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 you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1)

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Message(#) Sujet: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyLun 13 Juil - 0:35


Cette année, elles ont décidé de changer un peu les règles : pas de gâteau à la maison, pas de fête avec les copains de l’école avec magicien embauché après un mois de recherches sur Craigslist, pas de stress jusqu’à la dernière minute. Cette année, les deux mamans se sont accordées pour emmener leur fille au Mon Repos Turtle Centre - l’occasion idéale pour découvrir les tortues de près, et pour combler la curiosité inépuisable de leur fille sur la vie animale. Cinq ans, ce n’est pas rien, ça se fête dignement, ont-elles raisonné, et emmener Rose à Bundaberg pour le week-end, malgré leur mésentente récente, malgré les tensions qui se sentaient à des kilomètres pendant le trajet de près de cinq heures, était le moins qu’elles puissent faire pour donner le change. Ainsi, elles avaient mis leur meilleure façade à profit pour que jamais Rose ne soupçonne quoi que ce soit - maquiller et arranger la réalité a toujours été le don prisé des artistes, de toute façon.
Il est à peine dix heures du matin quand elles arrivent au centre Mon Repos, pile à temps pour l’ouverture et déjà, Rose trépigne, ayant lâché la vieille GameCube que ses mères lui ont concédé pour les longs voyages afin de se concentrer sur le paysage. Tout y passe : les plages plus belles qu’à Brisbane, les tortues qu’elle est presque sûre de voir sur les criques en contrebas, comment l’animateur il a l’air gentil, il s’appelle Jason même, et j’ai un copain qui s’appelle Jason et il me donne toujours des bonbons. Guidant la marche, Ellie laisse les pépiements passer au-dessus de sa tête, son humeur curieusement au beau fixe - elle encourage même les visions de sa fille, la gardant près d’elle dans la file d’attente et lui désignant tour à tour chaque poster qu’elle pouvait apercevoir pour la faire patienter. Derrière elles, Kate ferme la marche, une de ses mains posées sur le bas du dos raidi d’Ellie. La file d’attente semble interminable.

Enfin, Jason réunit un petit troupeau de sept personnes - une autre famille et elles - et les guide jusqu’au premier bâtiment, rempli d’aquariums, où chaque vitre est digne d’une explication enjouée de quinze minutes. Le moment tant attendu, celui de peut-être découvrir des tortues en chair et en os sur la plage, finit par arriver au bout d’une longue et pénible heure de discours qui ravissent Rose. Délivrance, enfin. La gamine, ravie, trottine entre elles, ses petites mains serrant les leurs de toutes leurs forces - le vent du bord de mer fouette son visage et emmêle ses cheveux, Ellie pense déjà à l’enfer que ce sera de les démêler, mais elle n’a pas le coeur à rappeler à sa fille de remettre sa casquette une énième fois. “Äiti, je peux partir voir les tortues avec Martin et Juliet ?” La capacité prodigieuse de sa gamine à socialiser en moins d’une heure avec de parfaits inconnus ne cesse jamais de l’époustoufler. “Vas-y, ma puce. Vous ne vous éloignez pas trop, d’accord ?” La gamine promet d’un pouce enthousiaste brandi en l’air et abandonne ses mamans à elles mêmes, mains libérées et une étendue de plage entière pour ne rien savoir se dire. Ellie couve la gamine d’un regard protecteur, mère louve protégeant sa meute, incapable de redresser la tête en direction de sa femme.

Je dois pas rentrer trop tard, demain. Je dois aider Ava à préparer l’exposition pour les portes ouvertes tôt lundi matin.

Elle serre les dents, elle-même soufflée par sa capacité à ne toujours embrayer que sur les sujets qui fâchent le plus. Les portes ouvertes cette fois, probablement l’arrivée d’un généreux donateur américain la prochaine. Il y a toujours quelque chose avec Ellie, et curieusement, ce quelque chose n’a jamais vocation à la rapprocher des siens.

@Kate Williamson :OO:
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyMar 14 Juil - 1:43


L’enthousiasme de sa fille la fait sourire malgré l’amertume nichée au fond de sa gorge, et c’est sur ce petit bout de chou rayonnant qu’elle s’accroche pour ne pas flancher. Au fil des mois, elles ont appris à tracer un beau sourire de mamans heureuses lorsqu’elles sortent avec Rose, à toujours déguiser leur rancœur sous des traits plus doux afin que leur fille ne se doute de rien. Parce que finalement, c’est peut-être la seule chose qui les maintient encore ensemble, ces deux femmes au caractère arrogant, et finalement, elles ont peut-être fait le tour de leur relation. La brune s’est complètement recroquevillée, s’éloigne toujours plus de Katherine qui elle, est fatiguée, lassée d’être la seule à encore essayer. Est-ce trop lui demander que de faire des efforts pour maintenir un semblant de relation ? Pour partager autre chose qu’un lit sur lequel chacune s’isole de son côté ?

Le trajet en voiture touche à sa fin, Rose a dormi quasi tout du long, laissant les deux femmes plongées dans le ronronnement du moteur et du fond de musique qui accompagne le mutisme du couple. Si Kate n’a pas fermé l’œil pendant les 5 heures de route, elle n’a pas cherché à faire la discussion non plus, et encore moins placé sa main sur la cuisse de sa femme comme elle le faisait il y a quelques années encore. Cette fameuse époque où le contact était vital est bien loin derrière elle, la chaleur de leur rire s’est dissipée sous de nombreux regards froids et de mots tranchants – quand mot il y a. Ellie gare la voiture, et Kate descend ouvrir la portière arrière pour réveiller sa fille en douceur, de nombreuses caresses affectueuses sur sa joue avant de parsemer des baisers sur son front. « Réveille-toi ma chérie, on est arrivées. » glisse-t-elle tout bas à sa protégée avant de la détacher pour la prendre dans ses bras. Rose a cinq ans, mais elle reste encore son bébé, son bébé qui grandit beaucoup trop vite. « On va voir pleinnn de tortues, ça va être super chouette, hm ? C’est un beau cadeau d’anniversaire, ça, hein ? » Ce besoin de toujours être sûre que sa fille soit heureuse ne fait évidemment pas exception en ce jour si important pour la gamine. Le sourire qui illumine le visage de Kate est contagieux, et Rose enlace rapidement sa mère avant de gigoter pour descendre.

Les deux mamans s’échangent un bref regard et même un petit sourire (presque) sincère, avant que la petite famille ne rentre dans le bâtiment, accompagnées de leur guide et d’une autre famille. Chacun écoute attentivement les explications, Rose pose des tonnes de questions, et le clou du spectacle arrive finalement : il va être possible de se balader entre les tortues sur la plage. Complètement surexcitée, leur fille s’empresse de demander l’autorisation à Aïti pour aller flâner librement sur la plage avec les nouveaux amis qu’elle vient de se faire, laissant un peu de répit aux parents (mais pas trop quand même, il faut les surveiller, même de loin, ces garnements).

“Je dois pas rentrer trop tard, demain. Je dois aider Ava à préparer l’exposition pour les portes ouvertes tôt lundi matin.”

Vingt secondes. Elle a tenu vingt secondes avant de lancer un sujet fâcheux, à la limite du tabou. Le visage de Kate retrouve instantanément de sa fatigue, ses traits se font plus lourds et ses sourcils se froncent un peu plus. Pourquoi tient-elle à toujours tout gâcher ? « Hm. Ok. » C’est tout ce qu’elle trouve à dire, parce qu’elle n’a pas envie de partir dans de longues explications, elle n’a pas envie de lancer d’accusations, elle n’a pas envie de gâcher le weekend d’anniversaire de sa fille. Pas aujourd’hui, Ellie, s’il te plait. Elle aurait pu sortir mille rétorques, lui demander pourquoi elle était venue si c’était pour écourter le weekend, pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas prévu en amont, pourquoi est-ce que l’exposition était plus importante que ce moment passé en famille, mais elle ne fait rien de tout ça Katherine, elle se contente de se terrer un peu plus dans son silence et de s’éloigner de sa femme, de retrouver son petit rayon de soleil, de ne pas penser à leur déchirement. Alors la grande blonde se dirige vers sa fille, sort son téléphone pour la prendre en photo pendant que Rose a les pouces levés en l’air et un grand sourire devant une grosse tortue, et se focalise sur le bien-être qu’elle ressent quand elle est avec sa fille. Rien ne lui pourrira ce weekend, pas même ses deux mamans sur le point de se torturer. « Waouh, super ! On en a de la chance d’être là, n’est-ce pas ? »

Aucun regard jeté en arrière, pas même pour s’assurer qu’Ellie est toujours là à les regarder et pas en train de téléphoner.

@Ellie Williamson :brows:
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyMar 14 Juil - 16:22


Ellie se surprend à presque lever les yeux au ciel, alors qu'elles arrivent et que déjà, sur le parking, Kate cherche l'approbation de leur fille encore endormie. Bien sûr, qu'elle va aimer, a-t-elle envie de lui retourner. Bien sûr, parce que ce sont des tortues, que les tortues la fascinent, et qu'elle les bassine depuis des années avec ça. Même elle qui n'était présente que le soir et les week-ends le savait parfaitement : Rose ne lui en apprendrait pas plus. Même Kate le savait. Mais toujours, ce besoin d'assentiment clair et enthousiaste reprenait le dessus, qu'importe la situation, qu'importe avec qui. Sauf avec elle. Elle le remarque, et elle déteste encore plus se sentir jalouse de l’attention à laquelle leur fille a droit, sans conditions : Kate a arrêté de chercher son approbation et son amour, à elle. Et si elle veut être franche, elle aurait arrêté aussi.

