On a vraiment organisé ce week-end. Melbourne. Je n’y suis pas allée depuis des années et je ne connais personne là-bas. Il est possible qu’on me reconnaisse, surtout maintenant que j’ai participé à ROA et que Martin aussi, mais les chances sont moindres que si on était parti à Sydney. Ma ville me manque, l’endroit où j’ai grandi et que j’ai quitté il y a quelques mois me manque, mais si j’entre dans cette ville je sais que mon père sera mis au courant d’une manière ou d’une autre.

On a pris l’avion, c’était le deal. J’ai pris des place en première classe parce que j’avais carte blanche et il a choisi l’hôtel. Je prie pour ne pas me retrouver dans un camping avec des toilettes sèches. J’ai regardé des hôtels qui me plaisent, alors je pourrais toujours l’abandonner s’il a décidé qu’on devait dormir par terre pour protéger la nature. On passe quelques heures à profiter de l’avion et du carré que j’ai privatisé. Je déteste être dérangée quand je prends l’avion pour autre chose qu’une proposition de champagne. Ils nous ont ramené quelques coupes pendant le trajet et tout s’est bien passé.

Le soleil brille quand on pose les pieds à Melbourne et je pose mes lunettes de soleil sur mon nez. Les valises doivent arriver directement à l’hôtel alors je sors de l’aéroport à la recherche d’une voiture. “Comment on va jusqu’à l’hôtel ?” C’est à partir de là qu’il est censé avoir géré une partie de ce voyage. Il est tôt vendredi et on doit encore occuper notre après midi. Je vais sûrement faire le tour des boutiques de la ville et me réserver quelques showroom pour nos futures soirées qu’on pourra passer à l’extérieur. “Ce soir on fait ce qu’on veut, demain on a une soirée.” Et je n’en dirai pas plus pour le moment.


@Martin Murphy

C'est la première depuis mon départ de Brisbane en 2017 que je m'autorise à prendre l'avion. J'avoue que je le vis assez mal, malgré le fait qu'on soit en première classe et que le service est hors norme. Je n'arrive tout simplement pas à oublier le nombre de tonne de Co2 que je suis entrain de déversé dans l'atmosphère déjà bien trop fragiliser. Ainsi, j'avoue que je suis bien heureux qu'Ivy ait accepter de me laisser gérer l'hôtel. Avec le budget qu'elle m'a donné, je dois avoué que j'ai pu me faire bien plaisir à ce niveau là et j'ai choisi le meilleur hôtel en terme d'écologie. Leur mobilier est entièrement fait de matière recyclé tout en restant haut de gamme -a tel point que je suis persuadé qu'Ivy n'y verra que du feu- leur isolation est parfaite, l'eau utiliser pour les toilettes vient de l'eau de pluie, ils possèdent un grand potager à l'extérieur de la ville certifié biologique et tout ce qu'ils servent est 100% zéro déchet et fait maison.

Lorsque nous sortons de l'aéroport, je fais comme Ivy et place mes lunettes de soleil sur mes yeux avant de poser mon regard sur la jeune femme qui me demande comment on va atteindre l'hôtel.  «facile » souriais-je en m'avançant vers une voiture  «L'hôtel a un service de ramassage et dépôt inclus dans le prix » ce disant je fais un signe au conducteur qui s'avance vers moi  « Mr et Mme Murphy» sourit-il  « C'est un plaisir de vous rencontrer» il nous sert la main à tous les deux puis nous ouvre la porte. Je laisse Ivy s'installer sur la place tandis que je fais le tour de la voiture pour prendre place à ses côtés  « je serais votre chauffeur pour le week-end» reprend l'homme en s'installant au volant  «si vous avez besoin de mes services pendant votre séjour n'hésitez surtout pas, ok?» nous encourage-t-il en allumant la voiture.

 «Merci beaucoup, nous y penserons » dis-je alors que j'observe la ville qui se dresse a l'horizon  « Avec une voiture électrique ça me dérange pas qu'on utilise ses services ce week-end» glissais-je à Ivy  «ça t'évitera de marcher et ça m'évitera de t'entendre te plaindre à tout bout de champs » je laisse échapper un rire et donne un coup de coude à la jeune femme agrémentant le tout d'un clin d'oeil.

