Il avait été interpelé en plein milieu de la rue en passant à côté d’un café qui organisait un échange de cadeaux de Noël. Au départ, Raphael a essayé de subtilement s’éclipser en marmonnant des raisons pour lesquelles il ne peut pas participer. Trop occupé, pas le temps, pas présent pour les fêtes, etc. Mais l’inconnu a fini par lui mettre un numéro dans la main et il a soupiré en acceptant finalement. Après tout, ça ne pourrait pas lui faire de mal. Certes, son budget est assez limité mais il arrivera à trouver quelque chose de sympathique. Il se retrouve donc avec le numéro trente et il hausse les épaules sans vraiment savoir ce que ça signifie. « Nous vous enverrons un message pour vous dire avec qui vous avez été jumelé ! Vous n’avez qu’à remplir ce petit formulaire. » Le garçon l’informe en lui tendant les paperasses. Raphael s’empare doucement du crayon et, après s’être mordu la lèvre inférieure, il finit par écrire son nom et son numéro de téléphone. Il espère ne pas regretter de devoir socialiser avec un étranger – ou une étrangère, peut-être que ça l’arrangerait de tomber avec une fille maintenant qu’il a réalisé qu’il se sent plus à l’aise en leur présence qu’en celle des hommes.  

Le soir-même, le danseur reçoit un message alors qu’il est occupé à perdre son temps derrière la télévision. Un sourire discret étire ses lèvres quand il apprend qu’il a été jumelé avec une certaine Marie. Génial, une fille. Il sait déjà ce qu’il va lui acheter. La soirée se tient dans trois jours et il pense avoir le temps de passer en boutique pour récupérer quelques produits de soin corporel – pas trop dispendieux, il n’est pas le plus riche des trentenaires de la ville.

Un paquet cadeau joliment emballé dans sa main, il se dirige vers le café où se tient l’événement. Les lieux sont décorés de jolies lumières scintillantes mais Raphael est trop nerveux pour vraiment s’en rendre compte. Il se présente à l’accueil et tend le petit bout de papier sur lequel est inscrit le numéro qu'il a obtenu aléatoirement. « Oui, bonsoir, bienvenue, et merci de participer ! » S’exclame la jeune femme à l’entrée. Son regard se froisse cependant alors qu’elle voit le numéro trente. « Oh. C’est vous le numéro trente. J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c’est que votre partenaire ne pouvait pas se présenter ce soir. La bonne, c’est que nous avons pu vous jumeler avec quelqu’un d’autre. » Avalant de travers, Raphael passe sa main dans ses cheveux, surpris et déboussolé. « Il est juste là. Il est arrivé un peu avant vous et sa partenaire aussi a dû annuler. » Elle pointe un garçon qui s’est installé dans le fond du café, seul avec son cadeau. « C’est un garçon ?! » S’exclame le bouclé, la gorge asséchée par un sentiment de panique. Il n’est pas certain que son savon et son shampoing à la rose feront fureur. « Oui, mais ce n’est pas grave, il semble très gentil. » La jeune femme lui répond avant de l’inviter à rejoindre son partenaire surprise. Embarrassé, Raphael ne fait que le fixer de loin et il finit par rassembler assez de courage pour s’approcher de lui. Il se racle la gorge, arrivé à sa table, et il lance, faussement sûr de lui : « Ahaha, tu ne t’appelles pas Marie. » Il se racle la gorge une seconde fois, avant de poser son cadeau rose sur la table pour finalement s’installer devant l’étranger. Il fallait évidemment qu’il tombe sur un garçon charismatique pour le rendre encore plus mal à l’aise. « Alors, toi aussi tu as perdu ta partenaire ? » Il demande en fixant la table, incapable de redresser le regard.    

Ce jour là, il avait décidé de faire un tour dans le centre en début de soirée pour s'aérer un peu les idées après une longue journée à bosser derrière son écran. Cela allait permettre à ses yeux de voir des lumières autres que celles de son bureau et de son pc, et effectivement cela lui faisait le plus grand bien. Il flânait dans les ruelles de Brisbane, regardant les vitrines embellies par leurs looks de saison, quand on l'a interpellé pour cette histoire de Secret Santa. Alors si d'ordinaire il n'est pas trop branché dans ces trucs là, ce soir il a décidé de se laisser tenter et a rempli le formulaire. Il n'avait pas la moindre idée d'où cela allait le mener, toutefois cela ne pouvait pas être si terrible n'est-ce pas ? Il avait continué de se balader dans les rues jusqu'à assez tard, déjà à la recherche d'un cadeau, même s'il n'avait pas trouvé son bonheur en boutiques. C'est déjà assez compliqué de trouver un présent à un proche dont on connaît les goûts, mais alors à un ou une parfaite inconnu(e)...?

Le lendemain, on le prévient par sms qu'il a été lié à une demoiselle, une certaine Lucy. Il n'avait pas réellement de préférence pour une femme ou un homme, mais trouver un cadeau à un homme aurait sûrement été plus facile que l'inverse. Tant pis, il allait bien se débrouiller. Channing a réfléchi toute la journée à une idée ou une autre, mais finalement c'est en passant devant une célèbre agence de makeup qu'il a décidé de jeter son dévolu sur un bon d'achat. Il a fait inscrire un montant qu'il pensait correct sur la carte cadeau, et l'a faite emballée avec un rouge à lèvres que lui a conseillée la vendeuse en disant que c'était le produit phare du moment. Elle aurait pu lui faire acheter n'importe quoi pour accompagner la carte qu'il aurait accepté. Qu'est-ce que le fils des Walker peu bien y connaître en maquillage ? Il n'avait plus qu'à espérer qu'il avait fait bonne pioche. Chan est sorti de la boutique avec un joli petit sac aux tons nacres dans la main, et il est rentré chez lui.

