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 somebody please say grace so i can save face (olivia)

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Message(#) Sujet: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyDim 19 Juil 2020 - 15:47


Le silence règne dans l’habitacle. Ils ont quitté leur maison depuis quelques minutes et seront devant celle de ses parents d’ici peu de temps, ce n’est qu’une question de secondes désormais. Jacob ne peut s’empêcher de revivre les derniers événements dans son esprit, en repartant du mois de mars, là où tout semble avoir commencé. Il y a eu ce rendez-vous avec Jordan, sa nouvelle tradition depuis qu’ils se sont croisés dans les couloirs de l’hôpital et qu’ils ont compris partager le même jour de deuil. Il y a eu l’anniversaire de mariage foireux et cette soirée reconstructrice, puis ce rendez-vous réorganisé, peut-être amélioré après quinze longues années. Et ensuite, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’est-ce qu’il y a eu de plus important que de la prévenir, chaque jour, chaque nuit, à chaque fois qu’il la croisait dans l’un des couloirs de leur maison ? Je vais m’en aller deux semaines avec Jordan, mais je reviens vite. C’était simple, pourtant. Mais il lui a déjà dit cette phrase, il la répétera jusqu’à ce qu’il arrive à s’en délester : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Il lui a confessé son voyage seulement quelques minutes avant son départ pour l’aéroport, obligé ; elle l’a vu avec son sac sur l’épaule, en train de charger la voiture. Il aurait préféré lui envoyer un message de là-bas car s’il n’a pas su lui dire au cours des dernières semaines en face à face, il en aurait été incapable quelques secondes avant de partir. Il n’a pas eu le choix, et il n’a pas regardé sa réaction. J’ai besoin de souffler un peu, de me retrouver, c’est ce qu’il a prétexté. Je t’appelle en arrivant, qu’il a dit ensuite. Et puis il est parti à l’aéroport. Il s’est demandé si ça se passait comme ça, dans les mariages qui volent en éclats, si un jour la personne qui décide de quitter l’autre le fait ainsi. Si elle cache tout ce qu’elle ressent jusqu’au jour où elle déménage. Si elle laisse planer le doute jusqu’à ce que ça explose. Il s’est demandé s’il serait cet homme, lui aussi, s’il devait la quitter. Mais cette idée l’a quitté dès qu’il a retrouvé Jordan, il s’est rappelé qu’il partait là-bas seulement pour s’amuser et non pas pour dire adieu à son mariage. Ça l’a aidé, énormément. Mais le silence règne toujours dans l’habitacle et il comprend cette tension entre eux, il comprend qu’il a fait une bêtise, qu’il n’a pas bien géré la chose. Et ce dîner chez ses parents dès son retour n’arrange rien à la situation, il en a bien conscience.

Ils vont être content de nous revoir, ça fait longtemps. Il prononce ces quelques mots doucement en regardant Olivia à côté de lui, après s’être garé dans l’allée de ses parents. Il est rentré que depuis quelques jours et ils n’ont fait que de se croiser, ils n’ont pas eu le temps d’en discuter – comme si, de toute manière, ils étaient capables de discuter de quoi que ce soit. Il aurait aimé pouvoir lui demander pardon, mais il n’en a pas réellement envie, ces vacances lui ont fait du bien. Il regrette simplement de ne pas avoir été assez courageux pour lui annoncer plus tôt, mais là aussi, il ne veut pas s’excuser. Peut-être de la fierté encore enfouie au fond de lui, qui sait. Son regard se porte ensuite sur la porte d’entrée, qui est fermée, qui ne tardera pas à s’ouvrir sur ses parents. Ils auront un grand sourire sur les lèvres et ça lui donnera la nausée, il le sait déjà. S’il y a de la tension entre Olivia et Jacob, c’est encore pire entre le fils et les parents. Mais ça aussi, il n’a pas trouvé le courage d’en parler à son épouse. Il a trouvé toutes les excuses du monde pour ne pas lui confier ses trouvailles et ses doutes concernant ses parents, concernant l’infidélité de son père, concernant un enfant qui serait né d’une relation extraconjugale. Si eux seront contents de les revoir, ce n’est pas le cas de Jacob. Il n’est pas content d’être ici, il n’est pas content d’être seul avec Olivia, il n’est simplement pas content d’être rentré. Car toutes ses erreurs et tout ce qu’il était heureux de délaisser en partant avec Jordan, il les a retrouvés dès qu’ils ont de nouveau atterri en Australie. La culpabilité, la rancune, les doutes. C’est un tout, et ce soir il va être obligé de porter un masque pour ne rien montrer. Il ouvre sa portière et sort de la voiture, la verrouille et marche jusqu’à la maison familiale. Les Copeland vivent ici depuis toujours, il a grandi dans cette maison. Ça lui faisait toujours le même effet, avant, quand il venait ici. Il rappelait toujours à Olivia qu’il avait fait du vélo dans un coin là-bas et qu’il devait sa cicatrice au genou aux escaliers plus loin, des histoires qu’elle connaît par coeur mais qu’il lui conte à chaque fois qu’ils arrivent ici. Pas aujourd’hui, pas cette fois. Ça se veut très certainement suspect, mais lui est bien trop occupé à se concentrer pour que son père ne lise rien de négatif dans son regard. Si quelque chose ne va pas, il le sentira directement, il connaît trop bien son fils. T’es prête ? Qu’il demande à Olivia alors que la porte s’ouvre déjà sur eux, sans qu’il ait eu le temps de toquer. Elle n’a pas d’autre choix que d’être prête. Les voilà, les plus beaux ! La voix de sa mère se fait entendre au loin – très certainement dans la cuisine – alors que son père l’étreint déjà, lui puis Olivia. Ils ont toujours l’habitude de faire un câlin aux personnes qu’ils reçoivent, n’est pas Américain qui veut. Comment vous allez ? Son père a gardé l’habitude de poser des questions qu’on ne demande normalement plus à des parents endeuillés – il se dit que s’il leur demande suffisamment comment ça va, s’ils répondent suffisamment que ça va bien, ça finira par agir psychologiquement. Jacob jette un regard à Olivia en arrière puis entre dans la maison, haussant ses épaules. Comme toujours, mh. C’est au tour de sa mère de venir les accueillir, la bonne odeur du repas la suivant de la cuisine. Vous nous avez manqué, elle avoue, alors qu’elle enlace déjà son fils comme s’il avait encore cinq ans. Tu as bronzé toi, non ? Une question qu’il préfère déjà esquiver alors qu’elle salue également Olivia. Ça sent bon, qu’est-ce que tu nous as préparé ? Il s’éclipse dans la cuisine pour aller voir, après avoir retiré sa veste de costume pour la déposer sur le canapé – vielle habitude. Et sa mère s’active déjà à la ramasser pour la suspendre, vieille habitude également.

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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyLun 20 Juil 2020 - 19:08



Olivia Marshall & @Jacob Copeland ✻✻✻ Pas un mot dans la voiture, pas un mot à la maison, pas à un mot depuis des jours ; ce n’était pas tout à fait vrai mais comptaient-ils réellement ceux qui avaient été prononcés depuis son retour ? Non, pas vraiment. Aucunement en réalité mais peut-être était-ce pour le mieux. Peut-être n’avais-je pas réellement envie d’entendre les autres, de devoir y faire face, de devoir m’en protéger car je ne le faisais jamais de la bonne façon. Pas un mot, non, alors que nous étions à présent à mi-chemin, perdus dans nos pensées peut-être similaires mais incommunicables, balancées au rythme inexorable de la voiture sur la chaussée avalée. Honnête, je lui aurais avoué que je ne savais pas quoi lui dire et peut-être en aurait-il fait de même. Cela n’aurait pas été grand-chose mais cela aurait été quelque chose. Il avait l’air résigné, à attendre que cela passe. Et je m’étais montrée distante. Nous nous étions abrités derrière nos rôles habituels, sans même nous concerter. Mais cela ne pouvait pas continuer, cela ne pouvait pas perdurer alors que nous étions sur le point de passer la soirée, coincés entre son père et sa mère, le regard inquisiteur du premier fixé sur nous, celui plus inquiet de la seconde virevoltant entre nos deux postures sans oser trop s’y attarder pour ne rien déclencher. « Ils vont être content de nous revoir, ça fait longtemps. » Je levai mon regard de l’écran de mon téléphone, oubliant déjà le contenu du mail que je ne lisais pas vraiment, pour me rendre compte que nous étions arrivés, déjà, garés en face de la maison familiale et familière. Celle tant appréciée il n’y a pas si longtemps, celle n’apportant aujourd’hui que son lot d’obligations et de faux-semblants pour ne pas heurter les parents de Jacob, ne pas les inquiéter outre-mesure. « J’ai cru comprendre. » répondis-je simplement en détachant ma ceinture. Ses parents ne m’avaient guère laissé le loisir d’imaginer que ma venue n’importait pas, qu’ils se feraient à l’idée, une nouvelle fois, de n’accueillir que leur fils sous le prétexte de mes horaires imprévus. Mary Copeland m’avait appelée plusieurs jours auparavant, la voix légère au téléphone, m’indiquant avec douceur qu’il n’était pas nécessaire d’amener quoique ce soit, qu’elle se chargeait de tout. J’ignorais ce que Jacob lui avait dit, ou s’était abstenu de dire, mais son appel avait sonné comme une excuse, une toute trouvée pour s’assurer elle-même de ma présence de la manière la plus délicate qu’elle ait trouvée. Michael Copeland, quant à lui, n’avait pas employé la même subtilité lors de son appel quelques heures plus tard, réitérant leur invitation avec le caractère qu’il me savait apprécier, celui ne laissant pas de place au peut-être, celui qui enjoignait le oui.

Je laissai les talons de mes chaussures rencontrer l’allée pavée en descendant de la voiture, croisant une seconde le regard de Jacob alors qu’il me rejoignait de mon côté, simplement une seconde, suffisante néanmoins pour me donner l’impression qu’il s’agissait là de notre premier véritable échange depuis son retour. L’était-il réellement, d’ailleurs ? Revenu ? Son corps était rentré, son esprit resté à New-York, puisqu’il s’agissait de sa destination, je l’avais appris plus tard. Bien plus tard. Des heures après l’avoir surpris, sa valise à la main, sur le départ. Pour combien de temps ? Il ne l’avait pas dit, il n’avait rien dit, défait peut-être d’avoir à se justifier lorsque tout avait laissé penser qu’il n’en avait pas eu l’intention. J’ai besoin de souffler un peu, de me retrouver. Ses paroles s’étaient heurtées à un écho résonnant entre mes tempes, la crispation de mon corps ayant été la seule à pouvoir répondre à l’effacement du sien. C’était tout ce qu’il avait réussi à me souffler avant de s’en aller, incapable de rendre cela plus réel, me condamnant ainsi à l’abstrait, à l’évasif lorsque rien ne l’avait été, en le voyant partir. C’était triste, presque tragique de constater à quel point les mots semblaient être usés, banals. Je le pressentais, pourtant, l’aveu de forfait dissimulé derrière l’éclat cendré de ses soupirs. Une fois. Juste une fois ; deux en réalité : baisser les armes, et récolter ce que je méritais en retour, ce qu’il avait lui-même subi tant de fois par ma faute, ce qu’il s’était donné le droit de me rendre à son tour durant deux longues semaines. Tu t’es sentie comment, Liv ? Trahie ? Abandonnée ? Stupide. Stupide était tout ce que je m’étais laissée aller à assumer lorsqu’il y avait eu tout le reste plus envahissant pourtant, plus accablant, plus dévastateur. Ce soir pourtant, sur le seuil de la bâtisse cossue, protégés par la pierre de tuffeau et ses haies soigneusement alignées, la fulgurance devait revenir et oser faire croire aux parents attentifs qu’elle n’avait jamais cessé. Étais-je prête à le faire, pour eux, pour ceux qui m’avait accueillie dans leur famille comme la fille qu’il n’avait jamais eu ? Pour ceux qui, depuis des années, me considéraient et m’aimaient, mieux que ne l’avaient sans doute jamais fait mes propres parents ? J’étais là, après tout. Et toi, Jacob ? Il n’en avait pas l’air, les gestes comme un automate et le visage fermé. « T’es prête ? » Je m’enserrai dans mon mutisme pour quelques secondes encore, les cheveux bruns libres sur mes épaules venant encercler les vestiges de ce que je ne lui avais pourtant pas reproché, un voile de fumée entre mes doigts que je cendrais dans l’espace réservé à cet effet, juste à l’entrée, pour son père. Jacob n’arrivait pas à faire semblant, ou peut-être y parvenait-il avec tout le monde mais en vain, avec moi. Je pouvais deviner ses réticences et ses pensées ombrageuses en croisant son regard qu’il m’ôtait déjà, sans doute conscient de ce que je parvenais à y lire, me refusant l’accès car ce n’était pas le moment ; la porte s’ouvrait, déjà.

« Les voilà, les plus beaux ! » La voix de Mary vint tinter à mes oreilles, mélodieuse quoiqu’éloignée et je retrouvais ma prestance tandis que le regard de son mari se posait tour à tour sur Jacob, puis sur moi. « Comment vous allez ? » Jacob s’avançait déjà et je perdis son regard lorsque la silhouette de son père se présenta devant moi. « Comme toujours, mh. » J’acceptais l’étreinte sans forcer le moindre sourire, me reculant ensuite d’un pas pour lui présenter la bouteille de vin rouge. « Michael, comme promis. » Je le laissais s’en emparer et plisser les yeux pour déchiffrer l’étiquette vieillie par les années. « Jacob a choisi. » Il n’avait pas choisi à vrai dire, s’était contenté d’attraper la première bouteille sur laquelle il avait pu mettre la main après que je lui aie évoqué ma conversation avec son père, m’enjoignant sur la fin de nous rapporter une bouteille digne de ce nom, son épouse surveillant sa consommation comme du lait sur le feu depuis plusieurs mois. « Vous nous avez manqué. Tu as bronzé toi, non ? » Je me tournais pour apercevoir Jacob dénouer les bras de sa mère autour de son cou et s’avancer vers la cuisine, éludant l’interrogation sonnant faux à mes oreilles, également. Il avait bronzé, oui, ils avaient remarqué, eux aussi. « Ça sent bon, qu’est-ce que tu nous as préparé ? » Je fronçais le nez en un sourire imperceptible alors qu’elle ouvrait ses bras devant moi, recherchant l’étreinte que je n’avais fait qu’esquiver ces dernières semaines. « Je suis contente que tu aies réussi à te libérer. » me souffla-t-elle à l’oreille alors que sa bouche atteignait la courbe de mon oreille et je me reculai finalement en y glissant une mèche de mes cheveux, touchée sans le montrer par sa bienveillance chaleureuse. Elle l’était réellement, prête à m’envelopper de son indulgente amnésie pour ne pas revenir sur mes nombreuses autres absences. « J’espère que tu ne t’es pas donné trop de mal. » Elle s’éloignait à ses mots, m’intimant à la suivre en saisissant mon poignet alors que son autre main s’agitait dans les airs pour me signifier que non. « Deux semaines qu’elle attend le retour de son fils comme s’il était parti à la guerre, bien sûr qu’elle s’est donné du mal. » Jacob se retournant à cet instant, je le contournai en le frôlant pour m’avancer aux côtés de sa mère et du plan de travail. « Je peux aider ? » La question était adressée à Mary, certainement, mais c’était pourtant en direction de Michael, la bouteille à la main, que je lançais un regard en m’emparant du tire-bouchon. J’ignorais encore qui, de Jacob et moi, allions en avoir le plus besoin.