Je tourne la tête vers Martin, me demande s’il va m’obliger à marcher jusqu’à l’hôtel ou s’il a vraiment pensé à tout. Il a prévu une voiture avec l’hôtel et je souris. Je n’aurai pas besoin de marcher donc c’est une très bonne nouvelle. J’allais répondre mais le chauffeur sort en nous appelant Mr et Mme Murphy. J’ouvre de grands yeux étonnés et on rentre dans la voiture. Je pouffe de rire. “Vraiment ? Mme Murphy ?” S’il y a bien une chose dont je suis sûre c’est que je ne renoncerai jamais à mon nom de famille, il est bien trop important. Je grogne et secoue la tête, je déteste être mise dans le même panier qu’un homme, c’est bien pour ça que je déteste l’idée du mariage. “N’importe quelle heure ?” Je fronce les sourcils, une question qui va me mettre soit de très bonne soit de très mauvaise humeur. “Bien sûr.” Je vais donc rester de bonne humeur jusqu’à ce qu’on rejoigne l’hôtel. “Tu comptais dormir ce week-end ?” Je hausse les sourcils, je compte bien faire tourner ce chauffeur en bourrique et sortir à n’importe quel moment du jour ou de la nuit.

“Je trouverai bien d’autres choses pour me plaindre.” Je fais la moue avant de lui rendre le coup de coude qu’il vient de me donner. Je regarde un peu par la fenêtre jusqu’à ce qu’on nous pose devant l’entrée de l’hôtel. Martin sort de la voiture à ma suite après qu’on ait bien récupéré le numéro du chauffeur et je me tourne vers le jeune homme. “Moi qui croyais que tu choisirais une tente.” Je vais donc bien passer tout le week-end avec lui si ces chambres sont aussi jolies que l'extérieur. On s’avance et on nous attribu notre chambre. “Tu t’es vraiment habitué au luxe à ce que je vois.” Mon regard est aussi taquin que le ton que j’emploie. L'ascenseur monte jusqu’au dernier étage. J’aime les derniers étages, ça veut dire qu’il y a souvent des terrasses. “C’est pas mal.” Je rejoins ma valise et m’assois sur le lit. “Un peu petit mais ça devrait aller pour un week-end.” Je retire mes lunettes de soleil et les laisse traîner sur le lit en regardant autour de moi.

J'hausse simplement les épaules lorsqu'Ivy s'insurge que je nous ai inscris en tant que Mr et Mme Murphy. J'ai mes raisons, mais je ne compte pas les dévoiler maintenant. Tout d'abord, nous nous installons dans la voiture et le chauffeur démarre, prenant la route vers l'hôtel, haussant les épaules à la question de la jolie blonde  « Le minimum syndical» souriais-je, demi sourire sur les lèvres  « Je compte bien profiter de la night life de Melbourne cela dit» assurais-je. Et de toi aussi ajoutais-je pour moi-même en reportant mon attention vers l'extérieur, observant la ville dans laquelle nous nous enfonçant.

Le chauffeur s'arrête ensuite devant l'hôtel que j'ai choisi, nous assure que nos bagages nous attendent déjà dans notre chambre qui se trouve au dernier étage et nous souhaite un très bon séjour. Je m'occupe rapidement du check in puis rejoint Ivy pour monter au dernier étage avec l'ascenseur, laissant échapper un rire lorsqu'elle m'avoue qu'elle s'imaginait déjà dormir en tente  «C'est pas l'envie qui me manque, mais ce sera pour le prochain week-end qu'on fera, hein » je lui adresse un clin d'oeil puis sors de l'ascenseur et me dirige vers la chambre.

Celle-ci est comme sur les photos : un salon spacieux, une salle de bain avec douche et baignoire, une chambre dans laquelle trône le plus grand et moelleux lit que j'ai jamais vu ainsi qu'une terrasse surplombant la ville.  «'petite' ?! » m'insurgeais-je lorsqu'Ivy critique la taille de la chambre  «Putain, j'imagine même pas ce à quoi t'es habitué si tu trouves que cette chambre est petite. En plus on y sera que pour la nuit » car je compte bien visiter la ville, moi. Je pense que, de toute manière, a un moment donner on se séparera elle et moi car je refuse d'être assis dans une voiture toute la journée, la ville se visitant et se découvrant surtout à pied.

