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 (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole

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Message(#) Sujet: (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole EmptyDim 1 Déc 2019 - 22:22



LEAH & ALFIE ⊹⊹⊹ I'll let the darkness swallow me whole, I need to find you, need you to know. I'll be your friend in the daylight again, There we will be, like an old enemy, Like the salt and the sea.

« Allez, on y va, on y va, on y va. » quémande sa filleule en sautillant autour de lui, l’empêchant de faire plus de deux pas sans que la pirate en herbes ascendante nouvelle footballeuse ne soit dans ses jambes et manque de le faire trébucher, lui dont l’équilibre déjà précaire a été accentué par son agression. « Oui, deux secondes. » Il demande en fouillant le fond de ses poches et la penderie à l’entrée, soupirant d’exaspération, commençant sérieusement à perdre patience. « Mais pu…rééééée. » Qu’il s’exclame en jetant un coup d’œil à une Anabel qui s’impatiente de plus en plus. « On y vaaaaaaa. » Qu’elle hurle presque alors qu’elle le tire par la main et qu’Alfie se libère pour s’appuyer au comptoir de la cuisine plutôt que de s’écraser à terre. « Je te promets qu’on part dès que je retrouve mes clefs. » Il justifie, poursuivant ses fouilles alors qu’Anabel daigne enfin cesser de s’agiter autour de lui. « Alfie ? » « mmh ? » Il demande, se tournant vers l’enfant qui l’observe les bras croisés et l’air qui oscille entre le scepticisme et la moquerie. « Tu les a posées à côté du micro-onde il y a cinq minutes. » Plissant les yeux, Alfie finit par regarder vers la direction indiquée par Anabel, repérant effectivement le trousseau dont il se saisit rapidement avant de venir embrasser le crâne de sa filleule. « Bah oui, je le savais, c’était pour voir si tu suivais. » Il assure alors que l’agacement de ne pas récupérer la totalité de sa mémoire se lit dans son visage. « Allez en route, championne. » Il lui fait signe de la main alors qu’elle ne daigne pas bouger et qu’il lui offre un regard interrogateur. « Tes lunettes. » Qu’Anabel mentionne, toujours les bras croisés et qu’Alfie vient effleurer son visage pour comprendre qu’elles ne sont pas sur son nez comme il le croyait. « Ah oui, il s’empare de la paire sur le comptoir qu’il met aussitôt sur son nez, tu sais, j’ai pas l’habitude d’en porter, c’est pour ça. » Tendant à nouveau sa main en direction de sa filleule, Alfie esquisse un léger signe de la tête : « C’est bon ou le système de sécurité a encore quelque chose à dire ? » L’enfant hausse les épaules, se saisissant de sa main et l’observe avec son air mutin sur le visage. « Juste qu’on irait sûrement plus vite en bus que si tu conduis. » « Gnagnagna. » Une main qui lui donne une fausse claque sur le sommet du crâne et les voilà enfin en chemin.  

Si lors de sa première rencontre avec Leah l’anthropologue avait eu l’impression de ne pas être suffisamment préparé à celle-ci, aujourd’hui il n’a tout simplement pas eu l’opportunité de songer à celle-ci avant qu’il ne monte dans sa voiture et qu’il prenne la direction du quartier de Logan City. À vrai dire, dernièrement le brun n’a pas le temps de prendre quelques instants pour lui et ainsi organiser ses pensées. Au contraire, c’est un quotidien plus mouvementé que jamais qu’il commence à subir, ses traits tirés démontrant de son évidente fatigue. L’agression, le départ de Stephen, la responsabilité d’Anabel pour les six prochains mois, malgré les récents événements il n’a pas changé son quotidien, à une exception près et cet arrêt de travail qui lui a été imposé. Difficile de donner cours en ayant l’air d’être passé sous un rouleur compresseur, et si Alfie pensait naïvement qu’il pouvait reprendre le chemin de l’université après une poignée de jours, son incapacité à retrouver le plein usage de sa mémoire remet tout en question et lui impose de rester encore au repos le temps qu’il faudra jusqu’à ce qu’il soit en mesure de s’exprimer sans difficultés. Alors il a remplacé ce vide laissé par son inactivité professionnelle par d’autres choses ; sa priorité demeurant Anabel et il se plie en quatre pour lui offrir un certain équilibre. Et peut-être que celui-ci est plus nécessaire à son parrain qu’à elle, toujours est-il qu’Alfie fait de son mieux pour ne jamais avoir une minute pour souffler, sans quoi son esprit divague et il repense à cette attaque, sous son toit, demeurant encore inexpliquée et dont les zones d’ombre l’empêchent de trouver le sommeil (pour la version officielle). Les semaines passent, son visage est à peu près revenu à la normale à l’exception de son attelle au nez et des cicatrices laissées par les points de suture, mais il n’arrive pas à passer à autre chose. Et il n’y arrivera probablement pas tant qu’il n’aura pas de réponse. Celles-ci se font attendre, et en attendant il ne se contenter que d’interprétations personnelles. D’un type payé par les parents de Rachel pour justifier qu’il ne soit pas en mesure de s’occuper d’Anabel à un élève frustré par sa note, en passant par un simple concours de circonstances à une vendetta d’un ancien coup d’un soir, Alfie a tenté de dresser la liste des suspects et de leurs motivations sans toutefois parvenir à en trouver une qui saurait le convaincre. Alors il continue, s’interroge, assemble certains éléments qui seraient susceptibles de lui permettre de découvrir la vérité un jour. Ce soi-disant cambrioleur qui n’a pourtant rien volé, cet appel aux secours passé depuis son propre téléphone, l’hypothèse qu’il ait ouvert la porte en toute connaissance de cause, les voisins qui ont entendu des hurlements. Rien n’a de sens et il perd de plus en plus espoir de finir par en trouver un, ce qui le rend dingue. Il n’arrive pas à rester dans l’ignorance, pas parce qu’il est trop curieux, mais parce que son esprit n’arrive pas à se contenter d’aussi peu d’éléments et ne cessera de cogiter, encore et encore, tant qu’il ne sera pas satisfait. Des individus qu’il croise dans la rue et qui s’attardent un peu trop à le dévisager, de ces élèves soudainement absents en cours, aux moindres propos prononcés par les Forbes, Alfie en devient presque parano sans vraiment le vouloir. Mais il ne peut empêcher ses idées de s’agiter, ou plutôt, il sait très bien comme le faire, mais il ne peut pas se le permettre, encore moins maintenant qu’Anabel est sous sa responsabilité. Pourtant, ça l’aiderait. Oui, ça l’aiderait tellement, il en a à nouveau pris conscience lors de son séjour à l’hôpital et suite à la dose de calmants plus élevée que la normale qu’on a dû lui administrer, son organisme ne réagissant pas à une dose basique compte tenu de ses antécédents. « ATTENTION !! » Hurle la voix derrière lui, le sortant de ses pensées et le faisant sursauter alors qu’il plante aussitôt sur les freins et réalise qu’il a grillé le stop. Il manque d’emboutir une voiture, et après un doigt d’honneur et ce qu’il interprète comme un « connard » hurlé dans l’habitacle du malheureux conducteur, il esquisse un signe gêné de la main suivi d’une multitude de « désolé, désolé, désolé » autant adressé à l’autre conducteur qu’à Anabel vers laquelle il se tourne. « Ça va ? » Il l’interroge, soucieux, tandis que la petite se contente de hausser la tête d’un air peu convaincu. « J’ai eu peur. » « Je sais, je suis vraiment désolé. » Elle esquisse un bref sourire qui se veut plus convaincant et devant les klaxons insistants derrière lui, Alfie entreprend de reprendre la route, non sans passer une main sur son visage désormais blafard pour se remettre les idées en place.

Heureusement, il ne leur faut pas plus de cinq minutes pour arriver à destination, et il espère que Anabel est toujours enjouée à l’idée de revoir Leah, ce qui lui permettra peut-être d’oublier ses frayeurs d’il y a quelques instants. Et cela semble le cas, puisqu’à peine est-il garé devant la maison qu’elle se détache et saute hors de l’habitacle, lui tournant à nouveau dans les pattes. « Allez, vas-y, je te rejoins dans cinq minutes. » Il n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’elle court déjà vers la porte d’entrée alors que de son côté il se dirige vers le coffre pour s’emparer du sac qu’il a prévu pour ramener quelques affaires à Anabel. Il justifie son attardement à l’extérieur pour allumer une cigarette et se remettre de ses émotions par le fait de laisser aux deux filles l’opportunité de se retrouver quelques minutes rien qu’à deux, se permettant même une deuxième cigarette alors qu’il réalise que dix minutes, c’est trop court qu’il va pousser la bienveillance jusqu’à un quart d’heure. C’est à la troisième cigarette consécutive qu’il réfléchit enfin à la manière de s’adresser à Leah. Il ne sait pas quoi lui dire. Même s’il a profité de l’occasion de la féliciter sur sa grossesse pour s’excuser quant à son comportement, évoquant brièvement l’ombre de Rachel, elle a perdu ce bébé et avec sa maladresse, il a peur de faire une bourde. Il l’a eu au téléphone, il lui a assuré qu’elle ne devait pas hésiter si elle avait besoin, mais il n’a pas pris la peine de se déplacer et il s’en veut. Aussi réfractaire était-il à l’existence de la jeune femme, ce n’est pas pour autant qu’il est insensible à la douleur qu’est la sienne aujourd’hui et qu’il ne peut pas comprendre. Alors, c’est après une quatrième cigarette qui vise à lui donner du courage qu’il prend la direction de la porte d’entrée, conscient qu’il peut réfléchir autant qu’il le souhaite, il ne trouvera pas de solution miracle. Sonnant, c’est après quelques secondes que Leah vient lui ouvrir. « Salut. » Il murmure presque alors qu’il tente d’afficher un mince sourire sur les lèvres. « Je voulais vous laisser profiter un peu l’une de l’autre, tu veux que je reste encore un peu dehors ? Ou je viens déjà prendre les affaires qu’Anabel veut et je viens la rechercher plus tard. » Il propose, désignant sa voiture d’un signe de la main, déjà prêt à repartir, mais peu convaincu à l’idée de ne pas saisir l’occasion pour présenter de nouvelles excuses à Leah. Quand il aura l’opportunité de le faire sans lui sauter dessus, et quand il saura comment les formuler, surtout.  
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Message(#) Sujet: Re: (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole EmptyLun 9 Déc 2019 - 15:38




