AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Besoin d'un coup de main pour t'intégrer ?
Clique ici pour trouver un parrain et relever les défis du nouveau !
Le forum a besoin de vous pour vivre
N'oubliez pas de voter autant que possible.
Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

 to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Anonymous
Invité
Invité

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) EmptyDim 8 Nov 2020 - 18:56


Cela faisait plusieurs jours que tu n’avais pas vu Colleen car Lou était venue passer quelques jours avec sa mère. Tu savais que c’était important pour la mère comme pour la fille qu’elles puissent passer du temps ensemble alors tu les avais laissées tranquille essayant de contacter Colleen le moins possible pour ne pas que Lou tombe sur des messages qu’elle ne devrait pas voir. Très honnêtement, un simple ‘Ça va ?’ suffirait à la rendre suspicieuse et tu voulais que Colleen annonce à sa fille votre relation quand elle s’y sentira prête. Ce n’était pas un problème pour toi que Lou soit au courant ou non. Quand elle le saura, cela allait rendre les choses un peu plus difficiles pour toi car tu doutais qu’elle accepte la situation sans faire de vagues. Non, Lou était une jeune femme aux idées arrêtées et qui n’aimait pas qu’on lui refuse quoi que ce soit. Tu t’étais refusé à elle en début d’année, une expérience qui te faisait toujours frissonner et tu n’étais pas certain qu’elle te l’ait complètement pardonné même si c’était la bonne chose à faire. Le fait que tu sois maintenant avec Colleen n’arrangerait rien. Mais la décision d’en parler ou pas à la jeune adulte revenait à sa mère et donc tu respectais ces choix en évitant tout message à Colleen et en attendant patiemment qu’elle t’appelle quand elle avait un peu de temps pour elle. En plus du temps passé avec Lou, vos emplois du temps étaient plus chargés en cette fin d’année. Toi parce que la fin d’année approchait et qu’il fallait finir les cours, préparer les examens tout en pensant déjà à la rentrée prochaine. Et en plus de ça, la doyenne de ton département vous avait lâchée, pour ton plus grand plaisir vu que tu ne la supportais pas, mais cela voulait dire se répartir les dossiers qu’elle laissait sur la table et c’était toi qui en avais récupéré le plus grand nombre. C’était une tactique de ta part, tu n’avais pas envie que ce poste te passe sous le nez si tu pouvais le décrocher surtout que tu étais à peu près certain d’être bien meilleur à ce dernier que ta prédécesseur. Il faudra simplement que tu joues tes cartes au bon moment dans les mois à venir ce qui ne rajoutait qu’un peu plus de pression à cette période. Et Colleen était aussi sous pression depuis Race of Australia et la notoriété que cela avait engendré pour elle professionnellement mais aussi en dehors. Voilà pourquoi, l’idée d’une soirée tranquille rien que tous les deux pour vous vider l’esprit t’était apparue comme une évidence.  Ne voulant pas jouer avec le feu, tu avais décidé de réserver deux couverts pour un restaurant à Bayside car tu étais certain de ne pas y croiser Lou. Loin du centre-ville, ce quartier de Brisbane n’était pas couru par les étudiants mais il offrait du calme et des vues magnifiques sur la côte, tout ce dont vous aviez besoin pour cette soirée. Le printemps étant en train de vous amener l’été, vous allez certainement après manger pouvoir profiter un peu de l’air frais extérieur pour une petite balade en amoureux … Tu avais appelé Colleen avant pour lui soumettre l’idée bien sûr et c’est avec enthousiasme qu’elle avait accepté. Tu avais donc pris notre de l’heure à laquelle elle finissait à l’hôpital pour passer la chercher ensuite.

La journée n’avait fait que s’étendre en longueur. Alors que tu en pensais qu’au repas que tu allais pouvoir déguster avec Colleen et à vos retrouvailles car oui, elle t’avait manqué en quelques jours, tes élèves semblaient s’être tous mis d’accord pour venir te poser leurs questions. L’heure avait tourné plus vite que tu ne le pensais et tu te trouvais à répondre aux dernières questions de tes élèves en marchant vers tu voiture. C’était soit ça, soit il repassait demain et apparemment il était vital qu’il ait ses réponses de suite. Il sembla content des réponses que tu lui fournis et toi tu rentrais dans la voiture et tu ne perdis pas de temps pour la mettre en route. Tu arrivais à l’hôpital légèrement en retard mais Colleen n’était encore devant le bâtiment. Tu profitais de ces quelques minutes de répit pour arranger ta chemise et passer une main dans tes cheveux. Bon, cela ne se voyait pas trop que la journée avait été difficile. La portière finit par s’ouvrir et Colleen s’engouffra dans la voiture. Une fois installée, tu l’accueillis avec un baiser avant de te mettre en route vers Bayside. Vous arriviez en une trentaine de minutes dans ce quartier et près du restaurant que tu avais réservé. Vous fûtes tous les deux contents de pouvoir vous poser un peu et de bien manger mais surtout, vous étiez heureux de vous retrouver. Tu avais l’impression d’être un lycéen avec sa petite copine, quelques jours loin l’un de l’autre et c’était déjà trop. Mais tu t’en fichais si cela faisait puérile et idiot, Colleen était devenu ces derniers mois une partie importante de ta vie et lui faire de la place avait été naturel et nécessaire pour toi. Le repas se passa merveilleusement bien et c’est quelques heures près être rentrés dans l’établissement que vous en sortiez bien restaurés, après quelques verres de vin et main dans la main. Vous aviez décidé de vous balader un peu avant de rentrer au centre-ville alors tu attirais Colleen vers la promenade sur le bord de la plage. Il faisait encore un peu jour et malgré le petit air, c’était plutôt agréable. « Tu m’as manqué tu sais. » Lui répétais-tu à nouveau maintenant que vous étiez tous les deux, de nouveau dans votre bulle. Il y avait des gens autour de vous, bien sûr mais cela t’importait bien peu en vérité. « J’espère que Lou était contente de passer du temps avec toi. » Lui dis-tu un sourire amusé sur les lèvres. Il fallait apprendre à partager, c’était un concept avec lequel tu n’avais jamais été le meilleur exécutant mais ce coup-ci, tu n’avais pas le choix. « Le restaurant t’a plu ? » Demandas-tu à Colleen alors que ton pouce caressait la paume de sa main dans la tienne. Tu lui jetais des regards furtifs de temps en temps, appréciant ses traits fins et son visage souriant qui te réchauffait toujours un peu plus le coeur. Peut-être que si tu n’avais pas été aussi obnubilé par la femme magnifique que tu avais à tes côtés, tu aurais remarqué que l’on commençait à vous suivre mais pour l’instant, toute ton attention était portée sur Colleen.  

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: Re: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) EmptyMer 11 Nov 2020 - 17:06


« J’ai comme l’impression que Madame est de sortie ce soir… » Lança Izzie en arrivant dans les toilettes, l’arrondi parfait de ses sourcils par-dessus son regard sombre suggérant qu’elle voyait clair dans son jeu – et dans son changement soudain de tenue. Colleen rangea son tube de rouge à lèvres dans son sac à main et haussa les épaules, un sourire énigmatique accroché aux lèvres en guise de réponse. « Je parie que tu revois le beau gosse du Canvas ! » Insista la belle Australienne, qui n’était pas du genre à lâcher sa proie avant d’en avoir obtenu ce qu’elle voulait – ce qui expliquait sans doute pourquoi les hommes tombaient comme des mouches tout autour d’elle. « Je ne parlerai qu’en présence de mon avocat. Et ce dernier étant à Londres, je te souhaite bien du courage pour le convoquer ici ». Elle échangea un regard avec sa collègue à travers le reflet du miroir et secoua la tête d’un air réprobateur quand elle décela une lueur d’intérêt dans ses billes brunes. « N'y pense même pas, il n’est pas célibataire ! Ni même ton genre, d’ailleurs » S’empressa-t-elle d’ajouter, car elle connaissait désormais suffisamment Izzie pour pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. Or elle doutait sincèrement que ledit avocat – la cinquantaine bien tassée, le crâne dégarni et la figure rondouillette – corresponde aux critères de la blonde pimpante. Jetant un dernier regard à son reflet, Colleen s’avoua satisfaite et rangea ses affaires dans son sac. Quelques minutes plus tôt, elle avait troqué sa blouse blanche contre une robe légère, et ses baskets contre des sandales. Elle en avait aussi profité pour se rafraîchir le visage, y ajouter un trait de maquillage et dompter son carré brun ; ce qui, après une journée passée à l’hôpital St Vincent, n’était franchement pas de trop. Car si elle ne l’admettrait pas en présence d’Izzie, cette dernière avait raison : elle s’apprêtait bel et bien à sortir. Marius, ou le « beau gosse du Canvas » comme aimait le qualifier son amie, lui avait donné rendez-vous à la fin de sa journée de travail. La sage-femme n’avait pas eu l’occasion de le voir ces derniers jours, Lou ayant décidé de passer quelques jours à Logan City – décision aussi motivée par l’envie de passer du temps avec sa mère que par son désir de profiter du calme de la maison pour commencer ses révisions. Colleen n’avait pas boudé son plaisir pour autant, et avait consacré à sa fille unique un maximum de temps malgré son agenda déjà bien chargé. Elle lui avait concocté de bons petits plats et avait pris soin d’elle avec toute la prévenance et la douceur qu’on lui connaissait. Cerise sur le gâteau, elle était même parvenue à lui faire visionner deux téléfilms de Noël avec un peu d’avance, ce qui relevait pratiquement de l’exploit quand on savait à quel point Lou portait en horreur tout ce qui touchait de près ou de loin aux comédies romantiques. Mais toutes les bonnes choses ayant une fin, Lou était repartie la veille sur le campus universitaire. Si Colleen admettait volontiers qu’elle l’avait quittée avec un pincement au cœur, cela signifiait également qu’elle pourrait revoir Marius et cela compensait largement la situation. En présence de Lou, elle avait limité un maximum ses échanges avec le beau brun de peur d’éveiller les soupçons de sa fille. Parce qu’elle connaissait sa mère par cœur, Lou avait déjà quelques doutes la concernant, Colleen le voyait à sa façon de ramener inévitablement la conversation à sa vie amoureuse dès qu’elle en avait l’occasion, ou à ses yeux plissés d’un air suspicieux dès qu’elle la voyait saisir son téléphone portable avec un peu trop d’empressement. Elle savait bien que tôt ou tard elle devrait lui révéler sa relation avec le professeur d’université car sa fille méritait toute son honnêteté, mais elle ne pouvait s’empêcher de repousser l’échéance en permanence, non sans une certaine culpabilité. C’était plus fort qu’elle.

