Il en fait un challenge de plus et ça la fait rire, Chloe. Parce qu’il n’est absolument pas menaçant, avec ses pieds nus qui évitent les tessons de verre au sol. Elle, elle boit son vin volé, elle, elle laisse la brise avoir raison du rouge de ses joues. Elle n’a pas pris le temps de marcher en pleine ville depuis des semaines, toujours ballottée d’un sens et de l’autre, jamais vraiment assez libre pour sentir l’être. La voilà qui profite, enfin et pour vrai, du moment présent. Et elle le voit, lui et ses regards en coin vers les taxis à proximité. Qu’il parte, qu’il fuit, elle ne lui en tiendra pas rigueur. Elle trouvera un passage vers la plage, elle coupera en pleine rue pour filer noyer ses pieds – encore chaussés – dans l’eau glacée puis dans le sable, elle y dormira à la belle étoile toute la nuit s’il le faut.

« Clairement, j’ai surestimé tes capacités. Je te laisse encore une chance. »
« Pour quelqu’un qui a l’air si convaincu de sa valeur, je trouve que tu fais pas grand-chose pour aider à ta cause. »

Elle au moins, elle a tenté. Chloe est aller voir des passants, elle a rigolé, discuté. Elle ne se donne pas en spectacle par contre, l’actrice, même si ironiquement on la paie pour le faire. La voilà qui finalement lui tend le flambeau, bien plus curieuse de voir ce qu’il en fait que ce qu’il en critique. C’est elle maintenant, qui jette des coups d’œil désabusés vers les taxis. Such a shame, elle adore marcher. Là, juste là. Elle éclate de rire l’australienne, irrespectueuse au possible. Gamine dans le corps d’une adulte qui se moque à voir la catastrophe que l’essai de l’inconnu lui a résultée. « Finalement t’aurais dû rester avec ma tactique. » elle pouffe de plus belle, attrapant dans un kiosque de journaux à portée quelques pages détachées du média pour qu’il puisse au moins faire disparaître le plus gros des dégâts.

Ce qu’elle ne voit pas, c’est l’article qui y est rattaché, et qui passe désormais de ses mains à elle aux siennes à lui.


WIN : c’est l'horoscope est-ce que les astres sont de leur côté ce soiiiir
SO CLOSE : c’est un article sur elle, et sur son grand retour après 1 an et demi de silence
FAIL : c’est un article sur Emma et son dernier bouquin best-seller, cadeau de la part de ta sista love xoxo

Quelle mouche m’avait piqué de vouloir suivre la jeune femme. Ce n’était qu’un regard échangé dans un bar, une situation si banale qui n’aurait jamais dû résulté en un tel désastre. L’idée était de voler quelques bouteilles et de se laisser porter par l’ivresse. Non pas de perdre une chaussure dans un cabinet et de marcher dans ce qui – à la texture – me semble être la pire des options possible. À croire que l’univers aime se foutre de ma gueule en me pointant bien du doigt. Mais le rire franc qui parvient à mes oreilles n’appartient qu’à la blonde qui semble se délecter du spectacle que je lui offre depuis plusieurs minutes. Voilà que je sautille sur un pied, retenant bon nombre de jurons sous ma barbe. « Finalement, t’aurais dû rester avec ma tactique. » Finalement, j’aurais dû rester bien sagement assis à ma place dans ce bar. Il faut, définitivement, croire que je ne suis pas capable de m’empêcher de poursuivre les conneries. Dans un sourire contraint, j’attrape le journal qu’elle me tend, essuyant mon pied entre les conseils pour les Béliers et les prévisions sentimentales des Scorpions. « Je ne suis là que pour vous divertir ma chère. » Et peut-être que je me la joue théâtrale pour déguiser ce sentiment d’échec cuisant. Elle était pas mal la jeune femme, elle m’attire forcément et voilà que je me ridiculise comme un jeune premiers sous, son regard amusé. Une énième gorgée de ma bouteille viendra noyer le sentiment qui s’égrène. « Quitte à me reconnecter pleinement avec la nature, je vais aller faire ça sur la plage. » Au vu de notre position, le chemin le plus court imposera le passage dans un parc où il fera bon de se balader pied nu dans l’herbe verte. Tout dans le ton employée lui laisser l’option du choix. J’aimerais qu’elle reste, je voudrais prolonger l’aventure encore un peu plus, déambuler jusqu’au sable fin, prétendre que l’on se connaît quand en réalité il n’en es rien.

