@Diana Rhodes et Julian Hudson ⊹ And when I leave this planet, You know I'd stay but I just can't stand it and I can feel the warning signs running around my mind And if I could leave this spirit I'll find me a hole and I will live in it and I can feel the warning signs running around my mind

Les locaux s'étaient vidés au fur et à mesure de l'après midi ; lentement au début, puis d'un bloc sur les coups de seize heures. C'était vendredi, et bien que les projets que tous avaient en cours étaient des plus intéressants, la perspective d'un weekend ensoleillé passé à se prélasser chez soi l'était davantage. Mais pas pour tous, visiblement. Restaient dans leurs bureaux et dans les ateliers, quelques réfractaires dont faisait partie Julian. Dix huit heures passées, et le Hudson en était toujours à plancher sur des calculs qui mettaient ses nerfs à rude épreuve, non pas à cause de leur complexité, mais parce que sa productivité était au point mort. La tête ailleurs depuis que ses pieds avaient foulé le sol ce matin, rien n'avait suffit à le recentrer. Pas les quarante minutes de route en musique jusque Jimboomba, ni la douzaine de gobelets de cafés enfilés au cours de la journée, et encore moins ces réunions qui s'étaient enchaînées sans qu'il n'y accorde une grande attention. Shame. Julian était ailleurs sans trop savoir pourquoi, et bien qu'il y mette du sien pour ne pas être payé à bailler aux corneilles, il s'accrochait toutefois à l'espoir que demain serait un autre jour et qu'il réussirait enfin à boucler cette maudite procédure avant de l'envoyer à son collègue pour relecture. "Tu devrais rentrer chez toi." La main qu'avait posée Janice sur son épaule l'avait fait sursauter ; déjà parce qu'il ne s'y attendait pas, et ensuite car il s'était coupé du monde en glissant ses écouteurs dans ses oreilles quelques heures plus tôt. Les retirant avec précipitation, il manquait de faire se renverser son mug encore plein de moitié de café froid. "Merde." soufflait-il alors simplement, se passant une main fatiguée sur le visage. Il ne savait pas exactement depuis quand la prévenance avait pris une si grande place chez tout le personnel de la BSA, toujours est il que ces derniers temps tous avaient développé une sorte d'aura bienveillante qui consistait à prendre des nouvelles les uns les autres et à renvoyer chez soi tout collègue dont la fatigue sautait aux yeux. L'accident de Lex n'y était pas pour rien, sans doute. Il avait remué les consciences, et même lui pour qui le lien avec la Hamilton n'avait rien d'évident avait été touché par cet épisode, le poussant à tenter de reléguer au second (voire au troisième) plan son naturel impatient et sarcastique pour l'aider à retrouver sa place dans l'équipe et combler les vides. Du moins pour la partie qui le concernait. "Je vais y aller, ouais. Tarde pas trop non plus." concluait-il alors en rassemblant ses affaires, prenant grand soin de ne pas oublier son ordinateur portable et quelques dossiers papiers pour ne pas manquer d'activité demain matin. Ou plutôt qu'il sauterait très certainement sur son PC sitôt avoir recouvré une faculté à réfléchir convenable. "A lundi !" Sa veste sous le bras, son sac à dos négligemment reposé sur l'une de ses épaules, Julian marchait d'un pas décidé en direction du parking, descendant les escaliers puis traversant le hall rapidement ... avant de s'arrêter à quelques mètres de la poignée. "Diana ?" Diana Rhodes -à n'en pas douter, sa mémoire était encore fonctionnelle- se tenait devant le desk -vide- de l'accueil, le visage rivé sur son téléphone. Cela faisait un moment qu'ils ne s'étaient plus vus, perdus de vue depuis l'université comme c'était le cas pour une majorité des relations faites à cette période. Julian ne s'était pas attendu à la voir ; pas aujourd'hui, pas alors que les derniers souvenirs qu'il avait de la jeune femme remontait à une éternité. C'était étrange de se retrouver face à son passé de la façon la plus impromptue qui soit, pourtant c'était le cas, et les mains glissées dans les poches, Julian n'avait rien trouvé d'autre à dire que : "Tu rates l'agent d'accueil le plus aimable du monde d'une petite demi heure. Il quitte assez tôt les veilles de weekends.", ne serait ce que pour tenter de deviner la raison de sa présence ici. Peut être qu'il tentait surtout de dire quelque chose qui ne soit pas aussi cliché que "woah ça fait longtemps" mais au final il n'avait pas su s'y résoudre et terminait effectivement par dire : "Je t'ai pas vue depuis ... je sais même plus. Qu'est ce qui t'amènes, t'avais rendez vous avec quelqu'un ?". Il ne restait plus grand monde dans les locaux, et force était de constater que l'astrophysicienne ne venait pas le voir lui, puisqu'elle semblait tout autant surprise de sa présence ici que lui ne l'était.                  

