Deuxième semaine en compagnie de Greg, et celle-ci fut bien plus rocambolesque que la première. On ne pouvait pas dire qu’elle ne s’était pas déroulée sans encombres. Ils avaient mis tellement de temps pour se rendre à Windorah, qu’ils avaient terminé avant-dernier. Oui, deuxième mais à l’envers. D’ailleurs cette position dans le classement a eu pour conséquences des remontrances pour Sienna de la part de Greg. Elle s’était contentée de lever les yeux au ciel pendant que lui râlait parce qu’ils avaient frôlé l’élimination. Ouais, certes, ils avaient eu chaud au cul. Mais ils étaient toujours en course, l’essentiel était là. Pour la dignité de Sienna par contre, c’était une autre chanson. Elle l’avait laissé en chemin, entre Windorah et Bédourie au bord de l’autoroute quand Greg lui avait tenu la serviette pour qu’elle enfile un pantalon propre. Parce qu’inutile de rappeler que madame s’était pissée dessus. Elle avait embaumé la voiture de leur conducteur d’une odeur de pisse insurmontable et Greg ne s’était pas gêné pour se foutre de sa gueule surtout que tout était filmé. Et même si dernier s’était arrangé avec Josh pour ne pas inclure ce passage au montage, rien lui garantissait que Josh allait tenir parole. Pendant le reste de la journée, elle n’avait même plus osé regarder Greg dans les yeux, tant elle se sentait humiliée par cet accident qui la suivra sans doute à vie dans sa courte carrière télévisée. Mais Greg s’était quand même montré cool avec elle et l’avait un peu aidé à se changer les idées après ça. Même si elle avait fini par pleurer de honte tout le reste de la nuit pendant qu’il dormait. Ah j’vous jure, se pisser dessus devant son binôme et un caméraman, c’est pire que tout.

Bref, c’était fou tout ce que l’on pouvait partager avec un inconnu. Il n’était plus si inconnu que ça, finalement. Elle passait toutes ses journées auprès de lui, à supporter ses grognements, ses remarques et son humour qui laissait parfois à désirer. En quelques jours elle eut le temps de le cerner, et pour un ours comme lui, il s’était facilement laissé approcher. Aussi, Sienna était sociable et n’était pas une femme difficile à vivre. Mais pas que, elle était aussi drôle, courageuse et généreuse (rien que ça), normal qu’il se laisse aller avec un petit bout de femme pareil. Enfin, c’était peut-être plus par habitude de traîner h24 avec elle pour l’émission, sans doute. S’ils s’étaient rencontrés dans la vraie vie, ils n’auraient jamais eu cette entente. Elle se surprenait parfois à se poser cette question. À se demander si leur complicité aurait été la même dans un autre cadre. Si dans la vraie vie, elle aurait réussi à le rendre un peu plus optimiste ou si lui aurait réussi à la faire rire à ses blagues de merde. Elle se pose tout plein de questions ça Sienna, sans savoir pourquoi. Peut-être parce qu’elle est curieuse et qu’elle aime s’imaginer toutes les situations possibles et inimaginables. Ou peut-être parce qu’elle n’a pas envie de s’attacher à un binôme qui pourrait ensuite totalement l’ignorer à la sortie du jeu. L’après Race of Australia lui faisait peur aussi. Elle commençait à un trop s’habituer à cette vie de route avec Greg, à ses ascenseurs émotionnels et ses trajets en voiture plus loufoques les uns que les autres. Elle commençait à s’accoutumer aux week-end détente et aux retrouvailles avec les autres candidats. Rien que de penser à un après lui faisait déjà un pincement au coeur et Sienna préférait rester dans le déni pour le moment.

Un déni qu’elle nourrissait en passant du temps avec Greg ou avec les autres candidats pendant les week-end détente. Comme cet après-midi, avec plein de gens, dont l’ex belle-fille de Greg et Elias lors d’une course sur circuit pendant que l’ours se dégourdissait les pattes au spa (sans Ivy, elle espérait). « C’est moi, j’suis là et j’ai trop faim. » Dit-elle comme une épouse qui rentrait d'une dure journée de travail et qui espérait que son homme au foyer lui ait préparé le souper. Elle toqua la porte et l’ouvrit sans attendre le moindre de mot de Greg. C’état sa chambre à elle aussi, et puis bon, depuis le pipi, les dernières limites de la gêne étaient presque franchies. Greg ne savait pas du tout qu’elle avait passé l’après-midi avec Elias, mais rien que d’imaginer la réaction de son binôme, elle se marrait intérieurement. Elle entra dans la chambre d’hôtel, assez fatiguée de cette après-midi à faire la course avec les deux autres binômes et Jack. C’est pas comme si elle ne courrait pas assez le restant de la semaine. Elle trouva Greg sur le lit, allongé, mains derrière la tête et télé allumée. Elle ne s’était pas rendue compte mais elle ne l’avait pas vu de l’après-midi, de la journée presque si on prend en compte leur grasse matinée. « J’ai passé l’après-midi à faire la course avec ton ex belle-fille, Isy, Elias et Kieran et Jack. C’est moi qui étais aux commandes. » Dit-elle avec un peu de fierté dans sa voix. Elle prononça le prénom d’Elias rapidement, comme pour qu’il passe inaperçu parce qu’elle savait qu’il lui en voudrait sans doute de ne pas l’avoir attendu pour participer à une course contre le jeune policier. Après, elle ne pouvait pas savoir qu'ils comptaient faire la même activité qu'elle. Elle avait juste gentiment à Jack de l'accompagner et rendus là-bas, ils étaient par hasard tombé sur les autres binômes. Mais Greg ne lui demandera pas de justification, elle enchaîna alors avant de le laisser répondre. « Et toi, le spa alors ? C’était cool, t’as croisé des gens ? On mange avec les autres ce soir ? » Du Sienna tout cracher d’harceler les autres de questions. Elle s’assit sur le bord du lit pour faire face à Greg qui était allongé vêtu de son peignoir d’hôtel. Elle posait la question pour eux deux, même si elle pouvait bien faire sa vie seule ce week-end. Mais quand on s’habituait à être constamment avec quelqu’un, ça devient une coutume de prendre les décisions ensembles, même des plus simples.

@Gregory Morton  

Ce week-end détente arrive vraiment à pic, je pense qu’on en a bien besoin, Sienna et moi. Si la première semaine avait été éprouvante, cette deuxième semaine l’est tout autant, si ce n’est plus. Le stress était à son apogée, la peur de perdre davantage présente, et la volonté de gagner bien plus forte. Les premiers jours pouvaient être vus comme une pré-selection, il était question de savoir qui était capable de faire 745 km sans flancher, dans des conditions pas toujours favorables. Mais la deuxième semaine, elle, consistait à tester notre endurance et notre détermination : le stop étant le seul moyen de parvenir à Windorah en à peine 4 jours, il fallait que la chance soit avec nous. Malheureusement, le vent avait tourné, les voitures ne s’arrêtaient que rarement pour nous prendre, et nous sommes arrivés à notre grand damn, avant dernier. De la grosse merde quoi. Nous n’étions pas derniers, mais nous avions échappé de justesse à l’élimination, et ça, je l’ai difficilement accepté. Totalement remonté par cette quasi défaite, j’avais fait de mon mieux pour rattraper notre retard pour arriver à Bedourie, je voulais arriver dans les premiers, et cette détermination avait coûté à notre fierté, à Sienna et moi. Alors qu’elle s’est pissée dessus dans la voiture parce que je refusais de descendre après qu’on nous ait enfin pris en stop, je lui ai avoué m’être déjà chié dessus pendant une sodomie. Si encore ça n’avait été que ça…. Non, il a fallu que Josh filme tout, absolument tout. Si seulement je pouvais lui faire entièrement confiance, il m’a donné sa parole : il ne donnera pas ces images à la prod, mais peut-on vraiment se fier à ces gens-là ? Josh n’a pas l’air d’être un connard profond, je suppose qu’il sera plus que compréhensif, mais le but de ces émissions, c’est de faire de l’audience, non ? Alors qui peut me promettre que rien ne fuitera ? Si j’avais réussi à cacher ma bisexualité à tout ce monde jusque-là, ce n’est pas pour qu’elle soit dévoilée au grand public à travers ROA. Bordel de merde. Dans tous les cas, ce qui est fait est fait, et je ne peux pas faire grand-chose à part lui accorder ma confiance.