Finalement, le jour-J est arrivé bien assez vite et il a pris la direction du café en début de soirée pour ne pas faire attendre sa partenaire. Le lieu était chaleureux et dégageait parfaitement cette ambiance si unique des fêtes de fin d'année. Chan ne portait plus réellement Noël dans son coeur, mais c'était agréable d'être comme replongé en enfance à une époque où il était, comme n'importe quel gamin, très impatient d'atteindre la fameuse date fatidique. Il avait longtemps passé les fêtes en famille, mais depuis le décès de son père Noël faisait parti de ces choses qui avaient perdu leur saveur. Il considérait à présent la fête très commerciale et bien moins intéressante. Chan se présenta à l'accueil du café, et on lui annonça que sa partenaire n'était pas encore arrivée. Bon, au moins il ne la ferait pas attendre. Les minutes s'écoulèrent, le brun se prenant un chocolat chaud pour patienter, et finalement une serveuse un peu gênée est venue le voir en lui disant que la dénommée Lucy ne viendrait pas. Ils attendaient par conséquent l'arrivé d'un certain Raphaël dont la partenaire avait décommandé aussi. Un certain... un homme ? Il se contenta d'hocher la tête. Il n'avait plus qu'à espérer que l'homme en question soit passionné de maquillage ou makeup artist...

Channing ne vit pas tout de suite l'homme qui hésitait à rejoindre sa table. « Ahaha, tu ne t’appelles pas Marie. » Toutefois, lorsqu'il releva les yeux, il se mit à sourire un peu à la remarque de celui qu'on avait planté également. « Ahah non, et tu n'as pas une tête à t'appeler Lucy non plus. » il valait mieux en rire qu'en pleurer, mais le coup du destin n'avait pas été très cool avec eux ce soir. Un sourire un peu amusé vint se glisser sur ses traits à la vue de l'emballage rose et le brun déposa à son tour son paquet aux couleurs de l'agence sur la table pour annoncer la tendance. les voilà bien. « Alors, toi aussi tu as perdu ta partenaire ? » Le brun nota la timidité de l'homme et il essaya de le mettre un peu plus à l'aise en souriant, doux, sans chercher avec trop d'insistance son regard. Il allait lui laisser le temps. « Visiblement.. Je savais que c'était un bourbier ce Secret Santa. Sauf si tu es makeup artist, fan de maquillage ou bien que tu as une copine, tu risques d'être un peu déçu du cadeau. Je suis désolé d'avance. » Chan ne put s'empêcher de rire face à leur situation des plus cocasses. Il n'était pas gêné en ce qui le concerne, ça l'amusait beaucoup. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? C'est le seul truc que je peux t'offrir dans l'immédiat, leurs chocolats chauds sont délicieux. »

@Raphael Elly

Et le voilà, debout comme un idiot, au milieu d’un café où plusieurs inconnus s’échangent sourires et cadeaux, leur soirée n’ayant pas été dérangée par un imprévu aussi important qu’un changement de sexe. Ça peut paraître ridiculement petit pour n’importe qui mais, pour Raphael, c’est le sol qui tremble et la nervosité dans ses muscles ramollis. Il décide finalement de faire les premiers pas vers le garçon déjà attablé qui a lui aussi perdu sa partenaire. Il tente de se rassurer en se disant qu’il est au moins pas le seul dans cette situation gênante. « Ahah non, et tu n'as pas une tête à t'appeler Lucy non plus. » Lèvres pincées et joues rougies, il secoue la tête de droite à gauche en haussant les épaules comme pour s’excuser d’être un Raphael plutôt qu’une Lucy. Il comprend à ce moment qu’il a des chances, lui aussi, d’obtenir un cadeau inadapté. Au coin de sa tête, il se met à espérer que c’est une bouteille de shampoing qui se trouve dans le paquet du jeune homme. Pourtant, quand il pose ce dernier sur la table, le bouclé reconnait la marque et un rire nerveux soulève sa poitrine. Il s’assoit finalement après avoir replacé soigneusement sa chemise pour s’assurer que son repassage n’a pas encore été bousillé par le vent extérieur. « Visiblement.. Je savais que c'était un bourbier ce Secret Santa. Sauf si tu es makeup artist, fan de maquillage ou bien que tu as une copine, tu risques d'être un peu déçu du cadeau. Je suis désolé d'avance. » Passant sa main dans ses cheveux et restant bien droit sur la chaise, il rit timidement avant d’infirmer : « Nope, aucun des trois. Enfin, il m’arrive de faire des maquillages mais… » Il ouvre délicatement le cadeau de l’étranger et ses doigts se serrent autour d’un petit objet cylindrique. Il le sort, curieux, et découvre qu’il s’agit d’un rouge à lèvre attaché à une carte cadeau. « Pas ce genre-là. Plutôt des maquillages de clown. » Il termine, le ton calme tellement la gêne le cloue sur sa chaise. Il se met à gratter nerveusement le tube en plastique sans vraiment s’en rendre compte, réfléchissant à la personne à qui il pourrait refiler ce cadeau. Il n’a pas de sœur, pas de mère, pas d’amie de sexe opposé… Hum. « Oh, ouvre le tien. » Il lance, réalisant que son silence s’est trop éternisé. « J’imagine que tu pourras utiliser ces produits au dépend de ta… viri…lité...? » Une grimace déstabilisée étire les traits de son visage. Voilà un mot qu’il n’aurait probablement pas dû prononcer lors les cinq premières minutes de discussion avec un inconnu. Au moins, ce dernier ne semble pas affecté par la situation. Il est plutôt rassurant, à rire doucement, comme si la Terre n’avait pas arrêté de tourner. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? C'est le seul truc que je peux t'offrir dans l'immédiat, leurs chocolats chauds sont délicieux. » Naturellement, les yeux de Raphael se posent sur le comptoir, là où sont servis les boissons chaudes. C’était comme s’il avait oublié qu’ils se trouvaient dans un café. « Oh ! Eum, oui, pourquoi pas. Mais tu ne me dois absolument rien, je suis certain que je trouverai un usage à ce… produit. » Il lance, tentant de le rassurer, désignant le rouge à lèvre. Il en retire le couvercle et dévisse la base pour voir la couleur qu’il a choisie. C’est un joli rouge écarlate qu’il teste sur le dessus de sa main, comme s’il savait comment s’y prendre – on ne va pas se cacher, ça lui arrive de se perdre des heures sur les tutoriels makeup alors qu’il n’est même pas adepte de ce genre de produit. « Un chocolat chaud ! » Il lance, relevant les yeux à nouveau après avoir trop longtemps contemplé la couleur sur sa peau. « C’est bien ça que tu as dit ? Que les chocolats chauds sont délicieux ? Je vais prendre ça, pour te faire confiance. Merci. Beaucoup. »      