Jason embarque le petit troupeau pour l’aventure de tout une vie, qu’il prétend (et Ellie doute fortement que voir des tortues à distance puisse être aussi incroyable qu’arrêter la faim dans le monde, mais soit) et Rose suit avec son enthousiasme habituel, qui ne dégonfle pas malgré la tension à couper au couteau qui a suffoqué les passagères de la voiture pendant près de cinq heures. Alerte, la Finlandaise la couve des yeux, très peu intéressée par l’exemple de tortue d’Hermann que le jeune animateur présente avec émotion et vivacité. Elle guette sa femme, du coin de l’oeil, aussi ; sa mâchoire contractée, son regard tout aussi distrait que le sien. Si Rose est déjà passée outre la tension dans la voiture, aucune des deux adultes n’en a démordu, et Ellie aimerait cracher tout ce qu’elle a sur le coeur. Vomir sa rancoeur, là, secouer sa femme pour savoir ce qu’elle a en tête, qu’elle arrête une fois pour toutes de jongler entre distanciation et petites attentions inopinées… « Hm. Ok. » Les maxillaires se tendent, encore une fois ; les petites attentions sont loin derrière elles et rien ne semble pouvoir les ramener. Ellie se surprend un instant le vice de vouloir pousser plus loin ; provoquer un peu plus, rien que pour lui soutirer une réaction. Son hermétisme l’énerve, la pousse à bout et elle n’a plus aucune idée de comment y répondre.

En attendant, il faut être des co-parentes exemplaires. Ne rien laisser gâcher ce week-end qu'elles ont promis à la prunelle de leurs yeux. Parce qu'il est clair, au travers des regards pleins d’espoirs que leur lance la gamine aux cheveux tout emmêlés, qu'elle ne souhaite rien de plus que de voir ses mamans ensemble pour son anniversaire. La plage s’étend à perte de vue et le bol d’air frais qu’elle apporte, loin de Brisbane, semble être l’endroit idéal pour souffler un peu. Rien qu’un peu. Ellie range enfin son portable, sa main frottant son avant-bras dépigmenté par habitude et par gêne, puis elle s’approche un peu plus de leur fille, rejoint Kate accroupie sur le sable sans savoir quoi lui dire. “T’as vu Äiti !? Ca, c’est une tortue caouanne !” lui annonce avec fierté la chair de sa chair, répétant avec enthousiasme ce que Jason lui a appris deux minutes avant. Sa maman lui retourne un sourire appréciatif, aussi fasciné que possible, même si le coeur n’y est pas. Le coeur, il est enterré quelque part avec les oeufs morts de tortues malchanceuses.

Jason rassemble une nouvelle fois les enfants pour leur proposer de caresser et de prendre des tortues - Rose, la plus téméraire des trois, crie presque de joie à la perspective de caresser un reptile avec une mâchoire qui a trois fois la puissance de la sienne et mesure parfois trois fois sa taille aussi. Appelez ça pression sociale, mais les autres gamins s’y mettent aussi, suivis des parents, et Ellie reste bras ballants à côté de sa femme, sans aucune envie d’aller toucher des tortues. Le silence se recrée autour d’elles, bulle familière mais jamais confortable et cette fois, c’est Ellie qui tente de le briser : “Le B&B qu’on a pris a l’air bien. Il y a une aire de jeux pour enfants, si jamais Rose s’ennuie. C’est à trente minutes d’ici, on n’aura qu’à manger avant d’y arriver.Pitoyable, songe-t-elle, ses dents grinçant à peine sa phrase terminée. Des banalités, parfaitement futiles et déplacées. Mais déjà bien plus que ce qu’elles ont réussi à échanger ces derniers temps. “Tu veux aller voir les tortues, toi aussi ?” propose-t-elle enfin, désignant d’un coup de menton la longueur de la plage, d'une voix qu'elle espère apaisée – depuis combien de temps se sent-elle constamment hargneuse en adressant la parole à sa femme ?

@Kate Williamson you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) 2078041801
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyMer 15 Juil - 0:25


Se raccrocher à sa fille et à son sourire, c’est ce qu’elle a toujours fait quand elle sentait la colère monter, quand la frustration devenait trop grande pour qu’elle se taise, quand elle n’arrivait plus à garder toute cette rancœur pour elle. Et aujourd’hui encore, elle ne manque pas de se tourner vers Rose pour apaiser son cœur tambourinant contre sa poitrine, pour éviter qu’elle ne hausse le ton contre sa femme qui semble vouloir enclencher une nouvelle guerre. C’est peut-être malsain, sûrement même, mais c’est sa façon à elle de se contenir en public. Alors elle se tourne vers Rose pour immortaliser ce sourire si pur, pour prendre un cliché de sa fille en train d’apprivoiser une tortue, parce que c’est la seule chose qui puisse lui redonner le sourire à ce moment-là. Elle ne se doute pas qu’Ellie les rejoindrait, elle ne se doute pas que la grande doyenne de la fac d’art puisse lâcher son téléphone pour profiter de cet instant unique avec sa famille, et pourtant, la finlandaise est là, à côté d'elles. Rose se réjouit de retrouver ses deux mamans, s’adresse à Ellie toute fière d’avoir retenu le nom de la tortue (en même temps, elle connait toutes les espèces sur le bout des doigts), et se précipite vers le groupe quand Jason les interpelle. Et quand il s’agit de se rapprocher davantage des tortues, de toucher les plus grosses d’entre elles, Rose sautille évidemment sur place, trépigne d’impatience, et finit par avoir la première place pour l'attraction du jour.

Les deux mamans se retrouvent à nouveau abandonnées par leur fille, et Kate hésite à suivre la gamine. Quelle est la meilleure option ? Risquer de perdre son sang froid face aux provocations de sa femme, ou aller caresser des reptiles en qui elle n’a pas vraiment confiance ? Elle surveille d’ailleurs sa fille quand sa main s’approche de la tête de la plus grosse tortue – il ne faudrait pas qu’il lui arrive quoi que ce soit – et sa respiration se relâche enfin quand elle voit que Jason est effectivement compétent dans son domaine et que les animaux ont l’air plutôt dociles et inoffensifs. Rose leur jette un coup d’œil rapide, un sourire grandiose illuminant son visage de poupée : elle est heureuse d’être là, de fêter son anniversaire avec ses animaux préférés, et cette image suffit à Kate.

“Le B&B qu’on a pris a l’air bien. Il y a une aire de jeux pour enfants, si jamais Rose s’ennuie. C’est à trente minutes d’ici, on n’aura qu’à manger avant d’y arriver.”

La voix d’Ellie la surprendrait presque, essaie-t-elle vraiment de briser le silence ? Après la bombe qu’elle avait lancée quelques minutes auparavant ? Cherche-t-elle à se rattraper ? L’australienne pince ses lèvres en hochant la tête, pas mécontente de voir sa femme faire des efforts pour que le weekend se passe bien. Mieux vaut tard que jamais. « C'est parfait, merci. » Et c'est surtout rare qu'Ellie ait organisé ce genre d'événement, comment a-t-elle trouvé le temps quand elle ne l'a pas pour manger avec tout le monde le soir ? « Je pense que ces quelques jours ici lui feront du bien. » Et peut-être même que ça fera du bien à toute la famille aussi. L’espoir cherche à sortir, mais c’est timidement qu’il se montre : Kate n’attend plus rien de la part d’Ellie. Elle a essayé d’améliorer la situation, elle a essayé plus d’une fois, mais c’est fatiguant, épuisant même, que de se confronter à une personne aussi froide et distante. Comment avaient-elles pu laisser la situation s’envenimer à ce point ?

“Tu veux aller voir les tortues, toi aussi ?”

Mais c’est qu’elle essaie vraiment en plus, et Kate accepte alors de se prêter à son jeu, essayant de laisser la rancœur enfouie pour qu’elle ne ressorte pas. Elle fait des efforts, tu dois en faire aussi, Kate. C'est pourquoi elle sourit, lâche même un petit rictus amusé, parce qu’Ellie sait qu’elle a bien trop peur pour toucher la peau rugueuse du reptile. « Je vais passer mon tour, mais si tu veux y aller, toi, je t’en prie. » lui répond-elle, paume de main levée vers le ciel pour lui ouvrir la marche. Leur regard se croise pour la deuxième fois de la journée, et à son grand étonnement, Kate n’abandonne pas son sourire. Ses yeux offrent une expression sincère, la volonté de faire mieux, pour Rose et pour elles, et son regard passe furtivement sur les lèvres de sa femme. Ces lèvres qu’elle n’a pas embrassé depuis plusieurs semaines, et ce sourire tracé qui semble être vrai, lui aussi. Ca lui manque un peu (beaucoup même) toute l’affection qu’elles ne partagent plus, cette complicité et cette alchimie naturelle de l’époque. Retrouveront-elles un jour ce partage mutuel d’amour et de bienveillance ? La brune humecte ses lèvres et c’est ce qui ramène Kate à la réalité, elle plonge à nouveau son regard dans celui de sa femme une dernière fois avant de détacher ses yeux pour les détourner à nouveau vers Rose. « Je pense que ce weekend peut faire du bien à tout le monde, tu sais. » se contente-t-elle de dire, rationnelle comme toujours. Et si Kate sent une petite pointe d’espoir, elle la camoufle, encore et encore : elle ne veut plus, elle ne peut plus être déçue en projetant toutes ses attentes et ses envies sur une Ellie qui risque de ne pas être réceptive.

@Ellie Williamson you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) 4014933344
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyMer 15 Juil - 13:36


Ellie ne se rappelle plus d'une époque où leur vie de couple n'était pas rythmée par les disputes, la tension et la froideur irrémédiable – ça lui paraît si lointain, si inatteignable qu'elle en remettrait presque sa vision des choses en question. Tel est leur quotidien, à présent : laisser les bons moments se diluer dans une éternelle appréhension d'un mais, d'une aggravation déclenchée par l'une ou l'autre, oublier ce pour quoi elles ont décidé de passer leurs vies ensemble. Ellie est épuisée de cette vigilance constante qu'elle doit déployer autour de la femme qui partage sa vie depuis plus de dix ans – comme si toute confiance, toute complicité entre elles s'était simplement brisée avec la promesse rompue d'un premier enfant –, mais elle ne sait plus faire autrement. Le réflexe l'épuise, mais il relève de la survie. Parce qu'un deuil lui a déjà trop coûté, trop pris pour qu'elle n'arrive à enterrer un deuxième être cher. Et que monter la garde, se préparer au pire, lui semble-t-il, est le seul rempart qui la sépare d'un gouffre duquel elle n'aura pas la force de se tirer. Leur défiance mutuelle révèle au final d'un réflexe creusé par des années de déceptions, d'épuisement et sillonné d'une incompréhension qu'elles ne savent plus alléger. Le point de non-retour semble loin derrière elles – trop pour qu'elles ne se perdent pas définitivement en se retournant pour le chercher.

