Il y avait des sujets tabous sur lesquels nous avions le don de passer sans s’y attarder. Ma probable future opération que je repoussais encore et encore pour elle, son emploi de barmaid qui me laissait perplexe pour moi. Pourtant dans cet effort incessant pour que nos relations s’apaisent, je notais l’envie qu’elle avait elle aussi d’arranger les choses. Du moins d’éviter que cela ne s’aggrave. Voilà où j’en étais arrivé. A un stade où n’importe quel signe me satisfaisait, aussi petit soit-il ou inexploitable. Car là où je voyais une envie de sa part d’arranger les choses, il n’y avait peut-être qu’une preuve de son détachement à venir. La signature de la fin de notre relation si je ne mettais pas de l’eau dans mon vin. Mais je me voulais optimiste. Plutôt voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide. Surtout lorsqu’il s’agissait de Dani… Car il était impensable de la voir quitter le navire. Promesse d’auriculaire.
Je manquais de m’étouffer avec de l’air lorsque je l’entendis évoquer son corps qui ne m’avait pas dérangé auparavant. Je portais ma main libre autour de mon cou, inspirant longuement tandis que je m’étais arrêté. Je toussais pour reprendre de l’air et me tourna vers elle, accusant son regard rempli de dédain. « Qui te dit que cela me dérangerait actuellement ? » ripostais-je en voulant reprendre contenance sans y parvenir. Ces paroles se ramenaient à des souvenirs bien trop douloureux… Ou attisant le désir, je ne savais plus trop. Mon corps ressentait encore l’appel du sien, c’était indéniable quoi que je puisse laisser paraitre ou dire. Je la sentais s’éloigner et j’appréciais presque cette distance finalement, qui me permettait de ne pas sombrer. Car en y repensant, cette nuit était pleine de non-dits qui nous pesaient encore. Pourrais-je un jour lui avouer que son corps m’appelait tout comme ses lèvres mais que derrière chacun de mes baisers, de mes gestes, il n’y avait que de l’attirance à l’époque. Celle d’un homme pour une magnifique femme qu’elle était devenue. Celle qui semblait sculpter dans la roche, aux traits délicieux et au charisme qui ne demandait qu’à se plier à ses désirs. Chose que j’avais fait, en y assouvissant les miens par la même occasion. Et si une question de sentiment ne s’était pas hissée dans la partie, ni même la loyauté sans faille que je lui vouais en vue de notre amitié, il était fort probable que mon instinct primaire d’homme aurait pris le dessus sur ma raison. J’aimais les belles choses et Danika savait jouer de sa beauté.
Même quand elle me fusillait du regard, je lui trouvais un charme fou. Je jubilais presque de réussir à la faire réagir. Presque, parce qu’en l’occurrence il s’agissait de sa santé qu’elle mettait en danger ou qu’elle délaissait plutôt. Et il était hors de question que je la laisse faire sans dire un mot. Je la remerciais d’un signe de tête lorsque je la vis avaler le comprimé, remettant le flacon dans ma poche intérieure. Je pouvais enfin me dérider et tenter de détendre l’atmosphère. Au dépend de la pauvre journée de ce serveur que nous venions remuer de notre présence. Je me tournais vers Danika, une moue faussement hésitante à sa question. « Je sais pas… T’as peur qu’on se fasse remarquer ? » demandais-je en tournant sur moi-même avant d’hausser l’épaule. « Je sais… Mais tu ne m’en veux pas, j’adore les shows privés… » lâchais-je d’une voix qui se voulait pleine de sous-entendus. Je l’observais faire le tour du comptoir, mon sourire s’élargissant en la voyant entrer en action. On était bien loin de la jeune femme qui s’était tenue à mes côtés jusqu’à maintenant. Elle avait ce côté femme fatale qui me serrait le cœur. Le même qu’elle avait pu arborer dans ce moment intime, ses ongles glissant sur mon torse. Je frissonnais en repensant à l’image, tandis que je claquais des doigts en direction de Peter pour qu’il détourne le regard de Danika. « HE OH ! Non mais c’est pas vrai… » soupirais-je en me tournant vers la jeune femme « Doucement… Je te signale que c’est moi que tu dois impressionner ! » dis-je d’une pointe de jalousie maladroitement dissimulée. Je croisais mon bras contre mon torse, et pris mon temps de l’observer. Je ne connaissais que trop bien ce regard, ce sourire et ce parfum de séduction qu’elle trainait derrière elle. J’acquiesçais d’un signe de tête lorsqu’elle me fit comprendre que mon défi était accepté. Je tendais une main dans la direction du bar pour lui faire comprendre silencieusement que je n’attendais qu’une chose c’était de le voir de mes propres yeux. « Tu parles trop Dani… » lui murmurais-je dans le même ton qu’elle venait d’employer, oubliant complètement le pauvre Peter qui semblait hyperventilé.
