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 gaback ▲ back to black

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gaback ▲ back to black Empty
Message(#) Sujet: gaback ▲ back to black gaback ▲ back to black EmptyMer 17 Oct 2018 - 5:00


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gabriel & jack


Le jeu du chat et de la souris, le jeu du prédateur et de la proie. Le jeu de celui qui gagne, et de l'autre qui finit par bouffer les pissenlits par la racine.

Y’a quelque chose d'intangible qui l’intéresse particulièrement Jack, le regard perdu au fond de son verre de whisky. L’air qui pue la magouille, le mauvais plan, la ruse, le guet-apens. Mais il est là et il y reste, il bouge pas, il prend trop plaisir à sentir les regards curieux sur lui, à entendre les murmures. Personne le connaît et tout le monde sait qui il est, on le craint comme il fascine. Et il parle pas, il parle peu. Il marine plutôt, bouille, ressasse. On évite ses prunelles troubles lorsqu’il lève le menton, on remplit son verre sans demander son reste. Jack a trop payé de toute façon, lorsqu’il est entré au saloon. Il paie toujours trop, y’a l’extra de pièces qui sonne comme si c’était une arnaque - et c’en est une bien sûr, c’est du charme, c’est sa façon à lui d’acheter un peu de répit, de la loyauté comme il peut, quand lui-même est tout sauf fidèle. Du silence, c’est tout ce qu’il veut. Du silence et du calme, et la plus grande paix possible. Comme ça, il peut fermer les yeux, il peut inspirer profondément, il peut se concentrer sur les cris de supplications de Jude qui résonnent entre ses oreilles, il peut ressentir la pression de ses doigts autour de la gorge diaphane de celle qu'il aime toujours, le craquement sec de sa nuque de porcelaine, quand elle a cédé. Il peut se rappeler de chaque seconde pour se maudire encore plus, il peut rejouer la scène encore et encore à s’en rendre complètement fou, insensible. C’est ainsi qu’il se prépare, avant le reste. C’est comme ça qu’il se traumatise, qu’il se remémore sa vraie nature, qu’il réalise à quel point il est nocif, une raclure, combien il se déteste et c’est sa motivation, l’essence même de sa violence.  

« Il est là. » pas ce soir, pauvre malheureux. L’oreille fine, presqu’absolue, qui écoute la conversation du barman en fond sonore, qui sait qu’on parle de lui, qu’on le cherche. Il l’a senti Jack, il sent toujours tout, il a en tête la voix de Jude qui lui narre, il entend chaque geste fait dans son dos, chaque coup d’oeil, chaque murmure, chaque impression. «  J’ai entendu. » sa voix rauque fend les conversations ambiantes, son accent glace le sang, ses mots sont secs, sans équivoque. Il attend qu’on vienne le trouver, pour mieux ajouter un nom à sa liste. Il est là pour ça, évidemment. Si ce n’était qu’une tête dans ce bar dans laquelle il prévoyait envoyer une balle entre les yeux, il en ajoutera bien une seconde à la liste. Ça serait que du bonus. « Traînez pas trop.  » qu’on chuchote à l’oreille de l’inconnu qui apparemment est là pour le voir, et Jack, ça le fait presque sourire tellement c'est ironique. Parce qu’il aime quand ça dure, parce qu’il adore prendre son temps. Il apprécie les cris, il apprécie les pleurs, il apprécie leur douleur. La sienne est tellement ancrée qu’elle en est devenue un acouphène ; et de voir les autres la vivre au même niveau que lui, ça le change, ça le calme.  


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gaback ▲ back to black Empty
Message(#) Sujet: Re: gaback ▲ back to black gaback ▲ back to black EmptyMar 29 Jan 2019 - 12:48


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@Jack Epstein & Bloody Gaby
"Who will die tonight ?"

Toute la journée le soleil avait écrasé la terre sous une chaleur presque insoutenable et la soirée qui naissait ne parvenait guère à apporter ne serait-ce qu’un brin de fraîcheur. Ces dernières années impitoyables sécheresses et crues d’une violence exceptionnelle alternaient au gré de  saisons détraquées. Il y avait de quoi se demander ce qui pouvait bien pousser les hommes à rester sur ces terres devenues si inhospitalières. La réponse ? La raison de cette obstination effrontée ? Les mines, les filons qui couraient sous terre, bien sûr. Le mirage de la promesse d’une richesse rapide et facile, encore et toujours. Un mensonge. Mais pour quelques grammes de métaux précieux, nombreux étaient ceux prêts à y laisser leur peau dans l’espoir de faire fortune. Un espoir de fou, tant il y avait, dans cette région du monde, mille fois plus de chances de rester sur le carreau que de devenir riche. Cependant les chercheurs d’or n’étaient pas seuls à fouler la poussière de cette ville maudite qu’était devenue Brisbane et dont l’air vicié semblait attirer nombre d’individus parmi les moins recommandables, voire les plus dangereux, d’Australie. Et c’était précisément ceux-là qui servaient de gagne-pain à Carnahan. Bien sûr il n’en avait pas toujours été ainsi. Fut un temps où il était un homme discret et travailleur, connu pour posséder un don certain avec les bêtes, réputé pour son calme. Mais cette époque était révolue, abandonnée l’ancienne douceur dans ses gestes, désormais ses mains distribuaient violence et mort et au fond de ses iris, aussi dures et froides que la glace, semblait s’ouvrir des abysses insondables. Une vie brisée, éclatée et à présent quelque chose de sombre qui grondait au fond de lui, quelque chose d’inhumain presque, qui terrifiait et répugnait les bonnes gens qui croisaient ses pas et qui l’inondaient d’œillades méfiantes, de prières et de signes de croix dès qu’il avait le dos tourné. Gabriel ne leur accordait toutefois pas la moindre attention, poursuivant inlassablement son chemin, comme poussé par une quête qui ne trouverait de fin que dans la mort. La sienne. Et en attendant de rencontrer son funeste destin il s’était fait bras droit de la Grande Faucheuse, envoyant droit en Enfer quelques âmes pourries jusqu’à la moelle. Une fois n’était pas coutume, en ce jour de peine une nouvelle traque touchait à son terme. Elle s’achèverait dans le sang, encore une fois.

