C'était plus fort qu'elle, elle écoutait leur conversation. Elle écoutait comment il la complimentait avec des compliments grattés et forcés qu'il aurait pu sortir à qui que ce soit d'autre. Elle l'écoutait lui inventer des aventures qu'il n'avait probablement jamais vécues, lui parler d'un passé qui sonnait faux, tellement faux qu'elle ne pouvait s'empêcher de froncer les sourcils à chaque fois qu'il ajoutait des détails qu'elle ne croyait absolument pas.

Elle venait seulement commander un nouveau verre au bar Chloe, elle ne s'incrustait pas plus que ça. Mais la foule s'éternisait, le barman semblait surmené, et elle attendait, patiente, ne jetant toutefois pas de coup d'oeil à ce qui semblait être à ses yeux un tout premier rendez-vous accessoirement entre ses voisins de comptoir.

La gamine qui sonne pâmée, elle a envie de la rassurer. De lui dire que des gars comme lui elle en croisera des dizaines, que des cas comme lui il y en a trop pour qu'elle ne se désillusionne pas toute seule. Elle a envie de la secouer aussi Cohen, elle a envie de se mêler de ce qui ne la regarde pas simplement pour lui payer un cocktail, ce qu'elle voudra, et lui raconter tout ce qu'elle pourrait vivre, elle et elle seule, sans boulet du genre à ses pieds. Elle assiste sans le vouloir au rencard le plus lourd de l'histoire Chloe, et lorsqu'on pose sa coupe de vin devant elle, elle n'arrive plus à se retenir, se maudissant déjà, étant incapable de s'empêcher pourtant.

« Il va te dire que t'es le genre de fille qui lui donnerait envie de se poser. » elle s'appuie dos au bar, attrape les prunelles de la brune en évitant soigneusement celles de son compagnon. « Que tu es spéciale, que des filles comme toi il n'en a jamais rencontrées avant. Il va te faire briller tout un avenir où il changerait pour toi, où il abandonnerait tout pour te rendre heureuse. » une gorgée, elle hausse de l'épaule, la conclusion bien trop honnête pour qu'elle la conserve, secrète. « Mais il va se rendre compte que son bonheur importe beaucoup plus que le tien. » le pire, c'est qu'il le pensera probablement, quand il lui dira toutes ces belles choses. Jusqu'à ce que justement, il ne le pense plus.

Chaque soir, c'était toujours la même chose. Toujours la même histoire, toujours le même scénario, les protagonistes similaires qui se perdaient dans leurs traits communs, leurs atomes crochus évidents. « Comment vous pouvez savoir tout ça ? » elle espère, elle espère tellement avoir tort Chloe. Elle espère faire erreur sur toute la ligne, s'être mêlée d'une belle histoire qui d'ici quelques années sera conclue par un mariage en bonne et due forme, la brunette à la voix si souriante qu'elle n'a pas besoin de scruter son visage pour l'imaginer être heureuse en tout temps. Elle lui donne envie d'y croire. « Mais on ne peut pas savoir, peut-être que c'est vraiment un mec bien ! » un murmure et Cohen ravale une gorgée de son verre. Elle est désolée, elle s'excuse d'un coup d'oeil coupable, d'un sourire en coin bien trop triste pour ne pas être honnête.

« Peut-être. » peut-être qu'il y croit, peut-être qu'il a eu un eurêka. Peut-être qu'ils sont faits l'un pour l'autre, peut-être qu'il s'agit là d'un coup de foudre dans les règles de l'art, et que ce soir est bel et bien le début de leur nouvelle vie, à deux. « Peut-être aussi qu'il est en train de lorgner sur le décolleté de la serveuse pendant que tu regardes ailleurs. » Chloe qui à contre-coeur pointe du menton la silhouette de l'homme, de sa cible du soir apparemment, lui qui rend le jeu si démotivant, lui qui confirme ses mots en suivant des yeux la barmaid aux boucles blondes et aux prunelles étincelantes, poitrine bien moulée dans son pull du jour sans aucune trace de surprise.