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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyJeu 30 Juil 2020 - 22:55


J’ai cru comprendre. Il regarde Olivia et se demande à quoi elle pense, son avis sur la situation ; est-ce qu’elle voulait aller à ce dîner ? Non. Bien sûr qu’elle ne le voulait pas, lui non plus. Il n’a jamais réellement apprécié ces dîners-là, dès le premier aux côtés de celle qui allait, par la suite, devenir sa femme. Parce que ses parents ont toujours tout fait pour qu’elle se sente à l’aise, mais également pour s’immiscer dans leur vie et y glorifier chaque élément, comme si le moindre geste valait de l’or, comme s’il y avait du beau dans toutes les situations. La mort de June n’a rien changé à cela, ils trouvaient toujours des mots rassurants à prononcer, des garanties différentes, des tas de sujets à aborder pour ne pas y penser. C’était trop difficile pour Olivia, qui restait à la maison, ne restait que Jacob dans le rôle qu’il avait toujours occupé – un enfant malheureux, seul au milieu de ses deux parents. En deux ans, elle ne l’a accompagné qu’une poignée de fois, qui se comptent très certainement sur une seule main. Ils étaient compréhensifs envers elle, beaucoup moins envers leur fils. Ils disaient à Jacob qu’il devait mieux s’occuper d’elle, mieux la consoler, mieux la tirer vers le haut. La pression qu’ils ajoutaient sur ses épaules ne l’aidait pas, quand il rentrait à la maison, quand il voyait qu’il avait malgré tous ces reproches passé une bien meilleure soirée qu’elle, seule avec elle-même. D’après eux, ce soir, ça doit être différent. Ce soir, tout le monde ira bien, tout le monde rigolera, tout le monde passera une merveilleuse soirée. Il aurait été tenté de le penser, lui aussi, il y a quelques semaines, quand il ignorait encore tout du passé de son père, des secrets de sa mère. Ce soir, il en veut à ses parents, il en veut à Olivia – et c’est très certainement réciproque – mais ils vont passer une bonne soirée. Parce qu’ils vont être contents de les voir, c’est ce qu’il a dit, non ? Il prend le temps de lui demander si elle est prête, mais ça ne sert plus à rien, la porte s’ouvre et les problèmes commencent déjà. À ses yeux, ce sera à celui qui sait le mieux mentir, le mieux camoufler, le mieux exagérer. Parce qu’il n’y aura que des ressentiments autour de cette table, comment sa mère a pu pardonner à son père, comment est-ce qu’il peut leur pardonner à eux, comment est-ce qu’il peut pointer du doigt une infidélité sans blâmer Olivia également, comment est-ce qu’elle peut ne pas lui reprocher son départ précipité ? Il y a trop de paramètres, trop d’enjeux, ce n’était pas le bon soir et il en est persuadé.

Il esquive les premiers sujets qu’il ne veut pas aborder. Comment ils vont ? Est-ce qu’il a bronzé ? Pas la peine de déblatérer deux ans sur le sujet, ça ne va pas, et il est parti au soleil parce que ça n’allait pas également. Certes, il y a eu des améliorations entre eux, mais il n’a pas su faire la part des choses, il n’a pas su accepter de troquer un moment de répit contre deux années de souffrance. Il s’éclipse dans la cuisine en prétextant apprécier l’odeur, c’est la vérité, il a toujours adoré la cuisine de sa mère mais ce soir, ce n’est qu’un prétexte. Inutile, pourtant, parce qu’il est suivi par sa mère, sa femme et son père, presque au pas. J’espère que tu ne t’es pas donné trop de mal. Jacob ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire à cette remarque, en se disant que si, lui, il espère qu’elle a passé de longues heures derrière les fourneaux et que c’était on ne peut plus fatigant. On a le châtiment que l’on mérite, et il ne voit pas comment punir sa mère autrement qu’avec cette idée-là, enfantine pourtant. Deux semaines qu’elle attend le retour de son fils comme s’il était parti à la guerre, bien sûr qu’elle s’est donné du mal. Il jette un regard à son père et hausse ses épaules. Je suis un peu parti à la guerre, je dois te rappeler pourquoi on a quitté New York ? C’est à la fois un reproche et une simple constatation, son père a mis derrière les barreaux une multitude d’hommes qui ne méritaient que ça, mais à quel prix ? Il ne regrette pas sa vie en Australie, s’il n’avait pas posé ses valises par ici dès son plus jeune âge, il n’aurait jamais connu Olivia. Il ne croit pas que tout arrive pour une raison, mais ça, peut-être bien que si. Michael ne relève finalement pas et reporte son attention sur Olivia et le tire-bouchon qu’elle vient d’empoigner. Je peux aider ? Le blond attrape le couvercle de la marmite pour regarder ce qu’il y a à l’intérieur, il a à peine le temps d’attraper une cuillère pour goûter que sa mère lui frappe la main, comme s’il avait encore cinq ans. Pas touche, qu’elle dit, alors qu’elle se retourne vers Olivia. Je m’occupe de tout, allez vous asseoir dans le salon, je vous rejoins juste après. Jacob ne l’écoute que d’une oreille, trop concentré à quand même goûter la sauce sans se faire repérer, le temps qu’elle lui tourne le dos. Quand elle se retourne à nouveau vers lui, il cache la cuillère dans son dos et lui fait un grand sourire, mais ne peut pourtant pas s’empêcher de lui faire une remarque. T’en fais pas, on le sait tous ici que tu t’occupes toujours de tout. Il prononce la fin de sa phrase en regardant son père, il le vise lui, particulièrement. Parce que sa mère était complice de ses méfaits, parce que c’est très certainement sa mère qui a essayé – en vain – de saccager toutes les preuves de ses infidélités, de cet enfant caché – qui ne l’est plus réellement. Son père détourne le regard et tend la bouteille à Olivia, à son tour. Allez viens, on écoute la maîtresse de maison. Quelques mots avant de s’enfuir dans le salon, tandis que Jacob soupire bruyamment, geste justifié par le fait qu’il n’a pas le droit de goûter le plat officiellement, par le fait que les réactions malhonnêtes de son père l’agacent officieusement. Sa mère lui jette un regard froid et lui fait un signe de tête vers le salon. Toi aussi, t’es pas exclu. Encore une remarque à laquelle il ne peut s’empêcher de répondre en grognant comme un gosse. Ouais, cette fois-ci. Il les rejoint dans le salon et regarde son père s’installer dans le fauteuil après avoir servi un verre à chacun, le sien déjà ancré dans sa main, il ne bougera plus de la soirée. Alors papa, t’as de nouvelles choses à nous raconter ? Il s’installe sur le canapé à côté d’Olivia, là où est sa place normalement, là où il ne se sent pas à l’aise cette fois-ci. Lors de tous les repas qu’ils ont fait ici, avant, il passait son bras derrière ses épaules, son verre dans l’autre main, le sourire jusqu’aux oreilles. Il ne le fait plus depuis deux ans, il ne le fera certainement pas ce soir. J’ai assez fait de raconter toutes mes péripéties, je passe mon tour. Olivia, du nouveau ? Le regard de son père est bien plus inquisiteur que celui du fils, il la sonde, comme s’il cherchait à lire en elle. Il parle du travail, de ce qu’elle ressent, de June, de tout. Et à vrai dire, Jacob veut bien avoir la réponse lui aussi, mais ce n’est pas à elle qu’il veut tirer les vers du nez. T’en as pas marre de lui poser toujours cette question ? Il prend sa défense comme si elle n’était pas capable de parler pour elle-même, chose qui n’a jamais plu ni à son père, ni à sa mère, peut-être même pas à Olivia. Pas encore, non. Réponse du paternel qui se veut sans appel, Jacob s’enfonce dans le canapé et porte son regard sur Olivia, le coude posé sur l’accoudoir du sofa, la main portant sa tête déjà trop lourde de mauvaises pensées. Il veut juste que tu lui dises à quel point tu as aimé ta vie sans mari durant deux semaines, le connaissant. Il bougonne dans son coin, il a pourtant raison, son père cherche à savoir si elle a supporté son absence ou non – il a envie d’émettre une nouvelle hypothèse qui dirait que si elle peut se passer de Jacob, elle pourra se remettre de June. Sa mère les rejoint finalement et prend place dans l'autre fauteuil, à côté de celui de son mari, prête à suivre et peut-être participer à la conversation, toujours dans l'ombre de l'homme de la maison.

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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyLun 24 Aoû 2020 - 16:40



Olivia Marshall & @Jacob Copeland ✻✻✻ « Je suis un peu parti à la guerre, je dois te rappeler pourquoi on a quitté New York ? » Je me tournais en direction de Mary, le tire-bouchon déjà en main alors que le verre tant espéré manquait toujours à l’appel. Je peux aider ? Certainement pas en assistant sa mère en cuisine puisqu’elle ne me le permettrait pas, la main mise sur chacun des ustensiles, le regard couvant son plat finissant de mijoter. En occupant son père par contre, en lui attribuant la tâche d’ouvrir la bouteille que je lui avais déjà mise entre les mains, celle qui devrait suffire pour l’instant pour le détourner de l’insinuation de son fils. Je n’avais pas besoin de regarder Jacob pour pressentir qu’il s’agissait ici de la première mais certainement pas de la dernière, les intonations de sa voix se chargeant de me souffler l’étendue de sa lassitude et de son agacement – envers son père, sa mère, moi ou l’entièreté du monde, je n’en avais encore aucune idée et n’étais moi-même pas d’humeur à devoir le deviner. Impossible de savoir s’il en était de même pour Mary ou si cette dernière refusait simplement d’ouvrir les yeux sur l’humeur morose de son fils, trop heureuse de pouvoir le retrouver penché au-dessus de son plat comme au temps qui n’avait jamais cessé de lui manquer, sa main ne claquant doucement sur la sienne que par nostalgie, son regard s’efforçant de se durcir pour le principe.  « Pas touche. Je m’occupe de tout, allez vous asseoir dans le salon, je vous rejoins juste après. » « T’en fais pas, on le sait tous ici que tu t’occupes toujours de tout. » Je préférais rester ici. Je préférais feindre le mouvement lorsque nous ne faisions tous que l’observer virevolter aux quatre coins de la pièce plutôt que retrouver la place sur le canapé que je n’avais plus fait mienne depuis de nombreux mois, plutôt que de me sentir ignorante de ce qui semblait tirailler mon propre mari. J’ignorais ce qu’il pensait, ce qu’il voulait taire ou au contraire voir exploser. Je demeurais consciente, cependant, qu’il n’avait pas l’air d’avoir la moindre envie de m’éclairer, de faire de ses ressentis les miens comme ils l’avaient toujours été, de m’inclure dans sa bataille pour la faire notre. Il avait raison après tout, il y avait longtemps qu’elles s’étaient dissociées et peut-être ne désirais-je plus qu’une seule chose à présent : m’emparer de la bouteille débouchée que son père me tendait et simplement oublier, oublier que cela n’avait servi à rien ; nos moments de nouveau partagés, nos regards à nouveau échangés, notre complicité un instant retrouvée ; oublier que nous ne faisions que revenir ce soir, affaiblis comme auparavant. « Allez viens, on écoute la maîtresse de maison. » Je haussai les épaules, laissant un air amusé se peindre sur mon visage depuis trop longtemps habitué à donner le change alors que j’arquai un sourcil en direction de son épouse. « Est-ce qu’on a le choix ? » Bien sûr que non, elle n’attendait que ça, nous accompagnant presque sur le chemin nous menant à la pièce de vie. Le reste, je l’entendis à peine, incapable de discerner les mots exacts éveillant de nouveaux grommellements étouffés de la part de Jacob alors que je m’asseyais au bord du canapé que les années ne parvenaient pas à affaisser.

Il y a deux ans encore, je prenais place au milieu, laissant à Jacob la place la plus proche de l’accoudoir sur lequel il aimait s’appuyer, son corps me suffisant pour recueillir le mien. Il y avait ensuite son bras sur mes épaules et ma main sur son genou, les secrets dans nos sourires parsemant le cours de la soirée avant que l’un ne finisse par glisser sa main dans celle de l’autre en lui murmurant un « on y va ? » inaudible mais suffisant pour deviner notre impatience de retrouver le clos de notre propre chez-nous, notre intimité trépignante de s’y jouer de nouveau. Il n’y aurait rien de tout cela ce soir et, si j’avais pris place de l’autre côté du canapé pour faciliter la tâche de Michael à me servir, j’y demeurais à présent pour une toute autre raison. « Alors papa, t’as de nouvelles choses à nous raconter ? » Je retrouvais le dossier moelleux du canapé dans mon dos en retenant un soupir n’ayant pas encore lieu d’être. Il ne tarderait pas cependant alors que le regard de son père attrapait déjà le mien puisqu’il leur fallait apparemment un médiateur ce soir, regard que je ne détournais pas car je n'avais plus la diplomatie nécessaire pour occuper ce rôle. « J’ai assez fait de raconter toutes mes péripéties, je passe mon tour. Olivia, du nouveau ? » Je le connaissais bien trop aujourd’hui pour ne pas voir clair dans son jeu, me permettant d’arquer un sourcil dans sa direction en répliquant presque instantanément : « C’est un retour à l’envoyeur normalement, non ? » S’il avait quelque chose de précis à me demander, il lui faudrait le faire sans emprunter de détours, il le savait et nous nous appréciions pour cela, pour les pincettes que nous n’employions pas l’un avec l’autre, pour la franchise qui nous caractérisait, pour la hardiesse à laquelle nous forcions quiconque désireux de nous percer à jour d’affronter. « T’en as pas marre de lui poser toujours cette question ? » Et j’entendais les reproches que Jacob osait lui adresser à travers moi, devinais ceux qu’il essayait encore de garder en lui. « Pas encore, non. » Je pouvais apercevoir tout cela, noter ces détails qui racontaient une partie de leur histoire que je n’arrivais pas à saisir alors que je pensais en posséder toutes les nuances. L’affrontement silencieux ne dura sûrement que quelques secondes, un temps fou durant lequel je devinais les pupilles de Jacob se dilater sous l’éclairage du salon, puis devenir froides et petites comme des billes devant l’insistance de son père. J’emmêlais d’une main distraite mes cheveux en laissant un sourire s’esquisser sur mes lèvres, permettant à la légèreté de s’insuffler à nouveau dans les veines de Michael se tournant dans ma direction. « Mes histoires ne t’ont pas encore lassé, c’est bon signe. » Et tant mieux puisqu’il s’agissait là de tout ce qu’ils obtiendraient de ma part ce soir, des histoires, des faux-semblants, des faux sourires ; celles qu’ils désiraient entendre, ceux qu’ils espéraient recevoir, ceux qu’ils désespéraient de retrouver sur mon visage. La soirée était à remplir, le vide à combler, à calfeutrer. Et Jacob, cette fois-ci, n’avait visiblement aucune envie d’occuper ce rôle ingrat. « C’est parce que je les enrobe de plus de rebondissements qu’il n’y en a en réalité. » C’était ces rebondissements que j’avais refusé d'inventer depuis l’accident de June et Jacob, incapable de présenter un visage convenable à ces dîners quasi-hebdomadaires lorsque les sourires de sa mère me paraissaient inconvenants et les encouragements de son père offensants. Lorsque les premiers mois, je me faisais l’effet d’une feuille morte saisie par le gel, attendant seulement d’être effleurée pour craqueler et s’effriter au plus léger toucher. Et que les suivants, j’étouffais les hurlements de rage au fond de ma gorge, me contentant d’entendre leurs échos dévastateurs tourner de longues heures dans ma tête pour ne pas avoir à les blesser, eux, comme je blessais leur fils.

« Il veut juste que tu lui dises à quel point tu as aimé ta vie sans mari durant deux semaines, le connaissant. » J’observais Mary venant prendre place aux côtés de son mari pour ne pas avoir à regarder le mien, abordant le sujet dont je ne voulais pas avoir à m’emparer, pas devant eux, ou peut-être pas tout court. Pas pour l’instant. « Deux semaines seulement ? » J’en avais vu passer chaque seconde, de qui me moquais-je ? De moi, certainement. De lui, forcément. « Une éternité pour toi aussi, alors ? Et avec tout ça, impossible de le joindre comme on le voulait. » Un sourire presque doux vint se dessiner aux commissures de mes lèvres alors que les mots qui suivirent sonneraient sans doute plus froids aux oreilles de Jacob. « Fichu décalage horaire, oui. » Ce dernier n’excusait rien lorsque notre relation avait commencé ainsi, à distance, et qu’aucun fuseau horaire n’était jamais parvenu à nous éloigner en ce temps, multipliant les nuits blanches s’il le fallait pour entendre sa voix me bercer jusqu’au lever du jour. Pas cette fois-ci. « Mais je ne me souvenais plus de ses dernières vacances alors si ça lui a fait du bien ... » C’est l’essentiel. Le plus important. Ça me suffit. N’importe lesquels de ces mots auraient suffi à terminer cette phrase qui vint pourtant se perdre entre mes lèvres et un haussement d’épaules. Mon regard désinvolte s’égara sur son visage, hâlé. « Et c’est le cas, apparemment. » Je n’attendais pas de réelle réponse de sa part, aucune ne saurait être sincère face à ses parents, ou pas entièrement, et il ne valait mieux pas car je n’étais pas certaine de vouloir affronter l’entière vérité devant témoins. « Ça l’est ? Tu en as profité ? » Ça, par contre, il m’aurait fallu le prédire, la perche que son père n’hésita pas à faire sienne, rebondissant sur mes mots pour interroger son fils. L’alcool douceâtre effleura mes lèvres alors que je portais le verre à mes lèvres sans plus les regarder. En temps normal, j’aurais changé de sujet, l’aurais épargné de questions qu’il n’était clairement pas d’humeur à recevoir, de réponses qu’il ne voulait vraisemblablement pas fournir. J’aurais fait le tampon, figure d’esquive. Mais pas ce soir. Pas lorsque j’avais dû le regarder s’engouffrer dans notre voiture, les lèvres closes et la valise à l’arrière. Et je me forçais à ravaler ma douleur, à taire mes reproches mais j’avais dû me contenter de sa destination et d’un prénom, Jordan, sur lequel je n’avais jamais eu l’occasion de mettre un visage, alors il pouvait bien y faire face à son tour. Alors, tu en as profité ?






