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 please save me from the hell i'm in (colleen)

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please save me from the hell i'm in (colleen) - Page 2 Empty
Message(#) Sujet: Re: please save me from the hell i'm in (colleen) please save me from the hell i'm in (colleen) - Page 2 EmptyMer 13 Mai 2020 - 21:46


please save me from the hell i'm in. @Marius Warren

Colleen prenait part à un jeu amusant certes, mais un jeu qui comportait son lot de dangers, et surtout un jeu dont elle n’était pas certaine de maîtriser les tenants et aboutissants. Elle n’en avait pas conscience ce soir-là, enivrée à la fois par les piña coladas et le regard magnétique que Marius posait sur elle, mais sans doute serait-elle rattrapée par la réalité dès le lendemain matin. Le réveil s’annonçait d’ores et déjà pénible. Parce qu’elle avait des rendez-vous à honorer auprès de ses patientes, elle ne pourrait se payer le luxe d’une grasse matinée ; or il y avait fort à parier qu’à la minute où les souvenirs de la veille l’assailliraient, elle serait extrêmement tentée de rester sous les draps afin de s’y cacher. Force était pourtant d’admettre qu’elle s’amusait beaucoup ce soir-là. Sa réserve naturelle s’était envolée à la seconde même où elle s’était assise sur les genoux du beau brun et croisé son regard clair. Balayées, les inhibitions, balayée la pudeur ; en l’espace de quelques minutes à peine, elle s’était sentie pousser des ailes chimériques. Encouragée par les réactions de Marius, qui suggéraient qu’il n’était pas tout à fait indifférent aux sous-entendus qui coloraient ses paroles, elle s’était lancée dans une partie audacieuse, laquelle lui avait permis de gagner en assurance. L’issue de leur soirée ayant été abordée précédemment, il y avait peu de chances que le professeur d’université revienne sur ses propos et souhaite poursuivre cette soirée dans l’intimité de son appartement. Ce qui lui permettait de vraiment en profiter sans songer à la suite des événements. Colleen n’était pas prête pour plus, alcoolisée ou non. Elle demeurait déterminée à profiter le plus longtemps possible de la liberté dûment gagnée sur le sol australien, et n’avait aucune envie de renoncer à la promesse qu’elle s’était faite en arrivant. Car il s’agissait bien là du principal danger que ce jeu comportait : qu’elle s’attache à Marius et que l’attirance ressentie à son égard évolue en quelque chose de plus sérieux. Elle se connaissait suffisamment bien pour reconnaître qu’elle avait tendance à s’attacher facilement aux personnes et à être aveuglée par l’affection qu’elle leur portait. Or c’était tout ce qu’elle cherchait précisément à éviter dans son pays d’adoption. Maintenir une distance de sécurité respectable après cette soirée semblait l’option la plus raisonnable qui soit pour éviter de tomber dans ce piège, le temps de retrouver ses esprits et de réaffirmer ses convictions… Du moins, si elle y parvenait.

Au moment où elle posa son doigt sur le visage de Marius, le temps parut suspendu. La musique du bar n’était plus qu’un murmure en fond sonore, et il semblait que les conversations qui se tenaient tout autour d’eux avaient été mises en sourdine. Toute l’attention de Colleen était concentrée sur ce visage qu’elle explorait du bout de son doigt. Son excursion sur la peau de son interlocuteur était lente, délicate, périlleuse. Elle n’avait pas d’objectif précis, sinon celui de découvrir le visage de Marius d’une autre manière que par le regard. Malgré la table qui les séparait, son visage était suffisamment proche du sien pour lui permettre de sentir sa respiration se couper à la seconde où elle initia le contact. Puis, lorsque son doigt glissa sur ses lèvres qu’il caressa, son souffle vint subitement lui chatouiller la peau, éveillant chez elle des sensations depuis longtemps endormies. Quittant des yeux la bouche de Marius, elle scruta son regard avec curiosité. C’était plus fort qu’elle : elle aurait aimé pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert et découvrir la nature de ses pensées. Il se disait peu tactile, avait rejeté Charlotte plus tôt dans la soirée pour bien moins que ça, et pourtant… Pourtant, le doute s’immisçait dans l’esprit confus de Colleen, car il lui semblait entrevoir un certain plaisir dans son regard. Alors que la peau de son doigt commençait à picoter sous son souffle chaud, elle mit un terme au toucher et s’éclaircissant la voix, recula subitement pour attraper son verre. Il lui sembla entendre le début d’une protestation dans la bouche de son interlocuteur, mais elle ne sut pas vraiment s’il regrettait son geste ou le fait qu’elle y ait mis un terme.

