À la base, l'idée s'était d'avoir la paix, pardon, une pause pendant une heure. Mother of the year. Un cours de danse destiné aux 3-5 ans que toutes les petites filles cool de Brisbane allaient. Oh ouais la crise que tu as eu parce que sa copine y était inscrite et pas elle - ça va être quoi à 15 ans ? Donc, ouais, Abby est inscrite maintenant. Tu devais retourner la chercher dans une heure. Pourtant, le cours n'est débuté que depuis trente minutes que déjà tu reçois un appel pour venir la chercher. En trente petites minutes, le cours a dégénéré. Really ? C'est pas possible. Faut toujours qu'elle te complique la vie cette gamine. À croire qu'il n'y a que tes soeurs qui semblent capable de garder un certain contrôle - et encore, elle finit toujours par faire trébucher Jonah dès que Emily regarde ailleurs.

On voit encore la trace rouge sur la joue de Abby de la main de l'autre petite fille. Comment peuvent-elles être aussi agressives à leurs âges ? Comment peuvent-elles être assez fortes pour laisser des traces ? C'est pas croyable. Ta fille te surprend tous les jours et pas vraiment dans le bon sens du terme malheureusement. Tu essaies de comprendre ce qui a bien pu se passer pour que la situation tourne ainsi, mais la professeur ne sait pas et l'histoire de ta fille ne tient pas debout. Tu soupires doucement en repérant la victime au bras mordu (ou celle qui a commencé la première dure à dire) au loin avec ce qui doit être sa maman de dos.

Tu attrapes la main de ta fille pour la tirer jusqu'à eux, pour la forcer à aller s'excuser peu importe c'est la faute à lui. Mais, oh, la surprise quand l'autre maman se tourne enfin et que tu aperçois Sarah. Tes yeux deviennent rapidement ronds, trahissant complètement la surprise sur ton visage. Tu ne t'attendais jamais à ce que ton chemin recroise le sien un jour. C'est le festival des exs ces temps-ci. Espérons que celui-ci se passe mieux que les autres. « Ta fille a frappé la mienne. » Et la tienne a mordu la sienne, ce qui est probablement pire. Il n'y a absolument aucun reproche dans ta voix. Ce sont des enfants qui font des trucs stupides. D'ailleurs, les traces de dents sont encore bien visibles. Comment pourrais-tu en vouloir à la sienne ? Elle pouvait pas mordre la fille de quelqu'un d'autre ? Enfin, ce n'est peut-être pas la sienne. C'est peut-être celle de sa petite-amie. Elle a l'air plus vieille que Abby, ou elle est juste plus grande que son âge. Peut-être qu'elle l'a adopté aussi même si à l'époque ça ne semblait pas être une option pour Sarah qui voulait porter la vie sans que tu ne comprennes jamais ce besoin que pouvait ressentir la plupart des femmes. Beaucoup de choses changent avec le temps. Tu pousses doucement Abby dans le dos pour qu'elle fasse un pas devant, évite soudainement le regard de Sarah - comme si en l'évitant elle devenait une inconnue parmi tant d'autres. « Excuse-toi Abby. » Qu'elle s'excuse et tout le monde reprendra sa vie chacune de son côté. Tu ne comptes certainement pas t'éterniser devant ton ex. Tout ce que ta fille trouve comme réponse est de croiser les bras et de bouder. Gé-ni-al.

@sarah irish

Apparemment, la danse était devenue son nouveau passe-temps, à la gamine. Et vu que Sarah a un peu du mal à lui dire un ‘non’ ferme en ce moment, elle avait accepté que sa fille participe au cours d’essai. Visiblement, les copines cool y sont inscrites aussi, puisqu’à peine arrivées qu’Ella oublie sa mère. Celle-ci attrape sa fille par la main pour l’attirer à elle et lui offrir un bon gros baiser de maman poule sur la joue, lui glisse un « Amuse-toi bien ma chérie. » qui passe inaperçu tellement la gamine est pressée de retrouver ses copines, et s’éclipse en jetant un dernier regard en direction de la salle. Ca va bien se passer, elle va être sage, qu’elle essaie de se rassurer alors que ses talons claquent dans le couloir, démarche assurée pour se convaincre que cette séance n’aura rien avoir avec les précédentes. C’est qu’elle est chiante en ce moment, Ella. Depuis que Sarah avait amené Rebecca chez elle, la gamine avait décidé de se rebeller envers et contre tout, et sa petite révolte passait évidemment par toutes les hostilités possibles avec ses camarades. Irish passe faire deux-trois courses à la supérette d’à côté (toujours prête à revenir à la salle si sa fille décidait de faire de ce cours d’essai un lieu de mutinerie), et elle n’est pas encore passée à la caisse qu’un coup de fil lui signale qu’Ella a encore fait des siennes. Roulement des yeux, soupir, Sarah retourne sans étonnement à la salle.