Son regard doux se posa sur l'homme tandis qu'il déballait le cadeau que lui avait apporté Channing. Peut-être pourrait-il se faire rembourser la carte cadeau s'il se présentait à la boutique en expliquant la situation ? Avec un peu de chance, un manager serait d'humeur charitable. « Nope, aucun des trois. Enfin, il m’arrive de faire des maquillages mais… pas ce genre-là. Plutôt des maquillages de clown. » des maquillages de clown ? Est-ce qu'il s'agissait d'une métaphore ou est-ce qu'il en faisait réellement ? Mais sur qui, des enfants ? ou peut-être dans un cirque ? Dans tous les cas, les sourcils du brun se froncèrent un instant mais il ne perdit pas son air amusé et chaleureux. Il décida de ne pas poser de question pour ne pas le mettre trop mal à l'aise, se contentant d'essayer de guetter un peu les réactions sur son visage. Pauvre Lucy. L'inconnu aurait bien pu rire nerveusement que le Walker l'aurait suivi. L'avenir de ce rouge à lèvres était des plus incertains. « Oh, ouvre le tien. » Il se reprend un peu et pose son regard sur l'emballage rose du présent de son partenaire. Il s'en saisit délicatement et le pose devant lui, avant de commencer à l'ouvrir. « J’imagine que tu pourras utiliser ces produits au dépend de ta… viri…lité...? » Un nouveau sourire orna ses traits et il leva chastement les yeux vers l'homme avant de sortir du paquet un savon et un shampoing. Il posa le savon et déboucha le gel douche pour en sentir l'odeur. Une odeur florale, il reconnu la rose, mais également fruitée. Le produit sentait vraiment bon, même s'il ne l'aurait pas acheté délibérément pour son usage personnel. « Ma virilité devrait s'en remettre, ne t'en fais pas. Je me mettrais dans l'ambiance en allumant des bougies. » Un léger rire monta dans sa gorge, et Channing voulu le remercier, avant de percuter soudainement qu'il ne connaissait même pas son prénom. Il replaça les deux objets dans le sac, avant de se reporter sur lui. « Channing, au fait. » Il suivit son regard vers le comptoir, avant de se reporter sur lui. « Oh ! Eum, oui, pourquoi pas. Mais tu ne me dois absolument rien, je suis certain que je trouverai un usage à ce… produit. » Le brun haussa doucement les épaules, s'excusant d'un sourire. « Ca me fait plaisir. et j'aurais moins de difficultés à utiliser le shampoing et le savon plutôt que toi ce rouge à lèvres et cette carte cadeau. Je suis désolé. » Il rit un peu, même s'il était vraiment désolé au fond. Mais bon, au moins, ils avaient réellement un Secret Santa unique. Chan le regarda faire, prêt à lui dire que pour le peu qu'il s'y connaisse, il était persuadé que ce n'était pas sur la main que s'appliquait le rouge à lèvres. Toutefois, il a déjà entendu dire que ces demoiselles font ça pour voir le rendu de la couleur. Alors bon... « Un chocolat chaud ! » Il quitta la main de l'homme des yeux pour se reporter sur lui, sans pouvoir s'empêcher de le trouver atypique et gentil. Il dégageait de bonnes ondes, était très spontané, et ça le faisait sourire. « C’est bien ça que tu as dit ? Que les chocolats chauds sont délicieux ? Je vais prendre ça, pour te faire confiance. Merci. Beaucoup. » Le brun hocha la tête et alla en commander deux au comptoir, se levant. Il les régla et la serveuse les prépara sous ses yeux, exécutant des gestes rapides et minutieux. Le bar était rempli de vie ce soir, un bon nombre de duos papotant entre eux autour de petits sacs posés sur les tables. Un véritable esprit de Noël et de partage. Peu après, la barmaid lui tendit les deux gourmandises chocolatées, ces dernières surplombées par de la crème fouettée avec du cacao. Soudain très sérieux pour ne pas renverser quoique ce soit avant d'arriver à la table, il rejoignit son partenaire devant lequel il déposa prudemment la boisson avant de déposer la sienne. « et voilà. J'y ai déjà goûté, normalement c'est une assurance sûre. » Il se réinstalla et l'odeur chocolatée le fit sourire. « Bon, et sinon qu'est-ce que tu fais dans la vie ? Autant qu'on en profite pour faire un peu connaissance, si ça te tente. » Il préférait préciser, après tout il ne voulait pas paraître insistant ou intrusif. Ce n'était pas le but. Mais pourquoi ne pas en profiter pour en apprendre davantage l'un sur l'autre, autour d'un chocolat et de produits de beauté ?

