Je n’ai pas vraiment le temps de comprendre ce qui se passe. On était tout simplement en train de discuter avec Ivy, mais son attention était également figée sur Epstein qui semblait en pleine séance de drague. Oh ce n’était rien de méchant. Rien de très rechercher non plus, si vous voulez mon avis. Il a l’air d’être un homme à femme le musicien et elles semblent tout tomber dans le panneau. Kelly comprise, et ça, c’est légèrement plus étonnant. Enfin… Elle rage Ivy. Je ne sais pas pourquoi, mais je la sens complètement bouillonné à mes côtés avant qu’elle ne se précipite pour eux pour jeter le ukulélé par-dessus bord. « Oh bah non… » que je constate tout penaud alors que l’instrument par à la dérive. Nous arrivons dans une partie où le courant commence à reprendre de l’intensité et je crois que l’on va plus trop avoir le temps de déconner. D’ailleurs, une vague s’invite à nouveau sur l’embarcation, mais au lieu de simplement nous trempé comme c’était le cas depuis le début, elle embarque Ivy avec elle sur son passage, probablement déstabiliser par le fait d’avoir échanger de place ou je ne sais quoi. « IVY ! » J’allais réagir, mais tel un sauver sorti tout droit d’un film, Jack plonge.

Et une fois encore, tout va bien trop vite. En quelques secondes, ils se font déporté par le courant tandis que notre embarcation continue sa route, un brin trop rapidement à mon goût. On s’éloigne de plus en plus et je commence à légèrement paniquer pour nos deux camarades. « Faut qu’on arrête le bateau. » C’est ce qu’il nous reste à faire avant de tenter d’aller les chercher. Comme un idiot, je cherche ma rame alors qu’elle est toujours fermement armée dans ma main. Je la plonge dans l’eau et relève le regard vers Martin. « Aide moi a nous coincer quelque part. »

J'aurais pu tuer Loan. Là, sur le coup, j'ai sincèrement espéré qu'il tombe à l'eau, ne serait-ce que pour que ça lui remette les idées en place. A quoi pensais-t-il putain ? Evoqué Eliott là, comme ça, d'un coup ? D'autant plus face à Ivy ?! Il n'y a rien d'officiel entre nous et je ne sais pas s'il y aura jamais quoique ce soit d'officiel entre nous, mais fait est que j'aurais bien aimé continué à la fréquenté même en dehors de la course. Là, avec cette bombe que Loan a lancé il va de soit que tout cela est mis à mal. Et je viens à le détester. Lui et Eliott. Je savais qu'en faisant un pas vers l'acceptation de ma paternité je ruinerais ma liberté, mais j'étais persuadé que ça irait que j'y arriverais. Pourtant cette aventure m'a fait réalisé à quel point j'ai besoin d'être libre et d'aller et venir où je veux et comme je veux.  

J'ai envie de crier sur Loan et m'excuser auprès d'Ivy, lui fournir toutes les explications du monde, mais je ne parviens pas à dire quoique ce soit. La jeune femme est furieuse et elle ne m'écoutera pas, je le sais. Alors je les laisse parler de mode ou je ne sais quoi et je reste dans mon coin à observer le large, fulminant.

Et puis tout s’enchaîne bien trop vite. Les rapides reviennent à la charge, le ukulele tombe à l'eau, une vague ébranle l'embarcation et lorsque je recouvre la vue, la place devant moi est vide. J'ai tout juste le temps de voir Jack sauter à l'eau que je me retourne sur moi-même pour voir la tête blonde de ma binôme qui disparaît au loin.  « IVY !» hurlais-je alors que mon cœur se sert. Encore une fois il y a Jack qui a le rôle de sauveur, encore une fois c'est lui qui se jette à l'eau, littéralement cette fois-ci, pour nous ramener. Alors que cette tâche devrait être la mienne. N'étais-ce pas ce qu'on s'était dit, Ivy et moi ? Nous deux contre le reste du monde ? Je m'en veux à moi, j'en veux à Jack et j'en veux au monde entier pour le coup alors que je raft continue d'avancer rapidement.

Mais la voix de Loan me fait revenir sur terre alors qu'il me hurle de l'aider à bloquer le raft contre quelque chose. Je me tourne vers lui et un instant je me vois déjà lui éclater le nez contre la falaise qui s'approche dangereusement de nous, mais je fini par hocher la tête et regarde vivement autour de moi, espérant voir un endroit. Très rapidement, j'en aperçois un et le pointe du doigt  « là-bas» dis-je assez fort pour qu'il m'entende, commençant à pagayer comme un dératé pour  aller le plus vite possible.