Visiblement, elle a laissé une marque bien rouge sur les fesses d’une plus jeune qu’elle. Putain qu’elle me gonfle, qu’elle pense tellement fort qu’elle a vraiment du mal à retenir ses mots. « Est-ce que tu peux m’expliquer ce qui t’a pris, Ella ? » Oui, c’est vrai ça, ne pouvait-elle pas se contenter de danser, étant donné que ce cours était justement réservé à cet art plutôt qu’à l’art de se faire remarquer en s’essayant au karaté ? Elle boude, la petite, elle ne bronche pas, se contente de s’asseoir en tailleur, bras croisés et sourcils froncés. En tous cas, elle a bien décodé les expressions faciales des plus grands, elle sait bien montrer quand elle est en colère – et de la colère, elle en a beaucoup en réserve ces derniers temps… Accroupie devant sa fille, Sarah cherche tout de même des explications : s’énerver ne ferait qu’envenimer les choses, et elle commence à savoir qu’avec sa fille, ce n’est pas bon. « Tu veux bien me dire ce qui s’est passé, Ells ? » Peut-être que le petit surnom apaisera les choses, peut-être que sa fille daignera la regarder. Mais non, les yeux de la gamine fusillent apparemment l’autre petite. Le regard de la mère, lui, parcourt le petit corps de son enfant, jusqu’à cette morsure sur le bras. Sa fille a beau avoir fessé l’autre, la morsure est clairement un niveau au-dessus. Alors Sarah pose doucement sa main sur le bras de sa fille, caresse sa peau du pouce, soupire face au silence de la gamine, et se retourne pour voir qui est l’autre fille. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle vit qui est la mère de l’heureuse élue ! Bordel de merde, putain, putain, putain, putain, je fais quoi ?? Elle se met à penser à toute allure, réfléchis à une façon de parer cette discussion qui va avoir lieu avec son ex. Mais son esprit n’arrive pas à résoudre les algorithmes, il se perd dans les équations à x inconnues, cherche la solution sans jamais trouver de réponse. Oh non, pas Leslie. Alors elle se lève pour être à hauteur de la Cohen, elle se lève pour lui faire face alors que son centre de gravité semble perturbé, lui aussi. Elle cherche à calmer sa respiration qui s’est tout à coup accélérée, déglutis aussi discrètement que possible alors que sa gorge est complètement asséchée, et se mord les lèvres pour éviter de hurler. Elle qui faisait tout pour éviter son ex, qui évitait tous les endroits dans lesquels elles étaient allées toutes les deux, se retrouvait face à Leslie alors qu’elle n’avait rien demandé. Elle se retrouvait face à Leslie qui tenait une gamine par la main. Sa gamine ?