Je garde espoir que le véritable fun pourrait commencer ici, laissant derrière nous la mésaventure. La personne qui nous aborde ensuite semble déterminée à ruiner mes plans.

WIN : c'est un adolescent sous hormone qui pour se faire mousser viens piquer la bouteille de Chloe #SoireedeMerde
SO CLOSE : il s'agit d'un "fan" de Chloe, un brin étrange, qui l'aborde pour réclamer un selfie #Stalker
FAIL : c'est Emma en charmante compagnie qui viens saluer Wyatt #IHateMyLife

« Je ne suis là que pour vous divertir ma chère. » elle pouffe de rire, la gamine aux yeux brillants, de le voir se combler de ridicule rien que pour l’effort de style. La scène est belle, vue de l’extérieur, au point où ils ont presque l’air de se connaître depuis des années tant ils renchérissent de piques l’un envers l’autre – pourtant, elle ne sait presque rien de lui, si ce n’est maintenant son signe et son ascendant. « Quitte à me reconnecter pleinement avec la nature, je vais aller faire ça sur la plage. » et le voilà d’ailleurs, qui obéit au doigt et à l’œil à ce que les pages entre les doigts de l’australienne stipulent haut et fort. « Attends, j’arrivais à tes chiffres chanceux! » ce qui est haut et fort, aussi, ce sont les avertissements et les vannes de Chloe, qui se hisse sur la pointe des pieds pour interpeller l'inconnu avant qu’il ne s’évapore vers le sable et les vagues, et qu’elle l’y suive le plus naturellement du monde.

En bordure de l’eau et de la côte, ils sont arrêtés dans leur course poursuite qu’elle guidait autant de pas précipités que d’éclats de rire. « Ne me dis pas que tu crois à ça. » le regard dédaigneux et la remarque qui va avec appartiennent à une petite brune qui doit avoir assisté au spectacle assez pour pouvoir croire avoir son mot à dire. Chloe ignore qui elle est, la nouvelle, et encore moins le type qui a passé son bras avec désinvolture autour des hanches de sa belle. Elle est pourtant passée maître dans l’art de rendre ses conquêtes jalouses, assez pour lire très clair dans le jeu de la brunette et d’ainsi comprendre que c’est au français aux souliers manquants et à la bouteille de vin volée à qui qu’elle tente de jouer son petit spectacle de scène de ménage.

« C’est trois, ton chiffre. » qu’elle murmure, Chloe, à l’oreille de son faux petit ami du soir. Elle parle assez doucement pour que le tout passe comme un chuchotement, mais pour que l’autre demoiselle face à eux entende aussi bien. À ça, la voilà qui ajoute ses doigts se glissant entre ceux du pauvre type pris face à ce qui semble à la va vite être une ex qui l’a assez marqué pour qu’il perde la parole. « Il y croit pas, t’en fais pas. Mais c'est gentil de t'en assurer. » elle bat des cils et elle sourit de plus belle, Cohen, calant maintenant sa tête contre l’épaule et la nuque de celui qui lui en devra une dans une poignée de minutes. « Chloe. On se connaît? » son autre main qui n'est pas occupée à se resserrer contre celle du brun se tend vers celle qui aura réussi à la faire citer son prénom en deux secondes à peine. C'est pour la bonne cause.