« C'est parfait, merci. » Pourtant, quelques rares fois, un rayon de soleil semble sortir d’entre les nuages, redonne à Ellie une bouffée d’espoir alors qu’elle s’était déjà préparée maintes fois à laisser tomber. Et ces quelques fois, c’est presque systématiquement Rose qui les génère, par son comportement ou sa simple présence. C’est leur fille qui les fédère autour de l’idée d’une union aussi pacifique que possible, loin des disputes qui menacent toujours leur vie commune, parce qu’elles ont tranché il y a bien longtemps déjà que leurs différends ne devraient jamais entrer en compte dans l’éducation de leur enfant. Elle était trop jeune pour subir l’idée d’une séparation toujours pensée mais jamais prononcée, trop sensible pour les prises de tête multipliées. Aujourd’hui ne fait pas exception : c’est pour Rose qu’Ellie se force à être civile, à oublier l’incompréhension et la rancoeur qu’elle ressent à l’égard de sa femme, à laisser ses doutes sur son infidélité de côté rien qu’un instant… « Je pense que ces quelques jours ici lui feront du bien », poursuit la seconde mère de Rose alors que leurs regards à elles deux se perdent en direction de la minuscule silhouette blonde qui trottine autour des tortues avec le plus grand soin. Dans la voix de Kate, le doute se mêle à l’espoir, tout en filigrane, et le pincement qu’Ellie ressent au coeur n’est plus aussi revanchard que ce qu’elle aurait pensé. Elle se rappelle de remercier Ava pour avoir choisi et réservé le B&B.

La Finlandaise ignore ce qui la prompte à proposer d’aller voir les tortues - l’envie de rassurer Rose, peut-être ; le besoin de proximité, sûrement. Elle qui s’attend à ce que sa proposition se retrouve balayée d’un revers de main n’est pas sûre de la réaction à adopter lorsque Kate lui retourne un rictus amusé qui ponctue une réponse légère. N’importe quand d’autre, elle aurait rétorqué d’une taquinerie - aujourd’hui, elle perd ses mots, hausse bêtement les épaules, parfaitement désarmée. Elle a toujours aimé son sourire, à Kate, les inflexions timides de ses commissures et les creux qui se formaient dans ses joues sous formes de fossettes un peu cachées par son sérieux habituel. C'était de ça qu'elle était tombée amoureuse en premier, de ce sourire qui vous faisait vous sentir couvé du regard, aimé, valorisé là où votre vulnérabilité vous rendait hideux à vous-même. Il y avait de ces sourires qui recelaient un pouvoir aussi sûr qu'incompréhensible. Kate possédait une de ces rares facultés et Ellie s'était toujours vouée à le susciter à chaque occasion qu'il lui viendrait. En dix ans, combien de fois avait-elle échoué ? Elle lui rend son sourire, plus timide, plus dilué dans son embarras, mais pas moins sincère. Et, pour la première fois depuis des mois, c'est Ellie qui pose sa main sur le bas du dos de sa femme pour la guider un peu plus loin sur la plage. Loin des tortues et des colères passagères. Peut-être qu’elle a raison. Peut-être que ce week-end leur sera bénéfiques, à toutes. A elles deux surtout.

Tu te rappelles quand on était à ce resort à Port Macquarie et qu’on promenait Rose sur la plage ? Elle avait pris une grosse vague et avait bu la tasse comme jamais. On a du lui taper le dos pendant au moins cinq minutes.” Ses yeux alternent entre fixer ses pieds et un point distant à l’horizon, où Rose barbote les pieds dans l’eau et soulève des petites tortues, mais ils pétillent déjà davantage. Faiblement. “Ca l’avait tellement traumatisée qu’on a dû retourner à la piscine du resort, et elle a tout vomi dedans. En plein milieu des autres gamins.

Si sur le coup ça n’avait rien eu de drôle, en rétrospective, Ellie avait trouvé l’incident hilarant - du genre qu’on ressortait à sa fille une fois la puberté atteinte, devant ses amis. Ca la fait rire, timidement. Et surtout ça la cloue, encore une fois, brièvement, que tous les moments privilégiés qu’elles peuvent partager ne tournent plus qu’autour de souvenirs qui ont déjà plusieurs années derrière eux. Rien de récent n’orne plus leur mémoire commune de leur relation. A qui la faute ? “On devrait y retourner, bientôt.” La proposition sort d’elle-même, avant qu’elle ne puisse la contrôler. Ce genre de propositions, avec elle, n’engage certes à rien - en témoignaient les trop nombreuses annulations -, mais elles s’étaient tant raréfiées qu’elles constituaient déjà une preuve en soi. Une preuve de bonne foi, sinon d’autre chose.

@Kate Williamson you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) 3922047296
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyJeu 16 Juil - 19:41


La main dans le bas de son dos qui la guide un peu plus loin, puis le souvenir dépeint par la brune lui arrachent un souvenir nostalgique : cette époque lui paraît si lointaine, aujourd'hui. Les petites attentions, les moments en famille, l'amour dans les yeux d'Ellie quand elle s'adressait à elle, tout ça, elle semble en avoir oublié le goût. Si les disputes avaient déjà fait l'apparition dans les premières années de Rose, il y avait au moins un échange entre elles, un partage, et surtout, de la bienveillance. Elles s'étaient toutes les deux mises d'accord sur le fait qu'il fallait freiner leur vie professionnelle pour se consacrer à leur famille, construire un lien qui soit durable et sain. Et Kate s'était volontairement proposée pour passer à mi-temps, parce qu'elle était persuadée que son statut de chirurgienne reconnue à plein temps était un moindre coût d'abandon pour ce qu'elle gagnait en retour : voir sa fille grandir. Elles s'étaient aussi mises d'accord pour qu'Ellie passe moins de temps au travail, lâche un peu prise pour, qu'elle aussi, puisse avoir sa part à jouer dans son rôle parental. Mais l'australienne ne se doutait pas que c'est à ce moment même que la rancœur avait pointé le bout de son nez : quand elle avait accepté de faire plus de concessions que la finlandaise. La volonté de bien faire l'avait poussée à enfouir ce sentiment de jalousie envers Ellie qui ne changerait presque rien sur sa carrière, elle se pensait illégitime de lui en vouloir. Ce qui a posé problème, c'est qu'à trop l'enfouir, cette rancœur, elle était venue les frapper de plein fouet quelques années plus tard. Les reproches, les accusations, les provocations font désormais partie de leur quotidien, et ce, à chacune de leur dispute. Le sujet revient toujours au travail, à l'absence d'Ellie, à son incompétence à être présente pour sa famille, et de plus en plus, Kate perd patience. De plus en plus aussi, elle voit Ellie s'éloigner davantage. Les mots tranchants qui fusent ne sont agréables pour aucune des deux, les regrets ne sont que plus grands après chaque altercation, et surtout, la haine prend petit à petit la place de leur amour autrefois inébranlable.

Mais aujourd'hui, Kate veut bien passer par dessus, pour l'anniversaire de leur fille, et surtout parce qu'elle est fatiguée. Elle n'avait absolument pas cru Ellie capable d'organiser ces deux petites journées en famille, mais elle l'avait fait, et plutôt bien même. La situation aurait sans doute été différente si Kate savait que c'était à Ava que revenait tout le mérite, mais elle n'en savait rien et voulait bien lui laisser le bénéfice du doute, à sa femme qui essaie de faire des efforts.

"Je m'en souviens, oui." affirme-t-elle en souriant, le regard à nouveau tourné vers sa fille. Évidemment qu'elle s'en souvient, Rose lui avait fait une frayeur en disparaissant les dix secondes suivant la vague, et Kate avait pensé que la mer l'avait engloutie et qu'elle allait y rester. Aujourd'hui elles en parlent en rigolant, mais la peur de perdre sa fille avait sur le coup accaparé toute son attention. Le vomi dans la piscine, par contre, avait surtout mis les deux mamans mal à l'aise, Kate récupérant en vitesse Rose dans ses bras pendant qu'Eliie s'excusait auprès des maîtres nageurs.

"On devrait y retourner, bientôt."

Si elle ne s'attendait pas à ce que le week-end soit si bien organisé, elle ne s'attendait pas non plus à cette proposition. Est ce que le fait de remémorer les souvenirs avait rappelé à Ellie qu'elles deux pouvaient être bien aussi, ensemble ? Le sourire de Kate se fait plus timide, plus forcé, mais elle n'a pas envie de gâcher ce moment de répit, c'est si rare. Elle espère que la finlandaise ne tournera pas les yeux vers elle, parce qu'elle ne saurait pas mentir : elle doute que ce soit possible de retourner à cette époque. D'autant que ce genre de promesses fait souvent office de belles paroles, tiendra-t-elle vraiment cette promesse cette fois-ci, ou se défilera-t-elle comme elle le fait à chaque fois, feignant d'avoir du boulot ? On verra en temps voulu, se retient-elle de dire, à la place, c'est un simple "Oui, j'aimerais beaucoup." qui fait office de réponse, et pas totalement fausse : elle voudrait bien que ça marche à nouveau entre elles, mais est-ce au moins possible ? "Tu me donneras tes disponibilités, si tu souhaites." La dernière partie est peut-être de trop. Évidemment qu'elle le souhaite, Kate, c'est même elle qui l'a proposé. Elle parle de disponibilités comme si elle prenait rendez-vous chez un médecin, et c'est pas entièrement faux non plus : pour s'organiser quelque chose avec Ellie, c'était compliqué. La blonde offre tout de même un sourire à sa femme, bref, avant de le projeter à nouveau vers sa fille. "Ça me manque, un peu." s'autorise-t-elle d'annoncer à voix haute : Ellie avait fait le premier pas, c'était tellement rare. "Les vacances loin de tout, loin de Brisbane, loin du boulot." Ça aurait été trop beau si elle n'avait pas remis ce sujet fâcheux sur la table. "Toi, aussi." finit-elle par dire, l'hésitation dans sa voix. Kate baisse les yeux et focalise son attention sur ses pieds qui fond des ronds dans le sable. Elle ne sait pas si Ellie répondra, elle ne sait pas si le manque est réciproque, elle ne sait pas si elle parviendra à lui dire qu'elle l'a trompée un jour, mais elle sait en tous cas que leur relation fusionnelle lui manque terriblement.

