle trouvait presque sympathique désormais, mais elle gardera son avis pour elle. Mais à un moment donné, il fallait bien affronter le regard de son binôme de base. Elle avait l’impression d’appréhender sa punition. Elle s’en voulait presque avant de se rendre compte qu’elle n’avait pas à culpabiliser. Elles avaient certes perdu, mais c’était le jeu, le hasard. Elles n’avaient pas misé sur le bon chameau et devaient s’en accommoder. Tout comme Greg. Sienna était désormais déçue d’avance du regard que lui avait lancé Greg. Elle avait donné tout ce qu’elle pouvait aux côtés d’Ivy, il devrait normalement l’attendre avec un sourire compatissant et réconfortant. Mais ce mec était juste aimable sous la couette, fallait pas trop attendre de lui. « T’es sérieuse Sienna ? T’es sérieuse d’être arrivée dernière ? » Elle se poste devant le gros grizzli et plonge son regard dans le sien. Un pincement au coeur. Elle était extrêmement déçue qu’il se permette de l’accabler de cette façon, alors qu’elle avait tout donné. Tout. Elle restait impassible alors que des larmes de nerfs se bousculaient pour inonder ses joues, mais elle ne montrait rien. Il la fusillait du regard, elle serrait la mâchoire. Pourquoi finir cette aventure sur une note négative ? Sur des reproches et de la haine alors qu’ils avait été plus proches du jamais pendant un peu plus d’un mois ? Sienna lui avait donné sa confiance, sa patience, et bien plus encore. Ils avait crée une complicité parfaite et il décidait de tout gâcher en faisait le rabat-joie comme il avait l’habitude de faire avec tout le monde ? Avec tout le monde sauf elle. Parce qu’elle était une exception et pouvait se vanter (lol quelle aubaine) d’avoir la gentillesse et la bienveillance de l’inspecteur. Elle le toise, presque (voire vraiment) dégoûtée de sa réaction. Elle ne put s’empêcher de repenser à la nuit qu’ils avaient passé ensemble et le Greg qu’elle avait en face d’elle était totalement différent de celui de cette nuit-là. « Quoi ? C’est comme ça que tu me parles ? Tu te prends pour qui là ? Ouais ouais j’suis sérieuse ouais, j’ai fait exprès pour qu’on perde. T’es con ou quoi ? J’ai galéré avec ce putain de chameau et toi tu m’agresses ? Bien le binôme, j’espère que tu rigoles parce que t’es vraiment ingrat. » Sienna détestait se prendre la tête avec Greg, même si c’était arrivé très peu de fois, et pour des broutilles. Mais elle sentait que ce soir, Greg était très furax et que cette dispute ne s’arrêtera pas au stade de broutille et qu’elle prendra une ampleur surdimensionnée. Elle le sentait parce qu’elle le voyait venir, l’ours. Alors qu’elle ne le quittait pas des yeux, un Martin sauvage apparut. Un Martin Candide avec un sourire aux lèvres. « Vous voulez venir aussi ? » Venir où ? À vrai dire, Sienna n’avait rien suivi tant Greg a su capté son attention avec ses conneries. Elle ne savait pas ce que pensait Greg dans sa tête mais elle ne tarderait pas à lui demander. Qu’il ne pense pas qu’elle n’a rien foutu, sinon elle l’étranglerait. Elle avait tout donné, elle voulait amener son binôme à la victoire. Ivy aussi n’avait pas baissé les bras. Doutait-il vraiment de ça ? Elle n’eut pas le temps de répondre que Greg s’énervait déjà, comme d’habitude mais envers Martin cette fois-ci. Lui qui était venu si gentiment les voir. Greg s’en prenait à Ivy. Forcément, il ne la portait dans son coeur. Sienna non plus, mais elle a appris à connaître ce petit bout de femme et même si elles ne seront sans doute jamais amies, elle pouvait reconnaître qu’elle n’était pas si mauvaise que ça. Il crachait son venin sur elle le Greg, et Sienna était au milieu de tout ça, muette et immobile, enregistrant chacun des mots prononcés par son binôme. Elle n’arrivait pas à placer un mot tant sa tirade était rapide et virulente. « Ben t’as tout gagné, salope va. » Le mot de trop, la goutte de trop. Sienna retenait Greg par le bras et chercha son regard pour le calmer. Il avait totalement dépassé les limites, et Sienna était encore plus déçue de lui ce soir. Salope n’était pas un mot que l’on adressait à une femme. C’était tellement impoli, méchant, dégueulasse. Sienna avait presque honte. Greg ne respectait totalement pas les femmes. Il commençait à lui gâcher sa fin d’aventure, à entacher leur complicité par son comportement. « Greg, ça va pas ou quoi ? T’as pété les plombs ou je rêve ? » Dit-elle en cherchant son regard mais il était trop occupé à menacer Ivy du regard qui elle, de son côté, rétorquait aux attaques du grand gaillard. Sienna était entre ce combat de coq, désespérée de la situation. Elle allait se tourner vers Ivy pour essayer de la calmer aussi (peu importe si ça énerve Greg, il l’a traité de salope), quand cette dernière se tourna pour donner sa meilleure claque à Greg. Sienna ne put s’empêcher de lâcher un bruit de stupeur. Mais cette claque était violente, bruyante et sans doute douloureuse car désormais, la joue de Greg était écarlate. Une part d’elle se disait bien fait pour lui mais une part d’elle voulait réprimander Ivy, même si elle avait totalement raison. « Ça te remet les idées en place là ou il en faut une autre ? Tu la fermes maintenant, et tu consoles ta binôme qui a perdu à cause d’un putain de chameau de merde. Si t’en es pas capable tu dégage loin, tu vas te calmer ailleurs et nous on ira boire un verre parce que ni elle ni moi on mérite ce que tu dis espèce d’abruti. » Les choses prenaient une tournure totalement catastrophique. Mais Ivy avait totalement raison et était juste girl power à ce moment-là. Elle l’aimait presque. Greg n’avait pas à la traiter de salope, mais elle s’en voulait de se liguer contre lui. Puis, il s’était quand même énervée contre elle parce qu’elle était arrivée dernière. Il avait quoi le type ? Les couilles à l’envers ? Sienna ne méritait pas de subir les nerfs de son binôme alors qu’elle avait tout donné et que lui était sensé la rassurer et la réconforter. Mais la seule chose que Greg était capable de faire, c’était baiser. Il ne fallait pas trop lui en demander. Elle écarta son binôme d’Ivy pour éviter tout dérapage car elle savait que les mots d’Ivy pouvaient l’enclencher en un quart de secondes et le but n’était pas d’avoir quelqu’un en sang. « Greg, ça va pas ou quoi ? Tu l’as traité de salope ! Mais tu te prends pour qui toi ? C’est normal chez toi d’insulter les femmes de salopes ? Elle t’a fait quoi en fait ? On a perdu désolée mais c’est comme ça ! On a tout donné avec Ivy, que tu le veuilles ou non. J’ai tout donné pour qu’on aille en finale ! » Elle parlait en le poussant légèrement à chaque fois qu’elle haussait le ton. Ivy et Martin étaient à quelques mètres d’eux. « Traiter une femme de salope, t’as pas honte ? Elle a peut-être raison Ivy, t’es peut-être juste un connard qui jouait les bienveillants avec moi juste pour me baiser. Parce que ouais je remets ce moment en question, en fait. Ta réaction par rapport à ma défaite en dit long. Alors que moi je pensais que t’allais me rassurer et me réconforter comme tu l’as toujours fait ! T’as fait tout le contraire, tu t’en prends à moi et tu traites Ivy de salope. Si c’est comme ça que tu traites les femmes, j’ai plus envie de t’adresser la parole, t’es qu’un pauvre type. » Elle le regardait pleine de déception, et les yeux qui tentaient tant bien que mal de retenir leurs larmes. Et s’il s’était montré mielleux avec elle toute l’aventure juste pour coucher avec elle ? Elle avait pensé à tort que cette nuit les avait rapproché mais sa réaction lors de l’arrivée et de la défaite évidente de Sienna en disait long sur son vrai visage. « Vas-y c’est bon j’suis dégoûtée. » Soupira-t-elle en marchant dans une direction totalement opposée à celle d’Ivy et Martin. Elle marchait, les poings serrés sans savoir où elle allait vraiment. Elle avait juste besoin de marcher.