Je vois dans son regard qu'il m'en veux à mort Martin. J'ai balancé son secret le plus terrible, le plus inavouable ? J'ai osé laisser sous entendre qu'il a un enfant. Je ne pensais pas qu'Eliott était devenu son dirty little secret. La dernière fois qu'on en a réellement parler tous les deux, il me demandait de devenir le parrain de son fils et semblait complètement accepter ce nouveau rôle. Je me doutais que ça n'allait pas être simple, il aime trop sa liberté Martin. Il n'est pas quelqu'un que l'on peut ancrer dans le quotidien aussi facilement et sur ce coup-là si son ex femme voulait le récupérer avec un enfant elle c'est royalement planter. Et moi, je viens de ruiner mes chances en tant que parrain, je crois. C'est toujours comme ça, je fais un truc de travers et Martin se fâche. Je voulais que la journée se dérouler bien, mais il semblerait que ce soit mal parti. Une boulette de ma part et voilà que maintenant le radeau n'en fait qu'à sa tête et que le sort s'acharne sur Ivy. Elle n'as rien demandé mais il semblerait que les vagues l'adore plus que tout. Celle-ci peut être un peu trop alors qu'elle embarque la blonde loin de notre embarcation. On avait pas vraiment signer pour un scénario catastrophe par contre... Et la production qui ne réagit même pas plus que ça, mais braque plutôt sa caméra sur nos têtes à Kelly et moi. J'imagine déjà la voix off. "Alors que les esprits semblait s'apaiser, voilà que le sort s'archarne sur l'embarcation de nos deux finalistes. Vont-ils s'en sortir ?" Et hop coupure pub. Du pur putaclic. On va lui en donner de l'argent à May ça c'est sur, alors qu'elle n'aura jamais mouillé le maillot et que bien souvent elle nous aura laisser seule dans des endroits un brin trop dangereux. Mais pas le temps de faire tout un discours à la production, il faut que l'on stop le bateau pour récupérer nos camarades. Et lorsque mon regard croise celui de Martin, je comprends qu'il aurait bien envie de me jeter par dessus bord lui aussi. "Tu pourra me frapper plus tard." que je lui assure alors que je reprends ma place à ses côtés, pour déjà équilibrer le bateau, mais surtout ramer comme des tarés. "Mais là, j'ai besoin de toi. Et Ivy aussi." Oh que c'est dégueulasse de jouer sur les sentiments Loan. Ouais de toute facon il paraît que j'irais déjà en enfer. Un peu plus ou un peu moins. "Kelly. Prends une rame."J'ordonne un peu mais la tout deviens urgent. Et déjà Martin se montre coopératif et m'indique un endroit où l'on pourrait s'arrêter un temps et récupérer Jack et Ivy.

 « va te faire foutre» que je grogne entre mes dents lorsque Loan joue sur les sentiments en évoquant Ivy qui a besoin d'aide. Le chantage affectif, il n'y a rien de pire.Il le sait ça, pourtant. Mais dans le fond, il a raison : si déjà j'ai pas été assez rapide pour me jeter à l'eau, je peux au moins aider Jack et Ivy en bloquant le raft contre un rochet. Ou entre deux rochets, peu importe. Dans tous les cas il faut que nous ralentissions. Loan prend les directives, ordonnes à Kelly de nous aider et je nous trouve l'endroit parfait.

Celui-ci semble requiert un minimum de manœuvre et c'est une bataille acharner contre le torrent que nous mettons en place. Nos pagaies se plongent dans l'eau à plusieurs reprise, la panique et l'adrénaline semblant décupler nos forces. Nous n'avons pas le droit à l'erreur, si nous ratons cet endroit là pour piéger notre embarcation, il se pourrait que nous n'en trouveront pas d'autre avant un long moment. Et il m'est impossible d'imaginer de perdre Ivy et Jack dans les rapides. Nous avons commencé ensemble, nous finirons ensemble, coûte que coûte.

