Ses mots avaient raisonné pendant tout le trajet retour que je faisais à pied jusqu’au dojo. J’avais besoin d’air, besoin d’espace et même les passants que je venais percuter de mon épaule, m’arrachant un grognement de douleur et d’agacement face à tant de maladresse, même ceux-là étaient invisibles. Il n’y avait que moi et cette scène qui tournait en boucle dans mon esprit. Il y avait forcément une erreur. Comment pouvait-elle révéler près de dix ans de sentiments méconnus de mon cœur ? Je pensais que cette nuit-là n’avait été qu’un égarement de notre part respective. Les heures passaient, je déambulais dans ces rues que je connaissais que trop bien, voulant continuer jusqu’à épuisement pour oublier cette vérité qui venait de me frapper de plein fouet : Danika m’aimait.
La nuit était tombée quand j’étais enfin arrivé face au dojo et ce soir-là je ne m’étais pas approché de l’entrée, j’avais fui face à ce sanctuaire, tout comme j’avais fui quand la conversation était devenue trop sérieuse. J’étais rentré et j’avais décidé de noyer mon esprit dans l’alcool pour une fois. J’avais ce besoin d’anesthésier la douleur corporelle tout comme celle émotionnelle. Comment avais-je pu être si aveugle avec elle alors que l’évidence était flagrante. Pourtant, je ne savais pas s’il était question d’une réciprocité de ma part. Et je n’avais aucunement la foi à effectuer une introspection avec cet esprit embué. Comme si la situation n’était pas assez compliquée à gérer, je me retrouvais maintenant avec des années de situations à démêler. J’avais choisi le silence. Ou l’absence. Peu importait le point de vue, je ne voulais pas disparaître. Qu’était-ce que dix jours dans toute une vie ? Dix jours de silence radio. J’étais sorti le strict minimum pour assurer quelques-uns de mes cours, faire mes courses et promener Ruby. Puis je m’étais enfoui dans le travail, m’obligeant à porter cette foutue attelle pour tenter de calmer la douleur. Les antalgiques qui m’avaient été fournis n’avaient pas bougé de leur boîte, et je faisais en sorte de réduire au maximum mes mouvements. Un peu de bon sens dans tout ce chaos.
Je ne dormais plus. Du moins mes nuits étaient agitées et les cernes s’étaient entassées. J’arrivais plus tôt à l’université, m’enfermant dans les amphithéâtres ou mon bureau et j’évitais tout contact. Je repartais, la nuit tombée. Je ne supportais plus cette inconnue. Je ne supportais plus l’idée que tous les moments que j’avais pu passer avec Danika me semblent si faux… Comme si ses sourires étaient entachés d’hypocrisie. Pourtant c’était impossible. On ne pouvait pas remettre toute une vie en question. Et oser dire que les sentiments étaient existants quand elle m’avait laissé m’éloigner petit à petit, nous tuant à petit feu. Je venais de passer probablement la cinquième nuit blanche consécutive et j’avais un besoin urgent de sortir de chez moi, de prendre l’air au risque de finir par tomber de cette corde raide pour ne pas m’en relever cette fois-ci. J’étais resté de longues minutes sous l’eau brulante de la douche, ne prenant pas la peine de me raser, me coiffant de façon purement aléatoire et en enfilant ce qui me tombait sous la main. Après tout, je ne risquerais pas de croiser grand monde sur mon parcours, à l’aurore.
C’était le moment où la nuit croisait le jour. Les fêtards rentraient quand les lève-tôt sortaient enfin, donnant l’impression que la vie ne cessait jamais de s’arrêter. Je marchais sans but, laissant l’air frais prendre possession de ma peau qui frissonnait quand mon regard tombait sous la nostalgie des lieux que je traversais. Ce parc à proximité qui avait vu les premiers pas de Danika, ses premières chutes en vélo lorsqu’elle avait absolument tenu à enlever les petites roues. Oui voilà, les années avaient marqué notre lien de force. C’était une évidence qui avait pris un tout autre chemin sans que je ne m’en rende compte. Plus j’avançais dans les rues de Brisbane plus je savais où mes pas me menaient. Je prenais la direction du cimetière. Ce n’était pas quelque chose que je faisais souvent, estimant que je n’avais pas besoin de me retrouver devant un caveau pour me recueillir. Ma place était déjà réservée, et s’ils savaient que j’aurais pu les rejoindre bien plus tôt que prévu… Non je ne voulais pas y penser. Alors j’entrais dans le cimetière, retirant ma casquette comme par respect pour les défunts, et instinctivement, je venais devant la tombe de mes parents. Je restais quelques secondes debout, réfléchissant à une quelconque parole, un quelconque laïus que j’aurais pu décider de sortir. Pourtant je n’avais pas la force. Je préférais ramasser les quelques détritus, nettoyant la pierre tombale avant de repartir, restant aussi silencieux que je ne l’avais été durant mon arrêt. Sur mon trajet, je bifurquais dans une allée qui me semblait être celle que j’avais reconnu auparavant sur le plan à l’entrée du cimetière. Je comptais les tombes et m’arrêta devant celle qui laissait apparaitre le nom de James Riley. Mes mains se serrèrent, courbant le dos tandis que ma tête n’osait fixer plus longtemps la pierre tombale. « Désolé… » lâchais-je dans un murmure, avant de fuir face au père comme j’avais fui face à Danika. C’était terminé. S’il y avait bien une chose que les jours m’avaient permis de comprendre, c’était que de revoir la jeune femme avait réveillé en moi une envie que je n’avais plus eue depuis tellement longtemps : celle de vivre au lieu de survivre.
Je revenais à mon lieu de départ bien rapidement, une idée précise en tête : rendre visite à Danika. Peu importait l’heure, peu importait notre dernière entrevue, j’avais un besoin irrépressible de la voir. Elle et son sourire. Je lui devais au moins une explication. M’apprêtant à démarrer, je retirais de sous l’essuie-glace un prospectus sur le sanctuaire qui avait été ouvert pour accueillir tous ces animaux qui avaient pu être touchés par ces terribles incendies. Je pliais la publicité, la glissant dans la poche arrière de mon jean et parti bien rapidement en direction du domicile de Danika. J’avais choisi de prendre ma voiture, m’interdisant de conduire ma moto dans cet état de fragilité émotionnelle. Je n’étais pas du genre à vouloir mettre fin à mes jours, mais j’avais perdu toute capacité de réflexion depuis que toute mon existence avait été remise en question. Dix jours n’étaient pas suffisants pour me permettre de faire le point. Mais c’était la durée maximale que je pouvais tenir loin d’elle. Le soleil se levait à peine quand je tirais mon frein à main. Je ne savais pas si Danika avait travaillé la veille, mais je ne l’espérais pas, son genou ayant besoin de repos.
Je descendais du véhicule, me retrouvant en quelques secondes face à sa porte. Sonner ou frapper ? Telle était la question… Je n’avais pas remis mon attelle en sortant du véhicule et je m’en voulais presque, persuadé que le reproche ne lui échapperait pas. Car après tout, elle avait tous les droits de le faire. Je sonnais longuement, attendant bien trop longtemps à mon goût, mon regard se penchant vers sa fenêtre en espérant y apercevoir sa silhouette. Je m’apprêtais à sonner une seconde fois, quand la porte s’ouvrit, ma main étant toujours tendue vers la sonnette. « Bonjour. » me contentais-je en laissant tomber ma main sur ma jambe. Je l’observais des pieds à la tête, m’arrêtant longuement sur son genou tout en grimaçant. Mon regard la fusilla pour lui faire comprendre que je la trouvais totalement inconsciente de se tenir debout, sans béquilles et sans attelle. J’étais resté silencieux, comme si j’avais en face de moi une bombe à retardement que je ne voulais pas voir exploser entre mes mains. « La compulsion était trop forte… Je… Vas t’asseoir veux-tu ? » lui demandais-je en m’approchant d’elle. Elle n’avait pas l’air de cet avis, et je m’arrêtais face à elle, sentant le papier dans ma poche arrière de mon jean. Je le sortis, froissés, et l’ouvrit devant elle. Je n’osais pas imaginer quelle image je devais renvoyer, naviguant entre la fatigue et la souffrance, tenant sur les nerfs. Je lui tendais le document, venant le poser contre son épaule. « C’était une mauvaise idée… » dis-je sans réellement savoir si je parlais de celle d’être venu jusqu’à chez elle ou bien d’avoir osé imaginer une fraction de secondes qu’elle aurait pu vouloir venir avec moi à ce sanctuaire. Je m’apprêtais à partir, descendant les quelques marches de son perron, avant de me retourner, le visage touché par ce lot d’émotions que je ne maitrisais plus. « Je suis allé au cimetière ce matin… Je me suis arrêté sur la tombe de ton père… Et en revenant, il y avait ce prospectus… Alors j’ai pensé que… Ce qui est totalement idiot… Tu as l’air bien trop occupée pour venir passer ta journée avec moi au sanctuaire... » conclus-je en la montrant du bout du doigt dans sa direction. « Je repasserais plus tard… ou pas… » lachais-je enfin sans pour autant bouger. J’étais immobile et je ne voulais pas m’éloigner car je savais que si je reprenais ce véhicule, je signais probablement la fin définitive de toute notre histoire.