@Raphael Elly

Il n’est pas réellement déçu de son cadeau, à vrai dire, parce que Raphael ne s’attendait pas à recevoir la perle rare dont il a toujours rêvée de la part d’une personne qui ne connait ni son âge, ni ses intérêts dans la vie. Peut-être qu’en recevant un présent typiquement pour les garçons, il aurait été davantage déboussolé – s’il avait reçu un rasoir, par exemple, parce qu’il a beau prier tous les matins, aucun poil ne pousse sur son menton, comme s’il était coincé dans le corps d’un gamin de treize ans. Il trouvera certainement une utilisé à ses rouge à lettre, ou alors il pourrait simplement la garder en souvenir pour ne se rappeler de ne plus jamais participer à ce genre d’événement organisé. Peut-être que le jeune homme devant lui l’exposera lui aussi dans sa salle de bains, à moins qu’il ne soit pas réticent à l’idée de sentir la fleur. « Ma virilité devrait s'en remettre, ne t'en fais pas. Je me mettrais dans l'ambiance en allumant des bougies. » Lèvres pincées, Raphael sourit en gardant ses yeux rivés vers la bouteille rose, comme si cette dernière allait se transformer en gel douche pour les hommes. Il est vrai qu’il se sent légèrement mal à l’aise d’offrir un tel shampoing à un garçon à l’aspect très masculin – du moins, bien plus que lui  et ses bouclettes peignées et sa mâchoire complètement imberbe. Il a de la chance, ce Channing, de posséder une barbe aussi fournie. Le danseur en serait presque jaloux. « Eum, Raphael. » Il répond sur le qui-vive, quelques secondes en retard, trop concentré à constater la pilosité parfaite de l’étranger. Il est à nouveau sorti de sa contemplation lorsque l’autre s’excuse de lui avoir offert un tel produit mais il ne souhaite pas le rendre mal à l’aise alors il l’assure, sans grande conviction, qu’il arrive à lui trouver une utilité. « Ca me fait plaisir. et j'aurais moins de difficultés à utiliser le shampoing et le savon plutôt que toi ce rouge à lèvres et cette carte cadeau. Je suis désolé. » Il secoue la tête, soulevant légèrement sa main. « T’en fais pas, vraiment. De toute façon, je suis certain que la plupart des gens ici sont déçus de leur cadeau ! » Il lance, tentant de détendre l’atmosphère (même s’il est le seul tendu) en jetant un coup d’œil autour d’eux pour observer le visage des autres participants. Il n’y trouve que de la joie et des sourires, comme si Noël avait un effet reposant pour tout le monde. Channing lui propose une boisson chaude et il accepte, pensant toutefois qu’il lui en devra une. Il suit le jeune homme du regard alors qu’il se dirige vers le comptoir pour commander deux chocolats chauds. Il en profite pour sortir son téléphone et se regarder dans le reflet pour s’assurer que sa tête est présentable. C’est un réflexe qu’il a adopté depuis qu’il a l’impression que le monde entier le regarde maintenant qu’il n’y a plus que Diana dans son champ de vision. Avant, il ne s’inquiétait pour son apparence qu’en sa présence. Maintenant, et ce depuis qu’il a réalisé qu’il n’y a pas que les femmes qu’il lorgne, il fait des efforts. « et voilà. J'y ai déjà goûté, normalement c'est une assurance sûre. » Il pose vivement son téléphone sur la table, surpris par le retour de Channing qui s’était fait plutôt discret. « C’est parfait alors, merci beaucoup. » Il enroule ses doigts autour de sa tasse chaude, tente de relever les yeux pour les poser dans ceux du garçon mais les rabaisse rapidement. Il est intimidant, il faut dire, lui et sa tête parfaite. Il devait probablement être un élève populaire à son école. « Oui, évidemment, on est là pour ça ! » Raphael lance juste avant de boire une gorgée de chocolat chaud. Sa saveur est effectivement délicieuse. « Je suis prof de danse mais je te rassure, je ne me déguise pas en clown pour enseigner. C’est que je fais des fêtes d’enfants, aussi… Je créer des phobies chez les gosses. Enfin, je me déguise en clown pour des fêtes d’enfants, ce n’était pas clair comment je l’ai dit haha. Mais beaucoup ont peur des clowns alors je trouve ça un peu stupide de la part des parents qui m’engagent. » Il se tait, glissant l’ongle de son pouce entre ses dents en réalisant qu’il s’est emporté dans les détails inutiles. « Et des pubs, aussi. Je passe dans les pubs à la télévision. Mais ne me cherche pas, je suis toujours une mascotte ou un figurant caché par le logo de la marque. » Nouveau ricanement nerveux, nouvelle gorgée, puis il renvoie la question. « Et toi alors ? Si je pouvais parier, je dirais que tu bosses dans les automobiles. Sans vouloir faire de jugement ou quoi que ce soit. Mais j’ai l’impression que tu vendrais bien des bagnoles. » Cette fois, il posa sa tasse sur ses lèvres pour la laisser là afin de se cacher un peu.        