I'll let the darkness swallow me whole.
Depuis quelques semaines maintenant, Leah avait l’impression d’évoluer dans une vie qui ne lui appartenait plus tout à fait. Qu’elle avait touché le bonheur du bout des doigts mais que celui-ci s’était transformé en poussière à peine l’avait-elle effleuré, comme si cette fois encore on voulait lui faire comprendre que les fins heureuses étaient pour les autres, mais pas pour elle, non. Un constat difficile à avaler mais que Leah commençait doucement à intégrer avec toute l’amertume qui était désormais la sienne. Après une longue période à tenter de s’apprivoiser à nouveau, de se comprendre tout en parlant deux langages totalement différents, Stephen et elle avaient finalement décidé de jeter l’éponge sur ce couple bien trop fragile qui était désormais le leur. Cette grossesse avait chamboulé leur vie de bien des manières, mais son issue avait été le coup de trop pour eux. Vivant leur deuil chacun à leur manière, ils n’avaient pas réussi à trouver la voie de la communication qui aurait pu leur permettre de passer cette épreuve ensemble plutôt que d’en subir les conséquences séparément. Face au mutisme dans lequel avait fini par s’enfermer Leah, le kiné avait pris la décision de partir à l’étranger afin de servir une cause humanitaire plus grande que lui et les problèmes qu’il avait laissés derrière lui à Brisbane. Sans se retourner, il avait confié la garde d’Anabel à Alfie avant de disparaître pour une durée approximative de six mois, laissant ainsi le temps à la brune de se remettre et de se relever de cette épreuve sans sa présence qui la décourageait plus qu’elle ne l’aidait réellement. La culpabilité, l’impression qu’elle avait fait quelque chose de travers et que tout était de sa faute… Ces sentiments ne disparaîtraient pas comme par magie, mais elle ne les ressentait plus en croisant le regard meurtri de Stephen et c’était déjà un début. Son départ avait laissé un vide angoissant dans cette grande maison qui jadis était la concrétisation de leur future vie de famille, mais qui désormais n’était plus que quatre murs hantés par des souvenirs à l’écho de plus en plus inaudible. Leah commençait à chercher activement un nouvel endroit où vivre, mais c’était malheureusement plus facile à dire qu’à faire. Elle refusait catégoriquement de revenir chez ses parents ou encore de squatter chez l’une ou l’autre connaissance ; il lui fallait un endroit à elle. Un nouveau départ. Heureusement pour elle, elle avait enfin été autorisée par le médecin à reprendre du service auprès des pompiers – même si elle commençait son service tout court finalement – ce qui lui permettrait de recevoir un salaire assez rapidement et lui permettre de quitter cet endroit une bonne fois pour toute. Les six mois d’absence du kiné étaient amplement suffisants pour qu’elle puisse rebondir, et c’était bel et bien ce qu’elle comptait faire maintenant qu’elle recommençait doucement à retrouver goût à la vie – une bien drôle d’expression si l’on voulait son avis. En vérité, la brune avait l’impression de fonctionner tel un automate qui se serait remis en marche aux yeux de tous afin d’accomplir ce qu’on attendait d’elle ; aller mieux, reprendre le travail et sortir de chez elle en sociabilisant à nouveau avec l’entourage qu’elle avait volontairement laissé de côté pendant tout ce temps. Une période de deuil « honorable » pour certains tandis que d’autres auraient jugé plus opportun de la voir sortir de son trou plus tôt. Chacun avait son avis sur la question et si la brune bouillonnait d’impatience face à l’indélicatesse de certaines de ses connaissances, elle se contentait d’un sourire qui sonnait faux mais qui rassurait tout le monde ; elle allait bien. L’art de duper n’était pas ce qu’elle maîtrisait le mieux, mais elle avait très vite compris que peu de gens aimaient à s’aventurer sur les marécages de l’esprit et de la souffrance humaine. Il était plus facile de se voiler la face en voyant quelqu’un sourire que de creuser en lui demandant comment cette personne allait réellement. Mais peu importait, Leah avait l’impression que rien ni personne n’aurait la solution au trou béant qui lui faisait désormais office de palpitant et qui pourtant lui apportait sa dose de douleur journalière. On apprenait à vivre avec et on avançait, au jour le jour. Il fallait laisser le temps au temps. Encore un stupide adage. La brune en avait entendu des dizaines, à croire qu’il en existait vraiment pour toutes les situations ; une vraie connerie. Et si rien ni personne n’était vraiment parvenu à mettre du baume au cœur de la jeune femme, un coup de téléphone passé par Alfie avait été le premier évènement à lui avoir décroché un sourire qui ne sonnait pas faux ; un vrai miracle si l’on considérait leur relation dans le détail, car celle-ci était teintée de maladresse et d’un malaise à peine voilé entre les deux. Le tout n’était pas parti pour s’arranger, mais il se trouvait qu’à présent, ce duo s’était dégoté un point en commun qu’ils pouvaient difficilement ignorer : Anabel. Leah avait endossé le rôle de belle-mère durant toute la durée de sa relation avec le kiné, et si leur histoire faisait désormais partie du passé, la brunette n’avait pu se résoudre à en faire de même avec la petite tête brune dont elle s’était longuement occupée ces derniers mois. Elle n’avait jamais eu la prétention de réellement se positionner comme une mère de substitution pour la petite, mais elle avait été présente pour elle et sa séparation avec Stephen l’avait énormément blessée tout en sachant qu’elle serait amenée à ne plus voir la mini-Forbes. Mais sous la garde d’Alfie, la pirate en herbe avait demandé à son parrain de l’emmener passer du temps chez la jeune femme, une requête qui l’avait émue aux larmes et à laquelle elle avait répondu positivement sans l’ombre d’une hésitation. La chambre d’Anabel était intacte dans leur maison de Logan City, au détail près qu’elle avait été vidée dans sa quasi-totalité pour un déménagement en bonne et due forme chez le Maslow. Une étape de plus qui avait brisé le cœur de la brune qui jetait parfois un œil amer en direction des pièces vides qui auraient dû être pleines de vie si le destin n’en avait pas voulu autrement. Évoluer dans cet endroit commençait à la rendre folle et la brunette avait lancé la deuxième quant à ses recherches immobilières, désireuse de tourner la page une bonne fois pour toute. Ses affaires commençaient à s’amonceler dans des cartons et c’était précisément à cette tâche que Leah s’attelait lorsque le bruit d’une voiture dans l’allée lui fit relever la tête. Laissant tomber ce qu’elle avait en main, la jeune femme se dirigea vers la porte d’entrée qui s’ouvrit à la volée avant même qu’elle n’ait eu le temps de l’atteindre. « Leah ! » Faisant preuve de toute la délicatesse dont elle était capable – c'est-à-dire aucune – l’ouragan s’abattit sur une brunette qui perdit l’équilibre alors qu’elle s’était abaissée pour prendre la fillette dans ses bras. S’écrasant lamentablement à deux sur le sol, les deux éclatèrent de rire et essuyant une larme au coin de son œil, Leah se redressa en enlevant une mèche rebelle du front d’Anabel. « Dis-moi, t’es prête à intégrer l’équipe des Wallabies là non ? » Elle secoua la tête en laissant un rire s’échapper de ses lèvres, se relevant d’un bond en jetant un œil amusé à la petite. « Je m’entraîne avec Alfie. On fait des passes dans le salon. » Ah oui. C’était Juliana qui devait être heureuse. Fronçant le nez, la brune jeta un coup d’œil par la porte pour voir où était le spécimen Maslow et s’il désirait faire une entrée fracassante lui aussi, mais ce dernier lui tournait le dos et s’enfilait une cigarette en ignorant ce qu’il se passait à l’intérieur. La dernière fois qu’ils s’étaient vu, les choses s’étaient brièvement améliorées entre eux – si l’on considérait que des excuses bafouillées au milieu de félicitations concernant sa grossesse en laissant l’ombre de Rachel planer au-dessus de sa tête – et de son couple aussi, accessoirement – pouvaient être considérées comme une réelle amélioration en soi. Haussant les épaules, la jeune femme ferma la porte et se reconcentra sur la tête brune qui avait déjà laissé tomber son sac et sa veste pour se diriger d’un pas rapide vers la cuisine ; les habitudes avaient la vie dure. « Je suis vraiment contente de te voir. Comment ça va avec Alfie ? Tu lui rends la vie impossible j’espère ? » Lança-t-elle avec un sourire au coin des lèvres en se dirigeant vers le frigo pour offrir à boire à la fillette avant de sortir un tas de cochonneries qu’elle savait restreintes sous le toit du Maslow. « Moi auchi je chuis contente de te voir… » Commença Anabel en savourant – dévorant plutôt – un énorme chocolat qu’elle commençait déjà à tartiner autour de sa bouche. « … Et cha va, on chamuse bien… » Hochant la tête, pas vraiment surprise, Leah l’observa avec un air attendri lui expliquer les dernières nouvelles à l’école et ouvrant la bouche pour lui répondre ce qu’elle pensait de cette histoire d’écureuil trouvé dans leur classe, elle s’interrompit en entendant la sonnette de l’entrée retentir ; Alfie s’était finalement décidé à venir lui dire bonjour, comme c’était aimable à lui. Elle abandonna Anabel à ses confiseries et se dirigea vers la porte qu’elle ouvrit après avoir pris une grande inspiration. « Salut. » D’accord. Leah ne put retenir sa surprise en voyant le visage tuméfié du brun qui avait l'air d'être passé sous un rouleau compresseur - et plus si affinités - et elle se mordit la lèvre pour retenir la première réaction qui lui venait à l’esprit, se contentant de répondre un « Salut. » sur le même ton que lui. « Je voulais vous laisser profiter un peu l’une de l’autre, tu veux que je reste encore un peu dehors ? Ou je viens déjà prendre les affaires qu’Anabel veut et je viens la rechercher plus tard. » Il lui proposait une échappatoire, une possibilité de passer du temps avec la petite sans que sa présence gênante ne vienne contrarier ce moment privilégié avec elle. Mais Leah secoua la tête, s’effaçant pour le laisser entrer et de cette façon, lui montrer qu’elle était bien décidée à ce qu’un canal de communication « normal » s’établisse entre eux sans qu’il ne soit question de sauts étranges ou encore de piques à peine dissimulées de l’un ou de l’autre. Alfie aurait pu refuser cette visite à Anabel, elle en était parfaitement consciente et rien que pour ça, elle voulait le remercier de vive voix. « T’en fais pas, tu vas pas rester dehors et tu ne vas pas faire l’aller-retour, ça serait trop bête. » Elle lui adressa un petit sourire avant de lui faire un geste pour qu’il l’accompagne dans la cuisine où se trouvait toujours la fillette et ses chocolats. « T’es dans un sale état. » Constata-t-elle en haussant un sourcil, ayant entendu des bribes de ce qui lui était arrivé via Juliana mais n’ayant pas vraiment eu tous les détails de l’histoire. Les gens avaient tendance à minimiser leurs propres malheurs lorsqu’ils étaient autour d’elle, une habitude qui la blasait mais qui était humaine, après tout. « Tu veux un truc à boire ? » Lui demanda-t-elle ensuite, réalisant qu’elle avait beaucoup de mal à mettre les angles lorsqu’elle s’adressait à lui en dépit de sa bonne volonté d’arranger les choses entre eux mais en se retenant tout de même de préciser qu'il devait avoir la bouche sèche après toutes les clopes qu'il venait de fumer avant de se décider à rentrer; il y avait du progrès, oui oui.


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Message(#) Sujet: Re: (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole EmptySam 28 Déc 2019 - 23:11


Aussi sociable qu’il peut être, depuis qu’il a la responsabilité de mini Forbes Alfie tend à limiter ses contacts au maximum ; Leah n’est donc qu’une personne de plus sur la longue liste d’individus qu’il évite depuis quelques semaines. Il pourrait se cacher derrière le motif superficiel lui donnant raison dans son opposition à Jules quant à la possibilité d’avoir des enfants : ceux-ci vous obligent à reconfigurer votre vie sociale et vous n’êtes plus seul décisionnaire de vos choix. Il y a une part de vrai, et Alfie pense avec nostalgie à cette liberté qu’il abandonne de plus en plus à mesure que les mois passent – ce qui lui déplait fortement, mais il parvient encore à faire bonne figure – il ne regrette pas pour autant d’avoir accepté la proposition de Stephen. Toutefois, il réalise aussi que son oncle avait raison : Anabel n’est pas une énième lubie qu’il peut délaisser dès qu’il sera passé à autre chose. Car s’il ne le formulera jamais au risque de passer pour un connard insensible (ce qu’il est, globalement), Alfie aimerait parfois rendre l’enfant et retrouver sa vie d’avant ; quand ses engagements (ou son manque d’engagement) ne concernaient que Jules et personne d’autre. Mais il doit désormais penser son quotidien avec la petite Forbes, et force est de constater que malgré ses efforts l’anthropologue n’a pas pensé à tout et est maladroit ; lui confirmant chaque jour un peu plus qu’il n’est pas fait pour être père. Il ne sait pas se débrouiller, il panique, il doute, il se plaint, il aimerait revenir en arrière malgré tout le bonheur qu’Anabel lui procure au quotidien. Mais justement, ce n’est pas le quotidien dont il rêve, ce n’est pas celui où il s’épanouit et la présence de la fillette ne fait que concrétiser tous ses doutes qui n’étaient qu’abstraits au moment où il les a formulé à Jules. Ça ne lui convient pas, ça ne lui conviendra probablement jamais ; et il est bien le seul à avoir naïvement cru qu’il parviendrait à changer sous prétexte que sa filleule est la prunelle de ses yeux. Et c’est pour cette raison qu’Alfie se fait plus rare auprès de son entourage – proche ou moins proche – il n’a aucune envie de se confronter à ces regards qui lui crieront « tu vois, on te l’avait bien dit » et qui appuieront son incapacité à prendre soin de quelqu’un d’autre que lui-même. Non, il n’est pas même capable de prendre soin de lui et probablement que si Jules n’était pas là pour l’épauler il aurait probablement opté pour la même solution que Holloway ; celle qu’il connait que trop bien pour en avoir fait son principe de vie pendant de longues années : la fuite. Depuis quelques mois, ce n’est pas l’envie qui manque de quitter cette ville, ce pays, et tous les malheurs que son retour en terre natale lui apportent. La fuite, c’est également ce qui coule dans ses veines alors qu’il enchaîne les cigarettes comme une façon de se donner du courage pour se confronter à une Leah qu’il n’a pas revue depuis plusieurs semaines (mois ? Il a perdu la notion du temps). Elle l’a déjà expérimenté, il n’a pas bien appris son code des interactions sociales, et la situation actuelle est pire que toutes celles auxquelles il a été confronté au cours de sa vie ; qu’est-il supposé dire à une jeune femme qui vient de perdre l’enfant qu’elle attendait ? Il n’en sait rien, il espérait ne jamais le savoir, mais Leah le met au pied du mur ; un peu comme elle l’a toujours fait depuis qu’elle a déboulé dans sa vie. De l’annonce de son couple avec Stephen et cette grossesse surprise. À la différence que, cette fois-ci, Alfie est capable de se raisonner et de ne pas faire de crise qui le renvoie à son lui adolescent ; ce n’est pas pour autant qu’il parvient à choisir les mots qu’il devra employer le moment où il sera confronté à Leah. Sa seule solution – aussi inadaptée soit-elle – consiste à envoyer Anabel en éclaireuse ; parce que la présence d’Anabel apaise toujours ceux qui la côtoient.

Les minutes défilent sans qu’il ne parvienne à penser à un discours rassurant et adapté, raison pour laquelle l’anthropologue finit par abandonner ; plus il y réfléchira et plus il aura envie de fuir. Finissant par annoncer sa présence en frappant à la porte, il esquisse un fin sourire dans une vaine tentative de prouver à Leah que les rancœurs passées n’ont plus lieu d’être. Il le pense sincèrement ; il n’a plus celle-ci dans le viseur comme il avait pu l’avoir lors de leur première rencontre, il est parvenu à prendre la mesure de son comportement, mais les choses ne sont pas simples pour autant. Leah est Leah, et Alfie est… Alfie. Déchiré par un passé qui lui revient de plus en plus en mémoire et qu’il n’arrive pas à gérer ; et à défaut de pouvoir réellement fuir comme cela est son souhait, il opte pour un autre mécanisme de défense : considérer que le problème vient des autres, plutôt d’admettre qu’il est le problème. Proposant une échappatoire à Leah – et peut-être à lui aussi – la brune finit par se décaler avant de refuser sa proposition, et d’ainsi accepter sa présence. Alfie affiche un sourire moins pincé et sincère, mais qui est à mille lieux de ceux qu’il affichait il y a encore quelques semaines. Il aurait compris que Leah lui demande de partir pour profiter d’Anabel sans qu’il ne soit là pour jouer les trouble-fêtes, mais il apprécie sa bienveillance – peu importe si elle est forcée ou non. Finissant par abandonner le palier pour s’immiscer dans l’entrée, il se force à laisser son naturel reprendre le dessus, et un fin rire s’échappe d’entre ses lèvres. « J’en connais une qui serait pas de ton avis, et qui dirait que faire l’aller-retour serait… il laisse échapper un léger soupir alors qu’une fois encore, il perd ses mots, un entraînement nécessaire. » Arrivant dans la cuisine au même où il conclut sa phrase, il adresse un regard à Anabel. « Bah oui mais tu sais pas conduire, aussi. » Levant les yeux au ciel, Alfie hausse les épaules. « Apprends déjà à faire du voi…vélo correctement, et on en reparlera. » Il ajoute alors qu’il finit par s’adosser contre un meuble pour faire face à Leah et garder un œil sur l’enfant entre eux. « Et pas besoin de cacher les chocolats, t’en as plein autour de la bouche. » Il souligne alors qu’Anabel redispose ses précieux sur la table avec un sourire angélique. Quelle fourbe, cette petite. « Roh ça va, je vais les manger loin de toi avant que tu fasses une crise cardiaque. » Le brun écarquille les sourcils, convaincu que ce sont probablement les paroles de Holloway ou, pire, de Juliana, souvent tentés de se moquer de son régime alimentaire peut-être un poil trop sain. Laissant déguerpir la petite, il finit par relever les yeux vers Leah, pas mécontent qu’Anabel les laisse entre adultes pour quelques instants, lui permettant ainsi de répondre avec sincérité à la précédente réflexion de la brune, lui qui tend à minimiser ses blessures devant Anabel. « Dire que les gens essaient de me rassa-rassurer en me disant que c’est pas si terrible, et que t’arrives comme un cheval, presque, en étant un peu trop honnête pour mon petit cœur, je ne te remercie pas, Leah. » Qu’il marmonne en posant la main sur son cœur, les yeux fermés un bref instant, comme s’il devait procéder à l’acceptation de cette terrible vérité. « Ça cicatrise, ça va. » Non, ça ne va pas, rien ne va à cause de cette agression, mais en lieu et place de laisser exploser sa colère face à une Leah qui n’a clairement pas besoin de ça, il affiche un sourire. « De l’eau, volontiers. Merci. » Il finit par répondre à sa question avant de laisser un bref silence s’installer, pesant, qu’il a besoin de briser au plus vite, peu importe si cela implique de ne pas y mettre les formes. « Et toi ? » Mais il se reprend rapidement. « Ouais, pardon. J’veux dire, c’est la question que tout le monde doit te, hm, il marque un instant de réflexion, te poser, et tu dois sûrement en avoir marre d’y répondre parce que les gens attendent un « oui, je fais avec » alors que t’as probablement juste envie de leur hurler dessus. » Un peu trop direct, Alfie ? Probablement, mais elle connaît un peu la bête, maintenant. « Tu peux me hurler dessus, d’ailleurs, pour ce que ça vaut. » Il n’en serait pas outré, et il est certainement la personne la plus adaptée sur laquelle déverser sa colère, puisqu’il y a contribué. « Mais je suis désolé, Leah. Et oui, je sais que pour toi ça y change rien, alors que c’est purement ét…él… égoïste de ma part, parce que ça me permet de soulager ma conscience alors que ça change rien à la tienne. » Autant dire les choses comme elles sont, parce que c’est la vérité : s’excuser pour quelque chose auquel on y peut rien n’a pas réellement vocation à rassurer la jeune femme, mais bien à apaiser sa propre conscience et prétendre qu’on a essayé, qu’on a été là. « Mais je voulais que tu le saches. Et que tu saches aussi que malgré tout, je suis là, si tu as besoin de quelque chose. » Aussi surprenant que ça puisse paraître. « Enfin, je t’apprends rien si je te dis que j’ai pas un da… di… diplôme en « comment réconforter les gens », par contre j’connais des endroits où péter de la vaisselle, au cas où. » Il précise en haussant les épaules. « Oh, et j’ai une Anabel antidépresseur qu’en bon connard, j’essaie de ra…ré…refourguer à droite, à gauche quand j’en ai marre, et son ancienne belle-mère est bien placée sur la liste des gardiens. » Manière de dire qu’aujourd’hui n’est pas seulement une visite exceptionnelle, et que peu importe l’état de leur relation ; Anabel a besoin de Leah autant que cette dernière a probablement besoin de l’enfant, et il ne compte pas se mettre entre elles.
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Message(#) Sujet: Re: (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole EmptyJeu 9 Jan 2020 - 14:02