Chacune des puissantes foulées de Thowra soulevait un nuage de poussière. Particules fines qui venaient se collaient sur la peau moite de l’animal et de son cavalier et se frayaient insidieusement un chemin vers leurs poumons. Celui qu’on nommait désormais Bloody Gaby stoppa sa monture alors que la silhouette d’une ville qu’il ne connaissait que trop bien se dessinait à l’horizon. Brisbane. De vieux souvenirs et un goût toujours âpre au fond de la gorge à sa vue. Il en était venu à haïr cet endroit. Et pourtant… Pourtant la vie s’obstinait inlassablement à ramener ses pas vers cet endroit. Encore une fois. C’était donc là que se jouerait la scène finale d’une tragédie qu’il avait déjà jouée si souvent. Soit. Un claquement de langue du chasseur de primes suffit à relancer Thowra à vive allure. Une cavalcade qui sonnait aux oreilles de l’irlandais comme une marche funèbre. Des meurtriers il en avait traqué, mais celui qu’il pourchassait était d’une trempe particulière, il le savait. Oh il ne valait sans doute pas mieux qu’eux, d’ailleurs il ne doutait pas de devenir un jour la proie à son tour. Car lui aussi faisait couler le sang sur cette terre de malheur, c’était presque devenu un besoin, comme une dernière raison de rester en vie. C’était son fardeau en attendant de se faire trouer la peau, définitivement. Ce fut devant le saloon qu’il mit pied à terre, tendant ses rênes à un gamin d’écurie qui trottinait vers lui. « Confie le au vieux Dan, le maréchal-ferrant. » Il lâcha en laissant un billet au gamin. Dans son ton transparaissait l’habitude d’être obéi sans discussion, et le gosse fila aussi sec sans demander son reste. Gabriel marqua un temps, comme pour s’assurer que son intuition était bonne. Pas de doute l’homme qu’il cherchait était là. Il y avait quelque chose dans l’air, quelque chose qui échappait au commun des mortels, comme une aura de mort qui planait. Le chasseur la connaissait bien, cette espèce de puanteur éthérée qui le guidait invariablement vers ses proies. L’irlandais s’avança, derrière lui une présence à laquelle il ne prêtait plus guère attention, glacée comme un vent d’hiver, Jack, le fantôme qui lui collait régulièrement aux basques. Gaby le soupçonnait d’avoir pointé le bout de son nez afin de ne pas manquer le face à face à venir. La promesse d’un spectacle sanglant semblait plaire à ce maudit spectre. A l’intérieur l’atmosphère était pesante, étouffante, des visages luisants se tournèrent vers le nouveau venu, l’air inquiet. Il ne leur fallu qu’un instant pour le reconnaître. La tension monta instantanément d’un cran alors que les yeux cristallins de Gabriel suivirent le mouvement de tête du barman qui lui désignait une haute silhouette accoudée au bout du bar. Grand, sec, le regard perdu dans le vague, c’était lui. Mais le chasseur ne s’y trompait pas, il devinait que l’autre avait l’oreille à tout, tout dans son allure le racontait, et sa voix rauque fendant l’air en fut une ultime confirmation. Et, alors que le chasseur observait avec attention l’homme qu’il recherchait, le temps sembla se suspendre autant que les respirations de ceux qui étaient présents. Ca se planquait dans le saloon, ça se terrait, ça se recroquevillait dans les coins. Parce que tout le monde dans la pièce pressentait, savait qu’une confrontation entre ces deux là finirait mal, forcément, et la lourdeur de l’air trahissait leurs craintes.

Carnahan ne s’en préoccupa pas le moins du monde, les prunelles vissées sur l’étranger dont personne ne connaissait la réelle identité mais que tous craignaient. A juste titre. Il semait la mort sur son chemin, tant et si bien que la récompense pour sa tête croissant à chaque nouvelle victime était désormais devenue assez substantielle. D’autant plus que tous ceux qui s’étaient lancés à ses trousses gisaient à présent six pieds sous terre. Pour ceux dont les corps avaient été retrouvé tout au moins. Les autres avaient sans doute servi de repas aux charognards depuis belle lurette, les risques du métier.

La voix du barman vint couper court aux pensées du chasseur, le pressant de faire vite alors qu’il frottait bien trop nerveusement ses mains sur son tablier crasseux tout en jetant quelques coups d’œil sur la carabine planquée sous le bar. Un secret pour personne. « Si j’étais toi j’oublierai ça. » Les mots glissèrent presque dans un murmure. Gaby ne se répéterait pas, il avait autre chose à faire que de se soucier des réflexes malheureux d’un barman qui aurait une balle dans la tête avant d’avoir pu finir de braquer son fusil sur l’homme au bout du bar. Ça n’était pas son problème à lui. L’irlandais esquissa un pas mais quelque chose sembla s’interposer entre lui et la haute silhouette toujours accoudée au comptoir, tel un dernier rempart. Impalpable, irréelle, une silhouette vague, comme celles qu’il avait l’habitude de voir errer dans les rues abandonnées, de deviner dans la brume inquiétante de certaines nuits. Un souffle glacial, au contact duquel ses tripes se serraient vivement comme pour l’avertir de la nature surnaturelle de ce qui lui faisait face. Un souffle glacial, accompagné de son lot de peur. Mais ce qui le marqua bien plus était cette profonde tristesse qui enveloppait cette silhouette éthérée. « Je vois… » Il ne voyait que trop bien même. Depuis qu’il était entré sa main n’avait pas touché la crosse de son revolver, mais il l’écarta doucement de sa ceinture, la posant sur le bois collant du bar. D’un geste il intima au tenancier de lui servir un verre à lui aussi. Le type s’exécuta tant bien que mal, tentant de dissimuler les tressaillements de son être. Le chasseur s’approcha de son homme, tout en gardant un œil sur le vaste miroir derrière le bar lui permettant de surveiller les faits et gestes de ceux qui demeuraient dans le saloon. Il laissa courir quelques instants, le temps de visser une cigarette au coin de ses lèvres, de l’allumer et de contempler une seconde le briquet d’argent qu’il faisait tourner entre ses doigts. Un cadeau de sa femme, dernier vestige de sa vie passée et seul souvenir matériel qu’il en avait gardé. Même son alliance il l’avait abandonné à la terre de la tombe de sa bien-aimée. Ce petit anneau qui représentait un serment fait à l’église n’avait à ses yeux plus la moindre valeur sur cette terre oubliée et abandonnée par Dieu. Le briquet revint glisser dans sa poche alors qu’il laissait échapper une volute de fumer qu’il contempla un instant avant de reposer ces yeux sur cette présence vaporeuse aux allures féminines, qui semblait tournoyer autour de son voisin. « Qui est-elle ? » Question abrupte ? Ils n’étaient pas là pour échanger des politesses après tout. Question qui n'avait aucun sens ? Le chasseur pressentait pourtant que le grand brun devinerait ce dont il parlait. Il sentait quelque chose d’inhabituel. Et instinctivement il éprouvait comme un besoin de savoir. Gabriel n’aurait su l’expliquer alors autant aller droit au but. Et puis mieux valait poser ces questions plus tôt que plus tard, car après tout, cette histoire finirait probablement par la mort de l’un d’entre eux, voire d’eux deux, et il serait alors trop tard pour obtenir des réponses…
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Message(#) Sujet: Re: gaback ▲ back to black gaback ▲ back to black EmptySam 23 Fév 2019 - 16:49