Après toutes ces péripéties, j’avais absolument aucune envie de parler à qui que ce soit, Sienna faisait l’exception (comme à chaque fois), mais je n’ai pas pris la peine de sortir de la chambre d’hôtel pour ce weekend détente. Je suis resté couché sur le lit devant la télé, toujours une bière à la main, à glander comme un adolescent qui a la flemme de tout. Sienna, elle, a fait sa vie. Elle est sortie toute seule après avoir essayé de me convaincre de l’accompagner, mais elle a vite compris que j’étais pas d’humeur. Le fait qu’elle parte de la chambre, ça fait quand même un grand vide. Et je sais pas vraiment si ça me fait du bien, ou si je me sens hyper seul. Un peu des deux, en fait. J’ai toujours eu l’habitude d’être assez seul dans ma vie, mais la présence de Sienna ces derniers jours apaisent un peu mes sauts d’humeur. Juste un peu. Alors, quand elle revient dans la chambre après avoir passé tout l’après-midi dehors, j’en suis presque content. « C’est moi, j’suis là et j’ai trop faim. » Comme si ça pouvait être quelqu’un d’autre qui rentrait dans la chambre. On dirait une femme qui rentre de sa journée de boulot, éprouvante. Comme si j’étais le mari au foyer, et elle la femme active. Toujours sur le lit, je baisse un peu le son de la télé. Il faut croire que j’ai envie d’entendre ce qu’elle a fait de sa journée. Quelle mouche t’a piquée, Greg ? « J’ai passé l’après-midi à faire la course avec ton ex belle-fille, Isy, Elias et Kieran et Jack. C’est moi qui étais aux commandes. » Elle a l’air toute contente, et elle arrive à m’arracher un sourire. Tu vas me dire que Elias t’a laissé conduire ? T’étais avec qui dans la bagnole ? » Parce que le Sanders et les voitures, c’est une grande histoire d’amour, ça m’étonnerait franchement s’il lui avait laissé le volant.

Sienna est beaucoup plus sociable que moi, elle a l’air d’apprécier les autres binômes. De tous, c’est ceux que je connais personnellement avec qui elle a passé du temps. J’aurais peut-être dû aller avec eux, au lieu de trouver une excuse bidon pour pas m’y rendre. Tant pis, une prochaine fois. J’avais envie de voir personne aujourd’hui, pas même ma Jackouille d’amour. Pas même envie de me prendre la tête avec Grace pour le plaisir, ni de charrier Elias en train de reluquer Sienna. L’a-t-il vraiment reluquée, d’ailleurs ? Se sont-ils rapprochés ? Et si c’était le cas, ça te ferait quoi, Greg, hein ? J’ai pas le temps de lui poser davantage de questions qu’elle m’assaille de toutes ses questions à elle. « Et toi, le spa alors ? C’était cool, t’as croisé des gens ? On mange avec les autres ce soir ? » Je baisse les yeux sur mon torse, j’ai effectivement un peignoir mais je suis absolument pas allé au spa. Je hausse alors les épaules, j’ai pas envie de voir du monde, mais je sens que Sienna va pas lâcher la grappe si je refuse. « On est obligés ? On peut pas juste manger ensemble ? » Un vrai couple de vieux avec le mec hyper relou, je suis quand même pas devenu ce vieux aigri-là ? « Si tu veux y aller, vas-y, t’as l’air de bien t’entendre avec tout le monde. » Avec Elias surtout. Hein Sienna ? Olalalala Greg, va falloir te détendre. « Je pense que je vais rester là moi, vas-y toi. »

Revoir Greg après cette journée riche en sport redonnait le sourire à Sienna. Pas qu’elle ne l’avait perdu, mais voir sa tête d’ours qu’en fin de journée alors qu’elle avait l’habitude d’être constamment avec lui, agrandissait son sourire. Et elle ne saurait expliquer pourquoi. Il baissait le son de la télévision, attentif à ce qu’elle pouvait bien lui raconter. En y pensant, c’était fou comment elle avait remarqué son absence cet après-midi. Elle n’avait pas entendu le moindre grognement, la moindre plainte, même pas une blague de merde. Elle avait passé la journée sans Greg et elle l’avait senti. En réalité, ça ne pouvait que leur permettre de prendre une pause de l’un et l’autre. Enfin, ce n’est pas comme si elle ne pouvait plus se voir Greg en peinture, au contraire. Mais ça faisait un peu de bien quand même. Sienna avait même un petit peu culpabilisé de le laisser dans son coin pour la journée. Mais en même temps ce n’était pas de sa faute si le quadragénaire avait décidé de jouer les grabataires et de rester seul. Non, mais manque plus qu’elle le supplie pour qu’il passe la journée avec elle. Elle quémande pas la compagnie Sienna. Elle avait insisté deux fois, elle a vu que c’était et elle n’a pas attendu pour aller faire sa vie. « Tu vas me dire que Elias t’a laissé conduire ? T’étais avec qui dans la bagnole ? » Évidemment qu’il aurait un mot pour Elias. Il avait toujours un mot pour le jeune policier. Qui soit dit en passant était plutôt séduisant, mais elle gardait ça pour elle, parce que l’ours grognon pouvait soit vouloir la caser avec le trentenaire soit être grognon tout simplement. « Pourquoi il ne me laisserait pas conduire ? C’est qui lui ? C’est peut-être Elias mais moi j’suis Sienna. » Dit-elle dans un élan de fierté. Non mais oh, si Sienna avait envie d’être aux commandes personne n’allait l’en empêcher, et surtout pas ce flic à l’égo surdimensionné. « J’étais avec Jack, je ne lui avais jamais parlé avant. Mais il est chill, détente, il m’a filé des clopes. C’était grave cool. » Il y avait aussi Kieran, qui malgré ses airs de timides, avait du potentiel. Elle discutera avec lui à l'occasion. Sienna posa ses yeux sur la porte de la salle de bain, elle ne devrait pas tarder à aller prendre sa douche s’ils voulaient manger plutôt de bonne heure.