@Ellie Williamson est-ce possible ?
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyVen 17 Juil - 0:50


Quand s’est-elle pour la dernière fois accordé du temps libre, du temps avec sa famille, un vrai moment privilégié pendant lequel il ne serait question ni de la réunion du lundi matin ni du retard à rattraper de la semaine précédente ? Ellie arrive à peine à se souvenir d’une époque où le travail ne mangeait pas 98% de ses pensées, les 2% restants étant dédiés à tout ce qu’elle pouvait reprocher à sa famille. Le boulot, aussi loin qu’elle s’en souvienne, avait toujours été un refuge, une constante logique dans laquelle elle contrôlait tout et dans laquelle sa réussite ne dépendait que d’elle. Le travail éliminait savamment toute menace extérieure, toute inconnue dans l’équation qui pouvait faire chavirer ses projets : une maîtresse pour sa femme, la menace planante d’un divorce, la conscience exacerbée de ne pas être assez bien. Le travail était factuel, direct, délié de toute complication humaine ; rien de créatif n’en ressortait mais aucune souffrance ne pouvait non plus en jaillir, parce qu’elle se relevait toujours.

Le travail était au fond tout ce que sa famille ne serait jamais : facile, direct, débarrassé de toute émotion qui la paralysait constamment de peur.

Il lui en faut alors beaucoup, à la Finlandaise, pour volontairement se placer en situation vulnérable, pour accepter d’avoir peur. Elle sait qu’elle risque beaucoup à sortir sa tête du sable, parce qu’un sourire sincère et large de sa femme, un sourire qui lui rappelait leurs meilleurs jours suffirait à la faire basculer loin de ses résolutions. Comment lui en vouloir alors, comment se protéger de ses soupçons ? "Je m'en souviens, oui." C’était plus fort qu’elle, parce qu’il suffisait d’une inflexion plus joyeuse de la voix, cette voix un peu gamine qu’elle affectionnait tellement. Et alors elle se remettait à promettre monts et merveilles, à se jurer à elle-même de faire mieux pour elles, et avant même qu’elle ne s’en rende compte les mots sortaient d’eux-mêmes, désarmants de sensibilité, de vulnérabilité au-deçà de sa garde trop baissée. "Oui, j'aimerais beaucoup." Elle opine du chef, sans rien ajouter pourtant. Elle le sait, elle le sent dans sa voix, la pointe d’amertume blessée que Kate lui a longtemps caché vis-à-vis de son boulot : ça ressortait, systématiquement, et Ellie avait arrêté de s’en défendre. Elle ne savait plus comment se faire valoir ; comment lui rappeler qu’elle, la Finlandaise ayant à peine obtenu la nationalité, devait travailler deux fois plus qu’autrui pour avoir le droit au même titre, qu’une pause n’était pas permise, que ne pas marquer les esprits serait la mort assurée de sa carrière. Elle n’avait pas le choix : il fallait être radicale pour se donner de l’importance. Passer cinquante heures au bureau n’était qu’un moindre coût pour continuer de se forger la place qui lui revenait de droit - après tout, on n’en avait jamais attendu moins d’elle. L’excellence ne tombait pas avec une gratuité gracieuse, pas plus qu’elle ne laissait de répit dans ses journées de quinze heures. "Ça me manque, un peu." Les yeux d’Ellie se relèvent en direction de sa femme, visant timidement ses mains à défaut d’oser la détailler davantage.

"Toi, aussi."

L’une se dandine dans le sable, regard fixé sur ses pieds, alors que l’autre a rentré ses mains dans les poches de son jean et fixe un point distant au bout de la plage. Un instant, c’est deux gamines qui s’ouvrent leurs coeurs avec toute l’honnêteté du monde. La plus petite gamine extirpe une main de sa poche et prend la main de la plus grande, la presse dans la sienne dans un geste qui se veut rassurant. “A moi aussi”, répond-elle du bout des lèvres, incertaine de ce qu’elle peut dire de plus sans que sa garde ne s’effondre complètement. Car très tôt, elle en est sûre, il faudra déjà la relever. Le luxe de se repaître de ces moments leur a été retiré voilà bien longtemps déjà. La main de Kate reste fermement dans la sienne, pourtant ; infiniment plus longtemps que d’habitude. A distance, leur fille tapote maladroitement la tête d’une pauvre tortue, parfaitement aux anges. Leur défi est réussi, et c’est peut-être ce qui pousse Ellie à poser une main sur la joue de sa femme, délicatement, avant de la retirer comme si elle s’était brûlée et de renvoyer ses yeux vers le sol.

Les trente minutes restantes du voyage se passent dans un silence moins lourd, moins tendu, presque naturel ; à peine interrompu par la radio et Rose qui compte les panneaux de kilométrage par la fenêtre. Le trio s’arrête dans une pizzeria, en terrasse ; Ellie commande pour elles trois, connaissant parfaitement les goûts des deux amours de sa vie, et elle retourne s’asseoir avec une gêne qui dépasse encore sa faible carrure. “Comment ça va, au boulot, en ce moment ?” amorce-t-elle avec cette même timidité : ça fait des mois qu’elle n’a pas posé la question en étant réellement curieuse de la réponse.

@Kate Williamson frère...jsp
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptySam 18 Juil - 23:34


Elle contient les remarques et provocations, pour elles, pour Rose, pour ce weekend en famille. Et elle a fait un gros effort, Kate, à lui dire ce qu’elle a sur le cœur – pas les reproches, mais le manque qu’elle ressent. Parce qu’Ellie lui manque vraiment, beaucoup, tout le temps. Parce qu’elle regrette d’avoir ouvert son cœur à Lex ce soir-là, elle regrette avoir dit tout haut ce qu’elle pensait d'Ellie ce soir-là, et surtout, elle regrette s’être laissée tentée. Et le pire dans tout ça, c’est que ce n’était même pas de l’amour qui les avait poussées dans les bras de l’une et de l’autre, pas non plus de l’attirance (bon un peu quand même), non, ce qui avait fait pencher la balance pour l’adultère, c’était le besoin de se sentir belle dans le regard d’une autre, c’était le besoin d’affection, un besoin de proximité immédiate, un besoin de se sentir vivante à nouveau. Et elle savait qu’Ellie se doutait de quelque chose, et que c’est aussi la raison pour laquelle la finlandaise s’est éloignée davantage, elle sait que c’est en partie sa faute si leur couple bat de l’aile aujourd’hui, mais elle se dédouane : ce n’est pas elle qui a laissé tomber sa famille en premier.

Alors quand Ellie fait des efforts, montre qu’elle souhaite améliorer les choses, Kate ne peut s’empêcher de lui montrer, qu’elle aussi, veut faire en sorte que tout aille mieux. Et si lui dire que sa femme lui manque a été difficile, elle ne s’attendait pas à recevoir un retour. “A moi aussi” L’australienne déglutit bruyamment, soulagée, et c’est un faible sourire qui vient se poser sur ses lèvres : ce weekend va peut-être réellement leur faire du bien. Ces trois mots veulent dire beaucoup, et elle aurait pu se contenter de ça, se raccrocher à une perspective d’amélioration, mais Ellie va plus loin, Ellie lui prend la main et entrelace ses doigts entre les siens. Et si elle avait appris à contrôler ses tremblements en tant que chirurgienne, la chaleur de la main de sa partenaire lui réchauffe le cœur, mais lui inflige aussi une faible agitation de son bras, émue par l’émotion qui la parcourt à ce moment précis. Merci, mon amour, a-t-elle envie de lui répondre, elle a envie de se raccrocher à cet espoir, elle a vraiment envie que ça aille mieux. Mais elle se tait, serre davantage sa main, et elles restent ainsi, le regard bienveillant projeté sur leur fille, ce simple contact les reconnectant à nouveau après de nombreuses semaines sans aucune marque d’affection.

Quand elles reprennent la route, l’ambiance est beaucoup plus légère, et le sourire beaucoup moins déguisé. La petite famille Williamson s’arrête dans une pizzeria, et Kate s’occupe d’attacher les cheveux en désordre de Rose tandis qu’Ellie commande pour elles trois : au fond, elles se connaissent plus que quiconque.

“Comment ça va, au boulot, en ce moment ?”

Les discussions banales, l’intérêt pour le quotidien de l’autre, la volonté de partager quelque chose, c’est presque nouveau après de si longs mois de silence. L’australienne sort un calepin et une boite de crayon de couleur pour leur fille afin qu’elle patiente en dessinant – c’est mieux que de rester sur candy crush – et relève finalement les yeux vers sa femme. Un sourire étire ses lippes : Ellie semble réellement intéressée. « Ca va, écoute. On a des nouveaux internes, tu sais comme ils sont au début : tout stressés et pas du tout efficaces. » affirme-t-elle en levant les yeux au ciel, la gestuelle de ses mains accompagnant sa moquerie. « Mais c’est juste le temps que ça se tasse, j’ai trois résidents sous ma supervision pour les mois qui suivent. » Et elle est fière de le dire à chaque fois, parce qu’elle est plutôt très bonne mentor. « Et… toi ? Ton exposition ? » demande-t-elle, pas certaine que ce soit bon d’enchaîner sur ça. « Promis, je serais sage. » dit-elle avant de placer sa main devant sa bouche : ce qu’elle entendait par ‘sage’, c’est globalement un ‘je ne lancerais aucune pique sur le temps que tu passes au boulot’ sous-entendu, certainement compris par Ellie. Quoi d’autre, sinon ?