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gabriel & jack


Il sent son regard qui brûle sur lui, sur sa peau, vieillie des rides et du soleil et de la terre et de toute la crasse qu’il s’arrache à chaque jour quand il finit par faire couler de l’eau glacée, puante sur ses flancs. Il sent l’air qui se glace, ou alors l’était-il déjà? - à sa mention, les voix qui murmurent, cessent en décibels pour reprendre en nombre. Il sent tout ça Jackary, il ressent tout du plus profond de tous ses sens étrangement annihilés par l’alcool, qu’il raffine au fil des jours, des heures où il survit encore. Et qu’est-ce qu’il survivait, il faisait que ça, il débordait sur les lignes de vie de tout le monde, il s’enracinait comme de la mauvaise herbe, il était la racaille, il était les mauvaises nouvelles, il était la mort pour certains même - l’ironie, douce ironie qui teinte ses lèvres d’un énième sourire carnassier. Sourire qui passe comme un voile, une fraction de seconde et déjà, plus rien. Le barman en pleine conversation avec le nouveau venu, et il s’attarde au piano Jack, il n’écoute plus rien, il n’a pas peur, il n’attend que ça, la provocation. Il n’attend que ça ; sa finalité. Et la vérité est aussi abrupte que salvatrice. Il est fatigué de tout ça, il la prendrait bien volontiers, la balle dans la tête, le plomb direct au fond du crâne, qui arrache les chairs et les tissus. Il crèverait vite, il voudrait que ça, il se laisserait faire presque, peut-être, il en doute, un énième regain de violence jamais vraiment à l’abri de son air stoïque, de sa silhouette trop grande, trop puissante. Des notes de jazz qui gratte de la place dans ses pensées morbides lorsqu’il sent du mouvement à ses côtés, le verre qu’il cogne sur le comptoir de bois nervuré pour en demander un autre, en demander un double, sa voix enfouie dans un silence salvateur. Il méritait pas de crever aussi facilement, aussi doucement, aussi rapidement. Il méritait pas de se faire jeter dans un trou en terre sans cérémonie, il méritait rien de tout ça. Il fallait qu’il arpente les rues, les déserts, il fallait qu’il rôde, qu’il erre, qu’il ait mal, qu’il ressasse, qu’il en devienne fou.

Je vois.

Il étouffe un rire dédaigneux, empli de toute la hargne du monde. « Tu vois rien, tu vois rien du tout. » qu’il crache, ses yeux fendus de toute la rage et de toute la peine et de toute la colère et de toute la nostalgie du monde. On le ressert, il gobe d’un trait, il accorde pas la moindre attention, il en veut pas. Il veut être tranquille Jack, il veut vivre son calvaire par lui-même, il veut s’enfoncer bien mal et bien creux, il veut sa torture, il la supplie, il la quémande, il a que ça à quoi se raccrocher, il a que ça qui lui fait ressentir encore quelque chose. L’autre comprend rien, il pousse, il tire sur le nerf, et Jack il prend sur lui d’un soupir contrôlé, intériorise pour mieux exploser, laisse les émotions bouillir en sachant très bien que plus il attend, plus il marine, puis il couve, plus la violence sera synonyme de terrassement, plus son courroux sera immuable. « Et tu m’le confirmes toi-même. » on lui demande un nom ; il confirme son ignorance. Il y croit pas Epstein, aux esprits. Et encore est-il l’un de ceux qui en sont hantés, qui le vivent au quotidien. Pourtant, il n’y croit pas, il le nie, il se dit qu’elle est là juste par remord, qu’elle rôde, qu’elle erre, qu’il ne l’a pas oubliée, qu’il ne l’oubliera jamais. Qu’il la tuée justement pour s’en souvenir, aussi malade puisse-t-il se rendre. Elle n’est pas morte, elle est toujours là. Elle n’est pas morte, elle rit, elle sourit, elle rôde, elle erre, elle t’aime, elle te pardonne, elle n’est pas morte Jack, t’es complètement fou, elle est toujours là, elle bouge pas.

« Jude. » comme une sentence, qu’il articule, au bout de longues, très longues minutes.

Son souvenir rieur s’efface doucement, ses prunelles brunes scintillants ne sont plus. Il revient à lui l’espace d’une seconde, le verre vide tournant entre ses paumes sans qu’il n’en redemande. Il halète mais son souffle reste stable, il pleure mais son visage reste de glace.

« Elle, c’est Jude. » et il la présente. Et il ne l’oublie pas, jamais.

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Message(#) Sujet: Re: gaback ▲ back to black gaback ▲ back to black EmptySam 31 Aoû 2019 - 19:20


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@Jack Epstein & Bloody Gaby
"Who will die tonight ?"