Je me redressais pour attraper la bouteille d’eau qui était en présentation, la tendant au jeune homme sans lui adresser le moindre regard, bien trop occupé à fixer Danika, un rictus aux lèvres. Nous aimions jouer, aussi dangereux soit le jeu auquel nous nous adonnions. Je l’observais faire le cocktail, me mordant la lèvre inférieure pour tenter de la déstabiliser, mon regard se voulant plus insistant, sans réellement me rendre compte que j’étais en train de glisser dans la pente. Je me laissais avoir à son jeu de séduction, voulant lui rendre la pareille. Je ne regardais pas les verres qu’elle venait de poser, la suivant du regard lorsqu’elle me rejoignait, l’air presque déçu de la prestation. « Et tu ne jongles pas ? Dire que j’ai payé pour un spectacle… C’est cher payé là… Pour ça ? » lui demandais-je en montrant du doigts le rassemblement de verres avant de siffler pour taquiner la jeune femme qui venait d’ôter sa veste. « Ne me dis pas que tu as encore rajouter des tatouages à l’œuvre d’art… » ironisais-je en prenant le shot pour la suivre. « Une couche de protection ? Ce n’était pas un, mais deux dans ce cas, chérie. » me vengeais-je en finissant le verre cul sec, le reposant avec fierté contre le comptoir. « Ca… C’était à moi… » lui dis-je en venant chercher le dernier bonbon sur le bâton qu’elle tenait elle-même, rapprochant dangereusement nos visages sans pour autant la toucher. « Je ne dirais pas rassuré… Pas totalement… Mais… Si ce cocktail est une invitation masquée… Crois-moi… Je pourrais de nouveau te satisfaire si tu n’avais pas une jambe handicapée… » dis-je en me reculant, portant la paille à mes lèvres tout en avalant une longue gorgée de son cocktail qui était… indéniablement bon. « Il n’est pas mauvais… » dis-je en ne voulant pas avouer en réalité que c’était l’un des meilleurs sex on the beach que j’avais pu goûter. Je me penchais légèrement sur le côté, observant Peter qui avait fini sa bouteille d’eau et qui avait repris son poste, semblant bien trop perturbé encore. « Voilà il a l'air lobotomisé… Tu peux m’expliquer ? Pourquoi quand tu peux avoir tous les hommes de Brisbane à tes pieds… C’est moi que tu désires ? » lui demandais-je de but en blanc, ma langue venant glisser sur mes lèvres, inconsciemment. Parce que je savais que de poser cette question était en réalité un appel à la tempête que nous tentions d’éviter. Mais j’avais besoin de réponses pour m’aider à réfléchir. J’étais perdu et toute aide était bonne à prendre. Surtout de la principale concernée.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Ven 29 Mai 2020 - 10:22
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Jeu 4 Juin 2020 - 21:47
Quelle divinité existante pouvait contrôler mes envies de la sorte ? Je me retrouvais dépendant de cette attraction qui allait contre la volonté du moment. Comme si chacun de ses gestes trouvaient preneurs au fond de mon âme. Comme si ses regards assouvissaient les miens. Son corps m’appelait d’une façon criante, et j’étais incapable de me sortir de cette attractivité. Non, au contraire, je me plongeais dedans, au cœur de ce jeu dangereux dans lequel j’y laisserais probablement une partie de mon âme, un pan de ma vie. Car tout me semblait à double tranchant avec tout à perdre et bien moins à gagner. Pourtant je jouais. Car le jeu était ma vie, le défi était notre lien et la compétition notre mantra. « Tu ne mérite pas ma présence, et pourtant je suis là. » ripostais-je de but en blanc sur un ton joueur, laissant son regard perdu au fil de ce qui pour certains s’apparentent à un art, pour d’autres à un signe de mal-être et pour moi au