Restant dos à elle, je relevais le visage dans la direction de mon véhicule puis je pivotais dans sa direction. « Tu auras le trajet pour m’insulter si tu le veux. Mais offre-nous ce répit… Et après… je disparaitrais si c’est ce qui est le mieux pour toi. » lui demandais-je la voix ferme. J’étais prêt à me sacrifier si le temps ne jouait pas en ma faveur. Après tout, je ne pouvais pas lui demander d’attendre éternellement après cette hésitation constante. La seule certitude que j’avais se trouvait être dans mon besoin de l’avoir dans ma vie, par pur égoïsme que je tentais de chasser. Comme ces doutes qui réapparaissaient quand je l’apercevais. Un pur mélange de complexité.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Mer 13 Mai 2020, 22:28
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Jeu 14 Mai 2020, 13:55
Elle avait cette droiture qui la rendait charismatique. Cette même droiture qu’elle arborait sur un tatami et qui me rendait fier d’avoir cette femme dans ma vie. Car oui, c’était devenue une femme et c’est en goûtant aux délices de cette féminité que je m’étais perdu. Que nous nous étions perdus. J’aurais voulu m’asseoir, rester à ses côtés et l’observer en silence. J’aurais voulu voir en elle la tristesse que j’avais pu créer pour prendre en compte à quel point j’avais été égoïste de penser que cette nuit était une erreur évidente. Malgré tout, mes bras prenaient toujours le chemin de son corps, aimant sentir sa sérénité contre moi. Du moins si cette dernière était vraie. Car malgré tout, je ne pouvais comprendre comment elle avait fait pour cacher pendant tout ce temps ses sentiments. Comment avait-elle pu me laisser l’approcher, m’autoriser à prendre le risque de la détruire ? Elle m’avait donné les armes comme si chacun de mes gestes étaient une tentative de roulette russe. Jusqu’au jour où la balle vient la percuter de plein fouet. Nous percuter en plein cœur. Et nous laisser sur le carreau, l’âme à sang.
Je n’avais pas honte de me montrer tel que j’étais face à ce silence qui me torturait. Adieu les tentatives de mascarade, je n’allais pas bien et je n’allais pas faire semblant du contraire. Pas quand je venais de plein gré face à ma croix de rédemption. J’aurais pu me mettre à genou, m’excuser au nom de je ne sais quelle divinité, m’excuser que la vie m’ait mise sur son chemin. Que cette dernière ne nous ait pas offert les mêmes sentiments. Que ce n’était qu’une étape pour elle, un cap pour moi. Qu’il fallait que l’on se serre les coudes, qu’on avance et qu’on apprenne à passer outre. Mais à quoi bon se lancer dans cette tirade alors que je n’aurais pensé aucun mot que j’aurais pu prononcer ? Non j’étais là, le cœur au ralenti, le souffle coupé et la peur qui me hantait. Peur de voir partir une nouvelle fois de plus une part intégrante de mon cœur. De laisser mon âme morcelée sans avoir les moyens de recoller les morceaux. Pourtant son regard me disait de partir, comme une dernière façon de me prévenir qu’elle ne reviendrait pas. Pas d’elle-même. Pas avant d’avoir obtenu la juste reconnaissance de mes erreurs. Pas après l’avoir laissé dans cette impasse. Pas après l’avoir regardé sans réagir, se jeter de cette falaise dans l’espoir que ma main ne la rattrape. Le choc était dur à ressentir, mais la réalité me frappa de plein fouet. J’avais une fois de plus agrandit le fossé qui nous séparait.
Je n’avais pas la force de traverser ce fossé. Pas la puissance de faire cet élan ni même le courage de sauter à mon tour dans ce vide. Car je savais qu’à contrario de cette femme forte qu’était devenue Danika, j’étais un homme blessé, meurtri de mes expériences, et que la chute, aussi courte soit-elle, était vouée à l’échec si je ne trouvais pas de quoi me raccrocher à elle. Je ne m’en relèverais pas cette fois-ci. J’avais été assez idiot pendant plus de sept ans pour penser que je pourrais avancer sans elle. Car l’évidence était là : quand tout s’écroulait autour de moi, que les gens disparaissaient, elle était encore ici, malgré vents et marées. Ma mère, ayant des croyances que je ne partageais pas forcément, m’avait expliqué que toute personne avait sur terre une âme sœur, une sorte d’ancre à son port, un lien puissant, profond et souvent instantané. Que ces relations étaient mouvementées et que quoi qu’il advienne, ces deux âmes étaient amenées à revenir l’une vers l’autre. Tirade à laquelle le jeune adolescent que j’étais à l’époque avait roulé des yeux. Et pourtant ses paroles traversaient mon esprit alors que la voix de Danika m’indiquait qu’elle allait me rejoindre, fermant la porte derrière elle.
Je ne me tournais pas vers elle, laissant un léger sourire blessé prendre part de mon visage tandis que je m’appuyais sur le capot de ma voiture, attendant qu’elle me rejoigne enfin. La porte fermée était l’image parfaite de notre situation. Elle avait été laissée entrouverte bien trop de temps sans que je m’en aperçoive, passant devant. Puis elle s’était décidée à l’ouvrir en grand, me donnant l’occasion de venir, de refermer derrière mon passage et de vivre heureux dans ce jardin secret. Puis le courant d’air avait claqué cette porte, nous laissant chacun de notre côté. Car c’était là qu’était ma place à mes yeux. Je ne pouvais entrer au risque de tout briser. Je souriais, presque rassuré, en l’apercevant enfin sortir de son appartement. Je me retirais du capot, contournant le véhicule que je venais d’ouvrir avant de m’installer au volant. J’allais démarrer le moteur quand la porte passager se retrouva fermée avec dureté, mon regard se posa sur Danika, surpris du regard qu’elle me portait qui ne me laissait pas le choix. « Tu aurais trop peur de ne pas pouvoir en faire ce que tu veux ? » tentais-je avec une ironie mal placée. Je m’excusais d’un mouvement de main, avant de reprendre « Je ne peux pas conduire avec… Et je ne te laisserais pas conduire avec ton genou si l’idée te traverse l’esprit. » lui dis-je en retirant l’attelle qui était au préalable sur le siège maintenant occupée par Dani pour venir la poser sur la banquette arrière. « Mais avant que tu ne râles ou que l’idée ne te vienne de faire demi-tour… Je la mettrais une fois là-bas… ». J’avais été aussi intransigeant qu’elle, démarrant à la fin de mes propos, tandis que je prenais la direction du Lone Pine Sanctuary. Mes mains étaient serrées sur le volant comme si sentir le cuir s’ancrer dans mes phalanges me permettaient de supporter ce lourd silence. Mon regard n’osait se poser sur elle, comme si la voir risquait de me faire perdre pieds. Pourtant ses mots venaient se planter dans cette armure ébréchée, mes lèvres marquant le coup de ses paroles. Il n’y avait plus rien à dire. Et ma fuite lui donnait raison. Pourtant je profitais du feu qui nous obligeait à nous arrêter, pour tourner mon regard vers elle. Je ne cachais plus la peine qui le prenait, laissant les larmes naître à la naissance de mes paupières sans vouloir les voir couler. « Et pourtant… Il y a encore tant de choses à se dire… Je n’ai juste pas les mots pour le faire Danika. Et j’aimerais que tu m’en excuses… » lui dis-je, déglutissant avec difficultés. « Je suis égaré… Comment veux-tu que je sois en mesure d’accueillir et de chérir quelqu’un alors que je n’ai pas été moi-même en mesure de voir toute ton affection ? » lui demandais-je tandis que les klaxons me sortirent de mon monologue, me rendant compte que le feu était passé au vert probablement depuis de longues minutes.
Je m’excusais d’un signe de main au travers le rétroviseur, et démarra sur les chapeaux de roues, ne faisant plus attention à la vitesse du véhicule, comme si plus je roulais, moins j’avais de risque de sombrer. J’en oubliais presque que Danika était assise à mes côtés, voulant simplement que ce moment se termine le plus rapidement possible. J’avais besoin d’air et besoin d’espace comme à chaque fois que je m’essayais à l’exercice de confidence. La musique crachait les quelques notes de Bryan Adams, comme si même les ondes sonores communiquaient mieux que moi. Don’t deny me, this pain I’m going through, Please forgive me. Je déglutissais en attendant ces paroles, et je décidais de couper net la musique, chose que je faisais rarement. Fort heureusement, j’apercevais le parking du Lone Pine Sanctuary, effectuant mon créneau du premier coup. Je coupais le moteur, me tournant vers Danika. Je me contorsionnais pour attraper l’attelle, preuve de ma bonne foi. Je l’enfilais, grimaçant lorsque j’élevais mon épaule pour remettre mon tee-shirt qui s’était coincé dans l’écharpe. Je soupirais, hésitant longuement en regardant les alentours. « Ravie ? Maintenant que je ne suis pas en train de foutre mon corps en l’air… On peut sortir ? » lui demandais-je en ouvrant la portière, faisant le tour du véhicule pour venir lui ouvrir sa porte. «Après vous Mademoiselle... Je te dois bien ça pour ne pas m'avoir tabassé à coup de béquilles...» Je ne pouvais m'empêcher de faire de l'humour, preuve que je n'étais pas à l'aise dans toute cette situation. Après tout, j’allais devoir lui montrer que j’étais désolé si mes mots ne pouvaient lui signaler, et ça, je ne savais pas faire.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Jeu 14 Mai 2020, 16:16
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Jeu 14 Mai 2020, 21:49
J’aurais voulu chasser les silences d’un revers de main, me retourner dans la rue et apercevoir une caméra cachée, voulant me faire croire à un gag. C’était impossible que deux âmes si proches pussent sembler si lointaines. Pourquoi avions-nous accepté de saboter ce que nous avions sans réagir avant ? Et si le sabotage n’avait pas été cette nuit passée à deux, où nos désirs étaient sur la même longueur d’ondes. Où nos corps étaient la parfaite image de l’harmonie. Corps et âme enfin réunis. Jusqu’au retour de la réalité car la Terre ne s’était pas arrêtée de tourner et que nos vies reprendraient leurs rythmes respectifs, nos activités habituelles et nous nous contenterions de poursuivre notre histoire comme si de rien n’était. C’était du moins ce que j’avais voulu. Probablement le début du sabotage en réalité. Car j’avais remis les œillères, n’ayant qu’une personne en tête, Je n’avais pas vu qu’en voulant faire les choses biens, j’avais fait plus de mal. A Danika. A moi. A nous.