Les œillades rapides, les souffles courts, les murmures inquiets… Il y avait quelque chose de pesant dans l’atmosphère, une angoisse latente, poisseuse tension qui engluait l’air déjà lourd. Et dans le saloon ça ne bougeait plus trop, ça n’élevait plus la voix pour brailler un autre verre ou une quelconque tricherie aux cartes. Rien. C’était calme. Trop calme. De celui qui précède la tempête, un silence annonciateur d’un désastre à venir. Une tranquillité factice, juste avant que n’éclate l’orage, brutalement. Gabriel devinait les regards rivés sur la haute silhouette de l’étranger et la sienne. Il les sentait glisser de l’une à l’autre, aussi fiévreux qu’impatients, à l’affût du geste, du mot, qui ferait voler en éclat la fausse quiétude de l’endroit, avides du macabre spectacle qui se préparait. Dans les prunelles se mêlaient crainte et envie de voir. Aucun de ceux présents ne détournerait les yeux, l’irlandais le savait. Il pouvait presque les sentir piaffer d’impatience. Fallait-il y voir la marque d’un goût malsain pour le morbide, que l’ennui et la rudesse de la vie locale accentuaient ? Peut-être. Sans doute. Au fond Gabriel n’en avait que faire. Tout cela ne l’intéressait pas. Ce qui pouvait traverser l’esprit de ces types ne lui faisait absolument ni chaud ni froid, bien que, par instinct, ou déformation professionnelle, il s’employait à garder un œil sur eux et leurs faits et gestes. Juste au cas où l’un d’entre eux se sentirait pousser des ailes et ferait mine de tenter sa chance, un vague orgueil de justicier vissé au corps. Mais personne ne semblait vouloir être cet héroïque crétin qui finirait probablement sa misérable vie en hoquetant sur le plancher crasseux de ce trou à rats, pseudo brave d’un quart de seconde, juste le temps de se faire descendre en bonne et due forme. Non, tout le monde se tenait tranquille pour le moment, et c’était pas plus mal au fond. Même si le fait qu’un de ces types se fasse descendre n’atteignait pas le moins du monde l’irlandais. A cet instant la seule chose qui captait réellement son attention, son intérêt même, n’était autre que l’homme qu’il était venu trouver. Cet homme là, avec sa grande carcasse aux airs dégingandés, il l’avait pisté, traqué, il avait suivi sa trace, marché dans ses pas. Et plus il s’en était rapproché plus quelque chose chez lui avait fini par l’intriguer. Le chasseur ignorait de quoi il s’agissait précisément. Sans doute l’écho de ses propres tourments, de l’implacable violence qui sommeillait à peine en lui. Peut-être celui de leurs errances, de la noirceur de leurs âmes maudites. Deux carcasses vagabondant dans la poussière, se contentant de survivre jour après jour, conscientes qu’il n’existait sur cette terre aucune forme de salut pour elles. Deux hommes brisés, sauvages, leur vie à jamais explosée en milliers de morceaux, et ce qu’il restait d’eux. Ni vivants, ni morts, mais presque tout comme, perdus entre deux mondes. Oh le chasseur n’éprouvait pas de compassion ni de pitié pour celui qui se tenait à quelques pas à peine de lui. Non. Il ne ressentait plus ce genre de choses. C’était simplement une sensation diffuse, vague, un peu comme s’il se trouvait devant le reflet de ce qu’il y avait de pire en lui. Et ça donnait un drôle de goût à cette traque, c’était même un peu étrange. Bien sûr il aurait pu dégainer tout de suite, espérer être le plus rapide des deux – et c’était loin d’être une évidence – et tirer, puis laisser le résultat aux mains du destin, tuer ou être tué, cela importait peu au fond. Mais non, cela aurait été simple, bien trop simple. A la place il s’avança lentement, la main posée sur le comptoir plutôt que sur la crosse de son arme, en dépit de tout ce que le bon sens intimait. Cela faisait toutefois bien longtemps que ce fameux bon sens ne présidait plus à ses prises de décision. Il s’était approché, trop près pour être réellement en sécurité, il en était conscient. En réalité la perspective de mourir ne l’effrayait pas, elle ne l’effrayait plus. Quand à la souffrance, elle était sa compagne de route depuis maintenant bien longtemps, ne manquant jamais une occasion de se rappeler à lui. Alors ici ou ailleurs, s’il fallait souffrir il souffrirait, quoi qu’il lui en coûta. Certes il ne se laisserait probablement pas descendre si facilement, mais il n’avait plus rien à perdre, et ça faisait déjà des années. Calme, patient, il attendait, observait. Vieil habitué de cette muette contemplation. L’irlandais avait toujours préféré chercher ses réponses dans l’observation et les silences que dans des pluies d’interrogations intrusives et intempestives. D’autant plus depuis qu’il passait le plus clair de son temps à errer seul dans l’outback. Il économisait ses mots, toujours, au point, finalement, de se montrer avare en la matière. Il écouta la violence, la haine, qui transparaissait juste dans les mots de celui qui se tenait là, accoudé au bar, aussi immobile qu'il l'était, le regard perdu quelque part dans le vague. Il ne releva pas.

Pas tout de suite.

Comme si rien ne parvenait à faire réagir l’ancien dresseur. Du moins jusqu’à ce que l’étranger finisse par lâcher un prénom. Jude. Jude… Un frémissement dans l’air, léger. Parce qu’elle était là, quelque part. Un frémissement dans son âme, imperceptible. Parce qu’il avait lui aussi ses propres fantômes, quelque part. A une différence près toutefois. Ceux de Gabriel ne s’étaient jamais matérialisés. Jamais il n'avait entraperçu la délicate silhouette de son épouse. Jamais il n'avait reconnu sa voix dans les cris portés par le vent. Jamais il n'avait vu ses traits dans les brumes nocturne. Pourquoi ? Il l’ignorait. Peut-être reposait-elle vraiment en paix ? Peut-être l’attendait-elle quelque part ? Peut-être l’accueillerait-elle en personne aux portes de la Mort ? Qui aurait pu le dire de toute façon ? Sa torture à lui n’avait lieu que dans sa tête, tandis qu'il se tourmentait à grands coups de souvenirs et de culpabilité. Il n'avait qu'à fermer les yeux et tout lui revenait en mémoire. Le craquement sinistre du bois se consumant. L'odeur âcre des cendre chaudes. La morsure brûlante des flammes dont il gardait encore d'indélébiles séquelles, à tout jamais gravées sur sa peau balafrée.