 « Et si je nous ais inscrit comme étant Mr et Mme Murphy c'est simplement pour pas donner ton nom de famille. Non pas que je ne l'aime pas, mais je me suis dit que tu aurais envie d'un peu de répit sans que quelqu'un ne te colle aux basket parce qu'il t'aura reconnu. » expliquais-je finalement  «ça ne veux rien dire, c'est juste purement administratif aussi parce que c'était plus simple de nous enregistrer ainsi donc ...bon, voilà. » j'hausse les épaules en accrochant mes lunettes au col de mon t-shirt  « Je peux aussi changer cette 'erreur' si tu préfère» ce ne sera sans doute pas un problème et si ça peut la rassurer, je le ferais.

On va profiter de ce week-end et rentrer épuisés. Comme le dit Martin on va profiter des plaisirs de la nuit que peut offrir cette ville. J’y allais quand j’étais jeune, et je n’ai jamais pris le temps de visiter avec quelqu’un d’autre que mes parents. “T’as déjà de bonnes adresses ?” Il a peut-être fait des recherches sur les activités en plus des hôtels. Le trajet est court et on se retrouve dans l’hôtel rapidement. L’entrée est immense mais je ne perds pas mon temps avec la paperasse et me dirige directement vers l'ascenseur. “T’es sûr ?” Je fronce le nez, je ne sais pas si je finirai par apprécier réellement de faire un voyage et dormir dans une tente. Le van, c’était acceptable, la tente je n’en suis pas si sûre.

J’observe la chambre qui est correct, je ne m’attendais pas à un tel choix venant du jeune homme et je ne m’en plains absolument pas. “Si tu m’avais laissé choisir t’aurais vu ce à quoi je suis habituée.” Je hoche la tête. On aurait eu un spa, un jacuzzi et une piscine privée sur notre propre terrasse. La chambre aurait été deux fois plus grande. Mais je trouve que pour un premier choix Martin s’est plutôt bien débrouillé, donc je ne râle pas, pas vraiment.

Il se justifie pour le Mr et Mme Murphy. Je l’écoute en hochant la tête, je me fiche un peu de l’explication mais le laisse ramer encore et encore. Je le tire vers moi pour qu’il se penche et que je l’embrasse. Peut-être que ça ça le fera taire quelques minutes. “Tu parles trop.” Je le pousse sur le lit pour qu’il tombe et je pouffe de rire. “T’as pas tort.” En réalité, j’aurais fait la même chose, ou alors j’aurais seulement changé mon propre nom de famille mais je trouvais ça amusant d’écouter toutes ses explications. “Je devrais pouvoir survivre un week end avec des lunettes de soleil et un nouveau nom de famille.” Ce n’est que deux jours après tout.

Si j'ai déjà de bonnes adresses ? Peut-être. Peut-être pas.  « Ce sera la surprise du chef» répondais-je mystérieux. Alors que, soyons clair : oui, j'ai déjà mes adresses. Certes, j'ai choisi quelques bon voire très bons restaurant, mais je ne vais sans doute pas passé à côté la découverte des petites enseignes indépendantes, des petits cafés mignons et plein de charme au look alternatif qui propose des plats vegan basique et où le zéro déchet prime.  «Ce soir nous mangerons au restaurant de l'hôtel, j'en ai entendu que du bien » assurais-je alors que le chauffeur s'engage dans le trafique dense du périphérique.

Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons à l'hôtel où je ne peux m'empêcher de répondre à Ivy que le prochain week-end sera à nouveau placé sous le signe du camping sauvage.  «Oui, j'en suis sûr. » affirmais-je sur un ton sans équivoque  « J 't'ai accompagné ici, j'ai même prit l'avion pour toi. La moindre des choses c'est que tu m'accompagne à un week-end comme je l'entend, moi» chantage effectif ? A peine. Je ne sais pas si elle acceptera tout de suite, mais je sais qu'un jour j'arriverais à la faire dormir dans une tente ou à la belle étoile.

Lorsque nous arrivons dans la chambre, je roule des yeux au commentaire d'Ivy concernant la taille et au fait qu'elle aurait mieux choisi, mais ne commente pas et décide d'aborder à nouveau le sujet du changement de son nom de famille. Elle me regarde, me laisse parler mais fini par m'obliger à me taire en m'embrassant et en me poussant sur le lit. Je me laisse tomber sur le matelas en rigolant doucement écartant les mains et le regardant en mode I told you so avant de me redresser pour m'asseoir face à Ivy  « Évidemment que tu va survivre» assurais-je alors que je me penche en avant pour l'attraper par les hanches et l'attirer vers moi. Je plonge mon regard dans le sien, lui caresse un instant l'arrière des cuisses puis la repousse gentiment et me relève.