I'll let the darkness swallow me whole.
Alfie se décida finalement à faire son entrée dans la bâtisse, délaissant ses cigarettes pour venir à la rencontre de Leah qui ignorait toujours la façon dont elle était supposée se comporter en sa présence. Il était rare que quelqu’un la mette dans une position aussi inconfortable, ne sachant pas sur quel pied danser ni de quelle manière définir la relation qui les liait aujourd’hui. Depuis le début, leur présence dans la vie de l’autre s’était faite par la force des choses et la situation n’était pas prête de changer. Alfie représentait un pan de la vie de Stephen que ce dernier avait pris soin de lui cacher jusqu’à ce que Jules ne se présente un jour sur le pas de sa porte, et si désormais le kiné ne faisait plus partie du tableau, c’était Anabel qui maintenait la connexion entre eux d’une façon bien étrange. Ensemble, ils formaient une espèce de famille absolument dysfonctionnelle mais qui permettait à la fillette de trouver un semblant de stabilité, c’est ce que Leah espérait en tout cas. Et si la tête brune lui manquait atrocement, elle était contente de la savoir entre de bonnes mains chez Jules et Alfie. Elle n’était pas sans savoir que la libraire ressentait une profonde envie d’avoir des enfants elle aussi et sans doute que la présence d’Anabel représentait une sorte d’exercice pour elle et l’anthropologue – même si aux yeux de la brune, cet enfant faisait sans doute partie des moins difficiles du monde à élever. Elle avait son petit caractère, bien entendu, mais rien qui ne puisse faire relever les cheveux de la tête de Juliana en tout cas. Le jeune homme ne semblait pas en mener large lui non plus, lui proposant de repasser chercher la fillette plus tard ou encore d’attendre sagement dans la voiture qu’elles ne terminent de profiter l’une de l’autre, sans sa présence à proximité. L’hésitation fut courte, et Leah décida finalement qu’il valait mieux prendre le taureau par les cornes et s’habituer à passer du temps ensemble, car c’était ce qui allait se passer dans les semaines à venir, qu’ils le veuillent ou non. En soi, la brunette ne reprochait rien de spécifique au Maslow si ce n’était son comportement absolument irréaliste lorsqu’il se retrouvait dans une situation qu’il ne maîtrisait pas ; pas totalement du moins. Il l’avait accueillie à coup de piques acérées et elle avait fini par ne pas être en reste non plus, aggravant peut-être les choses – ou en ne faisant rien pour les améliorer, c’était certain. Elle lui rendit le sourire qu’il lui lança lorsqu’elle s’effaça pour le laisser entrer, sonnant peut-être ainsi le début d’une trêve pour le bien-être d’Anabel qu’ils avaient tous les deux à cœur. « J’en connais une qui serait pas de ton avis, et qui dirait que faire l’aller-retour serait… un entraînement nécessaire. » Leah releva le menton vers la fillette, un air intrigué sur le visage tandis qu’ils s’avançaient vers la cuisine où elle avait pris place pour dévorer ce que la brunette avait mis à sa disposition « Bah oui mais tu sais pas conduire, aussi. » « Apprends déjà à faire du voi…vélo correctement, et on en reparlera. Et pas besoin de cacher les chocolats, t’en as plein autour de la bouche. » La jeune femme assista à cet échange avec amusement, constatant qu’une belle complicité régnait entre eux et qu’un certain rythme avait déjà pris place dans ce duo parrain-filleule pas comme les autres. Anabel reposa son butin avec un air mutin et Leah s’étonna de ne pas se prendre une énième remarque en pleine figure de la part du Maslow sur ce qu’il aurait d’habitude qualifié de « cochonneries industrielles ». Peut-être que lui aussi désirait apaiser les choses après tout. « Roh ça va, je vais les manger loin de toi avant que tu fasses une crise cardiaque. » Si Alfie leva ses sourcils en entendant cette remarque, Leah ne fut pas en reste et serra les dents en voyant pratiquement Stephen au travers de la bouille tartinée de chocolat de la mini-Forbes ; elle grandissait tellement vite. Si la jeune Baumann faisait de son mieux pour donner l’impression de tenir le coup, elle savait qu’en acceptant de recevoir Anabel ici elle s’exposait à un retour de flamme tels que les souvenirs et les sentiments pas tout à fait enfouis dans son esprit. Pas encore. Cependant, le besoin de passer du temps avec elle avait pris le pas sur le reste et si Leah s’attendait à en payer le prix dans quelques heures, elle essayait de se concentrer sur autre chose pour l’instant. La solution de facilité aurait également été de prendre la fuite, de quitter Brisbane et de tourner le dos à tout ce qui la rattachait à ce tragique épisode de sa vie. Mais elle n’avait pu s’y résoudre, préférant faire face quitte à perdre la tête à un moment ou l’autre. « Elle t’épargne, c’est déjà ça. Elle aurait pu les manger lentement en te fixant droit dans les yeux, t’as de la chance. » Lança-t-elle en observant la silhouette de la tête brune disparaître dieu sait où, laissant les deux adultes seuls dans la cuisine. Elle décida de ne pas laisser de silence pesant s’installer entre eux, préférant embrayer sur le physique inquiétant qu’arborait Alfie. La jeune femme avait laissé son filtre au placard, parlant avec spontanéité sans s’embarrasser de faux-semblants destinés à dorloter ses interlocuteurs. « Dire que les gens essaient de me rassa-rassurer en me disant que c’est pas si terrible, et que t’arrives comme un cheval, en étant un peu trop honnête pour mon petit cœur, je ne te remercie pas, Leah. » La brune hésita, se demandant un instant si elle l’avait réellement heurté, avant de se souvenir qu’il avait à peu près autant de tact qu’elle en cet instant. Il allait s’en remettre.  « Ça cicatrise, ça va. » Un sourire apparu sur ses lèvres, un sourire qu’elle connaissait bien pour l’avoir arboré à de nombreuses reprises tout au long de son existence ; une esquisse destinée à donner l’impression que tout allait bien alors que tout allait mal. « Désolée. » Commença-t-elle sur un ton neutre, persuadée qu’il ne lui en voudrait pas de ladite honnêteté qu’il prétendait lui reprocher. « Tu sais Alfie, tu parles à quelqu’un qui s’est fait agresser deux fois et qui a même fini dans le coma à cause de ça. Tu peux arrêter de faire semblant avec moi. » Les mots franchirent ses lèvres comme si elle venait de lui expliquer qu’il risquait de pleuvoir toute la journée et non pas qu’elle savait exactement ce qu’il traversait en ce moment, abordant ce sujet presque avec distance. Elle aussi faisait ce qu’elle pouvait pour donner le change, mais elle devait bien avouer que ces derniers temps, elle avait la nette impression de ne plus être capable de ressentir quoique ce soit. Que cette fois-ci, elle était bel et bien bousillée et que plus rien ne pourrait l’abattre davantage. Cela dit, si Alfie pouvait se sentir assez en confiance pour cesser de faire bonne figure devant elle, ça serait peut-être plus facile pour lui – façon de parler. Elle se rappela soudain que l’anthropologue n’avait peut-être pas la moindre idée de ce qu’elle avait traversé avec Camden, ignorant ce que Stephen avait pu lui raconter ou non à ce sujet à l’époque, et qu’il serait peut-être étonné de cette révélation au final.  « De l’eau, volontiers. Merci. » Elle hocha la tête, se dirigeant vers une armoire afin d’attraper un verre et d’y verser de l’eau avant de le lui tendre. De son côté, l’envie d’ouvrir une bouteille de vin lui traversa l’esprit, mais elle décida de s’abstenir tant qu’Anabel serait sous son toit – le début de la bonne influence.  « Et toi ? » La question arriva brusquement et elle releva un sourcil étonné dans sa direction, désarçonnée par le ton direct qu’il avait employé. « Ouais, pardon. J’veux dire, c’est la question que tout le monde doit te, hm, te poser, et tu dois sûrement en avoir marre d’y répondre parce que les gens attendent un « oui, je fais avec » alors que t’as probablement juste envie de leur hurler dessus. » Leah comprit que la machine était lancée et que le Maslow n’avait pas encore fini sa tirade, pas encore. Elle avait beau ne pas l’avoir côtoyé à de nombreuses reprises, elle avait décelé cette façon de faire à chaque fois qu’il était nerveux. Elle ignorait si c’était la situation qui voulait ça ou simplement sa présence ici, mais elle décida de ne pas relever le mot et de le laisser terminer. Après tout, plus personne ne savait comment se comporter ou quoi dire autour d’elle, elle s’y habituait. « Tu peux me hurler dessus, d’ailleurs, pour ce que ça vaut. Mais je suis désolé, Leah. Et oui, je sais que pour toi ça y change rien, alors que c’est purement ét…él… égoïste de ma part, parce que ça me permet de soulager ma conscience alors que ça change rien à la tienne. Mais je voulais que tu le saches. Et que tu saches aussi que malgré tout, je suis là, si tu as besoin de quelque chose. » Les mots d’Alfie la touchaient, étrangement. Était-ce le fait qu’il se montre présent et disponible pour elle en dépit des circonstances et des fondements même de leur relation, ou simplement la sincérité qui perçait dans sa voix tandis qu’il l’observait à la dérobée, balbutiant ces mots avec difficulté en se laissant aller contre le plan de travail de la cuisine, dans une nonchalance probablement calculée ?   « Enfin, je t’apprends rien si je te dis que j’ai pas un da… di… diplôme en « comment réconforter les gens », par contre j’connais des endroits où péter de la vaisselle, au cas où. Oh, et j’ai une Anabel antidépresseur qu’en bon connard, j’essaie de ra…ré…refourguer à droite, à gauche quand j’en ai marre, et son ancienne belle-mère est bien placée sur la liste des gardiens. » Leah s’accorda quelques secondes pour intégrer les paroles de l’anthropologue, digérant celles-ci tout en décidant de se servir un verre d’eau à elle aussi, après tout. « Je sais pas si… » Un soupir vint ponctuer cette phrase qu’elle avait du mal à formuler à voix haute, cherchant encore à mettre de l’ordre dans ses idées et surtout, dans toutes ces émotions contradictoires qui venaient la chambouler lorsque Anabel était avec elle. « Je sais pas si je suis de bonne compagnie pour elle en ce moment. » Murmura-t-elle en relevant le menton dans sa direction, cherchant à éviter à tout prix la moindre crise de larmes qui pourrait survenir de manière impromptue. « Je suis ravie de la voir tu t’en doutes, mais je suis pas certaine que je sois le meilleur modèle pour elle... vu les circonstances. » Les circonstances. Sa priorité était le bien-être de la fillette, et son penchant pour les anti-dépresseurs et l’alcool ne devaient pas faire partie du manuel de parentalité type, pas encore en tout cas. « Elle est mieux avec toi, je suis contente qu’il vous ait laissé la garde à vous et pas aux Forbes. » Lui lança-t-elle dans un petit sourire, cherchant à lui expliquer que des visites ponctuelles de la tête brune était le maximum qu’elle pouvait gérer en ce moment, mais que s’il lui venait l’idée de vouloir la lui laisser plus d’un après-midi elle ne pourrait pas l’assumer. Elle avait déjà du mal à s’occuper d’elle-même, elle ne voulait pas risquer quoique ce soit avec la petite. En effet, la jeune femme avait la nette impression que tout virait au désastre autour d’elle et si Anabel venait à pâtir de sa tendance au drame, elle s’en voudrait toute sa vie. Leah avait perdu toute confiance en elle et en ses capacités, persuadée qu’il valait mieux qu’elle reste seule plutôt que de risquer de blesser qui que ce soit de plus. Elle avait probablement ruiné la vie du kiné, c’était amplement suffisant pour toute une existence. La brunette se mordit la lèvre, consciente qu’elle risquait de plomber le moral du Maslow en quelques minutes à peine, mais elle n’avait plus grand-chose de la jeune femme joviale qu’elle était il y a quelques semaines de là.


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Message(#) Sujet: Re: (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole EmptyLun 10 Fév 2020 - 13:11


Certains pourraient s’offusquer du répondant de mini Forbes ; de son côté Alfie tend à vouloir développer celui-ci en se lançant sans cesse dans des joutes verbales avec la demi-portion. Si le tout reste bon enfant, il a à cœur qu’Anabel puisse avoir un sens de la répartie qui lui est utile – non, carrément nécessaire – compte tenu de la famille dans laquelle elle évolue. Sans parler de lui, ou de Stephen qui malgré son départ provisoire reste un père de famille exceptionnel, mais surtout des parents de Rachel qui ont tendance à vouloir faire de la petite une enfant aseptisée, sans relief, sans opinion ; une éducation qui permet d’éviter le moindre problème. Pas de caractère ; pas de problème pourrait être le slogan de la famille Forbes / Maslow. Alors il faut bien qu’Anabel puisse se défendre, sans quoi elle aurait déjà été obligée de suivre des cours de danse classique comme « toutes les petites filles de son âge » alors que la petite semble avoir une préférence pour le sport de contact, et qu’elle s’épanouit comme jamais dans son équipe de football, ce qui n’aurait probablement pas été le cas en tutu. Et s’il fait malgré tout attention que le répondant de la petite reste dans le domaine de la gentille taquinerie plus que la moquerie ou l’irrespect, il devrait faire attention à un autre aspect : c’est lui qui semble manquer de politesse alors qu’il ne voit que sa filleule et en oublie le reste autour de lui, dont la présence de Leah. Mais il est ainsi, Alfie, incapable de porter son attention sur une chose à la fois, et pourtant se raccrochant à Anabel comme si elle était celle qui le soutenait et non l’inverse. Pourtant, c’est la vérité, entourée de tous ces adultes cabossés qui composent son entourage, c’est bien elle qui les porte à bout de bras en étant ballottée d’un endroit à l’autre alors qu’ils persistent à penser qu’elle est la prunelle de leurs yeux. Et si c’est la vérité, ils ne savent pas le montrer ; pas comme ils le devraient en tout cas. Alfie veut son bien, et pourtant il lui colle des responsabilités qui ne sont pas de son âge sur ses frêles épaules, comme le fait d’être celle qui l’apaise par sa seule présence quand il se sent flancher, comme c’est le cas alors qu’il se retrouve interdit devant une Leah qu’il ignore comment aborder, au point de donner l’impression de tout simplement l’ignorer. Et sans surprise, c’est bien par le biais de la petite qu’ils parviennent à entamer une conversation entre adultes civilisés, loin de celles qu’ils ont pu échanger par le passé – et il a parfaitement conscience d’en être le fautif. Raison pour laquelle il fait des efforts et ne relève les traces de chocolat qui entourent la bouche de la petite qu’auprès de celle-ci et non de son ancienne belle-mère, quand bien même son entourage sait qu’il est quelque peu… chiant, disons-le franchement, concernant le domaine de l’alimentation. C’est un point sur lequel il apprend à faire des concessions depuis qu’Anabel est à la maison, parce qu’il ne peut pas lui imposer son régime alimentaire trop strict sous prétexte qu’elle est en enfant qui ne doit pas développer de carences. Elle a ses propres goûts et ses propres envies qu’il doit aussi respecter sans pour autant qu’elle s’imagine qu’elle peut faire la loi. Il faut trouver le juste milieu et, malheureusement, c’est quelque chose qui prêche du côté d’Alfie, se situant généralement dans un extrême ou l’autre. Lorsque la voix de Leah revient à ses oreilles après avoir observé la silhouette de la petite tête brune disparaître, c’est finalement un léger rire qui s’échappe d’entre ses lèvres, de ceux qu’il n’aurait jamais pensé avoir en présence de la brune. « Je compte sur toi pour pas lui souffler cette idée. » Qu’il précise, bien que la scène soit susceptible de le faire rire. Oui, mais si elle concernait Anabel et quelqu’un d’autre, et qu’il ne serait ainsi pas la cible de la cruauté que se découvre l’enfant.