C'est vrai. Après tout, même lorsque l'on connaît la personne, trouver un cadeau adapté peut parfois devenir un vrai challenge. Pas à chaque fois, heureusement, mais qui n'a jamais eu la panne en réfléchissant à quoi offrir à un proche ? Dans certains cas, la réponse à la question semble évidente. Dans d'autres, comme dans leur situation, la solution au problème l'était beaucoup moins. Le brun adore offrir, davantage que de recevoir lui-même un présent, mais apporter un cadeau à un étranger a été une vraie mission. Mission à laquelle il a échoué avec ce changement de partenaire à la dernière minute. Pas faute d'avoir essayer de faire les choses bien ! Mais en regardant un peu discrètement autour d'eux, les paquets sur les tables demeuraient classiques, ce qui le rassura. C'est vrai qu'il a toujours entendu dire que c'est l'intention qui compte, toutefois pour booster son effet connaître la personne en face aide quand même. grandement. Ils n'avaient pas été aidé, mais avec un peu de chance cela ne les empêcherait pas de passer un bon moment autour de ces délicieuses boissons chaudes. « Eum, Raphael. » Un sourire prit place sur ses traits, léger et voulant l'apaiser un peu. S'il était à l'aise avec toutes ces choses là, avec le social et le relationnel, il comprenait très bien que cela ne soit pas le cas de tout le monde. Chan avait ça dans la peau, c'était une facette clé de son métier, et s'il pouvait mettre les autres au placard lorsqu'il endossait un habit de civil, il ne pouvait définitivement pas le faire avec celle-ci. Il était quelqu'un de chaleureux, et à force de sourire partout pour faire bonne figure il y avait pris goût. Non pas qu'il était impossible de faire disparaître ce sourire, mais l'homme au gel douche n'avait pas de soucis à se faire. « T’en fais pas, vraiment. De toute façon, je suis certain que la plupart des gens ici sont déçus de leur cadeau ! » Il ne put s'empêcher de rire un peu en regardant les tables autour d'eux. Au fond, cela ne le surprendrait pas. Mais cet évènement était davantage l'occasion de faire une bonne rencontre plutôt que celle de repartir avec le cadeau de ses rêves. Chan posa les chocolats sur la table, prenant son temps en voyant qu'il ne l'avait pas entendu revenir, et se réinstalla. « C’est parfait alors, merci beaucoup. » Il le regarda une seconde et posa à son tour ses mains sur la tasse. « Je suis prof de danse mais je te rassure, je ne me déguise pas en clown pour enseigner. C’est que je fais des fêtes d’enfants, aussi… Je créer des phobies chez les gosses. Enfin, je me déguise en clown pour des fêtes d’enfants, ce n’était pas clair comment je l’ai dit haha. Mais beaucoup ont peur des clowns alors je trouve ça un peu stupide de la part des parents qui m’engagent. » professeur de danse ? En y réfléchissant un peu, c'est vrai qu'il pouvait bien avoir le profil. Pas que Chan soit très au point sur le sujet, toutefois il avait le physique de ceux qu'il voyait bien dans ce domaine là. Et au niveau des enfants, nul doute qu'il devait être talentueux et juste avec eux. Le brun ne put s'empêcher de sourire un peu en le voyant s'égarer dans quelques détails, sans avoir la once de moquerie dans sa réaction. Non, il le trouvait chou en réalité. Ils ne devaient pas avoir tant d'écart d'âge et pourtant ils contrastaient terriblement. Il hocha doucement la tête, le laissant poursuivre en prenant une gorgée de sa boisson sans le quitter des yeux. « Et des pubs, aussi. Je passe dans les pubs à la télévision. Mais ne me cherche pas, je suis toujours une mascotte ou un figurant caché par le logo de la marque. » Il le devançait. C'est clair que le Walker l'aurait sûrement cherché dans le cas inverse. Il remua un peu son chocolat sans se défaire de son éternel sourire, sourire qui pourtant ne perdait pas le moins du monde en authenticité, aussi longtemps qu'il pouvait bien demeurer sur ses traits. « Je te vois bien dans ce milieu maintenant que tu m'en parles. Ca te plaît ? Tu as toujours fais ça ? » peut-être avait-il été danseur ? Professionnel même, qui sait ? et qu'il avait décidé de quitter de quitter le feu des projecteurs pour enseigner. Ou Channing était peut-être totalement à côté de la plaque, ce qui était tout autant probable. « Et toi alors ? Si je pouvais parier, je dirais que tu bosses dans les automobiles. Sans vouloir faire de jugement ou quoi que ce soit. Mais j’ai l’impression que tu vendrais bien des bagnoles. » Dans le domaine de l'automobile, Chan s'y serait sûrement penché s'il n'avait pas été destiné à reprendre le groupe familial. Car les belles voitures, qu'est-ce qu'il les aimait. Concessionnaire ou pilote, même garagiste, cela lui aurait sûrement plut. Dans une autre vie plus simple, peut-être. Dans celle-ci, il était celui qui les achetait et qui s'amusait avec. « J'adore les belles bagnoles, c'est vrai. Mais je suis celui qui les achète, pas qui les vend. Même si ça me plairait sûrement, mais je suis dans le commerce tu as raison. Je travaille dans l'immobilier. » préciser qu'il était le dirigeant de l'influente entreprise qui portait son nom ne lui sembla pas nécessaire, un peu de simplicité ne lui ferait pas de mal ce soir. Il ne peut pas s'en offrir tous les jours après tout, alors il prit la décision d'en profiter un peu.