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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyLun 21 Sep 2020 - 1:34


Il aimerait pouvoir mettre le temps sur pause. Que les aiguilles arrêtent de tourner, que le vent arrête de souffler, que les nuages arrêtent de bouger. Il aimerait que le monde entier s’arrête de respirer le temps de quelques minutes, s’accorder un répit et l’offrir également à Olivia. Ils ont besoin de discuter tous les deux avant de se confronter aux autres. Mais ses désirs ne sont pas des ordres, ce soir comme à l’accoutumée, et ils sont déjà où il n’a pas envie d’être. Ce repas n’est pas une bonne idée. Maintenant qu’ils sont entrés dans la demeure de ses parents, il se le confirme : il se le disait déjà avant d’arriver jusqu’ici et cherchait une raison pour se contredire lui-même. Désormais, il sait qu’il n’en existait aucune et que c’est pour cela qu’il n’a pas réussi à esquisser le moindre sourire avant de se positionner devant sa mère. Parce que le piège vient de se refermer sur lui et qu’il arrivera à gagner la partie que s’il réussit à le retourner contre eux. Il ne sait pas encore s’il fera d’Olivia une alliée ou une ennemie, ce soir, mais il ne peut pas la mettre dans la confidence. Autrefois, il lui accordait une confiance aveugle et n’aurait pas hésité une seule seconde à lui parler des infidélités de son père mais aujourd’hui, il lui est impossible de penser à ce sujet-là sans lui coller une étiquette « coupable » sur le front, à elle aussi. Ils sont dans le même bateau et s’il en blâme un, il doit sévir avec l’autre. Mais c’est Olivia et quand il la regarde, après deux semaines sans avoir pu poser ses yeux sur elle, il ne sait pas sur quel pied danser. Alors pour l’heure, il évite de poser ses yeux sur elle et cherche à embêter sa mère, à trouver au fond d’elle des réponses qu’il n’a pas encore réussi à se procurer par lui-même. Pourquoi leur grand secret familial se trouvait à sa merci, dans le grenier, presque prêt à être découvert ? Pourquoi il n'a pas de réponse à cette question-là également ? Il ne sait rien, jamais. Ça fait longtemps qu’il a été éjecté de toutes les conversations sérieuses, peut-être trop détruit pour regagner une quelconque importance, peut-être trop amoureux à une époque pour avoir le droit à une quelconque confiance. Mais il n’obtient rien d’elle, elle le chasse comme elle l’a fait avec sa femme et son père il y a quelques instants : il est prié de rejoindre le salon, de les rejoindre eux et de se tenir correctement. Pour la conduite, on repassera très certainement : il s’attaque à son paternel sans attendre plus longtemps et lui demander s’il a des histoires à leur conter. Et celui qui baratine des foules entières et son propre fils depuis des années semble ne rien avoir à dire car il relance cette même question à Olivia, qui n’a pas l’air de vouloir parler plus que lui. C’est un retour à l’envoyeur normalement, non ? Et même si Olivia n’a pas besoin du secours de Jacob, il vole aussitôt : plus pour agresser son père que pour défendre sa femme, mais l’un n’empêche pas l’autre. Mes histoires ne t’ont pas encore lassé, c’est bon signe. Il suit les lèvres d’Olivia pour en écouter tous les mots qui en découlent, pas vraiment certain du sens de ceux-ci. À lui, elle ne lui raconte plus d’histoires, le silence est maître depuis des mois – bien qu’il l’était un peu moins avant qu’il ne décide de fuir avec Jordan pour l’Amérique. C’est parce que je les enrobe de plus de rebondissements qu’il n’y en a en réalité. Tout le monde s’en doutait, dans la pièce, avant qu’elle ne le dise elle-même. Et sur ces mots, Michael Copeland semble presque avoir envie de lever son verre. Bienvenue au club, il se contente seulement de ces quelques mots. Pour eux deux, ça ne semble pas être mentir que de camoufler les vérités – souvent blessantes – dans des cocons plus agréables à l’oreille. Ils se sont toujours bien compris, bien entendus, aujourd’hui plus que jamais aux yeux de Jacob puisqu’ils partagent un secret similaire – sans le savoir, certes.

Finalement, Jacob prend son courage à deux mains et décrypte les questionnements de son père : il veut seulement entendre de la bouche d’Olivia comment était sa vie sans mari, sans enfant. Seule, totalement. Et par cette question-là, il ne cherche pas à être cruel ou à blesser qui que ce soit, il veut pointer du doigt des détails qu’ils ne doivent pas percevoir habituellement. Du moins, c’est ce dont il est persuadé, car tous les deux savent désormais que vivre l’un de l’autre n’est pas une chose aisée, mais ils ont également compris qu’ils se manquent même lorsqu’ils sont dans la même pièce. Ce n’est pas son départ qui a causé une fracture dans leur couple, Jacob le sait très bien et n’a pas besoin de l’expliquer à son père pour qu’Olivia le sache également. Deux semaines seulement ? Et Jacob suit du regard cet échange, comme habitué à ce que l’on parle de lui alors qu’il est dans la même pièce. Il l’a subi toute son enfance et à quarante ans, ça n’a pas encore changé. Une éternité pour toi aussi, alors ? Et avec tout ça, impossible de le joindre comme on le voulait. Fichu décalage horaire, oui. Il souffle légèrement et se redresse un peu dans le canapé, comme réveillé à ces derniers mots. Et ça ne vous est pas venu à l’esprit que même si le téléphone sonnait à des heures raisonnables, je n’avais simplement pas envie d’y répondre ? Il s’adresse surtout à ses parents, là, parce qu’il a effectivement appuyé sur le bouton rouge quelques fois. Olivia n’a pas insisté, elle. Mais il croise son regard, une seconde seulement et, indirectement – peut-être en le désirant secrètement – il la met dans le même lot. Ils font l’effort de ne pas relever ce qu’il vient de dire, comme s’ils n’avaient jamais essayé de le joindre et restent à l’écoute d’Olivia. Mais je ne me souvenais plus de ses dernières vacances alors si ça lui a fait du bien… Un silence qui vaut mille mots, une fois encore. Et c’est le cas, apparemment. Il regarde une nouvelle fois Olivia mais rapidement, c’est sur son père que ses yeux s’arrêtent. Son père et ses questions qui en posent trois autres, sans avoir besoin de les dire précisément. Ça l’est ? Tu en as profité ? Il se pince les lèvres une seconde, il n’a pas le droit de faire un scandale maintenant. Il veut que ce soit entre eux, entre hommes, mais il semble le chercher et Jacob n’est pas d’humeur. Il ne peut pas supporter ses indiscrétions et ses sous-entendus sans les comparer à lui-même et à l’homme qu’il est finalement, tout en prétendant être un père et un mari exemplaire. J’en ai profité, oui. Pas à ta manière, mais j’en ai profité. Et sa manière, il faut connaître l’histoire pour la deviner ou lire la culpabilité dans le regard du paternel qui préfère boire une gorgée que répondre à son garçon. Jacob se penche vers la table pour attraper son verre, à son tour, et se replace correctement contre le dossier du canapé. J’étais avec un petit jeune que je connais depuis pas mal de temps maintenant. Il ne précise pas qu’il l’a retrouvé dans les couloirs de l’hôpital, il ne précise pas qu’il a perdu June quand cet homme a perdu sa femme. Il vaut mieux taire ces détails-là. J’ai mangé que des choses pas saines et profité du soleil qu’on n’avait plus ici, mais je suis de retour, maintenant. Et bizarrement, sur ces mots, il a envie de poser sa main sur la cuisse d’Olivia. Et cette fois-ci, ce désir se transforme en réalité puisqu’il ne lutte pas contre lui-même et le fait. Un simple geste pour qu’elle reste de son côté, toujours. Pour qu’elle le défende coûte que coûte, même si elle ignore tout de cette bataille, même si à ses yeux elle ne vaut pas franchement mieux que lui. On va faire semblant longtemps que ces échanges sont agréables ou on peut passer à table ? Il dit à voix haute ce que tout le monde pense tout bas, désormais. Parce que après cette dernière pique, son père n’a pas envie de rebondir, sa mère se fait discrète et Olivia, il n’arrive pas à savoir ce qu’elle pense. Mary le regarde un instant et hausse ses épaules avant de se lever du fauteuil, enjouée, comme à son habitude : elle est sûrement celle qui ment le mieux, parmi ces quatre personnes. Allons-y, le repas est prêt ! Et comme s’il ne venait pas de lui reprocher la mauvaise ambiance qu’il y a entre eux, elle rejoint sa cuisine pour aller chercher les plats. Son père se lève également pour rejoindre la table et pendant ce temps, Jacob se penche vers Olivia, une seconde seulement. On a des choses à se dire. Elle peut y comprendre tout ce qu’elle veut, là-dedans, ça n’a pas vraiment d’importance aux yeux de Jacob. Il y a encore beaucoup de non-dits à éclaircir et après ce repas, ils se devront de le faire beaucoup plus sérieusement qu’avant. Si elle veut qu’il ne s’en aille pas sur un coup de tête comme il a pu le faire précédemment, il faut qu’il puisse lui refaire confiance, il faut qu’il puisse tout lui dire et tout lire en elle sans que ce soit un véritable casse-tête. Sinon, à quoi bon ? Et le sinon n’est pas toléré, dans leur mariage, alors il est abandonné, muet. Et Jacob se lève à son tour pour rejoindre la table, satisfait d’avoir mis un terme à cette discussion-là le temps de quelques minutes mais à table, ils se retrouveront encore tous les quatre et à table, ils ne pourront pas se taire jusqu’au dessert.

@Olivia Marshall :l:
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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyLun 5 Oct 2020 - 22:06



Olivia Marshall & @Jacob Copeland ✻✻✻ Avant de s’asseoir, Mary avait allumé quelques nouvelles lampes disséminées aux endroits stratégiques du séjour, me rappelant que j’en avais fait de même avec les nôtres durant deux semaines, me rendant compte un peu plus chaque soir à quel point leur lumière chaude et dorée accompagnant la tombée du jour ne servait à rien puisqu’elle ne faisait qu’éclairer son absence. Et qui étais-je pour m’en plaindre, pour oser lui en faire le reproche ? Combien de mes absences Jacob avait-il eu à illuminer ces deux dernières années ? « Et ça ne vous est pas venu à l’esprit que même si le téléphone sonnait à des heures raisonnables, je n’avais simplement pas envie d’y répondre ? » Quelque chose dans son ton me soufflait que si je refusais de les compter précisément, Jacob, lui, était tout à fait capable de toutes me les rappeler – à deux doigts de s’y employer même, ici, sur ce canapé, sans que la présence de ses parents ne semble apte à l’empêcher de se soulager de tout ce qu’il retenait en lui. Celle-ci paraissait même aiguiser ses rancœurs, réveiller sa tempête, sans que je ne devine exactement pourquoi. Était-ce important ? L’était-ce réellement lorsque je sentais mon cœur se serrer en croisant son regard l’espace d’une seconde alors que ses quelques mots terminaient leur course entre ses lèvres. Ça m’était venu à l’esprit, oui. Oh, ça avait fait bien plus que cela, pour être honnête. Ça l’avait envahi, assailli, mis à terre. Il n’avait pas eu envie de me répondre et j’imaginais que ça n’avait pas été la première fois depuis ces deux dernières années, simplement la première fois qu’il s’y était autorisé. Et je n’avais pas le droit de répliquer, je me l’ôtais pour m’être accordé moi-même cette liberté à de plus nombreuses reprises. Moi aussi, sa voix parvenait parfois à soulever mon cœur, à le tordre ou à l’enivrer, à le ranimer ou à le briser. Moi aussi, lui en avais-je ôté le pouvoir en refusant ses appels pour ne pas avoir à y faire face, pour me retrouver seule avec mes questionnements qui ne pouvaient être partagés, mes tourments qui ne devaient pas devenir les siens. Moi aussi, oui, et pourtant. Cela ne rendait pas la chose plus facile, la douleur moins aigüe, la rancoeur moins affilée. « J’en ai profité, oui. Pas à ta manière, mais j’en ai profité. » J’avais reposé mon verre, déjà. N'avais qu’une envie, celui de le reprendre. Jacob ne choisissait pas ses batailles, semblait être prêt à les mener toutes de front ce soir, son père en ennemi principal à qui il lançait de nouveau une insinuation à peine voilée, suffisamment néanmoins pour que je n’en saisisse pas toutes les nuances. Était-ce le cas pour Michael également ou s’en moquait-il tout simplement royalement alors qu’il balayait les mots de son fils d’un haussement d’épaules et d’une nouvelle gorgée ? « J’étais avec un petit jeune que je connais depuis pas mal de temps maintenant. » Jordan, n’est-ce pas ? Pourquoi ne le connaissais-je pas, moi ? Pourquoi ne m’avait-il jamais parlé de lui avant son départ soudain en sa compagnie ? Et pourquoi avais-je du mal à croire en ce qui sortait de la bouche de mon mari dès lors qu’il convoquait le prénom de cet homme dans la conversation ? « J’ai mangé que des choses pas saines et profité du soleil qu’on n’avait plus ici, mais je suis de retour, maintenant. » Et je savais. Je savais que j’étais supposée dire quelque chose à mon tour, maintenant. Que cela aurait été bien, mieux perçu, si j’étayais son histoire d’une quelconque plaisanterie, d’un quelconque assentiment, d’un sourire même en sentant sa main se poser sur ma cuisse, en retrouvant la chaleur de ses doigts sur ma peau couverte. Le contact qu’il recherchait était touchant, mais je ne cillais pas. Il y avait en moi quelque chose de parfaitement immobile, irrémédiable, sans doute douloureux pour lui même s’il y était habitué. Mais je n’y pouvais rien si je n’y croyais pas, en son histoire, en sa douceur, en son retour. En avait-il envie, d’être de retour ? L’était-il réellement ?

« On va faire semblant longtemps que ces échanges sont agréables ou on peut passer à table ? » Personne ne fait semblant, ici. Pas moi, pas son père dont le regard se faisait de plus en plus sévère et certainement pas lui. Seule sa mère tentait encore d’insuffler son enthousiasme qu’elle ne pouvait qu’espérer suffisamment communicatif alors que ses talons rejoignaient le parquet et que sa voix s’élevait dans les airs, guillerette, la seconde d’après. « Allons-y, le repas est prêt ! » Mes doigts s’enroulant de nouveau autour du pied de mon verre que j’emmènerai avec moi dans chacune des pièces de cette maison, coûte que coûte. Ceux de Jacob effleurant à peine mon coude alors que son souffle retrouvait la courbe de mon oreille. « On a des choses à se dire. » Je fronçais les sourcils, une seconde, avant de relever mon regard dans le sien, ne prenant guère la peine de m’assurer que ses parents avaient déjà quitté la pièce pour acquiescer en un murmure trop froid. « Ça fait déjà cinq jours, oui. » Cinq jours qu’il était rentré. Cinq jours que l’on s’évitait, que l’on se regardait et que l’on ne se disait rien. Voilà qu’à présent, nous avions des choses à nous dire. Je haussai les épaules lentement. Pourquoi me disait-il cela ici ? Pourquoi me disait-il cela maintenant ? Parce qu’ainsi, je ne pouvais plus me défiler ? Ou qu’au contraire, je ne pouvais pas attaquer ? Pour m’obliger à m’imaginer le pire et à espérer le meilleur ou était-ce l’inverse ? Pour se venger d’une quelconque peine que je lui avais moi-même infligée ? Laquelle, peu importe ; la liste était longue, il suffisait de piocher dedans. « Mais on est là. Et tu n’as même pas l’air d’en avoir envie. » Pourtant, nous y étions. Pourtant, il avait tout de même sauté sur l’occasion pour que ce soir encore, nous ne puissions pas parler. Il s’agissait de ses parents, jamais n’aurais-je tenté de l’éloigner d’eux même lorsqu’il m’était devenu douloureux de les côtoyer. Jamais n’aurais-je essayé de le dissuader de se rendre à ce dîner lorsque cela faisait trois semaines qu’il ne les avait pas vus. Trois semaines qu’ils ne s’étaient pas parlé. Trois semaines, c’était long. J’en savais quelque chose, n’est-ce pas ? Alors je n’avais rien dit, avais pris sur moi, accepté de l’accompagner, et tout cela pourquoi puisqu’il avait des choses à me dire, des choses qu’il n’arrivait pas à exprimer, qu’il ne pouvait pas révéler. Pas ici, pas maintenant alors qu’il voulait finalement et tout comme moi, être ailleurs et plus tard.