Concentration maximale sur le visage, j'utilise ma pagaie comme gouvernail et guide le raft de manière à ce que le bord droit soit contre la parois et que la pointe soit coincé entre la falaise et un autre rocher. Une fois la bouée stabilisé, je soupire doucement et lance un coup d'oeil à Kelly, Loan et l'autre Jack  «Tout va bien ? » leur demandais-je. Je n'attend toutefois pas leur réponse que je pose ma pagaie dans le raft et que je me retourne. Plissant les yeux, je tente d'apercevoir la tête de mes coéquipiers puis me redresse en les voyant accroché à un rochet.

 « JACK ! IVY !!!» j'hurle leur prénom en faisant de grands signes avec mes bras pour indiquer notre position et espérer qu'ils nous voient immobile. Normalement ça devrait être simple de nous rejoindre. Si tout va, ils ont juste besoin de se laisser guider par le courent qui devrait, logiquement, les faire passer par ici. Il suffit juste d'espérer qu'il n'y ait pas trop de pièges en dessous de l'eau. En attendant qu'ils décident de lâcher leur rochet, je prépare déjà la pagaie et indique à Loan d'en faire de même pour qu'ils s'y agrippe lorsqu'ils passeront devant nous.

Spoiler:

"Va te faire foutre" Sa réponse est sans appel et à un autre moment, je l'aurais probablement mal pris. A cet instant précis, je sais que je le mérite amplement. J'ai joué au con en parlant de sa vie privée et voilà que je joue avec ses sentiments. Pire truc à faire auprès de Martin. Problème pour lui, je le connais assez pour savoir que cela fonctionne malgré tout et que je peux me le permettre. Situation extrême, mesure extrême. J'aurais le temps de m'excuser plus tard. On aura même le temps de se battre s'il le veut, vraiment je lui donnerais carte blanche, je l'aurais mérité et peut-être qu'il se sentira un peu mieux. Parce qu'il ne dit jamais grand-chose Martin, mais je le vois depuis le début de l'aventure. On n'a jamais parcouru ensemble jusque-là, mais je l'ai toujours un peu observé de loin et si au départ il ne pouvait absolument pas supporter sa partenaire, aujourd'hui je réalise que quelque chose à changer. Il aurait aimé se jeter à l'eau avant Jack et c'est bien pour cela qu'à part une insulte, je suis plutôt sauf. Il se concentre sur Ivy. Et je me demande s'il s’est pas passer un truc entre eux. Ce serait surprenant, vraiment, mais avec Martin je sais que je ne suis jamais au bout de mes peines. Et puis dans le fond, elle fait les princesses hautaines, Ivy, mais j'ai la sensation qu'elle est une bonne personne. Quelqu'un de droit dans ses bottes et qui joue un petit rôle devant la galerie. Je crois... On verra bien tout ça plus tard.

Pour le moment, on se doit de se concentrer. Il faut réussir à coincer le bateau. Et on s'y met de concert, tous les trois, le capitaine étant pas des plus utiles à ce moment précis. On rame, on tente de faire tourner légèrement l'embarcation et pour une fois, on s'en sort pas trop mal. Nous voilà accrocher de manière temporaire. Je ne sais combien de temps on va pouvoir rester là, à les attendre. "Laissez-vous porter par le courant." que je hurle de toutes mes forces vers nos deux naufragés, mais je ne sais pas s'ils m'entendent. Ils se parlent. Ivy semble frigorifiée et terrifiée surtout. Ca s'annonce compliquée. On se prépare à les aider à remonter, mais le courant joue contre nous. "On va dériver." Et il va falloir agir vite.

Et nous voilà là, coincé entre la falaise d'un côté et un rochet de l'autre. Pour l'instant notre embarcation semble stable. Je ne sais pas pour combien de temps donc il nous faut agir et vite ! Je me lève à moitié sur la bouée et faut des grands signes avec mes bras pour faire comprendre à Ivy et à Jack la direction qu'ils doivent prendre.

Mais ça ne semble pas fonctionner. Ivy doit être en panique et je ne la comprend que trop bien, à sa place je ne serais sans doute pas rassuré non plus et je resterais là où je suis, accroché à ce rochet comme on s'accrocherait à une bouée de sauvetage. Je soupire, regarde autour de moi, tente de trouver une solution mais ne vois rien qui pourrait nous aider.

"il faut trouver une solution " soupirais autant pour moi qu'à l'attention de mes autres compagnons d'infortune avant qu'une secousse n'ebranle le raft et me déséquilibre. Me rattrapant sur le bord je soupire et secoue la tête "on va plus tenir longtemps " que je répète les paroles de mon meilleur ami.

