Pour moi, être tout gris, c’est positif. Les gens trop blancs sont trop lisses et les gens trop noirs sont trop sombres. Je n’aime pas les deux extrêmes, j’aime le mélange, le mystère. On croirait presque que je sors d’un mauvais roman quand je pense comme cela mais pourtant je crois que je n’ai jamais été aussi sûr de moi. J’humecte mes lèvres tout en glissant ma propre main contre ma nuque, le froid s’empare soudainement de l’entièreté de mon dos et c’est une sensation plutôt agréable qui me détend.

Je lui souris, encore, avant de reprendre une moue assez interloquée. « C’est au bon vouloir de leur mère ? Tu n’as pas ton mot à dire ? »

C’est triste d’être tout seul et comme je le suis aussi, je préfère qu’il reste avec moi. Ça nous tiendra compagnie. Enfin… vraiment si ça ne le dérange pas. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression de danser sur un fil ces temps-ci et ce, dans tout ce que je fais.

« On peut faire des crêpes si tu veux.. ? C’est facile et rapide ! »

Je n’ai pas forcément envie qu’il se lève et qu’il fasse quelque chose, après tout, c’est l’invité mais s’il a envie, il peut. Je ne l’empêcherais sûrement pas. Derrière le comptoir, je m’active, je sors quelques casseroles, quelques ingrédients avant de poser de nouveau mon regard sur Paul. Un peu comme un réflexe, j’ai envie de regarder s’il me regarde. Rien de plus normal. Non.. ? Je décide donc de lui adresser un énième petit sourire qui dévoile mes petites canines avant de m’y remettre pour ne pas me déconcentrer trop longtemps.

« Je bosse mais t’inquiète pas, c’est pas un souci. » j’annonce, sérieux. Ça ne me dérange pas de me coucher tard, en colo on m’appelait la chauve-souris alors bon… C’était devenu une habitude malgré les grosses journées aussi éprouvantes mentalement que physiquement.
« Et puis, je pense pas qu’on puisse les rendre plus grandes même si je me couche tard alors autant tenter l’expérience. » je souffle tout en glissant la pulpe de mon indexe sous mon œil pour en sentir le léger relief causé par ces maudites cernes.

Lorsque Paul mentionne ses allergies je fais les gros yeux. Le chocolat… « Comment tu peux être allergique au chocolat.. » je suis très sérieux, c’est mon pécher mignon, ça m’aide à démarrer le matin et même en fin d’après-midi. Sans ça, ma vie serait encore plus terne et ce serait vachement triste. « Et même les crevettes.. ? » j’essaye car peut-être qu’il y a une petite exception même si j’en doute fortement, malheureusement.

« Okay, si tu t’envoles je saurais pourquoi… » étant fan d’Harry Potter, premier roman que j’ai lu, je ne peux m’empêcher cette remarque tout en faisant chauffer la plaque de cuisson.