Gaby retint un soupir las. Il n’avait toujours pas bougé, et les minutes s’étiraient, irréelles. Aucun d’eux deux ne semblait pressé, aucun d'eux n'était fébrile. Ce ne fut que l'écho éthéré d'une voix glacée comme un vent d’hiver qui vint tirer l’irlandais de ses pensées. « Qu’est-ce que tu attends cowboy à la fin ? Tue-le ! » C’est vrai ça, qu’est-ce qu’il attendait ? Qu’est-ce qu’il espérait ? Il eut un vague geste de la main aux mots de Jack, ce maudit fantôme qui lui collait aux bottes à longueur de temps, comme pour chasser une bestiole agaçante. Qu’est-ce qu’il attendait ? Lui-même l’ignorait. Il devrait être plus prudent, il le savait. Conscient que ça pourrait bien lui coûter la vie. Conscient de jouer avec le feu au risque de se brûler. Au fond peut-être était-ce cela qu’il cherchait, la brûlure qui lui rappellerait qu’il n’était pas tout à fait mort.

« Jude... » S'était-il alors contenté de répéter, songeur. Comme si ce simple prénom avait eu le pouvoir de soulever un pan du voile de mystère qui enveloppait cet homme. Car une énigme il en était une à lui seul. Son identité, ses origines, son passé, son histoire, nul n'en savait réellement quelque chose. Comme si il était soudain apparu du bush un funeste jour pour hanter les hommes, tel un mauvais esprit. Aussi les rumeurs les plus folles courraient elles à son sujet. On le disait tantôt fou et sanguin, tantôt froid et dépourvu de sentiments humains. Maudit, immortel. En quête de vengeance, en errance, à la recherche de quelqu'un, ou quelque chose. Autant d'histoires pour combler la terrible ignorance sur son compte. En somme rien de bien original en la matière. Les mêmes inepties que l'irlandais entendait à son sujet. Tout ce qui était certain au sujet de l'étranger était qu'il avait semé la mort à maintes reprises déjà, qu'il était foncièrement dangereux et imprévisible. Et qu'une belle récompense était promise à celui qui le mettrait hors d'état de nuire. Certains avaient tenté leur chance et jamais plus on ne les revit. Habituellement face à ce genre de personnage le chasseur allait assez rapidement droit au but. Il fallait dire que Gabriel était généralement accueilli à coups de revolver. Mais pas cette fois et le chasseur demeurait impassible. Comme si rien ne le pressait, comme si quelque chose retenait encore sa main. D'aucun jugeraient ce comportement comme ouvertement suicidaire face à celui dont on contait volontiers, avec autant de peur que de fascination, les méfaits réels ou fantasmés.

Elle c'est Jude...

Et dans le ton de l'étranger, Gaby reconnut ses propres démons, comprenant que c'était probablement cela -ceux-là - qui l'intriguait, qu'il attendait de cerner. Une sorte d'alter ego ? Allez savoir.

Sa main posée sur le bar pianota quelque chose contre le bois poli, du bout des doigts, comme une vieille mélodie, un air revenu du passé, autant dire d'une autre vie, autant dire d'entre les morts.

Carnahan demeura silencieux, observant encore un peu son voisin toujours de marbre en façade, tandis qu'au coin de ses lèvres le tabac roulé finissait de se consumer en d'ultimes volutes légères s'élevant avec grâce et lenteur. Encore un peu de paix, quelques miettes de quiétude volées au destin, juste avant le déluge, juste avant la fin.

Puis ses yeux pâles finirent par s'attarder de nouveau sur l'étrange aura qui entourait, enveloppait la longue silhouette du vagabond. Cet air agité de légers frémissements, insaisissables, évanescents.

« Tu l'as tuée n'est-ce-pas. » Comme une sentence, sans préambule. La voix basse, le ton calme. Une question qui n'en était pas une. Comme s'il cherchait le point d'impact, comme pour provoquer une réaction, ou provoquer tout court. En son âme et conscience, il le savait. La tempête se rapprochait, dangereusement, irrémédiablement. Il était temps de jouer cartes sur table.

Fini de courir, la chasse touchait à son terme. Bientôt retentirait l'hallali et la Mort recevrait son dû. Une seule question demeurait, qui faucherait-elle le premier ? A la fin, qui du chasseur ou de la proie aurait la peau de l'autre ?


Dernière édition par Gabriel Carnahan le Lun 4 Nov 2019 - 18:41, édité 3 fois
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Message(#) Sujet: Re: gaback ▲ back to black gaback ▲ back to black EmptyJeu 3 Oct 2019 - 1:18


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gabriel & jack


Il a froid. Il a froid et il la cherche, quand elle est toujours là, quand elle ne le quitte jamais. Y’a son parfum d’enfoui au fond de ses narines, de son cœur aussi. Jack qui est incapable de penser à autre chose qu’à elle. Même quand il ne veut pas, quand il est incapable d’y survivre, quand il meurt à petit feu, et qu’elle est au premier rang de sa fin.

Le tabac qui noie ses idées noires, qui les amplifient, il a perdu la notion de ce qui est vrai et de ce qui est faut Epstein, il vit entre deux mondes et il n’y survit que plus mal. Il ne touche plus à rien d’autre qu’au comptoir, il sait qu’il ne sortira pas d’ici sans heurts, il le sent jusque dans ses tripes ; mais il aime avoir mal, il le mérite, il se torture pour elle, il l’a toujours fait. L’épave qu’il est en train de devenir et qu’il cache derrière ses iris voilés, sa voix cassée, l’épave que l’homme à ses côtés a facilement remarquée, qu’il ne semble pas prêt de lâcher non plus – surtout.

« Tu l'as tuée n'est-ce-pas. »

Aucune question, l’interrogation n’est même pas sous-entendue. Bien sûr, qu’elle est morte de ses mains, bien sûr qu’il en est la cause autant au figuré qu’au propre. Et même s’il n’avait pas son sang sur ses mains, et même s’il n’était pas coupable, et même s’il n’avait fait aucun geste, n’avait détruit aucune parcelle physique d’elle, Jack sait pertinemment qu’il aurait fini par être son assassin d’une façon ou d’une autre. Il n’est pas aveugle même s’il ne voit plus rien, il n’est pas idiot même s’il ne comprend plus rien ; il est capable de voir l’évidence, et il se sait nocif pour elle autant vivante que décédée.