"IVY! JACK ! " m'epoumonais-je à nouveau "IL FAUT QUE VOUS LACHIEZ VOTRE ROCHET ! " je hurle et j'espère qu'ils m'entendent, que ma voix couvre le bruit assourdissant du torrent "ON EST LA DANS LA TRAJECTOIRE DU COURANT, ON VOUS RATTRAPERA" je prie et j'espère qu'ils vont enfin comprendre que leur seule solution c'est de tout lâcher.[color=darkgreen]"allez vous pouvez le faire"[/darkgreen] reprenais d'une voix plus douce, encourageant silencieusement ma coéquipiere et mon ami. Le stress monte et la panique me gagne alors que je me dis que la dernière chose qu'Ivy aura entendu de moi c'est que j'ai un gamin et que ce gosse risque de changer absolument tout entre nous. Foutue humanité qui ne pense qu'à procréer, merde.

L'eau est glacée, et le courant est de plus en plus fort. En tout cas, c'est l'impression que j'ai. Mais je pense que ce sont mes bras qui sont en train de rendre l'âme. Je ne sais pas depuis combien de temps on s'accroche, mais je ne l'ai pas lâché lui, ni ce foutu rocher. Je panique, je ne sais pas quoi faire, ni où aller. Si je lache, on repart au point de départ, et ce n'est pas le but. J'attends de voir où son nos coéquipiers, ils ne vont pas nous laisser là, Martin ne ferait jamais ça. Je les cherche des yeux, priant intérieurement pour qu'il ne me déteste pas trop. Est-ce qu'il aurait pu décider me laisser là avec Jack pour avancer la course. Non, je refuse de croire un truc pareil. Alors j'attends, laissant mon regard dériver sur le flots, entre les vagues. Comment une rivière peut être aussi agitée ? 


Et j'aperçois notre bouée, est ce que je devrais lâcher prise ? Je suis incapable de m'y résoudre. Et si ce rocher c'était la seule chose qui nous maintenait en vie. Je suis frigorifiée, mes muscles sont tétanisés et je ne peux rien faire à part prier pour qu'ils puissent venir par ici. Je sais que c'est impossible, le courant est bien trop fort. Mais je peux espérer pendant quelques minutes non ? Je croise de nouveau le regard de Jack qui lui aussi donne des conseils de fuite. "Je veux pas lâcher ce rocher." J'ai presque envie de pleurer à cause de se mélanger incompréhensible d'émotions. On a pas assez galéré ? Et s'ils ne nous attrapaient pas, s'ils arrivaient à en attraper un seul des deux. J'entends Martin crier au loin. Et je relève légèrement la tête. On va devoir nager, je le sais, et pourtant je repousse le moment fatidique. "S'ils ne nous rattrapent pas ?" Et ma main reste ancrée sur le rocher alors que je commence à lâcher la prise, contre ma volonté.

 

Tout est digne d'un pur scénario catastrophe. Notre petite balade devenue tranquille se transforme légèrement en cauchemar alors que nous avons perdu deux de nos coéquipiers. Au moins, ils sont ensemble et ils ont l'air d'aller. Ils ont l'air, parce qu'on les voit à peine depuis notre position et surtout le courant semble ne cesser de les embêter. Elle est belle l'ironie de s'appeler Jack et de se retrouver dans une eau gelée avec une jolie jeune fille. Non vraiment, on repassera pour le cliché. Par contre, si on pouvait réellement éviter de finir le film de la même manière. Je ne me le pardonnerais jamais. Non, Loan. Kelly a dit qu'il fallait positif. "Le positif amène le positif." que je marmonne dans mon coin alors que sous mes yeux Martin semble de plus en plus affolé pour le sort de sa camarade. Il faut que l'on réfléchisse et vite, notre embarcation est coincé pour le moment, mais ça ne va clairement pas durer tout est si précaire. "Il faut trouver une solution. On va plus tenir longtemps. " Il s'agit un peu Martin et je le vois valser, ce qui me coupe presque la respiration avant que je ne le tire par le tee-shirt. "Reste à bord s'il te plaît, on peut pas se permettre de te perdre aussi." Et si je ne me pardonnerais pas qu'il arrive quoique ce soit à Jack et Ivy par notre faute, je ne supporterais pas l'idée qu'il arrive la moindre petite égratinure à Martin. Non. Il reste sur le bateau même si je dois l'attacher à moi.