Peut-être qu'il existe, l'amour de ta vie.
Peut-être aussi que t'as pas besoin de ça pour être heureuse, que tu peux très bien l'être toi-même sans donner le pouvoir à qui que ce soit d'autre de le contrôler, de le décider à ta place.

« Je te paie un verre quand il te dira qu'il travaille tôt demain matin, et qu'il a une semaine bien chargée qui s'en vient. Mais qu'il insistera pour que tu montes admirer la vue qu'il a de la fenêtre de sa chambre. » elle anticipe. Elle les connaît, les mecs comme ça. Par coeur.

« Tu me parlais de ton voyage au Kenya ? » il revient et elle reprend sa place docilement Chloe. On lui propose la carte à manger, on lui demande si elle veut un autre verre, on s'occupe d'elle alors qu'elle ne voudrait que s'occuper de sa voisine de comptoir. Elle devrait pas écouter, elle devrait pas être prête à intervenir à tous moments, et elle devrait surtout pas froncer des sourcils. Lorsqu'il se perd dans ses mots, lorsqu'il la fait répéter deux fois de trop, lorsqu'il oublie ses mensonges pour en inventer d'autres.« T'as peut-être raison... »

Et elle déteste ça Cohen, elle aurait préféré avoir tort cent fois plutôt qu'avoir raison une seule et voir cet air-là sur le visage de la brune à ses côtés. « Tu m'aides à m'en sortir ? Je sais pas comment lui dire que je veux pas finir ma soirée avec lui... » « Seulement si tu me promets de ne pas laisser ses yeux piteux te convaincre de lui donner une autre chance. » qu'elle répondra d'un murmure, attrapant sa coupe pour quitter sa place un temps, lui faisant signe qu'elle revient dans la seconde.

« Molly! » sa voix a changé, elle est fausse mais personne ne le réaliserait vraiment, puisque personne ne la connaît dans l'établissement. Elle s'est fié au nom que son rencard du soir a répété des dizaines de fois, comme s'il voulait s'assurer de l'ancrer assez creux dans sa tête pour ne pas se tromper et en utiliser un mauvais durant la conversation. « Je me disais aussi, que c'était toi. » et elle en rajoute Chloe. Elle leur invente une vie qui sort de nulle part, elle leur tisse une toile de souvenirs qui remontent à la fac, qui sont teintés des siens sans qu'elle ne dévoile leur source. Elle invente une discussion à sens unique qui finira une bonne poignée de minutes plus tard par ennuyer le pauvre type qui finit par se lever, las, et prétexter devoir prendre un appel important qui étrangement lui sert de justification bidon pour quitter le bar dans l'instant. Tous les mêmes.

« Oublie pas, t'as promis. » qu'elle réitère Cohen, l'index levé le sourire qui casse l'autorité, quand elle anticipe déjà qu'il la recontactera un jour prochain. « T'aurais envie de faire quoi? N'importe quel plan, un truc qui te rend heureuse. » et maintenant elle a à coeur de sauver sa soirée, aussi simple est sa vocation.

Je me sens bête quand je comprends petit à petit que ce mec ne s'intéresse pas vraiment à moi. Il s'intéresse apparemment juste à mon physique, et heureusement que la brune inconnue est dans mon dos pour me donner des conseils. J'aurais pu tomber dans ses filets, il est si convaincant et ses histoires sont tellement intéressantes. J'étais pendue à ses lèvres, j'étais persuadée que tout ce qu'il disait était vrai. Mais la brune a attiré mon regard sur les yeux du jeune homme qui se perdait dans le décolleté d'une des serveuses. Elle me parle dans mon dos, et elle me dit qu'elle veut bien m'aider à m'éclipser seulement si je ne lui donne aucune autre chance. Je l'ai contacté par un site de rencontre. Je sors mon téléphone, il ne s'y intéresse même pas de toute façon. J'ouvre sa conversation et j'appuie sur le bouton bloquer. Voilà, je n'aurais plus jamais de nouvelles de cet homme. Je ne sais pas ce que je ressens, de la déception certainement.