 « Alors du coup, je te préviens tout de suite Ivy, il est impossible pour moi d'être enfermé dans une voiture toute la journée. Je sais que je ne supporterais pas qu'on me conduise partout tout le temps, du coup, je pense qu'à un moment donner nos chemins se séparerons.» autant qu' elle soit au courant tout de suite  « J'ai trouvé un tailleur qui fait des costards sur mesures, on ira ensemble, mais je ne pourrais clairement pas te suivre dans tes virées shopping» je m'approche de la baie vitrée qui donne sur la terrasse et ouvre la porte coulissante  «Aujourd'hui on peut rester ensemble si tu veux, mais demain si tu veux que je ne sois pas imbuvable à la soirée que tu nous as prévu, tu vas devoir me laisser un peu de liberté et faire ce que j'ai envie de faire » j'hausse les épaules  « Et je suppose que la visite de plus belles œuvres de street art ou des petits salons de thé indépendant ne t'intéresse pas des masses, du coup je ne te propose même pas de m'accompagner» je me tourne à nouveau vers la jeune femme  «Sauf si ça ne te dérange pas de marcher 10 à 15 kilomètre évidemment » Et je sais que ça va la refroidir directement.

Il me dit où on mange ce soit et je hoche la tête, on verra bien si c’est aussi bon qu’il le dit. “Et pour cette après-midi monsieur je connais tout de la ville ?” C’est lui qui propose tout depuis qu’on est arrivé et je le laisse faire. Je vois qu’il s’implique dans ce week-end, et prend même le temps de choisir des choses qui me plaisent et ça m’amuse.

L’hôtel est joli, et je ne pensais pas que quelque chose de respectueux de l'environnement pouvait paraître aussi luxueux. Je secoue la tête en me rapprochant de lui, il veut qu’on fasse un week-end selon ses règles à lui. Je mords ma lèvre inférieure, pas sûre que même lui arrive à me faire apprécier ce genre d’activités. “Peut-être que je pourrais essayer.” Tant que j’ai la possibilité de m’enfuir dès que ce sera trop dur à supporter ou que Martin râlera parce que je ne sais pas profiter. “Je te rappelle que la dernière fois que tu m’as emmené tu m’as abandonné au bord d’une route pendant des heures.” Et ça aussi ça a encore du mal à passer, il me le revaudra un jour, il s’en est sorti bien trop facilement ce jour là.

Il parle, ne s’arrête pas et je lève les yeux au ciel avant de le faire tomber sur le lit. Ca ne marche pas, il ne s’arrête pas de parler alors je grogne. Il m’attire vers lui et je profite un instant du silence. “Le but c’est qu’on soit tranquille tout le week-end.” Parce que je ne suis pas censée être loin de Brisbane et du label pour être avec Martin. Mais depuis quand je joue selon les règles ? Je reste une personne imprévisible, et je passe mes week-ends où je veux et avec qui je veux.

Il me dit qu’on ne va pas passer tout notre temps ensemble et ça me va. “On fait un marché.” A voir s’il accepte ou non. Je fronce les sourcils, est ce qu’il veut seulement s’éloigner parce qu’il a peur de ne pas pouvoir me supporter tout un week end ? “Je fais quelques kilomètres à pied pour faire une partie de ton programme, et toi tu me suis dans quelques boutiques.” Je veux bien réduire un peu, à peine, la liste que j’ai faite. “Y’a des boutiques qui pourraient beaucoup t’intéresser.” Mon regard est amusé quand il se plante dans le sien, il comprendra le sous entendu. “A moins que t’ais peur de pas pouvoir me supporter sur tout un week end !” Et là, c’est le défi qui prend le dessus. A voir ce qu’il va choisir.

 « Cet après midi j'ai pensé qu'on pourrait aller prendre un café dans le Café citoyen» répondais-je presque sans réflexion préalable  «C'est une coopérative d'étudiant qui prône l'alternatif. En gros les produits n'ont pas de prix, tu donnes ce que tu veux et les fond se reversé à une cause particulière. Il en existe plusieurs dans la ville qui œuvre pour différentes associations caritative. » je souris doucement  « Tu doutes bien que le café dans lequel j'ai envie d'aller œuvre pour le respect et le droit des animaux» que je précise dans un haussement d'épaule.  «On ira dans les boutiques que tu souhaite avant » proposais-je, histoire d'emmener le sujet avec une certaine douceur.

