Les personnes de la production nous surveillent de près. Il y a déjà eu un léger couac lorsque je suis arrivée en même temps que Martin. C’est probablement pour cela qu’une petite blonde ne cesse de me suivre dès que je fais un pas. Je viens de passer dans une tente installer à l’endroit du départ, pour un peu de make-up, il paraît qu’il faut avoir un teint parfait pour apparaître à la télé. En réalité, la jeune femme qui s’est occuper de moi n’a pas fait grand-chose, mais elle a insisté pour passer ses doigts dans mes cheveux et tenter de dompter mes boucles. Au bout de cinq minutes, elle a tout simplement abandonné la bataille. Tant mieux pour elle, je compte pas passer des heures à me peigner le matin quand l’obsession sera de trouver un moyen d’avaler le plus de kilomètres, les plus rapidement possible.

Voilà que la nounou revient et je lui souris un peu timidement. « Excusez-moi, mais j’aimerais pouvoir passer aux toilettes. » Déjà, parce que les nerfs me donnent envie d’aller me vider la vessie pratiquement toutes les demi-heures, mais également parce que je suis déjà en train de prévoir pour la suite. Il vaudrait mieux partir bien préparer, ce serait la honte de s’arrêter dès le départ parce que je serais incapable de me retenir. Anticiper, toujours. On ne sait jamais ce qui va nous arriver lorsque la compétition aura commencé.

Heureusement, la jeune femme me donne l’autorisation et après m’avoir amené vers ce qui ressemble à un pré fabriquer dans lesquelles se trouve un petit bureau, ce qui ressemble à un vestiaire et surtout plusieurs toilettes. Libérééé. J’entre dans une des cabines de toilettes et soupire un bon coup. Deux minutes seules pour remettre mes idées en place avant que l’on soit complètement emporté dans le monde de la télévision et surtout dans l’aventure. Lorsque je sors de là, la blonde est là. « Je suis juste aller aux toilettes hein ! » Non pas que je sois du genre à m’énerver pour un rien, mais elle me colle un peu de trop près parfois. « C’est quoi la prochaine étape ? »

@eve zimmer @may glitters

Mais qu’est-ce que je fous là bordel ? Non mais je devrais être en train de regarder la télévision avec mes enfants, pas me préparer à aller jouer dans une quelconque télé-réalité. L’appât du gain. Voilà ce qui a motivé Ivana à m’inscrire. Car je suis aussi charismatique que le poulpe dans Dory. Et donc me voilà qui me retrouve telle Katniss à passer de main en main pour que l’on me prépare. Non mais je sais que les cernes, c’est pas le top tendance de 2020 mais quand même. Nous allions nous retrouver en pleine chaleur avec mon binôme et je n’avais aucune intention de me présenter face à lui (ou elle) avec une couche de fond de teint aussi grosse que le cul de Kim Kardashian. Lorsque la nana essaie de toucher ma casquette, j’arrête sa main avec un regard mauvais. Est-ce qu’un cochon d’inde est capable de faire un regard mauvais ? « Touche à cette casquette et je te coupe la main. » Parce que j’y tenais. J’ai déjà dû renoncer à mon alliance et les plaques militaires de Jacob, il était hors de question que l’on m’ôte sa casquette de l’armée. Je n’ai déjà plus grand-chose qui lui appartient alors me cassez pas les burnes. Même si je n’en ai pas.