charme de Danika. Je détaillais chacun de ses tatouages pour les mémoriser, cherchant la signification probable de chacun. Puis je relevais lentement mon regard vers elle, comme pour me faire désirer, un léger rictus sur mes lèvres que je venais mordre dans leur coin. « Cachés ? Vraiment ? Sais-tu seulement pour combien de temps ils le seront de moi ? » lui demandais-je en rapprochant dangereusement ma main de son bras sans la toucher, le tout dans un murmure parfaitement charmant que je n’avais jamais réellement usé sur Danika. J’entrais en phase de séduction. Je n’avais jamais réellement ressenti le besoin auparavant, le jeu se faisant naturellement. Et pourtant je me retrouvais à tenter de la charmer, à analyser chacun des signes qu’elle laissait inconsciemment transparaître, tel un guépard prêt à sauter sur sa proie. Je ne lâchais pas son regard en venant croquer la dernière gourmandise, un sourire s’étirant sur le coin de mes lèvres, presque satisfait de la sentir se raidir, immobile et de voir qu’elle sentait elle aussi le jeu les prendre. Pourtant elle ne riposta pas, immisçant par la même occasion le doute dans mon esprit.
Je me reculais, savourant la fin de mon cocktail alors qu’elle venait de le descendre d’une traite. « Tu ne sais pas savourer les bonnes choses ? Je me souviens de ton impatience… Pourtant tu es joueuse… » lui dis-je toujours en écho de cette nuit. Je me relevais du siège, venant faire claquer mon verre contre le comptoir avant de m’y accouder. « Madame a perdu sa langue ? Je peux venir vérifier si besoin est. » riais-je légèrement tandis que Peter semblait surpris de la voir refaire le tour du comptoir, son regard ancré dans le mien. « Non rassurez-vous… Même si elle semble bien meilleure que vous… Je la ramène, j’ai des choses à lui montrer en rentrant… » ricanais-je en faisant une mine faussement épatée face à ses jongles, puis je descendais mon regard le long de son corps, me mordant l’intérieur de la joue avant de sortir de mes pensées en entendant le bruit du verre sur le bois. « Tu n’as qu’un cocktail en stock ? Varions les plaisirs Dani… » Je persistais dans la même lancée, m’enfonçant dans ce jeu pour lequel je pensais avoir encore la maîtrise. C’était jusqu’à ce que je la sente entre mes jambes avec la furieuse envie de les resserrer contre son bassin pour l’attirer à moi. C’était jusqu’à ce que j’intercepte son regard fixé sur mes lèvres avec l’envie de lui hurler d’y aller. Et pourtant, à mon tour de rester immobile, saisit par la dangerosité qui m’approchait. J’avais envie de saisir sa joue, de la rapprocher de mon visage et d’intimer à Peter de nous laisser l’endroit… En vain. Elle avait raison et je déglutissais à ses mots. « Tu sais ce qui est ironique Dani ? C’est que je succombe toujours à mes envies. Tou-jours. » insistais-je en rapprochant mon visage du sien sans effleurer la moindre parcelle de son corps qu’elle m’a supplié d’éviter. « Peut-être que tu as été faite pour moi… Et que malgré tout nos corps s’attirent. Tu as beau dire le contraire, tu le sais Dani… Mais viens encore une question de pensées… Comme si le temps d’un instant nous ne pouvions pas revenir à ce moment où nous succombions à nos désirs les plus primitifs… Ne prétend pas le contraire, car je suis certain que jamais tu n’as reconnu ce plaisir que je t’ai provoqué… » Je laissais mes mots en suspens, penchant la tête sur le côté pour venir murmurer d’une voix suave au creux de son oreille. « Tu n’as qu’un mot à dire pour le retrouver ce plaisir… » rajoutais-je en la laissant se retirer de cet étau qu’elle avait créé elle-même en se rapprochant de moi.
