Je commence à être habitué à être chez Charlie. Depuis mon retour d’Angleterre, puis mon retour de ROA, je viens dormir ici au moins une ou deux fois par semaine. Histoire de passer du bon temps avec elle, histoire d’avoir mon intimité l’espace de 24 heures. C’est pas si évident que ça de revenir vivre chez ses parents. Pas évident du tout. J’ai eu de la chance ils sont parti en weekend quelques fois et en vacances aussi. C’est Charlie qui a pu profiter de la maison de mes parents, la piscine et le grand terrain qu’on a (Hope qui a le plus profité du terrain). Ca change des appartements qu’on a. Enfin, qu’elle a, parce que j’ai plus rien moi. Elle elle a réellement un appart' à elle depuis peu et ça me donne encore plus envie du mien. J’ai enfin acheté mon piano hier et je me le fais livrer dans une semaine. Je sais que la suite logique ça va être je vais trouver l'appart' parfait pour l'installer une bonne fois pour toute ce beau piano. C’est en parti ça qui me fait avoir ce si large sourire sur mes lèvres ce matin. Pas seulement le fait d’avoir Charlie dans mes bras alors que le soleil entre par la fenêtre de sa chambre. Je me suis endormi au milieu du deuxième film qu’on s’est lancé hier soir. On a été sage. Des cuddles dans ses bras et il m’en faut pas plus pour me sentir bien et sombrer vers Morphée. Je la serre doucement contre moi alors que je me réveille. J’embrasse doucement sa joue, sentant qu’elle ne dort plus non plus.

« Je me souviens pas si t’as cours ce matin… » Histoire de voir si je dois la lâcher ou si je peux profiter encore de son corps chaud contre le mien. On est en plein hiver, c’est important. Comme dirait John Floreani share our beds when the night gets cold. J’ai juste un t-shirt et un boxers sur moi, c’est vrai que je fais pas beaucoup d’effort pour me tenir au chaud tout seul. Je préfère Charlie. J’ai pas regardé l’heure mais je suis sûr qu’il est très tôt vu la lueur du jour que j’aperçois. Je me vois déjà aller lui préparer un petit déjeuner si jamais elle doit aller en cours. Histoire de rendre le début de sa journée plus agréable. J’ai tellement détesté les études, je suis encore soufflé qu’elle y soit retourné. Jamais de la vie je ferai ça. J'oublie des fois qu'elle est beaucoup plus jeune que moi.  En attendant j'oublie ça et je niche mon nez sur sa peau, refermant les yeux.

Entre ses bras elle semble reprendre des forces et aller un peu mieux à chaque seconde. La présence de Kane est rassurante et dès qu’elle le sent bouger, elle en profite pour venir nicher un peu plus son nez contre sa nuque. Le baiser sur sa joue la fait sourire, jeune adulte à qui il n’en faut pas plus pour être heureuse. Aujourd’hui elle a appris à se contenter de petites choses du quotidien qui arrivent au jour le jour sans ne plus penser à se préoccuper de demain. La vie lui a déjà réservé bien assez de surprises pour qu’elle ne souhaite tenter de deviner les prochaines. Ses propres doigts glissent sur la peau du blond qu’elle connaît déjà par coeur, même le dernier tatouage dont elle ne cesse de se moquer dès qu’elle en a l’occasion. « Je me souviens pas si t’as cours ce matin… » Il a sa voix endormie, elle a encore l’esprit ailleurs et pourtant ses premiers mots du matin ne sont dirigés qu’en son attention. Elle sourit une fois de plus avant de déposer un baiser contre l’espace entre ses clavicules avant de murmurer sa réponse. “Je ne m’en souviens pas non plus.” Elle ment éhontément, l’étudiante qui a bien sûr un cours qui s’apprête à débuter d’ici quelques heures. Depuis qu’elle a repris ses études elle est plus assidue que jamais et cela semble impensable qu’elle rate un cours ou même arrive en retard. Elle fera des concessions sur son petit déjeuner si cela peut la laisser profiter de sa présence pendant quelques minutes encore.