Je décide que trop, c’est trop et je me lève pour aller fumer ma dernière cigarette. JE SAIS. Que c’est une mauvaise habitude mais je suis en plus stressée que l’inventeur du mot lui-même. Je détestai être sous le feu des projecteurs. Etre mise en avant. Alors, casquette vissée sur mon crâne, clope en main, je savoure alors que ce que je suppose être les caméramans s’affairent autour de moi. « Je suis juste aller aux toilettes hein ! » Merde, merde. Prise en flag, je jette le mégot avant de l’écraser pour me tourner vers la provenance de la voix. Un mâle à en juger par l’intonation. Laissez-moi deviner, encore un foutu géant ? Ah non, ça va. Il doit faire la même taille que mon défunt mari. « Faudra que je pense à y aller aussi, dis-je plus pour moi-même que pour lui, c’est bien connu les femmes ne font qu’aller aux commodités. » Pisser. Mais ne soyons pas vulgaire. Je déteste les gros mots. Je les pense mais je ne les dis pas. « C’est quoi la prochaine étape ? » Qu’est-ce que j’en savais ? « Je pense qu’on va aller se rassembler en rond d’oignon sous vos yeux avant de découvrir nos binômes. Comme un gibier prêt pour la potence. » Je dodeline de la tête avant de me tourner vers le jeune homme. « Vous êtes caméraman ou infirmier ? »
Ah la curiosité. Un vilain défaut.

Je la trouve en train de fumer en plus ma blondinette. Pas très exemplaire pour une nounou de candidat non ? Je me demande si elle a déjà dû surveiller des gens bien plus connu et bien plus célèbre que moi. Oui, je me pose des questions existentielles parfois même lorsque je suis à quelques minutes de démarrer une aventure complètement dingue qui risque bien de changer ma vie une bonne fois. Je pense, j’en sais trop rien. Pour le moment, je me soucie de ce que la blonde va vouloir que je fasse par la suite. J’ai cru entendre que l’on avait encore un peu de temps avant le départ. Tous les aventuriers ne sont pas encore arrivés ou une connerie comme cela. Puis pourquoi elle à l’air si paumée ma blondinette ? « Faudra que je pense à y aller aussi, c’est bien connu les femmes ne font qu’aller aux commodités. » Un rire m’échappe tandis que je la fixe d’un air un peu perdu. « Bah, vous aurez tout le temps. » On va pas me faire croire qu’elle va nous suivre pour le reste de l’aventure alors qu’elle semble clairement faire parti de la production avec sa casquette visée sur le crâne. Elle avait une casquette tout à l’heure ? Je crois pas. Je sais plus vraiment.

Je la questionne sur la suite et cette fois, c’est elle qui me regarde comme si j’étais devenu un extraterrestre. « Je pense qu’on va aller se rassembler en rond d’oignon sous vos yeux avant de découvrir nos binômes. Comme un gibier prêt pour la potence. » Wait y a un truc qui colle pas vraiment dans son discours, je crois. Pourquoi je devrais la regarder comme du gibier en fait ? « Je suis pas un pervers. » Et surtout, je ne suis pas du tout attirer par les femmes, mais je vais peut-être pas balancer ce genre de détail à une femme que je ne connais absolument pas. « Vous êtes caméraman ou infirmier ? » Et cette fois, c’est un rire franc qui m’échappe. « Oh merde. » Je lève les yeux au ciel et me rapproche de la jeune femme. « Ni l’un ni l’autre. » Je hausse un peu les épaules en riant à nouveau. « Je participe à l’émission. » Et je crois que je viens de rencontrer une autre candidate, vraiment y a un truc qui va pas dans cette émission. « Et vu ta tête, je dirais que toi aussi ? »

On ne peut pas avoir la paix cinq minutes dans ce remue-ménage. Les gens s’affairent dans tous les sens et nous regardent comme si nous étions des bêtes curieuses. Ils avaient clairement de la chance que je sois blonde à cet instant. Car d’habitude, j’arbore des couleurs de cheveux toutes plus criardes les unes que les autres. Je comptais faire du pastel pour mes vacances de juillet et aout histoire de ressembler à un arc-en-ciel quand je retournerai sur le vieux continent. Je tire donc sur ma clope avec désinvolture alors que la personne qui me surveille me regarde d’un œil mauvais. Je ne suis pas de bonne humeur mon gars donc casse-moi pas les couilles. « Bah, vous aurez tout le temps. » Je me tourne vers le nouveau venu avant de hausser un sourcil. Je laisse échapper un petit rire. « Je n’aurai qu’à aller dans les bois. L’hygiène a l’air douteuse là-dedans. » Après, je ne suis pas le genre de femmes qui s’offusque de toilettes sales mais bon il faut bien faire la conversation.