« Allez, bonne soirée… Et bon courage surtout ». Colleen jeta un dernier regard à Izzie et se dirigea vers la porte des toilettes. « Toi aussi. Amuse-toi bien ». Dos à sa collègue, l’Anglaise sourit avant de sortir des toilettes. S’amuser, elle en avait bien l’intention, même si ce soir-là elle avait accepté de quitter l’intimité de sa maison – et le sentiment de sécurité qu’elle lui procurait – pour sortir en ville. La dernière diffusion de Race of Australia remontant à quelques semaines déjà, elle espérait naïvement s’être fait oublier pour passer une soirée agréable, loin des regards indiscrets et des demandes de selfies. Arrivée à l’extérieur de l’hôpital, elle balaya les alentours du regard et ses yeux clairs s’arrêtèrent sur la voiture de Marius, à quelques mètres de là. Elle la rejoignit en quelques enjambées et se glissa sur le siège côté passager tout aussi rapidement. « Bonsoir Marius » Lui lança-t-elle avec un sempiternel sourire. Après avoir déposé un baiser furtif sur ses lèvres, elle attacha sa ceinture de sécurité et ils démarrèrent, direction Bayside. Le trajet qui les mena au restaurant ne prit guère plus d’une demi-heure et sur place, Marius trouva de la place pour se garer sans trop de difficultés. Colleen fut soulagée de constater que les rues n’étaient pas aussi bondées qu’elle l’avait anticipé, et qu’arrivés à la table réservée par Marius, personne ne se retourna vers elle d’un air inquisiteur. Elle se détendit en une poignée de minutes, le sourire du bel Australien lui faisant oublier toutes ses préoccupations. Le repas fut une réussite, autant au niveau de la qualité du dîner que de la quiétude des lieux dont ils bénéficièrent. A travers les larges baies-vitrées qui surplombaient la plage, ils assistèrent même à un superbe coucher du soleil qui laissa Colleen rêveuse. Aussi, quand Marius lui proposa de se promener le long de la plage à la fin du repas, elle accepta sans la moindre hésitation.

Arrivée au bord de l’eau, la jeune femme défit ses sandales qu’elle porta d’une main et marcha dans le sable pieds nus, ses poumons se gonflant d’air salé. Son regard s’attarda quelques secondes sur l’horizon, avant de se poser sur Marius quand ce dernier lui répéta à quel point elle lui avait manqué. « Toi aussi » Répondit-elle avec sincérité, ses doigts exerçant une pression légère sur les siens. « Crois-moi, si j’avais pu, je n’aurais pas attendu autant de temps avant de te voir. Mais entre l’hôpital et Lou… ». Nul besoin de lui faire un dessin : il savait à quel point elle avait rarement eu un moment de répit ces derniers jours. Elle le lui avait confié quand, profitant d’une pause à l’hôpital, elle l’avait appelé pour prendre de ses nouvelles. Marius opina du chef et rebondissant sur ses propos, lui parla de Lou. Le sourire qu’il arborait n’échappa pas à Colleen, qui en esquissa un à son tour. « Elle n’a pas trop eu l’air de s’en plaindre. Et ça m’a fait du bien, à moi aussi. Même si… ». Elle soupira avant de détacher son regard du sien pour le river sur le sable à ses pieds. « C’était difficile de ne rien lui dire. C’est la première fois que je lui cache quelque chose d’aussi important, et c’est compliqué. J’ai essayé de me lancer plusieurs fois, mais je me suis toujours dégonflée à la dernière minute » Admit-elle, penaude. Elle savait que ses rapports avec Lou évolueraient inévitablement une fois qu’elle lui aurait révélé la vérité, et c’était ce qui la rebutait tant. Si elle fréquentait quelqu’un d’autre elle n’aurait pas tant hésité, car elle savait que sa fille serait ravie de découvrir qu’elle était finalement passée outre ses réticences. Mais c’était bien de Marius dont il était question. Or après ce qu’il s’était passé en début d’année, il y avait fort à parier que Lou ne prendrait pas très bien la nouvelle. Elle soupira une seconde fois avant de retrouver la chaleur du regard de Marius. Quand il l’interrogea sur le restaurant, son visage se fendit d’un sourire timide et elle acquiesça. « Oui. C’était parfait ». A l’image de la soirée. A son image à lui. Il était même parvenu à l’apaiser, à lui faire oublier ses craintes, sa prudence. Ce soir, sur la plage, elle n’essayait pas de se cacher. Le visage à découvert, débarrassé d’artifices supposés dissimuler son identité, elle ne se préoccupait pas des personnes qui se baladaient aux alentours, n’ayant d’yeux que pour lui. « Je ne regrette pas d’avoir accepté de sortir, ça m’a fait un bien fou. Ça aussi, ça m’avait manqué ».

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: Re: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) EmptySam 14 Nov 2020 - 14:48


Depuis la diffusion de Race of Australia, pas mal de choses avaient changé pour Colleen. Si tu étais tout à fait honnête, tu devais avouer que tu n’avais pas du tout pensé à ce qui se passerait une fois l’émission diffusée, à ce que cela pourrait avoir comme conséquence sur les participants. Pour toi, c’était simplement des gens qui passaient à la télévision et cela s’arrêtait là. Tu ne t’étais jamais intéressé à ce qui arrivait ensuite car cela ne t’intéressait pas. Mais avec Colleen et aussi avec ton frère, tu avais commencé à comprendre que ce n’était pas juste passer à la télévision quelques heures toutes les semaines pendant six semaines. Non, c’était bien plus que ça. Les gens créaient des communautés, les gens devenaient fans de personnes qu’ils ne connaissaient pas et ne connaitraient jamais se permettant beaucoup de choses, beaucoup trop de choses à ton avis. Les soirées au restaurant comme ce soir n’avaient pas été possibles jusqu’ici. Pour avoir entendu Colleen te raconter les paparazzis qui l’attendaient à la sortie de l’hôpital ou qui la photographiaient quand elle faisait son shopping ou avec des amis, tu savais que c’était un risque qu’elle ne voulait pas prendre. Et cela ne te dérangeait pas. Le plus important pour toi était de passer du temps avec la jolie brune qui te donnait le sourire, que ce soit dans les rues de Brisbane, dans ton loft ou dans sa maison, cela n’avait pas d’importance. La bonne nouvelle c’était que Race of Australia était bel et bien terminé depuis quelques semaines et tu savais que Colleen espérait que les choses se calment. Cela avait commencé de ce qu’elle t’avait raconté voilà pourquoi tu avais proposé de dîner ce soir au restaurant. Pas dans Brisbane même, tu n’avais pas choisi un restaurant où l’on vous attendrait, disons que tu avais choisi un restaurant qui à première vue passerait inaperçu dans un quartier de Brisbane où l’on ne vous attendrait pas. En vérité, c’était un miracle que vous ayez réussi à garder votre relation secrète malgré l’attention médiatique autour de Colleen mais cela t’arrangeait bien que les choses se passent ainsi. Tu n’avais jamais couru après ce genre de reconnaissance et quand tu voyais le poids que cela rajoutait sur les épaules de Colleen, tu préférais rester éloigné de tout cela. Ton seul objectif était de soutenir la sage-femme dans cette période et de lui changer les idées. D’où cette petite virée en amoureux ce soir dans ce petit restaurant de Bayside.

