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 What's the best way, no one knows - Keyden#2

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Message(#) Sujet: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyMer 2 Sep - 21:08



What's the best way, no one knows
@Hayden Siede & Keith Weddington"
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Depuis combien de temps j’étais resté devant mon téléphone en espérant que ce dernier ne sonne, laissant apparaître le nom de ma meilleure amie. Combien de fois l’avais-je déverrouillé pour reverrouiller, le cœur lourd en m’apercevant que mon espoir était vain. Depuis ce retour de gala, j’étais resté obtus, persuadé que mon attitude n’était que le terrible résultat d’une manipulation énorme entre Keynes et Hayden. Après tout, je n’avais qu’accepté d’accompagner ma meilleure amie. Et je m’étais retrouvé au milieu d’une scène de tragédie, sans connaitre mon texte et l’improvisation s’était avérée catastrophique. J’étais resté silencieux, mon regard ayant parlé bien plus que mes mots et depuis, le silence était devenu pesant. Trois mois. Je comptais les jours comme un enfant attendant le père noël sans savoir quand ce dernier ne daignerait apparaître. J’aurais pu me satisfaire de la vie que je menais depuis lors. J’avais retrouvé Danika, nous avancions petit à petit sur le chemin qui s’offrait à notre couple. J’aurais pu m’épanouir dans ses bras, me dire que la vie avait fini de s’acharner et me laissait dorénavant la possibilité d’emprunter ce second sentier vers l’espoir d’un bonheur naissant. Pourtant je ne réussissais pas à avancer sur ce sentier. Instinctivement, je ne pouvais débuter mon trajet si à mes côtés je n’avais pas celle qui avait toujours été mon fidèle repère. Trois mois pour le commun des mortels, ce qui me semblait une éternité pour moi.

J’étais seul ce matin. Seul face à mes peurs, mes craintes, mes envies et mes doutes. Avec cette soudaine intuition qui me prenait depuis le réveil : il fallait que j’aille vérifier de mes propres yeux le départ d’Hayden. Il n’y avait que cette possibilité pour justifier un silence si long. Je passais outre le fait qu’elle comme moi étions les personnes les plus têtues que Brisbane pouvait loger. Adieu l’égo machiste absolu, il n’était plus raison ici que d’une dernière tentative de sauvetage. Je n’avais pas les clés pour, mais j’avais compris avec l’entrevue menée par Elizabeth que si je restais campé sur mes positions, les mois se transformeraient de nouveaux en années. Le point de non-retour était atteint et mon cœur lui, s’était éteint. Bayside. Voilà le cap que prenait l’épave que j’étais dans le but de voir s’il restait quelque chose à sauver. J’aurais pu passer le trajet à me refaire en boucle chacune des phrases de ce gala. J’aurais pu tenter de refaire le monde. A quoi bon ? Depuis quand refaire les choses arrangeaient le présent ? Quelle stupide étude avait pu faire croire à quiconque que le regret était source de réconfort ? Ni remords, ni regrets. Non, ils ne venaient qu’hanter mes songes sans fin. Ces songes que je cachais aux yeux de Danika pour éviter de l’inquiéter. Andréa était une excuse toute faite pour justifier ces longues nuits d’insomnie, ces longues soirées silencieuses. Pourtant à force de me voiler la face, j’étais en train de garer mon véhicule face à ce bâtiment qui était l’architecture même de mon précipice. Je me jetais dans le vide, sans savoir si une fois de plus une main me rattraperait.

Comment une porte pouvait elle me procurer une sensation d'inconfort aussi grande ? Je ne réussissais pas à retirer mon regard de cette poignée, mon cœur s'arrêtant à chaque bruit que j'entendais aux alentours. Si cette porte restait fermée, je me retrouverais de nouveau plongé dans les méandres de la peine que j'avais côtoyé pendant des années. Car tel un marin en pleine tempête, elle était ce phare m'empêchant le naufrage. Et sans lumière dans cette dense obscurité, je ne pourrais éviter de m'échouer. C'était mon dernier appel à l'aide. Mon seul et unique SOS. J’avais frappé. Deux fois. Pas une de plus, à quoi bon ? Ce n’était pas parce que j’insisterais que la porte aurait plus de chance de s’ouvrir. Je fermais les yeux, prenant une longue inspiration pour tenter de me calmer. C’est cet instant là qu’elle choisit pour ouvrir la porte. Pas besoin d’ouvrir les yeux pour savoir que c’était elle. Il y avait cette alchimie indéniable, ce parfum que je reconnaitrais au milieu de milles autres et mes yeux s’ouvrirent pour tomber face à ce qui aurait pu être mon pire cauchemar : un regard de marbre, un visage impassible et cette sensation affreuse d’être face à sa facette la plus horrible à côtoyer. Cette statue de marbre que j’avais réussi à briser, à creuser, à comprendre. « Bonjour… » murmurais-je tout de même, mon avant-bras venant se coincer dans l’encadrement de la porte. Je me devais d’insister. C’était ce que m’hurlait mon intuition. « Ravi de voir que tu n’es pas retournée à Londres. » lâchais-je d’un ton détaché. Car après tout, il fallait que je commence à me protéger de cette perte qui signerait mon achèvement. « Tu me laisses rentrer, je n’en ai pas pour longtemps. » lui dis-je en poussant la porte, entrant dans son intimité. Depuis combien de temps n’avait-il pas été ici, assis sur ce canapé, à regarder ce film qu’aucun humain ne pourrait supporter mais qu’il acceptait de regarder pour elle.

Perdu au milieu de ce salon, face à ce regard de marbre, la seule envie de fuir me prend aux tripes. Comment faire accepter l'inavouable à une personne qui n'écoute pas mes propres mots mais entend simplement le son de ma voix ? Un rapide coup d'œil vers la porte et mon cœur se serre. Serais-je digne de porter le rôle de meilleur ami en me comportant comme un typique étranger ? Mais ce rôle ? Serait-ce celui choisi ou celui que le courant de la vie m'a attribué ? Le cahier des charges était bien trop important pour ma propre personne. Et cette incompétence m'avait mené tout droit dans cette situation. Face à cette femme que j'admirais tout autant que je pouvais la blesser. Mon amour était destructeur et en plus de ne pas avoir les gestes pour apaiser nos cœurs je possédais les mots pour attiser cette frayeur que créait l'idée de la perdre. « J’ai bien cru que tu étais morte… Trois mois. Tu comptais t’enfuir sans dire un mot ? A part si ton portable s'est retrouvé écrasé par je ne sais quel biais... » finissais-je par lâcher, sous le poids de l’émotion. Je ne pouvais plus l’épargner, ni même m’épargner. Trois mois d’absence n’ont pas affaibli les choses. Bien au contraire.


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Message(#) Sujet: Re: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyMer 23 Sep - 1:11


Perdre Keith avait été plus difficile que prévu. Les trois derniers mois avaient marqué la dissipation progressive de l’excès de confiance qui lui avait donné la force de tourner les talons lors de cette fameuse soirée catastrophique, entamant au fil des semaines sa jolie assurance et ses convictions fermes et définitives. Pour autant, Hayden n’avait pas hésité une seule seconde à ignorer les différentes tentatives de son ancien meilleur ami pour renouer avec la brune comme si, au fond, rien de tout cela n’était réellement surmontable. La comédienne s’était murée dans le silence, se jetant à corps perdu dans le travail, repoussant chaque jour un peu plus l’échéance d’une discussion à cœur ouvert qu’Elizabeth lui réclamait depuis son retour du gala. Elle avait fini par céder quelques jours plus tôt, lassée de s’entendre répéter inlassablement qu’elle ne pouvait pas toujours tout garder pour elle, au risque d’exploser un jour ou l’autre. Hayden n’avait définitivement pas apprécié l’expérience, et elle s’était rendu compte que ressasser sans cesse une situation incompréhensible n’aidait nullement à lui trouver un sens. Sa meilleure amie avait tenté tant bien que mal de lui remonter le moral, cherchant une explication logique au comportement exécrable de Keith, essayant du mieux qu’elle pouvait de passer outre sa propre méfiance envers l’ancien lieutenant pour justifier l’injustifiable. Mais même Elizabeth et son optimisme débordant n’avait pas suffi, et Hayden s’était rapidement décidée à lâcher prise. L’essor de son nouveau projet professionnel aidant, la comédienne avait passé le plus clair de son temps à jongler entre la Northlight et le bureau de son appartement, la seule pièce qu’elle avait réellement pris la peine d’aménager correctement puisqu’elle y passait une grande partie de ses journées. Concentrée sur le rare domaine qu’Hayden continuait de maîtriser sur le bout des doigts, il lui était devenu plus aisé de s’obliger à ne répondre à aucun des messages que Keith avait cru bon de lui envoyer. Ces derniers avaient fini par s’amenuir d’eux-mêmes et la comédienne avait fini par se faire une raison : bien que la colère se soit muée en déception, il était temps d’avancer malgré des explications qui ne viendraient sans doute jamais.

Lorsque l’on frappa à sa porte, Hayden ne s’attendait donc pas à grand-chose, et surtout pas à la vision qui s’imposa à elle lorsqu’elle jeta un coup d'œil sur son palier. Keith s'y tenait debout, dégageant une confiance aussi déplacée qu’arrogante pour une personne qui l’avait autrefois trahie en un battement de cils, visiblement déterminé à s’imposer pour ce qui n’était certainement pas une simple visite de courtoisie. Figée par la surprise, la comédienne n’eut pas les réflexe suffisants pour réagir immédiatement, et son ancien meilleur ami profita de la faille qui s’offrait à lui pour s’engager dans le salon sans qu’Hayden ne puisse répliquer quoique ce soit. Oubliez la partie concernant la déception : face à un tel culot, la comédienne lutta contre une colère froide qu’elle sentait grandir de nouveau. Elle ne comprenait pas très bien ce que Keith cherchait à obtenir, mais il était certain qu’il n’arriverait à rien en agissant de la sorte. « Je te sers un verre, pendant que tu attends qu’on vienne t’inculper pour une intrusion au sein de ma propriété ? » Hayden croisa les bras, fixant son interlocuteur d’un regard noir, tout en faisant en sorte de se tenir à bonne distance de ce dernier, comme par peur de se brûler si elle s’approchait de trop près. « Qui sait, peut-être que tu croiseras d’anciennes connaissances. Il doit bien te rester quelques amis à qui tu n’as pas encore planté de couteaux dans le dos, non ? » Le ton placide avait lequel la comédienne s’exprimait ne laissait envisager rien de bon. Pour quiconque la connaissait suffisamment, il n’était pas difficile de reconnaître qu’Hayden cherchait à piquer autant qu’elle avait été blessée, endossant à la perfection le rôle de la garce qu’on lui associait beaucoup trop souvent. Sa loyauté n’avait toujours eu pour unique limite que le respect qu’elle estimait que Keith avait bafoué sans un seul regard peiné en arrière.

