On‌ ‌a‌ ‌discuté‌ ‌avec‌ ‌Martin.‌ ‌Il‌ ‌a‌ ‌dit‌ ‌qu’il‌ ‌voulait‌ ‌rencontrer‌ ‌des‌ ‌gens‌ ‌importants,‌ ‌des‌ ‌avocats‌ ‌pour‌ ‌pouvoir‌ ‌se‌ ‌retourner‌ ‌contre‌ ‌l’émission.‌ ‌Et‌ ‌je‌ ‌connais‌ ‌toutes‌ ‌les‌ ‌personnes‌ ‌dont‌ ‌il‌ ‌pourrait‌ ‌avoir‌ ‌besoin.‌ ‌Je‌ ‌sais‌ ‌où‌ ‌les‌ ‌trouver‌ ‌à‌ ‌Brisbane‌ ‌et‌ ‌quand,‌ ‌alors‌ ‌j’ai‌ ‌décidé‌ ‌de‌ ‌l’emmener‌ ‌avec‌ ‌moi‌ ‌pendant‌ ‌un‌ ‌gala.‌ ‌Il‌ ‌risque‌ ‌de‌ ‌détester‌ ‌ça,‌ ‌mais‌ ‌j’ai‌ ‌hâte‌ ‌de‌ ‌le‌ ‌voir‌ ‌dans‌ ‌mon‌ ‌environnement‌ ‌pour‌ ‌une‌ ‌fois.‌ ‌J’ai‌ ‌vécu‌ ‌à‌ ‌sa‌ ‌manière,‌ ‌avec‌ ‌ses‌ ‌plans‌ ‌et‌ ‌sa‌ ‌nourriture.‌ ‌A‌ ‌lui‌ ‌de‌ ‌rentrer‌ ‌un‌ ‌peu‌ ‌dans‌ ‌mon‌ ‌monde‌ ‌pour‌ ‌découvrir‌ ‌de‌ ‌nouvelles‌ ‌choses.‌ ‌Il‌ ‌m’a‌ ‌dit‌ ‌qu’il‌ ‌n’avait‌ ‌pas‌ ‌de‌ ‌vêtements‌ ‌appropriés,‌ ‌et‌ ‌j’ai‌ ‌sauté‌ ‌sur‌ ‌l’occasion‌ ‌pour‌ ‌lui‌ ‌proposer‌ ‌une‌ ‌après-midi‌ ‌shopping‌ ‌et‌ ‌coiffure.‌ ‌J’adore‌ ‌ces‌ ‌moments‌ ‌là,‌ ‌et‌ ‌je‌ ‌le‌ ‌fais‌ ‌seule‌ ‌
d’habitude.‌ ‌Il‌ ‌n’est‌ ‌qu’un‌ ‌privilégié‌ ‌encore‌ ‌une‌ ‌fois.‌ ‌Il‌ ‌va‌ ‌avoir‌ ‌le‌ ‌droit‌ ‌de‌ ‌s’offrir‌ ‌une‌ ‌nouvelle‌ ‌tenue‌ ‌et‌ ‌peut-être‌ ‌même‌ ‌de‌ ‌donner‌ ‌son‌ ‌avis‌ ‌sur‌ ‌les‌ ‌miennes.‌ ‌Peut-être.‌ ‌ ‌
‌
Je‌ ‌le‌ ‌récupère‌ ‌en‌ ‌bas‌ ‌de‌ ‌chez‌ ‌lui‌ ‌et‌ ‌je‌ ‌me‌ ‌dirige‌ ‌vers‌ ‌l’endroit‌ ‌que‌ ‌j’ai‌ ‌réservé.‌ ‌J’ai‌ ‌privatiser‌ ‌un‌ ‌showroom,‌ ‌et‌ ‌on‌ ‌ne‌ ‌sera‌ ‌pas‌ ‌dérangé‌ ‌tant‌ ‌qu’on‌ ‌aura‌ ‌pas‌ ‌choisi‌ ‌tout‌ ‌ce‌ ‌dont‌ ‌on‌ ‌a‌ ‌besoin.‌ ‌On‌ ‌roule‌ ‌quelques‌ ‌minutes‌ ‌et‌ ‌le‌ ‌chauffeur‌ ‌nous‌ ‌dépose‌ ‌au‌ ‌bon‌ ‌endroit.‌ ‌J’ai‌ ‌un‌ ‌grand‌ ‌sourire‌ ‌ancré‌ ‌sur‌ ‌mon‌ ‌
visage.‌ ‌Ca‌ ‌c’est‌ ‌mon‌ ‌monde‌ ‌et‌ ‌c’est‌ ‌ce‌ ‌que‌ ‌j’aime‌ ‌faire.‌ ‌Ce‌ ‌que‌ ‌j’ai‌ ‌toujours‌ ‌aimé‌ ‌faire.‌ ‌‌“T’as‌ ‌pas‌ ‌intérêt‌ ‌de‌ ‌râler.”‌‌ ‌Je‌ ‌fais‌ ‌ça‌ ‌aussi‌ ‌pour‌ ‌l’aider.‌ ‌C’est‌ ‌une‌ ‌bonne‌ ‌excuse‌ ‌pour‌ ‌l’emmener‌ ‌avec‌ ‌moi‌ ‌pas‌ ‌vrai‌ ‌?‌ ‌Je‌ ‌pousse‌ ‌la‌ ‌porte‌ ‌et‌ ‌regarde‌ ‌déjà‌ ‌tout‌ ‌autour‌ ‌de‌ ‌moi.‌ ‌Il‌ ‌doit‌ ‌y‌ ‌avoir‌ ‌une‌ ‌centaine‌ ‌de‌ ‌robe,‌ ‌le‌ ‌même‌ ‌nombre‌ ‌de‌ ‌paires‌ ‌de‌ ‌chaussures‌ ‌et‌ ‌une‌ ‌tonne‌ ‌d’accessoires‌ ‌en‌ ‌tout‌ ‌genre.‌ ‌Il‌ ‌y‌ ‌a‌ ‌un‌ ‌coin‌ ‌réservé‌ ‌aux‌ ‌tenues‌ ‌pour‌ ‌hommes‌ ‌et‌ ‌c’est‌ ‌vers‌ ‌là-bas‌ ‌que‌ ‌je‌ ‌me‌ ‌dirige‌ ‌en‌ ‌premier.‌ ‌Ce‌ ‌sera‌ ‌bien‌ ‌plus‌ ‌rapide‌ ‌à‌ ‌choisir‌ ‌pour‌ ‌lui.‌‌ ‌“Tu‌ ‌commences.”‌‌ ‌Je‌ ‌hoche‌ ‌la‌ ‌tête.‌ ‌“‌et‌ ‌si‌ ‌t’es‌ ‌trop‌ ‌long‌ ‌je‌ ‌t’abandonne‌ ‌là‌ ‌pour‌ ‌aller‌ ‌essayer‌ ‌mes‌ ‌robes.”‌‌ ‌Mon‌ ‌regard‌ ‌tourne‌ ‌autour‌ ‌de‌ ‌la‌ ‌pièce.‌ ‌‌“Et‌ ‌oui‌ ‌c’est‌ ‌possible‌ ‌que‌ ‌je‌ ‌finisse‌ ‌par‌ ‌toute‌ ‌les‌ ‌essayer.”‌ ‌