Elle arrive derrière moi comme si elle me connaissait depuis des années et je lui fais un grand sourire reconnaissant. « Saluuuut ! » Je suis une très très mauvaise menteuse, donc je parle pas beaucoup et j'évite le regard du mec qui a l'air de se poser des questions. Je regarde la brune dans les yeux, j'essaie de me retenir de rire, je suis impressionnée par son aisance, et sa capacité à inventer toute une relation en si peu de temps. Elle dit que j'ai promis, alors je tourne la tête vers le brun en haussant les épaules. « Désolée je vais devoir y aller. » En moins d'une minute j'ai attrapé la main libre de Chloe pour l'emmener à ma suite. « Merci... Je sais pas où j'en serais si t'avais pas été là. » Je souris. « T'avais déjà quelque chose de prévu ? Je voudrais pas chambouler tous tes plans ! »

Elle s'éclipse mais bien sûr qu'elle la garde dans son champ de vision, la brunette.

Trop souvent ces horribles et lassantes scènes se répètent, trop souvent elle y assiste en tentant de faire au mieux sans jamais y arriver. Et ce soir comme tous les autres, elle espère, attentive, prête à intervenir à nouveau et autant de fois qu'il le faudra pour s'assurer que la gamine ne reparte pas dans les bras d'un homme qui n'en a strictement rien à faire d'elle et qui ne se fera pas prier pour le lui faire comprendre une fois qu'il aura eu ce dont il a besoin d'elle. Elle se mêle de ce qui ne la regarde pas Chloe, elle agit comme si un simple geste paradoxalement aussi effronté qu'altruiste allait sauver sa bonne conscience, allait racheter toutes les fois où c'était elle, qui quittait avec le mauvais homme, la liste qui s'allongeait jadis quand elle était au plus bas.

« Merci... Je sais pas où j'en serais si t'avais pas été là. » mais elle sent une main doucement se refermer sur son poignet, et si d'ordinaire elle aurait retiré son bras de l'étreinte aussi vite qu'elle l'ait ressenti, c'est un soupir de soulagement qu'elle laisse aller en reconnaissant la voix de Molly. « T'avais déjà quelque chose de prévu ? Je voudrais pas chambouler tous tes plans ! » « C'est rien, vraiment. » qu'elle la dédouane, qu'elle la rassure calmement aussi.

Cohen qui se hisse sur la pointe des pieds tentant d'attraper du regard la silhouette de l'intrus qu'elle juge sans même connaître, parce que des comme lui elle en a déjà connus bien trop. « Il a pas suivi. » elle conclut, confiante, le voyant qui erre ailleurs, entraînant sa protégée d'une soirée sur ses talons la seconde d'après. « J'allais manger une bouchée, au restaurant en face. Tu as faim? » Chloe qui propose, Chloe qui tâte, Chloe qui lui offre une porte de sortie aussi à Molly. Toujours libre.

J'ai l'impression que la jeune femme s'éloigne derrière moi, mais j'espère qu'elle reste dans les parages maintenant que je me méfie de ce mec. Je ne me méfie jamais, mais peut-être que je devrais. Je ne sais pas si je peux y arriver un jour, je suis comme ça depuis toujours, et je n'ai pas envie de devoir me méfier du monde entier. Je n'ose pas me retourner pour chercher la jeune femme des yeux, j'espère juste qu'elle va revenir vers moi quand l'homme commence à évoquer l'idée de finir la soirée chez lui. 

Et elle revient vers moi, elle nous éloigne et je souffle en la remerciant. Je m'excuse aussi d'avoir pu chambouler ses plans. Je ne voudrais pas la déranger, elle avait peut-être de meilleurs projets que sauver ma soirée. "Il était en train de me proposer d'aller boire un verre chez lui. J'ai rien vu venir." je pensais vraiment que ça pouvait être un homme bien. Et peut-être qu'il l'est après tout. Je n'étais juste pas la bonne personne pour lui. La brune regarde autour de nous quand moi je reste proche d'elle pour ne pas me perdre dans la foule. Je hoche la tête quand elle me propose d'aller manger. "Oui oui je te suis." je tâte mes poches pour y trouver mon porte feuille. "Et c'est moi qui offre" je lui souris, je lui dois bien ca. 