La jeune femme ne savait pas vraiment ce qu’il avait de la journée. À défaut d’avoir les téléphones portables, ils n’avaient que cet instant pour débrieffer leurs journées. Sienna n’était ni téléphone, ni messages, ni rien du tout, chez elle c’était le face à face qui primait. Et pourtant, elle s’étonnait à penser que si ils avaient eu leurs téléphones, elle lui aurait écrit pour avoir des nouvelles de lui dans l’après-midi. Mais t’es juste tarée de penser à des détails comme ça, Ivy sort de ce corps. Outre ça, Sienna avait passé une excellente après-midi. Ce petit mélange de personne était parfait et elle en était déjà nostalgique. Nostalgique de la course et de tous les moments déjà passés. Elle pensait à Grace, Isy, Kieran, Loan même Ivy... Ça faisait déjà trois semaines qu’elle avançait aux côtés de Greg et elle avait l’impression que les jours filaient à une vitesse… Elle avait l’impression de ne pas assez profiter de chaque moment, et l’élimination l’effrayait à un tel point qu’elle en resterait sans doute frustrée pour le restant de ses jours. « On est obligés ? On peut pas juste manger ensemble ? » Elle le fixait, ne sachant pas vraiment comment réagir et retenant avec difficulté un sourire. Quel type de sourire,  hein Sienna ? Es-tu contente que Greg ait seulement envie de manger qu’avec toi ? Non, il disait ça juste parce qu’il n’avait pas envie de se mêler aux autres ce soir, c’est tout. Il était un peu comme ça Greg, et ce n’est plus une surprise pour vous d’ailleurs. Il a des jours avec et des jours sans, le problème c’est que dans ces deux types de jours, il grognait. Obligatoirement, il ne savait faire que ça. Et s’il grognait c’est que quelque chose ou quelqu’un lui donnait une bonne raison de grogner. Elle ne le prenait pas personnellement parce qu’elle sentait qu’avec elle c’était différent. C’est pour ça qu’elle se contentait de lui sourire, parce qu’elle se demandait ce qui avait bien le rendre ronchon aujourd’hui. En soi, elle aimerait passer du temps avec tout le monde dans le restaurant de l’hôtel, à rire, à charier les immunisés… Mais l’idée de passer un peu de temps qu’avec Greg après cet après-midi sans lui ne lui déplaisait pas non plus. Elle pensait comme une épouse, et ça en devenait presque chelou. « Si tu veux, on peut… » Appeler le room service. « Si tu veux y aller, vas-y, t’as l’air de bien t’entendre avec tout le monde. » Attend, c’est moi ou il rage ? Il lui coupa la parole, il n’a pas du faire exprès parce qu’il n’a même pas du l’entendre d’ailleurs, trop occupé à analyser son peignoir, avec sa gueule d’ours. C’était réellement sa réincarnation animale, il n’y avait pas de doutes. Greg avait l’air totalement agacé par quelque chose et elle le sentait vraiment dans son "t’as l’air de bien t’entendre avec tout le monde". Excusez-moi monsieur le commissaire d’être sociable. « T’es sérieux là ? » Elle était assise désormais au pied du lit, face à lui. Elle cherchait son regard, traquant la moindre lueur d’humour, mais lui, il esquivait totalement le sien, préférant se concentrer sur la télévision. « Je pense que je vais rester là moi, vas-y toi. » Non mais, sérieusement, ce mec était vraiment un sketch. Son sourire se fit plus grand, et elle ne put se retenir de pouffer de rire. « Mais pourquoi tu veux rester seul ? T’es seul depuis ce midi et on s’est pas vu de la journée ! » Greg était vraiment en train de rager ? De toutes façons, c’était sûr, ça se voyait à des kilomètres. Elle avait tellement appris à le connaître, qu’il ne pouvait lui mentir. « Allez, tu rages ? C’est quoi votre souci monsieur ours ? » Sienna le secoua un peu. Elle jouait la carte de l’humour pour détendre l’atmosphère parce qu’elle sentait bien qu’il était un peu saoulé par quelque chose. Mais pourtant, la jeune femme n’avait rien à se reprocher. Quoi ? Il était gavé parce qu’elle avait passé l’après-midi sans lui avec Elias ? Parce qu’elle l’avait remplacé le temps de quelques heures par Jack ? Sans blague, c’était sûr et certain que c’était ça. Pourtant, Sienna ne savait pas ce qu’il avait fait de son après-midi lui, il ne lui avait même pas répondu. Il aurait pu passer l’après-midi avec Ivy qu’elle ne le saurait pas et pourtant, elle ne faisait pas la capricieuse (enfin, si c’était le cas, il allait l’entendre). Greg avait le visage fermé, hyper saoulé. C’était un peu exagéré, mais s’il rageait réellement parce qu’elle était avec d’autres personnes que lui, c’était flatteur. Un peu égocentrique mais flatteur. Elle se rapprochait un peu plus vers lui, retenant un rire, le sourcil haussé. « Me dis pas que t’es jaloux parce que j’étais avec Elias toute l’après-midi et pas avec toi ? Tu rages ça se sent trop, tu me l’as fait pas à moi. » S’il avait envie de manger qu’avec elle, ça pouvait se faire parce qu’elle le voulait aussi. S’il ne voulait pas se mélanger aux autres, ils appelleraient le room service. Mais ça serait trop facilement acquis, ça serait céder aux caprices de Greg et Sienna avait bien envie de le titiller avant. Elle le jaugea, avant de se lever du lit et de diriger devant un miroir pour regarder l’état de ses cheveux. Faut avouer depuis ROA qu’elle a très peu de temps pour regarder sa tête dans un miroir. « Ok, reste là alors. Toute façon t’as pas l’air de vouloir te faire prier pour passer du temps avec moi. Au moins si j’descends, peut-être que certains seront contents de me voir ce soir. » Elle se mordait les joues pour ne pas rire. Elle connaissait les différentes réaction de Greg à l’avance : grognement, ignorance, silence.

Je suis pas jaloux d’Elias, pas jaloux que Sienna ait passé son après-midi avec lui plutôt qu’avec moi. Même si elle a insisté pour que je sorte de la chambre, c’est moi qui l’ai poussée à sortir sans moi, alors quand elle me dit avoir passé la moitié de sa journée avec tous ces gens que je connais, je m’en fous. Je veux juste savoir si elle s’est bien amusée (sans moi), si ça lui a permis de se ressourcer un peu (sans moi), et surtout, qui a osé lui passer le volant (ça aurait certainement pas été moi). Je l’ai jamais vue conduire Sienna, mais impulsive comme elle, elle a l’air plutôt dangereuse en tant que conductrice. « Pourquoi il ne me laisserait pas conduire ? C’est qui lui ? C’est peut-être Elias mais moi j’suis Sienna. » Voir Elias du côté passager, ça m’étonnerait fortement, surtout s’il laisse une femme conduire. Je hausse les épaules face à sa réponse, un sourire en coin. Elle est fière Sienna et elle n’hésite pas à la montrer, sa fierté ; cette même fierté qu’elle a senti partir en même temps que sa pisse le long de sa jambe l’autre jour en voiture. Dis rien Greg, tu vas t’en prendre une.

« J’étais avec Jack, je ne lui avais jamais parlé avant. Mais il est chill, détente, il m’a filé des clopes. C’était grave cool. » Ok, bon, finalement elle a préféré pour le doyen, elle préfère donc les vieux ? Mais calme tes hormones Greg, voyons.

« T’as réussi à gratter des clopes du coup ? » Pourquoi pas profiter jusqu’au bout du coup ?

Après que je me sois intéressé à elle, elle me retourne la question, me demande ce que j’ai fais de mon après-midi. R I E N. Absolument rien. Comme si j’attendais qu’elle soit là pour me sortir et me tenir compagnie. Le problème c’est que même quand elle propose de voir du monde, j’en ai pas toujours envie. Ca m’arrive, hein, de vouloir me socialiser, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui je sens que je suis casse-couille, agréable pour personne, sauf peut-être un peu pour Sienna. Elle m’a rien fait Sienna. Remarque, les autres non plus. Mais c’est pas avec les autres que j’ai envie de passer ma soirée. Alors j’utilise la psychologie inversée, je la pousse à nouveau à sortir alors qu’au fond je pense que sa compagnie me fera du bien. Tant pis si elle sort, je me commanderais une pizza devant la télé, pour changer. Après tout, on repart demain en course, donc autant se reposer au max, et si se reposer ça veut dire télé/bouffe, je suis partant moi.