Et si dans un premier temps il angoissait de se retrouver seul avec Leah, l’absence de l’enfant lui permet d’évoquer à demi-mot son état. S’il prend toujours des pincettes en présence d’Anabel, il n’a finalement pas à se forcer : c’est dans sa nature de ne pas s’épancher, raison pour laquelle il se dissimule sans surprise sous l’humour avant de répondre avec sincérité – qu’il croit – à la question de Leah. Il cicatrise. S’il cicatrise, c’est que ça va forcément mieux, pas vrai ? C’est la pensée à laquelle il se raccroche ; et le fait que la disparition des stigmates sur son visage lui permet de laisser tout cela derrière lui et de ne plus être confronté à la curiosité maladive des gens et aux regards de pitié de son entourage. Pourtant, il n’est pas outré par l’intérêt de Leah, probablement parce qu’elle ne prend pas de pincettes et qu’elle ne s’en rend probablement pas compte, mais c’est exactement ce dont il a besoin. D’être traité comme elle l’aurait fait en temps normal, parce qu’il mérite sa franchise et d’être secoué comme elle le fait. Secouant la tête alors qu’elle s’excuse pour lui faire comprendre qu’il n’y a aucune raison, il reste interdit un bref instant alors qu’elle évoque brièvement sa propre expérience, dont il a eu vent par le biais de Stephen quelques mois plus tard, et sur laquelle il n’avait pas posé de questions, estimant que ça ne le regardait pas. Mais il avait eu de l’empathie pour Leah, en réalisant qu’elle n’était pas juste l’emmerdeuse qui débarquait pour chambouler la vie de Stephen, Anabel et, par extension, la sienne. C’était aussi une fille avec son propre background, et pas juste un mirage qu’il pourrait faire disparaître avec un peu de volonté. Finalement, c’est un rire qui s’échappe de ses lèvres, nerveux, mais aussi soulagé, comme s’il s’autorisait, pour la première fois depuis des semaines, à baisser sa garde. « Qui l’aurait cru, que ce serait notre point commun. » Il débute avant de reprendre, tentant de faire de l’ordre dans ses pensées pour mieux trouver ses mots. « On aurait dû commencer par-là, la première fois. Comparer nos comas, ça doit cra-créer des liens. » Parce qu’il connaît malheureusement cela, et il aimerait dire que c’est suite à cette dernière agression, mais elle n’a fait que rajouter une couche sur un ensemble déjà bien complet. « Team deux fois. » Qu’il se contente de souligner en haussant les épaules avec un sourire pincé, ne sachant pas ce que Stephen a pu lui dire sur sa précédente expérience dans le domaine. La Colombie est un sujet dont il ne parle pas, ni avec Jules, ni avec ses parents, ni avec Rachel lorsqu’elle était en vie, ni avec Stephen. Parce qu’il a trop peur de réaliser que tout ceci les a impacté autant que lui, et de devoir assumer des conséquences qu’il n’accepte déjà pas personnellement, alors il ne peut pas les accepter pour tout le monde. « J’en ai juste marre, je crois. De toute cette pitié, de toutes ces … pincettes et… de ces séquen-séquelles. » Il souligne en se massant la tempe en laissant échapper un soupir. « De ces « je comprends » si faux. » Si insupportables, parce qu’ils ne comprennent pas. Ils ne peuvent pas. « Et de cette insécurité. » Surtout de cette insécurité. Il se pince les lèvres alors que pour la première fois, il aimerait s’épancher, laisser sortir les mots qu’il contient depuis des semaines ; exprimer tout le désarroi qui l’habite depuis mi-septembre, toutes les interrogations qu’il craint de ne jamais voir résolues, toutes ces insécurités que cela provoquent en lui. De cette impression d’être constamment en danger à celle de ne pas réussir à se retrouver, de cette insupportable sensation de n’être plus qu’une chose fragile et de ne jamais reprendre un contrôle dont on l’a dérobé. Mais il ne le fera pas, alors qu’il scelle ses lèvres, et qu’il se contente d’afficher un sourire sincère, comme un remerciement silencieux, sans trop savoir pourquoi. Pourquoi, tout à coup, il se sent aussi lourd que léger, aussi détendu qu’anxieux, aussi reconnaissant qu’agacé. « Il pourrait t’atteindre de nouveau ? » Qu’il questionne, avant de réaliser que tout ceci n’est clair que dans son esprit et préciser : « Ton ex. » Celui qui s’en est déjà pris à elle par deux fois ; et il espère que l’adage jamais deux sans trois ne sera pas en mesure de se réaliser. Stephen ne lui a pas mentionné l’issue de l’histoire et à vrai dire, sa curiosité l’a fait repenser à celle-ci à plusieurs reprises, à se demander si, maintenant qu’ils sont séparés, que la vie de Leah semble s’effondrer, qu’elle s’est renfermée, elle ne serait pas plus facile à atteindre. Parce que c’est ce que font les prédateurs, ils attendent le bon moment. Camden l’a fait. Ces types en Colombie aussi. Et ils ont beau s’être relevés une première fois, la vérité est qu’ils ont été affaiblis. Et qu’il a été encore plus facile de les atteindre une seconde fois. Camden, toujours, et ce foutu cambrioleur.

Se saisissant du verre tendu par Leah, il la remercie avant de le porter à ses lèvres, ayant l’impression d’être soudainement desséché, à cause de ce partage trop sincère, trop douloureux, aussi. Et loin de songer au comportement adéquat à adopter, consistant à leur offrir une porte de sortie et à saluer la décoration de la cuisine ou la qualité de l’eau servie, Alfie met les pieds dans le plat. Dans sa tête, il entend la voix de son père, il sent le regard noir de sa mère posé sur lui et le plat de la main de Jules qui se heurte à son avant-bras. Mais il s’en fiche, et il poursuit ; elle est passée par là, comme elle l’a souligné, pas vrai ? Alors elle doit savoir qu’il n’y a rien de plus désagréable que cette bienveillance exagérée utilisée par les autres qui leur confirment leur position de faiblesse. Autant être sincère quitte à être brusque, à vrai dire il n’est plus à une personne près à ajouter sur la longue liste de ceux qu’il a heurté un jour ou l’autre. Mais il faut qu’elle sache, que malgré tout, il est là pour elle. Peut-être pas au sens conventionnel du terme, mais il a le mérite d’être parfaitement sincère. Il sait que les mots n’apaisent pas la douleur, et que les actes, aussi insensés qu’ils puissent sembler, sont une méthode efficace dans un premier temps. Les mots, le besoin d’évacuer, c’est secondaire. Lorsqu’elle reprend la parole, il demeure muet le temps qu’elle puisse exprimer tout ce qui lui vient en tête, prenant soin de ne pas l’interrompre et d’enregistrer tout ce qu’elle partage. « Tu n’as pas à te justifier. » Il débute, préférant marquer des pauses, prendre le temps de réfléchir et de formuler des propos cohérents plutôt que de vouloir exprimer toutes ses pensées, au risque de se perdre, dans l’incapacité de formuler celles-ci. « Je voulais juste que tu le saches. » Il précise, avec un fin sourire. Qu’elle sache qu’il n’est pas cet enfoiré qui a décidé que, parce qu’elle n’est plus dans la vie du père d’Anabel, elle n’a plus à être dans celle de la petite alors qu’elle a été un repère dans celle-ci pendant longtemps. « Pour maintenant, pour plus tard, aussi. » Il ne veut pas lui l’imposer si elle ne s’en sent pas capable, ni même si elle n’en a pas envie. « Pour quand il sera de retour, aussi. » Stephen. Qui ne devra pas s’étonner de sa façon de faire, parce qu’il est ainsi, et qu’il a déjà agi ainsi lorsque les Forbes empêchaient Anabel de voir son père. De par son rôle de parrain, par sa grande gueule et son impression de n’avoir jamais rien à perdre, il a joué sur les deux tableaux, et il ne le regrette pas. Il ne le regrettera pas non plus avec Leah, parce qu’elle a le droit d’avoir encore une place dans la vie de la petite. « Je veux juste… que tu te sentes pas exclue. » Surtout par moi, parce que c’est très exactement ce que j’ai essayé de faire. Décidant de clore le sujet sur la question Anabel en croisant le regard d’une Leah qui semble à fleur de peau, et parce qu’il n’est pas venu pour qu’elle se sente mal, il esquisse un léger sourire. « Je connais quand même des endroits pour exploser de la vase-vaisselle. » Sans Anabel dans l’équation, entre « team deux fois ». Une invitation dont elle peut faire ce qu’elle souhaite, conscient qu’il n’est pas forcément la personne vers laquelle elle souhaite se diriger. Finalement, reportant son attention sur son verre qu’il vide à moitié, son regard papillonne sur l’ensemble de la pièce quand une idée lui vient en tête. « Tu sais quoi ? » Question rhétorique, évidemment. « Tu prévois de déménager, pas vrai ? » Question rhétorique, bis. « C’est toujours l’occasion de faire du ti-tri, ce genre de moment. Pourquoi tu… tu mettrais pas de côté ce que tu ne veux pas garder ? Tu peux ça brûler, ça entr-enterrer, ça fracasser. » Il dit, alors qu’il observe le verre dans sa main. « Tu vois, typiquement, ça, bourré de calcaire, quelle utilité ? » Qu’il demande alors qu’il le jette par terre (ne vous inquiétez pas, il ramassera). « Cette tasse-là, il dit en pointant la concernée du doigt, y’a une putain de faute d’orthographe, ça te dérange pas ? » Quand même, c’est un crime. « Je peux même glisser une déco que Stephen a acheté et dont il ne verra pas la disa-disparition. » Puis, réalisant que ce n’est pas parce que c’est une solution qui pourrait marcher pour lui qu’elle serait efficace pour Leah, il finit par se mordre la lèvre. « Désolé. Je t’ai déjà dit que, parfois, ça déconnait là-dedans ? » Il demande en pointant sa tête du doigt. « Tu fais ce que tu veux, et moi je me la ferme. » C’est une bonne option. Et sans plus attendre, il baisse le regard, tandis que son pied joue distraitement avec les débris de verre au sol, hésitant quant à appeler Anabel pour lui dire qu’elle a oublié un chocolat sur la table et s’assurer de son retour entre eux, ou en enterrant sa mère plus vite que de raison pour justifier de partir précipitamment.  
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Message(#) Sujet: Re: (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole EmptyVen 14 Fév 2020 - 12:58