On s'avance vers le restaurant "Comment tu t'appelles ?" je suis un peu perdue, je ne sais même pas si elle me l'a déjà dit. Il s'est passé tellement de choses en si peu de temps. "Chinois ca te va ?"  moi j'adore ça mais je sais que la plupart des gens n'aiment pas alors je peux m'adapter à ses choix. "Merci encore, t'etais pas obligée de m'aider"

"Comment tu t'appelles ?"
« Chloe. »

Elles ont fini dehors, maintenant que le bar et les espoirs brisés sont restés derrière elles. Chloe qui se présente, distraite, bien plus occupée à s'assurer que le candidat au pedigree peu flatteur de ce soir ne soit pas dans leur sillage. Il n'est pas là et elle expire doucement, autant pour elle que pour Molly. Elle déteste être suivie. "Chinois ca te va ?" tout lui va, à Cohen, quand c'est synonyme de fuite, de planque, de minutes volées où elle n'a de comptes à rendre à personne.

Elles se faufilent sur les trottoirs du quartier, traversent la rue en silence. Un silence confortable à travers lequel la brune s'inquiète d'un coup d'oeil et d'un autre que sa compagne du soir ne ressasse pas trop les derniers événements. La seule chose qu'elle espère c'est que Molly ne s'en veuille pas pour strictement quoi que ce soit ; elle n'a rien à voir avec le pourcentage d'idiots qui se croient tout permis après le premier verre acheté, servi.

"Merci encore, t'etais pas obligée de m'aider" elle s'installe face à elle, sur la banquette qu'elles viennent d'investir dans un restaurant vide à cette heure. Le menu qu'on pose entre elles auquel Cohen n'accorde pas trop son attention, préférant clarifier la suite avant toute chose. Elle souhaite se rassurer autant que la jeune femme postée devant elle. « Ils sont pas tous comme ça. »

Ce serait facile de croire qu'en effet, le comportement ne fait que s'amplifier entre eux, mais qu'ils ont tous ces tares. C'est faux. Ils existent, les vrais bons partis, ils existent ceux qui ne tireront pas profit de la candeur, de la naïveté d'autrui. Ils se font rares et ils sont difficiles à reconnaître dans la masse, mais elle jure pour l'avoir vécu qu'il en reste encore. « C'est important de se méfier, par contre. » au-delà d'être important, c'est absolument vital. « Un jour, ton coeur n'y survivra plus. »

Elle me donne son prénom et je souris instinctivement. Elle est rassurante Chloe, et j’ai envie de lui faire confiance. Elle l’a déjà entièrement d’ailleurs. Elle m’a aidé à me sortir d’une situation délicate et je ne sais même pas comment je peux vraiment la remercier. Alors je garde mon sourire. Je lui propose de manger au chinois et elle acquiesce, je lui dois bien un restaurant pour la remercier même si ça doit déjà faire 10 fois que je lui dis merci. Je marche à ses côtés, à son rythme et on se déplace tranquillement jusqu’à arriver devant un restaurant que je connais bien.

On s’assoit et je jette un coup d’oeil rapide à la carte que je connais déjà quasiment par coeur. “Je sais, j’ai juste le don pour tomber sur les mauvais sans m’en rendre compte.” Parce que je refuse de voir le mauvais côté des gens. Il y a du bon en chacun de nous et c’est toujours le meilleur côté que j’imagine pour tout le monde. Certains diront que c’est une erreur, d’autre diront que je suis trop naïve, moi je dirai juste que c’est moi et que j’ai toujours été comme ça. Elle l’a peut-être vu Chloe, et je ne sais pas vraiment ce qu’elle en pense. Mais elle m’a aidé, c’est qu’elle doit m’apprécier alors je continue de sourire en jouant avec les coins de la carte.

Elle essaie de me mettre en garde, et ce n’est pas la première. Sky a déjà essayé de le faire des tonnes de fois. Mais je n’apprends jamais vraiment de mes erreurs et je laisse toujours de nouvelles chances. “Je sais pas vraiment faire ça.” Et je sais pas si j’en ai envie mais c’est peut-être vraiment bénéfique. J’aurais dû comprendre ce soir, j’aurais dû voir ce que cet homme voulait vraiment. “Tu crois vraiment ?” Est ce que c’est possible d’user son coeur à ce point là ?