Et je sens bien qu’il m’a vu en train de fumer. Zut. Je me sentais comme une enfant qu’on découvrirait en train de boire une gorgée de Smirnoff. Le truc pas alcoolisé du tout. Mais pas bon, quand on a quinze ans. J’ai beau en avoir vingt-six et être deux fois mère de famille, on ne cesse de me demander ma carte d’identité dans tous les endroits où je vais. Ce que je prends pour un compliment. Le jeune homme reprend la parole et je lui prête une oreille attentive. « Je suis pas un pervers. » What ? Je tourne la tête vers lui avant de pencher la tête sur le côté. « Je n’ai jamais dit ça. C’est juste que lorsqu’on finit sous le feu des projecteurs dans ce genre de trucs, c’est plus Hunger Games que la villa des Kardashian. » Je viens donc m’ancquérir de savoir qui était ce monsieur. Faites que ce soit mon caméraman. Il a l’air sympa. Il avait une bonne tête de Bobby. « Oh merde. » Je lève le doigt en l’air. « Pas de gros mots. Si cela se trouve nous sommes filmés. » Je comprends cependant qu’il y a méprise. Ainsi donc j’étais en face d’un candidat et non d’un membre de l’équipe. Ce qui expliquerait le surplus de gel dans ses cheveux. « Je participe à l’émission. » Et voilà. Pauvre garçon. « Et vu ta tête, je dirais que toi aussi ? » Je lève le pouce en l’air avant de me détendre. « Bien vu. Je m’appelle Eve. Enfin Evelyn mais tout le monde m’appelle Eve, c’est plus court et moins moche. » je lui tends la main. « Et toi ? Au fait, je te conseille de retirer le gel dans tes cheveux. Ils seront mieux au naturel et ça ne collera pas sur ton visage quand tu commenceras à transpirer dans quelques heures. A croire que ces équipes de préparation n’ont pas de sens logique. » je secoue la tête dépitée avant de sourire à ceux qui sont de passage. Pas moyen d’avoir la paix dans cet endroit.

« Je n’aurai qu’à aller dans les bois. L’hygiène a l’air douteuse là-dedans. » A ses paroles, mon regard se détourne vers le pré fabriqué juste derrière nous. Bon… Sur ce coup-là, elle n’a pas vraiment tort. C’est un truc monté à la va-vite qui ne sera déjà plus là dans quelques heures. C’est juste le temps de, pour faire illusion et surtout pour que personne ne râle. Je crois. Je n’y connais pas grand-chose dans ce genre d’émission après tout, surtout l’envers du décor. Habituellement, je suis celui assis derrière sa télévision qui commente le tout sans vraiment se douter de rien. « Non mais ça va en vrai, je suis pas mort, regarde. » Et j’écarte les bras en riant un peu. Pour quelqu’un qui travaille dans cette production, je la trouve un peu bizarre d’un coup. Comme si elle en avait complètement marre. Changement total d’attitude juste le temps pour moi d’aller aux toilettes. On m’a toujours dit qu’il y avait des gens bizarres dans le domaine de la télévision, mais je ne pensais pas à ce point.

Mais soudainement, la conversation devient encore plus tordue. Elle me parle de voir les gens comme du gibier et je me demande clairement où j’ai bien pu tomber alors que je n’ai jamais regardé une femme comme un bout de viande, bien au contraire. « Je n’ai jamais dit ça. C’est juste que lorsqu’on finit sous le feu des projecteurs dans ce genre de trucs, c’est plus Hunger Games que la villa des Kardashian. » Elle commence à me faire flipper la blondinette là. Faut qu’elle se calme. « Tu crois ? » Non vraiment, j’ai pas signé pour finir tuer sur la place publique hein. Je voulais juste m’amuser et me donner un challenge personnel. Puis elle dit autre chose et je finis par réagir. Merde, mais c’est pas la même nana que tout à l’heure. « Pas de gros mots. Si cela se trouve nous sommes filmés. » Oui, clairement, elle ne fait pas partie de la production. « Je pense qu’on est filmé depuis notre arrivée, puis vu ce qui nous attends, va y en avoir à la pelle des gros mots. » C’est toujours ce qui est dit le plus facilement dans des situations de stress après tout non ? Mais du coup, elle fait quoi ici cette blondinette ?