@Ellie Williamson Rolling Eyes
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyJeu 23 Juil - 17:02


Assises devant leurs verres d’eau, Rose occupée par ses coloriages, aucune ne pipe mot mais cette fois, le silence est moins dense, moins lourd : il est simplement gêné, timide presque. Elles se sont trop livrées d’un coup, sans retenue, après des mois à vivre et à se noyer dans des non-dits trop encombrants. Ellie hésite, vidée par sa propre audace d’avoir ouvert son coeur, elle qui a tant pris l’habitude de se renfermer ; Kate attend, sur ses gardes, que sa femme lui prouve que ce n’était pas qu’un accès temporaire comme elles en avaient si souvent. La Finlandaise veut montrer patte blanche, pourtant. Alors elle essaie, difficilement, d’entamer la conversation à nouveau, de faire le pas nécessaire vers elle, de montrer qu’au moins pour aujourd’hui, les hostilités s’apaisent et qu’elles peuvent faire tomber les armes. Qu’importe ce qu’il adviendra le lendemain : pour l’instant il s’agit non seulement de leur fille, mais aussi et surtout d’elles. Toute tentative de réparer les pots cassés est bonne à prendre, et à cet instant, comme rarement, Ellie est prête à saisir l’opportunité.

« Ca va, écoute. On a des nouveaux internes, tu sais comme ils sont au début : tout stressés et pas du tout efficaces. »

Ellie voit le pétillement singulier s’allumer dans ses yeux de sa femme, comme à chaque fois qu’elle parle de son boulot - ses mains s’agitent, ses yeux se lèvent vers le ciel pour l’accompagner dans sa réflexion, ses lèvres s’incurvent davantage vers le haut. Les sourcils se froncent, mais pas sérieusement, jamais sérieusement. Et au soulagement de revoir enfin cette facette-là de Kate s’ajoute la culpabilité d’être celle qui lui coupe l’accès à plus. Parce que ce sont ses ambitions à elle, ses besoins d’une carrière installée et réputée, qui prennent le pas sur ceux de sa femme. L’immigrée a besoin d’assurer ses arrières et, elle en est consciente, c’est souvent au détriment de sa compagne. « Et… toi ? Ton exposition ? Promis, je serais sage. » Et malgré cette réflexion, malgré la touche de sincérité qui teinte le ton de Kate, elle tique un peu, malgré elle, déjà sur la défensive, prête à se faire valoir. Un regard en direction de Rose, coloriant une ébauche de papillon avec passion, la rassérène avant qu’elle n’explose : “Ca va bien.” Ton court, presque sec : la méfiance est claire. Elle se force à développer : “Il y aura des représentants de Stanford présents, on espère conclure un partenariat avec eux pour nos étudiants. On sera également bénis par une visite de Baskin Robb-” (elle se reprend de justesse) “Mr. Baskins, mon remplaçant à l’Institut.” Le surnom assaisonné aux donuts qu’a donné Ava à ce vieux crétin est resté collé, maintenant.

On pourra venir voir, äiti ?

Rose a relevé le nez de son gribouillage qui dépasse de la feuille et salit le set de table, des yeux pleins d’espoir ancrés dans ceux de sa mère. Ellie n’est pas sûre qu’emmener leur fille à une exposition intitulée Phallocratie : émasculation/émancipation soit forcément judicieux pour une éducation sans trauma, mais sur le coup, elle se refuse à une contestation de plus : “Bien sûr, ma chérie”, ment-elle avec aplomb. Il faudra miser sur la courte mémoire de leur fille pour s’en tirer, mais comme à chaque fois, ça marchera. Jusqu’à ce qu’elle s’en souvienne, et se sente à nouveau rejetée.

***


C’est bon, elle dort”, chuchote Ellie en retrouvant le salon de leur B&B, à pas de loup, se laissant tomber sur la chaise qu’elle a quitté dix minutes auparavant.

Kate, face à elle, hoche la tête et semble anticiper autant qu’elle ces retrouvailles impromptues. Ellie aurait du s’en douter, mais bizarrement la réalité la frappe comme un poing au ventre, une réalisation soudaine qu’elle pensait pourtant si loin : ce n’est plus qu’elles deux, maintenant, loin de leur fille, sans excuse pour tirer au flanc en rentrant du boulot trop tard ni canapé dépliable sur lequel se rapatrier si elle n’a pas envie de voir le visage de sa femme. Elle se mord la lèvre inférieure, incapable de réfléchir à quoi que ce soit, inapte à prendre une quelconque décision sensée - pas après des mois à s’en empêcher. “Vin ?” propose-t-elle alors, mais l’aplomb qu’elle a employé toute la journée manque à l’appel. Même rapprocher sa chaise de celle de sa femme lui semble impossible, et elle se rappelle brièvement de leur rencontre, quand elle se sentait comme une ado de quinze ans face à son premier flirt, incapable de rien, trop sensible à tout. Elle rapatrie sur la table les deux coupes qu’elles ont utilisé plus tôt et y verse de la bouteille qu’elles ont acheté à la supérette voisine en arrivant. Deux nuits à passer ici, quand cinq minutes lui semblent déjà si étouffantes. Elle doit contenir un soupir tremblant quand elle se lève et prend place sur le canapé, invitant Kate à la rejoindre et ne sachant d’un coup plus où ranger ses mains. “Je crois que Rose a beaucoup aimé son cadeau”, bafouille-t-elle, exaspérée par ses propres lacunes, par son comportement d’adolescente émue. “Merci.” D’être venue. De lui accorder une autre chance. D’avoir tout fait pour que ça se passe si bien. De ne pas avoir essayé de la donner à bouffer aux tortues.

@Kate Williamson mrci
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptySam 25 Juil - 16:33


Parler du travail, c’est ce qui est censé être le plus facile pour éviter les sujets fâcheux, c’est censé être un sujet facile qu’on aborde quand on sait pas trop quoi dire, quand on a épuisé toutes les conversations qui contournent le problème. Mais pour elles, le travail, c’est justement ce sujet tabou, et c’est ça qui est paradoxal. Ca fait des mois qu’elles n’ont pas parlé normalement, des mois que l’animosité dans la voix se fait ressentir, et des mois qu’elles tournent autour du pot pour éviter la confrontation. Alors quand Ellie s’aventure sur ce terrain, elle sait que ce ne sera pas lisse, que ce sera justement bien difficile de ne pas s’embrouiller, mais elle y va quand même, et Kate préfère prendre ça pour une tentative de réconciliation – maladroite, certes, mais peut-on s’attendre à mieux avec Ellie ? La blonde répond avec engouement, et retourne la question à sa femme. Elle essaie de montrer patte blanche – elle non plus ne veut pas que ce dîner tourne au vinaigre – mais la finlandaise semble se renfermer un peu. Comme si Kate avait sorti la phrase de trop, comme si parler de son boulot à elle était justement ce qui froissait tout le monde. “Ca va bien.” La revoilà, sa femme au ton sec et cassant, celle qui se montre chaleureuse puis refermée la seconde d’après. La revoilà finalement, la finlandaise sur la défensive, prête à défendre son opinion sans écouter celui de l’australienne. Et face à cette personne, Kate ne peut s’empêcher de baisser les yeux en se disant que c’est certainement peine perdue, que peu importe les efforts, la déception sera toujours au rendez-vous. Elle déglutit, offre un sourire forcé mais qui se veut joyeux à sa fille qui a relevé les yeux vers elle en sentant certainement la tension qui les anime à nouveau, et hausse les sourcils quand Rose retourne à son coloriage. La brune semble tout à coup se souvenir qu’elles ne sont pas là pour se bouffer le nez, et elle développe davantage, le ton plus doux. Mais encore une fois, c’est trop tard, Kate se tait pendant que leur fille demande à l’autre maman si elles pourront assister à l’exposition, tandis qu’Ellie répond favorablement. Des promesses, toujours des promesses faites dans le vent pense-t-elle alors, persuadée qu’elles ne s’y rendront pas. De toute façon, les œuvres exposées sont rarement éducatives pour les enfants, et Kate ne laissera jamais Rose voir des peintures d’hommes nus en train de baiser une femme par derrière.

Le serveur apporte les plats et la petite famille mange rapidement leur pizza pendant que Rose leur explique tout ce qu’elle a retenu des explications de Jason. Elles paient, reprennent la route, Ellie s’adresse à l’accueil du B&B et elles montent dans l’appartement. Presque étonnamment, la finlandaise s’occupe de leur fille comme si c’était normal, et c’est donc elle qui lui donne le bain et qui lui lit un bouquin avant de la border pour la coucher. Pendant ce temps, Kate en profite pour retrouver son téléphone afin de répondre à Kane qui lui raconte qu’ils ont bien pensé à elle aujourd’hui parce que maman avait préparé son repas préféré, et se sert un autre verre de vin en attendant Ellie : elle appréhende leurs retrouvailles sans Rose au milieu. Ce soir, c’est juste elles deux. “C’est bon, elle dort” chuchote sa femme en venant s’asseoir en face d’elle, sans pour autant la regarder dans les yeux. Le silence qui s’installe est tout de suite moins confortable qu’il y a quelques heures, chacune se retrouvant à nouveau seule quand bien même elles sont dans la même pièce. “Vin ?” La demande est moins enjouée, le ton moins léger : c’est plus un besoin de s’ennivrer qu’une volonté d’un moment de partage. La blonde hoche la tête, tend son verre qui contient encore le fond de vin qu’elle n’a pas terminé pendant les dix minutes durant lesquelles Ellie s’occupait de leur fille, et observe le liquide remplir les coupes, comme si ce geste constituait le principal intérêt ce soir. Le vin versé, le silence reprend sa place privilégiée, et Kate trempe ses lèvres dans le breuvage qu’elle a déjà goûté trois fois ce soir : avec la bouche pleine, difficile de parler, n’est-ce pas ? L’invitation pour s’asseoir sur la canapé ne l’enchante pas, mais elle s’efforce de se lever pour aller rejoindre sa femme. Refermer la distance physique lui parait tout à coup être une étape supplémentaire à surmonter, et elle ne sait pas si elle en sera capable. “Je crois que Rose a beaucoup aimé son cadeau” Et pourtant, elle essaie Ellie. Elle continue d’essayer quand bien même la situation est compliquée, quand bien même Kate est de retour sur la défensive, elle aussi. Kate, c’est de ta faute si vous en êtes arrivées là. Il va falloir que tu lui pardonnes en retour, toi aussi. Un mince sourire en coin, elle n’ose pas tourner la tête pour croiser le regard de sa femme, honteuse de lui en vouloir à ce point. “Merci.” Et cette fois-ci, c’est une douce sensation de chaleur qui envahit son cœur. Elle a du mal à intégrer toutes les émotions de cette journée, d’une réconciliation possible avant que la rancœur ne vienne tout gâcher à nouveau, à cause d’une phrase, d’un ton, d’une méfiance, mais sur lesquels elle s’est attardée. Kate, lâche prise. Tu vois bien qu’elle essaie. Parce que son merci est sincère, que c’est tellement rare qu’elle en entende un, et qu’Ellie semble aussi gênée qu’elle, la blonde parvient finalement à laisser couler, elle parvient à enfouir – encore une fois – sa rancœur.