J’encaissais le retour de verve concernant ce souvenir que je ne pouvais définitivement pas oublier. J’avais retenu dans le moindre des détails l’emplacement des tatouages de Danika, me les imaginant parfois sous ses vêtements quand la curiosité reprenait le dessus. Je repensais à ses mains, à ses lèvres sans éprouver ni l’envie ni le dégoût de ces images. J’aurais simplement voulu oublier. Oublier ses paroles, oublier son rappel à l’existence d’Andréa. J’aurais voulu lui hurler que je ne pensais à rien cette nuit-là si ce n’était qu’au plaisir que je voulais lui procurer, proportionnel à celui que je ressentais. J’aurais voulu lui dire tout cela, mais ses mots m’en empêchèrent, me paralysant face à tant de froideur à laquelle je n’étais pas habitué et je ne m’habituerais jamais. Je me murais dans un silence de plomb, ses mots tournant en boucle. J’avais senti la lassitude dans sa voix, mêlée à la fatalité comme si elle avait accepté quelque chose par dépit. C’était donc ça la suite de notre relation ? Deux étrangers si familiers qui ne pouvaient plus se supporter. Je n’en voulais pas. Plutôt mourir que de me sentir aussi mal à l’aise à ses côtés. Je voulais la prendre dans mes bras pour l’empêcher de se saisir de la télécommande et changer le film. Je voulais pouvoir la sentir contre moi, la défier d’aller le plus loin possible dans l’océan, restant sur le bord juste pour l’observer se donner au maximum de ses possibilités juste dans l’idée de me battre. Je voulais la sentir vouloir me faire trébucher pour arriver la première au marchant ambulant. Je voulais que tout redevienne comme avant, alors que les cicatrices me rappelaient que rien ne serait plus pareil. Pourtant l’idée même qu’elle ait accepté de venir avec moi aujourd’hui me redonnait de l’espoir. Du moins m’en donnait, moi qui ne savais plus ce que cela représentait depuis deux ans. L’espoir d’un renouveau. D’un nouveau nous. Sans les non-dits. Sans les silences. Et avec cette promesse renouvelée. Celle de ne jamais abandonner. Et si c’était cela qui l’avait poussé à me rejoindre ? Si elle le faisait plus par conscience que par envie ? Impossible, Danika n’était pas du genre à se forcer à faire quelque chose. Rien qu’à la voir m’observer mettre mon attelle sans bouger d’un iota me le prouvait. Mon état lui importait. Tout comme le sien était crucial à mes yeux.
Ce fût donc presque confiant que je descendais du véhicule, venant lui ouvrir la portière avant de me prendre le retour du bâton sans attendre. Elle ne rirait pas. Pas à ces blagues qui la faisaient rire auparavant. La route allait être longue et je commençais à me demander si l’idée de vouloir passer la journée avec elle avait été la meilleure. Je la vis accélérer la cadence, ne comprenant pas les raisons de ce changement soudain de rythme tandis que je fermais le véhicule. « Attends-moi, on est pas pres.. » je m’arrêtais net en comprenant qu’elle ne voulait pas que je lui paie son entrée. Foutu femme qui se voulait indépendante. Je roulais des yeux, m’apprêtant à protester tandis qu’elle ne m’en laissait pas l’occasion. Je prenais le billet, voulant venir la remercier alors qu’elle était déjà en train de passer les sas de sécurité, se dirigeant vers le plan du sanctuaire, la rejoignant juste au moment où elle me demandait ce que je voulais. La question avait tellement de possibilités de réponses, que je préférais agir plutôt que de répondre. Me glissant derrière elle, pour observer le plan, je me contentais de venir embrasser longuement le haut de son crâne avec délicatesse, murmurant juste après « Merci… ». Je ne me reculais pas pour autant, observant toutes les possibilités que nous avions durant cette journée, oubliant que mon corps était contre celui de Danika. Du moins oubliant que cette proximité n’avait pas lieu d’être, pas aujourd’hui. Je me reculais donc, à contre cœur, m’excusant dans un murmure alors que je prenais place à ses côtés, observant son doigt se poser sur ce qui s’avérait être le vivarium. Un frisson parcouru mon corps et je tournais subitement le regard vers elle, les yeux écarquillés. « Tu es sérieuse là ? Vraiment ? Tu me hais donc à ce point ? » lui demandais-je tandis que je ne voyais pas comment échapper à cette partie-là. Après tout étais-je en position de force ? Non. Mais je détestais cet air de défi qu’elle me lançait, me ramenant à nos combats passés. « Soit. Allons-y. Puis nous verrons bien qui rira le dernier. » lui dis-je en prenant la direction du vivarium, attrapant un plan papier au passage en remerciant l’homme qui les distribuait.
Mon cœur s’emballait au fur et à mesure que nos pas prenaient la direction de ce qui s’avérait être mon plus grand cauchemar. Je commençais à sentir mes jambes trembler, mes mains se tétaniser et j’étais à deux doigts de ne plus pouvoir avancer. J’avais même ralenti le rythme en apercevant le panneau de signalisation qui indiquait le lieu du crime. Je m’arrêtais, faisant mine de regarder les horizons, avant de poser un regard sur Danika, secouant la tête. « Je te hais… Tu le sais ça ? Je te hais toi et tes stupides défis. Toi et… tout ça… » dis-je en la montrant du doigt de haut en bas avant d’entrer dans le vivarium, restant longuement dans le sas d’entrée, sentant la chaleur me prendre aux tripes. Je sentais Danika dans mon dos, et je commençais à m’avancer, tentant de garder mon air fier alors que je n’en menais pas large. Je restais vraiment loin des parois, regardant très rapidement l’ensemble où je ne voulais pas m’éterniser. Je me tournais vers Danika qui – tout au contraire de moi – semblait prendre trop son temps à mon humble avis. « Je sais que tu es handicapée… Mais tu peux accélérer ? Tu prendras ta pause sur un banc à côté de tes amies les chauves-souris d’accord ? Mais sors-moi de là ! Si tu voulais me faire payer, tu as gagné » admettais-je tandis que je sursautais en ayant l’impression de sentir quelque chose à mes chevilles qui ne s’avérait être que de simples feuilles. Je la suppliais du regard, les bras écartés. Nous étions seuls au milieu de ces espèces que je n’appréciais pas. « C’est quoi la prochaine étape ? Me mettre littéralement un serpent autour du cou ? Comme si ce n’était pas suffisant déjà… M’obliger à plonger avec des crocodiles et me regarder me faire bouffer ? Ca te soulagerait peut-être ? » Mon ton était en train de monter, comme bien trop souvent ces derniers temps, même si ma voix était plutôt remplie d’inquiétudes que de colère. La peur parlait bien plus que ma propre raison. « Regarde moi Danika… Regarde où je me trouve juste pour tes beaux yeux… » lui dis-je en prenant finalement la direction de la sortie, ne voulant pas rester une seconde de plus ici.
Je poussais la porte de mon épaule abimée, grimaçant de ce geste qui était inné, ayant oublié mon état physique. J’attendais donc à quelques mètres de la sortie Danika, le regard fermé. La jeune femme était à peine à ma hauteur, que je reprenais la parole, ayant décidé de parler pour deux, elle qui avait voulu rester silencieuse. « On va s’ignorer toute la journée ? Se contenter de banalités toute notre vie ? Puis on va finir par se serrer la main aussi, et on se vouvoiera pour terminer ! » ironisais-je en exagérant, ne faisant pas attention aux gens qui voulaient profiter de la tranquillité du lieu. « Ton père s’était planté… Sur toute la ligne. Bien entendu qu’on est séparable. On se débrouille même très bien tout seul pour y arriver va ! » soupirais-je en laissant tomber ma main contre mon corps, tournant sur moi-même, perturbé. « Je ne peux pas… je ne peux pas te voir et ne pas t’entendre ! Je sais que je suis mal placé, mais c’est impossible de ne plus avoir ce que l’on avait… C’est égoïste… Mais je ne peux pas accepter d’avoir moins juste parce que je ne peux pas t’offrir plus… » conclus-je en me tournant de nouveau vers elle. « Laisse moi au moins respecter ma promesse… » lui demandais-je presque d’un murmure. Celle d’être là. Et c’est ce que je voulais le plus à cet instant précis.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Ven 15 Mai 2020, 00:39
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Ven 15 Mai 2020, 21:27
Admettre ses faiblesses, ses peurs et ses craintes était un exercice bien plus dangereux que ce que l’on pensait. J’aurais pu dire que c’était une erreur de me confier à Danika, assis sur un banc, le soleil couchant tandis que nous nous cachions de nos parents, juste pour le plaisir de profiter un peu plus de ce moment à deux. Elle semblait si surprise que je puisse avoir peur de quelques choses, moi le grand baraqué qui semblait inébranlable. Et pourtant ce soir-là, je lui ouvrais mon cœur et mes plus grandes craintes : l’abandon, la perte de mes proches, mourir, les serpents et les poules. Elle avait ri à la dernière annonce et s’était arrêtée quand je l’avais fusillé du regard. Je m’étais livré, ne pensant pas un jour que cette soirée pourrait être utilisée contre moi. Car malgré le défi qui pointait dans son regard, il y avait toujours un parfum de vengeance que je ne pouvais défaire de ses paroles. Je m’étais avancé, prenant mon courage à deux mains tandis qu’elle avait osé se moquer, préférant ne pas riposter par crainte d’avoir des mots qui dépassent le fond de ma pensée, une fois de plus. Car je savais que si elle réussissait à me faire dégoupiller, je risquais d’être hors de moi. Alors je préférais partir, la laissant au milieu de ces vipères que j’avais fortement envie d’assembler à son image, savourant l’air qui venait entrer dans mes poumons de plein fouet. Je me rendais compte que j’avais cessé de respirer en mettant les pieds dans le vivarium.