« Attends, j’arrivais à tes chiffres chanceux! » Cela aurait pu continuer ainsi, sur un franc éclat de rire et ma compagne d’un soir qui se transforme en diseuse de bonne aventure quand la chance semble cruellement me manquer.

« Ne me dis pas que tu crois à ça. » Cette voix, je saurais la reconnaître entre mille, prise dans un accent bourgeois et un détachement qui ne lui ressemble pas. Elle impose sa présence d’un port de tête hautain, laissant un regard noir balayé ma silhouette sans jamais quitter celle de la blonde à mes côtés. Emma que je n’avais pas vue depuis ce qui me semble être une éternité et qui me déstabilise au point d’en perdre les mots. Ma répartie, c’est fait la malle en même temps que ma dignité tant elle semble dégoûtée de l’image que je lui renvoie. Oh, il est parfait le boy toy à son bras, protecteur comme il se doit, le parfait accessoire. Elle est juste sur le bout de ma langue, la réplique cinglante qui la ferait taire, mais aucun son ne transperce la barrière de mes lèvres. Comme un con, je reste là. « C’est trois, ton chiffre. » Je frissonne quand le souffle chaud de la blonde vient chatouiller ma nuque. En un tour de passe-passe, elle prend la situation en main. « Il y croit pas, t’en fais pas. Mais c'est gentil de t'en assurer. » Instinctivement, mon bras vient s’enrouler autour de ses épaules, rapprochant son corps frêle du mien. C’est à celui qui pissera le plus loin, qui prouvera à l’autre que rien ne l’atteint. La dernière fois que je l’ai vu, on a fini dans un lit, scénario sans originalité qui s’est terminé par une énième dispute sans saveur, un énième coup bas de sa part. « Chloe. On se connaît? » Oh je le reconnaîtrais entre mille, le regard qu’elle adresse à ma comparse. « Em… » Pas le temps de parer le coup, qu’elle abat sa carte avec froideur. « Tu fais dans les actrices de bas étage maintenant Wyatt ? » Mes sourcils se froncent tant je ne comprends rien. « Oh tu veux dire mieux que toi, c'est ça?! » que je siffle froidement alors que le corps de la blonde se tend contre mon flanc, c’est son regard vacillant qui m’apprend qu’elle a tapé juste ma brune, elle a tapé trop fort. Elle sait que c’était trop, elle sait qu’elle a gagné, qu’elle a tout foiré, mais le jeu de regard devient trop intense. Le revers s’abat sans attendre alors que mes lèvres viennent capturer celle de Chloe dans un défi de gamin et des excuses bredouillé à la va-vite.

Elle avait parlé de chiffre chanceux non ?

Des scènes comme ça, elle en a jouées des dizaines déjà. Chloe dans toute sa splendeur qui passe le plus clair de son temps à tenter de rendre l’un ou l’autre jaloux ne se complaît qu’un peu mieux dans la routine, la chorégraphie moulée parfaitement sur ce pourquoi, dans une autre vie, on la payait.

Wyatt vient glisser un bras autour de ses épaules, Cohen elle, entrelace ses doigts à elle aux siens à lui dans le plus instinctif des faux réflexes. « Em… » Emily, Emma, Emy? Elle a une tête à avoir un nom imprononçable et à se vanter de le dire sur la longueur, la brune rigide face à eux. Déjà Chloe l’ignore, reportant son attention sur le trophée qu’elle aussi exhibe et qui semble s’enfoncer dans le sable tant la situation l’emmerde. Ça, ça risque d’être intéressant.

« Tu fais dans les actrices de bas étage maintenant Wyatt ? »
« Oh tu veux dire mieux que toi, c'est ça?! »

Ils en sont à s’envoyer des vannes, c’est à celui qui piquera le plus l’autre. Dans un sourire en coin, la blonde elle capte l’attention du rencard d’Em à la recherche de la moindre faille. Est-ce qu’il la regard elle, est-ce qu’il le fixe lui? Est-ce qu’il est jaloux, est-ce qu’il s’en fout? Les munitions qu’elle accumule l’empêchent de prendre une inspiration de plus avant de se retrouver lèvres volées par celles de l’inconnu qui n’en est plus un, mais qui tente de démontrer n’importe quoi maintenant qu’elle le suit dans l’élan.