Comme Hayden avait pu le prévoir, les reproches de la part du camp adversaire ne se firent pas attendre très longtemps. La comédienne ne bougea pas d’un iota, figée dans sa position de repli, comme reconnaissante qu’un plan de travail puisse les séparer. Elle n’écoutait plus vraiment, désormais. Il lui semblait que la discussion tournait en rond alors qu’elle venait pourtant tout juste de débuter, et elle demeurait toujours outrée que Keith puisse encore prétendre, après trois mois d’un silence radio minutieux, qu’il avait le droit de lui imposer quoi que ce soit. Cette discussion en tête de liste, pour commencer. « Que j’envisage de retourner à Londres ou non ne te regarde aucunement, Keith. Pas plus que l’état de mon téléphone portable, d’ailleurs. » Hayden soupira longuement, refusant de croiser le regard de son interlocuteur, refusant d’entendre l’émotion qui faisait trembler sa voix, comme si son amitié avec la comédienne pouvait soudainement lui importer. Car le schéma était toujours le même, avec Keith ; toute cette situation sentait terriblement le réchauffé, et Hayden luttait contre une impression de déjà-vu tenace. Les deux anciens amis semblaient figés dans le temps, prisonniers d’une boucle temporelle infernale qui les incitaient à reproduire sans cesse le même schéma destructeur depuis que la comédienne avait rejoint Londres trois ans plus tôt. « Mais puisque tu sembles te poser la question, mon téléphone est en très bon état, merci pour lui ; je n’avais simplement pas envie de te répondre. » Hayden désigna vaguement l’appareil en question du doigt, comme pour appuyer ses propos. Ce début de joute verbale commençait d’ores et déjà à la lasser, et il n’avait jamais été prévu de se confronter avec Keith aujourd’hui. Si tel avait été le cas, la comédienne se serait au moins attendue à des excuses en bonne et due forme, et non pas à des piques sous couvert d’une culpabilité qu’il souhaitait visiblement lui imposer là encore. « Je ne sais pas ce que tu es venu faire ici mais, crois-moi, c’est une très mauvaise idée. Je n’ai rien à te dire et, surtout, je n’ai plus envie de t’entendre. » Hayden sentit son cœur se serrer, tandis que son instinct lui soufflait qu’elle venait de s’exprimer dans un demi-mensonge. Car en réalité, elle ne possédait plus que ça, des questions sans réponses qui ne demandaient qu’à être résolues. Et elle se refusait à croire que Keith Weddington, qui avait été son pilier pendant de si longues années, pouvait désormais être l’initiateur de la débâcle qu’elle tentait tant bien que mal de traverser.
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Message(#) Sujet: Re: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyMer 23 Sep - 16:08



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Comment avais-je pu rire au nez de ma belle-mère lorsqu’elle m’avait expliqué que les chagrins d’amitié étaient bien souvent plus douloureux qu’un chagrin d’amour ? Comment avais-je pu penser que cette jalousie naissante, marquée et que je ne prenais plus la peine de cacher pouvait être justifiée par une envie de protection ? J’ai eu trois mois pour y penser et je me retrouvais dépourvu de réaction. Adieu l’homme à la répartie infaillible, à cette joute acerbe et à cette franchise incommensurable. Je m’émiettais jour après jour depuis son retour. Comme si ce sentiment de devoir être sur le qui-vive prenait un peu plus le dessus contrairement à l’époque de son départ. Comme si je me découvrais moi-même après ces années passées. Ne dit-on pas que si près de la mort, notre rédemption se trouve dans cette nouvelle vie que nous tentons de mettre en place lors de notre rémission ? Cette vie, j’avais dans un premier temps voulu la passer seul. Puis les jours s’étant transformée en mois et les mois en années, je n’avais remarqué le manque de ma meilleure amie qu’en la voyant de nouveau devant mon porche. Pourtant, nous étions bel et bien en train de recommencer la même mascarade. Si nos vies étaient un théâtre, nous serions en train de jouer la pire comédie à l’humour déplorable à laquelle les spectateurs auraient pu prendre la fuite, tout comme les protagonistes. Mais n’étions-nous pas en train de le faire ? Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis ? J’avais tenté de maintenir Hayden sur la scène de notre amitié, là où mon numéro s’était transformé trois mois plus tôt en mascarade. Et me voilà devant les coulisses, cherchant ce dernier souffle qui me permettrait de chasser le trac. Ce souffle que seul son regard cristallin aurait pu m’apporter. Ce bol d’air frais dont elle me privait, là, dans son salon.

J’aurais pu rebondir sur l’état de son salon qui ne me laissait rien présager de bon. J’aurais pu vouloir retirer mon blouson, le poser comme à l’époque sur le haut de son canapé et venir l’aider à débarrasser ses affaires. J’aurais pu. Pourtant j’étais tétanisé face à cette poupée de glace que je connaissais parfaitement mais que j’avais affronté bien trop de fois depuis quelques temps. Je déglutissais lentement, défaisant un bouton de ma chemise, tandis que mes mains étaient moites et mon pouls bien trop élevé pour tenter de dissimuler cette nervosité apparente. Je savais que dans ces circonstances, ma seule défense s’avérait être l’attaque. Et pourtant le ton tranchant d’Hayden me fit comprendre que je n’étais absolument pas en position de surenchérir. Pourtant je sortais mon portable de ma poche, le lui tendant, tout en restant le plus calme possible. Je ne voulais pas envenimer la chose, juste lui faire comprendre que je n’étais pas là pour rendre les coups. « Appelle-les donc. Le temps qu’ils arrivent, je t’aurais dit ce que j’avais prévu de te dire et tu seras débarrassée de moi… Tu pourras même ranger tes cartons, vu que tu ne retournes pas à Londres...Tiens, je fais même le numéro si tu veux… » lui dis-je en composant le triple zéro devant elle tout en venant déposer le téléphone sur l’un des cartons présents à ses côtés avant de me reculer d’un pas. Comme si cette distance était nécessaire et qu’elle s’efforçait de conserver. Mon cœur m’hurlait de le libérer tel un prisonnier traînant le poids de ses chaines et portant sa croix depuis bien trop longtemps. Mais je ne savais même pas quels mots pourraient me permettre de retirer ces poids et d’alléger sa colère et mes peines. J’avais l’impression d’être dans un numéro de voltige à l’aveugle, cherchant désespérément la prise qui m’évitera de plonger au sol. Et je tentais de m’accrocher à ses yeux.

Ne dit-on pas que l’âme peut parler avec les yeux et embrasser avec le regard ? Cette conversation cristalline me mettait presque en danger, tel un funambule venant défier le baiser de la mort. Cette mort de notre amitié, que je ne voulais pas enterrer. J’étais en train de m’évertuer à retirer la terre qu’elle tentait de jeter pour combler ce trou béant qu’elle laissait dans mon cœur. Ces piques que je connaissais par cœur et que j’avais décidé d’ignorer. Cet affrontement que je ne pouvais plus mener. Ce cercle vicieux que je tentais de rendre vertueux dans l’utopie de retrouver cette relation d’antan. « Je ne te ferais même pas le plaisir de te répondre Hayden. Parce que je ne suis pas venu ici pour me battre avec toi… Cela n’aurait aucun intérêt d’une part. Dans un second temps ce n’est pas en t’affrontant que je pourrais tenter de t’expliquer… Mais trois mois… Tu pensais à quoi ? Que plus le temps passerait, moins tu aurais mal ? » Je tentais un coup de bluff composé d’un double sens qu’elle ne maîtrisait pas, attendant cette réponse pour me jeter dans le grand bain. « Parce que moi, j'ai mal... ». Tel un condamné cherchant ses derniers mots, ce dernier souvenir qu’autrui pourrait conserver, j’étais en train d’encaisser le poids de mes erreurs attendant mon châtiment. Et si rien ne parvenait à venir briser ce silence ? Et si je n’étais fait que pour venir percuter de plein fouet ces barrières qui se dressaient un peu plus à chaque impact ? Et si mes dernières paroles n’étaient pas celles attendues ? La dose létale serait-elle déclenchée ? Les premières décharges venaient me glacer le sang, me retrouvant inconsciemment assis sur son canapé, sonné par la dureté de ses paroles. Je n’étais pas armé pour ce combat. Je ne l’étais plus depuis qu’Elizabeth était venue me faire comprendre que mes armes étaient chargées à blanc pour des crimes qui n’avaient pas été commis mais que mon cœur manigançait. Et tel un bleu, je sautais à pieds joints dans ce piège, faisant d’Hayden une victime collatérale.

Mon regard se posa sur le téléphone qu’elle me pointait du doigt, haussant les épaules face à sa remarque. « J’ai cru comprendre… Contrairement à la rhétorique de ma question que tu n’as pas saisi… » rajoutais-je en grimaçant. Ces mots qui m’avaient échappé et pour lesquels je m’excusais d’un signe de main bien trop rapidement contrairement à mes habitudes. Il ne manquait plus qu’un bégaiement et la scène deviendrait presque grotesque.  « Le souci étant, c’est que je ne suis pas un homme que tu peux laisser comme ça Hayden. Car tu sais très bien que j’insisterais… » lui dis-je en soupirant, fermant les yeux. Je prenais quelques secondes pour venir me frotter le visage, laissant reposer ce dernier au creux de mes mains, les coudes appuyés sur le haut de mes genoux. Il fallait que je me calme. Il fallait que je tempère la situation. Il fallait tellement de choses que je n’étais même pas sûr de réussir à tout mettre bout à bout. Les secondes s’étaient transformées en minutes d’un lourd silence. Puis je décidais d’affronter de nouveau son regard qui contrastait avec la peine présente dans le mien. Je me relevais, m’approchant d’un seul et unique pas que j’avortais automatiquement par la suite. « Ecoute. Quand tu es venue chez moi… Je n’avais ni envie de te voir, ni envie de t’entendre ni rien à te dire… Et pourtant… » Je laissais ma phrase en suspens, fermant les yeux en repensant à cette après-midi qui avait emmené l’invitation à cette soirée. Je me détestais presque d’avoir accepté. Puis je reprenais, tendant par réflexe une main dans sa direction que je laissais retomber. « Je ne te demande pas de parler, ni même de m’entendre mais de m’écouter. Que tu veuilles par la suite tirer un trait sur cette amitié, je comprendrais et j’accepterais. Mais pas avant d’avoir essayé de nous sauver… » conclus-je dans un murmure. « Qu’est ce que cinq minutes dans une vie, face à l’éternité de tranquillité que tu pourras avoir si tu le désires tant… ». J’écartais les bras, prêt à faire demi-tour si elle me le demandait. Et pour la première fois de ma vie probablement, je priais une quelconque divinité si tant-est qu’elle n’existe, de me permettre de m’exprimer réellement. N’était-ce pas là, le signe du désespoir et de la perdition que je traversais ? Seul, dans la tempête, en essayant d’amarrer à cette ancre immuable. Je lançais une dernière corde. Un dernier SOS.