@Martin Murphy

Qu’est-ce que je fous ici? Non mais sérieusement qu’est-ce que je fous LA? Dans cette voiture qui sent le neuf, silencieuse au possible et qui coûte sans doute plus chère que mon loyer pour deux ans. Pendant tout le trajet je tente de faire abstraction de ce cuir sur lequel je suis assis, de ces tapis si moelleux que je les sens sous mes chaussures et me concentre sur la douce musique qui passe dans les hauts parleur. ce n’est qu’une voiture. Elle a un moteur comme une autre, elle a quatre roues et cinq porte. C’est ne voiture normale et banale que je tente de me répéter en boucle.

Lorsque la voiture s’arrête et que le chauffeur nous ouvre la porte, je lui adresse un sourire de remerciement et ignore le regard noir qu’il me lance, m’avançant vers la boutique, alors qu’Ivy me prévient que je n’ai pas intérêt de raler “Mais j’ai rien fait encore!” me plaignais-je en roulant des yeux alors que je la suis à l’intérieur du showroom. ni une ni deux elle m’entraîne vers le coin homme, ne me laissant pas le choix que de commencer tout en précisant que si je suis trop long elle ira essayer les robes. Et me prévient aussi qu’elle risque de toutes les essayer “C’est une menace ça?” demandais-je en lui lançant un coup d’oeil avant de soupirer “Enfin voilà, qui c’est qui râle là, hein?” la taquinais-je alors que nous arrivons au niveau des costumes pour homme.