Alors que tu attendais Colleen sur le parking de l’hôpital, tu avais du mal à réaliser le chemin parcouru avec Colleen ces derniers mois. Il y a encore six mois, tu aurais dit à qui voulait l’entendre que tu allais finir ta vie seul. Ce n’était pas exclu car peut-être que ce que tu vivais avec Colleen actuellement n’était destiné à n’être qu’une parenthèse. Tu allais tout faire pour que cela ne le soit pas, elle avait attiré ton attention et su rouvrir ton coeur d’une manière telle que personne d’autre n’avait réussi à faire ces dernières années alors tu n’avais pas envie de la laisser partir si tu pouvais l’éviter. Mais rien n’est éternel et il y avait toujours la possibilité que Colleen se lasse. Son apparition à tes côtés dans la voiture chassa ces pensées de ton esprit et fit automatiquement apparaître un sourire sur tes lèvres. Le début de la soirée se passa merveilleusement bien. Une fois installés dans le restaurant, en voyant que personne ne l’épiais, Colleen se détendit et tu fus soulagé de voir la tension dans ses épaules la quitter. Il fut naturel et plus qu’agréable de profiter ensuite du repas alors que la baie vitrée vous permettait de profiter du coucher de soleil. Le repas terminé, tu n’avais pas envie de rentrer tout de suite, vu les températures clémentes et la beauté de la soirée, tu avais envie d’en profiter encore un peu voilà pourquoi tu proposais à Colleen d’aller vous balader. Tu ne mettais pas souvent les pieds à Bayside, tu n’avais aucune raison d’y aller. Tu préférais pousser jusque’à Gold Coast pour surfer quand tu en avais envie mais tu comprenais l’attrait de ce quartier pour nombre des personnes de ton entourage. C’est main dans la main que vous mettiez les pieds dans le sable. Tu suis l’exemple de Colleen en retirant tes chaussures, prenant soin de rattraper sa main presque immédiatement. C’est sans hésiter une seconde que tu lui confis qu’elle t’avait manqué. « Toi aussi. Crois-moi, si j’avais pu, je n’aurais pas attendu autant de temps avant de te voir. Mais entre l’hôpital et Lou… » Tu hochais la tête car même si toi aussi tu aurais préféré la revoir plus vite, tu savais qu’elle avait d’autres obligations et que tu n’étais pas en haut de cette liste. Cela ne te dérangeait pas autant que tu aurais pu le penser. Vous aviez tous les deux une vie bien remplie, pour des raisons différentes mais une vie bien remplie et ce n’était pas toujours évident de faire de la place aux moments que vous vouliez passer ensemble. Mais vous y arriviez malgré tout, cette soirée ne faisait que le prouver. « Tu es là ce soir, c’est le plus important. » Finis-tu par dire avant de déposer tes lèvres sur la paume de sa main. Colleen ne te devait rien alors tu chérissais le temps que vous arriviez à passer ensemble. C’était tellement étrange comme sensation pour toi de vouloir passer autant de temps que possible avec une autre personne que tu avais encore du mal à t’y faire. La solitude dans laquelle tu existais depuis des années avait été chassée par un besoin de voir Colleen le plus souvent possible … Tu pris des nouvelles de Lou parce que même si ta relation avec la jeune femme n’était pas la meilleure, tu n’étais pas sans savoir qu’elle était une partie du package qui venait avec Colleen et d’une manière ou d’une autre, il faudra certainement que vous trouviez un terrain d’entente si tu ne voulais pas voir la brunette disparaître de ta vie. « Elle n’a pas trop eu l’air de s’en plaindre. Et ça m’a fait du bien, à moi aussi. Même si… C’était difficile de ne rien lui dire. C’est la première fois que je lui cache quelque chose d’aussi important, et c’est compliqué. J’ai essayé de me lancer plusieurs fois, mais je me suis toujours dégonflée à la dernière minute » Ton regard est posé sur le visage de la sage-femme alors qu’elle regarde l’horizon. Tu sais à quel point cela lui coûte de ne rien dire à Lou mais tu sais aussi que ce n’est pas à toi de t’en mêler. Tu n’as jamais cherché à pousser Colleen à mettre sa fille au courant, tu n’as pas non plus poussé Colleen à le lui cacher. C’était à elle de décider quand et comment elle voulait annoncer la nouvelle de votre relation à Lou. Quelle était la meilleure manière de le faire ? Tu l’ignorais mais tu espérais que cela se passerait bien car tu n’avais pas envie d’être une raison qui éloignerait la mère et la fille. L’inquiétude de Colleen à parler de votre relation à sa fille était tout à fait compréhensible voilà pourquoi tu respectais ce temps qu’elle passait avec elle, tu respectais l’absence de SMS quand c’était le cas pour ne pas que Lou ne fasse cette découverte autrement que de la bouche de sa mère. Ne supportant plus cet air penaud sur le visage de Colleen une seconde de plus, tu levais la main qui n’était pas dans la sienne pour venir caresser sa joue, après avoir relevé son regard dans le tient. « Tu trouveras le bon moment et la bonne manière de le lui dire. C’est normal que tu appréhendes, j’espère que Lou saura faire preuve de la maturité qu’elle sait démontrer à l’université pour être heureuse pour toi. » Tu espérais de tout coeur que Lou ne blesserait pas sa mère mais vu le fort caractère de la jeune femme, tu doutais qu’elle arrive à réagir de suite avec maturité. Il y aura certainement une première réaction impulsive qui ne sera peut-être pas totalement positive. « Quoi qu’il arrive, je serai là. » Tu ne voulais pas que Colleen en doute. Tu essayais de ne pas trop imaginer le scénario où Lou demanderait à sa mère de choisir parce que tu savais déjà qui Colleen choisirait mais donner trop de poids à cette option voulait dire ne pas avoir confiance en Lou pour être l’adulte qu’elle se proclame être tous les jours. Changeant légèrement de sujet, tu demandais à Colleen si le repas lui avait plu. « Oui. C’était parfait. Je ne regrette pas d’avoir accepté de sortir, ça m’a fait un bien fou. Ça aussi, ça m’avait manqué » Vous aviez avancé vers l’océan, les vagues qui arrivaient désormais jusque’à vos pieds. Toi aussi cela te faisait du bien de sortir, de voir Colleen en dehors des quatre murs de vos logements. Elle était magnifique dans cette lumière, alors que la légère brise de printemps s’amusait à soulever ses cheveux. « Je pense que même Lou n’avait pas prévu les retombées médiatiques de cette aventure australienne. » Dis-tu avec un petit sourire amusé sur les lèvres. « Même si tes lunettes de soleil et ton chapeau te vont à ravir, j’avoue que je te préfère pouvoir contempler tes magnifiques yeux bleus. » Tu plongeais d’ailleurs ton regard dans le sien. Il était fort probable que tu aies l’air d’un amoureux idiot mais tu t’en fichais. Il n’y avait que vous là, tout de suite, voilà pourquoi tu t’approchais pour déposer tes lèvres sur celles de Colleen. Tu avais l’impression que cela faisait des semaines que tu n’avais pas pu l’avoir tout contre toi de cette manière, que tu n’avais pas pu l’embrasser plus qu’à la volée. Alors tu en profitais … Et quand il fallut reprendre ta respiration, les battements de ton coeur étaient devenus bien trop rapides pour les compter. « Si j’avais mon carnet d’aquarelle et de la peinture, je te demanderai si je ne peux pas te peindre. » Tu étais sincère car entre les lumières de ce début de soirée et le sourire sur le visage de Colleen, cela te démangeait. Tu allais ouvrir la bouche pour reprendre la parole quand soudain, une voix s’adressa à vous : « Excusez-moi ! » Tu tournais la tête, Colleen toujours dans tes bras. La bulle dans laquelle vous étiez depuis que vos pieds avaient touché le sable fin venait de se briser. Là, en quelques secondes. « J’avais raison Matt, c’est elle ! » L’homme qui vous avait interrompu fit signe à son ami de le rejoindre et avant que tu ne puisses dire ou faire le moindre mouvement, un flash était venu éclairer cette plage où vous auriez dû être tout à fait tranquille …

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: Re: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) EmptyDim 15 Nov 2020 - 17:54


Retrouver un rythme de vie à peu près normal, c’était tout ce à quoi Colleen aspirait ces derniers temps. Elle s’était lancée dans l’aventure Race of Australia sans songer aux conséquences que pourrait avoir l’émission sur sa vie, sans imaginer un seul instant que celle-ci pourrait basculer du jour au lendemain et que faire marche arrière s’avérerait alors particulièrement difficile. Elle n’avait jamais aimé se retrouver sous le feu des projecteurs. Discrète et réservée, elle évitait scrupuleusement d’être au centre de l’attention, à tel point qu’August avait dû batailler de longues semaines pour la faire accepter l’idée d’un mariage en grandes pompes, bien des années plus tôt. Pour vivre heureux, vivons cachés… N’était-ce pas ce que disait l’expression ? Colleen en prenait pleinement conscience depuis le début de la diffusion de Race of Australia à la télévision. L’idée d’être reconnue dans la rue l’insupportait, tout autant que l’entêtement et l’insistance des journalistes désireux de recueillir ses impressions sur l’aventure. Avec du recul la brune se disait parfois que si la course était à refaire, peut-être y réfléchirait-elle à deux fois avant de se lancer une nouvelle fois. En soi, elle n’en regrettait aucun instant ; le sentiment de liberté que lui avait procuré sa progression sur les routes australiennes avait surpassé ses attentes initiales, et elle avait tiré bon nombre d’enseignements de son aventure. Toutefois, c’était l’après qui la faisait tiquer, l’après qui l’amenait aujourd’hui à reconsidérer son choix sous un nouvel angle. Elle ne pouvait plus sortir de chez elle sans craindre d’attirer les regards, et si elle avait eu la chance de ne jamais croiser le chemin de personnes mal intentionnées jusque-là, cela ne signifiait pas pour autant que ce serait toujours le cas. Voilà pourquoi elle prenait tant de précautions, se cachant sempiternellement derrière la monture épaisse de ses lunettes de soleil et ne fréquentant plus les lieux publics depuis presque deux mois. Elle se raccrochait à l’espoir qu’elle finirait par être oubliée ; les émissions telles que Race of Australia se succédaient, voyaient apparaître de nouveaux visages et avec un peu de chance, son refus d’apparaître dans la presse people ou sur les réseaux sociaux lui permettrait très vite de retomber dans l’anonymat. Du moins l’espérait-elle.

La présence de Marius à ses côtés lui permit temporairement d’étouffer son angoisse et de profiter de la soirée. Comme toujours, il n’avait pas ménagé ses efforts pour la mettre à l’aise, choisissant un restaurant en retrait du centre-ville et de son agitation, et la couvrant de tout son attention. Colleen peinait toujours à réaliser la chance qu’elle avait. Tendre et prévenant, le professeur d’histoire des arts mettait un point d’honneur à la mettre à l’aise en toutes circonstances, et le simple fait de se blottir dans ses bras permettait à la jeune femme d’oublier toutes ses préoccupations. Avec lui, elle se sentait apaisée et confiante. En sécurité. Au cœur de cette période agitée, il était devenu son repère, sa force et son équilibre. Au fond, elle savait bien ce que cela signifiait. Elle savait ce qu’elle éprouvait pour lui, et en vérité il n’y avait qu’à voir la façon dont elle le regardait pour le comprendre. Néanmoins elle était incapable de mettre les mots sur ce qu’elle ressentait. Un brin superstitieuse, elle craignait de tout perdre si elle se laissait aller à ces aveux. Alors elle se taisait, et se contentait de profiter pleinement de ces moments. A l’image de ce soir. Main dans la main, ils quittèrent le restaurant et rejoignirent la plage. Les pieds dans le sable, les yeux rivés sur l’horizon, Colleen se laissait bercer par le bruit des vagues et inspirait à grandes goulées l’air iodé. Par moments, elle coulait un regard à Marius et scrutait son profil. Il avait l’air si paisible dans cet environnement, comme si rien ni personne ne pouvait atteindre la sérénité qu’il dégageait. Ses traits étaient détendus, ses yeux clairs presque translucides sous l’éclat des étoiles qui parsemaient le ciel, et elle s’amusait à découvrir de nouveaux reflets roux dans sa barbe. Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme quand il surprit son regard, et elle serra sa main dans la sienne quand il avoua qu’elle lui avait manqué. C’était cliché, c’était sans doute stupide, mais son cœur se gonfla à ces mots et elle s’empressa de lui répondre qu’elle avait ressenti la même chose en son absence. Elle regrettait ne pas avoir été capable de dégager suffisamment de temps pour le voir, car il le méritait et elle en avait besoin. Elle qui ne rêvait que d’indépendance depuis son arrivée en Australie sentait qu’elle commençait terriblement à s’attacher à lui. Pour autant, ce constat ne lui arrachait pas les craintes qu’elle avait anticipées et au contraire, elle l’appréhendait même avec une certaine philosophie.

Elle hocha la tête quand il lui dit que sa présence ce soir était ce qui comptait le plus. Elle aurait eu tort de se priver d’une occasion pareille, tort de laisser son inquiétude prendre le dessus et l’empêcher de profiter de ce moment qu’ils passaient ensemble. Sortir lui faisait le plus grand bien, et elle était déterminée à renouveler l’expérience ces prochains jours et, peu à peu, se réhabituer à quitter son appartement sans se cacher derrière la monture épaisse de ses lunettes de soleil. Il lui parla de Lou, et elle lui répondit que les moments qu’elles avaient partagés toutes les deux avaient été précieux. Elle salua au passage les efforts de Marius qui s’intéressait à sa fille alors que l’attitude de cette dernière à son encontre n’avait pas toujours été correcte – c’était même un euphémisme. L’intérêt de Lou pour Marius était précisément ce qui rendait les confidences de Colleen délicates ; elle n’avait pas la moindre idée de la façon dont réagirait l’étudiante en apprenant sa relation, mais son instinct lui soufflait qu’elle risquait d’être déçue. Le bel Australien tenta de la rassurer en lui disant qu’elle finirait par trouver le bon moment pour se lancer, et qu’il était naturel d’appréhender ces révélations. Malgré tout, Colleen ne pouvait s’empêcher de culpabiliser. Elle qui avait toujours mis un point d’honneur à être honnête envers sa fille avait l’impression de trahir sa confiance. Elle soupira, et croisa le regard de Marius alors qu’il lui assurait qu’il serait là pour elle, quoiqu’il arrive. « Merci » Murmura-t-elle. Ces paroles sonnaient comme une promesse, comme l’évidence d’un avenir possible entre eux. Cette perspective réchauffait le cœur de l’Anglaise. « Je ne te mérite pas, tu le sais ça ? » Fit-elle avec un sourire. Loin d’elle l’envie de se montrer mielleuse ou de gonfler son égo, mais elle avait conscience qu’elle avait beaucoup de chance d’être avec un homme aussi compréhensif que Marius. Pourtant, elle ne lui rendait pas toujours la tâche facile. Que ce soit vis-à-vis de Lou ou de son refus de quitter leurs domiciles ces dernières semaines, elle savait qu’elle lui en demandait beaucoup. Mais il ne s’en plaignait pas et, au contraire, continuait de la couvrir de son regard affectueux et protecteur.