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Leah avait suivi leur échange avec la plus grande attention, décelant ainsi une complicité entre eux qui existait déjà probablement avant qu’elle ne soit sous sa garde pour une période indéterminée, mais qui avait vraisemblablement pris plus d’ampleur depuis. Cela faisait plaisir à voir et la rassurait en même temps sur l’état d’esprit de la fillette qui, comme à son habitude, semblait s’être une nouvelle fois ajustée à la situation avec une aisance impressionnante. Anabel grandissait à vue d’œil et tenait désormais tête à son parrain avec une répartie qui arracha un sourire à la brune qui s’était posée comme un témoin silencieux. Elle n’était pas sans savoir que l’anthropologue avait en horreur ces cochonneries industrielles, mais à ses yeux la fillette avait droit à quelques écarts à son âge, surtout si elle passait la majeure partie de son temps dans un environnement sain chez Jules et Alfie. Elle n’avait sans doute pas la même légitimité qu’eux sur son éducation mais se positionnait désormais comme l’ancienne belle-mère cool qui pourrait lui permettre de faire des bêtises sans trop s’inquiéter des conséquences ; un poids en moins pour elle et une fenêtre de liberté grande ouverte pour Anabel. Bien entendu cela restait une théorie que Leah n’était pas encore prête à mettre en pratique, s’ajustant encore aux sentiments contradictoires qu’elle ressentait en présence de la mini-Forbes. « Je compte sur toi pour pas lui souffler cette idée. » La brune fut surprise de l’entendre rire à sa remarque et se détendit légèrement par la même occasion, rassurée de constater que rien dans l’attitude du brun n’avait tendance à l’hostilité à son égard. « Je vais y réfléchir. » Le rassura-t-elle ainsi à moitié, esquissant un sourire en coin qui dévoilait par la même occasion que le Maslow n’était pas encore « dans ses petits papiers » et qu’un peu d’humour n’effacerait pas totalement les prémisses d’une relation qui s’était annoncée compliquée à l’instant même où il avait foncé sur elle pour prendre sa température d’un air faussement concerné. Désireuse de ne pas laisser un quelconque silence s’installer entre eux, la jeune femme l’interrogea sur ce qui lui était arrivé, à la fois par curiosité et par réel intérêt pour sa personne. Elle ne pouvait feindre d’ignorer ce qui lui était arrivé même si elle n’en avait pas eu tous les détails, et quiconque ayant été agressé dans son entourage ressentirait la même compassion qu’elle avait à l’égard du brun, puisqu’elle était elle-même passée par là. Il minimisait les faits, rassurait par automatisme en disant qu’il cicatrisait même si son regard témoignait de la souffrance qui était désormais la sienne. Alors, pour chasser les faux-semblants qui auraient pu se dresser entre eux, la brunette décida de lui suggérer d’arrêter de prétendre que tout allait bien devant elle, puisqu’elle savait parfaitement que ça n’était pas le cas. Avoir de l’expérience dans le domaine n’était pas chose courante, et pourtant Alfie était tombé sur une spécialiste des agressions, ayant elle-même été envoyée à l’hôpital à deux reprises. La seule différence résidait dans le fait qu’elle savait qui avait fait ça, alors que lui était dans le flou – c’était Juliana qui le lui avait dit et Leah ne voulait pas avancer des informations sur la table qu’elle n’était peut-être pas supposée avoir en sa possession. « Qui l’aurait cru, que ce serait notre point commun. » Ah ça. En même temps, rien n’avait jamais été normal ou logique entre eux, alors plus rien ne l’étonnerait à ce sujet. « On aurait dû commencer par-là, la première fois. Comparer nos comas, ça doit cra-créer des liens. » Cela n’avait rien de drôle dans les faits, et pourtant cette remarque tira un nouveau sourire à la brune qui hocha la tête comme pour consentir au fait qu’ils auraient effectivement dû commencer par là. « Team deux fois. » Oh. Il la battait et dévoilait par la même occasion un pan de sa vie dont la brunette ignorait l’existence, jusqu’à lors persuadée qu’il traversait cette épreuve pour la toute première fois. Mais ça n’était pas le cas. « C’est toi le grand gagnant. » Si on pouvait dire ça comme ça, bien entendu. Elle haussa un sourcil dans sa direction, hésitant à lui poser la question qui lui brûlait les lèvres mais qui apparaissait comme trop personnelle, peut-être. « Tu as officiellement plus d’expérience que moi dans ce domaine… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Et voilà, le retour du non-filtre avait frappé et avec lui un voile de regrets qui passa dans ses yeux au moment même où elle formulait cette interrogation. « Désolée… » Bis. « Ça ne me regarde pas. » Voilà, un constat joliment formulé qui mettait lui-même fin à une discussion qu’il n’était probablement pas prêt d’avoir, ou pas avec elle en tout cas. « J’en ai juste marre, je crois. De toute cette pitié, de toutes ces … pincettes et… de ces séquen-séquelles. De ces « je comprends » si faux. Et de cette insécurité. » Leah avait l’impression d’entendre ses propres pensées dévoilées par une autre voix que la sienne et elle fut frappée par la ressemblance qu’ils avaient en cet instant. Ce genre d’épreuve changeait fondamentalement les personnes qui les vivaient et elle se reconnaissait en lui, se revoyant il y a deux ans d’ici et encore une fois il y a seulement quelques mois. Elle comprenait, elle. Parfaitement, avec une clairvoyance que seuls ceux qui avaient vécu la même chose pouvaient avoir en eux. « Je sais. » Se contenta-t-elle de répondre en plongeant son regard dans le sien, désolée de ne pas pouvoir lui apporter de réponse toute faite pour lui signifier qu’il irait mieux. C’était vrai, en partie, mais une part de lui resterait marquée à vie par cette nuit-là. « Il faut pas leur en vouloir, personne ne sait comment se comporter face à ça. Parce qu’il n’y a rien à dire et qu’aucune parole réconfortante ne parviendra à apaiser tes peurs et ta colère. » Elle pinça elle aussi les lèvres, consciente que l’insécurité dans laquelle il évoluait était la même qu’elle avait éprouvé pendant toutes ces années où la police avait été à la recherche de Camden, sans résultat. « Il pourrait t’atteindre de nouveau ? » Leah releva le menton vers lui, un air interrogateur sur le visage. « Ton ex. » Cela voulait dire que Stephen ne lui avait pas fait part de la conclusion de cette histoire qui avait duré près de cinq ans pour la jeune femme, et qui avait pris fin d’une façon qui, bien qu’elle soit tragique, lui avait enfin apporté un soulagement salvateur qu’elle n’aurait jamais pensé ressentir un jour. Un poids énorme s’était enlevé de sa poitrine à l’instant même où on lui avait annoncé sa mort, et elle n’avait même pas les mots pour exprimer tout ce qu’elle avait ressenti ce jour-là. « Peut-être, s’il décide de ressurgir d’entre les morts pour venir me hanter. » Elle haussa les épaules avec détachement, signalant par la même la fin funeste de l’enfoiré qui lui avait servi de partenaire de vie pendant bien trop longtemps, détruisant la moindre parcelle de confiance qu’il lui restait avant de la plonger dans un coma qui était une erreur, puisqu’il aurait voulu la voir morte ce soir-là. « Il est revenu pour achever ce qu’il avait commencé, mais un passant a alerté la police. Au lieu de s’enfuir il a essayé de riposter et il a été criblé de balles. Je ne peux pas dire que je ne suis pas soulagée, même si je dois avouer que j’aurais préféré lui loger moi-même une balle dans le crâne si j’avais pu. » Lança-t-elle en serrant les dents, les poings, sentant son corps se crisper alors que la scène de son retour se rejouait dans son esprit. Il avait failli lui enlever son bébé ce jour-là, et une partie d’elle-même restait persuadée que l’accouchement prématuré qui avait amené au décès d’Aaron était lié à cet épisode. Que c’était la faute de Camden, d’une manière ou d’une autre. Il n’était pas parvenu à la tuer elle, mais il avait réussi à lui gâcher la vie à sa façon. « Tu vois, même quand on t’apporte une conclusion à tout ça, ça n’est jamais réellement terminé. » Ajouta-t-elle en relevant les yeux vers lui, avalant une gorgée d’eau pour apaiser la sécheresse qui s’était installée dans sa gorge nouée. Elle aurait pu tenir un discours plus encourageant que celui-ci, mais ça aurait été mentir et Alfie méritait au moins qu’elle soit honnête avec lui. « J’espère qu’ils attraperont vite la personne qui t’a fait ça. C’est pas une vie que de sursauter à chaque fois que quelqu’un s’approche ou alors de te crisper dès qu’une ombre surgit derrière toi le soir. » Elle lui lança un sourire qu’elle voulait réconfortant, même si elle savait au fond d’elle que rien de ce qu’elle pourrait dire ou faire ne parviendrait à apaiser l’esprit torturé du Maslow. De son côté, l’anthropologue semblait vouloir lui assurer son soutien, dans cette nouvelle vie qui était désormais la sienne et dans laquelle elle évoluait sans trop de conviction, se réveillant chaque matin en s’interrogeant sur la valeur qu’elle avait à être vécue. Il lui promit qu’elle pourrait avoir Anabel quand elle le désirait, et cette perspective l’effraya autant qu’elle lui apporta de la joie. Leah était devenue la reine des contradictions, mais lorsqu’il était question d’Anabel, la brunette ne se sentait tout simplement pas prête à gérer des responsabilités autre que les siennes. Était-ce égoïste, une façon comme une autre de se protéger et de s’enfermer dans une bulle qu’elle n’était pas prête à faire éclater au contact de celle qui lui rappelait d’un souvenir bien trop vif l’homme avec qui elle était supposée partager le reste de sa vie il n’y a pas encore si longtemps ? Elle l’ignorait, les causes étaient floues mais elle s’empressa d’en faire part à Alfie avec un ton empreint de regret qu’il balaya rapidement d’un « Tu n’as pas à te justifier. » sincère qui la rassura immédiatement. « Je voulais juste que tu le saches. Pour maintenant, pour plus tard, aussi. Pour quand il sera de retour, aussi. » Stephen. Elle hocha la tête, lentement, rassemblant ses pensées et réalisant qu’il était ainsi prêt à aller à l’encontre de ce que le kiné pourrait, potentiellement, vouloir ou plutôt, ne pas vouloir ; elle, dans la vie d’Anabel. La brune le remercia du regard, de ne pas la juger et de ne pas chercher à comprendre pourquoi elle agissait ainsi, pourquoi elle avait peur de ne pas pouvoir être en présence d’Anabel trop longtemps. « Je veux juste… que tu te sentes pas exclue. » « Merci Alfie. » Elle aurait pu en rajouter une couche, tenter l’humour en ajoutant qu’elle n’aurait pas attendu ça de lui, mais cet instant était trop précieux et sincère que pour être gâché par une vaine tentative de plaisanterie. De façon subtile, muette, ils nouaient une relation exempte de jugement et d’attentes foireuses l’un envers l’autre et Leah appréciait que les choses se passent ainsi. Elle le découvrait sous un autre angle et celui-ci expliquait enfin ce que Jules faisait avec lui depuis autant d’année ; le voile du mystère était levé.  « Je connais quand même des endroits pour exploser de la vase-vaisselle. » What now ? La jeune femme ne put retenir la surprise sur son visage, déroutée par la tournure que venait soudainement de prendre cette conversation. Venant d’une personne lamba, faire part de sa connaissance sur des endroits où exploser de la vaisselle était une pratique courante, autorisée et même encouragée était un fait drôle, sans plus. Mais venant d’Alfie, cela déclencha immédiatement la sonnette d’alarme chez Leah et ce sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Peut-être parce qu’au fond d’elle, elle s’attendait déjà à la suite. « Tu sais quoi ? » Non. « Tu prévois de déménager, pas vrai ? » L’esprit de la brune cherchait désespérément le lien entre ses questions et son histoire de vaisselle, vraiment. Mais la connexion ne se faisait pas, à son grand désarroi. « C’est toujours l’occasion de faire du ti-tri, ce genre de moment. Pourquoi tu… tu mettrais pas de côté ce que tu ne veux pas garder ? Tu peux ça brûler, ça entr-enterrer, ça fracasser. » Oui, en effet. Son regard suivit celui d’Alfie, en direction du verre qu’il tenait à la main. Il n’allait pas...  « Tu vois, typiquement, ça, bourré de calcaire, quelle utilité ? » Non ? Si. Il l’avait fait. Il avait jeté ce verre au sol, mine de rien, dans un geste presque banal. D’accord. Leah assista à la scène tout en se disant qu’il venait d’être agressé et qu’outre son problème d’élocution, quelque chose d’autre avait forcément été atteint aussi là-haut, pas vrai ? Un peu de compassion Baumann. « Cette tasse-là… » Qu’elle l’aimait beaucoup. « …Y’a une putain de faute d’orthographe, ça te dérange pas ? » Non. Si. Peut-être. Elle n’avait jamais fait attention à ce détail, en vérité. « Je peux même glisser une déco que Stephen a acheté et dont il ne verra pas la disa-disparition. » Cette perspective fit sourire la brune qui en oublia un instant le fait qu’il venait de faire tomber un verre sur le sol, et ce de manière absolument consciente et détachée, dans le but d’illustrer l’idée qu’il venait d’avoir. Elle laissa son regard se perdre sur les débris qui jonchaient le sol, prenant en considération ce qu’il venait de lui dire – et de lui montrer. La boxe tenait ce rôle d’exutoire, mais peut-être que de détruire des objets dont elle ne voulait plus pourrait également lui apporter un peu de réconfort, faire disparaître un peu de la colère qui grondait au fond d’elle ?  « Désolé. Je t’ai déjà dit que, parfois, ça déconnait là-dedans ? Tu fais ce que tu veux, et moi je me la ferme. » Leah secoua la tête, restant muette une seconde avant de tourner le dos à Alfie et de disparaître dans le hall, le laissant seul avec lui-même l’espace de quelques secondes, le temps de revenir avec un carton vide et un air malicieux sur le visage. « Je te prends au mot Maslow. » Elle désigna une pile de cartons qui trônaient au milieu du salon et qu’elle n’avait pas encore refermés. La brune s’était contentée d’embarquer ses affaires sans penser à faire du tri avant, trop pressée de quitter cet endroit que pour s’embarrasser d’un rangement qui n’aurait fait que la retarder. « On devrait trouver notre bonheur là-dedans. Et… » Un sourire apparu sur le coin de ses lèvres, éclairant son regard par la même occasion. « +1 pour la déco. Trouve un truc pas trop voyant mais qui casse. » Mon dieu, mais dans quoi s’était-elle embarquée et que s’apprêtait-elle à faire ?  


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Message(#) Sujet: Re: (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole EmptyJeu 20 Fév 2020 - 18:42