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Message(#) Sujet: Re: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyMar 29 Sep - 1:15


Pendant des années, Hayden avait suivi aveuglément la loyauté qu’elle avait toujours senti la lier à Keith, comme si elle ne pouvait tout à fait s’empêcher de le soutenir contre vents et marées, parfois même lorsqu’il agissait comme un parfait idiot en préférant écouter son orgueil plutôt que la bienséance. C’était ainsi qu’ils fonctionnaient depuis toujours, ou du moins depuis la première fois qu’elle avait réussi à passer outre sa carapace et son faux air bougon en lui permettant de vider son sac à propos de la mort de ses parents. Au fur et à mesure du temps qui s’écoulait, la comédienne s’était retrouvée à devoir l’épauler dans bien des cas, lui permettant d’apercevoir son meilleur ami dans des situations si diverses qu’Hayden estimait aujourd’hui être en mesure de deviner chacune des pensées qui agitaient son esprit simplement en le regardant. C’était peut-être ça, qui l’avait tant effrayé lors du gala. Cette sensation que peu importe l’ensemble des épreuves qu’ils avaient pu traverser ensemble, Keith continuait à détenir une part d’imprévisible avec laquelle elle ne se sentait pas suffisamment à l’aise pour l’accepter complètement. Ce soir-là, et même si Hayden avait fini par se brûler la rétine à force de fixer l’ancien lieutenant comme pour tenter de percevoir un indice qu’elle aurait manqué et qui aurait pu expliquer son comportement, c’était comme si la comédienne avait pris conscience qu’au fond, trois années de silence avaient sans aucun doute fini par éroder leur si belle amitié. Comme si elle découvrait que leurs fondations étaient fragiles, tout comme les promesses qu’aucun des deux n’avaient réussi à totalement tenir. Aujourd’hui était une preuve de plus, s’il en fallait une, que la jeune femme ne parvenait plus à reconnaître la personne qui se tenait en face d’elle. C’était toujours Keith Weddington, son parfum rassurant et sa démarche hésitante, mais les armes qu’il semblait déposer sans même s’être battu ne lui ressemblaient définitivement pas. Aveuglée par la déception, Hayden ne parvenait pas à voir, ne réussissait pas à comprendre. Tout ce qui se déroulait sous ses yeux n’était qu’un aveu supplémentaire d’une trahison qui se jouait en coulisses depuis des semaines peut-être à son insu. Dans ces conditions, comment lui était-il possible de faire confiance à Keith de nouveau lorsqu’elle le croyait désolé simplement car elle l’avait confronté à sa propre hypocrisie ? « Figure-toi que j’ai encore suffisamment de considération pour éviter de t’attirer des ennuis. » Après tout, et bien que les disputes et les coups bas soient devenus si fréquents qu’Hayden redoutait une fin de leurs interactions à tout instant, le professeur demeurait une personne que jamais elle ne s’imaginait pouvoir un jour trahir.

L’interrogatoire que la comédienne avait l’impression de subir ne faisait qu’accroitre sa colère. Elle sentait la morsure de l’injustice lui entailler la peau tandis qu’elle était sommée de se justifier sur ses mois de silence, comme si elle était coupable, comme si Keith avait tenté de lui faciliter les choses et qu’elle n’était finalement qu’une gamine ingrate. Et si l’aveu d’un manque ressenti par l’ancien lieutenant devait avoir pour but d’adoucir Hayden, la confession ne parvint qu’à l’outrer plus encore. « Je t’ai connu plus virulent, Keith. Où est passée ta belle répartie, dis-moi ? A moins que ton venin ne soit réservé qu’aux grandes occasions, ou à la présence de Jamie ? » La comédienne se garda bien de réagir à la douleur que son ancien meilleur ami venait de mentionner, tout comme elle refusa de s’étendre sur sa propre peine. Elle craignait de se laisser attendrir, de ne plus être capable de faire comprendre à Keith qu’il avait dépassé les limites et bafoué leur amitié au profit d’une vengeance aussi personnelle qu’incompréhensible. Car au fond, l’amertume ne pouvait dissimuler le tourment qu’Hayden traînait comme un poids lourd depuis trois mois maintenant. Elle avait beau tenir son rôle de poupée de cire à la perfection, cela ne signifiait en rien qu’elle ne souffrait pas de voir Keith de la sorte, ni que son cœur ne s’était pas serré à chaque fois que son nom s’était affiché sur l’écran de son téléphone portable. Pour autant, elle se refusait à laisser son ancien meilleur ami apercevoir de nouveau l'une de ses failles, au risque de la voir se faire exploiter une fois de plus.

Le silence s’installa, lourd, étouffant, et Hayden ne parvenait pas à anticiper la suite des événements. Lorsqu’à chaque fois qu’elle perdait le contrôle, la jeune femme sentait une légère angoisse la saisir, et les paroles de Keith reprirent leur fil avant qu’elle ne soit tout à fait parvenue à la maîtriser. La sincérité qui émanait des dires de l’ancien lieutenant la déstabilisa quelque peu et, l’espace d’un instant, la clémence put se lire sur les traits de son visage. Mais le répit fut de courte durée tandis que son ancien meilleur ami semblait s’échiner à tenter de dissimuler ses remords sous une couche de reproches, obligeant Hayden à se défendre de nouveau, comme s’il s’agissait de son procès pour avoir tenté de désamorcer une situation difficile dans laquelle Keith aurait de toute évidence souhaité continuer de se complaire. « Je t’interdis de comparer ce qui n’est pas comparable. Lorsque je suis venue te voir la première fois, c’était pour tenter de comprendre par quel tour de passe-passe ton cerveau avait cru bon de te faire assimiler mon départ pour Londres à un abandon. Je ne t’ai jamais manqué de respect comme tu as osé le faire l’autre soir. » La colère aidant, la comédienne compléta la distance qui la séparait maintenant de Keith, venant planter ses yeux bleus dans les siens. Elle y chercha machinalement une lueur bienveillante, un espoir que, peut-être, tout ça n’était qu’un malentendu dramatique et que son meilleur ami était toujours là, caché quelque part dans cette carapace d’homme grignoté par sa propre amertume. Elle n’y rencontra pourtant qu’une détresse qui lui donna la nausée. « Pourquoi continuer à te comporter comme si j’avais commis le pire des crimes ? Tu t’es servi de mes blessures, de mes faiblesses et de mes erreurs pour me faire du mal, tandis que je n’ai rien fait d’autre que monter dans un avion pour m’offrir une chance de me reconstruire ailleurs. » Mais il semblait à Hayden que le problème était autre et, loin d’être stupide, la comédienne l’avait compris depuis bien longtemps. Puisque l’ancien lieutenant continuait de prétendre qu’il n’avait rien d’autre à lui reprocher, elle sentait qu’il était temps de le confronter à ses propres incohérences, et peu importe si elle devait passer pour une garce sans cœur. Sa loyauté avait été bafouée, mais elle était toujours présente, et Hayden ne pouvait renier sa personnalité tout entière à la faveur d’une trahison qu’elle refusait d’appliquer à elle-même. « Tu as deux minutes, Keith. Pas une de plus. Et si je considère que ce que tu as à me dire n’est pas plus convainquant que ton petit manège du meilleur ami possessif et injuste de la dernière fois… » Hayden se tut. Il n’était pas nécessaire d’achever cette phrase, après tout. Ils avaient surmonté bien des querelles avec le temps et, parfois, la comédienne avait eu la douloureuse sensation qu’il s’agissait du mot de trop qui engendrerait mécaniquement leur chute. Aujourd’hui pourtant, la sensation avait laissé place à la certitude, et sa gorge se serra tandis qu’elle songeait, à regret, qu’elle ne croyait pas Keith capable de lui fournir une raison acceptable à son comportement grossier et brutal.
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Message(#) Sujet: Re: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyMer 30 Sep - 19:42



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Cela ne vous est-il jamais arrivé de vous demander pour quelles raisons votre inconscient vous pousse dans cette direction et pas une autre ? Ne parle-t-on pas de karma, divinités et autres croyances que je trouvais toutes aussi absurdes les unes que les autres ? Trois mois sont bien assez longs pour nous permettre de nous poser les bonnes questions. Mais l’avais-je fait ? Avais-je eu le recul nécessaire pour assimiler à quel point cette fameuse soirée avait été un véritable fiasco ? Non. De toute évidence, j’étais aveuglé par un sentiment indescriptible qui grossissait jour après jour. Un mélange d’appréhension et cette sensation que j’étais en train de mener une course contre la montre sans savoir quel était mon objectif. La course avait commencé il y a maintenant des années. Quand inconsciemment, nos chemins ont pris une direction commune : celle de notre amitié. Les barrières étaient tombées et nous avancions, ayant conscience du soutien de l’autre sur ce sentier que représente la vie. Nos embûches, nos moments de doute et nos réussites étaient partagés. Les secrets disparaissaient sans pour autant être énoncés. De nos silences nous n’en tirions qu’un sentiment d’apaisement. Mais après l’accalmie était venue la tempête. Et pris dans le sillon de cet ouragan, je m’étais retrouvé emporté dans cet appartement dont je venais presque de forcer l’entrée, obnubilé par mon envie d’être pardonné. Mais de quoi ? De ces faits qui étaient incontestables. De ces opinions dont j’aurais préféré pouvoir ne pas en tenir compte. Mais quand celles-ci étaient détenues par ma meilleure amie qui savaient actuellement parfaitement me le faire comprendre, j’étais incapable de ne pas en tenir compte.