« Ta fille a frappé la mienne. » Donc c’est bien sa fille. Quel âge a-t-elle au juste ? Est-ce sa fille biologique ? Elle se sent trahie, Sarah. Parce que c’est la faute de Leslie si elles sont séparées aujourd’hui. C’est sa faute à elle, la Cohen, elle qui ne voulait en aucun cas faire de concessions sur son métier, elle qui ratait leurs rendez-vous médicaux, elle qui s’impliquait dans des millions de projets, mais des millions de projets qui ne les concernaient pas elles. Et aujourd’hui pourtant, elle a trouvé le temps pour avoir une gosse. C’est quel niveau de foutage de gueule, ça ? « Et la tienne a mordu la mienne. » Sa voix est beaucoup plus grave que lorsqu’elle s’adressait à sa fille. Elle est grave, elle sonne comme un coup de massue qu’elle assène aussi fortement que possible. Ta fille qu’elle lui a dit, Leslie. C’est de leur fille qu’elle parle, et elle n’en a aucune idée. La Cohen essaie de faire en sorte que sa fille à elle s’excuse, mais rien ne sort. Elle est aussi bornée qu’Ella il faut croire, et Sarah lâche un ricanement, provocateur. Pas foutue d’éduquer une môme, j’ai peut-être bien fait de ne lui avoir rien dit finalement, qu’elle pense alors, cherchant plus à se rassurer qu’à rationnaliser. Parce qu’elle sait qu’elle aurait dû lui en parler, elle le sait mais elle n’a jamais assumé. Et puis surtout, sa fille n’est pas mieux éduquée. La voilà d’ailleurs qui tire la langue à l’autre gamine. Aussi provocatrice que sa mère celle-là… Quand Abby se met à réagir, Sarah tourne vivement la tête vers Ella, et la prend sur le fait. Les gros yeux sont grand ouverts, l’index en l’air et la voix qui s’élève : « Non mais Ella c’est quoi ce comportement ? » La prof s’impatiente derrière (normal, son cours est arrêté depuis dix bonnes minutes à cause de ces deux-là), elle souffle et roule des yeux. « Lève-toi, va te rhabiller, on va régler ça dehors. » qu’elle ordonne à sa fille, la tirant par le bras pour l’amener aux vestiaires.

« Et la tienne a mordu la mienne. » Donc c'est bien la sienne, ou elle ne veut pas rentrer dans les détails parce que ce n'est pas - plus - de tes foutus affaires. « J'ai essayé ce truc de la mordre, mais visiblement, ça marche pas. » Parce que quand on élève un enfant, tout le monde te sort sa tactique infaillible pour corriger les mauvais plis. Ça marche jamais leur truc bidon - ou alors t'es vraiment nul pour les appliquer. Tout comme ta tactique pour détendre l'atmosphère qui ne fonctionne absolument pas. Sarah semble encore plus raide que quand vos regards se sont de nouveau croisés pour la première fois. Tu auras toujours bien essayé, mais tout ce qu'elle en retiendra c'est que t'a mordu ta gosse - de quoi monter l'estime qu'elle a de toi.

Tu tentes de pousser Abby aux excuses, mais ça ne fonctionne pas du tout. Elle semble même plus fermée qu'avant. C'est pas possible! Ton regard qui avait fui celui de Sarah quelques minutes plus tôt le retrouve assez rapidement quand tu entends le ricanement qui sort de sa bouche face à ton échec. Sérieusement ? C'est comme ça qu'elle veut le jouer ? Ta langue claque sur ton palais sans que rien n'en sorte pour autant. Pas devant les filles. Pourquoi est-ce qu'elle semble avoir de la rancune de toute manière ? C'est elle qui a décidé toute seule comme une grande de partir. Tu n'as jamais désiré cette rupture. Ton regard s'abaisse sur ta fille quand tu sens qu'elle s'élance vers celle de Sarah qui lui tire la langue. Tu as juste le temps de la rattraper par le bras pour la couper dans son élan de vouloir lui sauter à la gorge. Quelle idée débile ce cours de danse. « Non mais Ella c’est quoi ce comportement ? » Elle pouvait bien rire de toi tout à l'heure avec le manque d'obéissance de ta fille. Ça lui apprendra. « Lève-toi, va te rhabiller, on va régler ça dehors. » On va régler ça dehors Ça sonne presque comme une bagarre dans la cour du lycée. C'est même pas commencé que tu veux déjà que ça finisse. Sarah part de son côté avec sa fille et tu prends la tienne dans tes bras pour en faire de même. C'est n'importe quoi cette journée.