Je parle ensuite de mon programme et surtout du fait que je ne pourrais pas passer mon week-end assit dans une voiture sans pouvoir marcher et découvrir la ville à ma façon. Et c'est Ivy qui me propose le deal que j'avais hésité à lui proposer : que je l'accompagne dans quelques boutiques et qu'en contre partie elle fera quelques kilomètres à pied avec moi.  « T'es sûre ?» demandais-je, intrigué que cette proposition vienne d'elle-même  « Je veux dire, je serais heureux de t'avoir a mes côté pour le week-end et te faire découvrir la ville comme moi je les découvre en général» avouais-je  «Mais je n'ai pas envie non plus envie de te forcer » et la voilà qui emmet l'hypothèse que je pourrais peut-être ne pas la supporter pendant tout un week-end  « J't'ai supporter pendant 4 semaines, ce n'est pas deux jours ½ qui vont me faire peur, tu sais» rayais-je en rigolant doucement, secouant la tête  «Enfin sérieusement, non, je ne dis pas pas ça pour me débarasser de toi, c'est juste que je te connais et que nous n'avons pas les mêmes habitudes. Donc ...enfin si chacun de nous arrive à faire des concessions sans raler, eh bien ...allons-y» je lui offre un large sourire puis me dirige vers la porte  « On y va du coup ?»

Il me parle du programme qu’il a imaginé pour l’après-midi. Je fronce le nez, son programme me paraît étrange. On ne restera sûrement pas longtemps dans ce café et je donnerai trop d’argent pour un café parce que je n’ai pas l’habitude de faire attention à ce genre de choses. Il essaie de me vendre son planning, comme il le fait toujours et ça me fait sourire. C’est étonnant cette manie qu’il a de toujours vouloir me convaincre de le suivre. “Tu aurais dit, on va passer une heure dans un café, ça aurait été bon.” J’ai déjà essayé de le pousser sur le lit, de l’embrasser, mais rien ne le fait taire, alors je l’écoute d’une oreille distraite en regardant ce que j’ai emporté dans ma valise. “On devrait faire la boutique pour les costumes sur mesure maintenant et je leur demanderai à ce qu’il soit prêt demain soir sans faute.” Et je sais quels genre de moyens je vais utiliser pour être sûre que tout sera prêt pour notre soirée.

On a dit qu’on passait le week-end ensemble alors je lui propose de combiner nos deux programmes. Il a l’air étonné que je propose l’idée et je lève les yeux au ciel. “On pourra pas faire 15 kilomètres.” je hoche la tête très sérieusement. Je ne pourrais pas marcher aussi longtemps et on aura pas le temps de faire tout ce qu’on a prévu si on marche à ma vitesse. “Sélectionne les endroits que tu veux vraiment faire et on combine nos programmes demain la journée.” On a notre après-midi et notre soirée de prévue, plus le lendemain. Il ne nous reste que le dimanche mais on aura le temps d’y réfléchir un peu plus tard. “Je pourrais être affreuse pendant deux jours.” Je hoche la tête en me rapprochant de lui pour passer mes bras autour de son cou. “Ok j’essaie de pas râler pendant les premiers 500 mètres après je te promets rien.” Je hausse les épaules, il sait que je vais finir par râler, c’est comme ça. Il ne pourra pas me changer. Je fronce les sourcils, “Je dois me changer.” J’attrape des vêtements et me faufile dans la salle de bain. Je me change, me recoiffe et peaufine mon maquillage et ressors de la salle de bain. “Là on peut y aller” et nous voilà partis.

Ma vie repose sur des justifications. J'ai toujours été obligé de tout justifier. Pourquoi je suis parti de chez moi le jour de mes 18 ans, pourquoi j'ai fait mon deuil aussi facilement, pourquoi je suis vegan, pourquoi je défends le droit des animaux et pas celui des humains, pourquoi je ne voulais jamais devenir père...bref, ma vie repose sur des justifications qui me semblent essentiels pour comprendre pourquoi je pense d'une certaine façon. Au final c'est devenu une habitude de laquelle je me rends même plus compte et qui semble énerver un peu Ivy. Lorsqu'elle me dit que j'aurais pu tout simplement lui dire qu'on irait boire un café sans en faire toute une dissertation, j'hausse simplement les épaules  «Sorry, habitude » dis-je avec un sourire innocent avant qu'Ivy ne me dise qu'on devrait aller me faire mon costume sur mesure tout de suite pour qu'il sera près pour demain ce que j'approuve facilement.