@Raphael Elly

On pourrait presque croire que Raphael ne s’en tire pas si mal, lui qui habituellement souffre d’énormes problèmes sociaux. Il est rarement celui qui prononce le plus de mots au fil d’une discussion, et pourtant : ce soir, c’est un flot impressionnant de phrases qui s’échappent de ses lèvres, comme si le simple fait de parler pouvait cacher son malaise d’avoir reçu le cadeau destiné à une femme. C’est dans ce genre de moment qu’il se rend compte qu’il n’est peut-être pas une cause perdue, après tout, parce que Channing je le regarde pas de haut. Son sourire est toujours ravissant, comme s’il était réellement intéressé d’apprendre à connaître ce garçon à l’allure bien plus timide que la moyenne. Il le rend à l’aise, à vrai dire, et c’est quelque chose que peu de gens arrivent à faire. Il ne se sent plus aussi minuscule et c’est un sentiment agréable. Malgré tout, il reste tout de même méfiant en se cachant le plus souvent possible derrière sa tasse chaude, comme si cette dernière agissait comme une barrière contre le regard des gens et, surtout, le regard de ce jeune homme assis devant lui. Ce dernier l’interroge quant à ses occupations et c’est d’une façon plutôt aisée qu’il explique qu’il est un professeur de danse qui passe aussi parfois à la télévision dans le costume d’une mascotte. C’est un discours qu’il connait par cœur et qu’il répète à quiconque souhaitant apprendre à le connaître davantage. Malgré tout, il faut dire que ce n’est pas tout à fait la destinée qu’il s’était imaginé. Les histoires terminent toujours mieux dans les films. « Je te vois bien dans ce milieu maintenant que tu m'en parles. Ca te plaît ? Tu as toujours fais ça ? » Entrouvrant les lèvres, il s’apprête à répondre positivement mais une petite voix le traite de menteur. Il soupire légèrement, hésite trois secondes puis secoue la tête de droite à gauche. « Non. En fait... Si. C’est super d’enseigner à des gosses mais ce n’est pas ce que je voulais faire. C’était ma seconde option. » Il gratte la table avec son ongle, esquissant un sourire puis une moue, qui se transforme à nouveau en sourire. « Je voulais devenir un artiste de la scène, Broadway, peut-être, mais la chance n’a pas été de mon côté. » Il hausse mollement les épaules : maintenant qu’il va atteindre la trentaine, il se dit qu’il faudrait mieux pour lui d’arrêter de rêver à l’inatteignable. C’est encore difficile pour lui d’accepter son sort et la dernière audition ratée qu’il a faite a frappé bien plus fort que les précédentes. Il vieilli et il n’y peut rien si les grands noms du théâtre recherchent de jeunes talents. Il finit par balayer l’air du revers de la main, préférant arrêter d’y penser. Il tente de deviner la profession de son interlocuteur mais ne vise pas totalement dans le mille. Cependant, il n’est pas peu fier d’avoir deviné que ce Channing était effectivement un vendeur. Il a l’aisance des gens qui arrivent à te faire acheter un truc dont tu n’as pas besoin. Il l’a convaincu en seulement un clignement de paupières de prendre un chocolat chaud. « Dans l’immobilier. » Il répète en hochant la tête, malheureusement très peu connaissant de ce sujet. La discussion aurait probablement été plus facilement relancée si lui aussi était un artiste. Cependant, il a noté un détail qu’il relève à nouveau : « Tu as plusieurs bagnoles, alors ? Tu les collectionnes ? » Et il ne peut s’empêcher d’ajouter dans un souffle : « On n’a pas beaucoup de points en commun, je n’ai même pas le permis. Et je vis dans un petit appart, ce serait le comble pour un agent immobilier de ne pas vivre dans une baraque. » Il fronce les sourcils, se mord la lèvre inférieure et se corrige rapidement : « Enfin, ne sois pas vexé si tu habites aussi dans un appartement, c’était une façon de parler. » Finalement, c’est peut-être mieux quand il est celui qui prononce le moins de mots dans une discussion.    