Les jumeaux absents pour une durée indéterminée, elle a de nouveau la vie pour elle seule et il faut bien avouer qu’elle la savoure plus que jamais. Elle sait désormais ce que c’est que de se donner corps et âmes pour d’autres alors aujourd’hui elle tente de profiter un maximum pour elle même. La blonde retrouve de vieilles connaissances, renoue avec le passé, embrasse l’avenir. Ses journées sont ponctuées de mille choses, Hope contribuant à son niveau. C’est d’ailleurs lui qui vient la tirer de son état de phase alors qu’il saute sur le lit pour tenter de venir leur lécher le visage et quémander des caresses. Il n’est plus le petit chiot qu’ils ont adopté depuis longtemps, si bien que la seule tactique de replis de Charlie consiste à venir tirer le drap au dessus de leur tête pour qu’il ne puisse pas les atteindre. “Il fait ça que quand t’es là, je suis sûre que tu l’entraînes à faire des bêtises dès que j’ai le dos tourné !” Elle menace et rigole en même temps, fort peu crédible.

Ses mains sur moi confirment qu’elle est bel et bien réveillée. Je profite de ses caresses avant de doucement prendre la parole. C’est toujours le flou sur le déroulement des journées du lendemain avec elle. Je reste rarement plus d’une nuit et ça me convient, ça lui convient aussi visiblement. J’essaie de pas trop m’attacher même si tout le monde sait que c’est déjà loupé. Je lui donne toute l’attention quand on est ensemble, je veux lui faire le plus plaisir possible. Je veux être parfait pour elle comme je veux l’être avec tout le monde et comme je n’arrive jamais de toute façon. Peut être qu’un jour je vais enfin réussir à être moi même. A penser à moi en premier mais non. Pas aujourd’hui. “Je ne m’en souviens pas non plus.” Je ne me souviens pas du tout de son emploi du temps. Je suis jamais là le même jour et je sais fortement qu’il doit y avoir d’autres choses dans sa vie que les études. Je ne pose pas de question parce que je n’ai aucun droit sur elle, je veux juste profiter de sa présence quand on est ensemble. Visiblement aujourd’hui, elle veut rester un peu plus avec moi. Ca me fait du bien. Tell me that you love me, even if it’s fake… Parce que vraiment j’ai aucune estime de moi. J’essaie. Vraiment j’essaie.

Et puis y’a Hope qui vient se joindre à nous. On dirait presque qu’on est une vraie famille de nous voir comme ça avec notre chien qui nous fait des câlins comme ça. Charlie qui nous cache sous le draps, elle me fait rire. “Il fait ça que quand t’es là, je suis sûre que tu l’entraînes à faire des bêtises dès que j’ai le dos tourné !” Et je ris encore plus fort en l’entendant. « Des bêtises ? Venir te faire des bisous c’est des bêtises ? Tu préfèrerais qu’il… » Et j’approche bien plus mon visage d’elle pour terminer ma phrase dans son cou. « … te morde? Grrrr. » Je lui picore la peau au passage pour illustrer mes dires. Mes grognements font aboyer Hope qui doit se demander ce qui est en train de se passer sous ce draps. Je me détache de nouveau pour la regarder. « Je vais passer la journée à mater des annonces pour un appart’. » Genre je redeviens un peu sérieux. Je lui dis surtout pour acter la chose et m’y tenir. On sait tous que je vais faire ça juste pendant deux heures à pleurer devant des appartements bien trop parfait pour moi. Bien trop cher aussi. Non. Non j’ai l’argent, mais ça me fait juste peur d’en utiliser autant d’un coup.

Les rires de la blonde sous les draps ne font que sonner de façon un peu plus aigue encore aux oreilles du blond. Ce serait mentir que de dire qu’elle s’en veut le moins du monde, d’ailleurs, quand finalement elle ne fait rien pour atténuer la chose. « Des bêtises ? Venir te faire des bisous c’est des bêtises ? Tu préfèrerais qu’il… » Elle ne mime que des débats sans pour autant tenter de se défaire de sa douce emprise, la peau de sa nuque à la merci du blond. Hope lui écrabouille le ventre mais elle l’oublie bien rapidement, amusée par toute la situation. « … te morde? Grrrr. » Loin de lui faire mal, il ne fait qu’éveiller ses sens et comme seule réponse Charlie ne fait que déposer un baiser sur sa mâchoire en tentant maladroitement de se relever pour répondre aux attentes du jeune chien. De ses bras elle essaye de calmer l’animal en venant le caresser sur les flancs pour l’inciter à se coucher. Encore jeune, il a bien trop de mal à comprendre lorsque les jeux prennent fin et elle compte sur Kane pour ne pas tenter de l’énerver de nouveau puisqu’il serait alors inarrêtable.