Je lui fais ensuite part de mon programme du lendemain et elle me surprend en me proposant de faire quelques kilomètre de marche avec moi.  « parfait !» souriais-je largement  «Je ferais un programme sur mesure pour demain et promis, il y aura beaucoup de pause et beaucoup de visites mais pas trop de kilomètre  » j'incline légèrement la tête sur le côté  «Si je ne nous fait faire que 6 kilomètres maximum, ça te va ? » c'est le minimum, je pense. Et elle en a déjà fait bien plus pendant ROA donc ça ne devrait pas trop lui faire peur. Elle va ensuite se changer et nous partons pour suivre son programme


Il doit être 19h lorsque le serveur du restaurant de l'hôtel nous installe à une table en nous laissant avec la carte des vins. Dans un soupire, heureux, je défais la veste de mon costard -celui que j'ai porté lors de notre premier gala et j'affectionne particulièrement- puis pose mon regard sur Ivy  « C'est fatiguant le shopping » souriais-je, amusé. Car au final elle m'a surtout embarqué partout dans tous les magasins qui croisaient sa route. Fort heureusement il y a eu une petite heure de répis lorsque nous avons pu nous poser dans le café que j'avais choisi auparavant.  «Je meurs de faim en tout cas  » dis-je en parcourant la carte  «Vas-y, je te laisse choisir le vin  » elle s'y connaît sans doute mieux que moi.  « J'avoue que j'ai juste envie d'un burger avec des frites» soufflais-je en voyant tous les plats un peu trop élaboré pour moi.  «T'as pas envie qu'on aille en face dans le diner ? » glissais-je à la jolie blonde, persuadé qu'elle va me tuer sur place car je lui fou la honte de lui demander ça alors que nous nous trouvons dans un super restaurant.

Aujourd’hui, on passe notre après-midi à faire du shopping. Je prépare la surprise, et il faut que nos vêtements soient parfaits pour cette occasion. Il ne sait pas ce que je lui prépare, et je ne compte pas dire un mot sur la soirée qui nous attend. Il doit penser que nous allons à un nouveau gala, et ça me va très bien. C’est lui qui prévoit le programme du lendemain maintenant que j’ai accepté de marcher un peu. J’espère qu’il ne va pas en abuser et nous faire faire 3 fois le tour de la ville sans nous arrêter, parce que je n’aurais aucun scrupule à l’abandonner et à reprendre la voiture si ce qu’on fait ne me plaît pas. “Maximum !” Je suis presque sûre qu’on en fera plus, qu’il ne pourra pas s’empêcher de marcher encore et encore. Je pourrais toujours le suivre en voiture non ? Je me dis que je verrai bien ce qu’il en est demain, pour le moment, je me prépare à la virée shopping, j’ai besoin de refaire une partie de ma garde robe. Et, cette fois encore, je ne fais pas attention à mon compte en banque, mais, plus le temps passe, plus je devrais jeter un coup d’oeil, parce que le tout se vide à une vitesse phénoménale.

La journée passe et je suis ravie de mes achats. On se pose dans le restaurant et je dois avouer que je meurs de faim. Je regarde la carte, et le monde me dit qu’on ne va pas être servis tout de suite alors je grogne. Je vais sûrement trouver quelque chose pour raler, leur faire comprendre que je mérite de passer avant tout le monde parce que je suis la personne la plus importante de cette pièce. Je regarde les vins et j’écoute Martin d’une oreille distraite. “J’ai faim aussi.” Et je dis ça assez fort pour que les serveurs m’entendent mais je ne vois personne dans les parage. Je déteste ce restaurant. Les vins ne sont pas à mon goût, rien n’est assez chic ici et je rage. Je croise le regard de Martin quand il me parle du restaurant d’en face. “Celui là ?” Une sorte de fast food. Je ne vais jamais dans les fast food. La dernière fois c’était pendant ROA, avec lui déjà à la fin de la première semaine. “On mange pas là dedans.” Les gens paraissent peu fréquentable et je n’aI pas envie d’être vue dans un tel endroit. Mais je réfléchis, j’ai faim et je sors mon téléphone pour regarder ce qu’il y a autour de nous. “On peut prendre à emporter et aller manger dehors.” On est bien habillé, et on va faire tâche dans le décor mais je m’en fiche. Ca ne fera qu’attirer les regards vers moi encore plus. Je me lève et sors, en espérant qu’il m’ait suivi. La soirée sera un peu plus simple que ce qui nous attend pour le lendemain.