Je reprenais mon souffle, inspirant longuement, bloquant ma respiration et expirant tout doucement, exercice que le père de Danika m’avait conseillé de faire dans toutes situations de stress extrême. Je recommençais une autre fois cet exercice, les yeux rivés sur la porte de sortie. J’avais besoin de reprendre mon calme avant de la voir. Cette goutte d’eau qui risquait de faire déborder le vase. Ce regard brun définissant mes propres ténèbres. Ses yeux parlaient bien souvent plus que ses mots. Et pourtant je n’y voyais plus rien. Plus de fierté, plus d’affection, plus de joie, plus d’amour. Et tout ces moments me frappaient de plein fouet. Ces soirées que nous avions passé à deux ou avec Hayden. Ces veilles de compétition que je passais à angoisser pour elle, étant souvent le premier levé pour ne pas être en retard. Tout ce que j’ai laissé sur le bas-côté en acceptant de me morfondre. Alors bien entendu, je ne pouvais pas lui dire ce que je ressentais vis-à-vis de cette situation qui me paraissait grotesque et qui devait l’être d’autant plus, vu d’en haut. Puis je m’étais senti vidé. Comme si j’avais laissé mes dernières forces dans cette bataille que je n’avais pas mené car je la pensais perdue d’avance. Je ne pouvais pas savoir. J’étais perdu, je me voilais probablement la face, mais comment le prétendre si je ne soulevais pas ces interrogations ? En avais-je seulement la force alors que je n’avais pas toutes les réponses à mes questions. J’avais pensé le premier soir en croisant Danika que son retour enlèverait tout mes doutes, me permettrait de faire un peu plus de tri… Ce fût tout le contraire, ramenant avec elle les silences du passé.
Mes pensées cessèrent de divaguer en apercevant un léger sourire désolé prendre le visage de Danika. Un de ceux que je détestais apercevoir. Et en être responsable était terrible. Je fermais les yeux fortement, comme si cela empêchait ses paroles de faire leur bout de chemin. Ma main se posa sur la sienne avec douceur, tandis que je n’osais toujours pas la regarder. « Alors essayons encore Dani… S’il te plait… » lui murmurais-je en laissant sa main se reculer, gardant la sensation de chaleur un long moment sur sa joue. J’aimais son contact, j’aimais cette force tendre qu’elle dégageait. Mais je détestais la voir s’éloigner. Mon regard vint enfin se poser dans le sien, niant d’un signe de tête. « Tu ne sais pas ce que j’ai pensé, ni ressenti cette nuit là Danika… Car je n’ai vu que toi, je n’ai pensé qu’à toi sur le moment, contrairement à ce que tu peux penser. Mais il est compliqué de faire changer d’avis quelqu’un qui a cru pendant des années à ce qu’il pensait savoir. » lâchais-je sans donner plus d’explications, mon cœur s’arrêtant en la voyant se reculer. Nous étions donc incapables de se tenir à proximité l’un de l’autre ? Je la laissais s’éloigner, surpris qu’elle n’hausse pas le ton pour une fois. Je grimaçais en l’entendant. « Parce que tu te jettes pensant que j’ai toujours pu te sauver… Tu prends la falaise pendant que je prends le chemin des écoliers pour peut-être arriver au même endroit mais ça je ne le sais pas… Car pendant que tu as fait ton saut dans le vide et que je t’ai regardé impuissant le faire, j’étais bloqué sur cette route impraticable en essayant de me sortir de ces enlisements… » murmurais-je comme si cela pouvait m’excuser. « J’ai essayé… Vraiment… Mais être un frein à ton bonheur n’est pas envisageable… » lui dis-je dans un murmure alors que la suite n’était autre que la signature de mon arrêt de mort.
Elle semblait si catégorique. Comme si ces jours que je voulais garder pour réfléchir et qui s’étaient avérés inutiles de mon côté, avaient été prolifiques du sien. Elle ne pouvait plus vivre dans le passé. C’était peut-être ce que je devrais faire aussi. Mais je ne pouvais pas… Ce n’était pas un semblant que je voulais. Pas un quart ni la moitié. Je nous voulais nous. En me rendant compte qu’elle y avait laissé probablement autant de plumes que moi dans ma course pour tenter de conquérir Andréa. J’étais le fardeau de Danika. Et si elle ne pouvait plus accepter mes gestes tendres, je voulais lui en offrir un dernier. Un dernier bout de nous, avant de respecter cette promesse qui nous liait à vie. J’oubliais presque ses excuses concernant l’incident qui venait de se produire, restant obnubilé par son visage. Je n’avais pas dit un mot, mes poings s’étant resserrés, attendant la fin de ses paroles. Elle était en train de s’avancer alors que j’étais resté encore immobile. Il me fallut une fraction de secondes pour m’approcher d’elle, revenant bien rapidement à sa hauteur, tandis que ma main se glissa dans la sienne pour stopper sa course, la tirant vers moi. Je venais remonter ma seule main valide vers sa joue, et mes lèvres vinrent capturer ses lèvres avec force, peine, tristesse et nostalgie. J’étais autant perdu par le geste que par le moment et j’aurais été incapable d’expliquer les raisons qui m’avaient poussé à faire ça. Puis je me reculais, ne la quittant pas du regard en continuant de m’éloigner. « C’est ma façon à moi de tirer un trait sur notre passé… » lui expliquais-je sans me montrer bien convaincant. « A partir de maintenant… il n’y aura plus rien. Tu as raison… Je ne peux pas me faire passer avant toi… » concluais-je « Ni même te demander de sacrifier ta vie juste pour ne pas me blesser… » Ma voix s’était éteinte sur les derniers mots, reprenant mon plan avant de montrer d’un signe de tête dans la direction que j’étais en train d’emprunter. « Il y a les Wombats un peu plus loin… Une dose d’amour ne me fera pas de mal pour compenser tout ça… » lui dis-je en continuant mon trajet, lui indiquant la direction à suivre. « Vu qu’à priori je vais devoir me contenter de courtoisie et d’amicalité lambda… » crachais-je amèrement.
Je ne ralentissais pas, n’ayant même pas vu si elle me suivait ou non, attendant devant l’enclos de ces marsupiaux, assis sur un banc en face, le regard perdu sur mon portable, envoyant un message à Hayden pour prendre des nouvelles et lui annoncer une visite très prochainement. Car j’étais en miette et la journée ne faisait que commencer. Je ne savais pas comment elle se terminerait, mais j’avais l’impression d’avoir touché le fond. Je n’avais plus qu’à nous remonter. Et c’est ce que je fis en sentant arriver la silhouette de Danika face à moi. « Tu as fait tout le tour pour me rejoindre ? » lui demandais-je sarcastiquement. Fin. C’était très fin de ma part d’enfoncer le clou comme si je ne pouvais pas me comporter d’une autre façon en me sentant démuni. Aurais-je eu le don d’envenimer la situation plutôt que de faire l’effet escompté ? Maladresse quand tu nous tiens.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Sam 16 Mai 2020, 00:01
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Dim 17 Mai 2020, 19:24
Avais-je mérité ce que je récoltais ? Cette rancœur, cette distance, ces mots amplis d’amertume, ces regards noirs et le reflet de deux inconnus qui s’acharnaient jusqu’à ce que l’autre chute le plus bas possible ? Comment pouvais-je en quelques jours passer de cette proximité retrouvée malgré les accrocs, ces promesses de soutien et me retrouver à devoir calculer chaque mot, chaque parole, chaque geste ? Comment ? Une entrevue dans une ruelle. Des sentiments qui explosaient au grand jour. Et une réciprocité que je ne pouvais lui confirmer, moi-même n’étant pas au courant de son existence… Ou non. Avais-je mérité d’avoir la présence de cette femme forte, courageuse, et aimante auprès de moi ? Moi l’abruti qui était obnubilé par mes propres intérêts à défaut de voir ce qu’elle pouvait ressentir, n’avais même pas vu à quel point elle souffrait. J’avais passé des jours et des nuits à vouloir comprendre si j’avais moi-même bâti cet acharnement, construits ces murs dans lesquels je me retrouvais emprisonner ou si tout était bâti par une part de destinée qui m’obligeait à trouver en moi les ressources nécessaires pour affronter ces obstacles et à avancer. Être une meilleure version de moi-même comme m’aurait dit ma mère. Car celle que j’étais devenu correspondait probablement à la pire que je pouvais fournir.
Je l’avais attrapé. J’avais osé intimer un contact alors que sa peau ne voulait que me voir fuir. J’avais cédé à cette pulsion qui ne voulait qu’être apaisée par la présence de Danika. Comme si je refusais de voir ces barrières. Elle n’était pas partie de l’autre côté. Elle était encore là, comme elle l’avait été pendant des années pendant que je prenais chacun de ces rapprochements pour des jeux. Un combat ayant mal tourné. Une addiction physique. Une affection amicale. Forcément, la nuit que nous avions passé n’était pas le début d’une relation. Je n’étais pas en état. Et à en croire la situation actuelle, je ne l’étais toujours pas et elle ne l’était plus. Plus. Voilà ce qui faisait le plus mal. C’était que j’avais été impuissant face aux signaux et la vie qui passait. Je ne l’avais pas vu arrêtée au bord de la route pendant que je franchissais des caps que je partageais avec elle comme par normalité. Mais il n’y avait plus rien de normal en y regardant bien. Ni le regard fier que je portais sur elle, ni les sourires en coin qui naissaient à l’époque où elle m’apercevait passer les portes du dojo. Ces mêmes portes que nous ne pousserions plus ensemble. Et cette voix. Ce murmure qui me ramena à la raison après avoir scellé nos lèvres brulantes de peine. Je ne la retenais pas et je préférais fuir une fois encore. Une fois de plus sans rester silencieux. Parce qu’après tout, je ne demandais qu’à ce qu’elle me rejoigne. Chose qu’elle fit bien trop lentement à mon sens. Pour autant je n’avais pas imaginé le moindre du monde qu’un si petit corps pouvait accumulait autant de colère. Comme un enfant sermonné, revenant à mes années de formation à l’Académie, je me redressais sur son ordre, m’apprêtant à riposter alors que son corps venait se rapprocher dangereusement du mien. Elle était bien loin la tension qui nous avait animé des années auparavant. « Danika… S’il te plait laisse-moi t’ex… » mes mots furent interrompus avec violence et je ne pus qu’encaisser ses paroles. J’avais aperçu ses mains se fermer et son corps se tendre, comme si c’était une évidence pour moi de transcrire chacun de ses gestes. Du moins ceux-là car j’avais été incapable de voir ceux qui étaient plus sérieux.