Je faisais tourner mon verre entre mes doigts, bien incapable de comprendre ce retour de question. Ne me connaissait-elle pas pour savoir que je n’étais pas satisfait bien loin de cette situation ? Et encore moins de ce ton empli d’amertume qu’elle utilisait. « Je ne t’ai pas demandé de passer à autre chose Dani. Je t’ai demandé du temps. Mais à croire que chez toi la patience est une lointaine amie. » répondis-je en soupirant, finissant à mon tour mon cocktail cul sec, de mécontentement. Puis je m’étais tourné vers elle, le regard enflammé d’une braise de désir. Ma main vint se poser sur sa cuisse, l’obligeant à écarter ses cuisses pour à mon tour m’approcher d’elle, au plus proche que le tabouret le permettait à nos deux corps. Je retirais ma main de sa jambe une fois installé, mon bassin frôlant le sien. « Regarde-moi Danika. Même ce serveur te mangerait au creux de la main en un regard. Mais c’est moi que tu veux. Et si tu m’interdis de te toucher c’est parce que tu sais que d’un seul effleurement, nous pourrions de nouveau céder. » lui dis-je en me reculant, venant me glisser derrière elle, ma main à côté de son corps pour l’encadrer entre moi et le comptoir, tandis que mon torse se plaquait contre son dos, mon souffle sur sa nuque. « On devrait peut-être rentrer. Parce que si tu ne comprends plus que je ne suis pas de ceux que l’on a besoin de flatter pour me sentir vivant, parce que si tu penses que ma question n’est qu’une raison de plus de vouloir remuer le couteau dans la plaie. Parce que si ce temps si fatidique est si précieux à tes yeux pour ne pas me l’accorder, autant que je te fasse économiser le reste de ta journée Danika. » lâchais-je en attrapant son verre pour venir le vider puis m’éloignant, je posais l’argent promis à destination de Peter. « Au moins un de nous deux se sera fait des films sur la comète. Mais croyez-moi, elle serait presque féline dans le contexte… » lâchais-je en tapotant son épaule, me tournant enfin vers Dani. « Pourquoi tu laisses ta vie à ton cœur ? Où est donc passé la jeune femme qui prenait le tout avec légèreté ? J’ai plus envie de me battre, plus envie de devoir réfléchir à quel mot employer, à quel geste ne pas faire… Tu trouves ça naturel Dani ? » Ma voix restait ferme sans hausser le ton, pleine de lassitude à force de penser me répéter. « Ce qui est naturel, c’est ce que tu nous empêches d’avoir… Ce qui est totalement absurde… Mais à priori, je devrais m’en satisfaire. Parce que comme toujours, tu as préféré ramener le sujet sur le tapis plutôt que de profiter de l’instant présent et de sa légèreté. Tu sais une personne censée m’a dit que savoir écouter son corps, c’était source de simplicité… Et là, tu m’obliges à aller à l’encontre de ce que ce dernier m’hurle de faire… Alors faisons dans la simplicité, je réfléchirais seul dans mon coin et je te ramènerais marmonner dans le tien ». crachais-je presque amèrement de devoir couper court à cette journée que je nous sentais en train de saboter. Parce que c’est ce que nous faisions depuis des années maintenant : nous sabotions notre relation conjointement en nous entretuant.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Dim 7 Juin 2020 - 21:48
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Jeu 11 Juin 2020 - 11:27
A trop vouloir jouer avec le feu, on finit par se brûler les ailes. Pourtant j’étais joueur… Ou l’étais-je devenu en côtoyant Danika pendant toutes ces années ? Je n’étais pas capable de le savoir, tout comme je n’étais pas capable de cesser de jouer. Elle mettait des limites qu’elle-même n’assumait plus, alors pourquoi les respecter ? Par respect ? Je n’étais pas irrespectueux à mes yeux lorsque je lui montrais à quel point je pouvais vaciller si elle m’en donnait l’occasion. Un jeu auquel nous savions pertinemment que nous pourrions être tous les deux gagnants. Du moins jusqu’à ce que des sentiments entre en compte. Et le calcul n’était dorénavant plus le même. Pourtant elle jouait. Son regard était habité, tout comme mon corps l’était par le souvenir du sien, de ses mains parcourant mon flanc, de ces lèvres qui n’appelaient que les miennes. Je me souvenais de mon désir brûlant, de cette pulsion que je ne pouvais compenser autrement qu’en cédant à cette tentation qu’elle représentait. Si la femme était une création divine, tout en elle avait été fait pour me faire chavirer. Ses hanches voluptueuses, son regard d’une profondeur inouïe qui me permettait de m’y plonger à corps perdu. L’attraction physique n’était plus à prouver à en croire la déglutition que mes mots provoquaient, tandis que son regard se baissait sur mes lèvres. Mais une fois encore, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Je ne comprenais pas pourquoi elle fuyait l’évidence. Pourquoi elle accordait tant d’importance à ces sentiments que je ne pouvais lui confirmer étant moi-même complètement dépassé par cette idée. Maladroitement, je voulais lui faire comprendre que mon envie dépassait le jeu, dépassait toutes règles stupides mise en place sous un quelconque prétexte. Comme si ne plus vouloir avoir le moindre contact avec moi pouvait la soulager.