« Je… » Je, quoi, Jack ? Je, et toujours Je et toujours toi et rien que toi au final, juste toi. « … je l’aimais. » il n’a toujours pas levé la tête et il a encore moins croisé le regard de son interlocuteur. Mais il lui parle un peu plus, ou alors, il ne fait que continuer de se parler à lui. Et un peu à elle.

De longues minutes passent et les divers personnages évoluant dans le bar ne font que se multiplier, leurs traits se définir. Plus loin on parle fort, on s’obstine, on en vient aux poings peut-être, il ne détourne par son attention pour le voir. Derrière le comptoir personne ne semble importuné par la scène de violence mise en place par des esprits échauffés, des êtres alcoolisés qui n’ont rien d’autre à faire que d’hausser le ton, que d’attirer les foudres les uns des autres. Le piano qu’on continue de gratter, les portes battantes qui laissent entrer la brise de plus en plus froide d’une nuit de plus en plus noire.

Et Jack frisonne à nouveau. Elle. « Je l’aime toujours. » il sent les doigts de Jude glisser dans ses cheveux, ses lèvres se poser à l’aube de sa mâchoire. Il sent son regard caresser l’arrière de sa nuque, il sent sa présence jusque dans ses os, jusque dans ses tripes. Il sait qu’elle l’écoute, il sait qu’elle n’est pas juste dans sa tête et qu’elle rôde. L’index qui pianote sur le bois vernis, une expiration, une seule, qu’elle laisse aller de son corps invisible, de sa silhouette introuvable, mais qui vient se casser de la plus glaciale des manières sur l’épiderme engourdie, gelée d’un Jack obnubilé.

« Elle méritait pas ça. » qu’il concède, quand il sent qu’elle se rapproche mais qu’il est le seul à le savoir. Quand il l’entend murmurer à son oreille des mots, des bribes, des rires, de l’amour – des insultes, des menaces, des attaques, des adieux. « Mais elle me rendait fou. »

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Message(#) Sujet: Re: gaback ▲ back to black gaback ▲ back to black EmptyLun 4 Nov 2019 - 18:40


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@Jack Epstein & Bloody Gaby
"Who will die tonight ?"

La nuit qui engloutissait davantage Brisbane à chaque minute écoulée. Une nuit sans lune, sans lueur, et glaciale malgré le climat naturel des terres australiennes. Mais ce froid là n’avait précisément rien de naturel, il était mordant, funeste, annonciateur d’une brume malsaine qui s’avancerait sous peu et dont on percevait déjà la funèbre litanie si l’on y prêtait réellement garde. La nuit à Brisbane était synonyme de dangers, les hommes qui vivaient encore là l’avaient appris à leurs dépends depuis que cette malédiction morbide flottait sur la région. Ca faisait déjà des années. Et beaucoup étaient ceux qui se refusaient toujours à y croire. Pourtant ils se pressaient dans le Saloon, dans la maison close à deux pas, dans tous les lieux un tant soit peu publics et éclairés de la ville. Et si possible alcoolisé comme la boisson demeurait leur meilleure alliée pour oublier. Parce qu’ils avaient la trouille de ce qu’il y avait dehors, une trouille bleue, à les en faire crever. Alors à coté la présence d’un tueur irascible et d’un chasseur de primes maudit, accoudés au comptoir côte à côte, leur apparaissait presque comme un moindre mal. Et la vie reprenait dans le lieu, les esprits s’échauffaient pour des histoires quelconques de cartes ou de filles, de triche ou de verre. Gabriel n’y prêtait qu’une attention très relative, son intérêt bien plus concentré sur la haute carrure à ses cotés, sur l’insaisissable silhouette qui évoluait autour de lui, sur les mots qui s’arrachaient des lèvres de son vis-à-vis, un à un, comme les pièces d’un puzzle complexe reconstitué aussi lentement que difficilement. Et petit à petit le tableau prenait forme. Cette femme, il l’avait bien tué, cette femme qu’il aimait, il le confirma lui-même. Et l’irlandais qui n’avait pas plus bougé d’un pouce que l’autre. Son attention acquise, son esprit concentré sur l’homme à ses cotés, et son corps aussi immobile que celui d’un chat à l’affût. Y’avait rien qui émanait de lui, ni désapprobation ni empathie, y’avait qu’au fond de ses prunelles bleutées que les fantômes de son propre passé dansaient, comme en écho à ceux qui transparaissaient entre les mots de son interlocuteur. A la différence près que Gaby, lui, n’avait jamais perçu la silhouette gracile de sa propre épouse à ses cotés, jamais senti son souffle glacé sur sa nuque, jamais entendu sa voix d’outre-tombe souffler des mots à son oreille. Il semblait qu’elle avait définitivement abandonné ce monde. Peut-être était-ce mieux ainsi, pour elle. Pour lui c’était différent, parce que quelque part, inconsciemment sans doute, il avait longtemps guetté sa présence. Sans succès. Il s’était fait une raison à présent. Moïra ne reparaîtrait plus sur cette terre. C’était certainement une maigre consolation pour son âme, mais c’était déjà ça. Quant à Gabriel il espérait le même sort, que le jour où son corps girait sans vie, baignant probablement dans son propre sang, quand il ne s’imaginait pas d’autre morts que violentes, que ce jour-là tout ce qui avait été lui, son âme, son esprit, qu’importe, que tout cela disparaisse de cette maudite terre à jamais. Ses errances dans la vie il les refusait dans la mort. Et si par chance sa belle épouse l’attendait quelque part alors il espérait trouver un moyen de la rejoindre. Mais il ne se permettait guère d’espérance comme ce concept avait pour lui été mis à rude épreuve, littéralement broyé, dépecé, par ce monde. Dans le silence latent ses pensées s’égrenaient au rythme du piano qui agonisait au fond de la salle. Ce fut la voix de l’homme à ses cotés qui le ramena à ce comptoir contre lequel il s’appuyait à peine, sur lequel il pianotait les bribes d’un air qui n’avait rien de commun à la musique ambiante, un air revenu du passé, du sien pensa t-il, sans en être réellement certain quand depuis qu’il était revenu d’entre les morts des souvenirs inconnus se heurtaient aux siens dans son crâne, quand des voix lointaines semblaient lui conter à l’oreille de trop sombres histoires. De quoi devenir fou oui. De folie, c’est bien cela dont il est question quand les derniers mots du grand type se heurtent à ses tympans. Gabriel n’avait pas de jugement à rendre, il n’était pas là pour ça. D’autres avaient décidé du destin de ce meurtrier pour lui, et ça ne lui faisait à vrai dire ni chaud ni froid. Et puis n’était-il pas franchement mal placé pour juger les autres sains d’esprit ou non ?  En revanche il eut un vague hochement de tête lorsque l’autre avoua que la femme qui rôdait autour de lui ne méritait pas ça. « Sans doute pas, non. » Mais ce qui était fait était impossible à défaire à présent. Les liens du temps ne souffraient aucun retour en arrière, tous deux ne le savait que trop bien. La seule option qu’il leur restait était alors d’avancer vaille que vaille jusqu’à ce que le destin ou une balle ne viennent mettre un terme à cette fuite en avant. « Et maintenant ? » Etait-il vraiment moins fou d’avoir tué celle qu’il aimait ? Comme si la question se posait... Gabriel anticipait déjà la réponse. Comme il savait d'avance que la folie ne s’était pas tue avec la mort de Jude. Quand il savait qu’une fois installée, une fois infusée dans les veines et l’esprit tel un poison, la folie ne se taisait jamais, ne disparaissait jamais, préférant se terrer et attendre. Attendre le bon moment pour surgir à nouveau, exploser, avec toujours plus de force, toujours plus de violence Il ne le savait que trop bien oui.
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Message(#) Sujet: Re: gaback ▲ back to black gaback ▲ back to black EmptySam 28 Déc 2019 - 22:44