« Alors Olivia, ça ne te disait rien New-York ? » Ce fut mon verre, de nouveau, qui me sortit de mes pensées, celui-ci semblant être sans surprise le fil conducteur de ma soirée. Mon verre, plus que la voix de Michael qui revenait pourtant à la charge. « C’est pour ça que tu ne faisais pas partie du voyage ou mon fils s’est juste très bien débrouillé ? » Son rire franc trouva écho dans celui plus bref et forcé de son épouse. Elle aussi, elle la sentait, la pente hasardeuse sur laquelle nous étions en train de nous engager.  « Des vacances sans femme ni enfant, tous les hommes du coin aimeraient connaître son secret. » Il n’allait pas abandonner, ça non, pas sans avoir eu le fin mot de l’histoire. Il devait savoir pourtant qu’il ne l’obtiendrait pas, ou pas de moi. Peu importait à quel point j’avais envie de quitter la table, sur le champ, à ces quelques mots. « Ça n’en serait plus un s’il venait à le crier sur tous les toits, n’est-ce pas ? » répliquai-je avec un amusement qui ne sonnerait feint qu’aux oreilles de Jacob, me connaissant trop pour y croire malgré les formes que j’y mettais et la politesse qui demeurait. « Ton fils se débrouille bien dans tout ce qu’il entreprend à vrai dire mais ça, vous le savez déjà. » Je commençais ma phrase sans réellement regarder Michael, laissant mon intonation appuyée faire le travail lorsqu’il s’agissait d’évoquer son fils. Je la terminais en corrigeant mon ton, le réchauffant presque puisque j’incluais cette fois-ci Mary à la constatation. « Il n’est pas du genre à se dédouaner de quoique ce soit par contre donc j’imagine que New-York ne me disait pas plus que ça, en effet. » Et que cela se limitait à cela, officiellement du moins. Si mes mots ne suffisaient pas à mettre un terme à toutes autres spéculations, mon regard s’en chargea, lui, s’ancrant dans celui du paternel de l’autre côté de la table le temps d’une seconde. Une seconde, ce n’était pas grand-chose. « Il manque les verres à eau ! » Cette seconde, néanmoins, tarda suffisamment pour que la mère de Jacob décide de s’écrier ainsi, rompant le silence en sursautant, prête à s’élancer de nouveau en cuisine, là où tout demeurait sous son contrôle. « Ne te dérange pas, Jacob va m’aider. » la prévins-je à temps, un sourire doux aux lèvres alors que je me levai à sa place. Envers Jacob, il n’y eut pas un regard mais en avait-il besoin pour comprendre qu’il n’avait guère le choix ? Je ne m’attardais pas davantage aux abords de la table pour m’en assurer, m’éloignant déjà pour rejoindre la cuisine éclairée, celle suffisamment éloignée de la pièce principale pour que notre conversation demeure privée. Pourtant, je m’avançais jusqu’à l’îlot central, laissant la paume de ma main effleurer un instant le plan de travail dégagé avant de me retourner vers Jacob, mesurant le volume de ma voix pour lui demander, calmement : « Pourquoi est-ce qu’on en veut à ton père ? » Parce que si il lui en voulait, on lui en voulait. Parce que les tensions qui parcouraient le corps de mon mari faisaient invariablement varier le mien, en écho. Parce que si Jacob continuait à ne pas vouloir se maîtriser, mettre en sourdine ses récriminations, celles de son père se montreraient également de plus en plus acides à son encontre et pour cela, pour cela uniquement, je lui en voudrais également. « Et ne me dis pas rien parce qu’à ce rythme-là, on n’atteindra pas le dessert avant que tu lui plantes la fourchette entre les deux yeux et j’aimerais autant savoir pourquoi si je dois calmer ta mère à côté. » Ou si je devais rejoindre la bataille avec lui ; ce que je ferais, qu’il n’en doute pas. « Qu’est-ce qu’il a fait ? »







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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyMar 6 Oct 2020 - 14:51


Ça fait déjà cinq jours, oui. Elle n’attend pas avant de lui répondre. Ses parents auraient pu être en face d’eux que ça n’aurait rien changé : elle aussi, elle a le cœur lourd et le besoin de discuter, d’éclaircir certains points. Ils ne veulent pas aborder le même sujet et Jacob le sait déjà. Car il a en sa connaissance des détails qu’elle ignore, qu’il a pris soin de garder pour lui ces dernières semaines. S’il pouvait revivre les dernières heures précédents ce dîner, il aurait agi différemment : il l’aurait mise dans la confidence. Ce geste aurait été égoïste, ça n’aurait pas été un pas envers elle pour lui prouver qu’il lui fait confiance, non, ça aurait été pour soulager sa conscience et ne pas être le seul à qui elle pourrait faire des reproches. Car pour l’heure, dans ce dîner, il n’y a que lui qu’elle peut voir d’un mauvais œil. Il est parti loin d’elle, loin de tout. Et il s’en prend à tout le monde depuis qu’ils sont arrivés – même à elle. Mais on est là. Et tu n’as même pas l’air d’en avoir envie. Il hausse ses épaules à cette remarque. J’en ai pas envie. Il ne va pas nier. S’il a accepté le dîner, s’il a tenu à ce que Olivia vienne avec lui, c’était uniquement pour mettre son père dans l’embarras. Pas parce qu’il était pressé de retrouver sa mère ou de raconter tous ses souvenirs de New York. Juste pour ça, pour qu’il lui avoue enfin – et de lui-même – ce qu’il s’efforce de lui cacher depuis tant d’années. Mais j’ai des obligations envers ma famille. Et une fois de plus, elle peut se sentir visée par cette phrase. Dès qu’il a été sûr de ses sentiments envers elle, il lui a fait comprendre qu’elle était sa famille, du moins qu’il était persuadé qu’il en construirait une avec elle. Leur mariage a fait taire les plus sceptiques, puis la naissance de June a confirmé les choses. Il n’ajoute pas un mot, ne lui lance pas un regard et rejoint la table d’un pas lent, las. Il n’a pas envie, il veut s’excuser poliment et s’en aller, aller à son bureau pour également pouvoir esquiver Olivia. Il pensait être prêt pour cet affrontement, avoir enfin ce qu’il faut au fond de lui-même mais il est en train de comprendre que ce n’est pas le cas. Il n’y a pas que son père, dans cette histoire. Il se sent pris au piège entre trois personnes qui ne veulent pas lui dire toute la vérité, trois personnes qui ignorent tout ce qu’il pense savoir, trois personnes qui portent des masques et maquillent des faits pour qu’il ne se rende compte de rien. Finalement, ses pas le mènent quand même à sa chaise et il s’assoit, loin d’être prêt pour le second round.

Alors Olivia, ça ne te disait rien New-York ? Son père recommence, enchaîne. C’est pour ça que tu ne faisais pas partie du voyage ou mon fils s’est juste très bien débrouillé ? Ses yeux passent de sa mère à son père, qui rigolent tous les deux. Il n’arrive pas à trouver ça drôle, au contraire, c’est presque insultant. Des vacances sans femme ni enfant, tous les hommes du coin aimeraient connaître son secret. À cette phrase, il a la sensation que sa vision se trouble et que ses oreilles se bouchent. Il n’avait rien entendu d’aussi stupide depuis bien longtemps, ça fait son petit effet. Pour partir avec enfant, il faudrait déjà que j’en aie un… Ce n’est presque qu’un souffle, un murmure pour lui-même. Et il n’a pas l’air d’avoir été entendu – du moins pas par ses parents – puisque Olivia peut prendre la parole sans être coupée par l’un des deux. Ça n’en serait plus un s’il venait à le crier sur tous les toits, n’est-ce pas ? Elle prend sa défense sans être réellement sincère. Il peut l’entendre dans sa voix, dans ses mots, il pourrait même le lire dans son regard s’il arrivait à s’y accrocher plus de deux secondes. Ton fils se débrouille bien dans tout ce qu’il entreprend à vrai dire mais ça, vous le savez déjà. Là encore, ça sonne faux aux oreilles de Jacob. Il a réussi à s’en aller, oui, mais il est revenu. Il a bâti un empire, oui, mais ce n’est qu’une infime partie de sa vie. Son mariage se casse la figure et son enfant n’a vécu que quelques années. Qu’est-ce qu’il a réellement réussi, dans sa vie, dont il est pleinement fier ? Plus grand-chose, pour l’heure, peut-être rien du tout par la suite. Il n’est pas du genre à se dédouaner de quoique ce soit par contre donc j’imagine que New-York ne me disait pas plus que ça, en effet. L’échange de regards entre son père et Olivia est presque électrique. Plus aucun mot sur ce voyage ne doit sortir de sa bouche et il semble le comprendre. Ça ne dure qu’une seconde et pourtant, ils sont quatre à l’avoir compris. Si Jacob ne sait pas se défendre seul face au patriarche, il y a toujours Olivia pour l’épauler. Même sans connaître les raisons de son départ, même sans s’être expliqué avec lui, même avec la rancœur qu’elle lui porte forcément d’être parti comme ça, comme un voleur. Fin de l’histoire.

Il manque les verres à eau ! Et sa mère ne supporte pas le silence. Surtout quand il a été dirigé par quelqu’un d’autre que son mari. Surtout quand elle n’a plus les cartes en main et que ce qui semble lui glisser dessus habituellement finit par s’accrocher. Alors elle trouve un prétexte, une excuse pour changer de sujet et se perdre dans des futilités. Les verres à eau, alors que ce soir personne ne semble vouloir lâcher les bouteilles de vin. Ne te dérange pas, Jacob va m’aider. Sa mère n’insiste pas ; elle n’en a pas l’occasion, Olivia se lève sans plus attendre. Et si la mère comprend qu’elle n’a pas le choix, le fils l’a saisi lui aussi. Il regarde son père, sa mère, puis se lève et rejoint sa femme dans l’autre pièce. On a des choses à se dire, il l’a dit : maintenant, apparemment. Pourquoi est-ce qu’on en veut à ton père ? Elle va droit au but et c’est ce qu’il aime chez elle, habituellement. Pas ce soir, car il a de la difficulté à la mettre dans le lot, à réellement l’accepter à ses côtés. Il était sur le point de tout rejeter mais, là encore, elle ne lui laisse pas l’occasion de le faire. Et ne me dis pas rien parce qu’à ce rythme-là, on n’atteindra pas le dessert avant que tu lui plantes la fourchette entre les deux yeux et j’aimerais autant savoir pourquoi si je dois calmer ta mère à côté. Qu’est-ce qu’il a fait ? Il marche quelques pas dans la cuisine pour contourner l’îlot central et se retrouver de l’autre côté, loin d’elle. Si je le fais pour lui, je le fais pour elle. Qu’elle se rassure, elle n’aura personne à calmer : ils portent tous les deux la même culpabilité, car si elle n’a pas fait ce qu’il a fait, elle l’a couvert malgré tout. Il… Il se pince les lèvres et attrape la poignée d’un tiroir pour tirer dessus, comme pour s’occuper l’esprit et ne pas penser à ce qu’il va dire. T’as remarqué tous ses sous-entendus ? Il vérifie que j’ai été un mari exemplaire pour me rejeter ses torts à la figure si jamais je dérape. Et lui, il n’a pas dérapé, il ne le fera jamais. Et aborder ce sujet avec elle ne l’enchante réellement pas. Il esquive son regard, obnubilé par le tiroir. De ce que j’ai compris, il a eu une aventure avec une femme il y a quelques années. Ça, ça ne le regarde pas réellement. Il le sait, même s’il peut le lui reprocher car depuis toujours, il lui rappelle dès qu’il le peut qu’il n’y a rien de plus important que le mariage et les responsabilités qui en découlent. Et il a eu un enfant, je le sais depuis quelques semaines. Il y a quelques années, elle aurait été au courant de cette histoire dans les secondes qui suivent sa découverte. Là, la personne mise au courant était un type de sa salle de sport. Il n’arrive pas à comprendre comment ils en sont arrivés là. S’il n’arrive plus à se confier à elle, c’est parce qu’elle n’arrive plus à l’écouter. Et ce n’est pas maintenant qu’ils vont pouvoir régler tous ces problèmes-là. Ils ne savent pas que je sais. Parce que oui, elle est au courant. Il relève les yeux vers elle le temps d’une seconde avant de refermer le tiroir et de s’approcher du placard où se trouvent les verres. Dos à elle, il a envie de se risquer à un jeu sûrement dangereux, mais il veut voir jusqu’où elle est prête à aller pour cacher sa propre trahison. J’ai jamais réussi à comprendre ces gens qui ont déjà tout chez eux mais qui vont quand même voir ailleurs. S’il cherchait à avoir ses aveux à elle, il l’aurait questionné d’un mais on est pas comme ça nous, pas vrai ? sauf que ce n’est ni l’heure, ni l’endroit. Mais au fond de lui, il sent bien que ça ne va plus tarder, qu’ils vont devoir y passer, eux aussi. Il attrape les quatre verres et se retourne vers elle pour lui tendre. Ça te convient ? Il se demande ce qu’elle peut faire de cette information-là. Lui, il veut simplement la vérité, que son père lui dise qui était cette femme, qui est ledit enfant – s’il le connaît. Il veut les informations qu’il n’a pas réussi à obtenir de lui-même, sans tourner autour du pot. Mais dire « je sais tout, raconte-moi », c’est plus facile à imaginer qu’à mettre en œuvre.

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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyJeu 8 Oct 2020 - 20:03



Olivia Marshall & @Jacob Copeland ✻✻✻ « J’en ai pas envie. Mais j’ai des obligations envers ma famille. » Il s’était tu ensuite, une barre de lassitude s’imposant sur ses épaules lorsqu’il mit fin à cette parenthèse entre lui et moi, m’abandonnant dans son dos en rejoignant la table dressée. Je retrouvais ma place également, l’écho des double-sens de mon mari continuant d’alourdir calmement l’espace que nous maintenions entre nous. Mes yeux presque gris cendre revinrent vers son père qui reprit la parole. Ceux de Jacob, éteints, demeuraient loin de nous. Il l’avait dit après tout, avait qualifié ce qui se jouait ce soir d’obligations desquelles n’avait-il pas l’habitude de se dérober, lui. Ce diner comme un devoir, ou mieux une astreinte dont il ne se déferait pas parce qu’il avait l’habitude, lui, d’être où il n’avait pas choisi d’être, contraint de demeurer loin de lui-même et de tout le reste. Ce n’était pas ce qu’il avait dit ; c’était comme ça que je le prenais. Et son père était lucide, sentait également que quelque chose se tramait : si son fils n’avait pas envie d’être là, peut-être était-ce pour cela qu’il était parti ? La voix de Michael trancha l’air avec une légèreté offensante, presqu’écœurante tant il ne se rendait pas compte des plaies qu’il ranimait ainsi. « Pour partir avec enfant, il faudrait déjà que j’en aie un… » J’allais quitter cette table. J’allais quitter cette table et entraîner mon mari également, loin de cette dernière, même si cela ne devait durer qu’un temps, même si nous allions nous forcer à y retourner ensuite car il s’agissait de ses parents et qu’une part de moi, toujours, ne pouvait croire que cela se déroulerait ainsi entre lui et eux. Eux justement qui entendirent à peine la réponse de leur fils, et moi qui choisis de l’ignorer pour ne pas avoir à y réagir ou à y faire face. C’était son père qu’il fallait renvoyer dans les cordes pour l’instant. Son père qui se pensait tenu de déguiser le silence de désolantes plaisanteries déplacées, assassinées d’orchestrations blessantes. Je refusais d’en faire partie plus longtemps, mettant un terme à sa ligne de basse en me levant après que nos regards se soient soutenus sans ciller.