Pourtant ma démonstration affective ne trouva pas preneuse. Une fois de plus, elle enfila avec une facilité déconcertante ce masque de glace qu’elle arborait depuis nos retrouvailles en vue de se protéger de la menace que j’étais. Je soupirais, presque désespéré de ne pas savoir comment m’y prendre pour désamorcer la situation tandis qu’elle se mit à rire, comme si la situation s’y prêtait. Je me retournais et trouvais face à moi un sourire des plus tristes, m’arrachant le cœur. Je compris que je venais une fois de plus de faire sauter un cadenas, et d’ouvrir potentiellement une brèche que je ne pourrais refermer pour l’instant. J’haussais un sourcil, cherchant à comprendre son raisonnement actuel avec la plus grande difficulté du monde. J’avais l’impression que chaque seconde passée avec elle était une seconde de plus où je la faisais souffrir involontairement. J’aurais voulu la stopper dans ce qui me semblait être un début de monologue, une avancée vers une falaise du haut de laquelle elle allait se jeter sans que je ne puisse la rattraper. Je connaissais que trop bien les futurs mots qu’elle allait prononcer. Je ne connaissais que trop bien ces battements de cœur qui manqueraient un coche à l’approche du moindre geste que j’allais pouvoir effectuer. Mon corps s’était tendu en la sentant s’approcher de moi. Ses mots se répercutaient sans fin dans mon esprit qui s’embuait un peu plus d’interrogations en tout genre. « Dani… » murmurais-je en sentant sa main se glisser dans la mienne et qui par réflexe venait de se refermer autour de ses doigts. Comme si je venais de retrouver une partie de moi, une partie de nous. Mon regard ne pouvait lâcher le sien, et je buvais une fois de plus ses paroles. Je ne comprenais pas comment elle pouvait encore être présente alors qu’à l’entendre j’étais l’homme qui l’avait le plus fait souffrir et pourtant celui qu’elle aimait le plus. Mon cœur se serra en prenant conscience de tout l’amour qu’elle pouvait ressentir pour me pardonner à chaque fois mes erreurs du passé. Nous étions comme une symphonie qui cherchait son harmonie. Nos deux musiques ne s’alliaient pas, nous forçant donc à jouer à contretemps.