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Les semaines s’étaient étirées, alignées, sans pour autant se ressembler. Le temps avait pris parti de sembler long désormais, et Diana commençait à penser au pire alors que son téléphone restait sans nouvelles notifications. Cela faisait plusieurs fois qu’elle tentait de joindre Lex, et que ses appels restaient sans retour, sans réponse. Les premiers temps, elle n’y avait même pas prêté particulièrement attention. Elle connaissait la jeune femme, assez pour savoir qu’à son instar, elle pouvait vite se perdre dans son boulot. Rester des heures et des jours, le nez plongé dans une idée, ignorant tout ce qui pouvait se passer autour - elles avaient été faites dans des moules similaires. Ce qui n’était pas conventionnel, en revanche, c’était de ne pas avoir de retour de sa part. Rien. Pas un message, pas un appel, même pas un mail. Et ça commençait à l’inquiéter, Rhodes, de rester de côté comme ça, d’être mise sur le banc de touche sans avoir de raison. Elle ne voulait pas rester dans cette situation plus longtemps que de raison alors le vendredi suivant, au lieu de rentrer directement chez elle après sa journée de travail, elle avait fait un détour par la BSA. Les locaux ne lui étaient pas inconnus, Diana était venue passer une tête plus d’une fois. Parfois pour rendre visiter à Lex, d’autres pour venir donner un coup de main sur un projet, lorsqu’un des collègues de la jeune femme avait besoin d’un avis, d’un oeil extérieur. Diana était toujours ravie de pouvoir partager son savoir et ses recherches, encore bien jeune fut elle dans le monde dans lequel elle évoluait quotidiennement. « Diana ? » A entendre son prénom résonner dans le hall d’accueil de la BSA, la demoiselle vint relever son regard de son écran. Saisissant sa dernière carte chance, elle avait tenté une fois de plus de contacter Lex mais son appel était resté sans réponse, une fois de plus. Son regard vint alors se poser sur le jeune homme, parcourant à grandes enjambées le hall dans sa direction. Ajustant sa vision rapidement, la surprise fut de taille lorsqu’elle reconnut le jeune homme qui se tenait désormais devant elle. « Julian ! » Elle avait l’impression d’avoir été projetée des années en arrière, que le temps avait été remonté à la vitesse de la lumière. Julian et elle remontaient à loin, à leurs années universitaires, lorsque l’innocence faisait encore partie du monde de Diana. Elle n’avait jamais pensé pouvoir le croiser ici un jour, dans un tel établissement - et pourtant, elle faisait partie des rares à avoir cru en ses capacités, des années en arrière. « Tu rates l'agent d'accueil le plus aimable du monde d'une petite demi heure. Il quitte assez tôt les veilles de weekends. » Une petite moue déçue vint fendre son visage - mais cette déception était quelque peu feintée. En réalité, elle savait exactement où se trouvait le bureau de Lex, mais était juste trop polie pour faire son entrée seule dans le bâtiment. Le but était de prendre des nouvelles de la jeune femme, non de se faire sortir de force de l’endroit par la sécurité. « Je savais que venir un vendredi n’était pas la meilleure idée. » Même si elle comprenait, elle ne faisait pas partie des personnes qui quitteraient plus tôt le travail sous prétexte qu’ils étaient vendredi soir. « Je t'ai pas vue depuis ... je sais même plus. Qu'est ce qui t'amènes, t'avais rendez vous avec quelqu'un ? » Un fin sourire s’étira sur ses lèvres, alors qu’elle haussait légèrement les épaules. Il était vrai que le temps avait filé depuis qu’ils s’étaient pour la