La soirée avait été parfaite, et pour rien au monde Colleen n’aurait voulu en modifier un seul instant. Comme elle le confia à Marius, sortir lui était bénéfique et elle ne pouvait que le remercier d’avoir été à l’initiative de cette virée romantique. Il comprit immédiatement là où elle venait en venir, et lui dit que personne n’aurait pu anticiper une telle pression médiatique, pas même Lou. Elle esquissa un sourire quand il lui parla de ses lunettes de soleil et de son chapeau et s’arrêtant au bord de l’eau, elle laissa tomber ses chaussures dans le sable pour enrouler ses bras autour de son cou. « Dans ce cas… Je te promets d’essayer de ne plus me cacher derrière mes lunettes de soleil. Quand on sera ensemble, du moins ». Elle soutint son regard et quand il réduisit la distance, répondit à son baiser sans hésitation, ses lèvres goûtant les siennes avec douceur. Elle resserra son étreinte autour de son cou et glissa une main dans ses cheveux alors que les battements de son cœur s’affolaient déjà. Elle se sentit fondre dans ses bras, fondre d’amour parce que oui, c’était bien ce qu’elle ressentait. Le baiser prit fin et elle posa son front contre le sien pour se perdre de nouveau dans son regard. Il lui confia qu’il aurait voulu la peindre et l’intensité de son regard la troubla. Si bien qu’elle faillit perdre pied. Si bien qu’elle faillit déraper. « Marius, je… » Commença-t-elle avant de brusquement s’interrompre et s’éclaircir la voix quand elle comprit ce que son cœur était sur le point de lui avouer. Elle ouvrit la bouche pour se reprendre mais des éclats de voix à proximité retentirent et la firent sursauter. Elle tourna la tête en même temps que Marius et plissa les yeux pour tenter de distinguer les deux silhouettes qui s’approchaient d’eux. Le premier sembla la reconnaître et interpella le second tout en dégainant son téléphone portable de sa poche. Colleen n’eut même pas le temps de protester ou de se cacher qu’un flash l’aveuglait déjà. Elle cligna des yeux d’un air hébété, avant de reprendre ses esprits et de se dégager de l’étreinte de Marius pour faire face au jeune homme qui s’était arrêté à leur hauteur. Il fut bientôt rejoint par son ami, dont le regard inquisiteur n’inspirait pas plus la confiance que son acolyte blond. Colleen, elle, ne souriait plus du tout. Ses sourcils bruns se dressèrent et ses yeux lancèrent des éclairs. Elle dévisagea celui qui avait pris la photo. « Efface ça. Efface cette photo » Demanda-t-elle. Qu’on puisse la prendre sans lui en demander l’autorisation au préalable la faisait sortir de ses gonds. Et puis, si elle avait été reconnue par les deux jeunes, Marius n’avait quant à lui rien demandé. Il était la victime collatérale de cet engouement médiatique qui la poursuivait. « Du calme, c’est qu’une photo ! T’avais l’air plus sympa à la télé ! » Protesta le blond avec un large sourire provocateur. « Ce n’est pas qu’une photo » Insista Colleen. « Je n’ai rien demandé ! ». Mais il ne l’écoutait pas et, les yeux rivés sur son téléphone, pianotait frénétiquement sur l’écran. Une seconde plus tard, c’est satisfait qu’il se tourna vers son ami pour lui montrer ce qu’il avait écrit. « Je vais faire le plein de likes, mec ! ». Quand Colleen comprit ce qu’il avait fait, elle avança d’un pas. Furieuse, elle tenta d’attraper le téléphone portable mais le blond fut plus rapide qu’elle et le dégagea hors de sa portée. « Efface ça tout de suite ! » Répéta-t-elle, la colère se mêlant à la panique.


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: Re: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) EmptyLun 16 Nov 2020 - 8:40


Si tu avais pu choisir, il était évident que tu aurais préféré que Colleen ne participe pas à Race of Australia simplement car tu aurais préféré la garder près de toi pendant les six semaines de tournage mais c’était très égoïste. Tu avais compris dès le départ le besoin de Colleen de faire ses propres choix et de ne se laisser brider par personne. Alors même si tu étais loin d’être enchanté par la perspective de cette aventure, tu n’avais rien dit. Enfin, tu avais paniqué à l’idée que Colleen rencontre ton frère cadet mais cela était indépendant de Race of Australia. Tu avais plus paniqué à l’idée de cette rencontre qu’à l’idée de laisser partir Colleen dans l’émission. Si ton frère n’avait pas fait parti des candidats, les deux semaines qu’il avait passé sur le tournage aurait été moins insupportables pour toi. Toutefois, tout cela te semblait bien loin désormais et presque agréable quand tu voyais les dégâts qu’avaient laissé cette émission sur la vie de Colleen. Tu te souviens des premières semaines de diffusion et du burnout à côté duquel elle a failli passer parce qu’elle ne voulait dire non à personne à l’hôpital. Tu te souviens d’avoir ouvert la porte du loft un nombre important de fois sur une Colleen tremblante et affublée de lunettes de soleil et autre accessoire en fonction des jours. Tu savais que la jolie brune n’avait participé à cette émission que pour des raisons très honorables car elle cherchait à se prouver quelque chose et l’aventure en elle-même, tu savais que Colleen la chérissait. Mais elle n’avait pas pensé à ce qui viendrait après, à ce qui accompagnerait cette diffusion et en toute honnêteté toi non plus. Tout ce que Colleen traversait en ce moment ne faisait que te faire détester un peu plus le monde de la télévision et le monde médiatique. Les réseaux sociaux sont un fléau, tu l’as toujours pensé mais désormais tu en es de plus en plus persuadé. Les personnalités publiques comme les acteurs ou les politiques sont préparés à cette pression médiatique. Ils ont des agents, des attachés de presse des fois, ils ne sont pas seuls face à cette pression. Tous les participants à Race of Australia sont des gens qui avaient une vie normale jusqu’ici et qui du jour au lendemain se sont retrouvés sous le feu des projecteurs sans personne pour les guider. Alors oui, c’est difficile et tu as fait de ton mieux pour épauler Colleen dans cette période mais tu avais l’impression que tu aurais dû faire plus …

Cela faisait quelques semaines que Race of Australia était terminé alors tu avais proposé à Colleen de sortir dîner pour une fois. Tu l’avais fait de manière stratégique en vous éloignant du centre-ville de Brisbane et en prenant un restaurant lambda mais délicieux dans lequel il n’y avait pas de raisons que vous soyez identifiés autrement que comme un couple profitant d’une soirée à deux. Et c’est avec un soulagement à peine dissimulé que tu avais vu Colleen se détendre au fur et à mesure que les minutes passaient. Quand vous sortîtes du restaurant, le sourire sur ses lèvres était réel et toute anxiété avait disparu de ses traits. Voulant profiter de cette si belle soirée encore un peu, tu proposais à Colleen de vous promener. D’abord sur la promenade en bord de plage puis sur le sable. Le jour était tombé mais les lumières du bord de plage illuminaient assez bien le sable pour que vous ne soyez pas totalement dans la pénombre. Tu voulais profiter pleinement de ce moment, de ta main dans cette de Colleen et de cette belle soirée qui n’était que la première d’une longue série tu l’espérais. Colleen te faisait rêver à un avenir à deux, chose que tu n’avais pas faite depuis des années, depuis bien trop longtemps certainement. Et pour une fois, tu n’abordais pas cet avenir avec appréhension. Plus le temps passait, plus les sentiments que tu éprouvais pour Colleen étaient clairs. Ils l’avaient toujours un peu été de ton côté, tu n’aurais jamais été capable d’en arriver ici avec la jeune femme si des sentiments n’étaient pas nés. Mais plus le temps passaient, plus ils s’affirmaient et plus il était difficile de les ignorer. Tu confiais alors à Colleen qu’elle t’avait manqué mais ce n’était pas parce qu’elle t’avait manqué que tu lui reprochais de passer du temps avec sa fille et à son boulot. Tu connaissais la place de Lou dans la vie de Colleen et l’idée de briser le lien entre la mère et la fille ne t’avait pas traversé l’esprit. Pourtant, cela aurait certainement pu si tu avais voulu te venger de Lou qui t’avait fait avaler quelques couleuvres cette année. Entre un technique de séduction bien trop poussive en début d’année et une accusation de comportement déplacé en milieu d’année qui t’avait valu une altercation avec le père de la jeune femme, cela t’aurait permis de lui rendre la monnaie de sa pièce. Mais ce n’était pas ton genre, ce n’était pas comme cela que tu fonctionnais. Toutes les raisons que tu venais de pointer étaient ce qui faisait que Colleen hésitait très certainement et ne pas parler de votre relation à sa fille semblait la ronger de l’intérieur. Malheureusement, elle était celle qui devait faire l’annonce, tu ne pouvais rien faire d’autre à part la soutenir. « Merci. Je ne te mérite pas, tu le sais ça ? » Ça, c’était un pur mensonge. S’il y avait quelqu’un qui ne méritait pas l’autre, c’était bien toi pour le coup. Tu avais encore du mal à croire la plupart du temps que Colleen t’avait choisi toi, qu’elle était désireuse de passer du temps avec toi et personne d’autre. Cela te paraissait fou la plupart du temps. « Ne dis pas de bêtises, tu mérites bien mieux que moi, je ne sais pas comment j’ai eu la chance d’attirer ton attention. » Lui répondis-tu. Pas parce que tu avais besoin que Colleen renforce ton ego mais parce que tu le pensais vraiment.  