« Bien vu. Je m’appelle Eve. Enfin, Evelyn, mais tout le monde m’appellent Eve, c’est plus court et moins moche. » J’éclate de rire en venant serrer sa main. « Je te prenais pour la nounou qui me colle depuis que je suis là. » Je secoue la tête, je suis tellement perdu dans mes idées de compétition, que je fais même plus réellement attention aux gens qui m’entoure. « Moi c’est Loan du coup. » Et je me demande de suite si je vais me retrouver avec elle. « Au fait, je te conseille de retirer le gel dans tes cheveux. Ils seront mieux au naturel et ça ne collera pas sur ton visage quand tu commenceras à transpirer dans quelques heures. À croire que ces équipes de préparation n’ont pas de sens logique. » Et une nouvelle fois, je rigole avant de passer une main dans mes cheveux. « Je lui ai bien dit de pas en mettre autant, mais elle voulait rien entendre. » Non vraiment le gel ça a jamais été mon truc et laisser mes boucles respirer bordel. « Mieux comme ça ? » Je demande avant de m’asseoir à côté de la jeune femme. Personne ne semble nous chercher, on a quelques minutes de répit. « Inscrit sur un coup de tête où c’est réfléchi ? » Je suis curieux, j’ai envie de savoir ce qui nous réunit tous ici. « Tu penses qu’ils crise s’ils nous voient ensemble et qu’on doit être ensemble ? »

« Non mais ça va en vrai, je suis pas mort, regarde. » Je ris franchement à sa remarque avant de me détendre. Il avait l’air sympa le Bobby. Donc si tout le monde était aussi gentil que lui, je pense que l’aventure se déroulerait bien. Mais je suis d’une nature candide donc j’ai tendance à croire que tout va bien se passer. Je soupire avant de jeter un œil aux toilettes. « Nan, j’ai beau ne pas être une princesse, j’irai en pleine nature. Avec un peu de bol, on filmera mes fesses et ça fera de l’audience, plaisantai-je en faisant les gros yeux. » Je dodeline un peu de la tête avant de venir me mâchouiller la lèvre inférieure comme tic nerveux. « Je plaisante, j’ai de la cellulite donc ça serait plus un cauchemar qu’autre chose. » Après tout, j’ai eu deux enfants et mon corps en porte les stigmates. Les vergetures, la cicatrice de la césarienne. Je suis un peu trop naturelle comme femme. Mais je détestai les poupées Bratz. Les trucs faits de botox avec des lèvres dignes d’un chimpanzé, oh hell no.

« Tu crois ? » Je tourne la tête vers lui avant de froncer les sourcils. « bah regarde un peu comment c’est vendu. Traverser l’Australie avec 5 dollars en poche par jour, accompagné de quelqu’un que vous ne connaissez pas pour gagner une somme d’argent imposable et donc on vous piquera tout avant que cela ne soit sur votre compte bancaire. » J’avais encore parlé trop vite. Mais c’était toujours comme ça quand je rencontrai de nouvelles personnes. « En vrai, ça fait plus une émission européenne à la sauce australienne qu’autre chose. » Je vins baisser la tête pour le mettre dans la confidence. « Je suis allemande. » Petit clin d’œil à l’appui avant de venir sourire. Il faut se détendre car je suis certaine que les prochaines semaines seront bonnes pour notre cardio. Et je suis certaine que je vais m’en sortir avec un ou deux bleus à l’âme et sur le corps vu comment je suis maladroite. « Je pense qu’on est filmé depuis notre arrivée, puis vu ce qui nous attends, va y en avoir à la pelle des gros mots. » Je fronce le nez. Sans aucun doute. « mes enfants vont me regarder donc je ne dirai pas de grossièretés. »