“Je sais, j’ai juste le don pour tomber sur les mauvais sans m’en rendre compte.” son soupir se perd alors qu'elle se replace sur son siège Chloe. La voilà qui tente de relativiser, qui essaie même d'ajouter un sourire en coin rassurant à la scène. Elle connait le tableau trop bien, presque fatalement par coeur, elle le connait pour s'y être prise elle-même des tas de fois et pourtant elle a appris au fil du temps. Elle espère que Molly en fasse tout autant. « Faudrait te faire une liste ; un genre d'aide-mémoire. » la proposition semble niaise, n'en reste que ce serait un bon début. Tous les red flags, tout ce qu'elle a elle-même pu remarquer et qui bénéficierait à la brune face à elle dans un monde qui n'a jamais eu pour envie de se calmer.

Les commandes sont prises, les plats se préparent, on leur sert de l'eau, Chloe rêve de vin. “Je sais pas vraiment faire ça.” elle rêve aussi de guider Molly sur la bonne voie, mais jamais elle ne la lui imposerait quelque choix que ce soit. Vaut mieux qu'elle prenne le temps elle-même de poser des mots et des gestes sur des actions et des comportements qu'elle ne cautionne pas. Cohen agira en arbitre quand Molly le voudra. “Tu crois vraiment ?” « Oui. » son oui est triste, las, dénué de toute attaque aussi. Elle est désolée, de porter la mauvaise nouvelle.

« C'est pas une question de donner une seconde chance, ou des dizaines d'autres après. » parce qu'elle sait, que c'est ainsi que la brunette fonctionne. Et c'est tout à son honneur. C'est sûrement ce qui sauve tous ceux qui se sont multipliés devant elle autant que ce sont également multipliées leurs mauvaises intentions à l'égard de sa mine de porcelaine, de ses yeux brillants. « C'est surtout parce qu'à un moment, faut que tu penses à toi. Pas qu'à eux. » ne dit-on pas qu'il faut se mettre son propre masque à oxygène à soi avant de faire de même avec son voisin de siège, dans l'avion? « T'es pas égoïste de pas vouloir qu'on te brise le coeur. » t'es pas égoïste de penser à toi.

Elle parle d’une liste que je pourrais faire, de détails sur les hommes qui pourraient m’aider à choisir les bons. Mais est ce que je serais capable de les suivre quand je suis incapable de contrôler mon coeur et pour qui il bat. “T’en as une liste comme ça toi ?” Elle a l’air de savoir ce qu’elle fait elle, elle a l’air d’avoir de l’expérience. Je l’admire pour ça, elle a certainement beaucoup de choses à m’apprendre, et pourtant, j’ai peur qu’elle finisse par me trouver trop ennuyante, trop bête ou trop naïve. C’est ce que je suis en partie, mais elle ne peut pas déjà le savoir alors qu’on se connait depuis seulement quelques minutes. Mais je continue de me demander pourquoi elle m’a aidé moi ? Il doit y en avoir un paquet de filles comme moi dans ce genre de bar, et pourtant, c’est sur moi qu’elle a jeté son dévolu.

Son oui sonne comme une fatalité. Est ce que je vais user mon coeur un jour ? Est ce que je serai incapable de réparer mon coeur et celui des autres à un moment ? J’espère que non, j’aime être comme ça et je suis terrorisée à l’idée de changer. Comment elle peut savoir autant de choses sur moi ? Ca devrait m’inquiéter et pourtant ça me rassure, j’ai l’impression que je peux lui donner toute ma confiance en moins d’une seconde. “C’est pas la chose la plus facile à faire.” Penser à moi avant de penser aux autres. Je ne sais pas faire ça, je n’ai jamais su le faire. Est ce que ça s’apprend ou est ce que je ne changerai jamais ? Je souffle un peu, je dois avoir l’air assez pathétique, ou enfantine à réagir de la sorte. “C’est bien plus facile de s’intéresser aux autres.” Bien plus facile de se pencher sur les problèmes des autres et pas sur les miens.