Michael et Mary dineraient seuls le temps de quelques minutes. Le temps que celle-ci ne tente de raisonner son mari sans doute sur l’insistance qui était la sienne depuis le début de cette soirée. Le temps que je parvienne à comprendre ce qui tourmentait le mien. Qu’avait-il fait, son père, pour qu’il semble prêt à lui sauter à la gorge à n’importe quelle seconde ? La question ne tarda pas à filer d’entre mes lèvres, mon regard posé sur sa silhouette silencieuse prenant le temps de choisir sa place dans la pièce, celle à l’autre bout de la mienne. « Si je le fais pour lui, je le fais pour elle. » Une fraction de seconde, je l’entendis à peine, trop occupée à l’observer se tenir droit, loin de moi. Et si je décidais de ne pas bouger d’un millimètre non plus, j'étais prête à reconnaitre à quel point cette immobilité absolue, la mienne depuis deux ans, était cette chose exténuante, proche de l’impossible. « Qu’est-ce qu’ils ont fait dans ce cas ? » soupirai-je presque tant l’énigme demeurait entière et que cela paraissait désormais clair, c’était avec moi qu’il ne désirait pas la résoudre. « Il… » L’esquisse de ce sourire pincé, ce sourire qui n’en était pas un mais qui étirait ses lèvres à chaque fois qu’il n'aimait pas ce qu’il s’apprêtait à dire, me tira un tressaillement que je tentais aussitôt d’oublier. Je ne voulais plus le forcer tout à coup, lui soutirer des informations qu’il n’était pas prêt à me donner. « T’as remarqué tous ses sous-entendus ? Il vérifie que j’ai été un mari exemplaire pour me rejeter ses torts à la figure si jamais je dérape. » Peut-être avait-il ses raisons de ne pas vouloir me les confier ? Sans doute même, Jacob avait souvent ses raisons, toujours fondées. Jacob essayait toujours de nous protéger. Pas ce soir. Je le compris lorsque ses mots atteignirent mes oreilles avec lenteur, le son autour de nous se feutrant car je prenais conscience qu’il était trop tard désormais. Ou trop tôt, bien trop tôt pour aborder le sujet qu’il effleurait ainsi du doigt. « Ton père est infidèle. » repris-je simplement, résumant en un souffle ce qu’il venait de sous-entendre, prenant conscience du sujet dans lequel nous venions tous deux de nous engouffrer. « De ce que j’ai compris, il a eu une aventure avec une femme il y a quelques années. » J’expirai avec mesure, reposai à plat mes mains sur l’îlot central, ne le quittant pas des yeux. Depuis quand ? Depuis quand avait-il découvert cela ? Depuis quand avait-il décidé qu’il s’agissait là d’un sujet qu’il ne fallait pas aborder, avec moi ? « Et il a eu un enfant, je le sais depuis quelques semaines. » Je ne pouvais pas voir son regard, il me l’ôtait, je ne pouvais pas voir les émotions traverser ses yeux, marquer ses traits alors qu’il maintenait son visage abaissé. Je n’en avais pas besoin néanmoins pour les ressentir, à la qualité de sa voix et ses silences, sa colère et sa déception. « Ils ne savent pas que je sais. Parce que oui, elle est au courant. » Ce ne fut qu’à ce moment, celui où il accepta finalement de me regarder, que je n’essayais plus de me contrôler. « Jake … » J’acceptais sans lutter ce besoin de le toucher, d’abolir cette distance entre nous, ce besoin de le rejoindre, cessant de m’absenter face à sa peine, de me réfugier en moi-même, pas avec lui.

Mais il se dérobait, déjà, s’écartant du plan de travail pour me tourner le dos et ouvrir le placard. J’ai jamais réussi à comprendre ces gens qui ont déjà tout chez eux mais qui vont quand même voir ailleurs. » Les mots sonnèrent un instant creusement dans mon esprit déconcerté et je ne répondis pas. Il se retourna de nouveau, les verres en main, l’expression assurée et l’éclat terne mais sévère au fond de ses prunelles finissant de me heurter sans que je n’en laisse rien paraitre. J’eus mal pourtant, fus capable de décrire précisément l’endroit où la pique vint atteindre mon cœur. « Ça te convient ? » « Quand tu as dit que tu n’avais pas d’enfant ou cette façon que tu as de me regarder depuis qu’on est arrivés ? » Liv. Je fermais les yeux une seconde pour m’interrompre, les fronçais presque violemment pour ne pas avoir à assumer l’écho que mes mots durent provoquer dans le regard de Jacob. L’attaque pour la défense, ça n’avait jamais rien eu de juste ; je n’étais pas juste. Mais il ne l’avait pas été non plus en reniant jusqu’à son existence, tout à l’heure. Et elle devrait mais elle n’importait pas cette voix qui tentait de me raisonner, qui tentait de me souffler que ce n’était pas ce qu’il avait fait, qu’il n’y aurait eu aucune autre bonne manière de répliquer, que l’erreur venait de son père et non pas de lui. Mais je ne l’étais pas, raisonnable, lorsque l’on évoquait ce sujet. Je l’étais de moins en moins en outre lorsque j’avais l’impression d’être l’adversaire de celui qui avait été mon allié durant presque la moitié de ma vie. Il ne l’était plus sur l’instant, pour une multitude de raisons que nous ne faisions qu’effleurer, mais cela ne devait pas m’empêcher de demeurer la sienne.

« Je suis désolée. » soufflais-je alors en reposant les verres que j’acceptais de prendre. « Que tu aies dû endurer ça, seul. Que tu doives subir ça, en plus de ce que la nouvelle doit soulever comme questions. » Je n’eus pas besoin de désigner vaguement la salle à manger derrière nous, j’évoquais son père et ses interrogations détournées, sa mauvaise foi pour se défendre. « Et je suis désolée pour ce qu’il a dit tout à l’heure. C’était … » Stupide, involontaire, injuste ? Toutes ces choses à la fois. Brutal également et foncièrement cruel, mais sans le savoir, je me devais de le croire. J’en restais persuadée même, son père n’était pas un homme mauvais, son désir d’obtenir le dernier mot le rendant maladroit. Jacob le savait, lui aussi, c’était son père après tout. C’était lui qui m’avait appris à le comprendre, qui m’avait donné les clés pour l’aborder, qui m’avait permis de l’apprécier. Mais voilà qu’il m’en voulait pour cela aussi, je pouvais le sentir. Comme si mon affection pour son père sous-entendait quelque chose d’autre, me rendait complice dans le meilleur des cas, coupable des mêmes délits dans le pire. Mais tu es coupable, Liv. Mais je ne pouvais pas penser à cela maintenant. J’étais incapable de faire face au nœud qui comprimait ma poitrine, à la culpabilité qui étreignait ma gorge et rajouterait à la peine que je lisais dans les yeux de mon mari. Nous ne pouvions pas avoir cette conversation ici, lorsque les bruits de couverts non loin de là résonnaient faiblement mais qui, nous n’étions pas dupes, s’interrompraient aussitôt si le ton venait à monter. « Ne lui donne plus l’occasion de recommencer, il ne se rend pas compte et ça me donne envie de ... » Mes ongles s’enfonçant presque dans la paume de ma main alors que je serrais le poing permirent de me faire taire, un sourire douloureux aux lèvres tout en secouant lentement la tête. Il fallait qu’on abandonne, oui. Qu’on lui pardonne avant que nos mots à nous ne dépassent pas nos pensées, eux. « Est-ce que tu l’as rencontré ? » Cet enfant caché ? S’agissait-il d’un fils ou d’une fille - d’un frère ou d’une sœur ? Je voulais savoir tout ce qu’il voudrait bien me révéler. Les questions étaient nombreuses mais je les mesurais, en retiendrais d’autres également car les réponses se cachant en leur sein menaçaient de nous mener sur une autre rive, une que nous n’étions pas certains de vouloir atteindre.






solosands
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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyDim 18 Oct 2020 - 18:54


Il lutte. Depuis qu’il est arrivé ici, il lutte pour ne pas sauter à la gorge de son père et lui soutirer les informations qu’il n’a pas encore réussi à acquérir seul. Il lutte pour ne pas confier à Olivia pourquoi, justement, il ne veut pas lui raconter ce qu’il se passe entre lui et son paternel. Il lutte pour ne pas accuser sa mère d’être ce qu’il est en train de devenir lui aussi. Il lutte contre tout l’univers entier, mais celui-ci réplique, et il ne sait plus quoi dire, plus quoi faire. Sans qu’il s’y attende, sans qu’il ne l’espère, c’est Olivia qui le sort de son calvaire. Elle lui ordonne de le suivre dans la cuisine ; il manque des verres sur la table et eux seuls ont l’air de pouvoir arranger les choses. Quatre verres, deux mains, elle aurait pu se débrouiller seule. Il sait très bien que ce n’est pas pour ceux-ci qu’elle veut qu’il y aille, lui aussi, que c’est plutôt pour comprendre son mari et sa manière de se tenir depuis leur arrivée. Et s’il doit lutter contre elle, aussi, il ne le fera pas en refusant sa demande mais en face à face. Il est temps qu’il se tienne droit, qu’il agisse comme un homme et non comme un enfant. Dans la cuisine, elle ne tarde pas à lui demander ce qu’il se passe entre lui et Michael. Ça sauterait aux yeux de n’importe qui, ça ne peut pas échapper à sa femme. Outre le fait qu’elle travaille dans la police, elle est surtout la seule à le connaître aussi bien et à savoir que quelque chose ne va pas – même avant que lui-même le sache, parfois. Il lui explique que s’il doit s’attaquer à son père, sa mère suivra. Qu’est-ce qu’ils ont fait dans ce cas ? Les questions sont pressantes et précises. Elles attendent une réponse en particulier : la vérité. Et il n’est capable que de cela, Jacob, alors il le dit, enfin. Ton père est infidèle. L’entendre de la bouche de quelqu’un d’autre n’est pas facile. Il l’avait déjà remarqué avec Byron. Mais de celle d’Olivia… c’est pire que tout. Il serre les dents, serre les poings, serre tout ce qu’il peut pour oublier qu’à l’instant même, son cœur vient de le faire également. Se resserrer, se refermer. Il n’y a pas que mon père qui est infidèle. À l’intérieur, ces mots sortent aisément. Pourtant cette pensée reste bloquée, les mots n’en découlent pas. Il termine son histoire, indique que sa mère le sait très bien. Jake… Il ne veut pas qu’elle le réconforte. Il ne veut pas qu’elle cherche à comprendre son père. Il ne veut pas qu’elle déculpabilise sa mère. Il ne veut pas de son aide à elle, mais comment le lui dire sans aborder le sujet qui fâche réellement ? Sans franchir la ligne avec laquelle il flirte de plus en plus, celle du point de non-retour ? Il ne sait pas, il ne veut pas. Pas pour l’instant, pas ici, pas ce soir. Il s’écarte d’elle pour ne pas être en contact avec sa peau, pour ne pas croiser son regard. Le placard face à lui, il arrive un peu mieux à parler. C’est moins évident quand il se retourne à nouveau vers elle. Son regard le bouleverse presque, pourquoi est-ce qu’il se sent coupable ? Il lui demande si ça lui convient. À lui, non. Quand tu as dit que tu n’avais pas d’enfant ou cette façon que tu as de me regarder depuis qu’on est arrivés ? Il prend cette question comme un coup. Elle a entendu ce qu’il a dit à son père, à table. Elle est d’ailleurs la seule à l’avoir entendu. Et elle s’en sert, comme d’une arme, peut-être parce qu’il ne lui reste que cela. Tu ne devrais pas te lancer sur ce terrain-là. Ça sonne presque comme une menace, peut-être que c’en est une. Tu sais très bien ce que je voulais dire. Le sujet a été abordé il y a quelques semaines : la mort de June ne change rien de son statut. Ils sont parents et le seront toujours, avec un enfant avec eux ou non. Son ton est plus dur qu’il ne le voudrait. Il se racle la gorge en espérant que ça arrangera quelque chose, mais ce n’est pas une maladie ou une gêne, ce sont ses ressentiments qui ressortent enfin. Pourtant, il veut arranger ça. J’ai du mal à faire la part des choses quand je suis énervé. Ignore mon regard s’il te dérange. Il ne veut pas admettre que sa colère la concerne elle aussi, il préfère éviter, contourner.

Il lui tend les verres, elle les prend, les reposes. Je suis désolée. Jacob se dit que ses parents vont finir par se dire qu’ils sont allés chercher les verres chez eux. Que tu ais dû endurer ça, seul. Que tu doives subir ça, en plus de ce que la nouvelle doit soulever comme questions. Et je suis désolée pour ce qu’il a dit tout à l’heure. C’était… Il secoue son visage. Tu n'as pas à t’excuser pour lui. Ça fait longtemps qu’il a dépassé les bornes, il continue de s’enfoncer de jour en jour. C’est son problème et non le mien, encore moins le tien. Voilà un moment que Jacob a arrêté de regarder son père comme un véritable héros, qu’il a arrêté de l’écouter sans se poser la moindre question. L’exemple à suivre qu’il était est devenu celui à éviter, obligatoirement. Il n’a plus rien à lui apprendre, le petit garçon est devenu un homme. Et cet homme-là vaut bien mieux que son père, quoi qu’il en pense. Ne lui donne plus l’occasion de recommencer, il ne se rend pas compte et ça me donne envie de… Il ne la lâche pas du regard. À trop se concentrer sur ses problèmes, sur ce qu’il sait et ce qu’il ne doit pas révéler, il en oublie presque Olivia. Peu importe ses torts, elle n’a pas à le subir, elle aussi. Envie de ? Il contourne le comptoir une nouvelle fois pour s’approcher d’elle. Là, ils vont croire qu’ils sont allés eux-mêmes fabriquer les verres. Est-ce que tu l’as rencontré ? Il hausse ses épaules. Peut-être que oui, sûrement que non. Je n'ai aucune idée de qui il est, de ce qu’il fait, de s’il vit encore dans le coin ou non. D’ailleurs, en fait, je ne sais même pas s’il est encore en vie. Il parle de lui comme d’un inconnu ; c’est ce qu’il est. Il ne prend pas cette personne comme quelqu’un de sa famille, non, il s’agit d’un enfant que personne ne désirait et qui est quand même né. Un accident, une erreur de parcours. Il ne sait pas s’il aura envie de connaître son nom et de le rencontrer, il veut juste la confirmation de son père et les explications pour cette infidélité – ces, s’il y en d’autres qu’il ignore encore. Je vais aller lui en parler. Il s’affirme un peu plus. Ça sent bon ce qu’elle a préparé. Je pense qu’elle serait capable de nous faire des boîtes à ramener à la maison. Il fait une légère moue, sa mère reste agréable, elle. Il ne comprend pas ce qu’elle fait encore avec son père. Pourtant, face à un miroir et les yeux grands ouverts sur sa situation, il se dit que s’il avait été un autre et s’était regardé avec Olivia, il se demanderait ce que lui fait encore avec elle. Sauf si tu as envie d’y retourner et de l’affronter, lui et ses conneries légendaires. Sauf si elle veut encore participer à ce dîner. Sinon, ils s’excuseront et il ira rapidement en discuter avec lui. Eux aussi ont des sujets à aborder – même si certains sont repoussés à un peu, beaucoup plus tard. Son départ précipité, ses vacances loin d’elle, ce retour silencieux. Rien ne va plus et le temps leur a prouvé qu’il n’est pas bon de ne rien dire, que les non-dits font plus de bien qu’il n’y paraît. Peut-être que, à ce sujet-là et pour d’autres, il est temps de retirer le pansement. Elle a le pouvoir de choisir, c’est elle qui décide – comme toujours. Le blond attrape quand même les verres, deux dans chacune de ses mains ; elle aurait vraiment pu se débrouiller seule.