dernière fois croisés. « Un bon bout de temps, oui. » Aucun reproche n’était présent dans sa voix, elle venait simplement appuyer la constatation que Julian venait de faire. Ce n’était pas surprenant, qu’ils se soient perdus de vue, avec le temps. La carrière de Diana n’avait fait que de s’intensifier d’année en année, et il avait enfin poursuivi ce pour quoi il était doué. S’ils avaient eu des cours en commun sur les premiers temps, ça n’avait plus été le cas par la suite. Et puis, Diana passait la moitié de son temps en déplacement, l’autre dans son bureau - il fallait s’accrocher pour pouvoir la voir, réellement. « Et je venais voir une amie à moi, qui doit être une de tes collègues je suppose, pour le coup. Mais on est vendredi et elle a du rentrer chez elle déjà aussi. » Si un projet en cours était suffisamment passionnant, elle savait que cette hypothèse s’avèrerait fausse, alors elle tenta. Après tout, ça ne lui coutait rien de demander au jeune homme si Lex était toujours présente ici en cette fin de journée, ou si elle ferait mieux d’attendre lundi pour retenter sa chance. « Je vais profiter que tu sois là pour répondre à ma question quand même et être sûre de ne pas repartir pour rien. Alexa Hamilton est toujours là ou elle est rentrée chez elle ? » Un sourcil légèrement relevé, inquisiteur, et espérant que la réponse soit qu’elle fut toujours dans les locaux - au moins, elle n’aurait pas fait le trajet jusque la BSA pour rien ce soir.                   

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Diana semblait avoir eu besoin de quelques secondes pour le remettre, mais finalement -et l'épargnant ainsi d'une gêne certaine- la jeune femme lui répondait en écho, un « Julian ! » énoncé d'une manière que le Hudson estimait positive ; suffisamment pour s'approcher et replonger dans un passé qui lui semblait si lointain aujourd'hui. Les années avaient filé à une allure folle depuis l'université, mais n'entachaient pas les souvenirs qu'il gardait en mémoire. Diana Rhodes. Julian n'avait jamais su dans quelle case de son esprit la ranger. Celles des mademoiselle-je-sais-tout, celle des passionnées, des emmerdeuses, des amies, des personnes dont il se sentait redevable sans vouloir l'avouer ... avant de jeter l'éponge et d'accepter le fait qu'il puisse l'apprécier autant qu'il ait pu lui en vouloir d'avoir raison sur toute la ligne à son sujet. Que Julian soit un éternel insatisfait n'était pas nouveau, et bien que ce fait soit encore d'actualité, le mathématicien avait aussi gagné en maturité, suffisamment pour se sentir véritablement chanceux d'être tombé sur Diana ce soir. « Je savais que venir un vendredi n’était pas la meilleure idée. » lui répond-elle, une moue -faussement ?- déçue sur le visage. Il ne peut pas vraiment dire le contraire, bien que ce n'était pas très glorieux de l'avouer. Officiellement n'importe qui ayant un contrat de travail à BSA était un passionné et un travailleur acharné, officieusement la perspective du weekend en réjouissait une majorité, et Julian ne les avait jamais blâmé. Pour toute réponse le Hudson esquisse un sourire, l'un de ceux dont on comprenait qu'il était complice ; car il l'était à n'en pas douter. « Un bon bout de temps, oui. » C'était sans doute cliché de dresser ce constat, de dire de la façon la plus cliché qui soit qu'ils ne s'étaient pas vus depuis un moment, mais devant le visage de Diana, Julian n'avait pas su se résoudre à garder pour lui un ressenti qui lui brûlait les lèvres. Leurs vies avaient pris deux chemins sûrement très différents, mais ce bond dans le