et curieux d'en savoir plus sur lui, Channing l'était réellement. Il faut dire que les deux hommes sont très opposés, et c'est en partie pour cela qu'il avait accepté ce secret santa dans un premier temps. Ce sont grâce à des occasions comme celles-ci qu'il peut faire des rencontres qu'il n'aurait sûrement jamais pu faire en temps normal. Raphael et lui fréquentaient des milieux différents, leurs centres d'intérêt divergeaient également et rien chez eux n'aurait pu les amener à se retrouver en face à face dans un café à boire un chocolat chaud. et pourtant, grâce à ce meet-up organisé en paire, ils se débrouillaient étrangement bien. Remuant doucement sa boisson chaude, Chan le regardait sans trop d'insistance pour ne pas le mettre mal à l'aise, mais assez pour remarquer son hésitation. Il lui laissa le temps de choisir les mots justes. « Non. En fait... Si. C’est super d’enseigner à des gosses mais ce n’est pas ce que je voulais faire. C’était ma seconde option. » Le brun était admiratif des professeurs, et de la patience dont ils devaient faire preuve pour transmettre leurs connaissances et leur expérience à des enfants plus ou moins grands. Que ce soit dans le domaine du sport, des hobbies ou des études d'ailleurs. Il se connaissait assez pour dire qu'il serait bien incapable d'être pédagogue et patient avec plein de petits humains qui courent partout. Autant Chan était quelqu'un de diplomate et éloquent, autant ce genre de job n'aurait pas été pour lui du tout. « Je voulais devenir un artiste de la scène, Broadway, peut-être, mais la chance n’a pas été de mon côté. » Broadway... n'est-ce pas le rêve de beaucoup d'artistes ? Il n'est pas très calé sur le sujet, mais assez pour dire que beaucoup y consacrent leur vie sans parvenir à y entrer pour autant. Comme des chercheurs qui dédient leur vie à une avancée scientifique dont ils ne seront pas les détenteurs de la finalité, même s'ils y auront contribué. Il s'agit de la même chose pour les artistes de scène qui, indirectement, en tentant leur chance à Brodway sans y entrer contribuent à la renommée des lieux. Il plissa les lèvres dans une moue compatissante. Ce n'était pas de la pitié, loin de là, juste un silencieux "c'est déjà courageux d'avoir essayé, désolé que cela ne se soit pas concrétisé." « Tant que ton métier te plaît, c'est le plus important. » Le Walker préféra ne pas s'attarder sur le sujet. « Dans l’immobilier. » Il battit des paupières pour appuyer à nouveau sa profession, s'ornant d'un sourire doux. Ce n'est pas un métier sur lequel on peut facilement ouvrir un débat passionné, il le lui accorde. « Tu as plusieurs bagnoles, alors ? Tu les collectionnes ? » Son sourire éclatant perça entre ses lèvres charnues, accompagné d'un rire doux, et il secoua légèrement la tête. « Pas vraiment, j'aimerais bien ceci dit. Non, j'ai une voiture et une moto, et elles me ruinent déjà bien assez. » Son ton était léger. Il aimait les belles choses, et cela passait inévitablement par les jolies bagnoles et cylindrées. Aussi bien l'une que l'autre étaient ses petits bijoux. « On n’a pas beaucoup de points en commun, je n’ai même pas le permis. Et je vis dans un petit appart, ce serait le comble pour un agent immobilier de ne pas vivre dans une baraque. » Il souria à sa confidence, reprenant une gorgée de chocolat chaud. « Enfin, ne sois pas vexé si tu habites aussi dans un appartement, c’était une façon de parler. » Il reposa sa tasse et le rassura d'un regard, sans se défaire de son sourire. Il appréciait leur échange, c'était tellement différent de tout ceux qu'il pouvait bien avoir au quotidien. et il n'était jamais contre un peu de changement et de surprises, et ils se débrouillaient admirablement bien pour en tirer le meilleur. « Je ne dirais pas à mon loft qu'on m'a conseillé de le troquer contre une grande baraque, c'est promis. Il ne se vexera pas, ça restera entre nous. » Il avait posé un regard amusé sur le danseur, quoique qu'un peu taquin. Mais de la plus douce des façons, il ne voulait pas du tout le mettre mal à l'aise ou le faire regretter d'avoir dis ça. au contraire. « C'est vrai qu'on a tendance à croire que tous les agents immobiliers vivent dans des palaces, mais à force d'en faire visiter on finit par se dire que c'est tout aussi bien d'avoir un joli petit appartement. » Il fit une petite pause, avant de relancer une autre interrogation. « Et toi, tu as des passions à l'exception de la danse ? » Channing ne le disait pas à voix haute, mais son attitude le transcrivait bien : si tu n'as pas envie de répondre, ne te sens pas obligé. C'était une particularité qu'il avait, celle de beaucoup communiquer par son regard et sa gestuelle, sans qu'il n'y fasse plus attention maintenant. C'est une habitude qu'il a toujours eu, celle de laisser de la place et du temps aux choses et aux personnes qui en ont besoin.

@Raphael Elly

C’est ce qu’on lui répétait toujours. Que le plus important, c’est de se plaire dans son métier. Et il y a cru, à ce pansement moral, Raphael, parce qu’il ne voulait pas souffrir plus longtemps en espérant l’arrivée de ce jour où il atteindrait ce rêve inatteignable. Aujourd’hui, il se contente, en soupirant, de se payer un siège mal placé dans le grand théâtre. Au maximum une fois par mois parce que ses moyens ne lui permettent pas d’en profiter d’avantage. Après tout, les contrats se font rares et il n’enseigne que de soir. Au moins, il a un toit sous lequel dormir. Il se dit souvent qu’il devrait reprendre les études pour trouver un métier plus stable, comme le métier du garçon qui se trouve devant lui, mais le danseur a toujours eu besoin d’un peu de passion pour que la motivation le pousse à réussir. Il n’a jamais été intéressé par toutes ces matières qu’on lui a enseignées, malheureusement. « Pas vraiment, j'aimerais bien ceci dit. Non, j'ai une voiture et une moto, et elles me ruinent déjà bien assez. » Se pinçant les lèvres, Raphael dissimule sa surprise derrière sa tasse : c’est dans ce genre de moment qu’il regrette d’être né avec son amour pour la danse. Pas qu’il est jaloux de sa voiture et de sa moto, au contraire, il n’a jamais été le genre de garçon à chercher la vibration du moteur. Mais plutôt parce que ce Channing n’est probablement pas du genre à trouver des chiffres rouges dans son compte en banque. Ce doit être agréable de ne pas s’inquiéter de recevoir un appel de son banquier à tous les vendredis. Se lançant pieds joints dans le cliché, le bouclé s’imagine déjà que l’agent immobilier attablé avec lui possède une modeste baraque mais il s’excuse rapidement en réalisant qu’il n’a pas été des plus subtiles. « Je ne dirais pas à mon loft qu'on m'a conseillé de le troquer contre une grande baraque, c'est promis. Il ne se vexera pas, ça restera entre nous. » Il a bien fait de se reprendre rapidement parce que l’embarras le gifle moins violemment. Tout de même embêté, il s’excuse d’un regard, gardant tout de même un sourire timide tapissé sur les lèvres. « C'est vrai qu'on a tendance à croire que tous les agents immobiliers vivent dans des palaces, mais à force d'en faire visiter on finit par se dire que c'est tout aussi bien d'avoir un joli petit appartement. » Il est vrai que Raphael n’a jamais rêvé du luxe alors il rejoint son avis. « De toute façon, ça ne sert parfois à rien d’avoir trop de place, surtout si tu ne partages ton logement avec personne. Enfin, c’est mon cas, peut-être pas le tien. Tu as un coloc ou une petite amie ? » Il demande, se mordant la lèvre inférieure, surpris d’avoir osé poser cette question qui le rend habituellement mal à l’aise. Les histoires de couple, ce n’est pas sa tasse de thé, et il ne fait qu’envier ceux qui pensent vivre le grand amour. Il se contente de soupirer en pensant que toutes ces personnes qui l’entourent sont inaccessibles. Surtout Kieran. « D’autres passions ? » Il répète, les yeux gros comme des melons, avant de boire une gorgée de chocolat chaud pour s’hydrater la gorge en réfléchissant. Il finit par secouer la tête de droite à gauche : « Pas vraiment. C’est déjà pas mal, je trouve, certaines personnes n’en ont pas. » Il ment un peu, mais c’est surtout parce qu’il n’a pas envie de parler de son intérêt exagéré pour la mode des années 80. De toute façon, il suffit de lui jeter un coup d’œil pour comprendre qu’il n’est pas du genre à se balader dans les boutiques de vêtements modernes. Et puis, ce serait plutôt gênant d’admettre qu’il collectionne les chemises à motifs hideux. « Et toi ? » Il interroge en retour, espérant que le jeune homme a quelque chose d’intéressant à raconter pour éviter que la conversation ne coule dans le malaise – un malaise que seul lui ressent, évidemment.            