Le restaurant, pourtant, avait de tellement bonnes critiques ! En vrai tout à l'air bon, à en juger la carte et ce qu'on sert aux gens qui sont autour de nous. Mais je ne me sens pas de manger dans ce restaurant qui est bien trop chic à mon goût. En plus il y a beaucoup trop de monde et je crève la dalle comme jamais. Alors je propose à Ivy qu'on aille manger dans le diner en face de l'hôtel et je roule des yeux lorsqu'elle me dit que jamais elle ne mettra les pieds là-dedans  « meuuuf …. t'as mangé dans un restaurant biiiiien pire que celui-ci» j'avoue que celui dans lequel nous avons manger lors de la première semaine de course était vraiment douteux. Celui qui est juste en face semble être bien plus fréquentable.  « Tu sais, on peut aussi prendre à emporter et manger tranquillement sur notre terrasse » proposais-je.

Sans plus attendre, je me lève de ma place au moment où le serveur arrive  «oh, mais vous partez déjà ? » qu'il demande, surprit. J'allais me plier en quatre et m'excuser platement, mais je reste digne du costume que je porte et me redresse  « Nous avons faim et je vois bien que le service ici laisse à désirer» je lance un coup d’œil avec une grimace de dégoût autour de moi  « Vous ne nous verrez plus ici, croyez moi» je redresse le menton puis lance un coup d'oeil à Ivy et lui tend mon bras  «Vient ma chérie, on s'en va, tout le service est merdique ici » dis-je le ton le plus hautain que je puisse avant de me mettre en route, Ivy s'accrochant à mon bras.

Je garde un port de tête et une posture digne jusqu'à ce que nous nous trouvons dehors où je fini par éclater de rire.  «Putain, la tête du serveur, t'as vu ? » je secoue la tête, bien trop amusé par l'expression de l'homme  « Bon. Burger du coup ? » demandais-je en désignant le diner  « Ou est-ce que t'as trouvé autre chose ?» je désigne le portable qu'Ivy tient toujours fermement dans ses mains.  « J'suis ouvert à tout, tant que ça va vite et que les portions sont grosses» et que c'est végétalien que j'ajoute dans ma tête sans le dire à haute voix tant c'est une évidence.

Je n’allais rien dire en sortant, le silence est le meilleur des mépris. Et, surtout, nous n’avons pas vraiment de raison de nous en aller hormis le fait qu’on a vraiment trop faim et que le service est un peu long. J’observe le restaurant et regarde Martin. On va manger dans un fast food, encore. Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude lors de nos voyages. J’hésite quelques minutes avant d’accepter, il faut avouer que je suis aussi un peu fatiguée, alors la proposition de Martin me plaît assez. Un serveur nous aborde et je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit que Martin prend la parole. Il m’impressionne et je me retiens de hurler de rire. C’est moi qui ai ce genre de réaction en temps normal. Mais je le laisse faire, il apprend vite le jeune homme et j’attrape son bras lorsqu’il a fini de dire que jamais nous ne reviendrons ici. “Mais c’est que tu deviendrais presque un de ces mecs riches et insupportable qu’on croise dans les galas.” Je reste accroché à son bras et on traverse la rue pour aller manger cette fois. “Burger ! J’ai pas envie de chercher et j’ai bien envie qu’on se pose sur la terrasse pour manger.” C’est moi qui décide du programme et il est déjà tout fait dans ma tête.

On rentre et les regards sont braqués sur nous. Je reste proche de Martin, et je préfère qu’on ne nous reconnaisse pas alors je lui dis de commander vite. Ce sont nos tenues qui attirent les regards, et pas nos visages pour le moment. Il n’y a pas beaucoup de monde, et il est tard. On est servi en quelques minutes seulement. Je travers la route dans l’autre sens et entraîne Martin dans mon sillage. “Dépêche j’ai faim !” Il ne va pas assez vite à mon goût, et l'ascenseur non plus. J’ouvre la porte et commence par enlever mes chaussures avant de voler les sacs d’entre les mains de Martin. “J’espère que t’as pris assez.” Sinon je ne me gênerai pas pour voler une partie de ses frites. Je m’installe sur la terrasse. “On mangera plus vite ici ! On pourra aller se coucher tôt pour se préparer à la journée de demain !” Et à la soirée surtout, mais ça, je ne le dis pas à voix haute.