Je laissais mon visage s’enfouir contre sa main, appréciant cette délicatesse qui dénotait avec la colère naissante dans sa voix. Je la connaissais que trop bien pour savoir que je ne devais pas l’interrompre si je voulais éviter une fois de plus une confrontation qui n’avait pas de sens. Je venais me mordre les lèvres en l’entendant évoquer son envie de m’embrasser qui était réciproque et mon cœur cessa de battre tandis que ses lèvres venaient effleurer les miennes. Mon visage se rapprocha du sien pour lui rendre le baiser tant attendu mais avant même que je n’ai le temps d’attraper sa joue, son corps s’était reculé, me laissant seul et béat face à la situation. Je soupirais, me frottant les tempes comme pour espérer trouver les mots et les gestes pour désamorcer le tout. « Danika… » murmurais-je en m’approchant d’elle, attrapant sa taille pour la faire pivoter entre mes bras, et soutenir son regard. Ses mots devenaient des poignards qui venaient me planter en plein cœur, ravivant une douleur que j’aurais préféré oublier. Je m’étais comporté comme le pire des lâches que cette Terre renfermait, pris entre des sentiments infaillibles à l’encontre de mon ancienne coéquipière, et cette attractivité indescriptible à laquelle j’avais cédé. Mon manque de courage avait entraîné ma lâcheté dans cette épreuve, m’obligeant à prendre les jambes à mon cou lorsqu’au matin, j’avais senti le corps endormi de Danika contre le mien. Je n’assumais pas et elle avait raison. Je m’apprêtais à poser un doigt sur ses lèvres pour enfin la faire taire, pouvoir répondre à chacun de ses propos mais en vain, les dernières paroles venaient s’abattre comme le coup fatal. James Riley n’était plus, et si sa propre fille, unique de surcroît, ne réussissait pas à faire son deuil, comment pouvais-je me permettre de créer encore plus de distorsions alors que je devrais simplement me contenter d’être présent pour elle. Cette épaule sur laquelle elle devrait pouvoir s’appuyer lorsque la course était trop longue, que la peine n’était plus supportable et que ses jambes flanchaient.
Prenant conscience de cela, je me reculais, respectant son souhait alors même que je n’étais pas en adéquation avec ce dernier. Je me tournais vers Peter, le saluant d’un signe de tête tandis que je m’avançais aux côtés de Danika, tournant la tête vers elle. « Je vais te raccompagner. Je pense que nous avons touché les limites… Tu dois être épuisée » lui dis-je avec une tendresse qui dénotait à la colère que j’avais pu exprimer auparavant, le tout en tendant le doigt en direction de son genou. « Je suis désolé Dani… » avouais-je en prenant la route de la voiture, tête basse, à la recherche des cailloux dans lesquels je pourrais botter du bout du pied. « J’ai été un piètre ami… Pourtant… Je sais ce que tu traverses, je devrais être là pour toi… » lui dis-je simplement en tournant la tête vers elle. « Je voudrais te dire que je serais capable de te chérir… Que je ne te briserais plus… Mais je n’en suis pas certain… » avouais-je avec délicatesse et tristesse. J’étais en train de lui avouer que j’étais littéralement perdu au milieu d’un chaos de sentiments. « Tu mérites mieux. Et je comprendrais que tu ne veuilles pas m’offrir cette dernière part de toi alors que je ne serais probablement pas capable de te rendre la pareille. Mais laisse-moi être là pour toi… C’est tout ce que je te demande… » lui dis-je en m’arrêtant enfin devant la portière de ma voiture, que je lui ouvrais dans un léger sourire désolé. « Avant que tu ne montes… Il y a une chose que je voulais te dire… » avouais-je en me mettant devant pour l’obliger à m’écouter. « Je ne partirais pas. Je ne partirais plus. J’ai compris que seul on va plus vite, ensemble on va plus loin… Et ce moteur à mes pas, c’est toi… » conclus-je presque désolé de ne pas pouvoir lui dire ce qu’elle souhaitait réellement entendre. « Et si pour cela je dois me contenter de cette distance entre nous… Je le ferais. Pour toi et pour nous. Je ne partirais plus Danika. » lui dis-je en me sortant de devant elle pour la laisser monter dans un soupir. C’était terrible de se dire que cette journée était la fin d’une relation que j’avais probablement saboté pour le début d’une nouvelle que je n’avais pas accepté.