Je croise les jambes à l’endroit où je suis assise alors que le jeune homme se présente. « Je te prenais pour la nounou qui me colle depuis que je suis là. » J’ai un petit rire avant de passer une main sur le sommet de mon crâne. « Non, non pas de nounou. Maman seulement. » Et j’étais certaine de ne pas être la seule à être mère dans cette aventure. Il devait y avoir des pères aussi. Les gens ont vite tendance à se reproduire. « Moi c’est Loan du coup. » Je viens hocher la tête. « C’est joli et facile à retenir. » j’aimais bien les prénoms courts. J’aurai aimé que la mère supérieure m’en donne un mais elle avait opté pour Evelyn. Que j’avais en horreur depuis ma naissance. « Je lui ai bien dit de pas en mettre autant, mais elle voulait rien entendre. » Je viens le regarder secouer ses cheveux et le gel se parsème sur ses épaules, laissant des traces blanches comme des pellicules. « Mieux comme ça ? » Je viens me lever avant de venir épousseter son épaule. Pas besoin de lever la main très haute. « Là, c’est mieux. Prêt à faire chavirer des cœurs. Tu vas voir foule d’admirateurs ou d’admiratrices. Moi je sais que je vais faire pitié. » Et que je serai sans doute dans le bêtisier de toutes les semaines tant j’allais faire de conneries. « Inscrit sur un coup de tête où c’est réfléchi ? » Je tourne la tête vers lui avant de réfléchir. « C’est ma belle-mère qui m’a inscrite. Et toi ? Je suis venue pour lui faire plaisir et faire rire mes enfants. » Après tout étant une calamité sur place, cela ne serait pas trop difficile. « Tu penses qu’ils crise s’ils nous voient ensemble et qu’on doit être ensemble ? » Je secoue la tête à la négative avant de me pencher vers lui. « On nous aurait déjà séparés si nous étions ensembles. Et ça sera une chance pour toi. Je suis très maladroite. » Je viens lui donner un coup d’épaules. « Que le meilleur gagne. Tu en feras quoi de l’argent si c’est pas indiscret ? »

« Nan, j'ai beau ne pas être une princesse, j'irai en pleine nature. Avec un peu de bol, on filmera mes fesses et ça fera de l'audience. » Elle a de l'humour la jeune femme et voilà que je pouffe tel un enfant. Drôle de discours pour quelqu'un qui n'est pas censé participer à tout cela. Ou alors, on va être suivi constamment par des nounous ? Ca ne serait pas si étrange que cela, on ne va pas être complètement livré à nous-même durant les prochaines semaines, il faut bien faire de l'audimat après tout. « Je plaisante, j'ai de la cellulite donc ça serait plus un cauchemar qu'autre chose. » Mes sourcils se froncent alors que mon regard s'attarde d'abord sur son visage puis sur sa silhouette. Je n'ai jamais aimé entendre les femmes se dénigrer à cause des diktats imposés par notre société. Elle est très mignonne la blondinette même si mon avis semble loin d'être très objectif, je préfère largement les carrures masculines. « Alors petit un, les fesses ça fonctionne toujours à la télévision. » je lève un doigt en riant un peu. « Et petit deux, vous êtes très jolie, on s'en fiche bien du reste. » Les marques de la vie, les marques du temps, c'est ce qui forge quelqu'un. Personne ne devrait avoir honte de cela, jamais.

« Bah regarde un peu comment c'est vendu. Traverser l'Australie avec 5 dollars en poche par jour, accompagné de quelqu'un que vous ne connaissez pas pour gagner une somme d'argent imposable et donc on vous piquera tout avant que cela ne soit sur votre compte bancaire. » Un nouveau rire m'échappe. Elle est assez cynique la jeune femme, je me demande bien pourquoi elle a voulu participer. Maintenant que je sais que c'est une candidate, la perspective est bien différente et la conversation plus aisée. « En vrai, ça fait plus une émission européenne à la sauce australienne qu'autre chose. Je suis allemande. » Mes yeux s'écarquillent à une telle vitesse que l'on pourrait croire qu'ils vont m'en tomber. « J'ai grandi en Allemagne. » que je lui annonce dans un Allemand en somme toute parfait même si mon accent n'est pas le meilleur. « Tu viens de quelle région ? » C'est toujours assez drôle de tomber sur quelqu'un qui parle une autre langue. Surtout l'Allemand, ce n'est pas très commun dans le coin.