passé que leur offrait le hasard semblait les ravir tous les deux ; aussi mais surtout car Diana ne le coupait pas pour demander son chemin. « Et je venais voir une amie à toi, qui doit être une de tes collègues je suppose, pour le coup. Mais on est vendredi et elle a du rentrer chez elle déjà aussi. » Julian arquait un sourcil, se faisant mentalement le listing de toutes les collègues femmes qu'il avait croisées en descendant les escaliers. Il ne restait plus grand monde, effectivement, mais alors qu'il s'apprêtait à demander de qui il s'agissait, la jeune femme le devançait. « Je vais profiter que tu sois là pour répondre à ma question quand même et être sûre de ne pas repartir pour rien. Alexa Hamilton est toujours là ou elle est rentrée chez elle ? » Hamilton. L'information le laisse interdit, silencieux l'espace de quelques secondes. L'accident n'avait pas fait le tour de toutes les informations locales, pour sûr, mais si Julian ignore ce qu'il en est des proches de sa collègue, il constate en revanche que Diana -une amie, donc- ignore tout de ce qu'il lui est arrivée. "Tu viens voir Lex." annonce-t-il, la gorge comme nouée. Le changement de ton était à noter bien que Julian déploie des trésors de volonté -si- pour tenter de donner le change. Pour sûr, il ne s'attendait pas à cela, et comptait donc sur ses méninges pour lui dégoter la bonne attitude et vite. Plusieurs options s'imposaient d'emblée : 1) ne rien dire, mais ce n'était respectueux. 2) tenter de renvoyer Diana vers une personne qui serait plus à même de lui expliquer ce qu'il était arrivé, mais cela reviendrait à triturer ses nerfs. Rhodes avait fait le trajet jusque Jimboomba pour voir Lex, elle devait sûrement s'inquiéter car personne ne venait se perdre ici volontairement. Il n'y avait rien à des kilomètres à la ronde -lancement et essais fusées obligent- alors ne restait plus que l'option 3 ; dire la vérité. "Elle n'est pas ici, non. Elle n'est pas revenue depuis quelques temps." commence-t-il, cherchant ses mots pour ne pas alarmer. Au sein de l'entreprise, tous étaient au courant de tout ou presque ; BSA était la seconde maison d'Hamilton. Ils avaient la chance d'être tenus informés par sa famille le plus régulièrement possible, et si Julian pouvait éclairer Diana ... alors il le ferait, même si l'exercice n'avait rien d'évident pour quelqu'un dans son genre ; quelqu'un dont la prévenance frôlait le néant. Se passant une main sur le visage comme pour se redonner contenance, Julian se lançait d'une voix faussement neutre. L'épreuve traversée par Lex ne pouvait laisser personne insensible, mais il semblait y avoir quelque chose de suffisamment important entre Diana et sa collègue pour lui devoir la vérité de la façon la plus claire qui soit. "Elle a eu un accident de voiture, quelque chose de plutôt grave. Elle est sortie d'affaire, mais psychologiquement c'est encore délicat." avouait-il, omettant volontairement des détails pour ne pas tout balancer d'un bloc. L'information concernant l'accident n'avait déjà rien d'anodin, alors mieux valait attendre avant d'expliquer que 1) Sarah ne s'en était pas tirée et 2) Lex était sujette à une amnésie plutôt lourde. Posant une main sur l'épaule de Diana, Julian plissait les lèvres, proposant : "Tu veux un verre d'eau ? La salle de repos est juste derrière le hall. -et tu as sûrement besoin d'un temps avant de reprendre la route- Je suis désolé, je sais pas comment te l'apprendre autrement." Car il n'aurait pas su garder le silence, mais cela ne rendait pas les choses plus évidentes. Au contraire.                     