“Bon ….et maintenant?” demandais-je “On commence par quoi? je ...” je m’avance vers les costards, tourne l’étiquette de prix et écarquille brusquement les yeux “ ...wait ...non Ivy ça va pas être possible” secouais-je la tête en me reculant “C’est le prix de mon loyer ça” soufflais-je en pinçant les lèvres “Je peux pas me permettre de dépenser autant ...je peux même pas me payer une ceinture ici” et c’est là la triste vérité. Oh non je ne me plaint pas de ma paye de Kiné, je gagne bien ma vie pour une personne lambda. Je ne peux juste pas me permettre de mettre autant de sous dans un simple costard. “Est-ce que je peux vous aider monsieur?” me demande un vendeur, sourire professionnel sur les lèvres “Je ...hum, ouais, peut-être ...” je lance un coup d’oeil à Ivy pour lui demander de l’aide tant que je ne suis pas à l’aise dans cette situation.

Je n’aurais jamais cru vivre ce genre de choses avec Martin. Je n’aurais jamais cru non plus passer autant de temps avec Martin en dehors de l’aventure. Mais la vie réserve quelques surprises apparemment. “C’est en prévention.” Mais je sais qu’il va râler, je le connais. Il va voir tous les costard et les cravates et il va vouloir faire demi tour. Mais je compte bien l’enfermer là pour qu’il ne puisse plus sortir tant qu’on aura pas trouvé les tenues parfaites. “Peut-être bien.” Peut-être que je le menace quand je lui dis que je vais essayer absolument toutes les robes devant lui. Je vais être ravie de le voir lever les yeux au ciel à chaque fois que j’essayerai une robe clinquante et hors de prix. “Je râle pas je m’exprime.” Parce que moi je peux l’emmerder en râlant, lui non. La vie est injuste c’est comme ça.

Il regarde les costumes et ses yeux glissent sur les prix. Je ne fais pas attention aux prix alors que je devrais. Je n’ai pas envie de perdre mon temps à faire attention aujourd’hui. Je dois montrer à Martin dans quel monde je vis, et je suis sûre qu’il peut finir par adorer ça. Il ne peut pas payer ça, mais qui a dit qu’il devrait débourser un seul centime ? Je lève les yeux au ciel et commence à regarder les couleurs, je suis étonnée que les vendeurs soient si long. S’ils mettent plus de 5 minutes à arriver je les ferai tous virer. “Tais toi et choisis.” Il ne sait pas ce qu’il doit faire ou ce qu’il doit choisir, je le sais. C’est pour ça que je prends les commandes en faisant le décompte des secondes qui passent dans ma tête. “Il était temps.” Je soupire et et croise les bras sur ma poitrine. Martin est complètement perdu et ça me fait rire. “On est pas encore passé à la coiffure et on a pas le temps pour du sur mesure.” Je donne les informations au vendeur alors qu’il cherche déjà ce qu’il faut pour Martin. “Je pense qu’une couleur claire c’est le mieux pour lui. Il faut que ce soit assez cintré mais il a une taille standard donc vous allez trouver ça rapidement.” C’est un ordre. On a encore beaucoup de choses à essayer et à voir. “Il faudrait qu’on soit à peu près assorti.” Parce qu’il m’accompagne, et que je déteste être dépareillée quand il s’agit de tenues et de cavaliers.

C’est l’horreur. Vraiment c’est horrible à quel point je ne me sens pas à ma place. Et si déjà je suis mal à l’aise ici, dans ce magasin de vêtements haut de gamme, qu’en sera-t-il une fois sur place au gala? Je préfère ne pas trop y penser en vrai. Si j’ai demandé à l’accompagner à un de ces meeting, c’est seulement pour rencontrer des gens importants tel que des avocats, des juges ou des juristes, que je pourrais tenter de rallier à ma cause. C’est pour cette raison -et l’envie de vouloir passer un peu plus de temps avec Ivy- que j’ai accepté cette virée shopping car il aura fallu qu’elle fasse un tour dans ma chambre et qu’elle fouille mon armoire pour se rendre compte que je manquais cruellement d’habits essentiels pour rencontrer des gens de la haute société.

Et c’est ainsi que je me retrouve là, choqué par les prix hors normes et commençant à me rebeller contre la décision d’Ivy qui me dit simplement de me taire et de choisir. ça veut dire quoi? Qu’elle va payer pour moi? Si tel est le cas je refuserais sans aucun doute. Non pas que je rechigne devant l’argent, mais parce que j’ai quand même un minimum de fierté ! Je n’ai, toutefois pas le temps d’ajouter quoique ce soit de plus qu’un vendeur arrive et me pose une colle ne me demandant si j’ai besoin d’aide. C’est Ivy qui prend les choses en main en se montrant froide et bien trop directive. L’homme reste tout de même très professionnel et, s’inclinant légèrement vers l’avant, s’en va. “Tu peux pas être plus sympas?” soufflais-je à l’attention de la jeune femme juste avant que l’homme ne revienne avec plusieurs choix qu’il accroche délicatement. “Je vous laisse choisir monsieur, celui que vous préférez” prenant une profonde inspiration, je m’avance vers le présentoire et regarde attentivement les 6 costards qu’il a sorti “Je ...hum...vous ...faites de la location?” demandais-je en me tournant vers le vendeur.