Sortir s’était avéré être une bonne idée ce soir et Colleen semblait rayonner, même dans la pénombre de cette belle soirée de printemps. Dans ses paroles et sur son visage, tu sentais que c’était pour elle comme une renaissance. Cette isolation forcée lui avait pesée plus que tu ne l’imaginais peut-être. Alors pour plaisanter et parce que c’était vrai, tu lui dis que tu la préférais sans tous ces accessoires, en particulier ses lunettes de soleil qui t’empêchaient de plonger ton regard dans ses magnifiques yeux bleus. « Dans ce cas… Je te promets d’essayer de ne plus me cacher derrière mes lunettes de soleil. Quand on sera ensemble, du moins » un sourire sur tes lèvres vint répondre au sien et tu n’hésitais pas plus longtemps à t’emparer des lèvres de Colleen. Tu embrassais le vestige de son sourire, te laissant emporter dans un monde qui n’appartenait qu’à vous. Alors que tu la serrais dans tes bras, qu’il n’existait plus qu’elle, tu savais que tu ne pourrais pas la laisser partir, tu n’en avais aucune envie. Tu te perdis dans ce baiser, perdant pied toi aussi, tellement heureux de la retrouver, enfin. Légèrement haletant, le regard embrumé, tu détachais tes lèvres des siennes, satisfait de lire le même trouble dans celui de Colleen. « Marius, je… » Ton regard plongé dans le sien, tu ne savais pas ce qu’elle voulait te dire mais tu sentis immédiatement que les mots qui sortiraient de ses lèvres auraient une importance capitale. Ton coeur s’accéléra et tu caressais délicatement sa joue, lui laissant le temps de reprendre ses esprits pour formuler ce qu’elle voulait te dire. Malheureusement, tu ne sus pas ce que Colleen allait te confier car vous fûtes interrompus par des éclats de voix qui s’adressaient à vous. Perdus dans votre bulle, tu mis du temps à comprendre ce qui était en train de se passer. Trop de temps apparemment vu que le détenteur du téléphone portable venait de vous prendre en photo si le flash qu’il avait utilisé était une quelconque indication. Ce flash fonctionna comme un seau d’eau froide que l’on t’avait déversé sur la tête. En quelques secondes, cet homme venait de briser une soirée merveilleuse … Tu n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit que Colleen était déjà montée au front : « Efface ça. Efface cette photo » Tu fus surpris du don employé par Colleen. Tu n’avais encore jamais eu l’occasion de la voir en colère et tu en déduisis que c’était ce qu’elle ressentait vu les éclairs que jetaient ses yeux au jeune homme bientôt rejoint par son ami. « Du calme, c’est qu’une photo ! T’avais l’air plus sympa à la télé ! » Tu te retins de lever les yeux au ciel, certainement parce que tu étais habitué à discuter avec de jeunes adultes et que c’était le genre de réflexions auxquelles il fallait s’attendre. « Ce n’est pas qu’une photo. Je n’ai rien demandé ! » Tu observais la scène à quelques pas de Colleen ne sachant pas très bien si tu devais intervenir ou si tu devais laisser la jeune femme gérer la situation. Tu n’avais nullement peur pour toi ou ton image, tu te fichais bien de ce que pouvaient raconter ses deux idiots mais il ne fallait pas être un génie pour comprendre que si cette photo arrivait sur les réseaux sociaux, il y aurait quelques dommages collatéraux, le premier étant Lou. « Je vais faire le plein de likes, mec ! » Même les vieux comme toi qui n’étaient pas très réseaux sociaux savaient ce que cela voulait dire … La photo était maintenant sur les réseaux sociaux … Tu avais assisté à assez de réunions au sujet du harcèlement scolaire pour savoir qu’une fois postée, la supprimer était un vrai cauchemar. Et il suffisait qu’un de ses amis la poste à son tour pour que cette chaine sans fin soit incontrôlable. Ce n’était donc qu’une question de minutes, vous aviez une ou deux minutes tout au plus pour faire supprimer cette photo sinon elle deviendra virale en moins d’une heure. « Efface ça tout de suite !  » Colleen avait essayé d’attraper le téléphone et quand elle prononça ses mots, tu vis la panique sur son visage, plus que la colère. Elle s’était certainement faite à beaucoup de choses ces dernières semaines mais elle aussi pensait certainement aux conséquences de cette publication. Ne pouvant plus rester en retrait, tu t’approchais de la scène, posant une main rassurante sur l’épaule de Colleen pendant quelques secondes avant de te tourner vers les deux idiots qui lu faisaient face un sourire satisfait sur les lèvres. « Je me doute que le concept est compliqué pour vos cerveaux miniatures mais s’il vous reste un peu de décence, vous supprimeriez la photo. Si on veut prendre des gens en photo on leur demande la permission. » Le professeur moralisateur était de retour mais toi aussi tu commençais à être agacé, plus par le fait qu’ils blessaient Colleen que par ce qui t’attendait à toi. « Supprimez la photo et Colleen en prendra une avec vous. » Tu étais désolé de la vendre ainsi mais une photo d’elle avec les deux idiots ce serait moins pire non ? Sauf que le blondinet te rit au nez en te disant : « Tu me prends pour un con ? J’aurai bien plus de likes avec toi sur la photo mon vieux. » Le manque de respect était clair. Tu ne portais pas une affection énorme à ta mère mais tu la remerciais tous les jours de vous avoir bien éduqués. Tu sentis tes poings se serrer alors que tu commençais à perdre patience. « C’est la dernière fois que nous te le demanderons, supprime la photo sur laquelle tu n’as aucun droit. » Cela sembla intriguée le blondinet plus qu’autre chose tout comme son acolyte. « Ou sinon quoi ? » Il était clair que vous tourniez en rond, il était évident que la photo ne serait pas supprimée et de toute manière, il était sans doute déjà trop tard, elle devait déjà avoir été repartagée. Tu te tournais vers Colleen pour lire dans son regard la réponse que tu cherchais. Tu n’hésitais pas une seconde de plus, ton poing partit s’écraser sur le visage du jeune homme qui prit par surprise lâcha son téléphone encore déverrouillé. Tu l’attrapais dans le sable avant de le donner à Colleen. « T’es un malade mec ça va pas ? » Il se tenait le visage mais tu n’en avais rien à faire. Tu préférais ne pas toucher le téléphone, la technologie et toi, ce n’était pas ton truc. « Tu peux la supprimer ou il est déjà trop tard ? » Demandas-tu à Colleen qui pianotait sur l’écran tactile. Tu n’avais pas beaucoup d’espoir et tu regardais les deux débiles qui se chuchotaient des choses à l’oreille, cela ne te disait rien qui vaille …

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: Re: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) EmptyDim 29 Nov 2020 - 20:45


Le calme avant la tempête. Avec du recul et un minimum de lucidité, Colleen aurait pu anticiper la suite. Parce que la soirée était bien trop parfaite pour être réelle, parce qu’elle avait tout d’un leurre. Là, sa main dans la sienne, pieds nus dans le sable, la brise salée lui caressait la peau et le bruit des vaguelettes en fond sonore endormait sa vigilance. La présence de Marius à ses côtés la faisait se sentir en sécurité. Elle oubliait toute la pression qu’elle avait éprouvée ces dernières semaines et se laissait bercer par son optimisme et son affection pour le bel Australien, dont l’intensité du regard lui faisait perdre pied et négliger l’ensemble de ses préoccupations. Elle ne parvenait pas à le quitter des yeux, à réaliser le bonheur qu’elle ressentait. Qu’elle puisse avoir droit à une seconde chance comme celle-ci quand elle avait passé le plus clair de son temps à chasser cette éventualité l’étonnait toujours autant. La conclusion catastrophique de son mariage avec August l’avait amenée à revoir ses priorités et à renoncer à l’amour. Convaincue qu’il pouvait apporter autant de bonheur que de malheurs, elle s’était persuadée qu’elle pouvait se contenter de l’amour inconditionnel qu’elle portait à sa fille et de ses amitiés, sans avoir besoin d’un homme à ses côtés. De toute évidence elle s’était trompée. Car s’il était certain qu’elle n’avait pas à proprement parler besoin d’une présence masculine pour avancer, elle avait finalement compris qu’il existait une distinction notable entre les notions de besoin et d’envie. Marius lui donnait envie d’y croire, de s’accrocher à cette possibilité d’un avenir commun, d’un avenir heureux. Au fil des jours, des semaines, des mois qui passaient, elle réalisait peu à peu que l’envie entraînait le besoin, mais un besoin qui n’était pas nécessairement toxique, un besoin dont elle pouvait parfaitement s’accommoder. Elle était toujours attachée à sa volonté d’indépendance. Malgré ce qu’elle éprouvait pour Marius, elle n’était pas prête à tout abandonner du jour au lendemain pour lui et sans doute ne le serait-elle jamais après ce qui s’était passé avec August. Toutefois, cela n’amoindrissait en aucun cas ce qu’elle ressentait pour lui. Il ne cessait de lui répéter qu’il ne la méritait pas quand elle pensait justement tout le contraire. Qu’il le veuille ou non, qu’il le pense ou non, d’eux deux elle était indubitablement celle qui avait le plus de chance. Il acceptait son besoin de liberté, n’essayait pas de lui imposer sa vision des choses. Il n’était jamais avare de compliments, parlait avec plus de facilité qu’elle de son affection. Il était doux, bienveillant, attentif, il était tout ce qu’August n’avait plus été depuis des années et petit à petit, la prudence coutumière de Colleen s’effaçait. Sa carapace s’étiolait. Lentement mais sûrement, la protection perdait de son épaisseur, des morceaux se décollant de son cœur pour le laisser battre librement. Ce palpitant, dont la course s’affolait à proximité de Marius, quand elle était blottie contre lui et qu’elle sentait le sien résonner dans son torse. Elle avait la maturité nécessaire pour comprendre ce que cela signifiait, même si elle ne semblait pas encore capable de l’admettre ouvertement.

Le décor était idyllique, et la magie opéra. Quand Marius la contredit, lui répondant qu’il ne savait toujours pas comment il était parvenu à attirer son attention, elle secoua doucement la tête en signe de dénégation. « C’est toi qui dis des bêtises » Murmura-t-elle avant de laisser tomber ses chaussures dans le sable sans se soucier de vérifier là où elles avaient atterri. Elle n’argua pas davantage, sachant pertinemment que le raisonner était un combat perdu d’avance. Elle demeurait obstinée malgré tout, et savait en son for intérieur qu’elle avait raison. Preuve en était, Marius la fit sourire une fois de plus en lui parlant de ses yeux qu’il regrettait ne pas pouvoir contempler à cause des lunettes de soleil qui les dissimulaient en permanence ces derniers temps. Elle lui promit de ne plus s’en servir avec lui, et sa parole sembla lui convenir car après lui avoir exprimé son envie de la peindre à la lueur du crépuscule, il s’approcha d’elle pour l’embrasser. Colleen ferma les yeux et lui répondit, oubliant tout de l’endroit dans lequel ils se trouvaient. L’espace de quelques instants, plus rien ne compta à part lui. Sa main caressa ses cheveux, son corps étreignant le sien avec douceur. Elle l’avait embrassé des centaines de fois, mais ce baiser-là avait une saveur particulière. Peut-être était-ce l’environnement qui lui conférait cette aura romantique. Peut-être était-ce le vin qu’elle avait bu au restaurant et qui la faisait flotter sur un petit nuage. Peut-être était-ce Marius, tout simplement, et ce qu’il lui faisait ressentir. Toujours est-il qu’elle s’abandonna complètement à ce baiser, à tel point que décontenancée, elle faillit lui avouer ses sentiments une fois leurs lèvres séparées. Ce fut son cœur qui parla, directement, sans détour. Son cœur qui lui fit cette amorce de déclaration. Heureusement, elle se reprit juste à temps et se tut avant de prononcer le dernier mot fatidique. Elle lut l’attente dans le regard de Marius. Sa main qui caressait sa joue semblait vouloir l’encourager, mais maintenant qu’elle avait pris conscience de la situation et de ce qu’elle s’était apprêtée à dire, elle fut saisie par la confusion et l’incertitude. C’était trop prématuré. Trop tôt pour l’avouer. Ses lèvres s’entrouvrirent pour tenter de se rattraper, mais elle n’en eut pas le temps. En une poignée de secondes, tout bascula brusquement. Le piège matérialisé par un flash d’appareil photo se referma sur elle et elle cligna des yeux, son regard quittant celui de Marius pour se braquer sur un jeune blond, qui brandissait son téléphone non sans une certaine arrogance. Colleen n’était pas du genre à s’emporter facilement. A bien des égards, elle était la douceur incarnée, n’avait jamais un mot plus haut que l’autre et considérait les choses avec une généreuse dose de naïveté, d’optimisme et d’empathie. Mais la violence de ce flash et la brutalité avec laquelle il avait rompu le charme de ce moment la fit voir rouge. Elle se sentit à la fois blessée et agressée, un cocktail explosif qui n’augurait rien de bon.