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Tomber sur Julian ici pouvait être facilement comparé à une aubaine. Même si elle ne faisait pas partie de ces personnes qui avaient du mal à aller vers autrui, c’était toujours rassurant de trouver un visage connu dans des espaces qui l’étaient bien. La BSA, ce n’était pas son lieu d’attaque, son territoire. Elle y avait déjà mis les pieds à plusieurs reprises parce-que Lex travaillait ici et qu’elle adorait venir voir sur quoi ses idées étaient penchées, à quoi ses compétences servaient. Elles savaient échanger pendant des heures sur quelque-chose qui pourrait paraître insignifiant aux yeux des autres. Alors oui, le visage de Julian s’offrant à elle, elle se sentait quelque peu rassurée. Ils étaient l’un comme l’autre surpris de se croiser, après tout ce temps, ici en cette soirée qui commençait. Diana ne saurait dire à quand remontait leur dernier échange, mais elle n’en tenait rigueur d’aucune façon. La vie liait et déliait certains chemins d’une drôle de façon, imprévisible parfois, surprenante toujours. La seule chose à retenir ce soir, c’était qu’elle était réellement ravie de le voir. Elle allait aussi pouvoir lui poser la question pour laquelle elle tenait son téléphone en mains et celle aussi pour laquelle elle se tenait devant le bureau d’accueil de la BSA ce soir. Diana voulait savoir si Lex avait fait partie du convoi de ceux qui voulaient profiter du weekend, ou si en montant dans l’ascenseur, quelques étages plus tard, elle tomberait sur Hamilton en train de travailler sur un dossier qui lui tenait à coeur. Si jusqu’alors, le visage de Diana avait abordé une expression douce et bienveillante, un fin sourire accroché à ses lèvres, le simple fait de voir le faciès de Julian changer, même sans son bon vouloir, en l’espace d’une fraction de seconde vint lui faire perdre une partie de son sourire. « Tu viens voir Lex. » Le ton employé n’était pas le bon. Elle aurait préféré entendre de la surprise et de l’étonnement, associés parfaitement au fait qu’à aucun moment il aurait eu des indices pour lier les deux jeunes femmes. Elle aurait aimé comprendre qu’il ne savait répondre car leurs chemins à eux ne se croisaient pas tant que ça, pas assez pour qu’il ait des informations sur ses allers et venues dans le coin. Mais rien dans la façon dont il venait de s’exprimer laisser à penser que c’était ça. Et ça foutait la chair de poule à Rhodes. Parce-qu’elle n’aimait pas le ton qu’il venait, même sans s’en rendre compte, d’employer. Alors, ses sourcils retombant en une barre bien trop ferme aux dessus de ses yeux, elle vint planter ses prunelles dans celles du jeune homme, désormais plus inquiète qu’elle ne l’était en arrivant. « Julian ? » Au diable les dernières nouvelles qu’ils pourraient partager tous les deux sur l’évolution de leurs carrières respectives, quelque-chose de bien plus important se déroulait dans ses pensées et elle ne saurait partir d’ici sans savoir de quoi il s’agissait désormais. « Elle n'est pas ici, non. Elle n'est pas revenue depuis quelques temps. » Ce n’était qu’un semblant de réponse et ce n’était pas satisfaisant, elle le savait d’avance. Rien n’indiquait qu’il n’allait pas ajouter de précisions, mais Diana avait tout de même déjà le coeur qui battait à cent à l’heure. Lex ne délaisserait pas son travail volontairement, de son plein gré, depuis quelques temps. Elle le connaissait, depuis tout ce temps, et ce n’était pas une expression qui entrait en application dans sa façon de faire. « Elle a eu un accident de voiture, quelque chose de plutôt grave. » Il lui sembla que son souffle lui manqua. Là, une fraction de seconde, assez pour qu’elle vienne entendre la circulation de son sang dans ses oreilles, qu’elle ait l’impression d’être déconnectée de la réalité. Une fraction de seconde, et pourtant c’était assez. « Elle est sortie d'affaire, mais psychologiquement c'est encore délicat. » L’oxygène qui vint perfuser bien trop rapidement ses poumons cette fois ci, comme si elle reprenait sa respiration après être restée longtemps la tête sous l’eau. Les nouvelles informations que Julian venait imposer à elle, même si c’était exactement ce qu’elle attendait de lui. Son