C'est toi qui sort à l'extérieur la première. Tu patientes un peu sur le trottoir le temps que Sarah sorte à son tour. Vous pouvez régler ça comme les deux adultes que vous êtes sans que votre histoire ne vienne interférer dans des conneries de gamin. Non ? « J'suis désolé Sarah. Ça ne va pas se reproduire. Pas vrai, Abby ? » La gamine regarde le bout de ses pieds, frappe un caillou au sol avec. Elle a toujours la moue aussi boudeuse, mais veut probablement se tirer d'ici autant que toi. Faut ce qu'il faut pour acheter la paix - ou un semblant de. « Noonnnn. » C'est peu convaincant, mais c'est mieux que rien. Non. Ça ne va pas se reproduire. Sinon, elle ne reviendra pas ici et c'est tout.

« J'ai essayé ce truc de la mordre, mais visiblement, ça marche pas. » Peut-être que tu devrais essayer de la mordre plus fort pour lui faire comprendre alors, qu'elle pense Irish, parce que le fait de voir les dents de l'autre gamine marquer le bras de la sienne, ça ne lui plaît pas du tout. Mais elle ne dit rien Sarah, pas devant les enfants. Par contre, ricaner face à l'incompétence de son ex, ça, elle ne se gêne pas. Même devant les gamines. Ça exaspère Leslie et Irish jubile intérieurement seulement. Lui manquer de respect, oui, mais à petite dose pour le moment. Elle ne voudrait pas que sa fille se doute de quelque chose. Non, surtout pas. Le problème, c'est que les gamins, ça sent les trucs. Et là, Ella a visiblement pris les devants pour appuyer sa mère : elle provoque Abby avec grande joie, jusqu'à ce qu'enfin, Sarah la remette à sa place.

Les deux mères et filles s'en vont dans les vestiaires en silence, quand bien même Sarah meurt d'envie de demander à Leslie comment elle a trouvé le temps pour avoir une fille, s'occuper d'elle, et même l'emmener dans un cours de danse. Je croyais que t'étais trop occupée pour tout ça ? qu'elle a envie de lui cracher a la figure. Elle aurait presque envie d'une confrontation, Sarah, mais elle ne pourra jamais se le permettre devant sa fille : Ella risquerait de comprendre qu'elle aurait pu avoir une deuxième maman. « Pardon maman... » Sans doute que sa fille doit sentir la couille dans le potage pour s'excuser comme ça auprès de sa mère, sans doute qu'elle soit sentir que cette situation affecte Sarah plus qu'habituellement. « Ce n'est pas auprès de moi qu'il faut s'excuser tu sais ? Ce n'est pas moi qui ai reçu une fessée. » qu'elle lui répond en retenant un sourire, relevant la tête vers la bouille triste de sa fille alors qu'elle est en train de lui lacer les chaussures. Comment cette petite tronche toute mignonne pouvait devenir aussi peste ? Ella acquiesce, signe qu'elle capitule, signe qu'elle compte arranger les choses, comme sa mère le lui a appris : en faisant la paix. D'un regard, elles se comprennent, et elles sortent toutes les deux alors que Leslie et sa fille les attendent déjà. C'est d'ailleurs Leslie qui s'excuse pour sa fille, alors qu'Abby, elle, se contente de répondre aussi hypocritement que possible. Tant pis, elles se contenteront de ça. À son tour, Sarah s'excuse pour sa fille, Ella répondant de façon aussi sincère que sa grande amie Abby, avant de shooter dans le même caillou. Et ça a l'air de leur mettre un petit sourire aux gamines, tout a coup très intéressées par ce morceau de pierre. Leurs regards se croisent, une nouvelle expression sur leur tronche, presque joueuses. Pourquoi les adultes ne se rabibochent pas aussi facilement que les enfants ? Les voilà en train de rire timidement alors qu'elles shootent chacune leur tour dans le caillou, et que les mères restent perplexes.