Je contournais le véhicule, défaisant mon attelle avant de monter du côté conducteur, posant cette dernière sur les jambes de Danika. Je démarrais le véhicule, observant la jeune femme du coin de l’œil tandis que je reprenais le chemin retour en direction de chez elle. « Tu fais ta rééducation ? » lui demandais-je sans masquer mon inquiétude vis-à-vis de son état de santé dont j’étais le responsable. « Je me doute que cette journée ne t’a pas plu… Qu’elle n’était pas ce que tu espérais… Et que mise à part remuer le couteau dans la plaie, cela n’aura mené à rien… Mais je te remercie… Parce que juste le temps d’un instant, je me suis senti de nouveau vivant… Même si ce temps était trop court… On a forcément ce que l’on mérite n’est-ce pas ? » lui demandais-je de façon purement rhétorique. Parce que je savais pertinemment que je ne méritais pas le quart de ce qu’elle m’avait donné alors qu’elle méritait bien plus. Et que ce temps si précieux qu’elle m’avait accordé ne pourrait lui être rendu. Les mots venaient à me manquer comme bien souvent alors je préférais allumer la radio, laissant la musique de façon aléatoire s’étendre dans l’habitacle. Et comme si le hasard n’était pas suffisant, la chanson qui s’élevait venait marquer au fer rouge ce que probablement nos mots ne pouvaient plus traduire.
We’re one but we’re not the same. We hurt each other then we do it again.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Sam 13 Juin 2020 - 11:11
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith Mar 28 Juil 2020 - 9:10
Les mises au point n’étaient jamais choses aisées surtout lorsque la personne qui se trouvait en face de vous avait une place prépondérante au sein de votre vie. Que je le veuille ou non, la vie, le destin ou une quelconque autre entité céleste avait ramené Danika sur mon chemin. Avec son lot de surprises, de découverte et de secrets. Les interrogations ne s’amenuisaient pas avec le temps, bien au contraire. Et là, où l’évidence avait été de mise, la contradiction entrait dans la danse. Comment pouvait-on se comporter comme de simples étrangers alors que tout nous ramenait inlassablement l’un à l’autre ? Et ce n’étaient pas ces règles mises en place par la jeune femme qui changeraient les choses. Même si je me devais de respecter ses choix – que je trouvais ridicules de surcroît – la part d’incertitudes concernant l’avenir du « nous » grandissait. Et ce n’était pas sa main dans la mienne qui me rassurerait. Pas quand ses propos sonnaient comme nostalgiques d’une époque insouciante qui nous semblait lointaine. J’étais resté silencieux face à ses aveux, ne voulant la contredire, pas après ces montagnes russes émotionnelles que nous avait fait vivre cette journée. Être en vie et se sentir mort était bien plus déroutant que d’être seulement mort. Cette sensation d’être enfermé dans un corps qui ne m’appartenait plus, que l’on m’avait privé, meurtri, était bien plus grande que toutes ces promesses auxquelles je me contentais d’hocher la tête en silence.
Nous venions de nous garer face au domicile de la jeune femme, sentant mon cœur s’accélérer. Je n’étais pas le plus habile quand il s’agissait d’agir avec subtilité et délicatesse. Je rendais le sourire à Danika, me détachant, prêt à sortir. « Ce n’est pas un adieu Dani, juste un au revoir. » lui avouais-je en sortant à mon tour de mon véhicule. Je la rejoignais face au coffre, soupirant en apercevant l’énorme peluche à sortir. « Je tâcherais de m’en souvenir » dis-je en tentant d’extirper le koala d’un seul bras. Le faisant pivoter sur mes épaules, je suivais Danika à la trace, rentrant avec difficulté dans l’encadrement de la porte. Le son du déclencheur de son appareil photo m’arracha un soupir. « Ne m’aide pas surtout » râlais-je en posant la peluche sur son canapé, reprenant mon souffle une fraction de secondes. Je m’abaissais pour venir caresser le haut du crâne de Pepsi, puis me redressant vers elle, je lui souriais délicatement. « Je vais y aller… » murmurais-je en m’approchant d’elle, avant d’embrasser sa tempe, conscient de briser les règles une fois encore. « Prends soin de toi, Monkey… ». Et en ayant la plus grande difficulté pour m’arracher d’elle, je décidais de quitter l’appartement, le cœur lourd. Car à mes yeux, cet au revoir était tout aussi déchirant qu’un adieu.
Le signe d’un nouveau chapitre à écrire pour lequel je ne pensais pas être encore prêt.
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(#) Sujet: Re: It's been written in the scars on our hearts -Danikeith
It's been written in the scars on our hearts -Danikeith