regard lui avait indiqué de lui dire, et le bon sens du jeune homme ne devait pas lui avoir dicté le contraire. Mais c’était quelque-chose à laquelle elle ne s’attendait pas, Diana. Même si c’était la seule explication logique au fait que Lex ne donne pas signe de vie, ça lui foutait un frisson à l’échine. « Tu veux un verre d'eau ? La salle de repos est juste derrière le hall. » Elle vint hocher la tête, procédant toujours à l’intégration de ce nouvel élément. Lex avait failli passer l’arme à gauche et elle n’en aurait rien su sur le moment. Ca lui tordait le coeur. « Je suis désolé, je sais pas comment te l'apprendre autrement. » La jeune femme suivit les pas de Julian jusqu’à cette dite salle de repos, ne sachant trop que lui répondre. Tout ce qu’il disait était vrai, était juste, mais le choc était quelque-peu perturbant et difficile à encaisser. Elle vint attraper le verre d’eau qu’il lui remit, tirant une chaise pour venir s’asseoir. Elle qui avait pourtant tendance à savoir gérer ce genre de nouvelle, il fallait croire qu’elle manquait de pratique dernièrement pour adopter ici un tel comportement. Elle porta le verre d’eau fraiche à sa bouche, en laissa glisser une ou deux gorgées, avant de venir enfin relever son regard vers Julian. Le coin de ses lèvres de leva un instant, rapidement, s’excusant d’avance avant que les mot ne viennent compléter le tableau. « Désolée, je… » Elle soupira. « Je m’attendais pas à ça. » Lex aurait tout simplement pu ne pas être présente dans les locaux car elle avait enfin pris des vacances, des vraies, pas de celles qui permettaient de travailler en parallèle parce-que l’endroit des dites vacances tombait comme par hasard bien - c’était la spécialité que Diana pratiquait, ça. « Tu n’as rien à te reprocher, Julian. Merci… » Un larme singulière vint cependant rouler sur sa jour, larme qu’elle effaça presque aussi rapidement du revers de la main.                   

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Julian n'avait jamais été particulièrement proche d'Hamilton. Il appréciait son travail -beaucoup- mais ne s'était jamais risqué à sortir du cadre professionnel en sa compagnie, aussi mais surtout car il savait que son caractère était bien différent du sien. Ils étaient opposés sur bien des points, mais demeuraient collègues, et l'accident dont la brune avait été victime restait aujourd'hui dans les esprits de tous au sein de l'entreprise. Lorsque Diana demande à lui parler, Julian avait d'abord été surpris. Elles étaient amies, mais sûrement que la famille de Lex avait eu d'autres priorités que celle de prévenir tout son répertoire téléphonique, de se replonger dans la douleur à chaque appel. Le Hudson avait plissé les lèvres, cherchant ses mots pour faire preuve de prévenance. S'il était heureux de revoir une vieille amie ce soir, il l'était en revanche beaucoup moins à l'idée de lui annoncer quelque chose d'aussi délicat. « Julian ? » Le silence qu'il imposait durait peut être depuis trop longtemps maintenant. Il espérait que ce dernier suffisait à faire office de prologue, de début d'annonce. Ce qu'il avait à dire n'avait rien de très réjouissant, et Diana était suffisamment intelligente pour le comprendre. Son ton avait changé, et avec lui l'expression qui ornait jusqu'alors les traits de la jeune femme. Le Hudson ne se sentait pas de tourner autour du pot, de laisser la vérité en suspens de façon inutile. Il espérait ne pas avoir été trop brutal dans sa façon d'amener les choses, mais à vrai dire, aucun mot n'aurait pu édulcorer les faits. Lex était passée à un cheveu de la mort, ni plus ni moins. Cet événement était un choc. C'en avait été un pour lui lorsqu'on lui avait annoncé, et pour Diana dont Hamilton était une amie, l'information devait être plutôt difficile à intégrer. Il l'avait vue passer par des dizaines de sentiments différents ; l'incompréhension sous toutes ses nuances, l'ébranlement, la tristesse ... Julian n'avait pas quitté les traits délicats de Diana du regard, au point de sentir que l'air lui manquait. Son premier réflexe fut de lui proposer un verre d'eau ; lui redonner un brin de contenance à défaut de trouver les mots justes pour l'apaiser. Les choses étaient telles qu'elles