A en voir son regard, j’ai l’impression que je viens de maudir sa famille sur les vingt prochaines génération. “Non, nous ne faisons pas ça ici. Que croyez vous? Que vous êtes chez H&M ou quoi?” j’arque un sourcil face à son ton condescendant puis m’efforce à afficher une moue désolée “Excusez-moi de demander hein...” grognais-je entre mes dents alors que je me retourne à nouveau. Il veut jouer au plus con ? Nous jouerons donc au plus con. “Je vais essayer celui-ci” j’attrape un costard bleu claire avec un pantalon beige “Celui-là” un intégral en bleu marine “celui-ci” un costard et un pantalon bordeau “Et pis celui-là aussi” et je fini par désigner le dernier: un trois pièces beige. “Je vous laisse me les emmener en cabine avec une cravate assortie. Et des chaussures qui vont avec” mon ton se fait aussi désagréable et condescendant que celui du vendeur qui me toise d’un regard mauvais. “Et je refuse de porter du cuir aux pieds. Alors ramenez moi des chaussures qui ne sont pas fait en peau de vaches” concluais-je, fixant l’inconnu “Nous n’avons pas ça chez nous” qu’il grogne, désagréable au possible “Eh bien, débrouillez vous” j’incline la tête sur le côté “Sinon nous irons à H&M, pas vrai chérie?” je lance un coup d’oeil vers Ivy, espérant qu’elle se prendra au jeu et qu’elle me soutiendra.

Je continue de regarder un peu partout pour trouver les meilleures combinaisons de costumes. Je fais le travail du vendeur et ça commence à m’énerver. Heureusement pour lui, il finit par arriver et demander ce dont on a besoin. Martin râle sur ma manière de faire et de parler et je ne fais que lever les yeux au ciel une fois de plus. Il sait que je ne suis pas du genre aimable, surtout avec les gens qui font mal leur travail. “C’est son boulot et il le fait mal.” Il revient avec quelques costumes que j’aime bien, d’autres que j’aurais envie de brûler. Martin parle de location et je secoue la tête, désespérée. J’aurais pu faire une remarque, mais le vendeur utilise un ton qui ne me plaît pas du tout. “C’est vous qui allez finir vendeur chez H&M si vous continuez comme ça.” Il sait qui je suis, il connait mon influence. Et si je décide qu’il se fera virer de ce magasin c’est ce qu’il se passera. Martin s’excuse et je lui lance un regard rempli d’incompréhension. Ce mec est payé pour répondre à chacune de ses questions et faire absolument tout ce qu’on lui demande, et il devrait le savoir.

Je regarde Martin faire, il se déplace et choisi au moins 5 costumes à essayer. Je souris, il a l’air de se prendre au jeu alors je le laisse choisir. Il utilise le bon ton et je me retiens de rire, qui aurait pu imaginer qu’il était capable de faire ce genre de choses ? Je jubile, j’aime voir que je ne suis pas obligée de le forcer pour qu’il veuille essayer une tenue qui sera assortie à la mienne. J’attends, je le regarde gérer le vendeur désagréable et je suis plutôt fière. Je l’écoute et l’entends m’appeler chérie. Je sais exactement à quoi il joue et je n’ai même pas une expression surprise. Je penche la tête, il est joueur, et ça nous fera passer le temps encore plus vite. On va être le faux couple le plus insupportable de l’univers. Je me rapproche de lui pour me placer en face du vendeur qui je l’espère est terrifié. “Si vous trouvez pas ce qu’on vous demande vous êtes viré. Oh et je vous ferai une telle mauvaise pub que même H&M ne voudra pas vous engager pendant au moins les 20 prochaines années.” Je me glisse à côté de Martin avec un grand sourire aux lèvres. “Tu devrais essayer tout ce que t’as choisi mon coeur !” Et je me retiens de rire.