Au lieu de ça le blond reprend sa voix naturelle, celle qui existe au moment où ils débutent une de leurs interminables discussions sérieuses. « Je vais passer la journée à mater des annonces pour un appart’. » Les yeux de la blonde dérivent en sa direction alors qu’elle replace les coussins contre le mur pour pouvoir s’y poser et garder le dos droit. Entre ses jambes se tient Hop, apaisé, qu’elle continue de caresser derrière les oreilles. “T’en as vraiment envie ?” Il n’y a plus aucun soupçon de malice dans sa voix alors que Charlie ne cherche plus qu’à s’assurer qu’il aille bien. “Je veux dire, si tu le veux, c’est bien. Je trouve ça vraiment bien pour toi, d’aller de l’avant.” Elle n’est pas restée proche de ses parents pour comprendre cette envie de vivre avec eux et c’est par extension la raison pour laquelle elle ne comprend pas réellement comment il peut se sentir aussi à l’aise à l’idée de retourner vivre avec eux après tout ce temps. Elle pensait que ce ne serait l’affaire que de quelques semaines mais finalement elles se sont multipliées en mois.

Elle entre dans mon jeu et c’est un des meilleurs matins. Entre baisers et rires, qu’est ce que je peux demander de plus ? Une vraie relation? Ouais. Ok. Parce qu’on a bien défini que nous n’étions pas un couple et cela depuis avant même que je parte au UK. De mon côté je suis sur Tinder mais c’est franchement pas le meilleur réseau social pour trouver une histoire sérieuse donc… Ben donc rien du tout, je suis toujours au même point. Bientôt j’aurai un appart’ à moi. Charlie se redresse alors que je reste allongé sur le dos dans le lit. “T’en as vraiment envie ?” Hein ? “Je veux dire, si tu le veux, c’est bien. Je trouve ça vraiment bien pour toi, d’aller de l’avant.” Ouais, faut que je continue à avancer dans cette bonne direction.

« Ca me manque de pas avoir mon chez moi. Là j’ai vraiment rien. À part ma voiture. Déjà que tout le monde me prend pour un éternel adolescent, si en plus j’habite chez mes parents pas que temporairement… Ils auraient raison. » J’hausse une épaule tout en me passant une main dans les cheveux pour les remettre mieux. « Toutes mes affaires sont dans des cartons dans le garage. J’aime pas ne pas être entouré de mes trucs à moi. » J’ai vraiment rien. C’est comme ça que je le ressens. Je suis entre deux. « Ca me fait juste peur d’acheter et pas de louer… » Tellement d’argent au milieu. Je sais que je vais pleurer quand la somme partira de mon compte. Mais je pourrais faire tous les trous dans les murs que je veux, ce sera à moi et même si je perds mon job et que je suis sur la paille niveau thune, je pourrais dormir sous mon toit à tout jamais. Même sans eau et électricité s’il faut en arriver à cet extrême là. Ce sera du camping classe. Mais non, je sais bien que j une serai jamais à ce point là en galère d’argent. Ca me traumatise bien trop comme ça. Je fais très attention à mes sous maintenant, j’ai pas trop envie que mon père me remette sous tutelle. C’est bon j’ai appris ma leçon et c’est aussi le pourquoi j’ai assez d’argent pour acheter maintenant. « Je veux trouver à Fortitude Valley. » C’est genre mon quartier préféré et faudrait vraiment que je tombe sur la perle méga rare à l’autre bout de la ville pour que je passe outre ce critère numéro 1.

Blottie contre les cousins, elle prend le temps d’écouter chacune de ses considérations, attentive. « Ça me manque de pas avoir mon chez moi. Là j’ai vraiment rien. À part ma voiture. Déjà que tout le monde me prend pour un éternel adolescent, si en plus j’habite chez mes parents pas que temporairement… Ils auraient raison. » Elle ne dira pas des mots qu’elle ne pense pas simplement pour lui faire plaisir. A son tour, elle trouve que c’est une véritable bonne chose qu’il veuille avoir son propre appartement, comme elle a déjà le siens depuis quelques mois quand bien même elle a presque une décennie de moins. Les circonstances sont différentes, quasiment opposées, mais le fait reste le même : il a besoin de son chez lui, peu importe à quel point il peut se sentir bien chez ses parents ; cela ne peut pas durer une éternité et Charlie est sincèrement heureuse qu’il s’en soit rendu compte tout seul. Elle n’aurait pas aimé jouer le rôle de celle qui lui ouvre les yeux, d’autant plus qu’elle l’aurait sans aucun doute fait maladroitement. “Agis selon ce dont t’as envie toi. C’est tout ce qu’il faut retenir.” C’est une règle dont elle a usé et abusé mais elle le sait bien plus modéré qu’elle. Il saura en faire un bien meilleure usage, c’est certain.