« Dois-je te remercier ? »

Le son de ma voix m’hérissait les poils. J’étais en train de penser blanc et d’évoquer noir, le regard posé dans le sien sans vaciller. Serais-je en train de reprendre les aveux déposés pour mettre fin à cette guerre perpétuelle ? Je me retrouvais hésitant entre deux façons de procéder, n’étant pas un adepte régulier de ce genre d’exercice. M’excuser, admettre mes torts de façon claire. Puis je me perdais dans ce venin qui semblait embraser mes veines. Elle savait appuyer où cela faisait mal. Venir me chercher. Tenter de me faire réagir. Et assurer les coups verbaux qui étaient parfois bien plus violents que ceux réellement portés. J’avais perdu ma verve. Adieu toute grandiloquence que j’avais pu émettre la dernière fois que je l’avais vu. Je n’avais plus fière allure. Mon regard se fronça et je me mordais fortement la lèvre pour éviter de répondre à sa remarque. Non. Ce soir, je n’attiserais pas la flamme de ce feu dévorant les morceaux de cette amitié que j’essayais maladroitement de reformer. Je me contentais de nier d’un signe de tête, inspirant longuement pour reprendre contenance. Ha. Je n’en avais plus, pas face à son regard, pas face à cette femme. Pas ici, pas maintenant. J’avais l’impression de mourir à chaque fois un peu plus que le souvenir de notre amitié me semblait s’éteindre dans son regard, dans le son de sa voix. Puis le silence. Ce moment d’hésitation où j’avais l’impression que chacun de nous attendait le pas de l’autre. Je tentais. En vain. Aussitôt la comparaison évoquée, le pas fût effectué dans le sens littéral du terme par Hayden. Mon corps se raidissait, comme si le danger venait réellement de se rapprocher. Mais lequel… Même là, mon cerveau ne réussissait pas à analyser tous ces signaux paradoxaux qu’émettait mon cœur. Pour l’une des rares fois, j’attendais un court instant avant de lui répondre, ne préférant pas faire preuve d’impulsivité. « Je n’ai jamais voulu te manquer de respect Hayden. » Une seule phrase, non pas que j’étais avare de mots, venait de sortir de ma propre bouche. Comme si je ne voulais pas nous emmener tous les deux sur une pente glissante, nous menant tout droit dans les méandres de notre amitié. Puis je préférais écouter, ailleurs que ses propres mots.

Un battement. Deux cœurs. Un souffle. Long. Trop long. Ou coupé. Par ce regard glacial qui me pétrifiait le sang. Court. Trop court. Ce moment de quiétude que j'avais tant espéré. Un rempart. Trop haut. Que je ne pouvais atteindre, seul dans cet enfer que j'avais attisé. Brûlant. Ce sentiment qui me faisait vibrer. Cette amitié qui me galvanisait. Et cette sensation que le fil avait été limé. Par tant de non-dits. Par ce silence. Et les deux battements ne résonnaient plus comme un seul dans mon esprit tant elle me semblait lointaine. Mais c’étaient également deux minutes que venait de me laisser la comédienne, et surpris par cet aveu, je perdais probablement quelques secondes avant de réagir. J’avais besoin avant tout de me reculer d’elle alors que mon corps me criait de venir lui prendre la main. A vraie dire, je ne savais pas par où commencer. Et pourtant, tel un plongeur s’approchant du bord du ravin, je finissais par me jeter dans le vide, sans aucunes certitudes de m’en sortir sain et sauf à l’arrivée. « Je m’en excuse. » dis-je avant de me stopper pour lui faire prendre conscience de la véracité de ces dernières. « Il était bien trop tard quand je me suis rendu compte que l’idée même de te savoir en train de discuter avec lui me rendait irascible. Me crois-tu vraiment capable d’utiliser sciemment ta confiance et tes confidences pour te faire souffrir toi ? Je n'avais pas l'intention non plus de faire souffrir Joanne qui me semble être une femme remarquable et j'étais sincère quand je me suis excusé auprès d'elle... » lui demandais-je avant de jeter un coup d’œil rapide à ma montre, dans le but de me tenir littéralement à ces deux minutes autorisées. « Ce serait du suicide… Parce que si tu n’as pas compris que j’ai besoin de toi dans ma vie pour être vivant et heureux, je ne sais pas comment te le dire. C’était maladroit et la colère que j’avais envers cet homme qui ne voit pas à quel point tu es formidable m’a probablement aveuglé. Rien n’était prémédité Hayden. J’ai agi comme un vulgaire crétin et j’en paie les conséquences aujourd’hui. Et je suis très certainement prêt à en payer les conséquences pour les jours à venir. Car te convaincre n’est pas la chose la plus aisée qu’il soit et que je ne suis pas le meilleur locuteur que cette Terre possède. Qu’aujourd’hui, moi-même je ne sais pas comment faire pour rattraper cette souffrance et que je sais pertinemment que mes simples excuses ne seront pas suffisantes car tu mérites bien mieux. Peut-être que je ne suis pas si différent de Jamie finalement. Peut-être que moi aussi je ne vois pas la chance que j’ai de t’avoir de retour ici, et toujours a mes côtés. Ne voit-on pas la valeur de ce que nous possédions qu’une fois que nous le perdons ? » continuais-je en jetant un dernier regard sur ma montre avant de reprendre très rapidement. « Et parce que les deux minutes vont arriver à expiration et que j’aurais encore tellement de choses à te dire sans savoir comment les évoquer, ni même par où commencer. Tu sais très bien que je ne suis pas bavard et je suis pourtant en train de m’exécuter. Je suis peut-être égoïste de t’en avoir voulu d’être partie oui. Je ne suis pas parfait et je ne prétends pas l’être. Mais ne remet pas en cause l’estime que j’ai pour toi et toute l’affection que je te porte malgré tout. Et que… »

Je m’arrêtais, conscient que les deux minutes étaient écoulées, reprenant mon souffle et surtout mes esprits, si tant est que je réussisse à les mettre dans l’ordre. Je me reculais, mon regard se posant directement vers la sortie, conscient de la suite que prendrait les choses. « J’ai failli à mes devoirs et à mes valeurs, je comprendrais que tu ne me pardonnes pas… Merci à toi pour ces deux minutes... » dis-je dans une voix presque calme, et tentant de masquer la tristesse que ces mots provoquaient. Je finissais par m’approcher d’elle, prenant sa main dans la mienne comme si ce geste serait le dernier. Je l’observais avec minutie, l’observant longuement avant que mes lèvres ne viennent se poser sur son front avec délicatesse. « N’oublie pas que je t’aime et que je serais toujours là si tu as besoin… » dis-je dans un murmure avant de me reculer d’elle, lâchant sa main au dernier moment. « Je saurais trouver la sortie. ». Je lui tournais le dos, reprenant le chemin inverse que j’avais effectué, le cœur un peu plus lourd. Cummings n’a-t-il pas dit que de « ne pas être mort, ce n’est pas être vivant. » ? Ces mots prenaient sens aujourd’hui. Comme une certaine réalité qui semblait émerger à mon esprit et que je tentais de nier du plus fort que je pouvais. Dire adieu est bien plus douloureux qu’un simple au revoir. Et il n’était pas question de tarmac d’aéroport aujourd’hui. Il était question de mon chemin de vie.


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Message(#) Sujet: Re: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyLun 2 Nov - 2:35


Les minutes passaient, mais la colère d’Hayden ne s’apaisait pas. La comédienne avait la sensation d’avoir attendu les excuses de Keith depuis des mois, simplement pour se rendre subitement compte qu’elles ne contribuaient en rien à redorer son blason à ses yeux. Elle continuait de ne trouver aucune excuse valable au comportement inacceptable de son meilleur ami, tout comme il lui semblait que les explications qu’il avançait pour tenter de lui faire comprendre les raisons qui avaient pu le pousser à agir de la sorte rendait l’entièreté de la situation plus absurde encore. Pour être tout à fait honnête, Hayden ignorait même si un quelconque éclaircissement de la part de l’ancien lieutenant pouvait encore réellement faire écho dans son esprit. A bien des égards, la comédienne songeait à quel point elle aurait préféré entendre de la bouche de Keith qu’il l’avait confronté à une humiliation publique par simple vengeance, plutôt que sous couvert d’une loyauté qui ne parvenait toujours pas à faire sens. « Me remercier ? » Hayden lâcha un ricanement froid et détaché, comme s’il s’agissait d’une blague particulièrement drôle mais toute aussi déplacée. « Oh, Keith, ne te donne pas cette peine. Crois-moi, je n’ai jamais attendu un quelconque remerciement de ta part, et ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer. » C’était presque une insulte, de sous-entendre que la comédienne s’était un jour comportée avec le jeune homme dans l’espoir d’obtenir quoique ce soit de sa part. Si elle ne s’entourait pas d’énormément de personnes auxquelles elle estimait pouvoir accorder sa confiance totale, Hayden n’avait plus à prouver une loyauté qui n’avait jamais rien exigé en retour.

Les minutes passaient, donc, et la jeune femme ne faiblissait pas dans sa rancune. Keith débitait un discours qui lui semblait sincère, et elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’aucun de ses mots n’étaient préparés. Le discours était bien trop fébrile pour être malhonnête, et Hayden était certaine que l’ancien lieutenant n’aurait jamais mis sa fierté de côté en venant frapper à sa porte s’il s’agissait simplement d’une tentative vaine de jouer de nouveau avec son amitié. La comédienne était touchée, tentée d’accorder crédit à ce qu’elle entendait, prête à desserrer quelque peu sa mâchoire et, pourquoi pas, avancer d’un pas vers son ancien meilleur ami. Alors, pourquoi ne parvenait-elle pas à bouger, ni à ouvrir la bouche pour laisser échapper un simple mot de réconfort, n’importe quoi qui puisse assurer à Keith qu’elle parviendrait peut-être à passer l’éponge une fois qu’un peu de temps se serait écoulé ? C’était peut-être ça, le point de non-retour. La lassitude des choses, le ras-le-bol qui menaçait de l’ensevelir à chaque fois qu’elle prenait de nouveau conscience qu’ils avaient été dans cette situation il y a peu de temps, et qu’il ne faisait nul doute qu’ils y seraient encore et encore, comme des pantins voués à perpétuellement s’acharner à reproduire des erreurs similaires aux précédentes. Alors elle n’esquissa aucun geste pour le retenir, lorsqu’il se dirigea vers la porte d’entrée. A la dernière minute pourtant, sa voix s’éleva. Ferme, comme si Hayden voulait détourner l’attention de ses yeux humides, comme si elle redoutait qu’entendre son timbre trembler puisse apporter à Keith la certitude du conflit intérieur qui la tiraillait, elle qui sentait son pilier s’effondrer, elle qui n’avait jamais pensé qu’une séparation amicale puisse faire autant de mal. « J’ai passé les trois derniers mois à rejouer la scène dans ma tête, tu sais. J’ai étudié chacune de tes paroles sous tous les angles possibles et imaginables en espérant y trouver une explication rationnelle, un indice qui me permettrait de te croire aujourd’hui quand tu m’assures n’avoir jamais souhaité me blesser ni exploiter mes failles. » Au fond, la question de la sincérité de l’ancien lieutenant n’avait plus vraiment d’importance. Hayden reconnaissait volontiers le sentiment de culpabilité qui agitait Keith, et elle ne souhaitait nullement le contredire. Mais la problématique était plus profonde encore, et la comédienne se sentait excédée de ne pas tout à fait parvenir à mettre le doigt dessus. « Oublie Jamie, c’est bien trop facile de lui attribuer l’entièreté de nos discordes. Il a peut-être fait des erreurs, mais c’est toi qui as attaqué le premier, au gala. Et il n’était pas là, toutes les fois précédentes où tu avais visiblement un amas de reproches à m’adresser. » La sensation de tourner en rond était tenace. Hayden avait l’impression d’avoir emprunté ce chemin à de nombreuses reprises auparavant, et l’ensemble de leur échange dégageait un déjà-vu amer. C’était ridicule, cette accumulation de non-dits tenaces. Et elle avait perdu la patience d’attendre que Keith se décide à faire preuve de suffisamment de transparence pour lui confier ce qui lui déplaisait tant dans ses choix de vie qu’il lui semblait nécessaire de la réprimander systématiquement comme si elle était une enfant.