Même Sarah esquisse un sourire un instant, un court instant. Elle relève les yeux vers son ex, ses lèvres qui s'affaissent à nouveau en une expression qu'elle veut neutre. Des petites pattes d'oies sont venues se tracer au coin de ses yeux, ses traits sont un peu plus fatigués, mais ça l'a rend encore plus belle, Leslie. Irish aurait presque le regard attendri, émue de revoir la Cohen après six années sans nouvelles, mais la rancoeur l'empêche de se laisser affaiblir par l'image de la belle Leslie. Pourtant, elle se ramollit un peu quand même. Ça fait six ans. Six ans que leur relation est terminée. Six ans que Sarah se convainc avoir tourné la page. Mais en vérité, la simple présence de leur fille lui renvoie sa culpabilité à la face tous les jours. Ella la tire par la manche en insistant sur le « Maman » qu'elle répète quatre fois, quatre fois avant que Sarah ne rebaisse les yeux vers sa fille. « On peut aller jouer sur le toboggan ? » Il aura fallu d'un morceau de caillou pour que tout soit pardonné dis donc. Sarah hésite avant d'acquiescer, elle a décidément très peur de rester seule avec Leslie, sans gamine pour parer une potentielle discussion sérieuse, mais sa gamine a fait ce qu'elle attendait d'elle : elle a fait la paix avec celle qu'elle a frappé. « D'accord. Mais pas de dispute. » qu'elle ordonne à sa fille, alors que les deux mômes sont déjà en train de courir vers le parc.

« Elle a quel âge ? » demande-t-elle à son ex, son regard vers les gosses, bras croisés. Quitte à parler, autant que ce soir une conversation utile. Oui, quitte à parler, autant chercher des informations qui pourront la rendre encore plus en colère contre la Cohen.

Ce sont finalement les adultes qui doivent s'excuser pour les enfants. Il faut ce qu'il faut pour ne pas éterniser la situation entre toi et ton ex. Elle semble du même avis que toi. Les deux gamines font semblant d'être d'accord avec les excuses de leurs mères. Voilà ! Tout le monde est content. Toi, tu es déjà prête à repartir, mais t'es bien la seule, puisque les deux fillettes ont finalement trouvé le moyen de se réconcilier en trente secondes. Manquerait plus qu'elles deviennent super potes ces deux-là. Connerie. « On peut aller jouer sur le toboggan ? » Dis non. Dis non. Dis non. « D'accord. Mais pas de dispute. » Fuck Abby prend le oui de Sarah pour un oui de ta part aussi, parce qu'elle part déjà en courant avec Ella direction le toboggan. « Pas longtemps Abby. » que tu as juste le temps de répliquer avant qu'elle ne soit trop loin. Tu la vois au loin qui hoche la tête comme si elle avait vraiment écouté ce que tu lui avais demandé - non, elle n'a absolument rien écouté. Elle s'amuse. Rien d'autre ne compte. Peut-être que tu pourrais juste aller t'installer au parc avec ton ordi. « Elle a quel âge ? » Ah. Non. Sarah veut dIsCuTeR - ou faire la gueule, c'est pas trop claire. Ton regard dévie vers les enfants qui ricanent au parc d'en face avant de le reporter sur ton ex. « Quatre ans. » Enfin, c'est son anniversaire dans moins d'un mois. On peut dire qu'elle a déjà son quatre ans. Tu la vois déjà venir de t'accuser d'avoir tourner la page sur votre histoire assez rapidement. Comme si elle n'avait pas été importante pour toi. C'est pas totalement comme ça que ça s'est passé. En même temps, peut-elle vraiment te le reprocher ? Sa gamine semble du même âge que la tienne. « Et la tienne ? » Bah voilà, allons confirmer l'âge de la sienne comme ça tu pourras lui faire les mêmes reproches si vraiment elle ose le faire. Et puis elle, c'est vraiment pas pareil. Elle ne peut pas être tombée enceinte par accident par un gars random. Il faut que ce soit prévu, voulu.