Sa tête déjà lourde se repose contre l’épaule du blond alors qu’elle calque son propre rythme cardiaque sur le sien qu’elle entend doucement pulser. « Toutes mes affaires sont dans des cartons dans le garage. J’aime pas ne pas être entouré de mes trucs à moi. » Comme pour signifier qu’elle restera toujours à ses côtés, elle enlace ses doigts aux siens avant de laisser reposer leurs mains liées sur sa hanche. Il n’a jamais vraiment aménagé, cela signifie donc qu’il est prêt à repartir à n’importe quel moment. Il peut trouver son chez lui rapidement et elle ose même croire qu’au fond, c’est tout ce qu’il attendait. « Ça me fait juste peur d’acheter et pas de louer… » “Te connaissant tu fonctionneras au coup de coeur.” Il est tout en sentiments, Kane, alors ça ferait sens que ce soit la seule chose qui dicte son choix, peu importe le montant monétaire en jeu. « Je veux trouver à Fortitude Valley. » Connaissant bien le quartier, elle se contente de hocher de la positive. Il sera entouré et près de tout. Si le quartier serait sans doute bien trop bruyant pour des jumeaux et qu’elle l’a rayé de ses potentielles envies, pour lui, ce serait parfait. Il y sera bien et rien qu’à y penser elle sourit un peu plus, déposant un nouveau baiser contre sa clavicule. “T’auras ton intimité là bas. T’auras tout, en fait.” Il pourra y être heureux avec qui il veut, c’est ce qu’elle sous entend. Et n’importe qui serait heureux avec lui en retour. Pour une fois, il n’y a rien de douloureux dans ce jeu de miroir. “Tu veux que je fasse les visites avec toi ?

“Agis selon ce dont t’as envie toi. C’est tout ce qu’il faut retenir.” Mon ancien appart’ me manque beaucoup. Des fois je me trompe en voiture quand je rentre chez mes parents et je prends le chemin pour chez moi. Mais c’était vraiment petit. On arrêtait pas de me faire des remarques là dessus aussi. Je peux pas avoir une famille en restant là. L’immeuble est ancien. T’as même pas une vraie cuisine. Vraiment, y’a jamais rien qui va. Les gens se rendent pas compte qu’ils déversent tous les mauvais côté au lieu de se focaliser sur la tonne des autres trucs qui sont vraiment bien. C’est pas donné à tout le monde d’avoir son propre appart’. J’ai plein de potes qui sont encore en coloc. Je passe mon bras autour de celui de Charlie quand elle se colle un peu plus la tête contre moi. Nos doigts qui s’enlacent. “Te connaissant tu fonctionneras au coup de coeur.” Obligé oui. Parce qu’il faut en aucun cas que je regrette mon achat vu la somme qui va y passer.  « Je vais mettre un an à signer. » Je vais douter de moi un milliard de fois. Demander confirmation à toutes les personnes en qui j’ai confiance pour ce genre de truc. Je sens déjà le stress d’avance. Il faut vraiment que je trouve un truc où je vais tomber amoureux de la totalité.  “T’auras ton intimité là bas. T’auras tout, en fait.” Je pars un peu dans mes pensées, commençant à m’imaginer mon appart’ de rêve. Elle dépose des baisers ici et là sur moi et je caresse doucement ses phalanges de ma main dans la sienne. Je sais pas trop quel tête il aurait en vérité. Je suis pas difficile, mes parents m’ont bien fait comprendre que mes choix niveau appart’ n’étaient jamais les leurs.

“Tu veux que je fasse les visites avec toi ? ” Je suis surpris par cette proposition mais je connais aussi que trop bien la réponse déjà. « Ca risque d’être compliqué de caler les visites avec ton emploi du temps. Mais je te tiendrais au courant si jamais tu veux venir t’es la bienvenue. » Je me connais je serai impatient et j’aurai pas envie d’attendre un jour précis à une heure précise si l’appart est disponible pour une visite dans les heures qui suivent. Ca c’est un super grand avantage d’être encore en année sabbatique. Je ne vais pas trop me fatigué, j’aurai tout le temps. Vraiment c’est une très bonne chose au final que je sois revenu plus tôt. Je vais déposer un baiser dans ses cheveux avant de reprendre la parole. « Je me motive je vais nous prendre le petit déjeuner à Starbucks? Ou au McDo. » Elle habite en centre ville et c’est vraiment trop tentant à chaque fois d’avoir tout à côté comme ça. « Ou les deux. » Bad bad badddddd. Mais très tentant.