Hayden sembla sortir de sa torpeur, parcourant enfin la distance qui la séparait de son ancien meilleur ami. Son regard vint s’accrocher au sien qui tentait déjà de la fuir, mais la comédienne persista, essayant de parvenir à lire ce qui agitait Keith au plus profond de son esprit. La comédienne n’y rencontra que du doute, de la détresse et une mélancolie durable. « Je n’ai pas envie de te voir quitter cet appartement pour toujours, sois en certain. Mais tu ne peux plus continuer à te braquer systématiquement lorsque j’emprunte un chemin qui n’est pas le tien. Tu ne peux plus continuer à m’imposer tes choix, simplement parce que tu es certain qu’ils sont meilleurs que les miens. Je ne t’appartiens pas, Keith. » L’humidité sur ses joues la frappa de plein fouet. Hayden ne s’était pas rendu compte que les larmes avaient coulé, n’avait pas pris conscience que la tristesse venait de prendre la place de la colère. Ou peut-être était-ce la fatigue, alliée à la douloureuse certitude qu’un pan entier de sa vie allait manifestement trouver son point final ce jour-là. « Est-ce que tu t’es déjà demandé si tout ça rimait encore à quelque chose ? » Ce qui allait suivre n’allait pas plaire à l’ancien lieutenant. La comédienne le savait pertinemment, car elle sentait son propre pouls s’accélérer sous l’émotion que lui apportait une telle conclusion. Hayden n’avait jamais autant détesté endosser le rôle de la décisionnaire qu’aujourd’hui. « J’ai… on a essayé pendant trois ans, et j’ai vraiment pensé, à mon retour, que tous nos efforts avaient fini par être suffisants. Il est peut-être temps de regarder la vérité en face. » Elle stabilisa à la dernière minute le ton de sa voix qui avait menacé de se briser sous la difficulté de l’exercice. « Notre amitié… je ne suis pas certaine qu’elle ait encore un véritable sens. » Le couperet était tombé, et la comédienne constata qu’elle n’était pas le moins du monde apaisée par l’évocation, à voix haute, d’un tel constat. Son cœur se serra un peu plus en réalisant que ses paroles avaient sonné comme un adieu, mais elle ne détourna pas le regard. Hayden demeura droite face à Keith, le regard toujours fermement accroché au sien, déterminée à ne pas flancher. Elle ne voulait pas le perdre, pas le moins du monde. Elle voulait retourner à une époque où les choses étaient plus simples, une époque où elle pouvait encore se rendre à chez le jeune homme à l’improviste en étant certaine de ne pas rencontrer un regard froid pour tout accueil, en étant sûre que l’après-midi qui suivrait parviendrait à dissiper temporairement toutes ses inquiétudes intérieures. Hayden aurait pu renoncer à beaucoup de choses, si on lui avait assuré que ses sacrifices seraient suffisants pour retrouver la facilité de leurs échanges, et les points de divergence qui les avaient pourtant un jour rapprochés. Mais à cet instant, la comédienne n’était plus certaine que le jeu en vaille la chandelle. Ils étaient devenus bien trop différents ; ou peut-être l’avaient-ils toujours été, et Keith paraissait alors ne plus souhaiter faire semblant.
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Message(#) Sujet: Re: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyLun 2 Nov - 20:39



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Connaissez-vous cette sensation d’impuissance qui vous prend aux tripes quand toutes les situations que vous aviez imaginées n’étaient finalement pas suffisantes ?  Avoir beau prévoir des plans de secours, passer des nuits blanches à préparer un discours, toutes réparties ou même s’imaginer une réaction qui ne venait point ? J’étais en train de le vivre. Là, dans ce salon qui m’avait paru pendant un temps familier et était aujourd’hui vide de toute sensation. Quatre murs aussi proches qu’une cellule d’un prisonnier. Et prisonnier je l’étais. D’elle. De ses mots, de ses gestes. Je ne m’étais jamais attaché au regard de quiconque. Jusqu’à ce que le sien ne prenne de la valeur à mes yeux. J’avais cru pendant un temps que la réciprocité était réelle. Jusqu’au jour où mes pas m’avaient mené face à cet aéroport avec ce stupide espoir de voir apparaître sa silhouette lors du débarquement du vol en provenance de Londres. Combien de fois avais-je refait ce même trajet ? Je ne les comptais plus, et je ne l’avais jamais avoué. Dans un premier temps, j’avais mis cela sur ce sentiment d’infériorité dont était responsable cette fusillade. Finalement, je m’étais dis que ce besoin incessant d’être confronté à cette réalité m’était nécessaire pour admettre l’inacceptable : Je n’avais aucune importance aux yeux d’Hayden. Et si finalement tout cela n’était qu’une mascarade ? Une épreuve que la vie avait décidé de mettre sur mon trajet dans le seul et unique but de me prouver que mon cœur était fait pour aimer une personne et lui accorder ma confiance alors que cette dernière venait d’être piétinée par Andréa des mois auparavant ? Je me raccrochais à cette idée, du moins je m’y étais raccroché. Jusqu’à ce que l’espoir ne renaisse ce fameux matin où ses pas avaient trouvé refuge au seuil de ma porte. L’espoir fait vivre n’est-ce pas ?

Pourtant j’avais l’impression de crever dans cette atmosphère pesante. J’étouffais et les mots que je peinais à trouver m’étaient quelque peu vitaux dans cette circonstance. Le son de son rire froid me brûla de part son inconnue. Etais-je en train d’affronter mes pires démons ? Probablement. Je sentais que nous étions sur la pente glissante et que peu importe ce à quoi je tentais de m’accrocher, cela disparaîtrait en un battement de cil de la comédienne. Elle réussissait même à me faire perdre ma répartie. J’étais un pantin entre ses doigts. C’est une sensation déroutante quand on se veut fort et indépendant. Je fermais les yeux une fraction de seconde pour reprendre contenance. Mais les courbes de ma mâchoire ne mentaient pas : Elle venait de toucher dans le mille. Pourtant je saisissais les deux minutes qu’elle venait de m’accorder. Comme une dernière chance. Ma dernière cartouche. Qui l’avait raté. Peut-être n’avais-je pas été assez convaincant pour espérer d’elle un pas vers moi. Peut-être n’étais-je voué qu’à voir les gens auxquels je tenais disparaître. Le bonheur n’est pas chose accessible pour tout un chacun. Voilà la leçon que ce gala venait de m’offrir.

Ma main s’apprêtait à enclencher la poignée, prêt à partir vers cette vie qui me semblait vide de sens si Hayden n’en faisait pas partie. Mais sa voix me stoppa dans mon élan. Je m’estimais même chanceux de ne pas avoir à soutenir son regard alors que son ton était sans appel. Je gardais ma main ancrée sur la porte, sentant ma poigne se serrer au fur et à mesure qu’elle énonçait ses pensées. Je ne voulais pas me retourner, je n’étais pas prêt à l’entendre, ni même à l’écouter. L’exercice était bien trop difficile. Alors je restais dos à elle, sentant le poids de ses mots m’accabler. « La rationalité… » répétais-je dans un murmure tout en secouant la tête. Comme si ce mot ne faisait plus parti des qualificatifs employés pour désigner cette relation que nous vivions. « Elle avait disparu à partir du moment où j’ai passé le seuil de ces portes à ton bras… » rajoutais-je toujours dans un soupir sans être certain qu’elle ne puisse m’entendre. Avant tout, je le disais pour moi. Pour me confirmer que la venue d’Elizabeth avait déterrée une interrogation que j’aurais dû me poser depuis bien plus de temps. J’aurais pu me relever de cette simple et unique pensée qu’Hayden venait de me partager. J’y serais arrivé avec du temps oui. Et surtout si elle n’avait pas poursuivi en évoquant le fait que Jamie n’avait bon dos que pour masquer la récurrence de cette situation. S’en était trop et je laissais retomber ma main contre ma jambe, abandonnant l’idée de m’accrocher à cette sortie. Je redressais la tête sans pour autant prendre la peine de me tourner vers elle. Je m’étais montré assez vulnérable depuis le début pour n’obtenir qu’une façade que je ne réussissais plus à creuser. « Désolé d’en attendre peut-être trop de toi. Désolé de croire que l’amitié fournit des droits mais aussi des devoirs. Désolé d’être moi ? » demandais-je d’un ton qui se voulait faussement sarcastique. Car c’est cela qu’elle venait de relever.

J’aurais voulu surenchérir. Pourtant je sentais son corps s’approcher du mien comme si mes sens s’éveillaient à son arrivée. Une fois de plus je fermais les yeux, comme un enfant ne voulant pas admettre la vérité. J’avais surtout peur. Peur que ce moment ne signe mon écroulement total. Pourtant, je ne tenais guère longtemps et sentant son corps réduire la distance qui me séparait de cette issue de secours, je n’avais d’autres choix que d’ouvrir les yeux et de me retrouver face à elle. Son regard était tel un coup de poignard. Il me semblait que ces mois de silence m'avaient fait oublier à quel point son bleu transparent était perçant. Il venait une fois de plus, comme à notre commencement, de briser cette carapace que je pensais hermétique. Le constat était indéniable : Hayden Siede était ma faiblesse. Avais-je oublié de respirer tant j’étais resté obnubilé face à ces larmes qui humidifiaient ses joues ? Probablement, tant la douleur était lancinante. Il était peut-être temps de se rendre compte à l'évidence. Nous n'étions pas faits pour respecter ces fameux proverbes "Les opposés s'attirent". La seule chose que nous avons réussi à attirer n'était que sources de conflits. Je devais m'avouer vaincu. Le combat que je souhaitais mener était voué à échouer. « Tu as raison Hayden. » dis-je dans un premier temps sur un ton calme qui me surprenait avant de reprendre. « Tu ne m’appartiens pas en effet. Mais mon cœur lui n’est pas décidé à te laisser lui. » admettais-je en attrapant sa main pour venir la placer sur ma chemise à l’endroit où un battement pouvait se faire ressentir. Cette proximité était électrisante pourtant elle sonnait comme une dernière entrevue. Alors je gardais sa main coincée entre mon torse et la mienne. Comme si ce besoin de sentir sa peau me permettrait de garder dans mes nuits sombres, un souvenir apaisant.  