Ma main commença à s’approcher de la sienne et se retira en l’ayant à peine effleuré, conscient que ce n’était probablement pas le moment. « Désolé… » lâchais dans un soupir à peine audible. J’étais planté là, ne sachant quoi dire… Moi qui étais bien plus démonstratif par l’action que par les paroles, elle me privait d’un moyen de me faire comprendre… J’allais devoir redoubler d’ingéniosité et de persistance. J’écartais mes bras dans sa direction, l’air presque désespéré de l’entendre dire une fois de plus que la seule chose qui méritait de m’arriver était la proximité de son poing dans mon visage. « Viens donc » la défiais-je un léger sourire en coin avant de reprendre. « Mais il va falloir me toucher pour ça… » Ironie quand tu nous tiens. Je laissais tomber mes bras le long de mon corps, secouant la tête à chaque fois que je l’entendais s’égarer dans des explications qui ne trouvaient raison qu’auprès de son esprit. « Je n’ai pas disparu… J’étais juste moins présent… Mais j’ai toujours été là… Tu demanderas à ton oncle si un jour tu oses aller le revoir… Je ne savais juste pas comment… Cette nuit là a été exquise… Mais je n’étais pas prêt à m’engager… Du moins pas avec toi Danika… Ni même avec Helena par la suite… Avant que tu ne viennes me dire que tout cela vient de toi… Je ne le suis toujours pas actuellement. Je ne sais même pas si je suis prêt à garder cette vie bien rangée. Professeur, avec un chien, sans adrénaline… Une santé fragile… Et toi tu arrives avec tes dix années de sentiments… » lui dis-je la voix basse comme pour lui faire comprendre que si le fardeau avait été trop lourd à porter pour elle, il avait été un choc pour moi. Je fermais les yeux en l’entendant évoquer ce baiser que je venais de lui voler. « Il t’a tant déplu ? » lui demandais-je en fronçant les sourcils, conscient qu’une fois encore les mots avaient été mal choisis. « Je n’aurais pas dû… Je suis désolé. » lui dis-je une nouvelle fois en prenant soin qu’elle m’entende.
Pourtant elle était partie dans une tentative d’imitation que je trouvais relativement ratée, me râclant la gorge en l’entendant pour lui montrer mon désaccord. Elle ne s’était jamais montrée si odieuse. Et pourtant aujourd’hui, tout me semblait possible. Tant sa désinvolture que sa violence me laissaient penser qu’à tout moment notre relation pouvait voler en éclat à tel point que ramasser les morceaux ne ferait que nous trancher bien plus profondément. Et que par défaut, nous laisserions tout en plan ici. Là où les animaux eurent la chance de trouver un abri, un endroit où se reconstruire, renaître, nous y laisserions notre vie, notre affection et notre « nous ». Je déglutissais en l’entendant avouer par ses propres paroles que je n’avais pas le courage d’affronter une quelconque émotion. Ni l’amour, ni la haine, ni le deuil, ni la peine. Et encore moins quand cela concernait Danika. « Tu as peut-être raison… Je ne suis pas prêt et je ne mérite pas ton amour. Et pourtant j’en ai besoin. Parce que je sais que sans ça je n’avancerais pas. » lui dis-je en levant l’index dans sa direction pour lui demander de s’arrêter quand elle commença à évoquer un possible jeu de ma part. « Je n’ai jamais joué avec toi. J’aurais été bien idiot de jouer avec quelqu’un d’aussi aimant que toi. » lui dis-je en déglutissant. « Et s’il fallait pour te voir heureuse que je te vois dans les bras d’un autre, j’aurais signé et tu le sais… Je ne peux pas me proclamer comme celui qui te faut… Regarde-moi ». Lui demandais-je en m’apprêtant à attraper son visage quand elle ne m’interdise de la toucher. Ma main s’arrêta sur le trajet, mon bras resta en l’air, et j’encaissais la dernière phrase comme un coup de poignard. « Respecte-moi. Ou casse toi. » Casse toi. Les mots étaient si durs. Mon cœur rata un coche. Je ne pouvais pas partir. Pas une fois de plus, je lui avais fait la promesse d’être là. J’avais encore des choses à lui dire, encore du temps à rattraper et pourtant elle n’avait pas attendu ma réponse qu’elle avait déjà fui.
C’était donc ça la sensation d’abandon ? De rester comme un pauvre imbécile, les deux pieds dans le ciment, prêt à dire quelque chose sans en avoir l’occasion. Se retrouver seul face au monde et à ses pensées. C’était surtout là le pire. Mes pensées qui me disaient qu’elle devait être partie la connaissant. Que j’avais été la raison probable des larmes qu’elle tentait de cacher. Car je la connaissais par cœur quoi que l’on pût dire. Et j’étais impuissant. Mais je ne pouvais pas rester immobile. Pas quand, à chaque fois elle était revenue, acceptant de reprendre les armes pour nous, quitte à se retrouver au sol. Telle une combattante qu’elle était. La combattante que son père avait forgé. Mon regard se leva vers le ciel comme si ce dernier pourrait me donner une quelconque solution pour apaiser la chose. Et ses mots me revinrent à l’esprit tel un coup de fouet. « La solution est en toi Keith. Personne ne te l’apportera sur un plateau d’argent. » Ni lui, ni Danika. Je soupirais et décida de me déplacer, suivant de loin son ombre. Je m’arrêtais sur le trajet prendre un seau de pop-corn, une glace au chocolat et poursuivit mon trajet au stand de souvenirs, achetant la plus grosse des peluches koala que je trouvais à l’intérieur de la boutique. Puis je me retrouvais bien embêté à devoir transporter tout cela, décidant d’accrocher la peluche sur mon dos, glissant ses membres sous mon attelle tandis que ma main libre tenait la glace et le pot de pop-corn reposait sur mon avant-bras, en appui contre mon torse comme un équilibriste. J’avançais vers la silhouette que je reconnaitrais parmi milles autres, m’arrêtant à sa hauteur pour terminer le trajet à reculons, laissant apercevoir la peluche bien plus que ma silhouette. « Danika Brooke Riley ? J’ai réglé vos problèmes, il ne vous embêtera plus… » tentais-je de façon totalement ironique, une voix bien plus grave que d’habitudes. Dieu que j’étais un mauvais acteur. Après tout je m’étais ridiculisé auparavant et ce depuis des dizaines de jours maintenant. Alors un peu plus ou un peu moins… Puis elle ne devrait pas être surprise de voir le grand dadet que j’étais, agir de la sorte. Je pivotais dans sa direction, un sourire désolé sur les lèvres, sourire que je perdis en apercevant ses larmes. J’aurais eu envie de les essuyer, mais je dus simplement lui montrer d’un signe de tête la peluche qui était toujours dans mon dos, imposante à tel point qu’elle prenait autant de largeur que moi-même. « Tu peux m’en débarrasser ? Je crois qu’il voulait venir te voir… Et même si cela ne me rachètera pas de mon idiotie et de ma maladresse… Lui au moins il pourra te serrer dans ses bras… » lui dis-je dans un léger sourire désolé. « Et… j’ai pris ta glace préférée… » lui dis-je en lui tendant le bras, essayant d’éviter de faire tomber le pop-corn. « Que c’est utile deux mains, deux bras… » soupirais-je entre mes dents en venant poser le pop-corn avec difficulté sur le banc.
Je venais m’asseoir à côté d’elle, observant les koalas quelques instants, un air plus léger sur le visage, plus enfantin. « Je suis désolé Danika. Désolé d’être celui qui fait couler tes larmes… Désolé de ne pas être capable de t’aimer… Mais je suis prêt à prendre sur moi… Juste pour ne pas te voir partir. Parce que je ne le supporterais pas… Parce que c'est impossible... C'est nous... On a toujours su passer outre nos différends. Dieu que c’est compliqué de communiquer… » avouais-je en posant un regard dans le sien, attrapant une poignée de pop-corn que je venais glisser dans ma bouche, décidant de lui jeter le dernier sur elle, comme j’aurais pu le faire auparavant. « Heureusement que tu es plus douée pour te battre que pour faire le spectacle… parce que là, personne ne nous embauchera avec ce numéro… » riais-je ironique. J’avais envie de passer une journée légère même si cela n’enlèverait pas les plaies que nous venions d’ouvrir. Je regardais le genou attelé de Danika, puis releva un regard vers elle. « Ce n’est pas trop douloureux ? Je veux dire, rester debout et marcher… parce que sinon je peux aller chercher une voiture pour enfant, je devrais pouvoir la pousser à une main… » lui dis-je dans un léger sourire.