Se détournant de Marius, elle avisa l’homme et ses yeux clairs lancèrent des éclairs. Elle le somma de supprimer la photo, mais il ne voulut rien entendre. Pire encore, il s’amusa ouvertement de la situation et quand elle comprit qu’il avait publié la photo sur les réseaux sociaux, elle tenta de lui subtiliser son téléphone portable, en vain. La panique se mêla alors à la colère. Parce qu’il ne s’agissait plus seulement d’une agression, d’une violation de son droit au respect de sa vie privée. Il ne s’agissait plus seulement de protéger Marius, victime de sa notoriété aussi soudaine que déroutante. Et il s’agissait encore moins d’elle-même. L’image de Lou s’imposa dans son esprit et c’en fut trop. Figée sur place, la panique se fraya un chemin dans chaque parcelle de son corps, dans chaque cellule nerveuse, la laissant complètement désorientée. Elle assista à l’échange entre Marius et le blond avec l’impression d’être une spectatrice lointaine. Elle ne réalisa pas ce qui se passait sous ses yeux parce qu’une seule pensée l’obsédait. Lou. Si la photo faisait le tour des réseaux sociaux, elle lui parviendrait sans aucun doute et lui révélerait la relation entre sa mère et son professeur d’histoire de l’art. Sans même que Colleen puisse s’en justifier au préalable. La photo arriverait sur son écran, elle en reconnaîtrait les deux protagonistes et juste comme ça, en une seconde, tout serait fichu. Lou, qui s’était sentie trahie par son père, réaliserait que sa mère ne valait pas beaucoup mieux que lui en fin de compte. Colleen ne pouvait pas prétendre qu’elle n’avait pas eu l’occasion de lui en parler ; elle venait de passer plusieurs jours avec elle sans en être capable. Elle ne lui avait jamais rien caché d’aussi important, et s’en voulait terriblement à présent de ne pas être parvenue à réunir le courage de tout lui avouer avant qu’il ne soit trop tard. Et sans doute l’était-ce déjà. Elle en trembla presque, les yeux perdus dans le vide, la sensation de perdre complètement pied la désarçonnant. Et puis, un cri retentit et elle sortit tout aussi brutalement de sa torpeur. Elle découvrit la marque rouge sur le visage du blond, le poing serré de Marius et ses yeux s’arrondirent de stupeur. Elle rattrapa in-extremis le téléphone portable que ce dernier lui lança et quand son regard se riva sur la photo, elle déglutit péniblement. Il n’y avait aucun doute possible sur leur identité, et leur étreinte ne pouvait décemment duper personne. Pire que la photo, il y avait ces notifications qui s’emballaient et clignotaient frénétiquement sur l’écran de téléphone. Quand Marius lui posa sa question, elle leva lentement son visage vers lui et, abattue, secoua la tête. « C’est trop tard ». C’était un fait. Elle pouvait toujours supprimer la photo, mais pas les publications partagées.

Elle lâcha le téléphone qui retomba dans le sable et pivotant la tête, elle ne prêta aucune attention au blond qui les insultait et s’empressait de récupérer l’objet. Ce furent les autres personnes présentes autour d’eux qui attirèrent son attention. Le coup de poing asséné par Marius semblait avoir eu son petit effet, et les gens s’étaient arrêtés pour immortaliser à leur tour la scène par le biais de leur téléphone portable. C’était un désastre. Colleen ne voyait aucun moyen de se dépêtrer de cette situation qui virait au cauchemar. « Marius… » Lança-t-elle d’une voix faible. Des doigts se tendaient dans sa direction, de nouveaux téléphones se levaient. Pour Colleen, qui avait horreur d’être au centre de l’attention et qui n’était jamais parvenue à gérer la pression qu’elle subissait depuis le début de la diffusion de Race of Australia, ce fut trop difficile à supporter. Son regard alarmé, dénué de toute trace de colère à présent, chercha celui de Marius. Dans un éclair de lucidité elle se pencha pour saisir ses chaussures et se relevant, le tira par le bras pour l’entraîner à sa suite. La seule échappatoire possible s’apparentant à la fuite, elle la prit sans s’attarder davantage. Elle courut aussi vite que ses jambes le lui permettaient, le sable rendant certes sa course plus difficile, mais heureusement elle n’avait pas tout à fait perdu de sa condition physique gagnée sur les routes de Race of Australia. Sa main moite serrant celle de Marius, elle se dirigea à grandes enjambées vers la promenade qu’ils avaient empruntée un peu plus tôt, puis vers la voiture de Marius garée sur le parking du restaurant. Elle ne s’arrêta qu’une fois parvenue à hauteur du véhicule et son premier réflexe fut de jeter un coup d’œil en arrière pour s’assurer que personne ne les avait suivis. Ce n’était pas le cas, et elle se courba aussitôt pour retrouver son souffle. Alors qu’elle aurait dû se sentir soulagée d’avoir réussi à échapper à l’attention sur la plage, c’était tout le contraire et maintenant qu’ils étaient seuls et éloignés de l’agitation, elle céda complètement à la panique, son angoisse refaisant surface. Honteuse, elle se détourna de Marius et posa les mains sur ses paupières closes qui laissaient déborder les premières larmes. Elle avait les pieds écorchés par le bitume, mais c’était bien son cœur qui était en miettes. L’image prise par le téléphone portable restait imprimée dans son esprit, et à celle-ci s’ajoutait inéluctablement celle de Lou. « Je suis désolée Marius, tellement désolée… » Fit-elle en sanglotant, ne sachant plus trop si elle s’excusait de ce qui venait de se passer ou de son comportement. « Je n’ai jamais voulu t’entraîner là-dedans, je ne… ». Ses doigts se resserrèrent devant ses yeux et elle perdit ses mots, ses excuses et ses explications. « Et Lou, je… Lou va… J’aurais dû lui dire avant… J’ai tout gâché… ».

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: Re: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) EmptyMer 2 Déc 2020 - 8:19


T’étais-tu mis à rêver à des choses impossibles ? Etait-ce trop demander que de pouvoir être tranquille pour une soirée ? Toi qui avais toujours refusé de rendre des comptes à qui que ce soit, tu voudrais répondre que non mais apparemment la réponse à cette question était oui. Tu ne pus t’empêcher de reprendre à Evelyn, à la prudence dont elle avait fait preuve les fois où vous étiez dans des endroits publics. Une prudence que tu avais mal interprété à l’époque et que tu avais été incapable de comprendre. Evelyn aussi faisait partie d’un monde où les photographes pouvaient apparaître à tous les coins de rue. Votre relation n’avait jamais été assez sérieuse pour que cela soit un problème ou même un sujet que vous abordiez mais tu comprenais enfin toutes les précautions et tous ces gestes qu’elle retenait. Evelyn n’avait pas plus choisi que toi ce destin vu qu’elle s’était retrouvée dans cette position à cause de son père. Toi, c’était par le biais de Colleen et aucun de vous deux n’avait anticipé les effets médiatiques de la participation de la jeune femme à une émission de télé-réalité. Tu avais voulu croire que maintenant que la diffusion était terminée, les gens étaient passés à autre chose. Après tout, Colleen ne courait pas les plateaux télévisés pour parler de son expérience comme certains pourraient le faire donc tu avais voulu profiter de cette belle soirée de fin de printemps pour sortir. Colleen avait vécu la diffusion de Race of Australia enfermée chez elle, chez toi ou à l’hôpital et tu étais persuadé que sortir vous ferait du bien. Tu avais désespérément envie que votre vie reprenne un semblant de normalité voilà pourquoi tu ne te posais pas plus de questions que ça quand les lèvres de Colleen se posèrent sur les tiennes sur cette plage de Bayside. Le dîner s’était passé à merveille, vous aviez pu manger tranquillement, sans être interrompus et sans voir des flashs apparaître à droite ou à gauche. Cette sensation de liberté, d’être de nouveau incognito vous avait donné un faux sentiment de sécurité. Enfin … Toi tu n’avais pas de problèmes, quand tu étais seul, tu étais ce professeur d’histoire de l’art lambda dont peu de personnes connaissaient l’existence et cela te convenait à merveille. Mais au bras de Colleen, tu devenais une cible potentielle et tu essayais de faire doublement attention car Lou n’était toujours pas au courant de votre histoire alors tu préférais qu’elle évite de l’apprendre autrement que par la bouche de sa mère quand cette dernière serait prête. Il était hors de question pour toi de te mettre en la mère et la fille et n’ayant pas d’enfants, tu serais mal placé pour conseiller Colleen à ce sujet. Alors tu lui laissais le temps dont elle avait besoin.