Il n’embrasse pas si mal, pour un type désespéré encore en peine d’amour. S’il peut faire mieux, elle se garde de lui faire part de ses notes mentales, chuchotant à son oreille un « La prochaine fois cale ta main derrière ma nuque ça fait plus réaliste. » qui donne le ton pour les autres reprises où il risque de vouloir rendre la pareille à la brunette et lui montrer à quel point il est oVer iT. Cute.

« Elle m’ennuie ta pote. » ça, c’est du Chloe tout craché, qui se détache de ses lèvres à lui rien que pour laisser un éternel sourire de gamine effrontée se hisser sur ses lèvres à elle. « Ex. » qu’elle précise, la délaissée, la frustrée. Bien sûr qu’elle s’en doutait Chloe, autant qu’elle adore voir que l’autre a été assez idiote pour tomber dans le panneau. « Oh que je comprends pourquoi. »

Elle a la tête haute Emma, la main ancrée dans celle de son boy toy, le regard noir et menaçant. D’un regard, elle juge ma compagne d’un soir, s’étant déjà probablement fait un avis bien tranché sur la question. Elle attaque sournoisement, sans laisser de place au sous-entendu. Dans toute sa splendeur de gamine riche capricieuse, elle veut mon attention pour elle uniquement. C’est la rage qui bouillonne sous mes veines et vient frapper à mes tempes. La réaction la plus sensée serait de lui tourner le dos. Celle qui me vient à l’esprit semble plus fun encore. Embrasser Chloe, puisque c’est son prénom, d’une manière bien trop langoureuse pour deux personnes qui n’ont voler qu’une bouteille – ou deux – ensemble. C’est aussi pathétique que s’en est amusant tant je sens celle qui a trop souvent retourner mon monde bouillonne à nos côtés. « La prochaine fois cale ta main derrière ma nuque ça fait plus réaliste. » L’éclat de rire qui s’échappe d’entre mes lèvres est aussi franc qu’il n’est exagéré pour faire rager. Mon regard capte celui de ma camarade de jeu, elle s’amuse bien plus que de raison dans cette situation. Je pousse l’acting jusqu’au bout, viens déposer mes lèvres sur son front avant de laisser mon regard glisser vers Emma. Oh elle est en colère. J’attends la suite, l’attaque suivante, celle qui frappera encore plus bas.

« Elle m’ennuie ta pote. »
« Ex. »
« T'aimerais... »

Elle ne compte plus la relation du passé. Pas a mes yeux en tout cas - essaye de t’en convaincre encore Wyatt. « Oh que je comprends pourquoi. » Je pourrais l’embrasser encore. « Tu nous excuseras. » Mes doigts se glissent entre ceux de la blonde pour l’attirer de mon côté. S’échapper reste la meilleure chose qui soit tant Emma semble prête à mordre. « On a un programme à suivre. » Il n’en est rien, le programme s’arrêter à la lecture de mon signe astral. Qu’importe, on se trouvera mille excuses, la rue d’après. « On se reverra Wyatt. » Cela sonne autant comme une promesse, qu’une menace. « Tu me trouveras en train de faire un feu de joie avec la dernière merde que t’as pondu. » Ou a placé chaque exemplaire du bouquin de ma sœur devant le sien dans chaque librairie de Brisbane. Tout pour la faire chier, tout pour lui faire payer.