« Mais pourquoi tu veux rester seul ? T’es seul depuis ce midi et on s’est pas vu de la journée ! » Parce qu’elle s’en soucie maintenant, qu’on soit ensemble ? « Allez, tu rages ? C’est quoi votre souci monsieur ours ? » Je la regarde méchamment avant de hausser les sourcils, saoulé. Non, je rage pas. « Me dis pas que t’es jaloux parce que j’étais avec Elias toute l’après-midi et pas avec toi ? Tu rages ça se sent trop, tu me l’as fait pas à moi. » MAIS QU’EST-CE QU’ELLE A AVEC ELIAS ? Je soupire, un gros soupir, et augmente le son de la télévision cette fois. « Ok, reste là alors. Toute façon t’as pas l’air de vouloir te faire prier pour passer du temps avec moi. Au moins si j’descends, peut-être que certains seront contents de me voir ce soir. » Elle va quand même pas partir là ? Me laisser ici tout seul à nouveau ? J’ai même pas pu en placer une. Enfin, j’aurais pu, mais je l’ai pas fait, du coup elle se contente de mon silence et elle se barre ? « Sienna. » Je l’interpelle alors qu’elle a déjà ouvert la porte de la chambre. « T’es sérieuse là ? » Je demande, on sait jamais. « Tu rentres pour me prendre la tête ? » Parce que là, clairement, c’est ce qu’elle fait. « J’ai dit que je voulais pas voir les autres, j’ai pas dit que je voulais pas rester avec toi. » Qu’est-ce qu’elle comprend pas dans le ’ On peut pas juste manger ensemble?’ ? Elle attend quoi de moi, que je la supplie ? Elle peut toujours crever. Tant pis, je resterai tout seul dans la chambre, je vais me la coltiner encore toute la semaine prochaine, on peut bien rester l’un sans l’autre non ? « Vas-y descends voir tes nouveaux potes, je me commanderais un truc à bouffer ici. » que je dis finalement en me levant pour aller dans la salle de bain. « J’vais chier. A plus. » Je vais pas vraiment chier, c’est juste le temps qu’elle parte.

« T’as réussi à gratter des clopes du coup ? » Elle secoue la tête. Clairement non. Même si Jack s’était monté généreux en cigarettes cet après-midi, elle n’avait pas osé lui en demander pour  Greg. Ils seraient tous les deux bredouilles niveau clope ce soir. Enfin, mis à part s’ils descendent pour voir tous les autres. Il y avait bien quelqu’un parmi les groupe qui pouvait les dépanner durant la soirée. Mais Greg ne semblait pas ravi à l’idée de se mélanger avec les autres candidats ce soir, alors qu’il avait pu profiter de son petit moment à lui cet après-midi. Ce n’est pas comme s’il avait été avec eux sur le circuit. Sienna ne comprenait pas sa réaction. Son attitude trahissait un sentiment de contrariété qu’elle lui connaissait bien mais qu’elle n’avait jamais subi elle-même. Ce qu’elle voulait dire c’est que Greg avait toujours été contrarié par des choses extérieures à leur binôme. Que ce soit la course, les adversaires, les difficultés à trouver une voiture, il n’hésitait pas à montrer quand quelque chose l’agaçait et Sienna n’avait jamais fait l’objet d’un quelconque agacement de sa part. Et quand c’est le cas, comme aujourd’hui, ça lui faisait drôlement bizarre parce que Greg et elle n’ont jamais fait ressentir à l’autre qu’ils étaient saoulaient. Il ne pouvait pas lui dire que ce n’était pas le cas, ses yeux parlaient pour lui. Il la regarde méchamment, hausse les sourcils, soupire. Il augmente même le son de la télévision. Sienna le regardait, bras croisés, sourire au visage.

« Sienna. » La porte ouverte, la main sur la poignée, dos à lui. Sienna arborait un sourire satisfait. Cette technique marchait toujours avec les hommes faire semblant de vouloir partir pour faire en sorte qu’il vous retienne au dernier moment. Bon quand ça n’arrivait pas, il fallait bien assumer la décision d’être sur le départ et donc de partir bredouille mais 99% du temp, les mecs vous retiennent à coup sûr. Bien plus fiable que la pilule cette technique. Et peu importait ce qu’il pouvait vous dire ensuite, le plus important dans cette technique était qu’il vous interpelle au moment où vous êtes sur le point de partir. La question étant, pourquoi Sienna éprouve le besoin de l’utiliser avec Greg ? « Tu rentres pour me prendre la tête ? » Elle se retourne enfin, incrédule, les sourcils froncés.  Lui prendre la tête ? Elle ? Mais il est taré ce mec ! Elle lui propose gentiment de manger avec les autres, elle était à deux doigts de lui proposer un room service mais lui il se contentait seulement de rager. Sienna lui renvoyait de simples vérités à la gueule, et comme la vérité fait mal, Greg il était tout fâché. Normal. Elle croise les bras, cette fois-ci, elle ne sourit plus. Ça l’agaçait les retournements de situations. « J’ai dit que je voulais pas voir les autres, j’ai pas dit que je voulais pas rester avec toi. » Oui ça, elle le savait. Elle avait juste voulu faire tirer le truc pour ne pas céder rapidement à son caprice mais elle n’aurait pas pensé qu’il aurait autant les couilles à l’envers. Mais aussi, il avait tellement changé d’avis rapidement qu’elle pourrait pensER qu’il ne tenait pas vraiment à manger avec elle ce soir.  Et c’était un truc de fou à quel point il n’assumait pas (et qu’il esquivait sa question) d’être jaloux ou du moins de ne pas supporter le fait qu’elle ait pu passer l’après-midi avec Elias.

« Vas-y descends voir tes nouveaux potes, je me commanderais un truc à bouffer ici. » Sienna referme la porte. De toute façon, elle comptait rester avec lui ce soir pour au moins passer du temps avec lui, même si elle lui avait proposé un truc avec les autres. Ce n’était que le début de questions sans réponses et de retournements de situations. Enfin, Sienna n'était pas de nature à se prendre la tête, donc il se la prendra tout seul. “Tes nouveaux potes.” Il rageait sérieusement en se levant en direction de la salle de bain, pour aller chier. Il savait bien faire ça (lol).  Mais elle savait qu’il mentait, en quelques semaines elle avait eu le temps de le cerner. Mais elle faisait mine de le croire et attendait patiemment derrière la porte de la salle de bain. « C’est quoi ton problème en fait, Greg ? Tu m’expliques pourquoi t’as les couilles à l’envers ? Enfin, avant de m’expliquer pourquoi, assume que tu rages c’est déjà bien. » Bon, elle cherchait la merde aussi et il allait encore plus se braquer. Mais Sienna, spontanée qu’elle était, elle ne tournait pas autour du pot. Il reste silencieux dans la salle de bain. Sienna est adossée contre la porte, les bras croisés. Il doit sans doute avoir la même posture mais seulement la porte les sépare. Au début, elle trouvait ça drôle voire même flatteur qu’il rage un peu. Mais là, ça en devenait agaçant. Qu’il assume en fait, les choses seraient plus simples. S’il n’avait pas été bougon et râleur aussi rapidement, elle ne l’aurait pas attaqué avec ses vérités vexantes. Elle ne lui demanderait pas d’assumer que ça le faisait chier qu’elle ait pu passer du temps avec Elias. « Pour un mec qui chie, tu fais pas de bruit, c’est bizarre. » Elle n’entendait aucun bruit. Elle soupire. « Ouvre. » Parce qu’il fallait désamorcer cette situation (et elle commençait à avoir faim, et une bonne douche n'était pas de refus). Sienna n’avait plus vingt ans pour jouer à ce genre de jeu, mais Greg ne répondait pas. Elle ouvrit la porte avec lenteur et trouva Greg appuyé sur le lavabo, bras croisés, regardant par terre. « Oh. » Son intonation était plus calme désormais. « Je t’ai proposé ça juste comme ça. Je comptais rester ici, de toutes façons. » C’était sa manière à elle de ne pas céder directement à son caprice, et de ne pas clairement assumer qu’elle aussi, elle voulait passer la soirée avec lui. « Bon, si tu veux pas assumer que ça te fasse chier que j’étais avec Elias cet après-midi, c’est ton problème, je vais pas me prendre la tête mille ans. Mais au moins arrête de bouder dans la salle de bain. » Dit-elle en s’approchant de lui pincer la joue. Lui pincer la joue ? T’avais pas trouvé mieux Sienna ? Elle se donnait mentalement une tape au front. Quelle idiote. Mais c’était juste parce qu’elle détestait les conflits, les prises de tête et elle les évitait au possible. Ça la faisait chier que Greg n’assume rien, mais elle n’allait pas se torturait mentalement pour ça. « Tu viens ? »