Voilà au moins un sujet sur lequel ils tombent d’accord sans qu’il n’y ait aucun compromis à faire. Ils discutent sans problème, fluidement, et c’est quelque chose d’assez particulier pour le noter. Ce qui ne change pas, pourtant, c’est le besoin de Charlie de le rassurer à sa manière, par les gestes bien plus que par les mots. De se rassurer elle même aussi, tant qu’à y être. « Je vais mettre un an à signer. » Le rire qui s’échappe de sa gorge est immédiat, franc. “Carrément.” Ce n’est pas une moquerie, en rien, mais tous deux savent à quel point le blond peut se remettre en question un millier de fois avant de prendre une décision. Tout est encore plus exacerbé maintenant qu’il s’agit de quelque chose d’aussi grand que l’achat d’une maison - si elle avait été à sa place, elle même ne se serait jamais sentie tout aussi sûre d’elle.

La blonde tente de s’impliquer autant que possible dans sa future vie mais il ne semble pas autant comblé que ça par l’idée, chose qu’elle comprend parfaitement. « Ça risque d’être compliqué de caler les visites avec ton emploi du temps. Mais je te tiendrais au courant si jamais tu veux venir t’es la bienvenue. » Conciliante, elle accepte les choses comment il les aborde. Elle connaît son impatience tout comme elle connaît toute sa personnalité en tant que telle. Quoi qu’il en soit, son avis ne comptera pas et elle l’anticipe déjà : le coup de coeur de Kane sera le sien et le sien seul. Terre à terre, Charlie comprend aussi que désormais sa vie est bien remplie et qu’il n’est plus question d’arrêter ses études. Cela va de pair avec bien moins de temps libre, ce qui soit sans la déranger le moins du monde. “Merci.” Officiellement, elle le fait pour lui. Officieusement, elle veut s’assurer qu’il se porte bien et qu’il trouve un bel endroit où habiter.

« Je me motive je vais nous prendre le petit déjeuner à Starbucks? Ou au McDo. Ou les deux. » Une discussion sur la nourriture, ça sonne comme une discussion d’adulte. Ce n’est pas parce qu’elle est mère et qu’elle a son propre domicile qu’elle se considère comme tel pour autant, c’est donc la raison pour laquelle elle rigole doucement à nouveau, relevant ses yeux en direction du blond. Charlie se relève rapidement, attrapant les habits de l’ancien pompier pour les lui renvoyer au visage dans un sourire. “On y va ensemble.” Au moins elle aura commencé à avancer en direction de l’Université et lui en direction de sa voiture - ce qui sonne bien moins glamour.

Alors qu’elle s’hablle elle même sur le bout du lit, elle lance la question mine de rien, l’animal posé près de la porte. “Tu voudras prendre Hope, quand t’auras ton chez toi ? Il devait être à toi, normalement.” Elle propose sans vouloir une réponse plus qu’une autre. Avoir le Golden près d’elle n’est ni quelque chose de mauvais, ni quelque chose de particulièrement bon. Elle sait que même si Kane décide de l’adopter réellement, elle pourra toujours venir lui rendre visite. Rien ne sera irréversible et sans doute serait-il bien mieux avec la compagnie d’un chien.

Je la fais rire. “Carrément.” Et elle confirme. C’est sûr que je vais jamais réussir à me décider. Je suis déjà en train de me mettre la pression alors que j’ai rien regardé comme offres. Peut être que je devrais passer par une agence directement et voir ce qu’on me propose d’après mes critères pour que ça me mâche le travail. Pour que ce soit mieux parce que c’est leur jobs à eux. Oui, peut être que je vais faire ça. Je suis content de voir que Charlie ne prend pas mal ma réponse et elle me remercie même de la proposition. Cute. Pourquoi j’ai envie de la serrer encore plus fort contre moi là ? Mon esprit va vite, je me cherche des moyens de m’apaiser au plus vite. Je sais que ça ne sert à rien de cogiter maintenant, le truc le plus important là c’est de manger un truc parce que ça fait bientôt une heure que je suis réveillé et j’ai très faim. “On y va ensemble.” Un immense sourire se forme sur mes lèvres. Il n’en fallait pas plus pour me faire oublier totalement mes peurs incohérentes vis à vis de mon futur appart’.