Spoiler:

Un peu de passion pour réussir. Qui peut prétendre ne pas en avoir besoin ? Tout le monde a besoin de quelqu'un ou quelque chose pour trouver la motivation de se lever le matin. Pour Channing, c'était sa dévotion à faire ce qui est juste et ce qui doit être fait, à surtout épargner la tâche à sa petite soeur. Dans un premier temps, n'avait pas repris le post de directeur général du Walker Group par envie. et ainsi, il épargnait à sa famille d'être plus divisée qu'elle ne l'était déjà. Dans le processus, il s'était pris au jeu et se considérait chanceux aujourd'hui de trouver un plaisir à travailler dans le domaine de l'immobilier. La chance de se plaire dans son job n'était pas donnée à tous du premier coup, et certains devaient retenter l'aventure plusieurs fois. Sans parler de ceux qui passaient leur vie à chercher la bonne combinaison, sans pour autant la trouver dans la finalité des choses. Lui pouvait profiter de ça, et de sa situation financière stable. Pour le moment, du moins. Car sous l'or et les paillettes de l'entreprise, cette dernière piquait du nez dans l'ombre de sa réussite. Mary lui avait laissé le navire avant de sauter à temps dans un canot de sauvetage, voyant trop tard l'iceberg vers lequel elle avait lancé le paquebot à pleine vitesse. La question maintenant était celle de savoir si le bateau allait arrivé à New York en un temps record, ou s'il allait couler au fond de l'Atlantique. Tout reposait à présent sur ses épaules, mais également sur celles de sa soeur qui pouvait bien faire pencher la balance en leur faveur. L'avenir leur dirait bien assez vite s'ils avaient fait les bons choix, ou non.

Le brun regardait Raphael avec un sourire doux en prononçant ses paroles, cherchant à la taquiner un peu derrière sa tasse de chocolat chaud qui semblait le protéger de tous les maux. Au moins, il avait réussi à le faire sourire, même timidement. « De toute façon, ça ne sert parfois à rien d’avoir trop de place, surtout si tu ne partages ton logement avec personne. Enfin, c’est mon cas, peut-être pas le tien. Tu as un coloc ou une petite amie ? » Il le rejoignait sur son point de vue. Lui aussi trouvait ça un peu excessif d'avoir une immense baraque à entretenir pour y vivre seul. Pas qu'il était contre le luxe en voyage, bien au contraire, mais pas pour y vivre à l'année. Son loft était un joli cocon dans lequel il se sentait bien, il n'avait pas l'impression de s'y perdre, il était tout juste ce dont il avait besoin et il ne l'échangerait pour rien au monde. Bien sûr, lorsque l'on a une famille, une femme et des gamins qui courent partout, il faut de la place pour que le cerveau n'explose pas. Mais ce n'était pas son cas. Il secoua doucement la tête. « C'est mon cas également, je vis seul alors je n'ai pas besoin d'un palace. » il notait que, derrière ses airs timides, il avait toutefois de la discussion et qu'il n'hésitait pas à poser des questions. Des questions qu'il semblait immédiatement regretter, mais qu'il posait toutefois avec une bienveillance. Il l'était, bienveillant. « D’autres passions ? » Chan hocha la tête avec un étirement de lèvres, comme pour confirmer. Oui oui, d'autres passions, hobbies ou quoique ce soit d'ailleurs. En voyant ses gros yeux ronds, il compris seul la réponse. « Pas vraiment. C’est déjà pas mal, je trouve, certaines personnes n’en ont pas. » Il fit une petite moue pour approuver ses paroles, hochant la tête. « Tu marques un point, c'est vrai. C'est déjà pas mal, tu as raison. » Après tout, combien de personnes n'ont pas réellement de passions ? Sûrement bien plus qu'on ne l'imagine. « Et toi ? » et lui ? eh bien Chan en avait, pas vraiment conventionnelles certes, et encore moins pouvant être présentées ainsi. Les courses illégales, moins il en parle mieux il se porte, les personnes au courant se compte sur les doigts d'une main et l'inconnu n'allait pas se rajouter à la courte liste, aussi gentil soit-il. Finalement, l'héritier continua la conversation en parlant de choses et d'autres et ils terminèrent la soirée comme ça, en terminant leurs boissons chaudes et en repartant chacun avec un cadeau qui finirait sans doute par prendre la poussière quelque part. Il n'était finalement pas si mécontent de ce Secret Santa, il avait passé un bon moment avec l'homme. Raphael et lui ne se seraient sûrement jamais croisés à l'extérieur, leurs mondes étaient bien trop différents. C'était pour faire ce genre de rencontre qu'il avait accepté de participer, et il n'était pas déçu.

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