J’aurais voulu avoir un instant de répit pour réfléchir à cette question qui me semblait purement rhétorique tant la voix d’Hayden semblait transcrire l’endroit où elle voulait en venir sans que je n’aie besoin de lui demander un quelconque éclaircissement. Pourtant, mon regard la supplia. Il la supplia de s’arrêter là. De s’arrêter avant que ses mots ne sortent. Ces mots que je ne voulais pas entendre. Ceux d’une fin qu’elle décidait unilatéralement. Je secouais la tête, préférant poser mon regard à l’opposée d’elle, me détachant de sa main, de sa proximité. Un pas de recul comme un combattant tentant de se protéger.  « Hayden… Arrête… » lui demandais-je au fur et à mesure que mes pas reculaient. « … Ait encore un sens. » Ma jambe vint buter contre le tas de cartons que je n’avais pas vu, me stoppant dans mon mouvement de fuite, tandis que je restais stoïque face à elle, les bras ballants. « Tu viens vraiment de dire ça ? » lui demandais-je me rendant compte que ma voix avait retrouvé un peu de vigueur dans ce qui me semblait être la pire des scènes d’une comédie dramatique de second plan. « Avoir un sens ? Bordel Hayden ! » dis-je en laissant mon poing cogner contre ma jambe avant de me lancer dans des cent pas comme un lion en cage. « Non mais tu as raison… » dis-je en décidant de revenir vers elle. « J’irais même plus loin que toi… » lui dis-je en attrapant son visage entre mes mains juste pour l’obliger à soutenir mon regard. « A-t-elle eu un réel sens à tes yeux Hayden ? » lui demandais-je comme un automate. « Pour que tu en arrives à cette conclusion… Pourquoi m’avoir accordé ces deux minutes si quoi que je dise, quoi que je fasse, ton avis ne changera pas ? » repris-je en sentant la colère pointait le bout de son nez. « Tu veux que je te dise ? De nous deux, moi j’avais envie de la sauver notre amitié… Que ce soit à ton retour ou même maintenant… Parce que tu m’as manqué Hayden, et qu’il y a des choses que même la personne la plus rationnelle présente sur cette Terre ne pourrait expliquer ! » repris-je avant de laisser un soupir m’échapper. « Tu veux regarder ta vérité. Et tu veux me l’imposer… Qui appartient à l’autre ? » rajoutais-je en relâchant son visage. « Tu devrais sortir de devant cette porte… Parce que je ne sais pas ce que tu attends de plus de moi… Laisse moi partir. Aies au moins le comportement qui va avec tes mots… » dis-je en pointant mon index dans sa direction, effectuant un mouvement de sa tête à ses pieds. « J’ai l’habitude des deuils… Mais le faire d’une personne encore vivante… Ca c’est une première… » riais-je de façon neutre, comme si j’avais du mal à admettre ce qu’elle me demandait de faire. « De toute façon, ce sera bien plus simple pour toi… Trois mois que tu m’ignores, alors un peu plus ou un peu moins… » repris-je en la fixant longuement. « Mais sache que pour moi, tu me demandes l’enfer. » conclus-je d’une façon détachée avant de décider de faire demi-tour et de m’approcher de ses cartons.

J’en attrapais un tout en cherchant désespérément les indications inscrites dessus. Puis je décidais de les ouvrir, fouillant brièvement avant d’attraper le carton prédisposé à ce que je cherchais, sortant enfin un album photo pour le lui montrer. « Parce que cela aurait du sens pour toi de conserver les photos que tu pourrais avoir de nous ? » lui demandais-je en l’ouvrant, le connaissant pour l’avoir déjà eu entre les mains. « Qu’est-ce qui a du sens pour toi Hayden ? Regarde-toi ! » m’exclamais-je en refermant sourdement l’album d’une main, pivotant sur moi-même pour qu’elle observe la pièce dans laquelle nous nous trouvions. « Comment nous sauver alors que ton esprit est lui déjà retourné à Londres… » repris-je presque désespéré. « Je me battrais toujours pour toi Hayden… Jusqu’à mon dernier souffle… Mais me battre contre vents et marrées avec toi te laissant entraîner dans ces profondeurs… C’est ça le combat incessant… J’aurais tant de choses à te dire, mais tu n’es pas prête à les entendre… » murmurais-je en m’approchant d’elle, venant clore mes paroles de ce baiser que j’avais toujours eu l’habitude d’effectuer auprès de la jeune femme, une main glissant sur sa joue.

Et mes lèvres restèrent plus longtemps que de raisons sur son front. Le temps nécessaire pour ancrer ce dernier souvenir. Et si je devais en garder qu’un seul, je voudrais que ce soit ce dernier.



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Message(#) Sujet: Re: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyLun 16 Nov - 21:18


Plus tard et à tête reposée, loin de l’émotion du moment et des sentiments contradictoires qu’il avait déterré, Hayden serait en mesure de s’avouer pleinement qu’elle avait regretté ses paroles à la minute où elles avaient passé la barrière de ses lèvres. Elle aurait sans doute pris conscience, entre-temps, qu’il ne servait à rien de chercher à blesser l’autre simplement car il avait porté le coup fatal en premier, et que pousser Keith dans ses derniers retranchements en espérant un réveil de sa part n’avait jamais été la solution. Pour l’instant pourtant, la comédienne ne se sentait pas capable d’agir autrement : il lui semblait avoir d’ores et déjà épuisé l’ensemble de ses recours, de la colère à la tentative de compréhension en passant par la possibilité de le laisser s’exprimer pour tenter de comprendre ce qui se passait dans son esprit. Mais au fur et à mesure que les minutes défilaient, les questions laissaient place à des interrogations plus confuses encore, et Hayden ne comprenait tout simplement plus la situation dans laquelle elle se trouvait. La seule chose dont elle pouvait être certaine, c'était que les excuses de l’ancien lieutenant étaient dénuées de toute tentative de manipulation. La comédienne reconnaissait chacun de ses gestes tremblants, chacune de ses paroles hésitantes. Sa mâchoire serrée par l’envie de répliquer en sachant pertinemment qu’une telle réaction ne soutiendrait pas sa cause, la proximité qu’il souhaitait instaurer tout en rêvant de la fuir. Le constat était plus lourd encore, de prendre conscience que les remords étaient véritables mais qu’ils n’étaient plus suffisants. Dans son esprit défilait l’hypothétique situation dans laquelle Hayden finirait comme toujours par lui pardonner, suivie de près par Keith qui ravalerait ses reproches autant que sa fierté, conforté dans sa démarche par la comédienne qui ferait comme si, comme si elle ne voyait pas les regards lourds de jugement, comme si elle ne sentait pas l’éloignement motivé par une incapacité à fonctionner comme avant. Pour la première fois depuis longtemps, la jeune femme se demandait à quoi pouvait bien rimer cette accumulation de faux-semblants, et elle ressentait une peine amère en prenant conscience qu’il était devenu beaucoup trop cruel de s’imposer autant de douleurs pour le peu de bons moments qui en résultaient. Lorsque cette pensée déplaisante lui avait traversé l’esprit quelques années en arrière, Hayden était encore à Londres, l’ancien lieutenant avait cessé de se battre, et la comédienne ne savait plus comment l’atteindre. A l’époque, il lui avait été facile de mettre son ressenti pessimiste sur le compte de la distance qui les empêchait de communiquer correctement, plus aisé encore de se convaincre que les choses rentreraient dans l’ordre d’elles-mêmes le jour où ils se retrouveraient enfin dans la même pièce, le jour où elle serait en mesure d’analyser chacun des signaux qu’elle percevait et qui pouvait lui prouver qu’ils n’étaient pas encore tout à fait devenus de parfaits étrangers l’un pour l’autre. Aujourd’hui pourtant, il devenait nécessaire de se rendre à l’évidence : si Keith se trouvait désormais à sa portée physique, il demeurait inaccessible, et le fossé qui les séparait n’était plus en mesure de se combler grâce à des excuses et à des paroles de réconfort. Le mal qui rongeait leur amitié était plus insidieux encore, et visiblement hors d’atteinte : Hayden avouait à regret à quel point elle était fatiguée de chercher sans jamais trouver, ni même comprendre quelle chimère l’ancien lieutenant attendait d’elle qu’elle poursuive. Oui, ce jour-là, la comédienne était prête à rendre les armes le cœur lourd mais la tête haute, animée par un dernier devoir de protection qu’elle devait à Keith aussi bien qu’à elle-même : la nécessité d’abréger leurs souffrances à tous les deux, et de rendre à son meilleur ami une liberté qu’elle le savait incapable de s’accorder de son propre chef. La comédienne avait été sincère, en lui exposant qu’elle ne souhaitait nullement le voir quitter son appartement pour toujours, passer sa porte d’entrée en sachant qu’elle ne le reverrait peut-être jamais ailleurs qu’au détour d’une rue de Brisbane par le plus grand des hasards. Mais Hayden savait également, pour l’avoir personnellement vécu trois ans plus tôt, que la seule solution qui s’offrait parfois nécessitait des départs larmoyants et des adieux non-désirées. Peut-être était-ce leur dernier recours, face à un Keith qui ne semblait plus tirer un quelconque bienfait de sa présence. Et il devait savoir, au fond de lui, que la comédienne n’accepterait de le tenir hors de sa vie qu'à une seule condition : que ce sacrifice puisse signifier qu’à terme, son meilleur ami ne souffre plus.