Même si la distance était physique, je ne voulais pas perdre ce que nous avions d’un autre côté : la taquinerie.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Dim 17 Mai 2020, 23:21
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Mer 20 Mai 2020, 20:42
J’en avais eu des livres entre les mains en étant plus jeune. Des textes qui étudiaient les principes mêmes de l’amour, l’amitié, la peur, la peine, la joie. Des bien-pensants qui apportaient des réponses que l’on trouvait parfois parfaites, parfois refaites. Puis en y réfléchissant bien, on y voyait ce que l’on désirait en réalité. L’esprit de contradiction humain. Celui que j’avais déjà rencontré sur des scènes de crimes où l’homme, bien sous tout les angles et qui, une fois la porte fermée, étaient le pire des pourritures que renfermait cette Terre. Cette pourriture que j’avais l’impression d’être parfois quand je regardais comment j’agissais avec Danika. Mais il y avait des choses que je n’expliquais pas. Comme ce besoin de la voir sourire, comme cette habitude prise de la prendre contre moi, de garder ce contact physique, moi qui détestais que l’on me touche. Je ne me l’expliquais pas et plus je cherchais à comprendre, moins je comprenais en réalité. J’étais comme un céphaloclastophile qui essuyait un nouvel échec mais qui n’abandonnait pas. J’avais tenté de rester loin d’elle mais tout la ramenait à moi. Une musique, une image, un son, une publicité, un repas. J’avais pendant cette longue période de silence, imaginé ses remarques, pensé à sa présence et souhaité son retour. Maintenant que je l’avais devant moi, j’étais incapable de prononcer les mots qui sauraient lui rendre le sourire que j’avais fait disparaitre aussi aisément que j’étais disparu ce jour-là.
On ne retire rien de ces fuites récurrentes. Le proverbe qui dit que c’est simplement le fait de reculer pour mieux sauter, se fourre le doigt dans l’œil. On recule, on tire sur la corde raide, on s’imprègne de ces frottements, de ces mots dits au détour d’une ruelle, de ceux que nos pensées libèrent inconsciemment et qu’on ne peut retirer une fois le silence retrouvé. Qu’est ce que je détestais donner raison à autrui… Mon impulsivité reprenait ses droits et je faisais fit de ce qu’elle venait de me dire. Après tout, j’avais toujours agi ainsi alors à quoi bon changer n’est-ce pas ? Parce qu’une fois encore, des biens pensants ont décrété que l’évolution et la transformation avaient permis aux espèces vivantes de continuer à vivre dans certaines conditions. Une sorte d’adaptabilité que je dus pratiquer pour me rendre auprès de celle que j’avais laissé partir. Celle de devoir user de charmes, d’humour et de répartie pour venir noyer le poisson. Car si je me basais sur ma capacité à demander pardon, j’étais bon pour reprendre le volant de ma voiture et retourner chez moi en laissant près de trente années de souvenirs derrière moi. Fort heureusement, je n’abandonnais jamais. J’étais un homme de défi au caractère parfois maladroit et obtus. Cela m’avait plutôt été utile dans ma vie… Sauf pour le transport présomptueux d’une peluche d’un mètre de long, un paquet de pop-corn format XL car il n’y avait rien de mieux que de se nourrir pour tempérer des élans de colère, et d’une glace qui s’avérait être la préférée de Danika et qui n’aurait probablement pas l’occasion de fondre.
L’inconscient était un drôle d’allié. Il suffisait de le lier à l’humour et à une part d’abandon pour que le temps d’un instant, les choses semblent redevenir comme avant. La voir rouler des yeux aurait pu me rendre irascible et pourtant cela m’apaisait. Bon jusqu’à ce qu’elle remette en doute mes capacités d’acteur. Moi qui venais d’y mettre tout mon cœur et tout mon amour… ou affection. Je croisais les bras, gardant le paquet de popcorn contre mon torse, le regard s’assombrissant, faussement vexé. « Donc Madame serait en train de sous-entendre que ma voix était rustre… » demandais-je en rejetant un pop-corn sur son nez, un œil fermé pour viser, un rictus léger étiré sur mes lèvres. « Bien loin de ta voix frivole va ! » ripostais-je en me renfermant comme un enfant, concentré sur son paquet, le regard perdu sur les koalas… Version miniature. Car j’avais dans mon champ de vision l’immense peluche que Danika serrait contre elle, m’arrachant un sourire presque satisfait. « En attendant, le papy il n’a pas quatre pieds… Je t’ai toujours dit que tes chevilles enflées ! C’était dangereux.» lui lançais-je en désignant les béquilles d’un mouvement de la main. Mes réponses étaient toujours spontanées, me rendant parfois compte qu’il était peut-être trop tôt pour oser rendre les choses comme elles étaient. Je me grattais la nuque, pure habitude qui montrait mon malaise, et je tournais légèrement la tête dans sa direction, restant silencieux. Elle avait tant grandi… Et je m’en surprenais encore et toujours.
Il fallait aborder le sujet tant fatidique. Celui qui avait déclenché le raz-de-marée d’émotions, de vérité. Celui qui n’était plus mais omniprésent. Celui qui – par pudeur – avait toujours tût son admiration pour sa fille. Et qui laissait un vide immense dans nos vies. Je déglutissais, détournant son regard que je ne pouvais maintenir dans cette situation-là. «A attendre patiemment dans un coin de la salle qu’on prononce le moindre mot… » rajoutais-je en y repensant, chassant la peine de ma voix. « Combien de fois il nous a fait le coup ? » lui demandais-je de façon purement rhétorique. Car je savais pertinemment que nos deux caractères explosifs nous avaient mené plus d’une fois à la confrontation, que nous avions toujours su traverser. « Peut-être que si ton père avait été là, nous serions toujours chacun de notre côté Danika… » lui avouais-je en toute honnêteté, tendant le paquet de pop-corn dans sa direction, un regard suppliant. Je ne voulais pas être le seul à piocher à l’intérieur ne serait-ce que pour ma bonne conscience. « Ton père a été incroyable avec toi… Et il m’a toujours traité comme un membre de ta famille à part entière… C’était un homme bon… Réfléchi… Charismatique… Et crois-moi s’il voyait toute cette situation… » je m’arrêtais net, préférant puiser de nouveau dans les confiseries. « Oublie… Il nous aurait fait stopper cette comédie bien avant… Avant qu’on se retrouve à se battre sous la colère… A se retrouver à frapper chacun de nos points faibles… » lui dis-je en me relevant du banc, me mettant face à elle.
J’étais fatigué aussi de devoir me battre. Fatigué de devoir prendre les armes face à celle qui aurait dû être mon sanctuaire, mon refuge. Même dans son regard je ne pouvais m’y ressourcer. Plus maintenant. J’acquiesçais à chacune de ses paroles, décidant de m’agenouiller pour avoir mon regard dans le sien, prenant soin de ne pas la toucher – avec beaucoup de difficultés. « Je suis toujours là… Malgré tout… Je suis là… J’ai fui, je t’ai meurtri… Mais je suis là… Parce que c'est mon rôle... Et que je ne peux faire autrement... J'ai besoin de toi... Et lui aussi il est là et il a tout autant besoin de toi… » dis-je en tapotant la tête de la peluche énorme que je regrettais presque d’avoir acheté aussi tôt dans notre visite. « Il sent moins bon que moi, mais c’est un koala, tu ne peux pas lui en vouloir à Pablo… en revanche, pour éviter de lui ressembler d’ici peu, et de subir la fossilisation que l’on mérite de part notre inactivité… J’ai vu qu’on pouvait s’occuper de koalas à deux, avec un soigneur… T’inquiètes pas, je leur ai dis que tu étais à fleur de peau, ils te donneront le mâle le plus exécrable pour que tu puisses canaliser ton énergie en tentant de le dompter… Le dressage, ça te connait… Regarde les résultats… » lui dis-je en me relevant tout en me montrant d’un signe de la main. Je lui souriais légèrement, lui tendant une main dans sa direction, dans l’optique de porter sa peluche qui risquait de l’encombrer. « Si tu veux, on peut aller le poser dans la voiture… Il devrait pouvoir survivre une journée… On peut lui laisser de quoi manger et boire si ça rassure ton petit cœur d’artichaut. » riais-je en lui lançant un clin d’œil. « Sinon je peux te lancer dans la mare aux crocos… Voir si tu n’as rien perdu de ton agilité pour échapper à leurs crocs acérés ! J’ai abandonné l’idée de regarder un film en plein air… Déjà parce qu’on va se faire lyncher par toutes ces personnes pour le trouble à la tranquillité… » soupirais-je faussement las avant de reprendre. « Et parce que je ne vais pas te faire subir une journée entière et une soirée… Tu as peut-être des gens qui t’attendent… Ou un service à assurer… » repris-je, voulant m’intéresser à elle pour une fois sans m’emporter. « Pourquoi barmaid ? Enfin… l’envie t’a pris comme ça ? Alors que tu n’as jamais daigné me faire des cocktails ? » lui dis-je pour lui montrer ma bonne foi. Je n’avais pas envie de repartir au conflit. Elle voulait que je sois là et c’est ce que je lui prouvais. « Non parce que… t’as eu peur que je trouve quelque chose à redire sur les citrons du mojito, ou le dosage en noix de coco de la pina colada… » avouais-je en roulant des yeux, commençant à m’éloigner du banc. « Je te vouerais une admiration éternelle que si tu me dis que tu es une experte du flair bartending… Et dans ce cas-là, je retire ce que j’ai dit… Et peut être que je viendrais prendre un verre dans ton bar… ça me changera du MacTavish… » lui dis-je sur un air de défi, un large sourire à la main.