Elle avait passé tout l’après-midi en présence de Elias, elle avait fumé avec Jack, et elle a pas pensé une seule seconde à me garder une cigarette ? C’est quel type de binôme, ça ? Parce qu’elle a eu ses clopes pour la journée, elle. Moi ça fait 24h que j’ai pas fumé, et je le sens bien, le manque. C’est peut-être pour ça que je suis aussi chiant, elle a peut-être raison, Sienna, on pourrait descendre voir les autres pour taxer des clopes, est-ce que je suis prêt à bouger de là pour fumer ? Oui. Est-ce que je veux manger avec tout le monde pour potentiellement pouvoir fumer ? Toujours pas. Alors je me tais quand elle me titille, parce que c’est ce qu’elle fait, je sais qu’elle veut essayer de m’arracher un sourire. Mais je suis fermé, borné sur le fait qu’elle ait pas passé l’après-midi avec moi et qu’elle préfère sans doute manger sans moi, ce soir aussi. Je me tais jusqu’à ce qu’elle se lève pour partir, que je l’interpelle pour lui prouver une nouvelle fois que je suis saoulé, et m’enferme dans les chiottes alors que la porte reste beaucoup plus souvent ouverte que fermée habituellement.  « C’est quoi ton problème en fait, Greg ? Tu m’expliques pourquoi t’as les couilles à l’envers ? Enfin, avant de m’expliquer pourquoi, assume que tu rages c’est déjà bien. » Et elle continue à retourner le couteau Sienna, elle s’arrête pas en si bon chemin, non, elle continue la garce. JE. RAGE. PAS. Je me contente de fermer ma gueule, une nouvelle fois. Allez casse-toi Sienna, va voir tes potes, va voir Elias, va voir Jack, va fumer, va t’amuser, reste pas là. « Pour un mec qui chie, tu fais pas de bruit, c’est bizarre. » Parce que je fais du bruit quand je chie ? C’est pas moi qui fais du bruit quand je pousse pour sortir ma merde, hein, je suis silencieux quand je chie, moi. A part les plouf qui annonce que mes crottes sont bel et bien sorties, je fais pas de bruit.

Soupir de Sienna.
Soupir de moi, exagéré, moqueur du sien.
« Ouvre. »
« Ouvre. » Je l’imite en chuchotant, pas suffisamment serein pour le dire tout haut et qu’une dispute explose à nouveau, comme le jour où elle m’a pris la tête avec sa bouteille d’eau. J’ai une mimique de merde sur mon faciès pour exagérer son expression faciale que je connais par cœur, et quand elle pousse finalement la porte, je reprends mon air solennel et fais mine d’avoir le regard perdu dans le vide, les bras croisés.

« Oh. »

Ca y est, je suis un chien maintenant ? Elle m’interpelle par onomatopées ? Je relève les yeux, les sourcils haussés, prêt à dégainer ma rage si elle me cherchait à nouveau. « Je t’ai proposé ça juste comme ça. Je comptais rester ici, de toutes façons. » Oh. Je m’attendais pas à ça. Elle a mon attention désormais. « Bon, si tu veux pas assumer que ça te fasse chier que j’étais avec Elias cet après-midi, c’est ton problème, je vais pas me prendre la tête mille ans. Mais au moins arrête de bouder dans la salle de bain. » MAIS ELLE RECOMMENCE ENCORE AVEC ELIAS. Bon, j’avoue que ça me fait pas hyper plaisir, mais elle a fait le premier pas, elle est venue me chercher dans la salle de bain parce qu’elle cherche à améliorer la situation. Mais quelle situation au juste ? T’es vraiment en train de piquer une crise de jalousie d’ado là, Greg, c’est vraiment ça que t’es en train de faire ? Mais t’as quel âge ? Elle se rapproche de moi, lève sa main et me pince la joue, et elle arrive à m’étirer un petit sourire. Si elle avait joué avec mes limites, je vois bien qu’elle essaie de se rattraper. Elle sort alors de la salle de bain, certainement satisfaite d’avoir vu autre chose que mes sourcils froncés. « Tu viens ? » Je lève les yeux au ciel en grommelant, décolle finalement mon cul du lavabo et la suit dans la chambre. C’est moi le plus vieux, mais j’ai pas forcément l’impression d’être le plus mature à chaque fois.

Sienna s’est couchée sur le lit à plat ventre, la carte du room service dans la main. Je réprime l’envie de lui donner une grosse claque sur le cul (faut peut-être pas abuser de sa gentillesse non plus), et saute finalement sur le lit pour la rejoindre, coude posé sur l’oreiller tandis que ma main soutient ma tête. « On mange quoi alors ce soir ? T’as envie de quoi ? » Comme un gamin à qui on a cédé un caprice, je retrouve le sourire : on va passer la soirée que tous les deux à rien foutre, et on va même pas devoir parler à d’autres gens. « T’as envie de faire un truc en particulier ou tu veux juste te poser confortablement sur mon bide à bière devant la télé ? » Ca y est, j’ai retrouvé la parole. « Hé, hé, hé, hé, hé, hé. » A chaque hé, je rebondis sur sa joue avec mon index alors que je vois qu'elle perd de plus en plus patience. Elle m'a quand même un peu manqué cet après-midi. « Hé, hé, hé, on mange quoi ce soir ? Hé Sienna, hé, hé, hé, on fait quoi ce soir ? » Il m'en a fallu peu pour retrouver le sourire, et le chieur revient en puissance. « Tu te souviens de la soirée space cake ? J'arrêtais pas de te faire chier comme ça, c'est drôle. T'as plus ou moins de résistance que quand t'es stone ?» On m'arrête plus, je suis lancé.

Sienna était accoudée à l’encadrement de la porte, attendant sagement que Greg se décide à lever les yeux en sa direction. Il pouvait être mignon quand il était bougon. Mais elle n’arrivait pas à défaire ce sourire béa de ses lèvres. Elle aimait bien cette facette de Greg, un côté de lui qu’il n’avait pas eu l’occasion de lui montrer avant ce soir. Un brin jaloux, un peu soucieux de ce qui a pu se passer avec Elias cet après-midi. Qu’il ne se tracasse pas, il ne s’était rien passé parce qu’elle ne se le permettrait pas. Déjà par rapport à l’aventure et bizarrement, par rapport à Gregory. Comme si elle lui devait quelque chose, comme s’il avait l’exclusivité sur elle qui prétendait être si séductrice et si indépendante. Elle ne se voyait pas du tout fricoter ou draguer un homme dans cette aventure alors que Greg était son binôme. C’était bizarre comme attitude mais malgré qu’Elias soit un bel homme, elle ne se voyait pas du tout lui laisser une porte ouverte en sachant sa complicité avec Greg. Mais ça, elle ne le lui dirait jamais mais elle savait déjà très bien qu’il rageait pour rien et qu’il n’avait aucun souci à se faire. Enfin, s’il s’en faisait.

Il leva les yeux au ciel, comme il savait si bien faire et Sienna sourit encore plus. Il ne s’était pas tant fait prier que ça, et tant mieux. Sienna n’avait pas l’énergie pour batailler afin que Greg accepte de lui adresser la parole de nouveau. Enfin, vous vous rendez compte ? Il faisait la gueule parce qu’elle n’était pas avec lui cet après-midi ? Si on parle en gros. Le quarantenaire était toujours plein de surprises. Et elle sortit de la salle de bain avant de s’allonger avec la grâce d’une grosse baleine bleue sur le lit. Elle attrapa sur la table de chevet le menu du room-service et scruta chaque plat à la carte. Sienna s’en léchait déjà les babines. Est-ce qu’elle reprendrait les fameuses pâtes carbonara ? Non, une fois n’est pas coutume (même s’il s’agissait d’un plat qu’elle adorait) mais la façon dont Greg avait brutalement planté sa fourchette au premier week-end détente l’avait définitivement traumatisée et elle avait encore besoin de faire le deuil de son assiette avant de tenter de recommander ce même plat. C’était sans doute ridicule comme réaction, elle le savait mais Greg s’était montré relativement glouton ce jour-là et sans aucune pitié pour ses pâtes. En réalité, il y avait égalité pour les deux camps car elle s’était immédiatement vengée en croquant à pleine dent (comme la vie) le juteux triple cheese qu’il avait commandé pour lui. S’il pensait être tombé sur une jeune femme qui avait peur de se salir ou qui mangeait avec grâce, il s’était trompé avec Sienna.