Franchement, faut pas trop jouer au plus con avec moi. Car j’ai beau être quelqu’un de relativement pacifiste, quand on me cherche, on me trouve avec facilité. Alors je ne met pas longtemps avant de répondre sur le même ton à ce vendeur qui se croit tellement plus supérieur aux autres. Et je jubile intérieurement de le voir autant débousollé tout à coup. Toutefois, il se remet assez rapidement et se redressant, lève le menton, alors qu’Ivy vient se placer à mes côtés, confirmant que s’il ne fait pas bien son boulot il finira viré et sa mauvaise réputation le précèdera partout où il ira. “Exactement” hochais-je la tête alors que je passe un bras autour des épaules avant de poser mon regard sur la jeune femme lorsqu’elle m’indique que je devrais tout essayer “Tu crois?” demandais-je en arquant un sourcil avant de sourire “T’es la meilleure” soufflais-je en me penchant vers elle, déposant tendrement mes lèvres sur les siennes.

Après un dernier clin d’oeil, j’attrape le premier ensemble et disparais dans la cabine. J’en ressors quelques instants plus tard, fier d’avoir réussi le noeud de cravate seulement du deuxième coup. “Alors?” demandais-je à Ivy en me tournant vers elle après m’être observer dans le miroire “Je peux?” que me demande le vendeur en s’approchant. Me redressant, je ne bouge pas, redresse simplement le menton et adresse un clin d’oeil discret à Ivy alors que l’homme trifouille un peu le costard ainsi que la cravate “C’est vous qui avez noué la cravate?” qu’il me demande, sincèrement étonné “ça vous étonne tant que ça que je sache nouer un double windsor?” Ce n’est là qu’un coup de chance étant donné que c’est la seule dénomination de noeud de cravate que je connaisse “Vu votre hésitation avant ...” que commence l’homme avant de se taire en me voyant lever les yeux au ciel “Je testais le professionnalisme de votre boutique” dis-je en me tournant vers le miroir pour remettre ma cravate en place “Autant dire que pour l’instant c’est pas trop ça hein” J’arque un sourcil réprobateur avant de d’attraper l’ensemble bordeau “Oubliez pas les chaussures hein” et sans un mot de plus de retourne dans la cabine pour me changer d’ensemble.

Je le regarde faire et ça m'amuse. Il a l'air d'apprécier et de se prendre au jeu. Je ne pensais pas qu'il serait de ce genre là, mais il essaie vraiment les costumes, et il donne son avis. Elle donne le sien aussi quand il sort. Elle lui dit de tout essayer et ils jouent au petit couple insupportable qui vont faire vivre un enfer au vendeur. Il pose ses lèvres sur celles d'Ivy et elle le laisse faire, elle répond même. C'est pour le jeu pas vrai ? Et il s'engouffre dans la cabine d'essayage. Il passe quelques minutes à l'intérieur et mon regard glisse sur un ensemble beige et bordeau qui lui irait terriblement bien. Je l'attrape et le ramène vers le reste au moment où il sort. "Ca change ! T'es bien mieux comme ça" et je cherche déjà des yeux quelques robes qui iraient très bien avec ces ensemble. Mes sourcils se froncent, il m'étonnes Martin. Je ne m'attendais pas à ce qu'il ait ce côté princesse. Ou c'est moi qui ai une mauvaise influence sur lui ? J'adore qu'il soit capable d'être comme moi. Face au vendeur l'élève dépasserait presque le maître.

Je ne dis rien, le laisse faire. Il remet le vendeur à sa place et le fait regretter de lui avoir parlé comme s'il était un moins que rien et mon sourire s'agrandit quand je croise son regard. Il prend un nouveau costume et je me tourne vers le vendeur qui n'a pas encore bougé. "Allez, chaussure." S'il ne trouve pas la bonne paire il sait que ce sera la fin de sa carrière.

Martin sort et je secoue la tête. "Non c'est trop sombre." Je vais vers lui pour replacer la veste et la cravate avant de lui tendre celui que j'ai choisi. "Celui là" et je le fais tourner sur lui-même pour le faire rentrer dans la cabine d'essayage. Je suis catégorique, il n'a absolument pas le choix.

Je ne me reconnais pas moi-même. Pourquoi est-ce que je parle sur ce ton avec ce pauvre vendeur qui n’a pourtant rien demander? Franchement … qui suis-je, moi, pour me montrer aussi ignoble et condescendant avec un être humain? Certes, il ne m’a, jusqu’à présent, que montrer ses défauts, mais n’a-t-il pas de qualités? L’espace d’un instant je suis tenté de m’excuser mais je n’en fais rien et continue de jouer ce rôle qui ne me ressemble pas. Ivy me complimente sur mon premier ensemble et je dois dire que j’en suis ravis moi-même. Je n’imaginais qu’un tel costard pourrait m’aller et pourtant je me sens bien là dedan !