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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyVen 23 Oct 2020 - 23:50



Olivia Marshall & @Jacob Copeland ✻✻✻ Il se dérobait et mes efforts se retrouvaient réduits à néant. En voulant l’approcher lui, il ne me laissa atteindre que le vide, s’éloignant sans essayer de le cacher, me tournant le dos et enfermant dans ce dernier ce qu’il ne voulait pas partager, ce sur quoi il m’ôtait tout mot à dire. Et il s’agissait là de la chose à ne pas faire me concernant, d’une décision unilatérale prise à mon insu capable de me pousser dans mes propres retranchements, de me condamner aux mauvaises réactions. Je ressentais ces dernières motivées par autre chose que la raison ou la compréhension que Jacob aurait mérité de recevoir en retour. Je les possédais en moi pourtant mais me retrouvais à les perdre de vue dans le spectre infini d’émotions m’assaillant depuis qu’il m’avait fourni les raisons de sa colère glaciale. Celle qu’il maintenait encore sous contrôle mais qui menaçait d’éclater en une déflagration capable de détruire le parfait tableau que sa mère avait tant eu de mal à composer, dans la pièce d’à côté. Avais-je mal au cœur de percevoir cette expression sur son visage et cette lueur dans son regard ? Plus que je n'aurais su le dire, oui. J’aurais voulu la lui ôter, l’en soulager aussi vite que je ne l’avais forcé à y faire face. Mais je réalisais l’instant d’après l’implacable vérité se dressant entre nous avec arrogance. Je prenais conscience de ne pas en avoir le droit, de ne pas m’en montrer capable, peu importe mon désir de l’apaiser d’un simple geste, de reprendre tout ce qui semblait le meurtrir en ce moment. Si j’en avais eu l’aptitude des années durant, ce n’était plus le cas aujourd’hui, pas concernant cette blessure-là. Les autres peut-être, mais pas celle-ci, toutes sauf celles-ci. Et le spectre évoluait ainsi, passant de la honte au déni et de la culpabilité à la peine ; l’instinct à l’offensive finalement venant saupoudrer le tout puisqu’il était le seul à pouvoir les affronter. « Tu ne devrais pas te lancer sur ce terrain-là. »  Lequel, Jacob ? Nous ne le dirions pas, nous ne le nommerions pas, n’est-ce pas ? « Je ne fais que t’y suivre. » Mon regard inflexible vint heurter le sien, pénétrant et peint d’une froideur semblant soudainement être taillée dans la glace, fixant ce qu’il ne voulait pas aborder : le reflet de nos propres erreurs. « Tu sais très bien ce que je voulais dire. » Là encore, je ne retins pas un froncement de sourcil, mes bras venant se croiser contre ma poitrine, oubliant la présence de ses parents à quelques mètres de là, celle qui aurait dû me raisonner, m’enjoindre au silence. « Peut-être pas, non. Peut-être que tu dis certaines choses un jour et que tu prouves le contraire celui d’après. » Peut-être que cela rendait le tout difficile à suivre, pour moi. Peut-être que j’avais fauté des mois durant, inlassablement et de manière accablante, menant notre mariage au bord du précipice et peut-être que Jacob avait lutté pour nous, tenant la barre en attendant que je vienne l’y retrouver, mais je l’avais fait, enfin. En avais trouvé le courage ce soir-là qui ne ressemblait en rien à celui-ci, ce soir-là où tout avait paru possible de nouveau parce que nous nous l’étions promis, d’y croire à nouveau. Et c’était à cet instant qu’il avait décidé d’échouer à son tour, enfouissant nos promesses au fond de cette valise qu’il avait jeté dans le coffre de sa voiture. Alors peut-être que je ne savais plus, non, ce qu’il voulait dire.

« J’ai du mal à faire la part des choses quand je suis énervé. Ignore mon regard s’il te dérange. » C’était le mien que je lui ôtais à cet instant, abaissant mes paupières pour m’isoler quelques secondes, pour me souvenir que je savais le faire et que je n’avais pas oublié comment m’acclimater à sa rigueur lorsqu’il se sentait mis au pied du mur, blessé, lorsqu’il se sentait lui-même autre part et dans autre chose. « Tu n'as pas à t’excuser pour lui. Ça fait longtemps qu’il a dépassé les bornes, il continue de s’enfoncer de jour en jour. C’est son problème et non le mien, encore moins le tien. » Mais cela n’était pas vrai, ou pas entièrement. Le comportement de son père l’avait heurté, plus de fois que nous n’étions capables de les compter et je n’avais pu faire qu’observer, années après années, à quel point Jacob avait pris sur lui pour s’en détacher. Il y parviendrait un jour, totalement, et cela n’en serait pas moins un problème à mes yeux. Un que je ne connaissais que trop bien lorsque le socle du passé venait à rompre et que le lien filial s’y reposant ne pouvait faire autrement désormais que s’user, lentement, se détériorant jusqu’à ne plus revêtir la moindre signification. Je ne lui souhaitais pas cela, désirais tout autre chose pour mon mari, sachant l’importance qu’il accordait aux valeurs de la famille. « Envie de ? » Sans doute était-ce pour cela que ce fut mon tour de secouer lentement la tête alors qu’il me rejoignait, acceptant finalement le rapprochement que j’avais tenté d’instaurer, quelques secondes plus tôt. « Rien. Oublie-le. » Son père, son intempérance. Mon implacabilité et mon goût pour la riposte, les saillies. Cela n’importait pas sur l’instant et celui d’après, j’y veillerai si nous devions lui faire face de nouveau. Et je l’interrogeais à la place sur ce qui l’était réellement, important. « Peut-être que oui, sûrement que non. Je n'ai aucune idée de qui il est, de ce qu’il fait, de s’il vit encore dans le coin ou non. D’ailleurs, en fait, je ne sais même pas s’il est encore en vie. » Je fis un pas, de nouveau, dans sa direction, inclinant légèrement la tête pour chercher son regard. « Tu sais qui possède toutes ces réponses, n’est-ce pas ? » Son père, à quelques mètres de là. Il pouvait le rejoindre, le trouver, obtenir de lui tout ce qu’il avait besoin de savoir. Peut-être que la vérité n’était pas aussi sombre qu’elle ne le laissait présager, peut-être y avait-il derrière tout cela une histoire moins abrupte, une qui l’épargnerait, lui et la relation qui l’unissait à ses parents. « Tu sais aussi que si tu préfères les trouver par toi-même et que tu as besoin de moi, tu n’as pas à demander. » Nous n’en avions jamais eu besoin pour apporter à l’autre le soutien dont il avait besoin. Je m’emploierais à être là aujourd'hui aussi, la seule différence résidant dans le fait qu’il me semblait avoir besoin de sa permission cette fois-ci. « Je vais aller lui en parler. » Je hochai la tête, une fois. Peut-être approuvait-il ce que je lui avais soufflé en premier. Ou peut-être venait-il de faire son choix concernant ce qui avait suivi.

« Ça sent bon ce qu’elle a préparé. Je pense qu’elle serait capable de nous faire des boîtes à ramener à la maison. » Jacob tempérait comme à son habitude, cherchait pour nous l’esquive qui nous permettrait de nous en sortir sans trop de fêlures ce soir encore. Je pouvais le voir sur ses traits, le ressentir dans le silence qu’il avait laissé s’installer alors qu’il cherchait ses mots, trouvant l’excuse finalement. « Sauf si tu as envie d’y retourner et de l’affronter, lui et ses conneries légendaires. » Il avait raison néanmoins, cela ne ressemblerait qu’à ça, un affrontement entre des parties sur la défensive et ne pouvant s’exprimer librement. Je nous imaginais reprendre place à la table, nous enfermant de nouveau dans ce huis clos au sein duquel Jacob en voudrait à son père mais observerait mes gestes, décomposerait mes mots, décèlerait entre son père et moi une solidarité étrange qu’il ne ferait que supposer mais qui suffirait à nous faire tomber. « Deux suffiront. » Je tranchais finalement d’une voix basse, faisant un nouveau pas vers lui pour reprendre de ses mains les verres dont ils n’auraient pas besoin : les nôtres. « On peut leur dire que ça vient de moi, qu’on m’a appelée et que tu me raccompagnes. » Il l’avait dit plus tôt. Il avait des obligations, lui, envers sa famille. Il m’avait lancé cette phrase au visage, comme une accusation, une sur laquelle je n’avais pas rebondi mais que j’étais prête à assumer ici. Je pouvais prendre le tort cette fois encore et être le prétexte dont nous avions besoin pour partir. Pour sa mère au moins, qui ne supporterait pas de voir son fils partir par choix et par rancune.

Cela atténua la surprise, en effet, lorsque nous lui annoncions. Ou peut-être cachait-elle très bien le trouble venant s’emparer d’elle, ne laissant effuser autour d’elle qu’une déception à laquelle j’étais désormais coutumière alors que je la saluais avec affection avant de prendre congé. Je retrouvais l’air saisissant de l’extérieur, laissant le soin à Jacob, resté en arrière, de décider de ce qu’il voulait laisser derrière lui avant de s’en aller : des explications, des reproches, des excuses ou des sourires. Dehors, le ciel était d’ardoise et je m’y sentais tout de même mieux que dans le séjour illuminé que je venais de quitter, celui au sein duquel tous nos mensonges semblaient être exposés. Je tournais la tête en entendant la porte d’entrée s’ouvrir de nouveau, demeurais silencieuse de nombreuses secondes en laissant Jacob s’approcher jusqu’au portail auquel je l’attendais. « Ça le concerne, lui. C’est ce que tu as dit. » Son problème, pas le mien. Les mots étaient restés, surgissaient de nouveau pour signifier autre chose. « Sa manière d’agir aujourd’hui n’est pas la bonne mais c’est sa façon à lui de se débattre avec ce qu’il cache, de garder la face parce qu’il a senti que quelque chose avait changé. » Le regard de son fils sur lui, par exemple. Et je ne pouvais pas lui dire mais je savais, au plus profond de mon être, à quel point cela pouvait être douloureux de percevoir ce changement en Jacob, à quel point son regard comptait. À quel point je pouvais comprendre ces mots que l’on changeait en colère pour ne pas les laisser devenir aveux. « Je suis certaine qu’il ne pensait pas à vous faire de mal, ni à toi ni à ta mère. » repris-je doucement, en m’écartant du mur contre lequel je m’étais adossée. Je le savais, oui, que les erreurs avaient été commises et qu’il ne pouvait les reprendre mais que les blesser était, sans aucun doute, la dernière chose qu’il désirait. J’en étais intimement convaincue pour tout ce que je ne pouvais pas exprimer. Mais lui, était-il prêt à l'entendre ?





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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyDim 22 Nov 2020 - 15:32


Même s’il n’est pas capable de se l’avouer à lui-même et de lui confier à elle, il a besoin de son soutien. Plus qu’elle ne l’imagine, plus qu’il ne le croit. De son soutien, pas de ses reproches. Et il tente de trouver une parade, de faire au mieux pour qu’elle ne poursuive pas, pour qu’elle s’arrête ici : rebondir sur ses paroles de tout à l’heure ne résoudra rien. L’incendie qui s’est provoqué dans son estomac ne pourra pas s’apaiser si elle s’y met, elle aussi. Le poids qui comprime son cœur ne s’envolera pas, lui non plus. Il faut qu’elle se batte à ses côtés, pas contre lui. Je ne fais que t’y suivre. Mais ses mots sont inutiles. Elle a une idée derrière la tête et ne se l’enlèvera pas. Il le sait, la meilleure défense reste l’attaque ; elle s’y connaît mieux que personne. Peut-être pas, non. Peut-être que tu dis certaines choses un jour et que tu prouves le contraire celui d’après. Il se répète, une fois encore, que ce n’est pas le lieu idéal pour une discussion comme celle-ci. Il retient ses reproches depuis des semaines, des mois, des années. Ça ne fait que quelques jours pour elle et elle semble incapable de se retenir. Et si sa phrase devait être la raison de ses tourments, c’est finalement ce détail-là qui a le pouvoir de l’agacer. Peut-être que je dis certaines choses pendant deux ans, qu’un jour tu le réalises et que le lendemain j’en ai marre. Regarde dans la globalité plutôt que de t’imaginer que j’ai réagi du jour au lendemain, ça fait des mois que je suis le même, c’est toi qui a ouvert les yeux au moment où j’étais en train de perdre espoir. Ça a pas été suffisant pour me faire tout oublier. Cette dernière phrase est lourde de reproches, elle encore ; elle se joint au sujet de l’infidélité de son père et de tout ce qu’il peut reprocher à Olivia depuis la mort de June. Oui, il a osé dire qu’il n’a pas d’enfant. Mais elle, elle a osé vivre durant des mois comme si elle n’avait pas de mari. Et ça, elle ferait mieux de se le rappeler, de se le répéter à elle-même plutôt que de le pointer du doigt, lui.

Mais il se calme, Jacob. Il se calme parce que c’est la seule chose qu’il sait faire. Il se calme parce que s’énerver contre elle, ici, ne serait pas une bonne idée. Il se calme parce qu’il n’a pas envie de se disputer avec sa seule alliée, la seule qui peut le permettre de ne pas dire des choses qu’il pourrait regretter à ses géniteurs, la seule qui le comprend suffisamment pour prendre les décisions à sa place, le faire peser le pour et le contre. Il se rapproche d’elle, tente d’apaiser la situation du mieux qu’il le peut. Un regard, un pas en avant. C’est ce qu’il fait depuis deux ans et voilà où ils en sont aujourd’hui. Ses efforts n’ont jamais été suffisants, il n’a jamais pris le temps de chercher à mieux faire, de voir dans une autre direction. Il l’a fait seulement avant de partir en voyage ; il s’est tourné vers elle, a compris ses propres failles, a préféré leur tourner le dos. Il préfère recommencer comme avant et ne pas chercher à la comprendre. Faire comme avant et espérer qu’elle finisse par le suivre, enfin. Faire comme avant et fermer les yeux sur le reste, parce qu’il n’est pas prêt à l’assumer, parce qu’il n’est pas prêt à le croire. S’il s’efforce d’avancer et de la tirer avec lui vers le haut, ils oublieront peut-être leur souffrance en bas – mais qui leur a dit que la porte de sortie, celle du deuil, se trouvait en haut ? Rien. Oublie-le. Il est incapable d’oublier quoi que ce soit, ce soir. L’envie de savoir a pris le dessus sur tout le reste. Ça fait des semaines qu’il s’efforce de comprendre, qu’il imagine tout un tas de scénarios, qu’il cherche à le déculpabiliser pour finalement l’accuser de nouveau. Des semaines qu’il se bat contre lui-même car il n’a pas la force d’aller vers son père, car personne ne le pousse à le faire. Des semaines qu’il a besoin de lui en parler à elle, qu’il a besoin qu’elle le pousse vers l’avant. Sa confiance est affaiblie, affectée, et il le comprend de plus en plus, et il l’accepte de moins en moins. Tu sais qui possède toutes ces réponses, n’est-ce pas ? Il hoche sa tête de haut en bas. Ça fait des années qu’il les possède, ces réponses. Il est amer dans sa réponse, il pense que ça se comprend. Il ne veut pas le mettre devant ses erreurs et exiger des explications, ça reviendrait à l’infantiliser et à confirmer sa déception. Il veut le voir venir vers lui, par lui-même, et lui raconter ce qu’il s’est passé. Évidemment, ça, ça n’arrivera jamais. Tu sais aussi que si tu préfères les trouver par toi-même et que tu as besoin de moi, tu n’as pas à demander. Il le sait, oui, qu’elle fera de son mieux pour l’épauler s’il en ressent le besoin, avant même de l’exprimer à haute voix. Mais s’il ne voulait pas ne serait-ce que lui en parler, c’est presque certain qu’il ne veut pas de son aide à elle. Et pourtant, il retient cette information, retient que cette fois-ci il aura à lui demander, qu’il n’y aura rien d’évident dans sa démarche. Ils ne savent plus se parler, ils ne savent plus se comprendre. Mais d’abord, il va faire l’effort. Il va aller voir son père et lui en parler. Il va assumer sa déception, accepter de vivre avec. C’est la seule chose qu’il peut faire, finalement. Accepter qu’il ne vit pas dans un monde parfait, qu’il n’a pas des parents parfaits, que lui-même n’a rien d’un idéal.

Il trouve la parade. Il veut bien en discuter mais il refuse de faire ça autour d’un repas, il refuse de faire comme si le sujet était banal et n’avait pas toute son importance. Alors, ils vont s’en aller. Alors, il lui met le choix entre les mains bien qu’il garde son air suppliant au fond des yeux ; partons, partons loin d’ici. Deux suffiront. Elle entend ses appels à l’aide. C’est ce qu’il comprend face à cette décision, prise assez rapidement, peut-être un peu trop : elle aussi, elle voulait s’en aller. Elle non plus, elle ne voulait pas venir à la base. Elle s’approche de lui et reprend deux verres, ceux qu’ils n’utiliseront pas ce soir, ceux qu’ils n’utiliseront pas durant de longues semaines après ça. Parce que revoir ses parents sera compliqué pour Jacob. Parce que Olivia n’acceptera peut-être pas de revenir et de faire l’effort, après cette soirée. On peut leur dire que ça vient de moi, qu’on m’a appelée et que tu me raccompagnes. Il hoche doucement son visage de haut en bas. Elle prend la responsabilité. Encore une fois, elle va passer pour celle qui n’a pas envie d’être ici et qui trouve une excuse pour s’en aller. Encore une fois, elle va sembler être celle qui retire le fils à sa mère, car celui-ci est obligé de choisir sa femme. Elle le sauve, cette fois, et il n’arrive pas à la remercier. Peut-être qu’il le fait avec les yeux, peut-être qu’il le pense suffisamment fort pour qu’elle l’entende. Mais les mots ne sortent pas, ne le feront pas plus tard. Il est reconnaissant et elle le sait. Ils rejoignent le salon et le spectacle commence : il est temps de partir, ils sont désolés, ils se reverront bientôt. Et quand Olivia dit au revoir à sa mère, Jacob en profite pour dire à son père qu’il est au courant, pour exiger quelques informations. Ils conviennent de se revoir bientôt, il promet de répondre à quelques unes de ses questions. Et ça s’arrête là car l’agent immobilier n’est pas en mesure d’en supporter plus, parce que ça fait déjà trop de choses à accepter et à assumer en une seule soirée. Ses trouvailles avec Byron n’étaient pas un jeu, n’étaient pas pour faire passer le temps. Il avait raison depuis le départ, ce qu’il redoutait n’était rien d’autre que la réalité. Son père a eu un autre enfant, son père est infidèle, sa mère le sait, eux aussi maintenant.