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gabriel & jack


Comment peut-il avoir aussi froid et aussi chaud au même instant? Comment peut-il être frigorifié, comment peut-il sentir la sueur perler sur sa nuque? Comment peut-il vivre, quand il est mort, quand tout en lui l'est, quand il ne ressent plus rien pour avoir mal, si mal, tellement mal l'instant d'après?

« Sans doute pas, non. » qu'elle ne le méritait pas. Elle ne méritait pas sa haine, elle ne méritait pas sa rage. Elle ne méritait pas sa jalousie, elle ne méritait pas la vie qu'il lui avait donnée, celle où il n'était qu'un paria, celle où il n'était pas à sa hauteur, celle qu'il lui avait enlevée aussi, surtout. Il l'ignore l'autre, mais il ne fait qu'entraîner Jack dans un sens comme à l'inverse, la balance du bon comme du mal, le noir contre le blanc. Il l'ignore l'autre, mais Jack ne l'ignore pas, il est attentif, il enregistre tout, il essaie de le faire. Mémorise ses mots comme s'ils l'amenaient à expier les siens, mémorise les questions qu'il lui pose comme s'il ne se les avait pas posé des dizaines d'autres fois avant. « Et maintenant ? »

Le rire est sec, désespéré. Il fait mal, il lui brûle la gorge, on lui sert un nouveau verre, le sien qu'il avait presque oublié Epstein, qu'il aurait dû. Parce qu'avec l'alcool c'est pire. Parce qu'avec les idées embrouillées il n'a plus de barrières, il la laisse rentrer, il n'a plus de défense. Masochiste en soi qui laisse le whisky l'annihiler, qui n'attend que ça de noyer ses barrières, la retrouver à travers son coeur lourd et ses idées de malheur. « Maintenant c'est pire. » l'évidence elle est là, et l'ironie avec. Il l'a tuée dans un élan passionnel, dans un besoin de la faire taire. Mais depuis, elle ne parle plus, elle hurle.

« Je vois qu'elle. » dans ses rêves, dans la glace, au détour d'une ruelle, au fond de ce bar même, la seule et unique fois où il a détourné ses yeux du comptoir vernis il l'a aperçue au piano, il l'a vue errer entre les tables, il a senti son parfum avant même que sa silhouette diaphane s'évapore « J'entends qu'elle. » son rire dans sa tête, ses mots contre sa tempe. Son amour qu'elle chuchote et sa rage qu'elle explose. Son univers entier qui est teinté de sa trame sonore à elle, ses nuits comme ses matins où les conversations, où les sons, où chaque bruit même le plus minime est dupliqué par ses vocalises à elle. Il ne voit qu'elle, il n'entend qu'elle. Tout le temps.

« Alors s'ils t'ont envoyé pour me tuer, ce sera le plus beau des cadeaux. » il est prêt à abandonner Jack. Il le faut.

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Message(#) Sujet: Re: gaback ▲ back to black gaback ▲ back to black EmptyMer 22 Jan 2020 - 20:49


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@Jack Epstein & Bloody Gaby
"Who will die tonight ?"

La première cigarette qui finissait de se consumer à ses lèvres, la seconde qu’il vint y coincer à peine quelques minutes après. Il gagnait du temps, grappillait du calme, il ne faisait que ça depuis qu’il était entré dans ce saloon à l’atmosphère lourde. Et lui-même ne savait pas vraiment pourquoi en fin de compte. Pourtant il l’écoutait, celui qu’il avait cherché, pisté, pourchassé, fini par trouver, pour une seule raison. Il l’écoutait, le questionnait, poussait la conversation. Pourquoi ? Pour quelle obscure raison faisait-il ça quand il aurait pu tenter de dégainer le premier, tirer, aviser le résultat et, dans le meilleur des cas, ramasser la jolie prime en bout de course. Gabriel n’était certes ni de ces affolés de la gâchette, à faire feu avant de réfléchir, ni de ces prétentieux inconscients qui aimaient mesurer leur adresse en s’attaquant à plus forts qu’eux en espérant que leur rapidité ne leur ferait pas défaut le jour dit. Mais il n’était pourtant pas non plus dans ses habitudes de laisser tant traîner les choses, ça n’arrivait jamais. Que cherchait-il ? Il l’ignorait. Sans doute éclaircir le mystère que composait son voisin, quitte à s’y brûler les doigts. Ou bien lui trouvait-il quelque chose de particulier, un lointain écho de sa propre existence. Personne n’aurait su le dire, pas même l’irlandais en personne. Toujours est-il qu’il s’y risquait à ce jeu-là, consciemment. Et puis il y avait cette femme, son aura qui traînait partout autour, sa silhouette qui dansait parmi les effluves de tabac et de whisky. C’était au fond peut-être un peu elle aussi, l’une des causes de cet intérêt du chasseur, elle qui piquait sa curiosité, la raison de ses questions. Parce qu’elle était là, encore, toujours, l’autre qui le lui confirmait. Il l’avait tué, elle le rendait fou, c’était désormais pire. Evidemment que c’était pire. Bien sûr que Gabriel le savait, que la tuer de ses mains n’avait rien arrangé, que ça ne pouvait que l’avoir entraîné toujours plus profondément dans les ténèbres et les tourments. Parce qu’elle le hantait désormais, tout le temps. Ce n’était pas pour rien qu’il la voyait le chasseur, elle n’était pas uniquement la projection d’un esprit malade. Non, elle était bien là, rôdant comme l’ombre de l’homme qui l’avait aimé, celui-là même qui avait mis fin à sa vie. Qu’est-ce qu’elle voulait ? Etait-ce une punition, ne parvenait-elle pas à se résoudre à le laisser seul à ses démons, ne pouvait-elle quitter ce monde en paix ? Un peu de tout cela peut-être, sans doute. Il y pensait Gabriel, en scrutant vaguement le fond de son verre.