J’indique au vendeur d’aller me trouver des chaussures puis retourne dans la cabine pour essayer un ensemble rouge bordeau. Toutefois, comme Ivy me le dit, cette couleur a beau être magnifique, ça reste très sombre et elle est catégorique: c’est un non. Ainsi donc, me fourrant un autre ensemble trois pièces beige dans les mains, elle me pousse vers la cabine sans me laisser le choix. Je soupire un peu, discrètement, derrière le rideau mais finit par me changer.

Et c’est ainsi que je continue, essayant toutes les tenues qu’on me file, avant de ressortir de la cabine avec mes habits d’origine et réellement faire tâche dans la boutique avec mon jeans et mon t-shirt à l’effigie de Pink Floyd. “Bon du coup Ivy, j’hésite” dis-je en me tournant vers mon amie qui revient assez rapidement du rayon robes   “J’aime beaucoup le premier ensemble, le pantalon bordeau et le costard gris claire mais aussi le trois pièces en lin beige” je me redresse après avoir poser les deux ensemble devant moi   “Je ...”   “J’ai trouvé des chaussures qui devraient vous plaire !” m’interrompt le vendeur en revenant les bras chargé de cartons. Je lui lance un  regard noir, près à lui assener une remarque désobligeante sur le fait de ne pas m’interrompre, lorsque mes yeux se posent sur  la marque.

“Oh, merci beaucoup” m’exclamais-je en m’avançant vers l’homme pour l’aider. Des NOAH. Ces putain de NOAH ! ça doit faire depuis 2012 -l’année où je suis passé Vegan- que mon rêve est de porter des Noah aux pieds.   “Elles sont magnifique” que je souffle en les sortant de leur boîtes. Ni une deux j’enfiles les Chaussures et me lève pour marcher un peu “T’en pense quoi Ivy?” demandais-je à la jeune femme “celle-ci avec le premier ensemble, ça peut le faire, non?”

Je ne reconnais pas Martin, mais j’aime voir qu’il peut avoir plusieurs facettes. Ca m’amuse, et je le laisse gérer cette situation et ce vendeur. On joue pour passer le temps, et j’analyse chacune de ses tenues pour voir laquelle lui va le mieux. “En sur mesure ça aurait été mieux.” Je grimace une peu. Il a la chance d’avoir une taille standard donc tout lui va à peu près bien. Mais je vois quelques endroits qui auraient mérité d’être retouché. Le vendeur panique et cherche des chaussures partout dans la boutique ce qui a le don de me faire rire. Je me concentre ensuite sur tous les nouveaux ensembles qu’il essaie rapidement.

Il sort quelques minutes plus tard avec son jean et son tee-shirt usé. Je fais la moue, je le préférais en costume 3 pièces mais je sais que cette fois c’est à mon tour d’essayer des robes. Il me dit qu’il hésite et je fronce les sourcils, on va faire le bon choix. Je penche la tête sur le côté et regarde de nouveau toutes les couleurs qu’il a essayé. J’allais renvoyer le vendeur mais il revient avec une paire de chaussure qui a l’air de plaire à Martin. Je hoche la tête, je ne connais pas cette marque mais lui a l’air ravi de voir les boites venir vers lui. “Le bordeau et beige.” C’est mon dernier choix et c’est ce qu’il portera pour la soirée.

C’est à mon tour de faire mes essayages et ça risque d’être plus long que pour Martin. “T’auras le droit de donner un avis.” Je souris, c’est pas sûr que je le suive mais au moins il aura le droit de me dire ce qu’il en pense. Il y a des tonnes de robes et je me concentre sur celles qui sont dans les tons de bordeau. “Je préfère le bordeau que le beige.” Ca me va mieux et c’est assorti au pantalon de Martin. “Et je pense que j’ai le choix entre une combinaison longue ou un une robe.” Je me tourne vers lui et le regarde se concentrer sur des robes bien trop simple. “C’est un gala, je peux pas mettre quelque chose de simple.”

Je roule théâtralement des yeux lorsque Ivy me dit que du sur mesure serait encore mieux [color=darkgreen] “C’est sûr mais il n’y a pas le temps, le gala est dans moins de 24h et ...enfin bref, ça devrait aller pour une première fois”[/url] affirmais-je ainsi qu’il y aura peut-être une deuxième fois? Et une troisième? On verra bien. J’attend déjà de voir comment se déroulera celui de demain et je verrais pour la suite. ALors que j'accueille les boîtes de chaussures avec grand plaisir et que j’essaie des Oxford couleur caramel et gris, Ivy décide que je porterais du Gris et bordeau. Parfait, ça aurait été mon choix aussi!