Il sort de la maison quelques minutes après Olivia, après avoir dit au revoir à sa mère et lui avoir fait comprendre, à elle aussi, qu’il sait. Elle voulait qu’il reste, elle voulait s’expliquer, elle voulait se dédouaner de toute responsabilité mais il n’avait pas envie de l’entendre. Alors, il est sorti. Alors, il est avec Olivia. Il la rejoint devant le portail et elle ne prend que quelques secondes avant de revenir à la charge, avant d’excuser son paternel, peut-être un peu elle-même à travers lui. Ça le concerne, lui. C’est ce que tu as dit. Il fronce les sourcils en la regardant, cherche à savoir où elle veut en venir. Sa manière d’agir aujourd’hui n’est pas la bonne mais c’est sa façon à lui de se débattre avec ce qu’il cache, de garder la face parce qu’il a senti que quelque chose avait changé. Je suis certaine qu’il ne pensait pas à vous faire de mal, ni à toi ni à ta mère. Il détourne le regard une seconde, il est hésitant. Il ne sait pas s’il doit accepter d’aborder le sujet, d’y répondre enfin comme il en a envie, ou s’il doit faire le sourd et lui dire qu’il est temps de rentrer chez eux. La décision se prend vite, trop vite. Oui, je suis sûr qu’il pensait nous faire plaisir en allant coucher avec une autre femme. Je pense aussi qu’il était persuadé qu’on allait bien le prendre en la mettant enceinte. Je suis aussi sûr qu’il croyait que j’allais sauter de joie en l’apprenant bien des années plus tard. Il soupire en posant de nouveau son regard sur elle. Il m’a caché quelque chose et s’est enfoncé dans son mensonge durant des années. Je vois pas pourquoi tu prends sa défense. Toi aussi t’as envie de me mentir durant autant de temps ? Cette dernière question ne sort pas, elle reste coincée dans sa gorge, trop douloureuse à exprimer, trop douloureuse pour qu’il s’entende la poser. Ne reste qu’un silence, finalement, avant qu’il ne se dirige vers la voiture. On y va. Et là, ce n’est pas une question, c’est une affirmation, presque un ordre.

@Olivia Marshall :l:
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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyMar 24 Nov 2020 - 18:31



Olivia Marshall & @Jacob Copeland ✻✻✻ Nous avions évité les mots et les explications durant des semaines, usant d’esquives et de dérobades pour ne pas aborder ce que nous étions supposés dépasser, ce que nous nous étions promis de transcender. Nous semblions nous étudier à présent, inconsciemment, toujours sur le bord de la fêlure, en apparence l’évitant. Cela paraissait lent, complexe, imprévisible, comme deux alpinistes marchant sur de la glace si fine qu’elle crissait au moindre faux pas. « Peut-être que je dis certaines choses pendant deux ans, qu’un jour tu le réalises et que le lendemain j’en ai marre. Regarde dans la globalité plutôt que de t’imaginer que j’ai réagi du jour au lendemain, ça fait des mois que je suis le même, c’est toi qui a ouvert les yeux au moment où j’étais en train de perdre espoir. Ça a pas été suffisant pour me faire tout oublier. » Et cela crissait ce soir, si fort. Cela grinçait même, et la sensation de pouvoir tomber n’avait jamais paru aussi intense, aussi terrifiante. « Tu en as eu marre. » C’était ça, alors ? C’était tout ? Je reprenais ses mots, ceux qui m’avaient marqué, ceux qui semblaient résumer le tout, réellement. Les suivants paraissaient trop grands pour être encaissés ici. Pas suffisant. Bien trop capables de me faire mal, de me faire réaliser tout ce qu’il nous restait à surmonter. « J’aurais pu l’entendre, tu sais. J’aurais pu comprendre. » Cela ne sonnait pas comme un reproche, en effet, la sincérité venant se loger dans ce qui ressemblait davantage à un murmure désormais venant clore la conversation qu’il n’avait jamais voulu entreprendre en premier lieu, chez ses parents. Je l’aurais compris s’il me l’avait confié avant de s’enfuir à l’autre bout du monde sans un mot. Je l’aurais entendu, le cœur malmené mais conscient de ce qu’il nous fallait accepter de l’autre car cela aurait été son besoin à lui, pour une fois. Je l’aurais respecté car ce besoin avait été le mien avant le sien, l’impression au corps d’avoir épuisé mes réserves, de n’être plus en mesure de revenir en arrière ou d’agir sur notre présent, la seule solution en tête de m’éloigner pour ne pas nous faire davantage de mal.

Moi aussi, je m’étais éveillée, certains matins, la conscience aigüe de ne pas avoir la force d’ajouter notre perte à celle dont nous souffrions déjà, préférant la douleur de la trahison à celle de la séparation, équivalente selon moi à l’arrachement de mon cœur, à l’amputation de tout ce qui m’était le plus cher : lui. Et les mots n’étaient pas encore sortis mais je ne lui en voulais pas dans le fond. Je ne le blâmais pas d’être parti ou d’en avoir ressenti le besoin s’il s’était mis à étouffer, lui aussi, à ne plus accepter le temps qu’il m’avait fallu pour me mettre à sa hauteur. Cela aurait été plus simple peut-être, d’alimenter les reproches à son encontre durant son absence, fuyant la peine au profit de la colère mais je n’avais pas pu. Je m’en étais montrée incapable et n’avais pas cherché à réveiller les braises des remontrances, consciente que l’élan de mes sentiments envers mon mari n’était pas de l’ordre du choix ou de la réflexion. Que mon pardon avait été physique, instantané, primaire. J’avais été sous le choc de son départ mais ne lui en avais jamais voulu, craignant trop qu’il puisse songer à ne pas revenir. Il était là, à présent. À faire un pas vers moi, à retenter l’échange et je comprenais sans qu’il n’ait besoin de le dire ce qu’il avait besoin d’entendre, de ma part peut-être, de celle de son père surtout. « Ça fait des années qu’il les possède, ces réponses. » Je hochai la tête, simplement. « Je sais. » Je savais à quel point le mensonge pouvait faire souffrir, à quel point il l’avait en horreur. J’en étais tellement consciente que le poids reposant sur ma poitrine semblait peser un peu plus lourd à chaque nouveau réveil auprès de lui. Je savais ce que ses mots signifiaient également, ainsi que ses regards, alors que je prenais la décision pour deux et que nous rejoignions le séjour. Il avait besoin que les impostures disparaissent, que les faux-semblants craquent. Il avait besoin que les vérités lui soient révélées sans qu’il n’ait à les forcer, que les personnes chères à son cœur ne puissent plus le regarder décemment dans le blanc des yeux en perdurant dans la tromperie. Ses parents lui avaient menti et ne pouvaient espérer commencer à se racheter qu’en lui révélant par eux-mêmes ce qu’il méritait de savoir. Il me faudrait en faire de même, un jour. Pas maintenant. Et cela sonnait comme un sursis autant qu’une prolongation de peine.

Je resserrais les pans de ma veste en le voyant se retourner vers moi, interrompant son avancée vers la voiture qu’il désirait tant rejoindre, que nous n’avions jamais voulu quitter en premier lieu. Je comprenais maintenant qu’une part de lui l’y avait forcé, pour contenter sa mère, pour se ressourcer, comme s’il y avait encore espoir. Mais qu’une autre savait déjà l’engrenage dans lequel nous allions mettre le doigt. Cela paraissait quitte ou double à présent, d’être venus jusqu’ici et son regard dans le mien semblait me prévenir de la sorte, m’enjoignant à prêter garde à ce que j’allais pouvoir dire. Quitte ou double, Olivia ? « Oui, je suis sûr qu’il pensait nous faire plaisir en allant coucher avec une autre femme. Je pense aussi qu’il était persuadé qu’on allait bien le prendre en la mettant enceinte. Je suis aussi sûr qu’il croyait que j’allais sauter de joie en l’apprenant bien des années plus tard. » Ainsi, l’abcès avait été crevé, je le comprenais. Son père avait confirmé, ou n’avait pas démenti tout du moins. Voilà ce que Jacob me laissait entendre en cédant à la colère, en reformulant tout ce qui lui avait échappé durant des années. « Rien n’est jamais aussi simple, Jake. » soupirai-je presque en écho, ne m’avançant pas davantage car cela n’aurait servi à rien : je comprenais que tout puisse paraître simple justement, à chaud, du côté de celui découvrant la trahison. Les pourquoi avaient cette fâcheuse tendance à sonner comme une justification, à s’afficher atténuants et celui qui souffrait ne désirait pas voir sa souffrance diminuée, mésestimée. « Il n’aurait pas dû te laisser partir, pas comme ça. » J’espérais qu’il l’entende pourtant, qu’il se souvienne que les mobiles importaient, oui, pour comprendre un crime. Que la compréhension n’excusait en rien mais était nécessaire pour parvenir à avancer, à cicatriser. C’était ce que je souhaitais pour mon mari, c’était ce que son père aurait dû comprendre également plutôt que de laisser repartir son fils, emmuré dans des questions qui resteraient encore sans réponses ce soir. « Il m’a caché quelque chose et s’est enfoncé dans son mensonge durant des années. Je vois pas pourquoi tu prends sa défense. »  Tout paraissait dangereux, à présent, car tout l’était. Je m’arrêtais pour lui faire face, incapable d’évaluer de quel recoin de mon être étais-je capable de trouver la force nécessaire pour qu’à son regard puisse résister le mien. Derrière les blessures que nous effleurions s’en cachaient d’autres que nous ne pouvions admettre. Je voulais l’approcher, je voulais le soutenir mais chacun de nos mots semblait désormais capable d’ôter l’opacité protégeant notre couple, donnant à nos failles - les miennes - une lucidité soudaine que je me savais incapable d’assumer. « T’as le droit de lui en vouloir. » Je reprenais plus doucement, inclinant peut-être mon visage pour l’adapter au sien que je devinais traversé par le doute et le chagrin. J’avais mal, mal pour lui, mal pour sa famille que j’aimais comme la mienne, mal pour nous. Il en avait tous les droits, sans que quiconque ne puisse avoir la prétention de le forcer au pardon prématuré, pas même moi. Et l’on s’en moquait bien que cela puisse vouloir dire qu’il avait le droit de m’en vouloir, aussi. L’on s’en moquait bien que cela me fasse aussi mal de le lui reconnaître, mes yeux dans les siens. « Je ne le défends pas. C’est pas lui que j’aimerais apaiser. » Il le savait au fond de lui, je ne pouvais pas imaginer l’inverse mais s’il avait besoin de l’entendre, je le lui disais à nouveau, sans faillir.

« On y va. » Je soupirais en le regardant s’éloigner, emportant dans son dos sa voix qu’il contrôlait avec mesure, son application à la modérer rendant l’affirmation plus vibrante encore. Car il s’agissait de cela, n’est-ce pas ? Une injonction destinée à couper court à tout ce qui venait d’avoir lieu, à tout ce qui menaçait de suivre. Il avait raison de nous y plier, il était celui possédant cette capacité à pressentir les orages entre nous avant même qu’ils ne surviennent. J’aurais dû l’écouter, oui, le suivre sans lutter inutilement. Il eut fallu, oui, si le besoin d’étouffer mes pensées sous un voile de fumée ne se montra pas impérieux finalement, plutôt qu’inutile. Je fermais les yeux, ignorant presque la portière de la voiture claquant déjà sourdement à quelques mètres lorsque le tabac vint tapisser mes poumons de sa pellicule protectrice. Quelques bouffées supplémentaires me furent nécessaires avant que je ne me décide à me mettre en mouvement à mon tour, la fumée presque blanche dans mon sillage, la porte se refermant derrière moi et le moteur vrombissant. On y va. Trois mots sécurisants autrefois, trois mots signifiant tout. Aujourd’hui, il était difficile de percevoir ce qui se cachait en leur sein. Où ça ? À la maison. Là où les silences retrouveraient leur place, là où nous ne parviendrons pas à nous entendre, à nous aimer. Je les entendais, ici, ses soupirs réprimés. Je la percevais, l’agitation qui était la sienne alors qu’il tentait de se concentrer sur la route. J’y fis attention enfin, à la paume de sa main enserrant fermement le pommeau de vitesse, ses phalanges presque blanches sous la tension qu’il y exerçait. Je n’y réfléchis pas à deux fois cette fois-ci lorsque ma main vint chercher la sienne, mes doigts dénouant les siens pour s'y entremêler, les ramenant joints, vers moi.




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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyMer 16 Déc 2020 - 9:54


Tu en as eu marre. C’est une manière courte, directe et efficace de résumer le ressenti de Jacob au cours de ces dernières semaines, ces derniers mois, ces dernières années. Il a toujours fait de son mieux pour affronter ses sentiments les plus noirs et les transformer en espoir, en positivité. La soirée du pique-nique frôlait la perfection, elle était tout ce qu’il recherchait depuis tout ce temps, mais c’était finalement insuffisant à ses yeux. Il a essayé de le croire, de se persuader qu’ils remontaient enfin la pente et qu’elle n’allait plus reculer. Il ne savait pas lui-même que, à son tour, il allait préférer faire marche arrière que continuer d’aller vers l’avant. À la base, ce voyage était prévu pour décompresser, se retrouver et s’amuser. Il ne se l’était pas vendu à lui-même comme une fuite, un moyen de s’éloigner d’elle et de ce qui le rongeait de l’intérieur. Ça a pourtant été son seul argument quand il lui a annoncé son départ : il voulait souffler. Autrement dit, il voulait être partout sauf auprès d’elle. J’aurai pu l’entendre, tu sais. J’aurai pu le comprendre. Elle a l’air convaincue de ce qu’elle avance, lui ne l’est pas forcément. Ses paroles ne sont plus qu’un souffle et, à vrai dire, Jacob n’a pas la force de poursuivre. Il la laisse clore la discussion comme ça, sur une hypothèse. Elle aurait pu, peut-être, c’est vrai. Elle aurait pu mais il ne lui a pas laissé l’opportunité de le lui prouver. Elle aurait pu mais il a déjà trop été déçu avant ça. Elle le peut encore, si elle le veut réellement. Oublier la solitude dans laquelle il a préféré la laisser, oublier la peur qu’elle a dû ressentir et ne sachant pas s’il allait revenir ou non. Juste le croire et l’écouter, juste accepter que oui, il en avait marre, qu’il en a toujours marre et que ça ne s’en ira pas tant qu’il y a aura tous ces obstacles sur leur route.

Il se sent comme un enfant qui a fait une bêtise et qui doit l’avouer à ses parents. Le problème dans l’histoire, c’est qu’il n’a plus rien d’un gamin et qu’il n’est pas coupable, lui. Il sait ce qu’il ne devrait pas savoir, ce qu’on s’est entêté à lui cacher depuis des années. Peut-être qu’en ce savoir réside effectivement une erreur, peut-être que son père aura comme seule défense de le lui reprocher. Il est même presque sûr que c’est l’esquive qu’il tentera. Il a l’impression que là, entre son père, sa mère et Olivia, il est celui qui n’a pas sa place, celui qui vient tout saccager. Ça lui rappelle ces histoires dans lesquelles on rappelle aux héros de parfois se remettre en question, que s’il y a autant de malheur autour de lui, ce n’est peut-être pas uniquement lié aux autres. Est-ce qu’il aurait bien réagi s’il l’avait su bien des années plus tôt ? Est-ce qu’il serait capable de pardonner Olivia si elle prenait enfin la peine de lui avouer ce qu’elle fait les soirs où elle ne rentre pas, ceux où elle ne reste pas au travail ? Voilà à quoi ressemble sa remise en question, et il n’est sûr de rien. Il se sent trahi, sali, et ça aurait été la même chose s’il n’avait pas été obligé de leur tirer les vers du nez. À eux, puis à elle, le jour où il s’en sentira capable. Pour l’heure il la prend comme alliée, c’est à deux qu’ils vont fuir, à deux qu’ils vont trouver une parade pour rentrer chez eux. Et c’est fait assez rapidement. Il se voit à l’extérieur de son corps, Olivia parle en première et s’en va après avoir dit au revoir, Jacob lui prend son père sur le côté pour lui échanger quelques mots. Ils n’auront pas la grande discussion ce soir, il ne lui balancera pas tous ses reproches au visage dès maintenant, mais le décompte est lancé et il ne sait pas s’il a réellement hâte d’enfin tout découvrir. Il termine par saluer sa mère et sort à son tour, retrouvant l’air frais.