On peut supposer le contraire en le voyant ainsi complice avec Anabel ; la vérité est qu’Alfie n’aime pas les enfants et que sa filleule est l’exception qui confirme la règle. Ou plutôt, ce n’est pas qu’il ne les apprécie pas, disons seulement qu’il n’accepte généralement de leur accorder qu’une ou deux heures de son temps avant de les rendre à leurs créateurs. Alfie n’a pas la patience pour gérer ces piles électriques – et c’est très paradoxal venant d’un type qui compte sur les autres pour gérer son énergie – autant dire que l’éducation qu’il pourrait apporter à ses propres enfants (qu’il ne désire pas, rappelons-le) serait bien loin de celle dont Anabel a bénéficié grâce à Rachel, puis Stephen. Avec lui, il n’aurait pas été étonnant que les caprices soient légion ; parce qu’il n’est lui-même pas en mesure de gérer la frustration et que le besoin de satisfaire ses envies sont plus fortes que sa raison. Un enfant élevé sous de tels principes l’aurait effectivement regardé dans les yeux en mangeant une de ses cochonneries industrielles qu’il exècre tant ; et il n’est ainsi pas mécontent d’avoir récupéré une Anabel préformatée. Les bases de conduite lui ont été inculquées et le tempérament je m’en foutiste de son parrain ne risque pas d’interférer outre mesure, même s’il fait de son mieux pour changer certains de ses comportements en présence de l’enfant. Ce n’est pas pour autant qu’il se montre strict car il en est incapable, et s’il tend à vouloir continuer de provoquer ce répondant chez Anabel qui lui permettra de grandir sans se faire écraser, ce n’est pas pour autant qu’il veut en faire une gamine insupportable – parce qu’il sait très bien qu’il n’aura pas la patience de la gérer dans tel cas et qu’il en viendra à totalement regretter sa décision. Jusqu’ici, Alfie n’est pas encore totalement emballé par cette responsabilité malgré tout l’amour qu’il porte à sa filleule ; mais il reste lui-même et les enfants ne sont clairement pas sa tasse de thé et la manière dont il a dû réorganiser un planning – pourtant bien vide et flexible suite à son arrêt de travail – ne font que confirmer qu’il n’a aucune envie de s’alourdir de ces boulets miniatures dans le futur. Il peut faire une exception pour Anabel car tout ceci est temporaire, et c’est bien cette notion qui l’aide à supporter cette situation – et non pas le fait qu’il apprécie celle-ci, non voyons, il ne l’assumerait pas. Riant aux menaces de Leah, il pince les lèvres et hausse les épaules, à mi-chemin entre la demande de pitié et l’acceptation de ce qui l’attend alors qu’elle n’est pas aussi convaincue qu’il le voudrait et qu’elle préfère y réfléchir. Ce serait de bonne guerre, après tout, mais il imagine sans peine que la jeune femme n’utiliserait pas l’enfant pour obtenir sa revanche sur son parrain qui n’a pas su faire preuve d’un sens de l’accueil des plus développés la première fois qu’il a eu l’occasion de rencontrer la Baumann. Et si ce semblant de retrouvailles se veut détendu, l’ambiance s’alourdit lorsque la brune évoque les blessures encore fraiches d’un Alfie qui, loin de s’offusquer de cette honnêteté, apprécie celle-ci après des semaines passées à avoir l’impression d’être une poupée en porcelaine qu’il faut approcher avec douceur. Il essaie de se persuader que cet événement ne l’a pas changé, comme il est parvenu à s’en persuader à son retour de Colombie, et il était sur la bonne voie jusqu’à ce que son entourage ne change sa manière de l’aborder. Ses parents qui, d’ordinaire distants, n’ont de cesse de lui répéter à quel point ils ont eu peur et ne manquent plus une journée sans l’appeler ou l’inviter à passer du temps avec eux, Jules dont les regards se voulaient foudroyants et se veulent désormais bienveillants, Joseph qui n’a pas osé soutenir le regard sur ses blessures, ses amis qui d’ordinaire lui demandent de se la fermer qui acquiescent désormais à tout ce qu’il raconte. La franchise de Leah est donc la bienvenue, et d’autant plus acceptée qu’elle connaît – malheureusement – la situation dans laquelle il se trouve, et que son intérêt n’est pas intéressé ou feint. Elle comprend, c’est tout. Et il n’aurait pas cru que ce serait le premier point commun – outre d’assurer le bonheur d’Anabel – qu’il se trouverait avec Leah. « C’est pas un jeu. » Il se contente de répondre dans un premier temps en haussant les épaules, tentant de poursuivre sur cette conversation courtoise même s’il s’avère légèrement piqué. Il faut dire que c’est dans ce schéma qu’il s’est enfermé avec Amelia, de défis constants pour déterminer lequel parviendrait le plus à souffrir, et celui qui arriverait le plus à atteindre l’autre. Réalisant qu’il régresse avec la jeune femme, il finit par reprendre la parole, non sans un sourire, bombant le torse d’un air victorieux. « Mais si c’en était un, je le serai, oui. » Il peut effectivement se considérer comme le grand gagnant si l’on s’en tient aux comas, y aillant été plongé pendant plusieurs semaines à la suite de leur accident de voiture. Mais Alfie tend à considérer que tout ceci est derrière lui, et l’accident était finalement consenti – il savait les risques qu’il prenait, et ça ne l’a pas dérangé. Un peu comme sa première agression, dont il ne peut réellement se plaindre puisqu’il connaissait les risques du métier. C’est ce qui rend les derniers événements aussi compliqués à accepter ; parce qu’il était chez lui, dans son appartement, en sécurité et qu’il n’avait rien provoqué pour qu’on le surprenne de la sorte. « Un simple accident de travail. » Il répond toutefois à sa question après avoir légèrement secoué la tête et affiché un maigre sourire, de façon à lui faire comprendre qu’il n’est pas brusqué. Il ne l’est pas parce qu’il ne désire pas s’épancher, et que malgré sa question, elle le laisse maître du pourcentage d’informations qu’il concède à partager. « Au mauvais endroit, au mauvais moment. » Il précise pour clore le sujet, car s’il réalise de plus en plus que ce n’était pas un « simple » accident de travail, le fait est qu’il s’agit effectivement d’un concours de circonstances. Du piège qui s’est resserré sur lui, à sa survie qui a surtout dépendu d’un traducteur qui, en réalité, cherchait surtout à assurer la sienne – ce qu’Alfie a toujours compris. Et s’il ne désire pas poursuivre sur ce sujet, Alfie étant toujours récalcitrant d’admettre certaines choses, il se veut plus ouvert sur la question de son ressenti actuel. D’ordinaire, il aurait volontairement changé de sujet, mais il se sent presque à l’aise de les évoquer avec Leah – car encore une fois, elle comprend, comme jamais personne ne l’a compris depuis des mois. Et il n’aurait pas pensé que cette personne prendrait la forme de la remplaçante de Rachel, et peut-être est-ce la raison pour laquelle c’est finalement si facile ; il n’a pas à la côtoyer au quotidien, il n’a pas à la préserver avec de beaux mensonges. Affichant un sourire alors qu’elle confirme savoir de quoi il parle, il acquiesce par la suite, conscient qu’elle est dans le vrai. « Je sais. » Dit-il en faisant écho, avant de reprendre : « C’est juste plus fo-facile de diriger sa colère contre les autres. » Il verbalise enfin, alors qu’il agit de cette manière depuis des semaines en vivant dans le déni d’une colère qu’il aurait retournée contre autrui, lui qui s’est toujours vanté de voir le verre à moitié plein. Mais c’est la vérité, incapable de gérer cette rage qui le consume, et surtout incapable de la retourner contre lui-même comme il l’aurait fait en temps normal si son corps et son mental n’étaient pas aussi affaiblis, il n’a eu d’autres choix que de repousser les autres pour parvenir à évacuer cette rage qui vit en lui depuis des semaines.

Réalisant qu’il en a trop dit, lui qui a pour habitude de rester relativement secret, il préfère retourner la conversation ; et pas seulement par nécessité d’être oublié, mais parce que la réponse l’intéresse réellement. Malgré l’inimité qui existe encore entre eux, Alfie n’est pas sans cœur ; et il est vrai qu’il craint que Leah se retrouve une nouvelle fois dans cette situation. Laissant échapper un léger rire alors qu’elle évoque un improbable retour entre les morts, il ne peut s’empêcher de commenter : « c’est là qu’ils sont le plus envahissant. » Il reconnaît, le visage d’Amelia s’imprégnant un bref instant dans son esprit ; c’est bien depuis son absence qu’elle est paradoxalement aussi présente. « C’est légitime. Mais ce serait aussi t’ar-abaisser à son niveau. » Et est-ce vraiment ce qu’elle veut ? Il ne jugerait pas, au contraire, il serait à même de comprendre. « Je m’en suis déjà rendu compte. » Il confesse quand elle précise qu’une conclusion ne change pas grand-chose. « J’arrive juste pas à me faire à cette idée. » Que les choses ne se terminent jamais réellement, malgré que ce soit sa seule envie. « J’espère aussi. Je te laisserai le cro-cribler de balles à ma place, si tu veux. » Il souligne avec un léger rire, avant de reprendre. « Je dois montrer l’exemple, pas vrai ? » Et c’est l’une des raisons pour laquelle il ne s’autorise pas à craquer ; il ne peut pas se le permettre avec Anabel. Mais Alfie est loin d’être pacifiste sous ses airs détendus, et probablement que s’il se retrouvait dans une pièce avec son agresseur, il s’en ficherait bien de s’abaisser à son niveau – au contraire. Cela ne lui poserait aucun cas de conscience que de lui renvoyer l’ascenseur, il y prendrait même un plaisir certain, il le sait. Et c’est peut-être pour cela qu’il n’a pas envie qu’il soit retrouvé – conscient que si la justice n’est pas faite, il serait capable de la faire lui-même et que les conséquences n’en valent pas la peine. Pourtant ça ferait tellement de bien. « Je suis désolé, pour tout ce qui t’es arrivé. » Il finit par dire, même si ça ne change pas grand-chose. C’est une façon comme une autre de lui offrir un soutien qui peut paraître surprenant, de souligner sa compréhension des événements.

Une compréhension qui est également la sienne lorsqu’elle se justifie de ne pas vouloir passer plus de temps avec Anabel car elle ne s’en sent pas prête pour l’instant. L’anthropologue ne souhaite pas forcer les choses, le but est plus de lui prouver qu’il n’a pas l’intention d’exiger qu’elle sorte de la vie d’une petite fille dont elle a été un repère durant des mois. Anabel l’apprécie énormément, et il serait un véritable monstre que de s’interposer entre les deux femmes, même si ses relations avec Leah ne prenaient pas un nouveau tournant. « Merci à toi. » Qu’il rétorque avec un sourire presque gêné, rapport à toutes ses confessions qu’il s’est senti libre d’exprimer quand d’ordinaire il s’oblige à les taire. Ce n’est pas grand-chose, mais il se sent soulagé d’un poids, qui lui reviendra probablement dès le lendemain. Mais pendant quelques heures, au moins, Alfie a l’impression que le tsunami de pensées qui s’abat d’ordinaire sur lui s’est calmé, et ne se contente que de quelques vagues à défaut de complètement disparaître. Parce que l’ambiance se veut plus solennelle et qu’il se retrouve rapidement dépassé dans ce genre de situation, son naturel revient au galop et il en revient à cette histoire de vaisselle avant qu’une idée de génie – il en est persuadé – le frappe. Même s’il donne l’impression de forcer la jeune femme ; il est toutefois conscient que la colère est parfois difficile à exprimer, et que même si elle fait de la boxe, ça ne fait pas disparaître concrètement les choses. Raison pour laquelle il lui propose cette solution, permettant de réellement éliminer des objets prenant la forme de tout ce qu’elle désire éliminer, oublier, surmonter. D’une certaine nonchalance, le verre qu’il tenait en main vient s’abattre sur le sol, et il invite la jeune femme à en faire de même. C’est en croisant son regard qu’il réalise que ce qui est une solution pour lui ne l’est peut-être pas pour les autres, et qu’il finit par se justifier, des fois qu’il viendrait de gâcher tous les efforts que l’un et l’autre ont faits pour mener une conversation entre adultes. Il ne serait pas outré, ni dépité – les gens vont et viennent dans sa vie sans qu’il n’essaie de les retenir, c’est l’un de ses défauts mais il ne fait rien pour changer cela. Et lorsqu’elle lui tourne le dos pour le planter là, il en vient à imaginer qu’elle va aller récupérer Anabel pour le protéger de ce parrain aux tendances violentes et imprévisibles. Mais c’est bien avec un carton et surtout un sourire sur les lèvres qu’elle revient, que lui renvoie Alfie alors qu’il fait quelques pas pour la rejoindre près de la pile au milieu du salon. « Je te prends au mot, Baumann. » Il répète avec un léger rire, disparaissant quelques instants dans cette maison qu’il connaît bien, passant vers Anabel pour lui dire de ne pas s’étonner à l’entente du bruit, et finissant au garage pour fouiller, jusqu’à trouver une sculpture et un tableau ramenés de l’un de ses voyages humanitaires, de ces objets qu’on embarque pour prétendre avoir un souvenir, mais qui prend la poussière car fait tâche sur le décor une fois posé sur un meuble. Revenant vers le salon,  il s’empare d’un couteau pour la toile avant de tendre le tout à Leah. « Fais ton choix. » Il lui propose, avant de hausser les épaules, rapport au fait que l’un lui revient de droit. « J’ai aussi des con-comptes à régler avec lui. » Malgré toute l’affection qu’il porte à son cousin par alliance, et qu’il lui portera toujours autant à son retour. Et ce n’est pas le fait de lui avoir refilé Anabel qui le dérange, mais bien de ne plus avoir celui qu’il considérait comme son meilleur ami à ses côtés dans cette période difficile, même si ce n’est que temporaire. Il lui manque, mais il ne le verbalisera pas, par respect pour Leah. « À quoi on casse ? » Et peut-être qu’après ils trinqueront, mais dans l’immédiat il est surtout question d’évacuer et de diriger cette frustration dans un objet au travers d’une raison ; l’ex, le kiné, le monde entier, nul ne doute qu’ils trouveront des raisons de recouvrir le sol de débris.
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Message(#) Sujet: Re: (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole EmptyMar 25 Fév 2020 - 15:26