Et soudainement, j'ai comme une illumination. "LES CORDES!" On c'était tous un peu détacher comme des idiots en profitant du calme de la rivière, mais on a des cordes tout autour de nous. Il faut que l'on s'en serve. Sans trop m'agiter pour ne pas nous faire chavirer, je commence a tout récupérer autour de moi. " Tu crois que l'on peut se rapprocher d'eux pour leur lancer ça?" que je demande à Martin alors que je commence à faire des noeuds quelque peu précaire, mais qui devrais pouvoir faire l'affaire.

Pas le temps d'en dire plus, que le bateau s'ébranle de nouveau, terrasser par une secousse.

Win : Plus de peur que de mal, le bateau tient encore en place.
So close : Le bateau commence à se libérer, mais quelqu'un (qui veut ou Jack le captain) réussi à redresser la situation assez rapide.
Fail : L'eau emporte le bateau un peu plus loin, il faut réagir vite.

Kelly avait tout vu. Ivy qui s’approcha d’elle et Jack, qui jeta le ukulélé à l’eau, qui finit elle-même à l’eau. Jack qui ne s’offusquait pas, qui pleura son instrument, qui se jeta dans le courant pour rattraper l’autre candidate en péril. Loan et Martin qui prirent la barre, habitués, en maîtrise du canot, et qui mirent tout en oeuvre pour le stopper. Ivy et Jack qui s’embrassèrent, qui lui serraient le coeur, déjà endeuillé de son amour de colo. Et elle n’avait rien dit, peu réagi, laissant faire l’eau pour les uns, les muscles pour les autres, appliquant ici et là les consignes, le sourire porté disparu, la concentration au rendez-vous. Sur le rivage, elle aperçut la Jeep de la production qui les suivait depuis tout ce temps. Malgré la panique générale, il était évident qu’ils ne laisseraient pas les deux candidats se noyer ou mourir d’hypothermie. Ils les laissaient juste assez se débrouiller pour avoir de bonnes images. Il était toujours bon de savoir qu’à la fin, tout irait bien.

“IVY LACHE CE FOUTU ROCHER NOM DE DIEU.” Voilà qu’elle blasphémait. Ivy refusait de bouger, Jack ne parvenait pas à l’en persuader. Martin allait jouer les héros, Loan la voix de la raison. Et les choses s’accélèrent, le bateau ne tenait plus statique et reprit sa course, mettant de la distance entre eux et leurs naufragés. L’idée des cordages était pourtant bonne. Le regard noisette de Kelly se posa sur la suite de la rivière ; non loin devant, un gros rocher pouvait leur permettre de s’immobiliser à nouveau. “Là ! Si on dirige le canot vers ce rocher, on ne devrait plus bouger !” Il ne restait plus qu’à Loan et Martin de faire fonctionner leur magie de duo d’aventuriers.

Win : ils arrivent à se bloquer à nouveau
So close : l’immobilisme est précaire, ils utilisent une corde pour s’attacher au rocher le temps de récupérer Ivy et Jack
Fail : la manoeuvre est trop compliquée, le bateau continue son chemin.

Perdre Ivy dans les torrents c'est sûrement une des pires choses qui auraient pu m'arriver. On ne s'est plus adresser la parole depuis le début de la course aujourd'hui mais ça ne m'empêcher pas d'avoir beaucoup de concideration pour la coéquipière et que je ne supporte pas le fait qu'elle se retrouve dans une position inadéquate.

Au final, c'est le raft qui s'ébranle qui me fait revenir à la réalité et qui remet en route mon esprit rationnel. D'autant plus lorsque je me rend compte que Jack #2 a la caméra pointé sur nous. Il va donc de soit qu'ils ne vont pas les laisser crever, non ? Je l'espère. Mais je ne peux pas lui demander d'aller à rescousse de nos deux compagnons que le raft se détache et est à nouveau emporter par le torrent.

Cette fois ci nous pouvons compter sur Kelly et son sens de l'observation pour nous permettre d'avoir une nouvelle accroche. Sans plus tarder, Loan et moi usons de notre force, notre expérience et notre habilité pour guider notre embarcation vers l'endroit que nous montre la jeune femme.