« Mes enfants vont me regarder donc je ne dirai pas de grossièretés. » Elle est donc maman. C'est honorable de sa part de participer à une telle émission alors qu'elle a des enfants qui l'attendent à la maison. D'ailleurs le fait qu'elle vienne épousseter mes épaules me fait bien penser à un comportement de maman. « Là, c'est mieux. Prêt à faire chavirer des cœurs. Tu vas voir foule d'admirateurs ou d'admiratrices. Moi, je sais que je vais faire pitié. » Un rire m'échappe alors que je lève les yeux au ciel. Elle se dénigre beaucoup trop à mon goût, Eve. « Pas de cœur à faire chavirer, je suis déjà pris et fidèle. » Et c'est bien un point sur lequel je ne reviendrais jamais. Je ne tromperai pas Clément même dans la folie d'un moment de télé, jamais. « Et il ne faut pas te dénigrer comme ça, tu vas probablement faire un carton. Une maman ça touche toujours. » Enfin, je crois. Il faut dire que ce n'est pas comme si j'avais réellement connu la mienne... « C'est ma belle-mère qui m'a inscrite. Et toi ? Je suis venue pour lui faire plaisir et faire rire mes enfants. » Qu'est-ce que je disais, rien que ça, c'est touchant. « C'est une belle motivation, je trouve. » Je lui offre mon plus grand sourire. « Moi s'étais clairement sur un coup de tête, mais je prends ça comme un challenge personnel. Une étape que j'ai envie de franchir. » C'est un peu dingue, je crois, mais on verra bien après tout, non ?

Elle a raison Eve, si on avait dû former un binôme quelqu'un serait déjà venu nous séparer manu militari. La production entière défile sous nos yeux et personne ne semble se soucier de nous voir là. « Que le meilleur gagne. Tu en feras quoi de l’argent si c’est pas indiscret ? » Elle est intéressante sa question, mais je crois que ma réponse est tout ce qu'il y a de plus banal. « Ca aidera à payer les frais médicaux de mon père. » Je hausse les épaules. « Je suis pas vraiment venu ici pour l'argent honnêtement, plus pour l'expérience. » Je souris à nouveau. « Et toi ? Tu vas leur offrir quoi à tes enfants ? Ils ont quel âge d'ailleurs ? »

Spoiler:

« Alors petit un, les fesses ça fonctionne toujours à la télévision. » Je vins à rire franchement avant de remettre ma casquette en place. J’avais des tocs, de vrais tocs. Ça allait promettre dis donc. Une femme agoraphobe pleine de tocs qui participe à une émission de télé-réalité. Ils allaient bien rire les gens au montage. Mais qui est donc cette demeurée ? Moi bien sûr. Et j’allais coller la honte sur toute ma famille. Bon certes, nous n’étions que trois -potentiellement quatre- dans cette famille sauf que j’aurai aimé qu’on soit fier de moi pour une fois.  « Et petit deux, vous êtes très jolie, on s'en fiche bien du reste. » Je baisse la tête pour venir rougir avant de battre des cils. C’était à chaque fois ça quand on me faisait des compliments. « Danke. En même temps je doute qu’ils prennent les moches. Ça ne ferait pas d’audience. » Je vins à rire de ma connerie même si ce n’était pas drôle dans le fond. Mais les personnes au physique disgracieux passaient rarement à la télé, sauf pour qu’on se moque d’eux. Donc j’espérai que les Australiens n’étaient pas aussi vils que les Européens.