I'll let the darkness swallow me whole.
Anabel jouait à merveille le rôle qu’elle ignorait elle-même tenir, servant de pont entre Leah et Alfie alors que les deux adultes ignoraient encore comment se comporter l’un envers l’autre. Tout avait changé et plus rien dans cette situation n’était normale, changeant ainsi la dynamique entre eux. Il était autrefois le cousin de la défunte femme de Stephen tandis qu’elle s’était imposée comme figure de remplacement et ce même si tel n’était pas son but. A présent, l’anthropologue personnifiait le nouveau visage de l’autorité pour Anabel et Leah n’était désormais rien de plus que son ancienne belle-mère. Tout cela aurait pu se résumer à un simple passage éclair dans la vie de la fillette, mais rien n’était jamais aussi simple et les liens que la brune avait forgés avec la mini-Forbes et avec Jules complexifiaient légèrement le tout. Est-ce que la libraire avait fait allusion à la soirée qu’elles avaient passées ensemble ? Avait-elle avoué à son compagnon qu’elle avait été désignée comme étant la marraine de leur enfant à naître, si tout n’avait pas pris fin aussi abruptement ? Leah ne lui poserait pas la question, car elle ignorait tout de la complicité et de la relation qui liait ce couple. La brune était devenue une amie, mais elles apprenaient encore beaucoup l’une sur l’autre, et quant à Alfie… Il était raisonnable de conserver une certaine distance pour l’instant avant qu’elle ne se prononce réellement. Difficile à cerner, le jeune homme semblait tantôt agressif, tantôt compatissant à son égard, ce qui ne faisait que renforcer les incertitudes qu’elle avait le concernant. La seule chose dont elle était à peu près sûre, c’était qu’elle souhaitait demeurer dans la vie d’Anabel et qu’elle n’y parviendrait pas s’il décidait de se mettre en travers de leur chemin. Et si tel était le cas, elle respecterait cette décision et ce même si elle serait source d’une énième douleur lui tiraillant la poitrine – mais elle n’était plus à ça près. Ravie de glaner les quelques moments qu’il était prêt à lui offrir pour l’instant, elle posait un regard tendre sur la fillette qui ne cessait de l’impressionner par son assertivité et ses capacités d’adaptation. Tout ça lui servirait plus tard, c’était certain. Mais pour l’instant, la tête brune décida de laisser cette manche à son parrain en choisissant de disparaître afin de lui épargner le supplice de l’observer ingérer ce qu’il jugeait comme étant si affreusement mauvais pour la santé, provoquant un sourire en coin chez Leah qui s’amusait de la scène sans s’en cacher. Une menace à peine voilée de sa part provoqua un léger pincement chez le brun qui comprit sans doute où elle voulait en venir. Pas tout à fait prête à baisser sa garde face au Maslow qui l’avait plus ou moins malmenée aux prémices de leur relation, la brune conservait une certaine froideur face à lui, même si au fond d’elle-même elle était déjà prête à faire l’impasse là-dessus pour aller de l’avant. Après tout, rien ne l’obligeait à lui amener la fillette, ni à rester auprès d’elle en lui demandant comment elle allait. Une interprétation bancale de ces signes prouvait à la jeune femme qu’il avait sans doute envie lui aussi d’améliorer la qualité de leurs rapports. Désireuse de ne pas laisser la conversation s’avancer trop rapidement sur son propre état d’esprit, Leah embraya directement sur l’état physique un brin amoché du brun, faisant ainsi référence - avec un manque de sensibilité qui ne lui ressemblait pas vraiment - à l’agression qu’il avait vécue. Il sembla désarçonné par son ton direct, mais d’expérience la jeune femme savait qu’il ne servait à rien de tourner autour du pot ou de prendre des pincettes dans ce genre de circonstances. Pour elle, ça n’avait fait qu’empirer les choses et quelque chose lui disait qu’il en serait de même pour le Maslow. Faisant le parallèle avec son propre vécu, Leah finit par lui concéder la victoire à deux contre un pour le coma. Et si la jeune femme pensait continuer sur un trait d’esprit voué à apaiser l’atmosphère légèrement tendue qui s’était amenée avec le sujet, elle réalisa que l’effet inverse venait de se passer tandis qu’il lui répondait un  « C’est pas un jeu. » accentué par un haussement d’épaules qui voulait tout dire. Les évènements étaient bien plus récents pour lui que pour elle, et si Leah avait tendance à tourner certaines choses à la dérision afin d’en effacer le côté dramatique, sur ce coup-là Alfie ne sembla pas apprécier la technique – qu’il affectionnait pourtant tout autant qu’elle en temps normal. « Mais si c’en était un, je le serai, oui. » La brunette s’était tout juste retenue de lui affirmer qu’elle n’avait jamais prétendu que tout ça était un jeu, désemparée par la réaction abrupte de l’anthropologue, mais sa réaction suivante la rassura quelque peu et lui arracha même un sourire de soulagement. « Ne crois pas que je prends ça à la légère. » Lança-t-elle tout de même dans un souci de rétablir les choses ; elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle n’accordait aucune importance à tout ça ou qu’elle minimise ce qui était en train de lui arriver ou même ce qu’il leur était arrivé d’ailleurs. « Et pour une fois c’est bien quelque chose où je suis ravie d’être perdante. » Ajouta-t-elle en fronçant le nez avant de lui adresser un petit sourire destiné à apaiser la quelconque irritation qui aurait pu prendre possession de lui face à son manque de diplomatie vis-à-vis de ces agressions. Étonnée qu’il ait vécu par deux fois le coma, elle ne pu retenir sa curiosité naturelle en l’interrogeant sur ce qu’il s’était passé et ce sans trop insister – au cas où il n’aurait pas forcément envie de se lancer dans des explications trop douloureuses.« Un simple accident de travail. » Il lui répondit brièvement et il n’en fallu pas plus à Leah pour comprendre qu’il ne désirait pas forcément s’étaler sur le sujet. « Au mauvais endroit, au mauvais moment. » Une part d’elle-même s’interrogeait sur ce qu’un anthropologue pouvait bien vivre comme accidents de travail, visualisant la chose comme un métier par particulièrement risqué – bien que l’étude des tribus aborigènes devait sans doute amener son lot de surprises. « Contente que tu t’en sois sorti. » Argua-t-elle dans un léger sourire, ne poussant pas davantage la pêche aux informations. Un coma n’avait rien d’anodin et si elle ignorait les circonstances exactes de ce qui lui était arrivé, elle pouvait toutefois affirmer qu’il était un survivant, comme elle. Frôler la mort était quelque chose qui vous marquait au fer rouge et rien ni personne ne pouvait effacer ou atténuer les souvenirs bien trop vivaces qui s’emparaient de vous lorsque quelque chose ou quelqu’un rappelait ce qu’il s’était passé. C’était d’ailleurs sur ce postulat que la brune décida de partir en lui expliquant qu’elle savait parfaitement ce qu’il traversait en ce moment, et ce même s’il s’employait à garder la face et à prétendre que tout allait bien. Les autres personnes de son entourage pourraient facilement se leurrer, mais pas elle. Pas après avoir agi de la même façon pendant des mois, elle aussi. « Je sais. C’est juste plus fo-facile de diriger sa colère contre les autres. » Il prêchait un converti. Il était difficile de gérer l’injustice qui frappait de façon purement spasmodique et hasardeuse, plongeant la victime dans un sentiment de haine, de honte et d’insécurité en continu. La brune s’était tournée vers la boxe et y avait trouvé un exutoire, même si ça n’était qu’une façon de diriger sa colère vers autre chose que ses proches. Au final, seul le temps et le soutien de Stephen et de sa famille lui avaient permis d’aller de l’avant et de se délester du poids qui lui pesait sur la poitrine. Elle était même parvenue à oublier le fait que Camden était toujours dans la nature, une erreur qu’elle avait fini par payer cher puisque lui de son côté ne s’était jamais allé à négliger son existence de la même façon qu’elle et que son retour avait été le déclencheur de tout ce qui avait suivi – elle en était intimement persuadée. « C’est normal, mais ça te passera. Et puis tu es bien entouré. » Elle faisait ainsi référence à Jules qu’elle savait être un vrai roc lorsque la situation l’exigeait, tout comme Anabel qui, elle en était sûre, devait être une source d’apaisement pour le Maslow en proie à toutes sortes de sentiments contradictoires et difficiles à gérer. A son tour, il évoqua Camden et la possibilité qu’il ne revienne terminer le travail – sans savoir qu’il avait déjà tenté sa chance il y a quelques mois d’ici et qu’il avait par la même occasion rencontré un destin pour le moins funeste. Un fait qui la poussait à croire qu’il ne risquait pas de revenir de sitôt, à moins qu’il ne se la joue Conjuring ou une autre connerie du genre. La boutade avait été lancée avec un brin d’humour, même si au fond d’elle le sang de la brune se glaça à la perspective qu’il soit capable de jouer avec des forces surnaturelles pour revenir une nouvelle fois pour elle. C’était hautement improbable, mais quand même. « c’est là qu’ils sont le plus envahissant. » Il n’avait pas tout à fait tort, et la mort de Camden n’avait pas empêché la jeune femme de continuer de penser à lui et de ressasser tout ce qu’il lui avait fait vivre depuis qu’elle avait croisé son regard au MacTavish il y a près de six ans d’ici. Mais le fait qu’Alfie sache également ce que ça faisait alluma une lueur de surprise dans son regard, hésitant une seconde à lui demander de quoi il parlait avant de décider qu’elle avait été suffisamment intrusive pour aujourd’hui. « En effet. » Concéda-t-elle simplement avec un sourire désabusé avant de préciser que si elle avait pu en finir elle-même avec lui, elle n’aurait pas eu le moindre instant de doute avant de presser la gâchette. « C’est légitime. Mais ce serait aussi t’ar-abaisser à son niveau. » Et à nouveau, il marquait un point. Avalant quelques gorgées de son verre d’eau d’une main tremblante, elle lui avoua que d’obtenir justice ou une quelconque conclusion à tout ça n’apaisait en rien le feu qui les brûlait de l’intérieur. « Je m’en suis déjà rendu compte. J’arrive juste pas à me faire à cette idée. » Elle non plus, et pourtant il fallait bien. « C’est bien pour ça qu’on appelle ça des injustices. » Argua-t-elle avec une once de philosophie qui ne lui ressemblait pas vraiment, amenant ainsi une certaine fatalité à ce qu’il leur était arrivé. Il s’agissait de la réalité et non pas d’un film ou tout finissait bien à l’instant où le héros voyait son tortionnaire mourir ou se faire coffrer. Elle était restée intimement persuadée que voir disparaître Camden de la surface de la terre lui permettrait de tourner la page, de passer enfin à autre chose, mais il faisait partie d’elle et de son histoire, qu’elle le veuille ou non. Les cicatrices physiques aussi bien que celles de son esprit restaient là et ne s’atténuaient pas, et ce même si elle déployait une quantité d’énergie astronomique pour y parvenir. Il fallait vivre avec. Il était là, le constat affligeant. « J’espère aussi. Je te laisserai le cro-cribler de balles à ma place, si tu veux. » Lança-t-il après qu’elle lui eut souhaité qu’ils retrouvent la personne qui lui avait fait ça. Elle hocha la tête avant de laisser un rire s’échapper à son tour, laissant ainsi la légèreté reprendre sa place dans leur conversation. Parce qu’il ne fallait pas les laisser gagner, pas vrai ? « Je dois montrer l’exemple, pas vrai ? » Elle n’eut pas besoin de beaucoup de temps pour comprendre qu’il faisait référence à Anabel, et une chose était certaine, il ne pouvait pas se permettre le moindre acte qui risquerait de compromettre sa garde. Alors oui, il devait montrer l’exemple, même si ça lui en coûtait. « Elle compte sur toi. » Se contenta-t-elle de dire, laissant le doute planer sur laquelle des deux têtes brunes présentes dans la vie d’Alfie était la première concernée par ses paroles. Leah ne voulait pas verser dans les discours réconfortants et pleins de bons sentiments, tout simplement parce qu’elle n’en pensait pas un mot. Elle aussi vivait actuellement une nouvelle crise, une injustice inattendue dont elle ne pouvait réellement blâmer personne cette fois, à par peut-être elle-même. Et pourtant, elle savait très bien que si elle avait pu rejeter la faute sur quelqu’un, elle n’aurait pas été capable de conserver son calme ou d’essayer d’être la meilleure des deux. Elle ne pouvait donc pas attendre d’Alfie qu’il agisse d’une façon qu’elle n’aurait pas été capable de faire non plus. « Je suis désolé, pour tout ce qui t’es arrivé. » Si elle avait cru entendre un jour ces mots sortir de la bouche du Maslow à son égard… Et pourtant, maintenant qu’ils avaient discuté et s’étaient découverts des points communs pour le moins inhabituels, tout ça ne sonnait plus si faux désormais. « Merci. » Se contenta-t-elle de répondre avant d’éponger son trouble dans une énième gorgée d’eau. « Merci à toi. » Un sourire un rien embarrassé vint ponctuer ces remerciements et elle le lui retourna sans le relever, car certaines choses méritaient de rester ainsi, sans chercher à aller au fond des choses. Il comprenait sa position vis-à-vis d’Anabel, et rien que ça apportait une vague de soulagement chez la brunette qu’elle n’aurait pas pensé ressentir en sa présence. Elle avait besoin de temps, pour un tas de choses, et gérer la fillette faisait partie de ce processus qu’elle abordait avec prudence tant la peur de tout foirer s’emparait d’elle à chaque instant. Et soudain, après un léger silence où l’on pouvait presque entendre les pensées de l’autre, Alfie redevint Alfie. Et Leah entendait par là qu’il décida d’agir d’une manière impulsive à laquelle elle ne s’attendait absolument pas, fracassant au sol un verre qu’il jugea comme étant un bon exemple de ce qu’il définissait comme « de la vaisselle pleine de calcaire qu’elle n’allait pas garder » et qui pouvait parfaitement être embarquée comme munition dans l’endroit auquel il faisait référence. La brunette avait déjà entendu parler de ces endroits, ceux où on pouvait démolir à peu près tout et n’importe quoi – sauf ceux qui vous accompagnaient – de présent dans la pièce. Et après un moment d’intense réflexion, Leah décida qu’il s’agissait d’une excellente idée. La spontanéité avait toujours fait partie d’elle, mais la brune avait laissé cet aspect de sa personnalité de côté depuis trop longtemps à son goût. Plantant le Maslow – et la tasse mal orthographiée – sur place, elle se dirigea vers une caisse vide qu’elle comptait finalement remplir de ce qu’elle imaginait bien comme étant des choses desquelles elle comptait se débarrasser - disons simplement qu’elle avait pensé à une façon plus classique pour se délester de tout ça – et revint dans la pièce avec un large sourire pour annoncer au brun qu’elle le prenait au mot. Dans le salon trônaient un tas de cartons qui n’attendaient qu’à être trier plus tard, mais maintenant c’était bien aussi. « Je te prends au mot, Baumann. » Lança-t-il à son tour avec mimétisme dans un petit rire lorsqu’elle lui affirma que détruire de la déco faisait aussi partie des bonnes idées du jour, lui demandant de revenir avec quelque chose de subtil mais qui lui procurerait un intense sentiment de contentement lorsqu’elle l’exploserait au sol. Alfie avait disparu avec un sourire de gamin et elle devait bien l’avouer, Leah commençait elle aussi à ressentir un étrange sentiment d’excitation en anticipant ce qui allait suivre. Car s’il avait évoqué un endroit où faire tout ça, il était devenu évident que leur impatience allait transformer le séjour en scène de meurtre pour mobilier dans les minutes qui suivraient, mais qu’importe. Anabel allait simplement comprendre qu’elle était dans une famille de fous, mais elle devait déjà avoir quelques doutes depuis le temps. « Fais ton choix. » Armé d’un couteau, il lui présenta une toile ainsi qu’une sculpture sous les yeux avant de lui proposer de choisir entre les deux, signalant ainsi qu’il se réservait le droit d’en détruire une lui aussi. Relevant un sourcil dans sa direction, elle laissa son regard passer de l’un à l’autre avant de revenir vers lui alors qu’il haussait les épaules en ajoutant un « J’ai aussi des con-comptes à régler avec lui. » qui prit tout son sens sans qu’il n’ait besoin d’entrer dans des détails qui n’avaient pas forcément leur place entre eux aujourd’hui. « Le tableau. » Désigna-t-elle finalement de l’index avant de tendre la main pour qu’il lui passe l’arme du crime, et ce sans lâcher la peinture des yeux. Elle allait commencer par lacérer cette toile de part en part avant de se jeter sur le reste, sur tout ce qui représentait la vie qu’elle n’aurait plus jamais. Et puis elle n’aurait plus qu’à ramasser les morceaux qui ressembleraient à une métaphore sinistre de sa propre existence ; charmant.  « À quoi on casse ? » Et c’était probablement un rien trop intimiste, mais pourtant Leah ne ressentait pas la moindre gêne à s’exprimer ouvertement devant Alfie et ce pour une raison qu’elle ignorait totalement. « Et si on commençait par casser au nom de tout ce qui nous est tombé dessus ces dernières années ? » Lança-t-elle en s’approchant lentement du tableau, brandissant son couteau tout en serrant celui-ci jusqu’à ce que la jointure de ses doigts devienne blanchâtre. « Stephen… » Elle fit s’abattre la lame avec force et retira celle-ci non sans ressentir une once de frénésie en agissant ainsi. « Camden… Cette… putain… de… colère que… j’arrive pas… à gérer… Aaron. » Le couteau s’abattait encore et encore, et puis d’un seul coup son bras s’affaissa et sa voix se brisa tandis qu’elle prononçait le prénom de son bébé. Ce petit garçon qui n’avait pas réussi à prendre sa première bouffée d’air, car il était encore bien trop petit pour venir si tôt dans ce monde. Sentant les larmes lui monter aux yeux, elle recula d’un pas et releva le nez vers Alfie en lui indiquant qu’il pouvait y aller lui aussi – elle voulait bien partager. Lui aussi avait sans doute des choses à dire avant qu’elle ne se laisser aller à exploser tout ce qu’elle trouverait dans ces caisses.