Tout ce qui t’importait à toi, c’était de passer du temps avec Colleen, de pouvoir profiter de sa compagnie et de pouvoir l’aider à s’échapper de son quotidien pas toujours sympathique en ce moment. Et tu étais plutôt fier de toi parce que cette soirée avait amené sur le visage de la jolie brune un sourire sincère que tu n’avais pas vu depuis un moment. Le stress amené par ce climat anxiogène avait laissé des traces et tu étais heureux de retrouver une Colleen plus libre, plus heureuse aussi. Mais c’était bien trop en demander … Alors que vous vous laissiez emporter par un baiser au bord de l’eau, un flash vint brutalement vous ramener à la réalité. Il suffit de quelques secondes, d’un éclair de lumière pour que tu saches que cette soirée venait de prendre un nouveau tournant, que vous veniez d’être brutalement ramenés dans le monde réel. Alors que tu vois Colleen s’avancer vers les deux jeunes hilares et anticipant déjà leur buzz sur les réseaux sociaux, tu ne peux t’empêcher de te demander à quel moment la vie privée et le respect de cette dernière sont devenus des concepts bafoués. Pour toi, c’est inadmissible de prendre quelqu’un en photo de cette manière, sans rien demander mais c’est là que tes quarante ans passés se rappellent à toi. Les jeunes générations ont été habituées à autre chose avec les réseaux sociaux, pour votre plus grand malheur … Tu restes d’abord un peu en retrait, regardant la scène sans bouger mais en sentant la colère monter. Il ne reste plus une trace d’insouciance et de bonheur sur le visage de Colleen. Tu peux lire la panique dans ses yeux, tu peux l’entendre dans ses demandes alors que les deux jeunes rient aux éclats. Tu ne peux pas rester sans rien faire, il faut que tu fasses quelque chose … Alors tu t’avances et tu leur demandes à ton tour d’enlever la photo. Mais demander à des abrutis d’être raisonnable, cela ne fonctionne jamais. Tu fais donc ce que tu t’es promis de nombreuses fois de ne pas faire. Tu lèves le point et tu frappes. Pas assez fort pour casser le nez de ton interlocuteur mais assez pour le déstabiliser et attraper son portable que tu lances à Colleen pour qu’elle évalue les dégâts. Peut-être que par miracle il n’avait pas encore appuyé sur le bouton ‘Envoyer’. C’était un espoir naïf, tu le savais mais il fallait que tu puisses t’accrocher à quelque chose. Alors que Colleen regardait le téléphone des deux jeunes qui s’étaient mis à crier comme si vous aviez tué leur chien, tu les gardais à l’oeil. Il ne fallut pas longtemps pour que Colleen te dise : « C’est trop tard  » Tu retins un juron et l’envie de frapper le blond revint mais cela ne servait à rien. Ce dernier était déjà en train de récupérer son téléphone en vous insultant alors que tu poussais un soupir. Merde … Merde, merde, merde, … Tu étais perdu dans tes pensées, parti dans un monde où les conséquences de tout cela commençaient à arriver. C’est Colleen qui te ramena à la réalité : «  Marius… » Sa voix, comme un murmure dans le bruit ambiant, te glaça le sang. Tu te tournais immédiatement vers elle et son visage blême et paniqué alors qu’elle regardait autour de vous te fit prendre conscience que les cris des abrutis avaient attiré du monde et que désormais les téléphones portables étaient sortis de tous les côtés. Tu commençais à ouvrir la bouche quand les doigts de la jolie brune se fermèrent sur ton poignet et quelques secondes plus tard, vous preniez la fuite. Alors que Colleen courait aussi vite que ses jambes le lui permettaient, tu essayais de garder le rythme mais cela te suffit à te rappeler pourquoi tu détestais la course et le sport en général. Ton rythme cardiaque s’affola de suite mais tu refusais de craquer, tu laissais Colleen t’entrainer désespérément vers ta voiture, garée dans le parking du restaurant. Une fois arrivés devant ta voiture, Colleen lâcha ta main et s’autorisa à reprendre son souffle que quand elle se fut assurée que personne ne vous suivait. Tu en profitais pour reprendre le tient également et c’était parce que tu avais fermé les yeux quelques secondes pour prendre de grandes inspirations que tu ne vis pas Colleen se détourner de toi. Par contre, tu entendis sa détresse qui te fit mal au coeur quand elle te dit : « Je suis désolée Marius, tellement désolée… Je n’ai jamais voulu t’entraîner là-dedans, je ne… Et Lou, je… Lou va… J’aurais dû lui dire avant… J’ai tout gâché…  » A cet instant précis, tu sentais la fureur et la rage se répandre dans ton corps. Pas envers Colleen mais envers tous ces gens qui ne pensaient qu’à eux et qui la brisaient un peu plus tous les jours sans s’en rendre compte … Cela te rendait malade de la voir ainsi et même si tu ne la voyais que de dos, tu pouvais entendre les sanglots dans sa voix et l’angoisse en pensant à sa fille et peut-être aussi à toi. Tu n’avais qu’une envie, c’était de dire à Colleen de monter dans la voiture et de retourner chez elle, à Logan City mais vous aviez plus de trente minutes de trajet et tu ne pouvais pas laisser les choses ainsi. Ta respiration étant devenue plus acceptable, tu vins te placer devant Colleen et tu attrapais délicatement ses poignets pour les éloigner de ses yeux où les larmes continuaient à couler. Tes pouces dessinaient des cercles sur ses poignets, des gestes que tu voulais rassurants. Tu n’étais pas le meilleur devant la détresse émotionnelle des autres, on te l’avait bien assez dit. Alors tu déposais ses bras sur tes épaules et tu enroulais les tiens autour de sa taille. Tu avais besoin qu’elle sache que tu n’allais nulle part et qu’elle pouvait compter sur toi. Pendant plusieurs secondes, tu ne dis rien, tu la serres juste contre toi déposant des baisers rassurants dans ses cheveux, la laissant pleurer si elle en avait besoin. Et puis tu t’écarter un petit peu, tu essuies une larme sur sa joue droite avant de lui dire : « C’est moi qui suis désolé Colleen. Je suis désolé que tu aies affaire à ce genre d’abrutis et qu’ils t’aient volés le droit d’annoncer les choses à Lou quand tu le voudrais. » Tu te sentais coupable surtout, coupable d’être celui qui l’avait amenée dans ce restaurant et qui avait proposé cette balade ce soir. Tu n’aurais pas dû, c’était naïf de ta part de penser que vous pourriez être tranquilles. « Même si j’ai adoré cette soirée, je suis désolé de l’avoir proposé. Si nous étions restés chez toi, rien de cela ne serait arriver … » Colleen avait accepté de te suivre bien sûr mais tu te demandais si elle ne l’avait pas fait parce qu’elle avait peur que tu te lasses si elle ne disait pas oui. Tu espérais qu’elle ne pensait pas une chose pareille car c’était à des milliers de kilomètres de la réalité. « Je suis là et je ne compte aller nulle part si tu me le permets. » Ajoutas-tu en séchant les larmes de Colleen sur son autre joue. « Il est peut-être préférable que l’on rentre par contre, je ne suis pas sûr de pouvoir revivre un autre épisode de ce genre ce soir. » Lui dis-tu avant d’ajouter : « Et même si l’adrénaline donne des ailes, tes pieds vont avoir besoin d’un peu d’amour. » Elle avait couru pieds nus sur le béton sur plusieurs centaines de mètres, cela laissait des traces forcément. De ton côté, tu commençais à sentir les conséquences de cet excès de violence alors que ta main te lançait mais ce n'était qu'un détail ... Tes yeux plongés dans les siens, tu attendais qu’elle te réponde laissant tes doigts dessiner des cercles que tu espérais rassurants sur sa hanche, sur son poignet dans l’espoir de faire disparaître la panique et l’angoisse de son regard, au moins un peu.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: Re: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) EmptyMer 23 Déc 2020 - 17:12


La vérité était douloureuse, implacable. Il n’y avait aucun moyen possible de briser la chaîne qui s’était créée ce soir-là sur les réseaux sociaux. A la manière d’un poison, le cliché se répandait sur la toile à une vitesse fulgurante, paralysant son système nerveux. Une action qu’elle n’était ni en mesure de contrôler, freiner ou d’arrêter. Colleen pouvait presque encore sentir les vibrations du téléphone portable sur ses doigts tremblants, entendre le sifflement des notifications qui se déchaînaient. Depuis quand était-elle devenue importante au point que cette photo rencontre un succès aussi immédiat ? Alors que la plupart des jeunes couraient après ce genre de succès et de reconnaissance, du haut de ses trente-huit années Colleen n’aspirait qu’à une seule chose : la tranquillité. Qu’elle retombe dans l’anonymat le plus vite possible, que l’on oublie jusqu’à son existence même. Bien loin de la satisfaire, la notoriété acquise à la suite de la diffusion de Race of Australia l’anéantissait. Cela pouvait sembler un brin excessif, et peut-être que certains considéraient qu’elle exagérait, mais c’était bel et bien son ressenti. Elle n’avait jamais eu l’intention de se retrouver dans cette position-là, elle qui ne s’était même pas inscrite aux castings et s’était laissée naïvement convaincre une fois que sa candidature avait été retenue. D’autres candidats étaient beaucoup plus intéressants qu’elle. Ivy, que le public adorait détester, Martin, le chouchou des plus jeunes, Jack, celui des ménagères. Elle faisait pâle figure à côté de telles personnalités, et pourtant elle rencontrait un succès similaire au leur. Parfois, Colleen se disait que si elle avait daigné répondre aux sollicitations de certains journalistes et accepté de rejoindre deux ou trois plateaux télé, elle serait davantage épargnée. Peut-être était-ce précisément parce qu’elle refusait obstinément de jouer le jeu en protégeant coûte que coûte sa vie privée qu’elle suscitait autant d’intérêt. Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ; sans doute le proverbe pouvait-il également s’appliquer à la médiatisation. Peu importait en réalité, car elle n’avait nullement l’intention de tester sa théorie dans l’espoir de désintéresser les journalistes à la longue. C’était trop tard de toute façon. Elle venait probablement de perdre ce qu’elle chérissait le plus au monde : la confiance de son enfant.

Dos à Marius, elle ne pouvait se résoudre à croiser son regard qu’elle cachait derrière ses doigts serrés. Elle avait honte. Honte de sa réaction, honte de lui avoir causé du tort, honte d’être incapable de contrôler ses émotions et de laisser la panique paralyser complètement son corps et son esprit. Les larmes roulaient le long de ses joues, le sang le long de ses pieds. Elle ne ressentait pas la douleur physique, ne réalisait pas à quel point sa course lui avait écorché la peau. Elle était effondrée, terrorisée, désorientée. Et pire que tout, honteuse. Elle tenta tant bien que mal de s’exprimer, de formuler une pensée cohérente, mais sa gorge était nouée et ses mots s’emmêlèrent. Une seconde plus tard, elle sentit les mains de Marius se poser délicatement sur ses poignets, et si sa première réaction instinctive fut de dégager ses doigts pour s’éloigner de lui – non pas parce qu’elle voulait le rejeter, mais bien parce qu’elle avait honte qu’il la voie ainsi – elle n’en eut pas la force. Ses paupières demeurèrent closes malgré tout, parce qu’affronter son regard signifiait voir la déception au fond de ses yeux et c’était une vision qu’elle n’était pas encore prête  à découvrir. Telle une poupée inanimée, elle se laissa guider et ses bras se retrouvèrent bientôt enroulés autour de sa nuque alors qu’il la serrait tout contre lui. Quelque chose se brisa en elle, une nouvelle barrière s’effondra et elle se laissa aller contre lui. Le sang battait furieusement contre ses tempes, un poids lui compressait les poumons, sa respiration s’en trouvant saccadée. Les larmes se déposèrent sur ses lèvres et elle secoua la tête dans un effort pour les en chasser. Puis, doucement mais sûrement, sa panique s’apaisa et elle retrouva suffisamment de force pour s’animer et serrer à son tour Marius contre elle, s’accrochant à lui comme à une bouée de sauvetage, comme si sa vie en dépendait. Elle sentit sa bouche effleurer son front et ses baisers sur ses cheveux. Il s’écarta alors d’elle et le peu de réconfort retrouvé permit à Colleen de s’assumer et d’ouvrir enfin les yeux alors que son doigt à lui glissait sur sa joue pour venir y recueillir une larme. Etonnamment, ce ne fut pas la déception qu’elle lut dans son regard, mais une peine qu’il semblait partager. Peut-être un peu de colère, aussi.