Et la chance nous souris ! Nous parvenons à braver les courants et la bouée est enfin stabilisée le temps que l'ont puisse l'accrocher. Je prend une profond inspiration, souffle doucement puis me redresse "Kelly essaie de garder le raft le plus stable possible" dit-je a la jeune femme "nous on tente d'aider les autres. Et donne moi la pagaie de Jack s'il te plaît" j'attrape le butain puis me redresse et me retourne, observant avec soulagement que nous n'avons pas avancer de trop. "bon Loan, accrochr la corde la" dis-je en désignant une attaché de sécurité "et on utilise les pagaies en plus, OK ?" l'espace de quelques minutes c'est comme si nos différents étaient passé "IVY JAAACK !" hurlait-je a nouveau "FAUT VRAIMENT QUE VOUS VENIEZ VERS NOUS MAINTENANT" s'il vous plaît, lâcher vous et facilitez nous la tâche...

"IVY LÂCHE CE FOUTU ROCHER NOM DE DIEU.” Un rire m'échappe malgré la situation alors que je réplique en imitant un peu la voix de ma coéquipière. "Surveille ton langage!" Il fallait bien que je lui retourne au moins une fois durant toute cette aventure même si la situation est complètement critique et que je ferais mieux de me concentrer sur mes cordes plutôt que de taquiner ma binôme. Un clin d'oeil dans sa direction et le bateau s'ébranle nous emmenant plus loin. Heureusement, on arrive, tous les trois, à réagir assez rapidement. Surtout Kelly qui scanne l'horizon avant de nous montrer un autre amas de roche non loin, qui nous rapprocherait même de nos camarades. L'espace est assez grand pour que l'on puisse y glisser notre bateau, il va falloir agir vite et surtout habillement. Je tente d'observer les alentours, tente de trouver un plan, mais l'adrénaline m'empêche de penser correctement, je m'emmêle un peu. Heureusement Martin reprends le dessus, il semble avoir une idée bien précise en tête et je décide de le coller pour écouter ses moindres ordres.

"Kelly essaie de garder le raft le plus stable possible." Je lance un pouce en l'air à ma binôme pour l'encourager alors que Martin se tourne vers moi. En un regard, je comprends. On oublie pour le moment, on verra plus tard. "Bon Loan, accroche la corde là. Et on utilise les pagaies en plus, OK ?" Je m'exécute à la vitesse de la lumière, ancre bien mes pieds dans le bateau et me penche à ses côtés. "Je suis prêt, va-y!" Maintenant il s'agit que Jack et Ivy se rapproche de nous et qu'on les attrape au passage. Il faut qu'ils nous fassent confiance pour que cela fonctionne. Je vois Jack qui tente quelque chose, une hésitation, Ivy qui semble s'agripper à lui avec force et puis finalement les vois qui déboulent vers nous. "JACK PRENDS LA CORDE!" Tout va bien se passer. On va les récupérer.

Et enfin... Sa main s'enroule autour de la corde.

Je veux pas me décrocher, je suis terrifiée. Je m'accroche au rocher et à Jack comme si ma vie en dépendait. C'est le cas non ? Je souffle, mes lèvres sont de plus en plus bleues. Celles de Jack aussi. Et ça, ca n'a aucun rapport avec un quelconque baiser. C'est seulement le froid, et nos corps qui sont en train de lutter contre l'hypothermie. Plus le temps passe plus j'ai peur, et je vois qu'à cause de moi on perd du temps. Le raft  fait des siennes et j'ai l'impression qu'ils repartent. Elle a pas de fin cette putain de galère. Ils crient, et je soupire en fermant les yeux. Je croise le regard de Jack rapidement. Et je lache le rocher, ma tête passe sous l'eau, sous de nombreuses vagues mais je me laisse emporter par le courant. Priant pour qu'ils nous rattrapent, parce que je n'ai plus la force de nager. 


Jack s'accroche à une corde et je tente de le faire aussi malgré mon poignet endolori. Je serre les dents, c'est le dernier effort et je ne me concentre par sur chacun de mes muscles qui tremblent. "Je vais pas pouvoir monter à bout de bras." C'est impossible, je ne pourrai pas faire cet effort là. Je croise le regard de Martin qui a l'air inquiet. Il y a de quoi. Pour que je panique à ce point là il en fait beaucoup. J'ai juste envie de me poser et de respirer. De me réchauffer aussi si c'est possible. Je me rapproche et je sens que le bras de Jack est resté autour de ma taille. Je tends le bras, et une main attrape la mienne. J'espère qu'on va pouvoir remonter, sans embûche. On en a eu bien assez jusque là, je n'ai pas envie d'être éloignée de la bouée une nouvelle fois.