La seconde d’après, on s’échappe en courant. Avec forces, je me retiens de lancer un regard dans mon dos. Elle ne m’atteindra pas. C’est si faux que cela doit transparaître par chacun de mes pores. Ma main serre une dernière fois celle de Chloe, dans un remerciement silencieux, avant de lui rendre sa liberté. Nos pas nous dirigent toujours plus vers la plage. « J’ai soif. » Il me faut de l’alcool, maintenant. « Si je fais une descente chez un caviste, tu restes encore un peu ? » Acceptera-t-elle un peu d’alcool en échange de compagnie l’actrice ?

en italique = en français

« Ex. »
« T'aimerais... »

Si on a l’impression qu’elle tape du pied, c’est qu’il s’agit probablement de sa façon à elle d’insister sur le pathétisme de la scène. Oh qu’elle pointera toutes les fois où Jet s’est assuré d’embrasser sous ses yeux des gamines sans importance sans qu’elle ne bronche, oh qu’elle mettra l’accent sur tous ces clichés où Victor joue les photographes avec ses dizaines de muses aux quatres coins de la planète quand Chloe n’est plus la sienne depuis des années. Elle a pris l’habitude d’être celle qu’on côtoie quand on a envie de le faire, pour laquelle on ne se battra jamais parce qu’elle n’en vaut visiblement pas la peine à long terme. Bouhou, passons. « Tu nous excuseras. » ouais, qu’il lui prenne la main, autrement la blonde risquerait de les abandonner tous à leur petit sort ridicule pour finir par s’improviser seule un bain de minuit. Elle n’en serait pas à son premier cela dit.

« On a un programme à suivre. » blabla-
« On se reverra Wyatt. » -blabla-
« Tu me trouveras en train de faire un feu de joie avec la dernière merde que t’as pondu. » - bla. C’est bon, on y va?

Wyatt court, Chloe se retient de lui dire que ça ne servira à rien. Que peu importe la distance qu’il mettra entre celle qui lui a visiblement brisé le cœur trop de fois pour que son égo l’assume, elle restera toujours autant ambiante sans aucune équivoque. Elle l’a appris à la dure, Cohen qui s’envole dès qu’elle s’attache, qui n’en souffre pas moins pour autant. Le sentant se retenir de regarder par-dessus son épaule, pour espérer aussi stupidement qu’elle a bien pu le faire elle-même au fil des années et des ruptures, la voilà qui conclut, sérieuse et définitive. « Elle regardera pas. » elle le textera sûrement, lui renverra une bouteille à la mer en temps et en heures. Pas ce soir. Ça voudrait dire qu’elle lui cède le dernier mot, qu’il gagne. Ce genre de filles-là ne cède jamais. Chloe y aspire, elle aussi.

Et la plage s'étend sous leurs pieds, l'actrice déchue a fini par recommencer à respirer au fil des vagues qui noient ses orteils. « J’ai soif. » l’océan est juste à côté, qu’il s’hydrate. Son sourire en coin comprend le relais de l’initiative, mais il y ajoute des mots rien que pour mettre les bases d’une nouvelle entente illégale. Leurs bouteilles volées sont terminées - égarées - depuis l’altercation avec son fantôme du passé. « Si je fais une descente chez un caviste, tu restes encore un peu ? » « Juste pour ça, ouais. » tout dans sa voix comme dans ses fossettes en suggèrent autrement, finalement. Elle s’y reconnait, dans ses amours d’épaves et ses cicatrices jamais vraiment guéries. Elle restera.

« Fais comme si c’était sa tête à lui. » elle a coupé, entre la plage et la promenade. Elle a coupé pour le ramener à la civilisation, pour sillonner les quelques rues illuminées des phares des voitures, des enseignes de commerces encore fermés. Un caviste qui se trouve devant eux désormais, autre petit cadeau du destin. Au creux de sa main à lui, la voilà qui y dépose un petit caillou avec toute son espièglerie bien à elle. « Ou à elle, je juge pas. » ça n’aidera rien, mais Chloe parierait qu’il ne crachera pas sur une occasion de se venger un peu, aussi risible soit-elle.