« Tu vas m'dire pourquoi tu me fais la gueule ou tu vas juste continuer en silence ? » Revoir Sarah aurait sûrement pu faire remonter de doux souvenirs à ton esprit. À tes yeux à toi, les bons moments ont toujours surpassé les mauvais - est-ce pareil pour elle ?  Mais de là voir comme ça, totalement fermé, elle semble bouillir de l'intérieur. Tu la connais assez pour savoir quand elle est furieuse contre toi. Aujourd'hui, c'est le cas. Être encore avec elle, tu marcherais sur un terrain miné en ce moment. Tu ferais attention où tu mets les pieds, éviterait le déclenchement à tout prix. Ce que tu détestais ça quand vous vous preniez la tête. Pas seulement avec elle, tu détestes les conflits en général. « J'vois pas vraiment ce que tu as encore à me reprocher vu le nombre d'années où on s'est pas vue. » Mais là, vous êtes plus ensemble. Alors t'es assez idiote pour juste te jeter à pleine gueule dedans. Qu'elle soulage sa conscience Sarah. Après vous ferez juste comme si vous ne vous connaissiez pas pour tous les autres dimanches matins que vos filles partageront le même cours de danse. Tu ne vas sûrement pas te priver d'inscrire ta fille pour elle si c'est vraiment ce que Abby veut. Tu peux toujours envoyer Dale qu'il joue son rôle de père une heure par semaine tiens.

Sarah autorise sa fille à aller jouer avec celle qui l’a martyrisée, et visiblement, Leslie a l’air aussi enchantée qu’elle. « Pas longtemps Abby. » Oui, pas longtemps s’il vous plait les filles. Et parce qu’il faut bien combler les blancs, parce qu’elle est curieuse aussi, Irish ne peut s’empêcher de demander des informations concernant la gamine Cohen. « Quatre ans. » Quatre ans. Ces deux mots passent en boucle dans la tête de l’interprète. Quatre ans, le calcul est vite fait : Leslie n’aura attendu qu’une pauvre petite année avant de se mettre à procréer. L’a-t-elle adoptée, ou est-ce sa fille biologique ? A-t-elle eu recours à la PMA ou est-ce que c’est un homme qui l’a foutue enceinte ? Qu’est-ce qui lui a fait changer d’avis, à la Cohen, pour pouvoir tout à coup être disponible pour une gamine ? Vit-elle seule ? Est-elle avec un homme ? Une femme ? Pourquoi ? Comment ? Que manquait-il à Sarah pour que la Cohen ne s’implique pas avec elle ? Des red flag, elle en avait pourtant eu des tonnes, Irish, mais pourtant, elle voulait y croire. Parce qu’elle l’aimait plus que tout, Leslie, elle l’aimait et elle ne voulait pas voir que tout n’était pas si rose entre elle. Elle l’aimait, et elle voulait que ça marche. Son ex lui retourne la question d’ailleurs, mais Sarah ne parvient pas à répondre. Elle est trop choquée par ce qu’elle vient d’entendre. Ou alors veut-elle se montrer choquée ? Pour éviter d’avoir à répondre à son tour ?

« Tu vas m'dire pourquoi tu me fais la gueule ou tu vas juste continuer en silence ? » Parce qu’elle ne se doute de rien, Leslie ? Il n’y a rien qui la choque, elle, dans tout ça ? Elle bout, Sarah, elle sent ses mâchoires se contracter alors qu’elle rêve de balancer ses quatre vérités à son ex. Mais pas devant les filles. Pas devant sa fille. Alors elle soupire, frotte ses paupières derrière ses lunettes de vue, espérant que Ella se lasse rapidement de sa nouvelle amie pour qu’elles puissent rentrer chez elles, pour que Sarah puisse passer ses nerfs sur Dinis qui doit sans doute être chez lui à glander. Au moins avec lui, elle sait à quoi s’attendre. Au moins avec lui, il n’y a pas de faux semblants : ils se détestent et ils en sont très bien conscients tous les deux. Etrange de comparer son ex à son demi-frère tout de même, mais la colère envers les deux est du même niveau. « J'vois pas vraiment ce que tu as encore à me reprocher vu le nombre d'années où on s'est pas vue. » « Ah, tu vois vraiment pas, Les’ ? T’as pas changé putain. » Elle la reconnaît bien là, son ex, à faire comme si tout allait toujours bien, comme si rien n’était grave. Mais c’est gros pour Sarah, de savoir que Leslie a pu tourner la page aussi rapidement alors qu’elle, elle en a très clairement chié pour passer au-dessus de la Cohen, elle qui n’ose toujours pas aller se promener sur Bayside par peur de la croiser, elle qui ne lui a toujours pas annoncé qu’elle était tombée enceinte peu après leur rupture. « Ells a 5 ans. » qu’elle finit par lâcher, pour la provoquer, pour la blesser, comme elle venait de l’être à l’instant. « Je suis tombée enceinte peu après notre rupture. » En théorie, c'était pas faux, elle l'a su deux semaines après être partie. Mais deux semaines après être partie, ça veut aussi dire qu'elles étaient encore ensemble, qu'elles cherchaient à avoir cet enfant ensemble. Mais c'est bien assez d'informations pour l'instant. Elle a besoin d'en savoir plus sur Abby, elle a besoin d'avoir des réponses, elle aussi. « C'est ta fille biologique ? » qu'elle demande aussi sûre d'elle que possible alors que ses jambes flagellent déjà. Elle a besoin de cette réponse, mais elle n'est pas sûre d'être prête à l'entendre.