Et nous voilà en train de nous préparer à sortir. Je me prépare un peu à l’arrache parce que j’ai pas envie de lui faire perdre du temps. Je me prendrais une douche quand je serai chez mes parents. “Tu voudras prendre Hope, quand t’auras ton chez toi ? Il devait être à toi, normalement.” Elle me dit ça alors que j’enfile mon hoodie. Je suis surpris par la proposition. « Oh je… Je sais pas je… » Je termine d’enfiler mes manches mais j’ai visiblement beaucoup de mal à réfléchir à sa question et à m’habiller en même temps. « J’ai jamais eu de chien ou d’animal de compagnie. » Et voilà que je commence à me mettre la pression encore. Vraiment j’ai envie de me faire un facepalm. C’est comme un enfant les chiens et je ne sais pas si j’ai les épaules pour ça. « Tu le veux plus ? Il devait être à moi ? » Je suis sur le coup de la surprise de cette proposition. « Il devait être à nous. » Mais il n’y a plus de nous, je le sais. Jamais on ne vivra ensemble. Jamais on ne sera le tableau de la famille parfaite avec le chien qui nous saute dessus sur le lit au petit matin. C’est qu’une illusion tout ça. Je le sais. Mais j’aime bien être dans le déni pendant les trop court moment que je passe chez elle. On a nos vies chacun de notre côté et y’a Hope au milieu.

Ingénue, elle n’aurait jamais cru que sa question à propos de Hope pourrait mettre Kane mal à l’aise mais elle l’observe pourtant s’immobiliser dans ses mouvements à travers le miroir de la chambre. De son côté, elle termine d’enfiler son tee-shirt avec de l’observer au travers de la glace. « Oh je… Je sais pas je… » Le sourire sur ses lèvres est quelque peu fatigué face à toute l’incertitude dont le blond fait preuve à chaque instant. Elle a l’impression d’avoir dû évoluer rapidement bien contre son gré, mais au moins elle l’a fait. Face à elle, il ne semble pas avoir changé d’un pouce et même si cela ne change rien à toute l’amitié qu’elle lui porte, n’en reste pas moins qu’elle aurait sans aucun doute aimé observer des évolutions. Pourtant, une part d’elle reste rassurée qu’il n’ait rien connu d’aussi pressant qu’elle pour qu’il ait à changer.

Le dos droit et les épaules en arrière, elle garde ses yeux ancrés dans les siens par le biais du miroir et attend qu’il s’explique pour continuer à s’habiller - autant dire que non, sortir en petite culotte en pleine ville n’est pas une issue acceptable. « J’ai jamais eu de chien ou d’animal de compagnie. » Elle pourrait lui dire que ça demandera toujours moins de temps et d’entretien qu’un enfant mais pas sûr que ce soit la meilleure comparaison possible, surtout avec Kane en face d’elle. Le connaissant, elle l’imagine déjà paniquer un peu plus encore, à vrai dire. « Tu le veux plus ? Il devait être à moi ? » Prise de court, elle fronce les sourcils avant d’ouvrir la bouche pour s’expliquer mais Kane a bien trop de questions pour trop peu de temps, raison pour laquelle elle est finalement prise de court. « Il devait être à nous. » Cette fois-ci sa mâchoire se resserre avec difficulté alors qu’elle se retourne vers lui, assise en tailleur sur le lit dérangé. “Kane … Je sais que c’est pas comme ça que tout était supposé se passer.” A tous les niveaux, absolument tous, rien ne s’est passé comme prévu. Charlie ne s’en réjouit pas forcément, au contraire même, mais aujourd’hui elle n’a d’autre choix que de vivre avec et d’accepter son sort. Elle s’adapte aux nouveautés et avance avec. “Je peux pas faire ça maintenant. Y’a pas de nous avec personne.” Elle baisse de nouveau les yeux, mal à l’aise à l’idée d’évoquer une telle chose. Il n’y a pas de nous avec qui que ce soit ; ni lui, ni Timothy, ni Ariel. Elle les aime trop tous à leur manière pour de nouveau risquer de les perdre en en demandant trop. Aujourd’hui elle découvre ce qu’est la vie en vivant seul et en s’en suffisant, ce qui préserve tout le monde. “Je t’aime. Mais pas comme ça.” Apeurée à l’idée de le perdre après une révélation de la sorte, ce sont ses lippes qu’elle coince entre ses dents, comme le ferait une enfant. “Je te souhaite juste d’être heureux. Et … Hope était supposé être ton cadeau d’anniversaire, tu peux le garder seulement si t’en as envie, sinon … j’ai pas envie de me débarrasser de lui. Il aime beaucoup les jumeaux.” A l’écoute de son nom, le canidé revient dans le chambre alors elle en profite pour le caresser sur le haut du crâne en attendant d’avoir une réponse, peu importe sa forme.