A l’évocation de sa fille, elle brisa le contact de leurs regards et baissa le visage. Inutile de se voiler la face, c’était de sa faute à elle si elle avait laissé ces abrutis lui voler la chance d’annoncer leur relation à Lou, pour reprendre les mots du Marius. Elle avait été lâche, incapable de prendre son courage à deux mains, et aujourd’hui elle ne pouvait que s’en mordre les doigts en réalisant les conséquences désastreuses de sa faiblesse. Elle fronça les sourcils alors qu’une nouvelle larme s’échappait de ses yeux bleus, puis, lentement, redressa le menton pour retrouver la chaleur des siens. Et elle secoua la tête. « Non » Fit-elle dans un murmure à peine audible, le nœud qui lui obstruait la gorge l’empêchant de parler plus fort. « Tu n’y es pour rien, j’étais d’accord pour sortir Marius. Tu n’y es pour rien » Répéta-t-elle. Elle refusait qu’il se sente coupable de quoi que ce soit, car s’il y avait bien une personne qui l’était, c’était elle. Toutes les décisions qu’elle avait prises en son âme et conscience avaient mené à cet instant. Sa participation à Race of Australia, son refus de parler à Lou de leur couple, son accord lorsqu’il lui avait proposé de sortir. Si elle avait agi autrement, si elle n’avait pas fait l’un de ces choix, elle n’en serait certainement pas là aujourd’hui. La faute lui revenait à elle, entièrement, inexorablement. Marius lui rappela qu’il était là pour elle et n’avait aucune intention de la quitter, et elle le fixa un moment avant de lui répondre. Parce que la vérité était que s’il voulait partir, il aurait sans doute raison. Elle avait réellement tout gâché, l’entraînant dans cette histoire quand il n’avait jamais rien demandé. « Tu es sûr ? Parce que… Je comprendrais si tu… ». Elle fronça les sourcils pour tenter de refouler l’énième larme qui menaçait de couler, mais n’y parvint pas. Agacée d’être incapable de dérouler sa pensée avec cohérence ou de se contrôler, elle la chassa d’un geste d’humeur. « Tu devrais m’en vouloir, Marius. C’est de ma faute si on en est là, j’aurais dû me montrer plus prudente ». Elle soupira. « J’aurais dû te protéger ». C’était la vérité, et il ne pouvait pas l’ignorer. Malgré tout, il lui proposa de rentrer et elle hocha d’un signe du menton avant de baisser les yeux. Son regard se posa alors sur sa main libre et elle se mordilla la lèvre en découvrant à quel point sa peau était rouge. Elle se souvint du coup de poing envoyé à l’auteur de la photo et son cœur se serra. « Mes pieds ne sont pas les seuls à avoir besoin d’un peu d’amour ». Elle saisit délicatement sa main et la porta à ses lèvres pour embrasser une à une ses phalanges meurtries. Puis, levant son visage vers lui, elle planta son regard dans le sien. « Emmène-moi loin d’ici » Le supplia-t-elle à moitié.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: Re: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) EmptyDim 27 Déc 2020 - 12:06


Démunis, voilà comment tu te sentais. Tu aurais aimé pouvoir protéger Colleen, pouvoir empêcher tout ce qui se passait actuellement autour de vous. Pouvoir remonter le temps pour ne pas faire les mêmes erreurs, pour ne pas sortir ce soir, pour qu’elle puisse avoir l’occasion de parler à sa fille avant que les choses ne dégénèrent. Tu n’avais jamais fait de commentaires à ce sujet à la jolie brune. Sa relation avec sa fille ne regardait qu’elle et tu n’avais pas à te mêler de ce que Colleen lui confiait ou non. Si elle t’en parlait, tu lui disais bien sûr qu’il valait mieux lui parler de votre relation dès que possible car tu avais vu de quoi Lou était capable quand elle était blessée et tu n’avais pas envi de te retrouver une nouvelle fois dans cette situation. Mais tu n’avais jamais poussé Colleen à parler de vous à sa fille. Elle avait le droit de le faire quand elle pensera que ce sera le bon moment. Cependant, il était désormais évident qu’il était trop tard. Lou n’allait pas tarder à mettre la main sur cette photo si ce n’était déjà fait. Jamais tu n’avais voulu créer de mésentente entre la mère et la fille et tu espérais sincèrement que Lou allait la surprendre et se comporter comme l’adulte qu’elle voulait être. Mais tu doutais que les choses soient aussi simples que cela. Et toi, au milieu de cette situation, tu n’avais pas d’autres choix que de regarder les choses se dérouler sans pouvoir protéger Colleen ni des journalistes, ni des personnes mal intentionnées, ni de la réaction de sa fille. Si tu pensais que cela permettrait d’arranger les choses, tu irais voir Lou mais non, cela n’arrangera rien du tout. Alors pour l’instant tu es là, la tête qui bourdonne encore de tout ce qui vient de se dérouler et tu regardes Colleen s’effondrer. Il n’y a pas d’autres mots pour ce qui se déroule sous tes yeux. Tu la regardes s’effondrer, les yeux embués de larmes, les pieds en sang, le corps tremblant. Ton coeur se serre à cette image parce que Colleen mérite d’être heureuse, Colleen ne devrait pas avoir à souffrir à cause de deux idiots qui veulent participer à la couse aux ‘Like’. Tu aimerais refaire apparaître sur ses lèvres le sourire qui n’avait pas quitté son visage pendant tout le repas mais tu sais que c’est impossible. Alors tu prends une grande inspiration et tu viens attraper les mains de Colleen pour les prendre dans les tiennes. Ses larmes se font plus visibles et tu as envie de frapper ceux qui les ont fait apparaître sur son visage mais tu ne ferras qu’aggraver les choses et cela n’aidera en rien la jeune femme. Alors tu la prends dans tes bras et tu espères de tout ton être que pour l’instant cela suffira. Tu la serres tout contre toi et tu la laisses pleurer alors que le traumatisme de cet évènement retombe tout d’un coup. Tu ne peux t’empêcher de t’excuser de l’avoir emmenée au restaurant, de l’avoir convaincue de sortir ce soir. Tu étais loin de penser que vous affronteriez une situation comme celle-là. Après tout, l’émission était terminée depuis plusieurs semaines, tu pensais que toute cette frénésie se serait calmée. Mais Colleen ne voulait pas de tes excuses car elle te dit : « Non. Tu n’y es pour rien, j’étais d’accord pour sortir Marius. Tu n’y es pour rien » Tu caressais doucement ses cheveux, la sentant s’agiter à l’idée que tu puisses te sentir coupable. Tu n’ajoutais rien, la laissant penser que tu acceptais son contre-argument. Pourtant, tu ne pouvais t’empêcher de te sentir un peu coupable. Tu aurais dû te douter que tout n’était pas terminé. Tu avais été naïf de croire que les gens étaient passés à autre chose. Colleen avait voulu garder sa vie privée pour elle, un choix que tu respectais et que tu comprenais sans mal toi qui n’aimais pas parler de toi. Mais en contrepartie, les gens se montraient bien trop curieux de découvrir ce qu’elle cachait dans cette vie privée. Ils allaient bien vite être déçus d’y découvrir un vieux professeur d’histoire de l’art mais qu’importe ce que tout le monde pensait, c’était l’avis de vos proches qui comptait et surtout celui de Lou. Parce que tu voulais rassurer Colleen et lui assurer ton soutien, tu lui dis que tu ne comptais aller nulle part. « Tu es sûr ? Parce que… Je comprendrais si tu… Tu devrais m’en vouloir, Marius. C’est de ma faute si on en est là, j’aurais dû me montrer plus prudente. J’aurais dû te protéger » Est-ce que ce n’était pas à toi de la protéger ? Tes soeurs te diront certainement qu’il n’y avait rien de plus paternaliste que cette idée mais tu avais été élevé dans un monde où l’homme prenait soin de la femme et pas l’inverse. Même si tu étais loin de t’imaginer empêcher Colleen de quoi que ce soit, tu ne pouvais t’empêcher de te dire que c’était à toi de la protéger. Et l’idée que tu puisses la quitter pour ce qui s’était passé ce soir te faisait froid dans le dos. Déposant un baiser dans ses cheveux, tu plongeais ensuite ton regard dans le sien, essuyant délicatement les larmes sur ses joues avant de lui répondre : « Ce n’est pas de ta faute si les gens ne savent plus ce que signifie le mot respect. Nous les avons sur-estimés, nous ne le referons plus. » Il était évident que vous n’alliez pas ressortir tous les deux de sitôt … « Et oui, je suis sur. J’ai souvent manqué de courage dans ma vie mais pour toi, il m’en reste encore en réserve. » Il y avait tellement de batailles devant lesquelles tu t’étais retiré par manque de bravoure et de courage que tu avais arrêté de les compter. Mais désormais tout cela était terminé. Désormais, tu allais affronter les situations qui se présentaient parce que Colleen le méritait tout simplement. « Mes pieds ne sont pas les seuls à avoir besoin d’un peu d’amour »La jolie brune attrapa ta main, celle qui s’était abattue sur la joue de votre photographe et vint déposer des baisers sur les plaies qui s’y étaient dessinées. Tu retins une petite grimace, tu avais oublié que toi aussi tu étais marqué. « Emmène-moi loin d’ici » Elle n’avait pas besoin de te supplier, tu n’avais pas l’intention de rester ici plus que nécessaire. Hochant rapidement la tête, tu t’éloignes de son étreinte pour lui ouvrir la portière. Tu l’aides à faire les quelques pas qui la séparent du siège et tu fermes ensuite la porte avant de monter du côté passager. Tu ne lui demandes pas où vous allez, ce soir vous allez rester chez toi. Tu n’es pas certain que de se retrouver dans sa maison entourée de tout ce qui lui rappellera Lou sera une bonne idée. C’est en silence que vous quittez Bayside et tu as du mal à croire que vous y êtes arrivés légers et avec le sourire … Tu te rassures en te disant que tant que vous étiez tous les deux, vous pourriez affronter les épreuves qui se préparaient. Tu espérais vraiment que ce soit le cas …

Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty
Message(#) Sujet: Re: to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen) Empty


Revenir en haut Aller en bas
 

to be left alone is the most precious thing one can ask of the modern world (colleen)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
30 YEARS STILL YOUNG :: 
écrire son histoire.
 :: nouer des contacts :: mémoire du passé
-