Dehors, un brouillard macabre s’était levé, il l’avait senti sans même le voir le chasseur, deviné au frémissement qui avait réveillé quelque chose dans ses entrailles. Il les entendait les voix lointaines, diffuses, qui hurlaient dans le vent. Il tiqua à peine, trop habitué à cette funeste litanie, jeta un coup d’œil en coin aux vitres crasses donnant sur les ténèbres qui s’étalaient à l’extérieur. Une tension légère dans sa nuque lui rappela qu’une part de son être appartenait désormais à ce monde des ombres et des spectres, que de la mort il n’en était pas revenu indemne, qu’il avait ramené quelque chose avec lui, quelque chose qui répondait à leur appel. Il y songea une seconde de plus, faisant distraitement tourner son verre entre ses doigts sur le bois collant du comptoir, avant de ramener son regard sur la grande silhouette à coté de lui. « C’est ce qu’ils ont fait oui. » L’envoyer pour le tuer. Et cette seule alternative qui figurait sur l’avis de recherche. Mort. Gabriel ne prit même pas la peine d’y jeter un coup d’œil, il savait par cœur ce qui était inscrit sur cette feuille glissée au fond d’une de ses poches. Il n’avait qu’un seul mot à connaître. Mort Ceux qui l’envoyaient le craignaient trop ce loup solitaire, cette bête blessée qui n’en était que d’autant plus dangereuse, pour se risquer à le laisser respirer le même air qu’eux. Ils craignaient sa violence, sa folie chevillée au corps. Mais à les voir côte à côte une question se faisait jour, qui d’eux deux était réellement le plus fou ? Ils n’avaient fait qu’envoyer un démon en pourchasser un autre. Le mal par le mal. Et ça ne lui échappait pas à l’irlandais, qu’un jour ou l’autre, il passerait de chasseur à proie, quand ces mêmes personnes qui décidaient de vie ou de mort sur les autres mettraient sa tête à prix. « Est-ce que tu vas vraiment me rendre la tâche si facile ? » Il interrogeait, sondant le grand brun à coté de lui qui ne bougeait toujours pas vraiment, c’était à peine si on le voyait respirer. Gabriel n’estimait jamais la partie gagnée d’avance. A ce jeu-là vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué c’était comme signer son propre arrêt de mort.
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Message(#) Sujet: Re: gaback ▲ back to black gaback ▲ back to black EmptySam 11 Avr 2020 - 17:37


« C’est ce qu’ils ont fait oui. » il ne s'en étonne pas, il l'a vu venir avec une avance fulgurante.

« Est-ce que tu vas vraiment me rendre la tâche si facile ? » mais ce serait mentir de dire qu'il est un lâche Jack, ce serait mentir de dire qu'il n'a pas lui-même décidé d'être dans ce bar, aujourd'hui, et d'ainsi accélérer les choses.

Il a longtemps fait tout en son pouvoir pour ne pas être trouvé, et il a réussi avec brio des centaines de fois. Il pourrait partir, aussi. Ou, plus plausible, il pourrait lui démolir le crâne sur le bar, enfoncer les éclats du verre qu'il aurait éclaté sous l'impact dans sa gorge, le mutiler jusqu'à ce qu'il se vide de son sang sans même broncher une fois, Jack. Il pourrait faire la même chose au barman qui lorgne un peu trop sur eux, et aux clients qui l'agressent juste de vivre. Il pourrait aussi simplement les tirer les uns après les autres avec le revolver qu'il cache sous sa veste sans le moindre remord, sans la moindre question supplémentaire. La seule interrogation qui lui resterait serait de savoir s'il ne s'enfonce pas l'arme dans la bouche ensuite pour finir son calvaire ou s'il souhaite se torturer encore de longs jours durant.

Mais il ne fait rien pourtant, il attend, il est sage, docile, coopératif.
Épuisé aussi. Qui ça étonne.

« Y'a plus rien qui est facile, maintenant, de toute façon. » il a l'air de se plaindre, il a l'air d'être larmoyant, il aurait l'air du moins, si son ton n'était pas plus froid encore que tout le reste.

Il le méprise, aussi, évidemment. Parce qu'il a été envoyé dramatiquement, en fin de course, parce qu'il a le rôle du lâche qui ramasse les restes. Il n'aurait jamais pu y survivre, l'inconnu, à un Jack qui en aurait décidé autrement. Et il est las de voir que c'est ainsi que ça se terminera pour lui et sa carcasse possédée, quand au final il ne rêve que de ça. C'est un drôle de mélange, un cocktail explosif au beau milieu d'un corps qui n'en finit plus d'imploser, et le voilà qui finit d'un trait son verre sans rien demander de plus, sans rien statuer à sa suite.

« Tu veux faire ça comment? »

Sa silhouette entière, ankylosée, qui se tourne vers son bourreau. Il a pas prévu fuir et il a pas prévu le lâcher des yeux, maintenant qu'il veut enfin piquer son regard et que rien ni personne ne lui fera changer de cible. Ses prunelles viennent s'enfoncer dans un profil qu'il apprend par coeur, ses iris viennent scruter des traits qu'il mémorise pour de sombres raisons sans même en trouver de justifications. Il regarde les détails et il regarde tout Jack. Et surtout, il attend.
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