« J'ai grandi en Allemagne. » Lorsque je l’entends me parler en allemand, je me retrouve à l’imiter concernant la taille de nos yeux. Un rire franc s’échappe de mes lèvres. « Oh un compatriote, répondis-je dans la même langue. » Nan vaut mieux pas nous mettre ensembles ou ils vont se coltiner les sous-titres en permanence. Je l’aime bien ce garçon. J’ai tendance à savoir si la personne deviendra mon ami rapidement. Et j’étais certaine que ce n’était pas le cas de ce gentil monsieur. « Tu viens de quelle région ? » Je dodelinai de la tête. « Munich mais j’ai grandi à Berlin. T’as fait beaucoup de pays ? » Sans doute un brin trop curieuse, je me rapprochai un peu de lui. Une conversation détendue comme ça juste avant de passer sur le grill avait bon de me détendre pour de bon. Loan était quelqu’un de trop gentil, il allait se faire bouffer par l’émission.

« Pas de cœur à faire chavirer, je suis déjà pris et fidèle. » Le ton sur lequel il me le dit à tendance à me faire sursauter. « Tu peux être pris et faire chavirer des cœurs quand même. J’étais fan de Brad Pitt plus jeune et pourtant il avait tout le temps des copines. Pour ma part, j’ai quelqu’un dans un recoin de ma tête aussi et je suis fidèle. » Je vins me tendre comme un piquet car je n’étais pas là pour draguer. Et draguer qui ? Les arbres ? . « Et il ne faut pas te dénigrer comme ça, tu vas probablement faire un carton. Une maman ça touche toujours. » Là-dessus, il n’avait pas tort. « Ouais si je sors le couplet tragique, je vais toucher c’est clair. La jeune mère célibataire qui élève seule ses deux enfants. » Je levai les yeux au ciel avant d’avoir un sourire. « C'est une belle motivation, je trouve. » Les enfants sont toujours une belle motivation. Ils étaient la raison pour laquelle je me levai -ou dans mon cas, je roulai- tous les matins. Donc je comprenais l’argument de Loan. « Moi s'étais clairement sur un coup de tête, mais je prends ça comme un challenge personnel. Une étape que j'ai envie de franchir. » Je le vois en train de monter les marches et brandir les bras de la victoire. « Un peu comme lorsque Rocky parvient à monter les marches sans faire de pauses. Tu lèveras le bras en haut pour hurler à ta victoire. » Ok, je suis stupide.

« Ca aidera à payer les frais médicaux de mon père. » Je vins grimacer. Ok donc nous avons beaucoup en commun. L’Allemagne, un proche malade. C’était évident que nous ne serions pas binôme ensembles. Dommage car j’avais un bon feeling avec lui. « Je suis pas vraiment venu ici pour l'argent honnêtement, plus pour l'expérience. » C’est vrai que ça doit être sympa. Mais je doutais que ça fonctionne sur moi. J’allais très vite me faire éliminer. « Et toi ? Tu vas leur offrir quoi à tes enfants ? Ils ont quel âge d'ailleurs ? » Je vins passer une main gênée dans ma nuque. « Heu… mon tout petit est malade. On ne sait pas ce qu’il a donc j’aimerai lui payer un bon médecin. Lisa a presque 7 ans et J.J a eu 2 ans en février dernier. J’ai également trois chiens. On va déménager bientôt dans une ferme pour que J.J puisse respirer de l’air pur. Brisbane ne lui réussit pas tellement. »

« Danke. En même temps, je doute qu’ils prennent les moches. Ça ne ferait pas d’audience. » Un rire m'échappe, elle n'a pas la langue dans sa poche, la demoiselle. Cela pourrait lui porter mérite au cours de l'émission, c'est certains. Quand on ne mâche pas ses mots, on ne se laisse pas faire non ? Puis si elle a autant de répliques bien placées, les caméras et le public vont l'adorer. Je me demande comment tout cela va se dérouler d'ailleurs, il y aura finalement des favoris. Enfin, je vais pas me prendre la tête avec ça maintenant alors que la compétition n'a pas encore débuté. « Si on commence déjà à discuter de stats et d'audience, on est pas sorti de l'auberge. » que je plaisante à moitié.