D’une main tremblante, elle pose le verre de vin sur la table de chevet, et de cette même main tremblante, elle vient prendre celle de sa femme. Elle s’adosse sur le canapé, tourne finalement doucement sa tête vers Ellie, les yeux remplis de tristesse et de culpabilité. « Je t’aime, tu sais ? » demande-t-elle finalement, sa deuxième main libre venant se poser sur la joue de la brune. Son pouce caresse ses pommettes, alors que ses yeux cherchent une quelconque expression dans ceux de sa femme. « J’en ai marre qu’on se déchire. » lâche-t-elle, la sincérité tremblante dans sa voix. Peut-être que c’est l’alcool qui parle pour elle, peut-être que c’est tout simplement la fatigue, mais elle est épuisée de la situation. « J’aimerais que ça aille mieux, qu’on aille mieux. » finit-elle, son regard se perdant dans celui de sa femme avant de descendre sur ses lèvres, ces douces lèvres qu’elle n’a pas embrassées depuis une éternité. Et tout à coup, c’est leur alchimie, leur complicité, et surtout leur amour qui lui manque terriblement.
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyMar 28 Juil - 12:32


Le retour au B&B est aussi tendu que la Finlandaise l’aurait imaginé - rien ne semble plus facile, ou instinctif, depuis qu’elles se sont éloignées et ce changement a des airs d’irrémédiable et d’irréversible qui la chagrinent. Elle se fait pourtant violence pour garder toute sa contenance, toute son allure devant leur fille qui, comblée par le fait de fêter son anniversaire avec des tortues et ses mamans unies, ne prête aucune attention aux dissensions qui continue de parcourir celles-ci. Le chemin vers l’entente est long tant elles se sont perdues dans leur conflit et tout mot semble déplacé, de trop, regrettable, démesuré. Alors Ellie ne parle plus. Ellie se contente de hâter sa fille au lit et de la border, lui racontant une vieille fable finlandaise qu’elle avait maintes fois entendue étant elle-même petite, et se bornant à se perdre dans ce récit et dans ce moment privilégié avec l’enfant qu’elle voyait si peu. Ce rituel a perdu de sa saveur, depuis qu’Ellie le trahit en rentrant toujours trop tard, et elle sent qu’elle déçoit sa fille le peu de fois où elle a le temps de vraiment passer du temps avec celle-ci : la petite Rose regrette l’absence de sa deuxième mère, se réjouit trop de ces quelques moments passés avec elle pour que son engouement ne révèle pas une plaie profonde et trop dure à interpréter pour son jeune âge. Ellie le sait - un jour, toutes ces absences lui retomberont dessus. A l’adolescence, peut-être, ou bien plus tard, à son enterrement où peu viendront, l’abandonnant comme elle les a abandonnés. Pour l’heure, elle savoure ce moment, la minuscule main de Rose dans la sienne alors que ses paupières se ferment.

C’est presque à reculons qu’elle quitte la chambre, réticente à retrouver sa femme. Leur brève ouverture de tantôt s’est conclue sur une rétractation d’autant plus violente qu’elle était soudaine : la Finlandaise a vu sa femme se refermer complètement, retrouver ses traits durs alors qu’elles parlaient du travail et si elle a immédiatement regretté ses mots, sa propre attitude de défiance, elle a fini par se refermer à son tour, incapable de présenter ses excuses ou de tirer la conversation jusqu’à un autre sujet. Alors elle penche la tête, Ellie, elle a les yeux rivés vers le sol lorsqu’elle pénètre à nouveau dans l’atmosphère lourde de la salle à manger, elle s’assoit avec délicatesse, comme pour s’excuser de sa présence et elle propose du vin à Kate sans savoir si c’est par habitude, pour amorcer une conversation ou simplement par envie. Ces derniers temps, les limites de leur relation semblent brouillées, infranchissables et Ellie ne sait même plus ce qu’elle fait vraiment pour elle-même. Reste-t-elle par envie ? par habitude ? Essaie-t-elle de se rapprocher de Kate uniquement par souci de bien faire ? Y a-t-il encore une volonté autre que celle de ne pas briser le coeur de leur enfant ? Elle la cherche, cette volonté, dans les yeux de Kate, puis tout au fond de son verre de vin, quand elle la remercie timidement d’être venue. Sa voix tremble et ça aussi, elle en est péniblement consciente, comme de ses mains peu stables et de sa mâchoire qui n’arrête pas de se contracter, parce que comme à chaque fois tous ses défauts et toutes ses failles lui sautent à la gueule. Elle espère que Kate ne les voit pas, en sachant pourtant que rien n’échappe plus à celle qui la connaît par coeur depuis plus de dix ans.

« Je t’aime, tu sais ? »

Une main jumelle à la sienne, tout aussi tremblante, s’est saisie de la sienne et par réflexe, Ellie s’est crispée, remontant ses gardes jusqu’à recouvrer cet air dur qu’elle affectionne tant. Il ne tient pas, pourtant. Il a tôt fait de la trahir, elle dont la coupe de vin manque de vaciller, elle qui est forcée de relever la tête alors qu’une main se pose sur sa joue. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas entendu ces mots ? Est-elle la dernière à les avoir prononcé, ou était-ce Kate ? « J’en ai marre qu’on se déchire. » Ellie sent poindre la lassitude dans la voix de sa femme. Elle qui a toujours été envieuse de sa bravoure se sent plus jalouse que jamais - se montrer aussi ouverte lui semble impossible, déraisonnable, presque dangereux. Alors, “Je sais”, murmure-t-elle, et déjà ça lui coûte, déjà se fait-elle violence pour ne pas baisser les yeux. Elle échoue, pourtant, et ils se retrouvent inévitablement rivés sur la table basse, sur l’écran de télé, sur ses chaussettes, sur ses genoux. Tout, sauf Kate. Tout, sauf lui donner la possibilité de la détruire - elle a déjà trop donné de ce côté-là. « J’aimerais que ça aille mieux, qu’on aille mieux. » Leurs regards se croisent à nouveau et Ellie est prise au dépourvu, mise à nu sous ces yeux qui la débarrassent si bien de toutes ses défenses, et alors elle réalise : elle n’a jamais été plus forte, Kate a simplement arrêté de chercher à la faire s’ouvrir. “Je sais”, répète-t-elle, du bout des lèvres, parce qu’elle est incapable de dire autre chose et de le dire autrement. Alors elle laisse leurs lèvres se rapprocher, se retrouver. Elle laisse sa main se poser sur la nuque de sa femme, comme avant, et elle laisse la sensation de douceur l’envahir, comme avant. Le fait que tout ait changé est annexe pour ce soir : elles s’embrassent et l’espace d’un instant, le goût des lèvres de Kate peut effacer toutes leurs erreurs. Quand enfin leurs lèvres se séparent, Ellie se refuse à briser le contact et pose son front contre celui de sa femme, nouant ses doigts au sien. Comme avant. Toujours tout comme avant, jamais rien dans un futur où il est devenu impossible de se projeter. “Je vais changer ça”, promet-elle, de manière nébuleuse, comme toujours. Elle va changer ses absences. Elle va voir quelqu'un, enfin passer à autre chose, arrêter de repousser sa famille actuelle pour celle qu'elle aurait pu avoir avec leur première fille. Elle sera plus présente, elle sera mieux, elle sera . Un jour. “Mais j’ai besoin de temps. Et de toi.” Dans sa promesse, une révélation voilée : elle sait. Quelque chose, ou quelqu’un, les éloigne et c’est Kate qui en est à l’origine. Et elle est prête à oublier si Kate est prête à l’écarter. Peut-être que ça peut être aussi simple que ça, finalement.
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyJeu 30 Juil - 12:10