Alors que je débarque près des deux nanas, c’est Ivy qui m’accueille d’un glaçant “Si t’es venu là pour gueuler dégage personne a besoin de toi.” mais pour l’instant, c’est pas elle que je vise, pour l’instant, c’est Sienna que je fusille du regard. Elle nous a fait perdre, bordel. A peine arrivé vers elle d’ailleurs, je l’incendie. J’y vais peut-être un peu fort, mais j’ai beaucoup de mal à retenir ma rage. Elle répond même pas, elle se contente de me fixer, presque aussi énervée que moi, je crois ? Je sais même pas si c’est possible de l’être plus que je ne le suis actuellement. Perdre à cause des autres, c’est vraiment de la merde, de la grosse grosse merde. C’est pas pour rien que je préfère les sports individuels. « Quoi ? C’est comme ça que tu me parles ? Tu te prends pour qui là ? Ouais ouais j’suis sérieuse ouais, j’ai fait exprès pour qu’on perde. T’es con ou quoi ? J’ai galéré avec ce putain de chameau et toi tu m’agresses ? Bien le binôme, j’espère que tu rigoles parce que t’es vraiment ingrat. » J’ai parlé trop vite, la voilà la tornade déchaînée. Evidemment que je sais qu’elle a pas fait exprès de perdre, mais le résultat est là de toute façon : on est éliminés. Je lève les yeux au ciel en soupirant, j’ai pas besoin qu’on me fasse la morale, j’ai le droit de montrer que je suis dégoûté parce qu’on a perdu et que c’est même pas ma faute, non ?