Très vite, la jeune femme se désintéresse des costumes pour retourner vers les robes où je me met à la recherche de la perle rare. Elle me dit préféré le bordeau et j’hoche simplement la tête, haussant les épaules tout en continuant ma recherche. Et tout en fouillant, je fini par dénicher LA tenue pour Ivy qui se plaint que je ne cherche que des truc simple. “le monde cache ses saveurs sous la banalité” dis-je simplement en me tournant vers la jeune femme, combinaison bordeau foncé en main “Imagine un peu, Ivy. Toutes les femmes là-bas auront des robes incroyables, magnifiques, pleines de froufrou et de dentelles inutiles. Et puis il y aura toi, dans cette tenue là” je tends la combinaison bustier devant ivy de manière a donner l’impression qu’elle la porte “et pis BAM Les gens se diront ‘woah elle a de l’audace d’apparaître avec cette tenue là ! J’adore, il faut que je lui demande la marque”” je plante mon regard dans celui de la jeune femme, sourire malicieux en coin “Et là tu pourras faire tout un speech sur le côté éthique des matériaux utilisé et tout ça.” je prend le tissue entre les doigts “Tu te rends comptes que c’est fait a partir de matériel recyclé, ça?” demandais-je “Sérieusement, en plus du fait que le tissu soit magnifique et incroyablement doux, il embrassera ta taille à la perfection et tu seras magnifique” je me penche en avant et dépose un baiser sur ses lèvres avant de me redresser “Allez, essaie là !” la pressais-je ayant sincèrement hâte de savoir à quoi elle ressemble avec cette tenue.

“La prochaine fois on ira le faire faire à l’avance.” Je ne lui dis pas qu’en temps normal j’achète une nouvelle tenue pour chaque gala. Et il devrait faire la même chose pour chaque costume. Je ne lui laisserai sûrement pas le choix s’il me réaccompagne un jour. Mais je me dis qu’après la première soirée il finira peut-être par fuir ces soirées comme la peste.

On se dirige vers les robes et ma sélection est bien différente de celle de Martin. Je prends des robes que j’ai l’habitude de mettre. Des longues, des courtes, pleins de paillettes. On ne verra que moi et c’est le seul et unique but de la manoeuvre. Je refuse de porter une robe simple et Martin finit par en poser quelques unes après mes regards noirs. Il sort une combinaison. Je m’apprête à dire non avant de la regarder de haut en bas. Il essaie de me la vendre, alors que ce n’est pas à lui de faire ça. Je sais que je vais l’essayer mais il a l’air de prendre la défense de la robe très au sérieux. Je hoche la tête plusieurs fois, fais la moue et cherche la deuxième partie de la combinaison qu’il n’a apparemment pas trouver. C’est une sorte de traine, une partie en plus qui transforme cette combinaison en robe et qui me permettrait d’être plus à l’aise pour l’after. Elle s’enlève et se remet comme j’en ai envie et je trouve ça parfait. “Tout le monde vient toujours me demander la marque de mes robes.” C’est aussi pour ça qu’elle repart souvent avec des robes gratuitement de cette endroit. On me prend en photo et je m’affiche avec leurs tenues. Je leur offre une publicité qu’ils n’auraient jamais eu si je n’avais pas été là, alors je ne regarde jamais les prix de tout ce que je porte. “Je te laisserai faire le speech j’y connais rien.” Ecologique ou non je m’en fiche, la tenue me plaît et c’est tout ce qui m’importe. “Je suis toujours magnifique.” Mon sourcil se hausse et je tombe sur la fin de la tenue. Parfait.

Il me surprend en posant ses lèvres sur les miennes et je tourne les yeux vers lui en riant légèrement. “Tu sais que tu pourras pas faire ça quand on sera là-bas ?” Bien sûr que non il ne sait pas, il ne sait pas dans quoi il s’embarque le jeune homme. “J’avais prévu de l’essayer dès que tu me l’as montré !” Tout son speech était donc inutile. Mais je me dirige vers la cabine en attrapant une paire de talons aiguilles noirs d’au moins 15 centimètres.