Qu’est-ce que l’on se sentait plus léger une fois les choses avouées. Un retour à la vie. Un oubli de la survie. Une évolution en quelque sorte. Notre évolution.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Jeu 21 Mai 2020, 01:17
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Ven 22 Mai 2020, 14:48
Il y avait des sujets dont l’évidence était de les taire à tout jamais. Ceux qui rouvrent des cicatrices, laissant des trous béants et que l’on ne peut affronter réellement seul. Ni même à deux à vrai dire. Le temps. Voilà l’ami ultime qui nous permettait de combattre cette peine, cette sensation que l’on voulait taire à tout jamais. Le temps. Celui que j’avais l’impression de ne plus avoir, après m’être senti partir. Celui que je n’avais jamais eu tant je désirais réaliser mes rêves. Celui que j’avais coursé quand je me retrouvais face à des meurtres récurrents que je me devais d’arrêter. Celui que je n’avais jamais réellement su apprivoiser. Et celui que pourtant, je demandais à Danika de m’accorder. Doux paradoxe. Ce temps qui avait fait qu’elle et moi étions bien plus liés que ce que nous aurions réellement pu imaginer. Ce temps qui avait transformé des moments en souvenirs et des souvenirs en habitudes. Ce temps qui avait fait de James le père que j’avais perdu. Qui de mieux que lui pour continuer à entretenir la mémoire de mon défunt de paternel ? Personne. Et c’était d’ailleurs pour cela que son regard avait toujours eu bien plus d’importance que n’importe lequel. Mon père m’avait apporté sa réflexion, son regard sur la vie, ma mère sa sagesse et James m’avait appris la maîtrise de toutes ces émotions qui pouvaient obstruer mon regard. A eux trois ils avaient fait l’homme que j’étais devenu. A elle seule, Andréa avait détruit tout cet édifice. Et je m’étais chargé de saboter le reste. C’est ce que Danika venait de me faire comprendre. Je n’avais pas eu besoin de beaucoup d’aides pour mettre en l’air des années entières d’amitié.
Mais il y avait un lien invisible qui me semblait indestructible. Celui qui reliait probablement les battements de mon cœur au sien. Combien de fois mon souffle s’était coupé au détour d’une compétition quand elle me semblait être dans une situation où la défaite était inévitable ? Combien de fois mon cœur s’était arrêté lorsque, malgré tous les pronostics inverses, elle avait déjoué les bookmakers et s’était adjugée de la victoire ? Je ne pouvais m’empêcher d’être heureux lorsqu’elle l’était, ni même de la voir sourire. Et pourtant, en croisant son regard, l’impression de jouer contre la nature et le cours des choses me prend aux tripes. Pourquoi m’obliger à ne pas la toucher alors que mes mains n’appellent que les siennes ? Mais après tout, j’allais devoir apprendre à me renouveler. Et peut-être qu’un jour, elle reviendrait à la raison. Car je restais persuadé que si cela s’avérait être une véritable torture pour ma part, ce n’était pas forcément plus évident pour elle. Elle pouvait me mentir ouvertement, mais son regard parlait bien plus que ses mots. Et lui, ne mentirait jamais pour l’avoir vu grandir et le connaître par cœur. Tout comme ce sourire qu’elle laisse – enfin – apparaître. Allais-je devoir me retrouver à faire le pitre pour le voir encore et encore illuminer son visage ? Heureusement que le ridicule ne tue pas… Ni même la provocation que venait de me lancer Danika… Car sinon j’aurais été enterré depuis maintenant des dizaines d’années. Je croisais mes bras contre mon torse, observant le koala du coin de l’œil. « De meilleure compagnie ? Tiens, tu sais quoi, tu lui demanderas de te faire à manger, tu seras ravie de déguster des pousses de bambous à tout va ! » ripostais-je en marmonnant dans ma barbe. « Je rêve… Elle préfère un truc rempli de coton et immobile… » dis-je en levant les yeux au ciel, bien conscient qu’elle m’entendait. « Fallait revoir la méthode de dressage… L’erreur vient plus souvent du dresseur que du dressé » m’arrêtais-je en la défiant du regard avant de rire à gorge déployée, rire que je forçais avant de m’arrêter subitement pour reprendre contenance. « Blinky ? Vraiment ? Et tu parles de manque d’imagination ? Il a une tête de clignotant ? Il ne cligne même pas des yeux regarde le ! Alors que… si on lui dessine une moustache et qu’on lui met un sombrero… Il fera bien plus espagnol ! Puis… qu’est-ce que tu y connais au regard charmeur de Koala ? C’est ta came ? » lui demandais-je en lui adressant un clin d’œil avant de regarder la peluche qu’elle tournait vers moi avant de me la rendre.
Je venais faire basculer la peluche sur mon dos, adaptant mon rythme de marche à celui de Danika, l’observant par moment, elle qui tentait d’éviter mon regard comme si cela pouvait la faire chuter de nouveau. L’équilibre était fragile et nous devions chacun notre tour le solidifier. Même si l’entendre évoquer son arrêt me ramenait à un état de culpabilité extrême, je ne flanchais pas cette fois-ci. « D’un côté, cela te permettra de ranger un peu ton loft… Y’a du tri à faire je crois… Puis… Je n’ai pas de cours… Et aucune envie de faire les exercices que m’a envoyé ton médecin… D’ailleurs tu m’expliqueras comment elle a eu mon mail ? » lui demandais-je sans réellement savoir si elle en était la responsable. « Si cela ne te dérange pas, moi ça ne me dérange pas plus de te supporter va… J’ai l’habitude maintenant, à croire que je suis devenu masochiste… » Je souriais, faisant glisser mes lunettes de soleil sur le bout de mon nez. J’aimais le calme que cela m’apportait. Me permettre de cacher mon regard de ceux d’autrui. Une façon comme une autre de fuir certes. Tout comme cela me permettait de cacher ma désapprobation en l’entendant parler de son futur professionnel. Je comprenais la difficulté que cela représentait pour être moi-même passé par là. Mais je voulais le meilleur pour elle, en quoi cela faisait-il de moi un être dédaigneux vis-à-vis de sa profession ? « Tu étais jeune la première fois… C’était un petit boulot comme un autre Dani… Et même si tu n’as pas de diplôme, tu as bien d’autres qualités que de faire les meilleurs cocktails de Brisbane… Diriger une société... Reste quelque chose que je te vois parfaitement faire... Avec ton caractère, crois moi, ils marcheraient à la baguette... » rajoutais-je d’une voix ferme. Je ne voulais pas revêtir la casquette du type hautain qui savait mieux que quiconque ce qui était bon pour autrui. Mais je connaissais Danika, je savais que parfois elle avait besoin qu’on lui ouvre les yeux. Même si le sujet me paraissait compliqué à évoquer avec elle. Je n’avais plus qu’à faire confiance à son instinct. « Tu compares un café calme et serein à un bar que je n’apprécierais pas ? » lui demandais-je soudainement en tournant la tête vers elle. « La seule chose que je n’appréciais pas dans ce café, c’était quand la jeune serveuse se faisait un malin plaisir de me renverser mes commandes dessus… Tant de maladresse… Je commence même à me demander si toutes tes victoires n’étaient pas dues à cette maladresse… Sur un malentendu tout peut passer ! » ripostais-je pour tenter de détendre l’atmosphère une fois de plus. Et à en croire sa remarque, la légèreté était de sortie chez elle aussi. « Pour mon honneur ? Tu as surtout peur que je sois obligée de te coucher… Parce que combien de fois j’ai du le faire ? » lui demandais-je en m’arrêtant devant elle, le regard sérieux qu'elle ne pouvait voir derrière mes lunettes. « A croire que mon appartement de l’époque était destiné à te voir soule ! Mais si tu as besoin d’une piqure de rappel… N’hésite pas. Mon canapé se déplie…»
Je tournais les talons sur cet air d’ironie, m’approchant de la voiture tandis que je tentais tant bien que mal de faire rentrer Blinky. Parce qu’à croire sa remarque, c’était comme cela qu’elle avait décidé de le baptiser, à mon plus grand désespoir. Je relevais la tête par-dessus la carrosserie pour l’observer. « Tu devrais arrêter la clope, ça te fait dire n’importe quoi. » râlais-je tandis que j’essayais du bout du pieds à rentrer le derrière de la peluche, claquant la portière du dos, soupirant presque de l’effort que cela m’avait demandé. Je prenais quelques instants pour reprendre mon souffle, ne voulant pas m’attirer la moindre remarque de sa part. « C’est bon, tu as eu ta dose ? » lui demandais-je en revenant à sa hauteur, grimaçant en sentant l’odeur à côté de moi. « Mon dieu… T’as pas du parfum ? Parce qu’on dirait que je me balade avec un barbecue géant ! Je suis sûr que même les koalas vont te fuir en sentant cette odeur de fumée ! » ironisais-je faussement, moi qui n’étais vraiment pas dérangé par l’odeur. C’était juste par principe. J’avais toujours désapprouvé cette lubie. Mais je n’avais jamais réellement voulu rentrer dans le débat, estimant que je n’avais pas à avoir le rôle moralisateur. Je sursautais en sentant sa béquille contre mon genou, me tournant vers elle. « HEY ! » râlais-je en m’arrêtant pour me frotter la jambe malgré la légèreté du coup, j’adorais à en rajouter vis-à-vis d’elle. « Par chance, tu as une seconde rotule que je peux casser ! Me voilà satisfait ! Je t’aurais bien proposé de te porter… Mais je risquerais de m’écrouler… » Je reprenais le chemin, m’arrêtant une fois de plus devant ce plan, conscient que le double sens de ma phrase ne lui plairait forcément pas. « Alors… Tu n’as peur de rien ? Non parce que vraiment, mais alors vraiment parce que tu n’as peur de rien, je te propose les moutons… Et par la suite on peut aller donner à manger aux animaux… Je suis sur qu’un kangourou voudra bien de toi… Il t’apprendra à sauter sur une jambe… » Je venais percuter son épaule de la mienne, oubliant que cette dernière était douloureuse, m’arrachant une grimace légere. Ma main venait frotter le haut de mon articulation, dans un soupir. « Tu sais que pour t’excuser de m’avoir fait subir ça… Tu me devras une soirée où je n’aurais rien à faire… tu t’occuperas du repas, de l’apéritif et moi je me contenterais de manger et de te regarder dire des idioties sous l’emprise de l’alcool… Avec un peu de chance, l’alcool fera passer la douleur… »
Rester à savoir de quelle douleur je parlais réellement. Car il y avait peu de chance que ma peine ne se noie dans un verre. J’avais déjà essayé et je connaissais le résultat : un échec cuisant.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Ven 22 Mai 2020, 17:54
@KEITH WEDDINGTON & DANIKA RILEY IT'S BEEN WRITTEN IN THE SCARS ON OUR HEARTS ⤜⤐⤞
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Dim 24 Mai 2020, 20:27
L’aisance avec laquelle nos conversations revenaient me laissait penser que toutes nos querelles, tous ces mots qui nous ont échappés, ces coups donnés sur deux corps meurtris, n’étaient que cauchemars ou illusions. J’aurais souhaité que cela ne représente qu’un avertissement de mon subconscient, un avant-goût de ce qui m’attendait en poussant la porte de la déraison. Mais en vain, cela n’existait pas et j’avais foncé tête baissée sans savoir si mon esprit désirait réellement cette situation ou si cette dernière était en réalité vitale. Car je commençais à penser que Danika m’était autant vitale que létale. S’entretuer au lieu de se chérir. S’affronter au lieu de s’allier. C’était notre déraison face à l’évidence. Et malgré tout, nous voguions entre ces deux rives avec tant de facilités que j’étais déconcerté. Oui, j’arrivais à faire de l’humour et à obtenir des réponses sous le ton de la moquerie sans trop forcer. Même si ses sourires l’étaient bien plus que tous ceux que j’ai connu. Comme un hommage à ces deux êtres que nous avions laissé cette nuit-là au fond de mon lit. J’haussais un sourcil, à l’entendre évoquer un possible dressage raté sur ma personne. Je gonflais mes joues, l’air rébarbatif et tournais mon regard vers le sien. « Tel dressé, tel dresseur. Le cas désespéré que je suis t’emmerde Riley ! » ripostais-je avec fermeté et ironie, l’art de la subtilité n’étant pas le mien.