La voix tremblante d'Ellie, son regard fuyant et sa mâchoire contractée trahissent son malaise, sa volonté de fuir cette pièce où elles ne sont que toutes les deux. Et si Kate connaît ces expressions par cœur, ce n'est pas pour autant qu'elle aime les voir sur le visage de sa femme : ça annonce rarement quelque chose de bien, la plupart du temps. Ellie essaie de briser la glace, maladroitement comme à chaque fois, et comme à chaque fois, Kate n'arrive pas à laisser de côté sa rancœur : elle a besoin de lui en vouloir pour oublier que c'est finalement elle qui a certainement tout fait foirer. Mais la blonde finit tout de même par laisser tomber ses dernières barrières, elle est fatiguée, lassée de ce match qui ne connaîtra jamais de vainqueur, épuisée des combats qu'elle mène seule pour leur famille afin d'éviter le déchirement. Mais ce qu'elle ne voit pas, c'est qu'il est inévitable ce déchirement, c'est qu'elle brisera Ellie en mille morceaux quand elle lui avouera être allée voir ailleurs. Cependant, l'heure n'est pas aux confessions - pas celles-ci en tous cas - et Kate prend sur elle pour faire un pas vers sa femme : quand l'une se renferme, l'autre est tout à coup disposée à s'ouvrir, une dynamique éprouvante pour les deux femmes qui n'arrivent décidément plus à se caler sur la même fréquence. Et malgré sa voix douce, la finlandaise doit sentir la lassitude dans sa voix, l'irritation aussi. Le contact paume-joue est bref, Ellie coupe le lien en baissant les yeux, la main de Kate retombant alors sur sa cuisse. "Je sais." Elle sait que la finlandaise est incapable de parler davantage, elle a appris à décoder ses expressions faciales et là, là c'est sa façon à elle de détourner le regard pour fuir la confrontation. "Je sais" qu'elle répète, machinalement, sans savoir quoi ajouter, leurs regards se croisant à nouveau. Et même si ces deux mots ne veulent pas dire grand chose finalement, Kate sait qu'Ellie l'a entendue, qu'Ellie est là, avec elle, sensible à cette discussion. Elle sait que la brune ne peut rien dire de plus, qu'elle n'y arrivera pas, mais elle sait surtout qu'Ellie s'en veut. Pour la première fois, la finlandaise semble avoir autorisé Kate à apercevoir la tristesse dans ses yeux, elle l'a autorisée à lui montrer qu'elle aussi est affectée de la situation, et que les mots ne sont pas suffisants pour exprimer sa peine. Et quand la brune se rapproche finalement, que leurs lèvres se touchent vraiment, que l'odeur de sa femme envahit son cœur de chaleur et que sa main qui caresse sa nuque la fait frissonner, Kate en oublierait presque toutes leurs altercations. Parce que ça fait tellement longtemps qu'elles n'ont pas partagé de baiser - de réels baisers - et ça fait tellement longtemps qu'elles n'ont pas eu ce genre de proximité. Le baiser s'interrompt, mais leur front collé et leurs doigts liés les unit toujours, et ça fait du bien, vraiment du bien. Le cœur de Kate bat fort, et cette fois-ci, ce n'est pas parce qu'elle refoule sa colère, cette fois-ci, ce battement intense répond d'une sensation agréable qui l'envahit : celle de retrouver sa femme. "Je vais changer ça." La promesse semble réelle, Ellie veut vraiment s'investir davantage dans leur relation et pour l'instant, ça suffit à rassurer Kate. Elle pince les lèvres en souriant timidement, et ferme les yeux, appréciant ce moment de trêve. Décidément, elles s'en sortent pas si mal ce week-end. "Mais j’ai besoin de temps. Et de toi." La blonde ouvre ses yeux à nouveau pour relever son regard, et serre davantage les petits doigts de sa femme dans les siens. Elle hoche doucement la tête, éloigne son visage et lâche la main d'Ellie pour poser ses deux paumes sur les joues de la brune : elle veut la regarder dans les yeux. "Je suis là, je suis toujours là." Malgré tout, malgré ma tromperie, malgré ta tromperie, pense-t-elle sans le dire pour autant. Parce que si Kate était allée voir ailleurs, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'Ellie le savait et qu'elle en avait fait de même pour se venger. Peut-être même que cette liaison entre la brune et une autre est régulière, peut-être même que c'est de Victoire dont il s'agit. Mais là n'est pas la question, là, Ellie a besoin d'être rassurée. Elle l'embrasse sur le front, sur les paupières, descend sur le nez puis sur les deux joues, et dépose finalement un baiser rapide sur ses lèvres. "Hey hey hey, regarde-moi", la l'interpelle-t-elle en voyant sa femme baisser les yeux à nouveau. "On va s'en sortir, okay ?" L'espoir la frappe alors, elles en ont besoin toutes les deux, de cet espoir. "Est-ce que tu penses que..." L'hésitation est brève, mais elle sait qu'il faut demander, "...qu'on devrait voir quelqu'un ?" Thérapie de couple entend-elle par là. Parce qu'elles en ont besoin, elles en ont réellement besoin s'il faut avancer, et peu importe si leur fierté en prend un coup : accepter avoir besoin d'aide, c'est tout sauf facile pour ces deux femmes. Surtout pour ces deux femmes.
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyJeu 30 Juil - 15:18


Combien de temps depuis leur dernière conversation sincère, à coeur ouvert, sans que la rancoeur ne prenne le pas sur la franchise et sur l’affection qui continue de les unir ? Ellie, elle n’a jamais été bonne pour ce genre de conversations - toujours le mot de trop, la provocation sortie trop vite, le don de prendre la mouche et de s’offusquer quand sa femme cherche juste réassurances et témoignages de sa présence sans faille. Gamine, déjà, éviter les confrontations, c’était toujours sa marotte, sa manière à elle, aussi, de se protéger des reproches qui la heurtaient bien trop vite et bien trop fort. L’enfant modèle de laquelle on attendait tout sans concessions ne savait plus prendre les critiques sans entièrement se remettre en question. D’ailleurs, elle ne l’avait jamais su, et s’enterrer dans ce en quoi elle était douée lui évitait d’avoir à faire un focus trop intense sur ces défauts qui la paralysaient tant. Elle en était consciente, sa relation avec Kate en avait souvent souffert, bien trop de fois pour qu’elle ne puisse compter et ce n’était certainement pas récent. Non - un tournant s’était engagé dans leur relation, qu’il se soit impulsé de lui-même ou que Kate en soit à l’origine. Elle le sentait, l’avait su dès lors que sa femme avait amorcé une tentative de rapprochement entre elles, et si elle s’était bornée à s’éloigner davantage par réflexe de défense, c’était surtout pour éviter de penser aux raisons derrière ce changement.
Cette fois, cependant, elle se sent prête à y plonger. Elle se sent prête à s’ouvrir, même, à dévoiler un peu de la tristesse qui lui pèse à sa femme, à s’autoriser à lâcher prise. Si elle ne peut le faire avec la personne qui partage sa vie, alors avec qui ? Elle avoue à demi-mot que Kate aussi, lui manque. Bien sûr qu’elle en a marre. Bien sûr qu’elle l’aime. Tout ça passe par un je sais qu’elle espère sans équivoque, parce qu’elle est incapable d’articuler quoi que ce soit d’autre, toujours trop apeurée, toujours trop fière. Mais elle sait que le message est passé parce que cette fois, Kate ne s’énerve pas, ne lui retourne qu’une pression de la main et lui rendant un regard plus assuré, plus vulnérable que jamais. Alors elle y arrive, Ellie ; enfin, elle consent à promettre qu’elle changera, parce qu’elle n’a jamais rien voulu d’autre. Elle est prête à faire face à sa fausse-couche, à son impression harassante de médiocrité constante, à sa plus grande complice qu’elle a fini par tourner en ennemie.

"Je suis là, je suis toujours là."

Et cette fois, Ellie sait qu’elle ment mais elle ne relève pas, ne se referme pas, parce qu’elle est prête à passer outre. Juste pour ce soir, juste pour ce week-end, juste le temps que leurs fronts se touchent et que le reste de l’univers endormi a décidé de leur laisser un court moment de répit. Les lèvres de sa femme sur son visage puis sur ses lèvres la réconfortent, lui laissent un bref instant entrevoir la complicité qui les a forgées et qu’elles ont pourtant laissé se perdre. "Hey hey hey, regarde-moi." La voix de Kate la rappelle à l’ordre, la force à ne pas baisser les yeux encore une fois - "On va s'en sortir, okay ?" Là non plus, Ellie ne relève pas, ne cherche pas à la contredire. Elles ont trop souffert et se sont trop déchirées pour que la guérison soit aisée et peut-être même que leurs blessures sont trop profondes et incompatibles pour pouvoir se refermer alors qu’elles sont encore si proches l’une de l’autre, trop capables de les remettre à vif à la première altercation. La Finlandaise déglutit, simplement et cette fois, c’est elle qui est incapable de réconforter son épouse. "Est-ce que tu penses que...qu'on devrait voir quelqu'un ?" Kate doit avoir senti son hésitation ; cherche à nouveau son regard pour y lire une quelconque trace d’assentiment, si celle-ci existe. C’est un froncement de sourcils qui lui répond : “Je… Je sais vraiment pas, K.” Une main se porte à ses lèvres et elle se ronge les ongles en ce geste caractéristique qui ne manque jamais de trahir son agitation.

Est-ce que j’ai envie de miser l’avenir de notre couple dans un homme éduqué à la freudienne qui va nous psychanalyser jusqu’à la moelle à grands renforts de clichés hétéronormés ? Je suis pas sûre.

Le ton sardonique qui lui sert tant de refuge est de retour et elle se force à déglutir, compter jusqu’à cinq, reprendre le calme qu’elle ne souhaite pas perdre. “Ce que je veux dire, c’est que je me méfie de ce genre de professionnels. C’est encore tôt.” Ca fait à peine deux ans que le mariage gay a été légalisé - combien de couples homosexuels sont passés par cette case en ce court laps de temps, combien ont été pris au sérieux avant 2018 et combien ont-ils été victimes de clichés encore trop prégnants dans leur société ? L’idée n’est pas balayée pour autant, parce qu’Ellie veut y mettre du sien, ne pas témoigner d’une si mauvaise volonté si rapidement. “On peut se renseigner”, finit-elle par consentir. Tant pis pour ses a prioris, tant pis pour sa réticence à se confier à quelqu’un d’extérieur à leur couple qui n’aura aucune carte en mains pour les aider à cheminer vers la réconciliation. Elles doivent bien ça à Rose. La jeune femme noie un lourd soupir dans une nouvelle gorgée de vin, puis elle repose le verre sur la table et pose sa main sur la cuisse de Kate, la caresse du bout du pouce. Sa façon à elle de dire merci, pardon, et j’avais besoin de ça tout à la fois. “On devrait aller dormir, si on veut se lever tôt demain”, glisse-t-elle à contrecoeur, la voix toujours basse. Rose, qui se réveille toujours au plus tard à sept heures trente, ne leur laisse que peu de répit et l’heure tourne, la jeune mère le sait. Pour autant, elle n’a pas envie de se glisser au lit et de conclure la journée sans savoir si elles retrouveront ce même apaisement le lendemain. C’est un nouveau soupir qui communique sa réticence à Kate et presque instantanément, elle trouve comment les distraire de l’horloge qui bat la mesure de la nuit qui progresse : “Il y a une soirée spéciale au Gresham mercredi soir, un ami reprend le restaurant.” A son arrivée en Australie, c’était Kate qui lui faisait découvrir la ville et lui transmettait les endroits les plus secrets, comme un repaire partagé entre elles à l’abri du reste du monde. Quand enfin Ellie avait commencé à se faire des relations dans son pays d’accueil, ç’avait été à son tour de faire découvrir à sa femme ses endroits favoris et elle y avait pris goût. “On devrait prendre une babysitter pour Rose, si tu es disponible”, lâche-t-elle tout à trac, la voix hésitante malgré elle. Peut-être que par-dessus tout, c'était de se retrouver, dont elles avaient éperdument besoin.
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptySam 8 Aoû - 23:43