La prochaine fois. Dieux que ces mots me font peur. Bien plus que ce que j’aurais imaginé. Et si la soirée de demain tournait au fiasco? Et si je lui foutais une telle honte qu’elle ne voudra plus jamais m’avoir en sa compagnie? Je soupire doucement, pince les lèvres et hausse les épaules avant d’hocher la tête “On verra bien” dis-je simplement alors que je me dis qu’en vrai avec cet ensemble là je suis bon pour le reste de ma vie et qu’au final je n’aurais pas besoin d’un nouveau costard/cravate.

Nous partons ensuite à la recherche de la tenue idéale pour Ivy et je me rend rapidement compte qu’elle et moi n’avons pas du tout la même idée de ce qui est beau ou non. Mes goûts sont bien plus simples, bien plus banals,alors que ceux d’Iv frisent presque un peu le ridicule. Je tente, ainsi, de lui vendre une autre tenue, une combinaison magnifique dont le bas est dans le même ton que mon pantalon et le haut la même couleur grise claire que mon costard. A mon sens celle-ci serait parfaite, d’autant plus qu’il s’agisse là d’une marque éthique.

Je tente donc de lui vendre le vêtement et me rend rapidement compte que mes arguments étaient inutile car Ivy, après avoir trouver la traîne qui constitue le final touch de la tenue, l’attrape en arguant avec le fait que les gens viennent toujours lui demander la marque de ce qu’elle porte et m’autorisant à faire le speech sur l’écologie moi-même “Avec plaisir” souriais-je en hochant la tête avant que je n’arque un sourcil lorsqu’elle me dit que je ne pourrais pas l’embrasser là-bas, au gala. J’allais lui demander pourquoi, mais elle disparaît déjà dans la cabine d’essayage.

M’installant sur un siège devant la cabine, j’attend patiemment qu’elle ne daigne en ressortir et écarquille légèrement les yeux lorsqu’elle écarte le volet “Je savais qu’elle était la tenue parfaite pour toi” m’exclamais-je en me levant, m’approchant d’elle pour réajuster un peu le haut du vêtement “Non vraiment, moi je pense que c’est celle que tu devrais acheter. Oublie toutes les robes qui te font ressembler à une princesse, là tu donne l’impression d’être une guerrière et ça fait beaucoup plus effet sur les hommes” en ce qui me concerne moi, en tout cas.

Et je n’ai pas besoin d’en dire beaucoup plus qu’Ivy accepte ma décision. Elle a bien tenté de se rebeller mais je sais me montrer persuasif et c’est donc, ainsi, que nous passons à la caisse. Je la laisse m payer et nous retournons, les bras chargé, vers la voiture où nous nous installons “Pour le gala, va falloir que tu me brief un peu hein” dis-je finalement lorsque nous nous remettons en route “Qu’est-ce que j’ai le droit de dire? Qu’est-ce que je devrais éviter à tout prix? ”

J’attrape la tenue qu’il gardait entre ses mains. Je n’ai même pas entendu la moitié de ses arguments tant j’étais occupée à chercher la partie qu’il manquait pour que cette tenue soit parfaite. “Préviens moi quand tu commenceras à le faire que je puisse m’éloigner le temps qu’il faudra !” Je hausse un sourcil et m’éloigne avec toute la tenue que j’ai en main. Je vérifie que j’ai toute les parties nécessaires et j’entre dans la cabine d’essayage pendant qu’il attend. Une habilleuse se tient derrière moi et je mets de longues minutes à tout enfiler avant que je ne me retrouve debout devant lui avec la tenue complète. Je penche la tête sur le côté et j’aurais beaucoup de choses à dire sur la tenue. Elle est trop simple à mon goût, et j’ai déjà mis des robes bien plus belle. Je m’apprête à parler quand Martin me coupe et me vend cette robe comme si sa vie en dépendait. Je trouve ça attendrissant qu’il s’implique autant dans ces essayages et je ris légèrement quand il remet correctement le haut de ma tenue. “Une guerrière ?” Je le regarde, étonnée, avant de me tourner vers le miroir. Cette tenue est différente de ce que je porte d’habitude et ça pourrait en étonner plus d’un. “Je vais pouvoir faire craquer le monde entier alors.” J’y vais accompagné, mais rien ne dit que Martin m’accompagnera jusqu’à la fin de cette soirée. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer entre nous deux pendant toute une soirée.

Il a besoin d’un briefing, que je lui explique ce qui peut bien se passer tout au long d’un gala. Mais on a le temps pour ça, on a toute l’après midi de demain. “D’abord on doit aller chez le coiffeur.” Parce que mes cheveux sont une catastrophe depuis ROA. “Je te dirai tout demain, on se prend une heure ou deux avant de partir et je réponds à toutes les questions.”