Le géant aux gros muscles et à la grosse voix prit place à côté d’elle dans le lit qui trembla légèrement sous son poids. Bah dis donc, va falloir arrêter la pizza Greg, tu fais trembler le lit et pas de la façon dont tu souhaiterais. « On mange quoi alors ce soir ? T’as envie de quoi ? » C’était sans doute une des questions existentielles des plus difficiles à répondre quand la carte qu’elle avait sous les yeux proposaient des plats tout aussi merveilleux les uns que les autres. « Je sais pas il y a trop de trucs, regarde » Elle lui tendit la carte avant de poser sa tête sur son épaule pour qu’il puisse la regarder ensemble. Un plat à partager à deux ? Une pizza ? Des lasagnes ? De la salade ? Du poisson et du riz ? En fait, elle ne posait ses yeux que sur les plats les plus gras de la carte. Il faut bien se nourrir et s’engraisser quand la semaine, ils ne mangeaient que très peu car ceux qui les hébergeaient ne savaient pas cuisinier ou que lorsque leurs gargouiller, ils étaient sur la route en voiture sans quoi que ce soit à se mettre sous la dent. Après un certain temps, on commençait à s’habituer à ce sentiment de faim jusqu’à que le week-end détente arrive et que les estomacs mis en berne pendant cinq jours sont tout de suite réanimer pour baiser tout le bénéfice de la restauration de l’hôtel.

Sienna leva le regard de la carte pour les poser sur Greg. Ce mec était vraiment un sketch. Elle le pensait et elle le répéterait encore et encore. Il y a encore cinq minutes, il s’était enfermé dans la salle de bain pour bouder et marquer son mécontentement tel une drama queen en plein caprices de star. Il lui avait clairement montré qu’il avait eu les couilles à l’envers parce qu’elle avait passé l’après-midi avec Elias, il l’avait regardé méchamment et envoyé bouler aussi. Mais à partir du moment où elle a annoncé qu’elle comptait rester ici, Greg avait soudainement changé d’attitude pour se montrer en petit garçon capricieux et égoïste qui était juste satisfait et joyeux qu’on lui ait donné le jouet qu’il voulait. Il ne cessait de sourire et Sienna se retenait de rire. Il était vraiment bizarre et difficile à cerner mais c’est peut-être ça qui le rendrait intrigant. « T’as envie de faire un truc en particulier ou tu veux juste te poser confortablement sur mon bide à bière devant la télé ? » La tête sur son épaule, elle ne put s’empêcher de rire. La deuxième option était sans doute la meilleure, ils avaient déjà fait ça en regardant une série. Et il faut avouer que son petit bidou était très confortable. « On va rester ici et on va manger comme des porcs dans le lit devant la télé pour remplir ce petit ventre. » Dit-elle en pinçant la poignée d’amour de Greg (oui, il en avait et c’était très chou). « Après, si tu veux faire un tour après manger pour digérer on peut. » En soi, Greg n’avait pas pris l’air de la journée, c’était peut-être bien aussi qu’il sorte un peu. Avec elle. Pas avec les autres. Toi aussi tu t’y mets Sienna ? Cette dernière hésitait entre un bon gros steak frites et un risotto (ce qui n’a totalement rien à voir) quand Greg s’amusa à appuyer sur sa joue avec son index. Elle le toisait du coin de l’oeil, un sourire en coin. Il était content de l’avoir que pour lui ce soir ou quoi ? Son attitude avait tout l’air celle d’un homme content d’avoir ce qu’il voulait. Elle était aussi contente d’être avec gros Baloo ce soir. Mais il semblait tellement joyeux que ça en devenait agaçant ce truc avec son index et sa joue, là. Elle balaya d’une main sévère son doigt de son visage avant de soupirer. Il était bien mignon mais qu’est-ce qu’il était chiant quand il s’y mettait. Elle lui lança un regard qui voulait tout dire, qui lui interdisait de recommencer. « Hé, hé, hé, on mange quoi ce soir ? Hé Sienna, hé, hé, hé, on fait quoi ce soir ? » Elle se mordait la lèvre pour s’empêcher de sourire parce qu’il l’agaçait autant qu’il la faisait rire. Il était aussi chiant que le fameux jour où il lui avait raconté son histoire de réincarnation animale (pour ne pas dire le jour où elle s’est pissée dessus). « Putain Greg je sais pas, j’en sais rien, choisi ce que tu veux, t’es chiant là avec tes… » « Tu te souviens de la soirée space cake ? J'arrêtais pas de te faire chier comme ça, c'est drôle. T'as plus ou moins de résistance que quand t'es stone ? » Elle n’avait même pas eu le temps de finir sa phrase qu’il lui coupait déjà la parole (tiens donc, une sacrée manie qu’il a c’lui là). Évidemment qu’elle s’en souvenait de cette soirée. C’était tellement comique et ils étaient tellement stone. Il l’avait bien fait chier ce soir-là d’ailleurs mais elle était bien trop défoncée pour réagir ou dire quoi que ce soit qui est un sens. « Oh oui je m’en souviens très bien de ce jour-là, tu te foutais sacrément de ma gueule d’ailleurs. J’ai aussi attendu le bon moment pour prendre ma revanche et te faire chier comme je peux… » Dit-elle en s’attaquant à ses hanches en les pinçant. Beaucoup de gens craignaient quand on s’attaquait à cette zone et Sienna le faisait sans pitié sur un Greg qui se tordait dans tous les sens désormais, toujours allongé sur le ventre alors qu’elle était assise sur son dos. «  T’avais vraiment cru que j’allais te laisser me faire chier sans rien dire ? » Elle envoya en l’air la carte du room service alors qu’il la tapait avec ça parce que c’était son seul moyen de défense. Elle continuait ses chatouilles, sans pitié. « C’est qui la meilleure ? C’est qui la plus forte, dis-le ? On va voir qui a plus de résistance que l’autre. »

Maintenant que je suis certain qu’on sortira pas de la chambre pour aller se mélanger aux autres, et qu’en plus Sienna va rester me tenir compagnie, ma mauvaise humeur s’est un peu dissipée. Je m’installe près d’elle sur le lit, regarde distraitement les plats qui sont proposés sur la carte, et elle vient poser sa tête sur mon épaule pour qu’on puisse regarder tous les deux. Je bouge pas, familier à cette proximité avec cette femme que je connais depuis quelques semaines seulement, et me gratte la barbe de ma main libre en réfléchissant. Si je m’écoutais, je partirais sur la grosse entrecôte, mais j’ai mangé beaucoup trop de viande ces derniers temps. Est-ce que je m’en préoccupe réellement ? Pas vraiment, après tout, on a qu’une seule vie. Mais peut-être que Sienna veut manger un truc plus spécifique, peut-être qu’elle voudra partager son plat comme on le fait souvent, alors je lui demande si elle a une préférence, si commander dans la chambre ça lui convient ou si elle avait prévu de sortir. Elle rigole face à ma connerie (qui ne rirait pas) et m’arrache un sourire par la même occasion, le regard attendri vers ce petit bout de femme qui a réussi à m’amadouer par je ne sais quel moyen. « On va rester ici et on va manger comme des porcs dans le lit devant la télé pour remplir ce petit ventre. » me répond-elle en venant pincer le gras du bide qui dépasse du caleçon bientôt trop serré, à travers mon peignoir. Je sais qu’au fond, elle pense que je suis hyper musclé pour un mec de mon âge. C’est vrai, quoi, c’est pas parce que j’ai un morceau de bidou qui dépasse un peu que je suis pas en forme ni entretenu.