On réalise alors qu'en plus d'être deux candidats à la même émission, on a longtemps vécu dans le même pays. Naturellement, l'Allemand s'impose dans la conversation. Cela n'a jamais été ma première langue, mais après dix-huit années dans le pays force est de constater que je m'en sors plutôt bien. « Oh un compatriote. » « C'est pas commun, c'est sûr. » Ce serait si drôle que l’on se croise à nouveau durant l’aventure et que l’on se mettre à parler en allemand. Balancer Martin au milieu de tout cela et soudainement le téléspectateur auront l’impression d’avoir transporté en Europe. « Munich mais j’ai grandi à Berlin. T’as fait beaucoup de pays ? » Il faut croire que, parfois, les coïncidences sont vraiment amusantes. « J’ai vécu à Munich ! Puis j’ai pas mal bougé en Europe avant de partir en Nouvelle-Zélande et finir par l’Australie, retour aux sources. » J’ai aimé grandir en Europe, mais il faut croire que l’Australie coulait dans mes veines, parce que je ne me suis jamais senti chez moi avant de poser mes valises à Brisbane.

« Tu peux être pris et faire chavirer des cœurs quand même. J’étais fan de Brad Pitt plus jeune et pourtant, il avait tout le temps des copines. Pour ma part, j’ai quelqu’un dans un recoin de ma tête aussi et je suis fidèle. » Elle n’a pas tort la blondinette. « Ouais mais Brad Pitt aussi… » Je lève les yeux au ciel de manière théâtrale. « C’est un tout autre level. Je suis… Insignifiant. Je peux pas jouer dans la même cours que lui. » Clairement pas. « Puis je bavais sur Brad Pitt aussi, je te rassure. » Il n’a jamais été un acteur que je trouvais très beau, mais il faut avouer que durant sa jeunesse, il était plutôt pas mal. Je vois bien que le sujet de la drague est un peu tabou pour elle, alors je n’insiste pas. « Ouais, si je sors le couplet tragique, je vais toucher c’est clair. La jeune mère célibataire qui élève seule ses deux enfants. » Et je comprends mieux pourquoi. « Eh… Faut faire l’audimat. » que je plaisante un peu. « Je suis probablement là pour les quotas. » Représentation de différentes orientations sexuelle ou une connerie dans le genre non ? Parmi nous, il doit bien avoir des gens de couleurs. C’est souvent ce que l’on reproche aux émissions de télévision ces dernières années. Nos motivations doivent également créer la différence, j’ose l’imaginer en tout cas. « Un peu comme lorsque Rocky parvient à monter les marches sans faire de pauses. Tu lèveras le bras en haut pour hurler à ta victoire. » L’image me plaît plutôt bien. Je me redresse et lève les bras en face de la jeune femme. « Et je crierais Adrienne ? Pour qu’elle me revienne… » Je me mets à rire de ma petite blague que je serais probablement seul à comprendre.

On entre dans les sujets un peu plus personnels, un peu plus tendu. Payer les frais médicaux de mon père reste ma motivation première et je ne le cacherai pas. Ce n’est pas pour amener la pitié sur ma personne, juste un fait parmi les autres. « Heu… mon tout petit est malade. On ne sait pas ce qu’il a donc j’aimerais lui payer un bon médecin. Lisa a presque 7 ans et J.J a eu 2 ans en février dernier. J’ai également trois chiens. On va déménager bientôt dans une ferme pour que J.J puisse respirer de l’air pur. Brisbane ne lui réussit pas tellement. » Je voulais juste être un peu curieux, je ne pensais pas soulever un sujet si sérieux et si déchirant. « Oh je suis désolé Eve. » Son histoire me touche. Elle veut le meilleur pour ses enfants et c’est si honorable. Je suis persuadé que peu de candidat ont des envies aussi nobles lorsqu’ils pensent au prix final. « J’espère que tout ira bien pour J.J » Et tout dans mon ton laisse sous-entendre que je suis le plus sincère qui soit. « Ils vont être fier de leur maman, tes enfants. » Ça, j’en suis persuadé, je l’aurais été surtout à l’âge de sa plus grande. « Je sens que ça va être fun tout ça, quand même. » que j’ajoute en haussant des épaules.