Tout comme celui de la discrétion n’était pas celui de Dani. Elle avait donc cédé à la doctoresse, avait donné mes coordonnées et je me retrouvais maintenant à n’avoir aucun mot à dire dans la situation. Quitte à choisir, j’aurais probablement dû réfléchir à plusieurs reprises. Je n’étais pas étonné de l’entendre m’avouer ses faits. Un peu plus de l’entendre me dire qu’elle se plierait à la vérification des travaux finis journaliers. « Même si tu dois m’y forcer ? Tu sais pertinemment que c’est ce qui va se passer… Gagnons du temps, de ton temps… Abandonne et je tacherais de faire preuve de bonne foi… Regarde je mets l’attelle, ce n’est déjà pas trop mal… » dis-je en étant soulagé de l’entendre changer de sujet. Malheureusement, de trop nombreuses discussions étaient dangereuses dans notre situation actuelle. Chacun de nous deux avait sa part de susceptibilité dans le lot. Et évoquer la profession de Danika était comme se jeter dans la fosse aux lions en espérant en sortir vivant. J’avançais fébrile, et sa réponse fût sans appel : un échec. Je n’étais pas du genre à abandonner et je réitérerais la tentative quand je sentirais que Danika serait prête. Mais par dépit autant que par défaut, j’allais devoir me contenter de son poste de barmaid, même si cela ne me plaisait guère. De toute évidence, je tâcherais de lui rendre une petite visite à sa reprise pour m’assurer moi-même de son contexte de travail. Car après tout, tel Saint-Thomas, je ne croyais que ce que je voyais. Et son majeur, je l’avais bien vu…
J’entrouvrais la bouche, ma main valide venant la recouvrir pour marquer ma – fausse – stupéfaction face à sa réaction. « Il y avait une époque où tu avais plus de répartie que cette facilité dit donc ! » lui fis-je remarquer avant de continuer à exagérer la moindre de mes réactions. Mais à coup donné, coup rendu avec Dani. Et le fait d’évoquer mon incapacité à la soulever me refroidit directement. « Qu’est-ce que tu sais des muscles qui me restent ? Je te signale que j’ai quand même eu assez de force pour… » mon doigt pointa son genou endimanché dans l’attelle, et mon regard se détourna d’elle. J’étais piqué au vif et je m’en voulais de réagir car je savais qu’elle ne cherchait que cela : me faire réagir pour m’obliger à ne pas lui donner raison. « Ou alors… A l’inverse de gagner des muscles tu pourrais en perdre ? » rétorquais-je avant de me rendre compte qu’une fois de plus j’avais parlé bien trop vite. « Désolé… » lâchais-je dans un soupir tandis que je l’observais s’éloigner. J’avais l’impression d’être le seul à vouloir la revoir même si en réalité je ne doutais pas de ses envies mais de sa capacité à passer outre ses souvenirs. « Je m’en souviens justement, j’ai espoir que tu te sois améliorée avec le temps… Genre comme le bon vin… Mais bon du haut de tes vingt-sept ans, je commence à douter de ta capacité à rassasier mon estomac… » soupirais-je en roulant des yeux, faussement déçu. Je suivais sa silhouette, conservant la distance qu’elle avait souhaité mettre entre nous sur le trajet.
Avec l’habitude, je me ferais tôt ou tard à cette situation ou même l’accepter. Je n’avais pas réussi à être réellement attentif aux conseils apportés par les soigneurs, mon regard restant obnubilé par les réactions de Danika. Comment l’apparition d’un sourire peut-il me tenir autant en haleine que je ne l’étais actuellement ? Je n’arrivais même pas à regarder l’animal qui se trouvait en face de moi, qui venait piquer de lui-même dans la nourriture que je me contentais de tenir, tel un présentoir. Je mis du temps à assimiler la remarque de la jeune femme, riant après coup. « Je suis sûr que tu vas apprécier manger la même chose qu’eux… » riais-je en sortant de l’enclos, attendant appuyé à la barrière que Danika ne daigne enfin sortir. « Allez Petit Gourou, c’est l’heure de rentrer… Tu sais que tu te fonds très bien dans la masse de ces marsupiaux ? Y’a vraiment un air de famille ! » riais-je en la voyant s’approcher de moi, une proposition des plus alléchantes à l’esprit. « Parce que tu étais déjà alcoolisée pour en vouloir plus ? » demandais-je, me retrouvant pointilleux et jouant sur les mots. « Je t’offre la première tournée… Et rien ne sert de me fusiller du regard une fois là-bas, sinon je ferais pareil et on pourra rester longtemps… très longtemps jusqu’à ce que tu cèdes… » ironisais-je en lui tenant la porte nous permettant de sortir de l’enclos. « Mais ce que je vois, c’est que la douleur n’altère pas ton sens de l’humour ma parole… » ripostais-je en m’avançant doucement, restant à sa hauteur.
Parce que s’il y avait bien une chose que je savais reconnaître chez Danika, c’était sa façon détournée de vouloir masquer les raisons premières derrière ses mots. Et même si son visage ne trahissait pas la douleur, je la sentais presque dans sa respiration. Je glissais ma main dans la poche intérieure de mon blouson, lui tendant un flacon de comprimés sans la regarder. « Et ne dis pas non. » lui dis-je sans lui laisser aucun autre choix que d’attraper le contenant et de se servir. Je m’avançais vers le comptoir qui était étonnamment vide montrant d’un signe de tête à Danika une table qui se trouvait derrière. « Va t’asseoir… Je reviens avec les boissons… comme d’habitudes ? » demandais-je alors qu’elle restait plantée à mes côtés, m’arrachant un soupir. « D’accord… Si c’est ce que tu veux… » murmurais-je dans ma barbe, tandis que le serveur sortait enfin de son débarras, nous saluant chaleureusement. J’adressais un regard en coin à Danika, un léger rictus presque satisfait de mon idée se dessina sur mon visage. « Bonjour ! » répondis-je avant que Danika ne puisse le faire, m’accoudant au comptoir. « Mon amie ici présente se vante de faire les meilleurs cocktails de Brisbane… Comme c’est bientôt nos trente ans de rencontre… Oui, elle ne les fait pas mais si vous vous approchez, il y a quand même quelques rides… » rajoutais-je en tendant un index vers la zone de son nez avant de continuer, ne voulant être interrompu. « Je voudrais être sûr que notre apéritif pour l’occasion soit excellent… Je vous file 200 dollars australiens en plus des prix des consommations si vous lui laissez le shaker… Marché conclu ? » demandais-je au jeune serveur, lui tendant les billets entre mon index et majeur, espérant qu’il les prenne pour conclure notre deal.
Il hésita quelques instants, attrapant par la suite la monnaie avant de lever la planche pour permettre à Danika l’entrée derrière le bar. Je me tournais vers elle, l’air satisfait, un large sourire aux lèvres, ne cachant pas ma fierté. « Alors on dit quoi à Papy ??? Tu sais très bien que malgré tout, je serais celui qui te coucherait… Alors montre moi ce que tu sais faire, et je t’apprendrais à encaisser ce type de choc… » ironisais-je d’un clin d’œil, attrapant le tabouret à côté avant de m’installer. Le serveur riait à ma remarque, rajoutant que de toutes évidences, les dosages féminins laissaient souvent à désirer. Je penchais la tête légèrement sur le côté, observant la réaction de Danika. Je connaissais son amour pour les défis. « Tu as entendu Dani ? Monsieur dit que tu n’as pas la main lourde… » jouais-je sur les mots en tapotant sur le bar d’impatience. Ce n’était pas qu’il faisait chaud, mais toutes ces émotions diverses m’avaient bien entendu donné soif.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith
It's been written in the scars on our hearts -Danikeith