C’est tout ce dont je n’avais pas besoin. La croiser là. La croiser avec un autre. C’est tout ce que je cherche à fuir alors que mes pas accélèrent, alors que l’on se dirige enfin vers la plage. Ne jamais regarder par-dessus mon épaule, ne jamais lui donner cette chance de croiser mon regard à nouveau. « Elle regardera pas. » Je n’en suis pas si sûr quand je sens le regard noir qu’elle m’adresse sans cesse. Celui qui me semble dédié, complètement dédicacé. Un souffle et mes pieds nus heurtent enfin le sable. Quelques pas de plus et voilà l’Océan qui embrasse nos chevilles dans un silence presque réconfortant. Cette soirée ne devait être qu’un défi supplémentaire sur la liste, pas l’exposé même de mes sentiments reniés. Oh, elle ne juge pas la blonde. Elle prétend n’avoir jamais assisté à la médiocre joute verbale quand son sourire ne démérite pas.

« Juste pour ça, ouais. » Elle accorde que le jeu dure encore un peu sans donner de date de péremption préliminaire. La chance est à saisir d’oublier cette rencontre non désirée. Mon attention tout entière se focalise sur l’actrice quand je refuse de penser à celle que l’on a laissé. Toute occasion est bonne pour rempiler dans les conneries du genre, pour prétendre à oublier. Pour anesthésier les sentiments révoltés et la démangeaison qui agite mes doigts de lui envoyer un texte salé. Elle est dans l’action ma compagne d’un soir. Elle nous fait abandonner la plage pour une ruelle déserte, des magasins fermes et finalement le but ultime. L’échoppe semble minuscule presque laisser à l’abandon tant la devanture accumule les boulottes de poussière. Un caillou glisse entre mes doigts alors que dans le regard qui croise le mien sonne un défi immense. « Fais comme si c’était sa tête à lui. » Serait-ce suffisant ? « Ou à elle, je juge pas. » Un ricanement m’échappe alors que mon regard évalue la situation. L’endroit est vide de toute âme, la boutique semble oubliée de tous. Ce n’est rien de plus qu’un énième délit sur une liste. Ce n’est que de la pacotille, mais ce sera suffisant pour le rush d’adrénaline qu’elle semble autant rechercher que moi. Le caillou part sans que je ne réfléchisse plus longtemps. Pas assez fort, le coup ne laisse qu’un éclat sur la vitre. « Va falloir trouver plus gros. » Faudrait peut-être donner plus de force aussi, mais qui oserais dire une chose pareille ?

On trouve la pierre. Je visualise sa tête à elle, son cœur et tout ce que j’aimerais encore abîmer chez elle. « Laisse de la place au professionnel. » Rouler des mécaniques - pour n’impressionner personne – et prendre l’élan nécessaire pour que cette fois la pierre, éclate en partie la vitrine. Une seconde de silence, attendant l’erreur fatale que serait le cri strident de l’alarme. Rien. Un sourire victorieux et une requête de plus importante. « Merlot ou Riesling ? »

WIN : c'est pire qu’un jeu d’enfant, ni vu ni connu.
SO CLOSE : avec un peu de retard, l’alarme se met en route. Ils piquent quelques bouteilles qui sont exposer dans la vitrine, et un passant les voient mais pas assez pour les reconnaître.
FAIL : Pas d’alarme, mais une voiture de flic qui passait par là et un Wyatt qui se coupe avec un bout de verre.