Je laisse échapper un rire amusé et roule des yeux lorsque Ivy me dit que je deviendrais presque un riche connard et insupportable.  « C'est que j'ai appris de la pire » lançais-je en passant mon bras autour des épaules de la jeune femme avant de traverser la route lorsqu'elle me dit que son choix s'est arrêté sur un burger parce qu'elle en a marre de chercher  «ça m'étonne pas de toi! Mais allez, va pour un burger. Et des frites ! » que je précise en relâchant mon amie pour entrer dans le diner.

J'en ressors quelques minutes plus tard armé de deux sachets remplie de plein de truc bien gras et tellement bon. Ivy me presse, peste contre l'ascenseur qui n'est pas assez rapide à son goût et m'arrache finalement les sachets des mains lorsque nous arrivons dans notre chambre pour aller s'installer sur la terrasse  «évidemment que j'ai pris assez ! » m'insurgeais-je en attrapant mon burger végétalien. Je mord dedans et c'est un soupire de bonheur qui s'échappe de mes lèvres lorsque les saveurs éclatent dans ma bouche  « C'est tellement bon. Et exactement ce qu'il me fallait» pas forcément, en vrai. Je pense que mon corps me fera comprendre bien trop rapidement que j'ai un peu trop forcé sur la malbouffe et l'alcool ces derniers temps, mais je décide de ne pas y faire attention.

Nous mangeons donc et faillons à la promesse de nous coucher tôt. Car au final le temps est parfaitement clément,si bien que nous restons encore longtemps dehors à parler de tout et de rien, à refaire le monde et à nous promettre de réellement le faire le lendemain. Et lorsque nous allons nous coucher, il est évident que nous n'allons pas dormir tout de suite.

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Il est 17h30 lorsque je me laisse tomber sur le lit, exténué par la journée. J'ai réussi à tenir ma promesse et je ne nous ai fait marché que 5 kilomètres. Toutefois Melbourne est tout sauf une ville reposante. Magnifique à souhait, agréable et et chaleureuse, mais bruyante et parfois malodorante.  «Bon ... » je souffle en me redressant  « C'est quoi ta surprise ? Faut y être pour quelle heure ? C'est quoi le dresscode ? Y a des truc que je dois savoir avant ?» demandais-je à relevant mon regard sur Ivy  « Par contre, tu m'excuseras, mais j'ai besoin de prendre une douche avant qu'on ne puisse aller où que je ce soit»

Je savais qu’on allait pas beaucoup dormir. On a passé notre soirée à discuter sur la terrasse et à s’occuper avant d’aller nous coucher. Je n’ai pas regardé l’heure, je savais juste qu’on ne pouvait pas nous lever trop tard le lendemain matin. L’après midi est organisée par Martin, et j’espère qu’il tiendra vraiment compte du fait que je n’aime pas marcher. Il commence à me connaître, et je n’ai pas envie qu’on passe un mauvais week-end alors que tout est parfait jusque là. Je mange rapidement une partie de ce qu’il a mis dans le sac et je soupire de plaisir. La soirée passe vite, tout ce week-end passe bien trop vite.

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La journée a été longue mais j’ai apprécié la visite de Melbourne. Je n’avais jamais vu la ville comme ça, et, même si j’ai râlé quelques fois j’ai profité de tout ce qu’on a vu. Je suis épuisée, et c’est à ce moment là que j’ai regretté de ne pas avoir dormi trop longtemps. “Calme les questions je suis fatiguée j’ai pas assez dormi.” Je grogne, et je râle comme si j’étais une enfant. Comme toujours en réalité. Il est étalé sur le lit et je me dirige vers mon sac, on va devoir s’habiller et un coiffeur et un maquilleur doivent arriver d’ici une heure. “J’ai tout prévu, tu verras quel genre de soirée c’est quand on y sera.” Je garderai le secret jusqu’au bout.

“Moi d’abord !” Et je sais qu’on va finir par prendre cette douche ensemble comme on le fait presque à chaque fois qu’on se voit. La douche est terminée et le coiffeur toque à la porte de la chambre. “On doit se préparer.” Mon sourire grandit et j’attrape une chemise de Martin pour le temps de la coiffure. C’est un peu plus long que prévu parce que je ne suis jamais contente et je reprends les deux professionnels à de nombreuses reprises.

Enfin prête et habillée, je regarde Martin qui lui aussi est prêt. “On y va !” Et on rejoint rapidement la voiture qui nous attend en bas. Entre nous se tient une boîte qui contient nos masques pour la soirée. “T’as déjà été à un bal masqué ?”