« Après, si tu veux faire un tour après manger pour digérer on peut. »
« Oui, pourquoi pas. »

Je hausse les épaules à moitié convaincu par la sortie digestion, on verra en temps et en heure ce qu’on fera. C’est vrai que je suis pas sorti de tout l’après-midi, mais on a encore une grosse semaine qui nous attend alors tout ce que j’ai envie de faire, là, c’est de rien faire justement.

Mais rien faire ne veut pas dire ne pas la taquiner un peu la petite Sienna, et je m’amuse à faire rebondir mon doigt sur sa joue pour avoir son attention. Elle a pas l’air de vouloir s’amuser tout de suite, alors fidèle à mon poste, je continue jusqu’à ce qu’elle craque, remettant sur le tapis la fameuse soirée où on était magiquement défoncé à cause (ou grâce ?) du space-cake de la mère Michelle. Et si c’était moi qui la faisait chier, la voilà à califourchon sur mon dos pour se venger. J’explose évidemment de rire quand elle s’attaque à mes hanches, cet endroit plus que sensible aux chatouilles, et on dirait certainement un gamin impuissant vu de l’extérieur. « Sienna ! Sienna arr… » J’arrive à peine à aligner trois mots, le fou rire qui me prend m’empêche de reprendre mon souffle tandis que la rousse jubile. La carte du room service toujours dans la main, j’essaie de me dégager de son emprise en la frappant avec, mais la stratégie ne semble pas très efficace puisqu’il lui a suffi d’un revers de main pour qu’elle envoie valser la carte hors de ma portée. Tu vas quand même pas te laisser dominer comme ça par un moustique, Greg ? « C’est qui la meilleure ? C’est qui la plus forte, dis-le ? On va voir qui a plus de résistance que l’autre. » Je me chope des crampes au ventre à force de rire, et j’ai carrément plus aucune résistance. J’adopte alors la stratégie du soumis et lui dit ce qu’elle veut entendre : « OK, OK, OK, OK, c’est bon, t’as gagné. » Elle stoppe progressivement ses doigts, certainement fière d’avoir obtenu ce qu’elle souhaitait, mais je profite évidemment de ce moment de répit pour me retourner et la plaquer contre le lit à mon tour, face contre moi, bloquant ses deux bras au-dessus de sa tête d’une main, et ses jambes de mes deux pieds. Il me reste donc une main de libre, et je lis dans son regard qu’elle sent déjà la trahison, mais moi, moi je joue des sourcils.

« Je crois qu’il va falloir qu’on remédie à tout ce cirque, je me laisse pas dominer aussi facilement, tu devrais le savoir non ? » Provocateur, je place ma main libre devant ses yeux en faisant bouger mes doigts, la prévenant ainsi qu’elle n’y passera pas, et commence la torture en m’attaquant à ses hanches à mon tour. « Tu fais moins la maligne, hein, c’est qui le plus fort maintenant ? » Victorieux mais non sans peine, je viens bloquer ses poignets de mon avant-bras pour être plus proche d’elle afin d’accéder plus facilement aux zones sensibles, c’est qu’elle gigote la Sienna. Je l’entends déjà me supplier d’arrêter entre deux souffles, je suis sûr que je pourrai la faire se pisser dessus, là aussi. Mais t’es pas aussi cruel, hein Greg, t’es pas aussi cruel ? Je m’arrête alors pour la laisser respirer, et me redresse pour calmer mes crampes abdominales. Si c’est Sienna qui se faisait chatouiller, je rigolais presque autant qu’elle. Toujours à califourchon sur elle, je glisse sur le côté pour me placer couché à côté d’elle pendant qu’on reprend tous les deux notre souffle. « Ben tu vois, je suis pas sorti, mais j’ai fait mon sport de la journée. » J’aurai jamais cru penser dire ça d’une séance chatouilles, c’est plutôt après le cul que je sors ce genre de réflexion.

Lorsqu’elle rentrera chez elle à la fin de leur aventure, ces moments complices avec Greg laisseront un vide, sans doute. Elle savait de toutes façons que, de retour à Brisbane, ils reprendraient le cour de leurs vies respectives et se retrouveront trop occupés chacun de leur côté pour trouver le temps de se voir. Enfin, ils feraient en sorte de se revoir régulièrement mais ce sera totalement différent de leur complicité créé pendant l’émission. Elle espérait revoir plein d’autres candidats après ROA, comme Kieran, Loan Grace et Isy, Jack et Elias aussi. Peut-être qu’ils se feront des apéros ROA ? Ce serait grave cool. Mais elle avait encore du temps pour penser à ça, surtout que Greg venait de la neutraliser plus tôt que prévu. Alors qu’elle venait de l’attaquer à coup de chatouilles, Greg la plaqua contre le lit en bloquant ses bras au-dessus de sa tête. Autant être honnête et vous dire que la dernière fois qu’on l’avait plaqué de cette façon-là, ce n’était pas du tout pour lui faire des chatouilles. Elle retint un rire à cette pensée, surtout en se disant que le mec au-dessus d’elle était Greg. Elle posa d’ailleurs un regard sur sa main libre. « Oh non, fais pas ça. » Une dose d’adrénaline et de stress envahit son corps alors qu’elle sentait que Greg réclamait sa revanche. Sienna ne s’en sortira pas si facilement. Elle était bloquée et piégée et puis il était en position de force. Grand, musclé, Sienna la crevette ne pouvait plus du tout riposter. Elle devait subir, à en mourir de rire. « Je crois qu’il va falloir qu’on remédie à tout ce cirque, je me laisse pas dominer aussi facilement, tu devrais le savoir non ? » Elle riait nerveusement mais elle adorait ça. Elle appréhendait mais elle savait qu’ils allaient bien se marrer. Pendant qu’il agitait ses doigts devant son visage, elle essayait tant bien que mal de bouger, mais il l’avait bien bloqué ce petit (gros) con. Il attaqua directement ses hanches et elle éclata de rire alors qu’elle gigotait dans tout les sens. « Arrête ! Arr-arrête ! » Supplia-t-elle entre deux éclats de rire. « Tu fais moins la maligne, hein, c’est qui le plus fort maintenant ? » Jamais de la vie elle lui dira qu’il est le meilleur même si elle est à deux doigts de mourir de rire. Ses abdos lui faisaient mal, son diaphragme aussi à force de rire. Greg ne la ménageait pas et la chatouillait sans aucune pitié. « Je vais mourir, c’est bon arrête ! » C’était une torture et pourtant, elle ne pouvait s’arrêter de rire, tout comme son bourreau qui s’était rapproché pour renforcer son attaque. Clairement cette position portait à confusion. Ça aurait pu lui donner des idées mais la seule chose à laquelle elle pensait était que s’il continuait, elle se pisserait sans doute dessus. Et une fois mais pas deux. Elle avait connu l’expérience et jamais de la vie elle ne voudrait la renouveler. Encore moins avec Greg à côté. Mais la honte qu’elle s’est tapée en y repensant. Et dire que Josh avait tout filmé sans aucun scrupule ni empathie. Le mec s’en battait clairement les couilles d’avoir des vidéos compromettantes sur elle. Elle priait toutes les étoiles du ciel pour qu’il ne la diffuse pas au montage et qu’il la supprime définitivement de son appareil ? Est-ce qu’elle était capable de s’adonner à un échange en nature pour être sûre que cette vidéo ne soit qu’un lointain souvenir du passé ? Hm, ça pouvait se négocier (roh).