Faisant voler en éclats toutes ses bonnes résolutions personnelles quant au maintien d’une distance respectable entre eux une fois la soirée terminée, Colleen lui chuchota son numéro de téléphone, ce qui eut pour effet immédiat de sortir Marius de sa torpeur. Alors qu’elle reposait son verre vide sur la table, il saisit son téléphone afin d’enregistrer ledit numéro. En dépit du brouillard qui planait sur ses pensées, Lynn pressentit qu’elle venait de trahir son code d’honneur ; donner son numéro de téléphone à Marius revenait à lui promettre qu’ils resteraient en contact, mais elle n’avait pas pu s’en empêcher, opérant davantage par l’instinct que par la raison. Il se redressa soudain face à elle, et avant même qu’il ne l’annonce, elle sentit que le charme était rompu entre eux. Et en effet, quelques secondes plus tard, il lui expliqua qu’il était sur le départ. Il mentionna les collègues de Colleen – que cette dernière avait complètement oubliées par ailleurs – et elle se retourna pour constater qu’elles étaient toutes debout et lui jetaient un regard insistant, signe qu’elles s’apprêtaient à quitter le Canvas. Lynn grimaça légèrement et se retourna vers Marius. « Tu as raison, je ne vais pas m’éterniser non plus » Déclara-t-elle d’une voix douce et mesurée. Elle esquissa un sourire de façade, mais en vérité elle ressentit une profonde déception à l’idée de quitter Marius, surtout quand celui-ci détacha finalement sa main de la sienne. La soirée avait été très différente de celle qu’elle avait envisagée, et avait apporté son lot de surprises. Bonnes ou mauvaises, c’était ce qui restait à déterminer. Définitivement bonnes dans la mesure où la compagnie de Marius avait été très agréable et qu’elle n’en regrettait pas un seul instant, mais sans doute très mauvaises pour les plans de Colleen.

« Je t’en prie » Fit-elle en réponse à ses remerciements. Elle tapa délicatement sa tempe de son index et majeur, imitant un vague signe militaire, et se leva à sa suite, un sourire toujours accroché aux lèvres. Il lui donna son numéro de téléphone, mais elle n’eut pas le temps d’en prendre note car déjà il se penchait vers elle pour l’embrasser sur la joue, ce qui acheva de lui faire perdre ses moyens – et sa mémoire, dans ce cas précis. « Au revoir, Marius » Murmura-t-elle alors qu’il se détournait déjà d’elle et se dirigeait vers la sortie du bar. Comme une idiote, elle ne put s’empêcher de poser le bout de ses doigts sur sa joue, à l’endroit même où les lèvres de Marius l’avaient effleurée. Elle déglutit en le regardant partir, puis se retourna vers ses collègues. Maintenant qu’elle était debout, son centre de gravité était plus qu’incertain et elle en eut le tournis, si bien qu’elle s’empressa de se raccrocher au bord de la banquette pour ne pas vaciller. Elle prit une profonde inspiration et se concentra sur ses gestes, tentant de les coordonner du mieux qu’elle le pouvait, et se dirigea d’un pas incertain vers le groupe de collègues à quelques mètres de là. Aussitôt arrivée à sa hauteur, Izzie entoura ses épaules de son bras et afficha un sourire ravi. « COLLEEN SAINSBURY ! » S’exclama-t-elle avec tant de force que la principale intéressée sursauta. « Je peux t’assurer que je n’ai ab-so-lu-ment rien raté de ce qui se passait là-bas, et d’ailleurs, j’en ai encore des frissons ! Tu vas me faire le plaisir de tout me raconter depuis le début, et avec un maximum de détails si possible, parce que… » et elle continua ainsi tout au long du trajet qui les mena à l’arrêt de bus, puis une fois installées à l’intérieur de celui-ci, et même jusqu’à la porte de l’immeuble de la jeune femme. Colleen, qui ne songeait plus qu’à la chaleur réconfortante de son lit à présent, avait décroché son attention depuis bien longtemps.

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