La proposition pour la thérapie de couple n'enchante pas vraiment Ellie, ça a plutôt l'air de l'angoisser plus qu'autre chose. La brune porte ses doigts à sa bouche pour se ronger les ongles, et l'australienne ne peut s'empêcher de penser que c'est en partie de sa faute si elles en sont à ce stade. Mais si Kate avait proposé ce genre de thérapie, c'est justement parce qu'elle avait vu le point de non retour être franchi, c'est parce qu'elle ne savait plus comment faire pour retrouver sa femme, et c'était peut-être aussi pour se dédouaner de ses actes ; parce qu'après avoir perdu leur premier bébé, Kate avait essayé d'être présente pour Ellie, mais le rejet avait été fort. Le rejet de la proposition d'adoption avait été brutal, lui aussi. Pour autant, Kate avait pris sur elle parce que ce n'est pas elle qui avait perdu l'enfant, ce n'est pas elle qui portait la culpabilité d'avoir échoué, et ce n'est certainement pas elle qui avait vu une part d'elle-même arrachée. La douleur n'en avait pas été moins forte à l'époque, mais il fallait qu'elle soit présente, pour Ellie, pour leur future famille. Et elle l'a toujours été, présente, Kate, même après être tombée dans les bras de Lex - surtout après être tombée dans les bras de Lex, en fait. Elle avait fait des efforts monstrueux pour se rapprocher d'Ellie, la culpabilité la rongeait tellement qu'elle avait tout fait pour donner de l'attention à sa femme. Elle s'était rendu compte de son erreur (trop tard, certes, mais tout de même) et avait tenté de se racheter auprès de la finlandaise. Elle aurait dû se douter que la brune aurait eu des suspicions : on ne redevient pas aussi douce en perdant de sa rancune du jour au lendemain sans avoir quelque chose à se reprocher. Mais sur le coup, Katherine n'a pas réfléchi ; sur le coup, elle s'en voulait tellement qu'elle avait peur d'être la cause de l'éclatement de leur petite famille. Alors la proposition de thérapie de couple semblait être un bon compromis : il fallait qu'elles prennent toutes les deux leur part de responsabilité et qu'elles se pardonnent une bonne fois pour toute, mais c'est difficile de faire ce pas quand il n'y a personne d'extérieur pour dire à quel point on est en train de merder.

Et si Ellie semblait hésitante au début, elle a plutôt l'air radicale finalement. Elle marque cependant un point en parlant des difficultés auxquelles elles vont devoir faire face, parce qu'effectivement, si elles vont voir un spécialiste, c'est pour régler leurs problèmes, pas en rajouter une couche avec des préjugés et des visions hétéronormées qui se veulent bienveillantes mais qui sont finalement rabaissantes. Alors Kate comprend la réticence d'Ellie, mais elle baisse toutefois les yeux, lèvres pincées, en secouant doucement la tête de droite à gauche : elle est déçue de voir qu'encore une fois, elle est la seule à essayer.

"On peut se renseigner."

Cette dernière phrase fait relever la tête de la chirurgienne, le regard presque coupable d'avoir pensé trop vite à cette déception si connue entre elles. Elle lui offre alors un faible sourire, accepte la main sur sa cuisse en posant la sienne par-dessus, et acquiesce timidement d'un hochement de tête. "D'accord, merci" souffle-t-elle, le regard brillant d'espoir. Ce n'est vraiment pas le moment de faire la fine bouche, Ellie veut faire des efforts et elle le montre suffisamment. "Ca compte beaucoup pour moi." continue-t-elle, son regard étant rivé cette fois-ci sur leurs deux mains sur sa cuisse. Ça lui manquait vraiment, cette proximité. Mais le moment ne dure pas, le silence non plus, Ellie le brise en lui proposant d'aller se coucher. Déjà ? "Hm, on peut, oui." se contente-t-elle de répondre, elle n'a pas envie d'aller au lit tout de suite, elle n'a pas envie que ce moment s'arrête, elle n'a pas envie que cet instant ne soit qu'éphémère et ne dure pas, elle a besoin de savoir que ça va vraiment s'améliorer entre elles, que les quelques mots échangés ce soir ne sont pas que des belles paroles. Mais aucune des deux femmes ne bouge du canapé, elles restent assises sans broncher, n'osant pas perturber ce semblant de conversation qu'elles ont eue. C'est finalement Ellie qui propose une soirée pour continuer sur cette lancée, rien que toutes les deux, et Kate s'emballe tout de suite bien qu'une petite voix la met en garde sur ce genre de promesse. "On prendra une baby-sitter alors." affirme-t-elle, le sourire aux lèvres lorsqu'elle croise le regard de sa femme de nouveau.

Kate se lève première et tend la main à Ellie pour s'assurer ne pas aller seule dans la chambre, mais la bienveillance dans ses yeux ne la quitte pas. "C'est qu'on commencerait presque à faire du bon boulot." dit-elle, la malice brillant dans ses prunelles. Elle est fière d'elles, fière d'avoir pu amorcer cette discussion avec Ellie, fière que ça ne se soit pas terminée engueulade. Et quand la finlandaise se lève, la blonde l'attrape par la taille pour lui déposer un doux baiser sur sa joue. Elles regagnent leur chambre, font leur toilette puis se déshabillent et se glissent dans leur lit en silence. Et pour la première fois depuis des mois, elles ne se mettent pas au bord du lit, chacune de son côté, non, pour la première fois depuis des mois, Ellie accepte de se blottir contre Kate.
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Message(#) Sujet: Re: you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) you did me so harsh, left me low with my high heels in the parking lot (kalli#1) EmptyDim 9 Aoû - 0:59


Ellie se délecte de cette trêve momentanée sans oser s’y faire pourtant : les mois à se déchirer, à s’éloigner toujours plus sans un pas en direction de l’autre l’ont marquée au fer rouge, trop pour qu’elle ne parvienne à jeter toute prudence par-dessus son épaule. Et elle a envie d’y croire, vraiment ; elle a envie de penser que ce pas en sa direction de la part de sa femme est sincère, envie d’oublier la possibilité que sa femme l’ait trompée pour se concentrer sur ce qui les unit vraiment : elles s’aiment toujours, et leurs dix ans de relation ont culminé à la naissance de Rose, leur parfaite petite Rose, qui a les yeux profonds et le nez intelligent de sa mère australienne et le caractère de feu de la seconde. Et aujourd’hui, c’est peut-être elle, le dernier vestige de leur relation ; la preuve ultime que leur union n’est pas futile ni dénuée de sens, et ce qu’importe leurs différends : à elles deux, elles ont créé ça, et c’est trop parfait pour que ça s’arrête si abruptement et dans un déchirement perpétuel. Et c’est pour ça, et rien que pour ça qu’Ellie consent à aller voir un psychothérapeute de couple, ou du moins à regarder - elle est encore à convaincre, mais elle fait un pas dans la direction de Kate et c’est tout ce qu’elle peut donner dans son épuisement après des mois de guerre.

"D'accord, merci. Ca compte beaucoup pour moi."

Et là aussi, elle n’est pas sûre de pouvoir la réconforter comme Kate l’aurait voulu, mais le moins qu’elle puisse faire, c’est au moins tenter de la croire. Le silence retombe sur le couple, emmuré dans des semaines consécutives de silence et ni l’une, ni l’autre ne sait quoi dire pour briser la glace qui les sépare. Toute conversation est devenue fastidieuse, sujette à la dispute, et quand Ellie propose d’aller se coucher, c’est davantage par peur de briser le moment en abordant quelque autre sujet que par dépit. La déception est claire dans la voix de sa femme, pourtant, et elle se sent d’un coup investie du besoin de lui redonner le sourire. La soirée au Gresham, elle l’invente de toute pièce, se promet de faire mieux une fois le jour venu, parce que le regard de Katherine s’éclaire immédiatement et qu’elle ferait tout pour retrouver cette expression encore demain et les jours d’après. Tant pis pour le Gresham. Tant pis pour le reste du monde : elle ferait dix fois mieux que ça. "C'est qu'on commencerait presque à faire du bon boulot." Kate est debout, lui tend la main et celle d’Ellie, gantée de sa dépigmentation, la rejoint. Un sourire timide borde des lèvres de la brune mais le contact visuel est définitivement brisé : l’enhardissement dont elle a fait preuve a ses limites, et elle a peur de perdre toute contenance si jamais elle croise le regard de sa femme.

Alors elle se lave et se glisse sous les draps dans un silence de mort qu’elle ne sait plus comment briser tant il a pris de place entre elles, et dans son coeur, et dans toutes les fissures qui s’y trouvent. Alors Ellie ne dit rien, se contente de laisser sa main parcourir les boucles blondes de Kate, caresser les fossettes qui clairsèment ses joues, puis de s’enfoncer dans les bras de celle-ci pour retrouver son odeur rassurante et familière, la peau douce de son cou, et l’une des deux seules et uniques personnes qui ont composé sa famille en près de vingt ans d’existence. “Embrasse-moi”, quémande-t-elle finalement d’une voix faible, trop désespérée à son goût, parce que rien d’autre ne semble vouloir sortir et que parler lui demande bien plus que de s’exprimer avec des gestes. Elles font l’amour, et c’est plus tendre que tout ce qu’elles ont échangé en presque un an. Et elle ne se rappelle plus de quand date la dernière fois qu’elles ont partagé plus qu’une pièce dans leur maison, mais Ellie se rappellera distinctement avoir dû retenir ses larmes jusqu'à ce que le sommeil s'en charge pour elle.
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