Y’a un truc que je loupe, pourquoi elle est si surprise que je sois surpris par sa proposition ? Depuis quand Hope devait être à moi ? Je sais que je vais sur un terrain glissant avec mes questions et mes incertitudes mais je préfère mettre des mots sur les choses plutôt que de laisser imaginer ce que j’ai dans la tête. J’ai comme l’impression qu’on va soit partir fâché, soit qu’on va pas partir de si tôt… “Kane … Je sais que c’est pas comme ça que tout était supposé se passer.” Ouais, carrément ouais. Mais j’ose pas le lui dire comme ça parce que la vie est ainsi et il faut que je l’accepte. “Je peux pas faire ça maintenant. Y’a pas de nous avec personne.” Je secoue la tête en l’entendant.  

“Je t’aime. Mais pas comme ça.”
« Je sais. »

Pourquoi elle se sent obligé de remuer le couteau dans la plaie ? Ça fait bien longtemps que j’ai compris ça. Ça fait bien longtemps que j’essaie de m’éloigner d’elle mais que je n’y arrive pas. “Je te souhaite juste d’être heureux. ” Pourquoi ça sonne comme des au revoirs? “Et … Hope était supposé être ton cadeau d’anniversaire…” Quoi ? “… tu peux le garder seulement si t’en as envie, sinon … j’ai pas envie de me débarrasser de lui. Il aime beaucoup les jumeaux.” Je suis sur le cul de ces nouvelles informations. Hope qui arrive vers nous.

« Depuis le début il aurait dû être un cadeau pour moi mais tu n’avais pas jugé bon de le dire avant et maintenant la façon dont tu me dis ça, j’ai l’impression que tu essaies de me faire culpabiliser si je le prends pas avec moi. » J’ai un peu l’impression qu’elle essaie de retrouver une indépendance totale puisqu’elle n’a plus non plus la garde de ses enfants. Je ne peux pas la juger pour vouloir ça si c’est le cas. Elle est jeune et elle a pris beaucoup de mauvaises décisions par le passé sauf que là… J’ai l’impression que c’est moi qui suit en train d’en prendre. « Tu sais t’avais pas besoin de me répéter que tu m’aimes mais pas comme ça. J’avais pas oublié cette information là et… Je prendrais Hope quand j’aurai un appart’. » Je dis tout ça en évitant soigneusement le regard de Charlie, je termine en regardant mon chien. Il n’y a vraiment plus aucun sourire sur mon visage. Je suis triste des mots qu’elle m’a dit. Comme si j’étais un demeuré. Tu l’es. J’aime ce chien et elle a visiblement envie de s’en débarrasser même si elle dit le contraire, alors je vais le prendre avec moi. Ça va changer ma vie un peu plus, ça a du bon dans un sens. J’essaie de faire ça depuis mon retour mais tout porte à croire que je n’y parviens pas puisque je suis encore là à dormir chez elle alors qu’elle ne veut rien construire avec moi comme ça.