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Message(#) Sujet: Re: (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole (alfeah) i'll let the darkness swallow me whole EmptyMer 25 Mar 2020 - 22:31


Il est le premier à s’en surprendre ; pourtant l’évolution presque naturelle de leur conversation au fil des minutes lui fait regretter de s’être autant caché derrière Anabel et d’avoir anticipé la rencontre au point où il était prêt à saisir la première excuse pour éviter celle-ci. Pourtant, ça ne lui ressemble pas d’être aussi anxieux, bien au contraire. D’ordinaire, Alfie n’a pas peur de se confronter aux situations les plus anxiogènes – il prend même un malin plaisir à provoquer celle-ci la plupart du temps. Mais avec Leah, c’est différent depuis le premier jour où il a appris son existence, avant même de véritablement la rencontrer. De par son statut de remplaçante qu’il lui a accolé dès le départ, elle est entrée dans une catégorie clairement définie dans les faits ; bien moins réglementaire en pratique. Il s’est forcé à la détester dès le premier jour parce qu’elle prenait une place qui aurait dû rester à jamais vacante – et tant pis si c’est une pensée foutrement égoïste envers Stephen. Rachel lui provoque encore de nombreux tourments de par son absence autant que les souvenirs de son existence, et pour gérer ceux-ci Alfie a simplement décidé de faire de Leah la personnification de son deuil difficile ; et toute la colère et les incertitudes qu’il n’a jamais pu exprimer se sont adressées à elle dès leur première rencontre. Mais celle-ci lui a aussi démontré que les choses n’étaient pas aussi faciles qu’il l’aurait voulu ; et que même s’il a mis un point d’honneur à se montrer froid envers elle pour qu’elle ne prenne pas trop ses aises et pense pouvoir combler le vide laissé par sa cousine, il a très vite compris que ses efforts ne seraient pas payants ; le point culminant étant atteint aujourd’hui alors que Leah prend effectivement la place de Rachel à ses yeux – même si c’est temporaire – et qu’il la laisse faire car même s’il s’agit d’une solution bancale, c’est la seule qui se présente à lui. Rachel a toujours été sa confidente, celle en mesure de le comprendre sans même qu’il n’y ait à ouvrir la bouche, celle qui savait lire dans son regard mieux que personne, celle qui n’a jamais été dupe face à ses mensonges. Celle qui s’est perpétuellement accrochée à lui alors qu’il s’épuisait à la rejeter parce qu’il considérait que c’était la solution pour éviter à sa cousine de connaître trop de souffrances, sans se douter qu’il était alors à l’origine de celles-ci. Ce n’est qu’à sa mort qu’il a enfin commencé à se remettre en question. Mais c’était trop tard, et c’était trop douloureux de réaliser que, finalement, malgré tous ses espoirs, Rachel n’aurait jamais pu totalement le comprendre. Car s’il persistait à penser qu’il partageait tout avec elle, la vérité est qu’il lui cachait encore des pans de sa vie comme il l’avait fait lorsqu’ils étaient plus jeunes. Cette fois-ci, il avait l’assurance que les révélations n’amèneraient pas une rupture entre eux – et que celle-ci prendrait la forme de la mort de la jeune femme, lui permettant ainsi de repousser indéfiniment l’instant où elle le confronterait sur ses démons. Ceux qui l’ont poussé à fuir en Colombie lorsqu’elle se battait contre la maladie ; ceux qu’il a ramené de ce pays en revenant dans le sien. Ceux qu’il traîne avec lui depuis plusieurs semaines, et cette agression gratuite qui a réactivé tant de choses en lui. Au-delà de ça, Rachel pouvait seulement prétendre comprendre, n’ayant jamais été confrontée à la violence, physique, psychologique, reçue, auto-infligée, qu’Alfie vivait au quotidien. Et il n’aurait jamais pensé que Leah serait celle à même de le comprendre, et de ne pas juste prétendre. Ça lui fait mal, au fond, de donner ce rôle à une inconnue, autant que ça le soulage de ne plus avoir se cacher. De laisser les fondations de la maison bancale dans laquelle il s’est abrité s’effondrer, et d’accepter ce rôle de spectateur qu’est le sien depuis des semaines ; alors qu’il ne peut rien faire d’autre que se sentir impuissant face à cette convalescence qui prend un temps qu’il n’a pas à lui accorder. Alfie n’a jamais été patient ; aujourd’hui plus que jamais il ne supporte plus l’idée d’être prisonnier de son propre corps, et pire encore, de son propre psychisme qui ne le lui laisse que des miettes pour tenter d’appréhender cette agression. Mais ça ne suffit pas, et ça le frustre plus que jamais. Et s’il essaie de faire bonne figure par obligation et par nécessité, face à Leah il sent qu’il peut ôter le masque. Il ignore exactement la profondeur des liens qui l’unissent avec Jules ; mais quelque chose lui donne l’impression qu’elle n’ira pas transmettre ce qu’il laisse paraître à sa compagne, ni qu’elle utilisera les informations qu’il met entre ses mains pour acquérir une vengeance qui serait pourtant bien méritée. Parce qu’il n’a pas été tendre avec elle, et qu’elle n’a aucune raison de l’être avec lui et d’accepter ce rôle qui semble vouloir lui confier.

Il secoue légèrement la tête et esquisse un sourire qui se tente rassurant alors qu’elle précise qu’elle ne prend pas les choses à la légère ; il ne l’a jamais pensé. Il ne s’est pas offusqué quoi qu’il puisse laisser paraître, et si tel était le cas, il serait bien mal placé pour s’outrer de la franchise de Leah, qui est finalement rafraîchissante après des semaines à être traité comme un enfant. Pourtant, c’est ce qu’il est redevenu ; il ne peut prétendre qu’il est ignorant de cette régression qu’est la sienne depuis quelques semaines. Incapacité à s’exprimer correctement, à conserver son équilibre, prédisposition à oublier ce qu’on lui dit et à n’en faire qu’à sa tête, repoussant ses limites par besoin de se prouver quelque chose. Alors oui, il apprécie que la jeune femme soit directe ; il apprécie seulement moins les choses que cela lui remémorent. « On ira fêl-fêter ma victoire et ta défi-défaite, à l’occasion, tiens. » Qu’il ajoute, un air plus chaleureux sur le visage pour ne pas qu’elle pense qu’il a mal pris ses propos. C’est loin d’être le cas, et la perspective de côtoyer Leah dans un autre contexte lui fait moins peur qu’il y a une demi-heure. Il ne sait pas si cette proposition est sincère ou non, dans tous les cas il s’amuse toujours de ces points communs dramatiques qu’ils se sont trouvés. Il perd un peu de son humeur lorsqu’il s’agit d’évoquer le premier coma auquel il fait référence ; un sujet qu’il prend à cœur d’éviter. Aujourd’hui ne fait pas exception à la règle, et Alfie tente de s’en débarrasser au plus vite. S’il est prêt à s’ouvrir sur certains aspects et qu’il en ressent la nécessité après tant de mois à contenir ces mots explosifs en lui, il y a encore des étapes qu’il refuse de franchir – et qu’il refusera probablement tant qu’il n’aura pas véritablement explosé. L’histoire peut être conclure par un simple « au mauvais endroit, au mauvais moment » comme il lui dit lui-même, et peut-être que le prononcer à voix haute l’aide à y croire. C’est la vérité, seulement cette formulation lui permet de maintenir une certaine distance, de ne pas ouvrir des plaies qui n’ont pourtant pas cicatrisés, de ne pas ouvrir les yeux, surtout. Affichant un sourire pincé en remerciement silencieux aux propos de Leah, celui-ci disparaît rapidement alors qu’il verbalise pour la première fois cette nécessité qu’il a de diriger sa colère vers les autres plutôt que de faire face à des traumatismes qu’au fond, il ne veut pas résoudre. Parce qu’ils font partie de sa vie depuis si longtemps qu’il se persuade qu’il ne saurait survivre sans ceux-ci. Il a besoin d’eux ; parce qu’ils l’ont forgé, parce qu’ils lui rappellent par quoi il est passé. Parce qu’il a besoin d’eux, parce qu’il a besoin de cette souffrance qui lui permet de contenir toute cette violence qu’il aimerait exprimer, de cette destruction qu’il voudrait s’infliger. Il a remplacé une drogue par une autre ; de celles dont on ne peut jamais vraiment se débarrasser mais qui s’avèrent tout aussi destructrices. « Hm, hm. » Qu’il acquiesce en tentant un nouveau sourire. Bien-sûr qu’il est bien entouré. Bien-sûr qu’il se ment à lui-même. Jules est son roc ; ce n’est pas à démontrer depuis tant d’années. Mais si elle est celle qui panse ses plaies, elle est aussi celle qui lui en cause de nouvelles. Il n’existe pas d’harmonie entre leurs désirs ; et plutôt que de l’admettre, ils persistent à se voiler la face, peu importe les dégâts que cela cause. Sur leur couple, et sur chacun d’eux individuellement. Du côté d’Alfie, ce qu’il ressent est surtout cette envie de plus en plus difficile à contrôler de fuir à nouveau son pays natal ; parce que tout autour de lui lui confirme qu’il n’avait jamais été aussi heureux qu’en s’en éloignant. À l’autre bout du monde, les préoccupations ne sont pas les mêmes, et la façon dont il vivait sa vie auparavant, comme il l’entendait ou sous des préceptes dans lesquels il se reconnaît bien mieux, lui manque cruellement. Cette mentalité occidentale de ne s’épanouir qu’en obéissant à un schéma exigeant métier bien payé, mariage fastidieux et enfants comme consécration d’une vie réussie n’est pas ce dans quoi il se reconnaît, contrairement à Jules. Pour le reste… Alfie ne s’est jamais senti aussi seul que depuis qu’il est revenu à Brisbane. Il a pris conscience d’à quel point ses amitiés étaient superficielles, d’à quel point il avait toujours agi de manière à ne jamais les conserver bien longtemps en les délaissant très rapidement ; lui confirmant à quel point son égoïsme est la seule chose dans laquelle il s’épanouit. Mais tout ça, il ne peut le verbaliser, alors il se contente d’un « j’ai de la chance » qui conclut un chapitre d’une histoire qui ne vient que de s’ouvrir.

Il y en a d’autres qu’il n’a jamais vraiment pu conclure, comme celle qui concerne Amelia ; qui persiste à envahir ses pensées alors qu’il a tout tenté pour l’en déloger. Mais elle s’accroche ; et plus que jamais elle est présente dans ses pensées, alors que sa voix lui répète qu’il était bien plus libre et heureux lorsqu’il lui obéissait, et que sa conscience tente de s’interposer en lui répétant qu’il n’était ni l’un ni l’autre et qu’il s’est seulement bercé d’illusions. Il ne s’épanchera pas sur le sujet ; parce qu’il n’en a pas envie et parce qu’il n’est pas question de lui, mais bien de Leah. Il a suffisamment monopolisé la parole pour la laisser reprendre le dessus de la conversation ; même si là encore il ne s’agit pas d’un jeu. Esquissant un léger rire pour lui concéder le point lorsqu’elle évoque les injustices, il secoue brièvement la tête d’un air entendu. Elle a raison ; et c’est quelque chose qui l’a toujours dépassé en temps normal. Il en a vu, des injustices, dans le cadre de son travail. Et s’il revendique fièrement son égoïsme, il dénonce pourtant avec vigueur celui des gouvernements contre lesquelles il est amené à s’opposer quand il exerce son rôle de médiateur ; et pourtant il ne gagne pas à chaque fois. Ce serait bien trop facile ; et peut-être que ça le dégoûterait de son métier si les choses étaient toujours aussi faciles. Mais maintenant qu’il y est directement confronté (dans une moindre mesure), Alfie n’en peut plus, et cela accentue son besoin de quitter ce pays, de quitter ce continent et d’aller vivre là où la société n’est qu’un mot dans un dictionnaire et pas un modèle concret. « Temporairement. » Qu’il se sent presque obligé de corriger par la suite ; ne sachant pas vraiment si le constat le rend heureux ou malheureux. Parce qu’il apprécie tout ça bien plus qu’il ne le voudrait l’admettre même s’il ne voit que du négatif, alors même qu’il ne peut pas être aussi libre de ses actes comme il le voudrait. Dans d’autres circonstances, s’il était confronté à son agresseur, il ne réfléchirait pas à deux fois avant de lui infliger les mêmes blessures pour être sur un pied d’égalité, mais avec Anabel dans l’équation il se voit contraint de réduire cette impulsivité qui le caractérise.

C’est finalement un échange de simples « merci » qui prennent tout leur sens qui achève cette conversation lourde, mais nécessaire. Et parce qu’il est autant tendu par l’échange que convaincu qu’ils n’ont pas encore totalement exprimé toute la colère qu’ils ressentent qu’Alfie propose une solution qui saura détendre l’atmosphère autant que les apaiser – ou essayer, du moins. Un verre qui s’écrase au sol, quelques explications bafouées, et un départ qui lui donne l’impression d’avoir anéanti tous les efforts précédents (qui se sont avérés plus naturels que forcés, en réalité) finissent par convaincre Alfie que la manière dont il envisage les choses se heurte parfois à la réalité des autres. Pourtant, c’est avec un sourire qu’il accueille le retour de Leah, qui s’élargit encore plus alors que sa proposition de s’attaquer directement aux affaires de Stephen est reprise par la jeune femme. Cette fois-ci, c’est lui qui quitte les lieux quelques instants, avant de revenir victorieux au salon. Qu’elle ne s’y trompe pas ; s’il souhaite l’aider dans ces moments difficiles, il n’a pas l’intention de lui laisser l’avantage concernant le kiné ; c’est sur un pied d’égalité qu’ils se trouvent même si son ressentiment est probablement moindre que celui de la jeune femme. Mais Stephen est parti ; et si Alfie défend bec et ongles son départ parce qu’il aurait fait la même chose, son ami lui manque. Atrocement, et il n’aurait pas pensé que ce serait aussi compliqué à gérer pour lui. Que les nouvelles se feraient rares ; et que s’il ne faisait pas un pas en direction du kiné, il a cette désagréable impression que de son côté, il n’en ferait pas à l’encontre de l’anthropologue. Ce dernier ne lui en veut pas ; il sait qu’il s’agit surtout de penser à lui et de prendre du temps pour parvenir à supporter les récents événements. Mais cette amitié en devient presque forcée avec la distance, et Alfie prend une posture de forceur qui ne lui ressemble pourtant pas. Tendant le tableau à Leah, puis le couteau, il finit par lui demander d’un air de défi à quoi ils cassent, là où d’autres se seraient offusqués de cette manière de régler leurs tourments, alors que cela semble presque naturel dans ce contexte. Acquiesçant vivement à la proposition de la jeune femme, il s’écarte légèrement pour la laisser libre de ses mouvements, tandis qu’il l’observe. Et loin d’être gêné alors qu’elle s’épanche et que d’ordinaire il n’apprécie pas qu’on le fasse auprès de lui, Alfie esquisse un sourire ; parce qu’il comprend qu’il ne s’est pas trompé, et qu’elle en a besoin autant qu’il l’a soupçonné. Et que même si leur relation ne connaît pas de changement après cet interlude, il aura su laisser une autre image que celle du type qui ne pense qu’à lui sans se soucier des sentiments des autres. Parce qu’il se soucie d’elle plus qu’il ne le voudrait, et que son cœur se brise au même titre que sa voix quand elle prononce le prénom de ce bébé qu’on lui a enlevé bien trop vite. Et il l’aurait peut-être prise dans ses bras dans un autre contexte ; mais cela lui semble inapproprié. Elle n’a pas besoin de sa pitié alors au moment venu son geste consiste à s’approche de la statue préalablement rapportée. « Stephen. » Qu’il fait écho, comme l’ouverture de sa colère au même titre que celle de la jeune femme quelques instants auparavant. S’emparant de l’objet, c’est pour mieux le lancer à terre, dans un geste presque naturel malgré la force qu’il y met. « Cet agresseur. » Qu’il ajoute par la suite, tandis que son pied s’abat sur des morceaux bien trop gros pour le satisfaire. Ce connard, qui court toujours, qui profite d’une liberté dont il a privé Alfie. Et alors qu’il pensait avoir besoin de forcer les choses ; la colère s’empare rapidement de lui tandis que les pensées s’enchaînent. « Amelia. » Qu’il s’autorise à verbaliser tandis que son pied s’écrase une nouvelle fois avec rage au sol, continuant de réduire l’objet en pièce. « Jules. » Et même la personne la plus chère à ses yeux y a le droit ; alors que ce ne sont bientôt plus que des amas de statue qui sont au sol mais cela ne l’arrête pas. « Cette colère. » Qu’il fait à nouveau écho à Leah. « Cette injustice. » D’une agression qui ne connaître pas de conclusion. « Cette impuissance. » D’être prisonnier de son propre corps ; de son propre cœur, même. Et il n’a plus vraiment d’autres raisons à énoncer, autant qu’il en a des dizaines ; mais il n’a plus le souffle pour le faire alors qu’il ne s’est pas gêné pour aller piocher cette fois-ci du côté du carton amené par Leah, et que ce sont une tasse, puis un verre, qui rejoignent les débris éparpillés au sol ; parfaite représentation de sa colère mais, aussi, de lui-même.
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