Ses réflexions intérieures ne l’avait pas mené beaucoup plus loin, et Hayden était presque parvenue à s’auto-persuader que son cœur n’était pas douloureux, à l’idée de continuer à vivre comme si de rien n’était, comme si elle ne venait pas de perdre l’une des seules constances dans sa vie ces dernières années. C’était presque devenu un jeu d’enfant, de faire comme si son propre discours ne la blessait pas autant qu’elle le blessait lui, comme si les larmes réflexes qui coulaient maintenant pleinement sur ses joues étaient dues à la colère et non pas à une profonde tristesse. Mais c’était sans compter sur Keith et sa loyauté à toute épreuve, Keith et son dévouement sans limites, Keith qui ne voulait pas voir que leur situation était sans issue dans l’état actuel des choses. Ses mots la touchèrent en plein cœur sans qu’elle ne le désire vraiment, et son besoin de se justifier reprit le dessus sur la raison, sur le bon sens, sur tout le reste, en somme. Hayden ne pouvait pas le laisser partir en lui donnant la satisfaction de croire qu’elle était la méchante de l’histoire, qu’elle ne ressentait aucune douleur à mettre fin à leur amitié sans ménagement, qu’elle avait fait semblant de tenir à lui et qu’elle continuait de faire semblant d’avoir besoin de sa présence dans sa vie. Car au fond, l’ancien lieutenant venait peut-être de mettre bien malgré lui le doigt sur le problème : toute cette histoire aurait été tellement plus simple, s’ils se détestaient vraiment. « Tu n’as pas le droit d’insinuer que tu n’as jamais compté pendant tout ce temps, Keith. Pas après tout ce que j’ai pu faire pour toi, pas après tout ce que j’ai pu te dire durant toutes ces années. » La proximité de son meilleur ami l’étouffait et l’empêchait de réfléchir convenablement, mais Hayden sentait qu’il s’agissait sans doute de sa dernière chance de le faire réagir, de lui faire prendre conscience qu’ils fonçaient droit dans le mur à une vitesse bien trop élevée pour être maîtrisée à temps. « Et tu te trompes. Je ne suis pas en train de préparer mes cartons pour rentrer à Londres, au contraire. J’essaye de redonner un semblant de vie à cet appartement pour me prouver que je n’ai pas fait tout ça en vain. » La comédienne se dégagea doucement de Keith, une attitude qui contrasta avec la façon rageuse dont elle essuya les dernières larmes qui coulaient encore de ses yeux. « Tu as le droit de m’en vouloir, de ne pas t’avoir tout dit à propos de mon retour ici. Mais sache que c’est avant tout à moi-même que j’ai menti, pas à toi. » La solution à l’ensemble de cette situation ne se trouvait certainement pas là, mais c’était toujours un début. Hayden avait compris, un peu tard cependant, que rien ne s’arrangerait si Keith persistait dans son comportement de victime collatéral, dans son obstination à se croire systématiquement rejeté ou abandonné. Dans ce domaine, elle avouait sans détours que les torts étaient partagés : la jeune femme n’était pas parvenue à le rassurer suffisamment pour lui ôter ces idées de la tête. « Quels sont nos choix possibles, Keith ? Parce que de là où je suis, je n’en vois que deux : continuer à se rendre la vie impossible, ou accepter que l’on ne puisse plus continuer comme ça et que l’on a besoin de temps autant que de recul. » Sa main s’était saisie de celle que l’ancien lieutenant avait laissé en suspens sur sa joue, et Hayden se raccrocha à ce contact physique pour tenter d’oublier à quel point ses propres paroles sonnaient comme un « au revoir ». Elle savait que son meilleur ami, lui, ne s’y tromperait pas.
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Message(#) Sujet: Re: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyLun 16 Nov - 23:07



What's the best way, no one knows
@Hayden Siede & Keith Weddington"
⋆ ☽ ⋆ ◯ ⋆ ☾ ⋆


A quel moment décidons-nous qu’une personne était devenue importante à nos yeux ? Par quel moyen insidieux nous laissions-nous entraîner dans cette voie-là ? Celle où la parole d’autrui devenait parole d’or, celle où inconsciemment cette personne se matérialisait à chaque moment de notre vie. Celle où nous ne nous souvenons plus de notre vie d’avant. Celle où l’ignorance que j’avais pu lui accorder dans le passé me semblait être aujourd’hui des heures perdues où je n’avais pas pu profiter de sa présence à mes côtés. Celle qui faisait aujourd’hui partie de mes regrets bien plus que de mes remords. Car je n’étais pas un homme capable de gérer ces émotions que je ne comprenais pas. Cet homme qui aujourd’hui semblait vouer à connaître des séparations, peu importe leurs natures, peu importes leurs degrés. Peut-être étions nous destiné à reproduire sans cesse le même cercle vicieux tant que la leçon n’était pas apprise. J’avais vu mes parents partir trop tôt. Bien avant que je ne puisse leur dire à quel point je les remerciais d’avoir fait de moi l’homme que j’étais. Celui qui faisait de sa loyauté, son credo. Celui qui continuerait corps et âmes à se battre pour ce qui lui semblait juste. Mais je me retrouvais aujourd’hui comme sans repères. Errant seul, parmi cette vie qui ne me semblait pas être la mienne. Elle n’était pas celle que j’avais choisi. Comme si une force supérieure décidait de faire de moi sa marionnette. Mais ne dit-on pas également que toutes les épreuves qui se trouvent sur notre route sont à notre portée ? Face à Hayden, plus rien ne me semblait accessible. Ni mon futur, ni notre amitié. Tel un marathonien proche de l’abandon, laissant ses dernières forces sur le trajet le menant à la victoire… Ou du moins à cette défaite qui me semblait maintenant inévitable. J’avais besoin de le voir pour y croire. Et même si mon cœur semblait réfuter la réalité, même si j’osais encore espérer me réveiller de ce cauchemar, même si j’espérais qu’à cet instant même elle ne m’avoue qu’elle n’envisageait pas de vivre sa vie sans que je n’en fasse parti, je me rendais compte que quoi qu’elle ne fasse, rien ne suffirait à panser cette plaie béante qu’elle venait de laisser. Celle que je lui avais accordé ou plutôt qu’elle avait creusé d’elle-même, à la force de sa patience et de son obstination. Celle qui – je le savais – ne pouvait être destinée à nulle autre. Aurais-je ouvert les yeux sur cette vérité qui dormait depuis maintenant des années ? Impossible. J’étais aveuglé par ce discours qui me semblait être un « adieu ». Celui auquel je ne m’étais absolument pas préparé en prenant le chemin de son appartement. Mais sommes-nous réellement prêts à laisser partir une personne chère ? J’aurais voulu hurler, laisser s’échapper toute cette rage qui me prenait aux tripes, cette douleur lancinante. Ah, oui, j’aurais voulu le faire. Mais j’étais tétanisé. Par cette peur d’aggraver les choses par des mots qui auraient pu être mal interprétés. Par une maladresse qui caractérisait mon incapacité à gérer ce genre de situation. Oui, elle venait de me rappeler pourquoi je préférais ne pas m’attacher aux autres rien qu’en une fraction de seconde. Et comme bien souvent lorsqu’on se retrouve à la fin de quelque chose, le film de cette histoire se rembobine dans notre mémoire. Et nous commençons à chercher ce que l’on aurait pu faire de différemment pour éviter d’en arriver à ce point. La liste était bien trop longue quand je nous regardais. Trop longue, trop douloureuse et surtout il était bien trop tard pour que je jette mes dernières forces dans ce qui me semblait être inutile. A ce moment-là, j’en voulais à la terre entière de m’avoir emmené sur son chemin. J’en voulais à mes parents d’avoir vécu à Brisbane, à Samuel d’avoir été ce professeur de mathématiques et ma première source d’information concernant sa sœur. J’en voulais au destin de m’avoir fait croiser Hayden quand j’étais le plus affaibli. J’en voulais à Elizabeth d’avoir réussi à me faire croire qu’en venant ici, aujourd’hui, les choses seraient différentes. Et enfin, j’en voulais à Hayden. Je lui en voulais d’avoir réussi à me faire baisser ma garde, d’avoir été aussi bienveillante avec moi quand je frôlais les fonds, de m’avoir abandonné quand je replongeais et d’avoir réapparu quand je pensais avoir enfin tiré un trait sur elle. Avant qu’il ne soit trop tard. Avant que cela ne fasse trop mal. Je lui en voulais de ne pas me donner matière à la haïr pour rendre les choses plus simples. Je lui en voulais d’être elle tout simplement. Parce que malgré la douleur que je ressentais, j’étais incapable de ne pas faire son éloge en mon for intérieur. Alors je m’en voulais pour finir. Et ce cercle vicieux était celui dans lequel je vivais depuis maintenant des mois. Celui qui hantait mes nuits et rythmait mes jours. Mais n’était-elle pas en train de rompre cette chaîne par ses mots ? Des choix sont à prendre tout au long de notre vie. Des dilemmes, des sacrifices ou n’importe quelles expressions pour qualifier cet acte, souvent réfléchi, parfois spontané. Mais la question que l’on se pose trop souvent est de savoir si ce choix est le bon. On vous dira parfois que seul le temps pourra vous le dire, que si l’on ne tente rien, nous n’obtenons rien. Le temps ne serait-il pas guérisseur de cette douleur ? Ah, le temps. Mais comment faire lorsque des larmes coulent en pensant à ce que vous avez laissé derrière vous ? Quoi penser quand les souvenirs trop nombreux ressurgissent, et que votre inconscient vous supplie d’arrêter ce mécanisme ? Ne pas regarder derrière soi est certainement la solution. Avancer sans réfléchir, vivre sans limites, respirer, rire, profiter, dire je t’aime aux personnes à qui l’on tient vraiment. Se remémorer les bons souvenirs, et prendre les défaites comme des leçons. Continuer. Chaque jour. Toujours un peu plus. Ce ne sera jamais facile, je le sais, mais il le faut. Sécher ses larmes, reprendre les armes, et repartir au combat. Jusqu’au moment où l’adversaire s’avoue vaincu. Jusqu’à ce fameux moment où l’on peut enfin dire que nos doutes sont KO. Que notre place se trouve là où nous sommes, et que cette conviction reste ancrée au fond de notre âme. Pourtant, je ne m’en sentais pas capable sans elle.