D’où est-ce que Chloe peut bien connaître la brunette, c’est flou, vraiment flou. Une question de vin ingéré en quantité importante et d’envie de ne pas voir grand chose ce soir de toute façon. Il ne l’oubliera pas de sitôt mais elle, elle l’a déjà rangée à double-tour aux oubliettes non sans chercher un nouveau méfait à ajouter à leur tableau de chasse. Et ça tombe bien, il semble prêt à lâcher du leste, à arrêter de s’accrocher à son fantôme de boulet du passé pour au moins une soirée. C’est qu’il est intéressant, l’auteur déchu et brisé. Un galet, c’est tout ce que ça lui prend pour retrouver son flegme, pour se remettre dans le droit (pas si droit que ça) chemin. Au fond de mon sac, elle part à la recherche du paquet de cigarettes qu’elle traîne avec elle en soirée ; les clopes volées à Jet, ou à Victor, ou à qui que ce soit des deux erre un peu trop près de sa table de chevet ces jours-ci.

« Laisse de la place au professionnel. » blablabla. Elle suit des yeux le caillou délaissé, pauvre petit miette de pierre qui n’a servi à strictement rien pour l’heure. Ce qui semble être un reste de briques de béton ou qu’en sait-elle leur revient. Chloe préfère et de loin le doigté et la précision, mais elle serait prête à parier que le brun n'en a absolument rien à faire de laisser un carnage dans son sillage. « Merlot ou Riesling ? » pour l’instant, ce sera la ruelle ou la prison, si elle se fie à la silhouette définie d’une voiture de police qui arrive par leur droite. À peine a-t-il piqué une bouteille au choix du chef, qu’elle laisse ses doigts agiles s’enrouler autour de son poignet à lui, le tirer à l'abri dans un rire qui aurait tous les critères pour les faire repérer dans la seconde. Quel dommage ce serait, surtout alors qu’elle est persuadée que le vin qu’il a dérobé à nouveau est une bonne cuvée.

« Viens là, Clyde Barrow. » un pas, un autre, elle pouffe de rire en se rappelant à quel point on lui a arraché le rôle de Bonnie des mains y'a deux ans et des poussières de ça. L’ironie fait vraiment moins mal quand ne reste sur sa peau que les marques indélébiles des mains de merdeux de Byers au passage. Passons. « Tu vas en mettre partout. » du sang. Ses paumes sont lacérées, elle ignore si les coupures de verre sont profondes ou non, n'arrive pas à bien voir de toute façon. Dans la pénombre de la ruelle, c’est presque comme s’ils étaient à l’abri - presque.

WIN : apparemment la ruelle a fait son boulot et après un petit coup d’oeil vers la rue, la voie semble libre
SO CLOSE : la voiture de police n'allume pas ses gyrophares, mais elle reste stationnée à la sortie de leur ruelle
FAIL : la voiture de police allume ses gyrophares, ça y est la course poursuite dans les ruelles est lancée

C’est vouloir jouer au plus malin. C’est joué avec le feu. C’est prétendre que la vision que l’on avait croisée auparavant ne m’atteint en rien. C’est stupide et inutile, mais elle m’offre la possibilité de créer le pire sur un plateau d’argent. On a soif, la solution se trouve sous nos yeux. Je me fiche bien des conséquences, de ce qui pourrait me tomber sur le coin de la gueule. Je veux vivre pleinement, loin de ses diktats de fille embourgeoiser qui ne peut qu’accepter de partager sa vie avec un de ses semblables. Elle noirci mes idées Rosalie, elle assombrie mon jugement. Tout sera de sa faute quand bien même, c’est ma main qui cherche la pierre et c’est mon mouvement qui envoie cette dernière dans la vitrine. Je prends mon temps lorsque l’alarme ne résonne pas, lorsque c’est l’embarras du choix qui s’offre à nous. Même pas je prends le temps d’observer la rue dans mon dos. Le choix est crucial pour un français d’importation. Manquerait plus que l’on se retrouve à boire de la piquette, ce serait inadmissible. Mon attention vacille entre deux cuvées de choix lorsque la main de la blonde me ramène à la réalité de la situation. « Viens là, Clyde Barrow. » Son rire se mêle au bruit d’une voiture non loin. Elle m’entraîne vers l’arrière, dirigeant bien trop rapidement ma paume vers les bouts de verre dépassant. C’est un carnage, c’est pire encore quand mon regard attrape l’arrière d’une voiture de patrouille. Mon rire se mêle au sien attirant probablement l’attention sur nous alors que l’on se dirige vers une allée sombre. Deux fugitifs riant aux éclats, butin en main et blessure de guerre pour se faire mousser. « Tu vas en mettre partout. » Mon regard suit le sien tandis qu’une grimace se dessine sur mon visage. D’un mouvement, je lui tends notre précieux avant de venir coller mes blessures contre mon tee-shirt déjà ruiné. Du coin de l’œil, je vois la voiture repasser et d’un geste viens coller à la jeune femme au mur de briques. « Bouge pas. » Même si je me fiche des conséquences, je n’ai pas envie que la soirée se termine par un tour au poste.