étaient et rien de ce qu'il pouvait dire ne serait en mesure de changer ce qui était arrivé. Silencieusement, Rhodes avait accepté, l'avait suivi jusque dans la salle de repos déserte, accepté le verre qu'il lui servait pour le porter à ses lèvres. Ces retrouvailles ne se déroulaient pas exactement comme elles l'auraient dû, et dans une réalité alternative, aucun des deux ne se trouvait à composer avec un demi-drame. Julian aurait cent fois préféré prendre des nouvelles pour rattraper le temps perdu, au lieu de quoi il se retrouvait adossé à un plan de travail, scrutant les traits de Diana qui finissait par s'excuser. Elle ne devrait pas. « Désolée, je… » Sa phrase fut entre-coupée d'un soupir qu'il s'empressait presque de contrer en plissant les lèvres, s'approchant d'un pas pour se poser sur la chaise d'en face. « Je m’attendais pas à ça. » Ça, il s'en doutait. Lorsqu'il l'avait croisée quelques minutes plus tôt, Diana venait simplement trouver une amie dont elle pensait qu'elle s'était laissée happer par le travail. Rien ni personne ne pouvait s'attendre à ce genre d'annonce. "J'aurais aimé avoir autre chose à t'annoncer pour tout t'avouer." soufflait il à son tour, ses épaules s'affaissant légèrement. Lex aurait dû être deux étages plus haut, plongée dans des ordinateurs, dans des plans. Julian peinait à l'imaginer différemment, mais n'était pas autant affecté que l'était Diana en l'instant c'était certain. Il ne savait pas quelle ampleur avait leur amitié, mais la devinait à sa façon de faire disparaître une larme venue rouler sur sa joue. « Tu n’as rien à te reprocher, Julian. Merci… » Peut être pas, mais il aurait préféré un milliard de fois que les choses se déroulent d'une façon différente, et que cette rencontre se solde d'une note plus heureuse. "Ici tout est différent depuis qu'on l'a su. Je suis pas assez proche d'elle pour te donner des détails mais elle va bien Diana. Enfin, physiquement du moins, et autant que possible après un accident de ce genre." Le Hudson se voulait rassurant, mais il ne disposait que de peu d'informations pour l'être pleinement. L'idée de laisser leur conversation s'étioler ainsi lui était pourtant inenvisageable, car Rhodes ne pouvait pas reprendre le volant vers Brisbane après un tel bouleversement, même s'il pouvait comprendre qu'elle aurait pu vouloir être seule. "Tu la connais depuis longtemps ? Enfin ça me concerne pas mais ça a l'air de beaucoup te toucher. Je voudrais pas rentrer chez moi en te laissant gérer l’ascenseur émotionnel." souffle-t-il en toute transparence. Il s'agissait sans doute là de la seule véritable constante de Julian ; il ne mentait pas, jamais. Depuis toujours les mots qu'il posait étaient le reflet exact de sa pensée, et en l’occurrence, sur l'instant Diana l'inquiétait.          

                    

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Elle aurait voulu ne ps réagir de la sorte, ne pas imposer un tel comportement à Julian qui se trouvait déjà en très mauvaise posture de devoir lui annoncer ce genre de nouvelle. Le résultat était pourtant là, tous les deux se trouvaient dans une impasse, en quelques sortes. Julian coincé à s’assurer de transmettre une information que Diana aurait désiré, finalement, connaître plus tôt - et cette dernière à tenter d’adopter un comportement respectable pour ne pas infliger une double-dose d’inconfort au jeune homme. La demoiselle avait alors accepté volontiers le verre d’eau fraiche qu’il lui avait apporté, préférant venir également s’asseoir. Ses jambes étaient semblables à du coton pour le moment, ses pensées allant à mille à l’heure pour intégrer les conséquences de la nouvelle qu’elle digérait. Elle aurait vraiment préféré que Lex soit simplement prise dans un projet trop important, si oppressant qu’elle n’avait pu retourner ses appels. « J'aurais aimé avoir autre chose à t'annoncer pour tout t’avouer. » Oh, elle le croyait sans une once d’hésitation. Personne n’aimait être le porteur de tel message - et encore, l’histoire se terminait bien dans le cas de figure présent. Mais il était vrai qu’ils auraient pu avoir mieux comme conversation de retrouvailles. Elle n’avait pas croisé Julian pendant des années, et voilà l’état