D’un claquement de doigts, l’équilibre instable sur lequel ils avaient commencé à apprendre à évoluer rompt de nouveau. Un mot de travers et tout s’envole, comme ça a déjà été le cas des dizaine de fois entre eux, depuis un an désormais. Une seule année à peine et ils ont vécu une infinité de choses, le pire comme le meilleur. En ce moment, et depuis bien longtemps, cela se résume surtout au pire. Aux yeux de la blonde, en tout cas, c’est tout ce qu’elle voit désormais. Elle se contente de le ressentir mais Kane éprouve le besoin de mettre des mots sur la situation, ce qu’elle a de son côté bien du mal à accepter. « Depuis le début il aurait dû être un cadeau pour moi mais tu n’avais pas jugé bon de le dire avant et maintenant la façon dont tu me dis ça, j’ai l’impression que tu essaies de me faire culpabiliser si je le prends pas avec moi. » Depuis le début il aurait dû être un cadeau mais le sort s’en est mêlé, c’est vrai. Il y a eu Tim et il n’y avait plus Tim. Il y a eu de nouveau Tim mais elle n’avait personne ; et puis Kane est sorti du tableau. Elle a fait sortir Tim plus tard. Les jumeaux sont arrivés, elle a condamné les entrées. Plus personne n’est accepté, peu importe le sexe, peu importe l’historique, peu importe les sentiments. Ce sont les jumeaux et simplement eux qui comptent, peu importe ce que le reste du monde peut en penser et l’étrange façon qu’elle a de le démontrer. “C’est qu’une impression.” Elle était là pour le chien pendant tous ces mois et son attachement à ce dernier est indéniable, raison pour laquelle elle est presque outrée qu’il en vienne à une telle conclusion, si éloignée de la réalité des choses.

« Tu sais t’avais pas besoin de me répéter que tu m’aimes mais pas comme ça. J’avais pas oublié cette information là et… Je prendrais Hope quand j’aurai un appart’. » Les reproches sont toujours quelques chose que la blonde ne sait pas accepter, surtout alors que son interlocuteur trouve le temps de poser ses yeux de partout si ce n’est sur elle. Elle bouillonne et s’exaspère déjà alors que la journée est jeune et qu’elle était prometteuse. Dans un simple élan et apparaissant plus calme que jamais, Villanelle se lève pour contourner le lit et venir se placer face à Kane, poussant doucement Hope pour qu’il aille quémander ses caresses plus tard. Seul son dos se baisse pour qu’elle arrive à son niveau alors qu’il est encore assis sur le matelas et elle lui offre de sa chair empoisonnée un dernier baiser langoureux, semblable à tous ceux qu’ils ont un jour partagé, celui ci s’agrémentant d’une touche d’adieu. Son pouce passe sur la lippe du blond alors qu’elle reprend sa position droite et tente de paraître assurée, parce qu’au fond elle l’est réellement. “Je pense que tu devrais rentrer chez toi.” Chez lui ou chez ses parents, qu’importe, elle se doute bien qu’elle n’arrivera pas à être agréable avec lui s’ils en venaient à réellement partager un petit déjeuner et continuer à se voler des minutes et des heures l’un à l’autre.

“C’est qu’une impression.” Ca n’en change en rien que c’est comme ça que je le prends. Au moins, je lui ai dit, elle sait ma façon de voir cette proposition qui tombe d’un coup d’un seul alors que j’ai même pas encore d’appartement. Elle n’avait sûrement pas pensé que la conversation tournerait comme ça. Que je le prendrais de cette façon. Elle m’a pris totalement au dépourvu avec toutes ces nouvelles informations. Je déteste comment l’humeur de la matinée a tournée et je cherche mes mots pour annuler le double petit déjeuner que je lui ai proposé il y a quelques petites minutes.

“Je pense que tu devrais rentrer chez toi.”
« Je pense aussi. »

Au moins on est sur la même longueur d’onde à ce niveau là.Je récupère mes clés de voitures et mon téléphone. Je suis tellement triste des mots qu’elle a employé. Je suis tellement con d’avoir pu penser que ça aurait pu changer dans sa tête depuis qu’on s’était mis d’accord là dessus. On sait aussi bien elle que moi que pour que tout se passe bien, il ne faut pas qu’on discute de sujets sensible. Sauf que tous les sujets arrivent à devenir sensible quand il s’agit de nous deux. J’en ai juste marre que ce soit toujours si compliqué. Je suis blessé d’une réalité que je savais déjà, mais qu’elle me le remette en pleine tête ça passe pas. Je voulais continuer de me voiler la face et penser qu’on avait tout l’air d’un jeune couple follement amoureux. Mais non. Ca ne pouvait pas être plus opposé que ça.

Je sors de sa chambre et ensuite de chez elle sans dire un mot de plus. Je vais regretter tout ça plus tard, je déteste partir en colère mais peut être que pour une fois, c’est une bonne chose. Peut être que pour une fois, je vais vraiment comprendre que réellement, elle et moi, ça n’évoluera jamais autrement qu’en Friends with benefits. Je sais vraiment pas ce qu’il manque chez moi pour que quelqu’un me veuille plus que juste pour quelque chose d’éphémère. Je sors mon téléphone de ma poche pour écrire quelques notes supplémentaires pour la prochaine séance chez mon psy.