Mais ce qui m’énerve davantage, ça reste quand même le calme olympique de Martin, et là, j’arrive plus à me contenir. D’autant qu’il nous laisse aucune intimité, à Sienna et à moi, il vient entre nous deux pour nous proposer d’aller boire un verre et c’est radical comme je l’envoie bouler avant de m’en prendre à Ivy. J’avoue que sur le coup, ça me fait presque du bien, de la diaboliser pour qu’elle porte toute la culpabilité de notre élimination sur ses épaules, surtout quand elle tourne les talons et qu’elle s’apprête à se barrer. La claque qui suit ? J’aurais dû m’en douter, j’aurais dû la voir venir, mais j’étais sincèrement trop occupé à l’insulter. J’entends à peine Sienna me gueuler dessus, j’ai le sang qui bout et j’ai qu’une envie, c’est de lui en foutre une à mon tour. Parce que c’est une femme, je devrais me restreindre ? Alors qu’elle, elle ne s’est pas gênée ? Je m’avance brusquement vers elle, j’ai plus aucune retenue, plus aucune patience, surtout qu’elle continue à déblatérer, mais tout ce que je vois moi, c’est une gamine qui a pris la confiance. Ma main chauffe (ma joue aussi d’ailleurs), et je sais que si je laisse ma colère parler pour moi, c’est la tête de la blonde qui finira sur le bitume après une grosse claque dans sa gueule. Mais Sienna se fout encore entre nous, elle me pousse en arrière de toutes ses forces en me faisant la morale, encore une fois. Mais j’ai pas envie qu’une nana de 30 piges m’apprenne la vie, elles se prennent pour qui ces deux-là ? La rousse parvient quand même à capter mon attention à chaque secousse qu’elle m’assène sur le torse en même temps qu’elle me hurle dessus. « C’est bon, lâche-moi. Je sais que t’as tout donné. C’est pas à toi que je me prends là, à ce que je sache ? » Mon ton est sec et mon regard toujours aussi dur. Ma mâchoire commence à me faire mal, si seulement je pouvais lui en foutre une à l’autre salope. Ah, pardon, on a dit qu’il fallait pas traiter les femmes de salopes. A l’autre connasse ? Non, toujours pas ? A l’hystérique qui a certainement ses règles tout le temps ? Ah non, ça non plus on peut pas dire ? On les appelle comment alors ? Avec respect ? Mon cul oui, surtout quand elles nous font perdre.

« Traiter une femme de salope, t’as pas honte ? Elle a peut-être raison Ivy, t’es peut-être juste un connard qui jouait les bienveillants avec moi juste pour me baiser. Parce que ouais je remets ce moment en question, en fait. Ta réaction par rapport à ma défaite en dit long. Alors que moi je pensais que t’allais me rassurer et me réconforter comme tu l’as toujours fait ! T’as fait tout le contraire, tu t’en prends à moi et tu traites Ivy de salope. Si c’est comme ça que tu traites les femmes, j’ai plus envie de t’adresser la parole, t’es qu’un pauvre type. »

Cette fois-ci, elle a vraiment toute mon attention. Elle remet vraiment ce moment en question ? Elle pense vraiment que j’ai été gentil avec elle juste pour la baiser ? Si je voulais juste la baiser, je l’aurais fait sans trop de chichi, j’ai pas fait tous ces efforts juste pour la foutre dans mon lit : on dormait déjà dans le même lit depuis un mois, c’est pas comme s’il en avait manqué des occasions. Putain, Sienna, t’as vraiment besoin que je te rassure, là maintenant, sur ça ? Elle me regarde avec déception, ce regard de détresse que j'ai l'impression de connaître et les larmes au bord des yeux. J’avais oublié à quel point ça pouvait se montrer vulnérable, une femme. Ca fait bien longtemps que j’ai pas eu de ça, c’était quand même beaucoup plus facile avec Alexis, elle était tellement pleine d’assurance que c’était pas habituel que je la rassure. Avec Sienna, c’est tout autre chose, et j’avais quand même appris à l’apprivoiser après avoir passé autant de temps avec elle. Là, je vois bien qu’elle est déçue de mon comportement.

« Sienna, non mais attends, je s… »
« Vas-y c’est bon j’suis dégoûtée. »

Et elle se barre, mais elle se barre vraiment là ? Je vois Ivy qui jette un bref coup d’œil dans notre direction, elle a l’air satisfaite, je suis sûr que c’est tout ce qu’elle attendait. Putain, elle aura gagné jusqu’au bout quoi. Mais est-ce que je dois laisser ma fierté parler pour moi et aller lui en coller une, là maintenant, ou est-ce qu’il vaudrait mieux pas que je rattrape Sienna qui a déjà tourné les talons ? J’ai pas réfléchi bien longtemps, j’envoie un doigt d’honneur à l’autre blonde et lui tourne finalement les talons pour aller rejoindre ma binôme. Bordel.