dans lequel ça la rendait - si ses pensées n’étaient pas autant en désordre à cause de l’état de santé de Lex, elle aurait ri à cette idée. Malheureusement, sur ce coup là, ce fut une larme qui vint exprimer ce qu’elle ressentait à l’intérieur. Elle tenta de la chasser aussitôt, ne voulant infliger une image davantage dégradée au jeune homme. Diana n’était cependant pas dupe, il s’en était forcément rendu-compte. « Ici tout est différent depuis qu'on l'a su. Je suis pas assez proche d'elle pour te donner des détails mais elle va bien Diana. Enfin, physiquement du moins, et autant que possible après un accident de ce genre. » Oh, Julian, si tu savais, les mots qu’elle ne prononcerait jamais mais qui lui brulaient la gorge tellement ils étaient vrais. Une dualité s’installait en elle, désormais. Les mots de Hudson la rassurant sur l’état de santé de Lex étaient doux, venaient immédiatement apaiser son coeur à la suite de l’information de l’accident. Oui, elle s’était trouvée dans une situation plus que fameuse mais elle en était ressortie en vie - et ça valait tout le reste normalement. Mais de l’autre côté, les pensées de Diana semblaient vouloir s’envoler, presque à se bruler les ailes tellement elles tourbillonnaient. Elle savait ce que c’était, d’avoir un accident. Elle l’avait vécu. Rien dans tout cela vous laissait réellement intact, sans trace aucune à la suite. Elle ne saurait imaginer ce que Lex pouvait ressentir - et elle n’avait pas l’histoire complète, pourtant. Certains éléments lui seraient mis en lumière que plus tard, qui viendraient tordre davantage son coeur. « Tu la connais depuis longtemps ? Enfin ça me concerne pas mais ça a l'air de beaucoup te toucher. Je voudrais pas rentrer chez moi en te laissant gérer l’ascenseur émotionnel. » Relevant son regard vers Julian, plongeant un instant ses pupilles dans les siennes, geste rassurant et transpirant la bienveillance de son côté, Diana réussit à étirer quelque peu ses lèvres, là, un brin. Un léger sourire, incomplet mais qui était le geste le plus rassurant qu’elle saurait montrer pour le moment. Posant le verre d’eau sur la table à leur côté, elle replaça une mèche de cheveux. « On se connait depuis quelques années, oui, Lex et moi. » Elle se rappellerait toujours le moment où elle l’avait aperçu sur la scène, elle tapit dans l’ombre, où elle l’avait entendu parler de ses expériences la première fois. Leurs carrières n’avaient pas les mêmes destinées, déjà à l’époque, mais Diana avait toujours admiré Lex pour son parcours professionnel impressionnant. Elle n’avait pas refusé, ce même soir, de partager le reste de la soirée à discuter avec la jeune femme de tout et de rien, d’aventures spatiales et de découvertes qui révolutionneraient le monde. « On s’est rencontrées aux Etats-Unis en 2012, c’est pour dire que ça remonte un peu. » Une petit soupire, amusé, s’échappa d’entre ses lèvres. Se concentrer sur les bons moments plutôt que ceux qui portaient la peine, avait toujours été un moyen efficace chez elle pour ne pas sombrer. Elle laissa un instant s’écouler de plus, cependant, se laissant un répit supplémentaire avant de venir se racler délicatement la gorger, reporter son attention sur le jeune homme. « Ca va aller, oui… Je pense. » Ca irait parce-qu’elle ferait en sorte que ça aille. « Je suis vraiment désolée de t’imposer ça, Julian. C’était pas ta place de devoir me supporter comme ça. » Elle vint étirer, cette fois ci, un sourire sincère. Ce n’était ni le bon moment, ni les bonnes circonstances pour que leurs chemins se croisent de nouveau, mais elle était tout de même heureuse d’être tombée sur un visage familier. Au moins, les traits qu’il abordait étaient ceux de quelqu’un en qui elle se pouvait d’avoir confiance. « Et on est vendredi soir en plus, j’espère que je vais pas t’avoir mis en retard pour quoi que ce soit. » Elle se devait de se reprendre en mains, dès cet instant. Elle ne pouvait se permettre de s’attarder plus que de raison sur la nouvelle qu’il lui avait transmis, elle aurait tout le temps et le loisir de se torturer les neurones une fois retournée chez elle. Julian avait pour sûr d’autres plans de prévus pour la soirée, Diana n’avait aucun droit de le retenir.