Comme par chance, le flic probablement trop con pour se soucier de quoique ce soit a fini par s’en aller tranquillement. Je respire un peu mieux, inspecte les dégâts et hausse les épaules. Ça pourrait être pire, ça pourrait être mieux. Il nous reste une bouteille à déguster et quelques heures avant la nuit complète. « Je connais un endroit où l’on pourrait savourer le pinard en paix. » Est-ce qu’elle voudra encore me suivre après tout ce qui a bien pu nous arriver depuis le départ ? Elle serait folle, mais je remarque dans son regard ce même air défi que j’avais cru lire tout à l’heure. « C’est pas forcément illégal. » que je souligne même si cela l’est un peu. On devrait pouvoir s’en sortir sans trop de dégât cela dit.

Une ruelle, une voiture de flics, une course poursuite et une bouteille - ou deux? Chloe a perdu le fil mais son sang bat contre ses tempes, son cœur fait des bonds dans sa poitrine. « Bouge pas. » pourtant elle ravale tout, l’ingénue hypocrite et menteuse qu’elle joue à merveille quand on lui met dans les pattes un inconnu qu’elle n’a envie que de berner sur tous les tableaux. « Ouais, ouais, c’est ça. » Chloe fait sa maligne, chuchote à l’oreille d’un Wyatt bien plus tendu qu’elle - du moins c’est ce dont elle se persuade. Il a eu des soucis avec la loi et l’ordre, peut-être? À voir comment il ponctue leur soirée, c'est pas du tout étonnant.

Et le casier vierge de Cohen le reste, maintenant que le patrouilleur les oublie. La ruelle est de retour à son ambiance confortable, ses doigts à elle font la course contre son torse à lui. « Je connais un endroit où l’on pourrait savourer le pinard en paix. » c'est qu’il aurait presque l'air de la draguer, maintenant qu’ils sont seuls à nouveau. Elle ne jouera aucune carte par contre, la blonde encore consciente qu’il doit être remué parce qu’il a vu son ex y’a une poignée de minutes. Oh qu’il doit avoir le coeur brisé, oh que ce ne serait pas une bonne idée pour elle de tenter quoi que ce soit. Pas correct pour la solidarité féminine, pas sympa pour l’âme en peine qui lui fait face, blablabla gnagnagna. Les prunelles de bAd bOy retournent vaquer autour d’eux, celles de Cohen n’ont pas lâché son profil.

« C’est pas forcément illégal. » « Dommage. » elle hausse de l’épaule, laisse une moue de gamine gâtée orner ses lèvres qui retrouvent bien vite leur éternel sourire. Ce serait pas correct, donc, de faire la moidnre tentative vu comment il a l’air encore secoué de son altercation avec - qui, déjà? Pas correct, mais surtout dommage aussi. Chloe se hisse sur la pointe des pieds, la brique derrière elle lui gratte le dos et lui glace la peau. Quand elle chuchote un « Last call. Après y’a mon couvre-feu qui commence. » à l’oreille de Wyatt, elle le presse de tout comme de rien. Le couvre-feu sera leur meilleure excuse une fois la nuit tombée.