Greg l’agresseur cessa enfin ses supplices afin qu’elle reprenne son souffle. Il s’allongea à ses côtés, lui aussi totalement essoufflé. Et c’était juste comique parce qu’on pourrait croire qu’ils l’avaient fait intensément toute la nuit. « Ben tu vois, je suis pas sorti, mais j’ai fait mon sport de la journée. » Elle souffla un rire entre deux respirations bruyantes. Pourtant, elle retrouva plus rapidement ses esprits que Greg, peut-être l’âge, hein ? « C’est ça que t’appelles "sport de la journée" ? » Dit-elle en se tournant vers lui. « Ah bah oui, excuse-moi j’avais oublié, t’es un vieux toi, l’endurance c’est pas ton fort. » Elle aimait bien chercher la merde Sienna, et surtout taquiner Greg car elle savait d’avance qu’il ne se démonterait pas et mordrait tout de suite à l’hameçon. Ni une ni deux, elle se mit une seconde fois à califourchon sur lui, le regard plein de défi et les intentions un tantinet différentes. Hein, mais c’est quoi ce retournement de situation ? « Mais bon, pour un grand homme musclé, j’aurais pensé qu’il t’en fallait plus pour t’épuiser… » Le défia-t’elle un sourire aux lèvres alors qu’il ne s’attendait pas du tout à connaître cette facette de Sienna. Hé mais faut pas croire, en dehors de l’émission, Sienna elle charbonne. Elle est toujours un brin séductrice devant les hommes qui lui plaisent. Mais à vrai dire, depuis le début de l’émission, elle a un peu mis ce trait de caractère de côté. Parce que les conditions du jeu, la course, le stress, et tout le tralala fait que brancher des mecs n’étaient pas du tout sa priorité. Elle avait vite fait flirter avec Elias l’autre fois. Mais avec toute cette proximité qu’ils avaient instauré en se chamaillant, Greg avait réveillé un quelque chose de physique qu’elle n’aurait pas pensé ressentir en sa compagnie (ou peut-être que si, mais qu’elle a seulement refoulé). « Je t’aurais bien montré ce que c’est que de faire du sport sans sortir de cette chambre, mais t’es peut-être trop vieux pour ça. » Elle était directe. Greg pouvait avoir l’impression d’être pris au dépourvu et il en avait le droit parce que Sienna avait totalement zappé l'aspect séduction. Son comportement était inattendu mais fallait se rendre à l’évidence, ce moment allait sans doute arriver et pleins de petits indices l’avaient laissé sous-entendre. Mais elle avait trop eu la tête dans la compétition pour y faire vraiment attention.

@Gregory Morton  

Entendre Sienna rire et la voir se tordre dans tous les sens, ça me faisait jubiler. Elle avait eu l’ascendant pendant les dernières secondes, je lui avais fait croire qu’elle était la cheffe, mais on sait autant l’un que l’autre que c’est moi le dominant dans le binôme. Si je me retenais pas, je dirais même que je demanderais à voir ce que ça donnerait au lit, mais étant donné que je me retiens, je dirais rien de tout ça. Je la laisse finalement respirer (et ne pas se pisser dessus de rire), et roule sur le côté pour reprendre mon souffle moi aussi. J’ai pas partagé ce genre de moment de complicité avec une femme depuis une éternité, et je dois avouer que ça me fait tout drôle. J’ai l’impression de passer par tous les stades d’une relation avec Sienna, et pourtant, on est rien d’autre que binôme. Pour l’instant. Quoi ‘pour l’instant’ Greg ? Elle est trop jeune, t’as oublié ? Ouais, on se cantonne juste à ROA ensemble, juste au même lit qu’on partage depuis des semaines, juste aux taquineries bon enfant sans flirt, juste à cette séance de guilis à califourchon l’un sur l’autre, ouais, c’est juste ça.

La rousse se tourne vers moi, j’en fais de même, et je me rends compte que nos visage sont quand même relativement proches pour deux personnes qui sont juste des partenaires d’aventure de ROA. Mais au fond, on a toujours été super proches, Sienna et moi, hein ? Rien, absolument rien n’a changé, hein ?

« C’est ça que t’appelles "sport de la journée" ? Ah bah oui, excuse-moi j’avais oublié, t’es un vieux toi, l’endurance c’est pas ton fort. »

Si tu savais tout ce que je pouvais faire avec mon endurance ma pauvre. JUSTE DES PARTENAIRES DE ROA ON A DIT GREG. Ca aurait quand même été plus facile de contrôler mes pensées si elle avait pas grimpé sur moi à son tour, et pas dans une position neutre en plus. Elle est sur moi, confortablement assise sur mon entrejambe. Bande pas Greg, bande pas, bande pas. Elle veut juste te chatouiller, ça peut pas déraper, hein ? Sauf si elle me chatouille le zgueg, ça c'est une autre histoire. Ta gueule, Greg, ta gueule. J’ai franchement du mal à me raisonner, j’ai franchement du mal parce que là, j’ai qu’une envie, c’est de poser mes mains sur ses cuisses pour les laisser parcourir plus délicatement son corps. Je mords fort ma lèvre inférieure, très fort, pour penser à la douleur que ça me procure plutôt qu’à l’envie que je sens monter, pour penser à n’importe quoi plutôt qu’à Sienna sur moi. J’ose pas la regarder dans les yeux, mais je peux pas non plus détourner mon regard, il se fixe évidemment sur sa poitrine. ARRÊTE DE MATER SES SEINS GREG, PUTAIN RELEVE LES YEUX. Mais quand mon regard croise le sien, c’est une autre Sienna que j’ai en face de moi, c’est une expression encore inconnue qui se trace sur son visage. Elle… Elle va quand même pas… ? « Mais bon, pour un grand homme musclé, j’aurais pensé qu’il t’en fallait plus pour t’épuiser… » C’est trop pour que je puisse contenir quoi que ce soit là, elle a clairement envie de moi. « Je t’aurais bien montré ce que c’est que de faire du sport sans sortir de cette chambre, mais t’es peut-être trop vieux pour ça. » Mais c’est qu’elle me teste, en plus de ça ? Je la sens déjà bouger doucement, et un sourire étire alors mes lèvres. « Tu serais étonnée de savoir ce qu’un gars de mon âge peut encore faire.  J’ai peut-être plus ma souplesse de mes 20 ans, mais il y a bien d’autres façons pour montrer mes compétences. » Mon regard s’est assombri : joueur, j’ai plus du tout envie de me retenir. Mes mains remontent alors le long de ses cuisses et viennent se placer sur ses fesses, parcourant ensuite le bas de son dos avant de l’attirer doucement vers moi.

Ses lèvres ne sont plus qu’à quelques centimètres des miennes. Tu peux encore faire marche arrière Greg, c’est pas trop tard. Mais j’ai aucune envie de me rétracter. « Tu sais dans quoi tu t’engages, là ? » que je lui souffle, plein d’assurance, avant d’effleurer dangereusement ses lèvres des miennes. Mes doigts se frayent un chemin le long de sa colonne pour se placer sur sa nuque, et je rapproche davantage son visage du mien, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus m’échapper. Le baiser qui s’ensuit est salvateur, comme si nos lèvres n’attendaient que de se retrouver, comme si l’un et l’autre n’attendions que ça. Ca dérape rapidement, facilement, de façon si prévisible que je m’étonne n’avoir rien avoir vu arriver, et la complicité qu’on avait construite ces dernières semaines se ressent dans ces quelques minutes qui nous unissent. Nos deux corps nus finissent par s’échouer sur le lit, la satisfaction et le soulagement ressenti dans nos essoufflements. Un rire s’échappe alors de ma gorge, timide au début, mais qui prend rapidement de l’ampleur quand nos regards se croisent, et ce fou rire me prend pendant deux bonnes minutes. « Aaaah putain, putain, putain, Siennaaaaaaaa. » Je sais pas comment exprimer mon ressenti à ce moment-là, et je trouve rien d’autre à sortir que ça. « Ca va ? » que je finis par lui demander avant d’exploser de rire à nouveau en me roulant sur le côté pour enlacer son ventre nu de mon bras poilu.