Je fermais les yeux. Probablement pour ne pas voir la vérité en face encore un peu plus longtemps. Parce que je ne voulais plus la laisser entrevoir mes failles. Parce que je savais qu’elle était en train de déposer les armes à mes pieds. Lasse de perpétuer ce combat incessant. Alors je réfutais ses paroles d’un signe de tête. Ce mélange de supplication pour la faire se taire, et cette envie de rapidité pour qu’elle abrège mes souffrances. Qu’elle porte le dernier coup me propulsant directement aux enfers. « Pourtant, c’est ce que tu me laisses comprendre aujourd’hui… » lâchais-je dans un murmure, comme si je rendais mon dernier souffle, là, avec elle. Je ne réussissais plus à respirer. Je n’arrivais plus à entendre autre chose que cette voix intérieure qui me criait que tout était perdu. Que de s’ouvrir n’apportait en réalité pas tout le bienfait que d’autres pouvaient vanter. Je préférais m’éloigner. M’éloigner de sa présence comme si ses paroles ne pouvaient plus m’atteindre maintenant que son corps n’était plus à portée de main. Mais c’était sous-estimer la force de ses mots et le poids que je leur accordais. J’observais ces cartons, faisant écho à mon envie de fuir. L’imaginer errer dans les rues de Brisbane avec le risque de la croiser à tout moment. Ce risque qui rendrait bien plus compliqué mon processus de deuil. « Tout n’est pas vain en effet. Tu auras réussi à enterrer notre amitié en revenant ici. » lui dis-je, les bras ballants. Je ne pouvais pas être plus transparent vis-à-vis d’elle. Parce que c’était comme cela que j’étais en train de vivre cette discussion. Et peu m’importait qu’elle soit en train de m’avouer qu’avant de me mentir, elle s’était bernée elle-même. Je n’avais plus la capacité à voir autrement les choses qu’avec le regard de celui qu’on laissait sur le bas-côté alors qu’il ne demandait qu’une dernière chance. « Le mal est fait Hayden… Pas parce que tu ne m’aurais pas menti non. Parce qu’aujourd’hui, je suis venu jusqu’à toi dans l’espoir de réparer quelque chose que tu préfères laisser inachevé. » rajoutais-je tandis que j’intimais un dernier geste dans sa direction. Je levais une main dans sa direction pour la stopper dans son énumération de possibilité qui n’avait ni queue ni tête pour moi. Elles me semblaient biaisées. Comme si je n’avais pas mon mot à dire dans cette situation. Comme si mon avis ne lui importait plus, si tant est qu’il ne lui ait déjà importé. « Je t’en supplie arrête… » lui demandais-je, mon regard embué dans le sien. Sa main posée sur la mienne m’électrifia. Non pas par l’inhabitude de ce geste. Par la signification que cela lui donnait. Je retirais ma main de sous la sienne, ne pouvant supporter plus longtemps le reste. S’en était trop. J’étouffais. J’avais besoin d’air. Besoin d’espace. Besoin de ne plus la voir dans mon champ de vision. Besoin de croire qu’elle n’avait été qu’illusion. Que cette adolescente qu’elle eut été n’avait jamais accordé la moindre attention au jeune moi. Besoin de croire que tout le monde ne m’abandonnerait pas. Que les gens n’avaient pas pour passion commune que l’envie de piétiner chacune de ses émotions que je ressentais. « Ce sont tes choix. Comme toujours. Et comme toujours je vais accepter ces derniers. » lui fis-je remarquer en me détournant d’elle pour reprendre le chemin initial me menant à cette porte qui une fois fermée, signerait probablement cette fin tant appréhendée. « On sait tous les deux où le temps nous mènera Hayden. » rajoutais-je pour lui faire comprendre que cette situation ressemblait de loin à celle que nous avions déjà vécu après mon accident. « On sait très bien que le temps nous éloignera. Le recul, tu l’as déjà pris. Bien avant moi, je m’en rends compte. » soupirais-je restant dos à la porte, comme j’étais dos au mur actuellement. « Alors on va rester là, avec comme simple réconfort nos souvenirs ? Et tu zapperas cette chanson qui te fera penser à moi ? Tu cacheras ces objets qui te rappelleront nos moments passés ? Puis tu prieras pour ne pas me croiser et j’en ferais de même ?  C’est ça prendre du recul pour toi ? Te dire que tôt ou tard, les choses s’atténueront ? » lui demandais-je en perdant toute amertume dans la voix. Il n’y avait plus que ce dernier appel à l’aide, cette supplication verbale. « Je vais te dire ce qu’il va se passer Hayden : Le temps va recouvrir ce que nous étions, comme les vagues détruisant les mots laissés sur le sable. Et je n’aurais été qu’un passage dans ta vie. Et tu auras été ma plus grande blessure que j’aurais connu. » conclus-je, repoussant les trémolos de ma voix. « C’est dans ces moments là que je réitère ce que je t’ai dit lorsque tu es venue chez moi : j’aurais préféré mourir des mains d’Andréa ou qu'elle ne vienne pour terminer cela, la seconde fois... » finis-je en laissant traîner mon regard dans le sien. Autrement dit : je me sentais mort en acceptant ses possibilités. Et le phoenix n’était qu’animal mythique : des cendres qu’elle laissait, de notre amitié, ne pourrait renaître l’homme que j’ai été.


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Message(#) Sujet: Re: What's the best way, no one knows - Keyden#2 What's the best way, no one knows - Keyden#2 EmptyVen 15 Jan - 22:29


Hayden était fatiguée de se battre contre des moulins à vent. Elle ne s’était jamais embarquée dans ce vol pour Brisbane dans l’optique d’enterrer définitivement son amitié avec Keith, pas plus qu’elle ne s’était attendue à ce que l’entièreté de ce qui avait pu les lier par le passé ne dégénère de la sorte. L’ancien lieutenant faisait preuve d’une mauvaise foi irritante, mais la comédienne le connaissait suffisamment pour reconnaître que cette fois-ci, il ne lui serait plus possible d’aller contre son opinion en espérant lui faire ouvrir les yeux sur l’irrationnalité des conclusions à cette situation qu’il se plaisait à tirer seul. « La colère t’aveugle, et tu laisses ta rancœur parler à ta place. » Il s’agissait d’un constat plus que d’un reproche, tant son meilleur ami avait déjà dépassé depuis longtemps les limites de la logique. Hayden voyait désormais à quel point il ne s’était pas une seule fois retourné pour s’assurer qu’elle le suivait toujours : pour quelqu’un d’aussi déterminé, c’était aussi amer que douloureux, de s’avouer vaincue. La frustration ne cessait de grandir, menaçant d’emplir la pièce et de les étouffer, à moins que l’atmosphère chargée d’électricité n’ait raison d’eux en premier. La comédienne aurait subitement tout donné pour ne pas être dans cette pièce, à ce moment précis, en train de tenter de convaincre Keith du bien fondé de sa proposition de laisser l’eau couler sous les ponts, alors qu’elle-même n’était pas certaine qu’elle parviendrait à s’habituer à son absence. Mais son meilleur ami continuait de cracher son venin, ne se souciant désormais guère de toucher ou non sa cible, n’ayant visiblement même pas pris conscience qu’Hayden avait de nouveau creusé l’écart physique qui les séparait, lâchant sa main en s’efforçant de retrouver sa contenance habituelle. « Et si tu décidais de revenir à un semblant de raison, tu te rendrais compte à quel point il est ironique, de me parler de choses inachevées. » Car à ses yeux, Keith avait multiplié les mauvais choix, dans sa quête perpétuelle de ne jamais vouloir apposer un point final aux choses qui échappaient à son contrôle. Une peur de la fin de tout et de ses relations qui l’avait mené à ne pas dénoncer Andréa à la police, à ne pas se soigner suffisamment pour être en mesure de tourner la page et de renoncer à sa vie d’avant, à refuser de détacher son regard de celui d’Hayden en craignant que ce soit la dernière fois qu’il en aurait la possibilité. La comédienne savait qu’elle avait fui bien des choses, par peur de les achever totalement. Mais que l’ancien lieutenant soit incapable de séparer ses erreurs du passé de ce moment précis où elle essayait justement de sauvegarder le peu de leur lien qui n’était pas encore rongé par la rancœur lui déclenchait une véritable nausée.

Il n’en demeurait pas moins que les supplications de Keith, elles, menaçaient sérieusement de faire vaciller ses belles certitudes, apportant à leur tour un sentiment de culpabilité naissant. Pour autant, Hayden ne céderait pas, et l’ancien lieutenant en était certainement conscient, quelque part au fond de son esprit. Cela ne signifiait nullement que l’ultimatum qu’exprimait la comédienne à voix haute était prononcé de gaieté de cœur. L'échec était douloureux, dans sa vie personnelle plus qu’ailleurs, et elle n’était pas certaine que cette fois-ci, elle en sortirait tout à fait indemne. Hayden ne fut pas surprise d’entendre son meilleur ami accepter sa décision à demi-mots amers, et elle garda pour elle d’éventuelles paroles de remerciements qui n’aideraient personne dans leur situation, tant elles sonneraient clichés et railleuses. Keith, lui, n’était visiblement pas décidé à s’arrêter en si bon chemin, et la comédienne l’observa abattre ses dernières cartes, peinée de réaliser une nouvelle fois que cette fois-ci, aucune parole ne serait en mesure de la faire changer d’avis. Tout comme aucune parole ne serait capable de l’empêcher de se sentir comme un monstre. « Je n’en sais rien. » Et c’est bien pour cette raison, qu’Hayden s’évertuait à vouloir prendre du recul. Là où son meilleur ami voyait des certitudes, la comédienne n’apercevait qu’un éventail de possibilités peu reluisantes et auxquelles elle désirait plus que tout échapper. Elle ne supportait plus de le voir se complaire dans un pessimisme dissimulé, tandis qu’elle avait tout donné pour tenter de leur maintenir la tête hors de l’eau. « Si c’est pour tenir de tels propos, je crois qu’il est préférable que tu partes, Keith. » Sa voix s’était légèrement adoucie, comme si elle désirait lui faire comprendre qu’au-delà de le mettre à la porte, elle souhaitait simplement mettre fin à leur discussion qui menaçait de dégénérer et d’aggraver les choses de façon irrémédiable. Sous le coup de l’émotion, la dernière phrase du lieutenant aurait presque pu passer inaperçue ; il n’était pas rare qu’il fasse appel à Andréa et aux dommages qu’elle avait pu causer le jour où elle avait décidé de tirer dessus sans une seule arrière-pensée. Sans doute était-il sincère, peut-être cherchait-il à jouer sur la corde sensible d’Hayden qui avait bien cru perdre son meilleur ami pour toujours. Que Keith évoque une seconde fois, en revanche, était inédit : à quoi faisait-il référence, au juste ? La comédienne abhorra une moue dubitative, ouvrit la bouche pour répliquer, mais se stoppa à temps. L’ancien lieutenant était tout aussi bouleversé qu’elle, et il n’était pas question de relancer la machine en se risquant à une nouvelle interrogation que Keith interpréterait de la mauvaise manière. Gardant sa réflexion intérieure dans un coin de sa tête, elle se saisit brièvement de la main du jeune homme pour la caresser doucement, s’efforçant de soutenir son regard, comme pour le graver quelque part. « Je t’appelle. » Et tandis que la porte se fermait derrière lui, Hayden lutta contre la petite voix qui lui soufflait que peut-être, tout ceci était une terrible erreur. Qu’au fond, elle n’était pas certaine que le jour où elle se sentirait prête – en partant du principe que ce jour arriverait prochainement -, le jeune homme soit en mesure de leur accorder une opportunité de redémarrer à zéro. Le risque était certain, mais s’imposait encore et toujours la question à un million : quelles autres options possédaient-ils ?
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