« Ah, tu vois vraiment pas, Les’ ? T’as pas changé putain. » Tes lèvres se pincent. Ton regard posé sur Sarah, la fuit automatiquement pour aller se poser sur Abby au loin. T'as pas changé. Pff, qu'est-ce qu'elle en sait de toute manière ? Elle se fit sur son intuition de trente secondes et sur sa rancune non-justifiée. Elle est jamais contente de toute façon Sarah. C'est jamais assez bien pour elle. C'est ça. C'est elle qui a pas changé à toujours te reprocher des conneries qui la regarde pas. Peut-être qu'elle a bien fait de partir finalement. « Elle a 5 ans. » La réponse fait déjà mal avant quand bien même tu ignores totalement comment elle a eu sa fille. Ce serait probablement déplacé de le lui demander. A vrai dire, tu as juste envie de demander des détails pour faire chier comme elle le fait. Mais, oh, pas besoin. Elle te donne la réponse sans même que tu lui demandes. « Je suis tombée enceinte peu après notre rupture. » Elle se fout de ta gueule là ? C'est un regard noir qui retrouve un peu trop rapidement le sien. « T'es tombée enceinte, vraiment ? » Elle peut bien parler. Elle peut bien jouer les frustrées. Putain, elle est pas mieux que toi. Elle est même pire que toi. « J't'en prie, explique-moi à quel moment tu t'es dit que finalement les filles, c'étaient plus ton truc ? » Elle n'est pas tombée enceinte comme ça. Même si elle aurait désespérément voulu un enfant, elle ne se serait jamais rabaisser à ça. Elle a au moins eu la décence de choisir un autre donneur que le vôtre ? Ou pire, elle voyait déjà quelqu'un d'autre et t'a largué pour faire sa petite famille parfaite avec sa nouvelle flamme ? « J'comprends en même temps. Les filles, ce sont toutes des pétasses qui jouent dans le dos des autres. » que tu ajoutes avec le sourire le plus faux que tu as en banque. Oh ça va, tant que personne hausse le ton, les filles n'entendent pas les gros mots que prononcent les adultes.

« C'est ta fille biologique ? » « En quoi c'est d'tes affaires, putain ? » Ah. Oui. Peut-être que tu as un peu haussé le ton finalement. « C'est toi qui est partie Sarah. Viens pas me faire chier parce que j'ai tourné la page. » C'est uniquement de sa faute si c'est terminé. C'est uniquement de sa faute si tu as dû tourner la page sur votre histoire. Tu n'as jamais voulu que ça se termine quand même bien tu n'as fait aucun effort pour que ça continue (soyons honnête). Elle s'attendait à quoi ? Que tu la pleures pour le reste de ta vie ? Elle te connaît mieux que ça. Tu n'es pas du genre à t'apitoyer sur ton sort, surtout pas pour des histoires de coeur.  Tu fais finalement quelques pas vers l'avant dans le parc. Pas question que ça dure plus longtemps. Tu bouilles de l'intérieur et ce n'est clairement pas le bon endroit pour exploser. « Viens Abby, on s'en va. que tu gueules à l'intention de ta fille. Si toi t'es pressé de te tirer d'ici, c'est clairement pas le cas de ta fille qui a la mine boudeuse et qui traîne de la patte pour venir jusqu'à toi.