Et là, ils sont supposés rentrer. Ne pas s’échanger un seul mot et s’en aller. C’est ce qui lui conviendrait le mieux, à lui, ce qu’il espérait déjà alors qu’il n’avait pas franchi le seuil de la porte. Mais elle ne veut pas en rester là et il le savait à l’avance : il y a encore des choses à dire et il ne peut pas rentrer avec toute cette colère en lui. Son père ne voulait pas le blesser personnellement. Son père, son père, son père. Il a l’impression qu’il n’y a que lui qui compte, alors que pour l’instant, il ne vaut plus grand-chose aux yeux de Jacob. Rien n’est jamais aussi simple, Jake. Il hausse ses épaules face à cette remarque. Tout le monde est capable de prendre une mauvaise décision sur un coup de tête, n’importe qui devrait ensuite pouvoir l’assumer et l’avouer. Là-dedans, il peut presque se viser lui-même. S’en aller en lui donnant cette explication était une mauvaise idée, revenir était la seule manière convenable de s’en excuser. Et même si le sujet n’a pas encore réellement été abordé, là est sa défense. S’il a fauté, il a fait au mieux pour le régler. Contrairement à elle, à son père, à sa mère et à toutes les personnes de son entourage qui semble s’amuser avec lui et ses nerfs, en ne lui dévoilant jamais toute la vérité. Il n’aurait pas dû te laisser partir, pas comme ça. Il soupire. Tu es là. J’allais pas régler mes comptes avec lui et te laisser m’attendre en parallèle. On abordera le sujet une autre fois, je sais simplement que je ne me faisais pas des films et c’est ce qu’il me fallait. Sur ce point, il peut dire que son père a eu la bonne manière de réagir : il n’a pas essayé de nier, il a été mis devant le fait accompli et a assumé. C’est tout ce que son fils désirait de lui, ce soir. T’as le droit de lui en vouloir. Je ne le défends pas. C’est pas lui que j’aimerais apaiser. Et face à ces mots, rien ne sert de lutter davantage. Il ne sait pas contre qui porter toute sa colère mais les faits sont là : elle, elle est là. Et même s’ils ont des torts à se reprocher l’un et l’autre, elle ne le mérite pas. Pas maintenant, pas alors qu’elle fait de son mieux pour le comprendre et le soutenir.

Alors il fait l’effort de ne rien rajouter, si ce n’est les quelques mots pour ordonner leur départ d’ici. Ils y vont. Et à la base, il n’aurait jamais dû accepter l’invitation. Le mieux a faire aurait été d’être courageux dès le début et les affronter, sans faux-semblants, sans Olivia au milieu. Il monte dans la voiture, s’attache, attend que sa femme en fasse de même et démarre. Plus un seul mot, seules ses pensées s’expriment et font mal. Parce qu’il n’a rien fait correctement. Ni ce soir, ni en partant, ni en revenant. À bien y réfléchir, il ne se rappelle plus de la dernière fois qu’il a fait un choix qu’il peut assumer fièrement aujourd’hui. La situation dans laquelle il est le force à agir d’une manière qu’il n’apprécie pas, qu’il aimerait repousser le plus loin possible. Et toute la tension qui l’anime doit se lire sur son visage, se comprendre par ses gestes ou se ressentir dans l’air puisqu’elle libère le levier de vitesses et attrape sa main. Il ne la regarde pas, ne la repousse pas. Ses yeux restent concentrés sur la route mais son souffle se relâche, ses muscles se détendent, sa mâchoire se décrispe. Elle est là pour lui, peu importe le sujet, peu importe s’ils ne se comprennent plus comme tout à l’heure. Et c’est sur cette idée qu’il doit se reposer, celle-ci et rien d’autre. J’en ai eu marre. Il confirme, presque dans un souffle, amorce de ce qu’il compte lui dire par la suite. Des excuses qu’il ne croyait pas penser un jour, qu’il ne pensait encore moins prononcer à haute voix. Tu ne méritais pas que je t’annonce mon départ comme ça. Il ne la regarde toujours pas et ne compte pas le faire. Seule la pression de sa main entre les siennes prouve qu’elle a provoqué ces aveux avec ce contact, qu’il avait juste besoin d’un point de départ. Et t’emmener ici sans te dire tout ce qu’il se passait était une mauvaise idée. S’il n’était pas parti, il aurait trouvé le temps de lui en parler, aurait craqué bien plus tôt. Il aurait ignoré tous les aspects déplaisants pour s’adresser à sa complice de toujours car au fond, même si Byron a été un bon allié, il n’y a qu’elle pour le comprendre – parfois même mieux que lui-même. Par contre, il ne mérite pas que je le pardonne, lui. Et je n’ai pas envie que tu le défendes, ni maintenant, ni jamais. Il tourne enfin ses yeux vers elle, car oui, se retenir de le faire est finalement impossible. Je suis désolé. Il l’est, il espère qu’elle l’est aussi. Il espère aussi qu’ils n’auront bientôt plus à l’être, que tous ces problèmes seront surmontés, évacués, oubliés.

@Olivia Marshall :l:
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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyVen 18 Déc 2020 - 22:20



Olivia Marshall & @Jacob Copeland ✻✻✻ Il savait pour moi, comme je me doutais pour lui. Ça ne faisait aucun doute, alors que son regard ne cessait d’affronter le mien, le relâchant juste à temps pour ne pas avoir à dire le fond de sa pensée, ce pour quoi il m’en voulait réellement, autant qu’à son père. L’idée que ce soit plus, que ce serait pire lorsque notre tour viendrait m’écrasait un peu plus, n’en finissait plus de me repousser au fin fond du silence et des secrets qu’il abhorrait tant et un peu plus sur l’instant, comme si c’eut été possible. S’il en voulait à son père, il me détesterait le temps venu. S’il n’était pas enclin à lui laisser le bénéfice du doute, l’hypothèse du pardon, je n’en bénéficierai pas non plus. Je les lui accordais, moi, fermais les yeux sur tout ce que je ne voulais pas savoir, tout ce que je ne voulais pas imaginer ou entendre. J’étais suffisamment terre à terre cependant pour me rendre compte que connaître la vérité, toute la vérité, serait capable de détruire chacune des barrières retenant ma colère, le barrage prêt à céder sous les assauts des soupçons de plus en plus nombreux, rendus un peu plus légitimes qui plus est, suite à son départ précipité et son absence prolongée. Combien y en avait-il eu, durant ce temps, de gestes déplacés et d’instants intimes volés ? Les regrettait-il autant que je pouvais regretter les miens ? Se doutait-il qu’il n’y en avait plus eu un seul, de mon côté, plus un seul depuis des semaines, plus un seul depuis cette soirée où tout avait retrouvé le goût du possible ? Je cillai lentement, les souffles contenus et maitrisés, le visage impassible pour contrer les images de mes trahisons. Mais toutes, absolument toutes, me revenaient par bribes décousues, mon esprit refusant de me faciliter quoique ce soit en m'alestant de ces souvenirs, préférant que je les endure face à Jacob et son absence de certitudes, Jacob et sa connaissance de tout, pourtant. « Tout le monde est capable de prendre une mauvaise décision sur un coup de tête, n’importe qui devrait ensuite pouvoir l’assumer et l’avouer. » Tout le monde. N’importe qui. Son père qui demeurait absent au travers de ses mots car il n’était pas le seul, finalement, dont nous étions en train de parler. Par n’importe qui, tu entends toi Jacob ?

Ou était-ce moi de nouveau qu’il se remettait à viser ? Moi qu’il tentait de faire flancher ? Je rejetais l’idée en un seul froncement de sourcils, ne laissant aucune chance à ma culpabilité de faire une percée, de s’exprimer à ma place. Ce n’était ni le lieu, ni le moment, l’idée sonnant vulgairement même, ironiquement égoïste de tenter de m’alléger lorsque tout semblait le peser sur l’instant, lorsqu’il devait rester le seul à primer. « Toi, peut-être. N’importe qui, tu sais que ce n’est pas vrai. Mais il s’agit de tes parents ici, laisse-leur une chance. » Lui aurait-il pardonné s’il s’était exprimé plus tôt, son père ? S’il avait pris les devants et assommé son fils de ce qu’aucun enfant ne désirait savoir de ses parents ? J’en doutais mais je n’avais pas besoin de le dire : il savait ce que mon regard lui soufflait, je devinais qu’il y pensait également. Hier ou aujourd’hui, la découverte de leur imperfection, de leurs travers aussi humains que ceux animant le reste du monde n’était jamais aisé ou difficilement acceptable. Je trouvais cela plus douloureux encore, pour Jacob qui avait dû attendre aussi longtemps avant que le voile ne s’estompe, la mascarade révélée au moment où il était déjà à terre, au moment où il me paraissait si complexe de pouvoir le soutenir, de l’aider à se relever. « Tu es là. J’allais pas régler mes comptes avec lui et te laisser m’attendre en parallèle. On abordera le sujet une autre fois, je sais simplement que je ne me faisais pas des films et c’est ce qu’il me fallait. » J’aurais attendu, il le savait. Le temps qu’il leur aurait fallu, sans jamais songer à prendre congé comme je l’avais fait si aisément, ces deux dernières années. Les explications auraient pu avoir lieu à l’intérieur, et moi au-dehors, prête à l’attendre afin qu’il retrouve ce repère, et celui-là au moins, une fois l’instant passé. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait, préférant séquencer les épreuves que d’y faire face en une fois, la chance leur étant ainsi laissée d’assourdir le choc et d’éviter la déflagration.

Cela lui ressemblait après tout, lui qui tempérait, lui qui raisonnait ; lui qui ressassait, finalement, jusqu’à s’en vouloir personnellement de tout ce qu’il n’arrivait pas à régler par lui-même, à résoudre sans aucune aide. Ce n’était pas à lui de résoudre quoique ce soit cette fois-ci, pas plus qu’il n’était seul lorsque ma main vint le lui rappeler, mes doigts n’ayant aucun mal à retrouver les siens malgré le silence, le geste plus intimes que tous ceux que nous nous étions permis depuis son retour, celui de toucher sa douleur, à la surface, l’entremêlement délicat pour l’adoucir, non pas la raviver. « J’en ai eu marre. » La première fois avait heurté, la répétition finissait d’esquinter. Je ne cédais pas pourtant, mes doigts sur ses blessures et ses tourments en leur creux. « Tu ne méritais pas que je t’annonce mon départ comme ça. » Il avait dit qu’on s’en sortirait. Il l’avait dit, avait paru le penser, suffisamment pour que je le croie à mon tour. Quand s’était-il mis à en douter finalement ? Le soir-même suite à notre retour, le lendemain, la semaine d’après ? Les questions s’étaient bousculées depuis son annonce qui n’en avait même pas eu la forme, et je n’en avais laissé échapper aucune jusqu’à présent, la fierté mal placée, l’appréhension trop grande d’en obtenir les réponses lorsque son dernier regard pour moi avait ressemblé à un au revoir. « Et t’emmener ici sans te dire tout ce qu’il se passait était une mauvaise idée. » Ça n’était pas une surprise, n’est-ce pas, ni pour lui ni pour moi. J’avais ignoré à quel point, voilà tout, quand lui ne semblait se rendre compte qu’à présent de tout ce que cela allait engendrer. « Par contre, il ne mérite pas que je le pardonne, lui. Et je n’ai pas envie que tu le défendes, ni maintenant, ni jamais. » « Jamais, alors. » L’accord résonna sobrement, la voix éraillée naturellement mais que j’aurais préféré grave uniquement, comme si la nuance, même la plus infime, n’y trouvait plus sa place. Je le lui accordais sans lutter, cet accord, sans que cela ne heurte mon esprit de contradiction, cette dernière reléguée au dernier plan lorsque cela avait tout l’air d’une demande, d’une condition pour préserver notre mariage.

« Je suis désolé. » Le reflet des étoiles au dernier virage sembla presque se cogner aux angles de nos regards, accrochés l’un à l’autre. Il l’était, évidemment. Je l’étais plus encore. « C’était comment ? » Et cela sonnait comme un pardon, le souffle s’enchaînant naturellement, désireux de ne pas s’attarder sur ce que nous avions provoqué à deux, ce qu’il n’avait pas à assumer seul. Plus maintenant en tout cas, alors que le moteur de la voiture s’éteignait dans l’allée menant à chez nous, les phares avec, et l’impression donnée que les reproches aveuglants sous la lumière des derniers jours ne demandaient qu’à disparaître, l’obscurité revenue. « T’as toujours rêvé de retourner là-bas. Et t’as encore rien dit. » repris-je simplement, le reproche ne portant que sur cela pour oublier le reste ; mes doigts ne lâchant finalement les siens que pour trouver les portières qui nous laissèrent sortir. « Le MoMA ne t’a pas déçu, tu me l’aurais déjà dit sinon. Est-ce qu'il y avait de la place au Blue Note ? » Et s’il n’y en avait plus, le nom Copeland y résonnait-il encore suffisamment pour en ouvrir les portes, s’offrir une table ? L’étincelle de mon regard suffit à elle seule, la malice y retrouvant sa place lorsque mon visage demeurait sérieux en me retournant pour lui faire face, continuant parallèlement de remonter l’allée, à reculons. « Tu as mangé combien de hot-dogs à Coney Island ? » J’avais parié six avant qu’il ne soit malade. Il était monté à dix pour la contradiction, justement, poussé l’ego à onze juste pour me voir lever les yeux au ciel. Nous en avions parlé de ce voyage, avions monté des plans, imaginé le MoMA qu’il espérait parcourir et ce fameux club de jazz dont la réputation m’attirait tant. Il y en avait bien d’autres encore, que je m’étais efforcée d’oublier pour ne pas succomber à la folie ces dernières semaines et dont je désirais tout savoir étrangement sur l’instant. Je m’arrêtais finalement en rencontrant la porte dans mon dos, la nuit portant les odeurs de chez nous, le vent léger se chargeant de livrer ce que j’avais maintenu au silence, jusqu’à présent : « Je me suis torturé l’esprit pendant un mois. À me demander ce que tu faisais et avec qui. » À m’imaginer que ce Jordan n’avait été qu’un prétexte, une invention pour le dédouaner. J’esquissai une ébauche de sourire, à peine perceptible et sûrement amer, renfermant en son sein qu’il ne valait mieux pas me dire, non, s’il avait été le seul ou non à partager ses moments de l’autre côté du monde. Je ne voulais pas de noms, à bien y réfléchir, le risque bien trop grand de me pousser à la chasse à l’homme si certains s’avéraient féminins. « Mais même en m’imaginant tous les scénarios possibles, il y en avait toujours un pire que les autres. » Celui où tu ne reviendrais pas. Il l’entendrait, il le devrait, je n’arriverais pas le formuler de mon côté, jamais avec ces mots. « Raconte-moi les bons avant de me dire si toi aussi, tu as pensé au pire. » Si lui aussi, il y avait songé, à ne pas rentrer. S’il avait apprécié chacune des secondes passées loin de moi au point de reconnaître qu’une partie de lui aurait préféré y rester ; là-bas ou ailleurs, peu importe après tout, du moment que ce n’était pas auprès de moi. Est-ce que tu as songé à ne pas revenir, Jacob ?




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Message(#) Sujet: Re: somebody please say grace so i can save face (olivia) somebody please say grace so i can save face (olivia) EmptyDim 3 Jan 2021 - 16:59


Toi, peut-être. N’importe qui, tu sais que ce n’est pas vrai. Mais il s’agit de tes parents ici, laisse-leur une chance. Encore une fois, il n’est pas d’accord avec cette idée-là. Eux n’ont pas hésité avant de le maintenir à l’écart, de nourrir un mensonge durant autant d’années. Eux ont choisi de ne pas la lui laisser, cette chance de savoir, de comprendre, de pardonner. Pourquoi le ferait-il aujourd’hui ? Pour agir différemment d’eux, pour être une meilleure personne qu’ils ne l’ont jamais été. C’est l’argument qui termine toujours de le convaincre, habituellement. Pas cette fois-ci. Cette fois, il a décidé de rester fermement ancré sur ses idées et de ne pas céder. Ils ont pris une décision il y a des années sans penser une seule fois à faire marche arrière. Il a pris la sienne ce soir et, borné, ça se transmet de père en fils chez les Copeland. Il préfère ne pas répondre, seulement lui confirmer qu’ils aborderont le sujet une autre fois. Il a hâte, en un sens, d’enfin découvrir toute la vérité. Mais de l’autre côté, il espère pouvoir repousser ce moment indéfiniment pour ne pas avoir à faire face, pour presque oublier avant qu’on ne vienne le lui rappeler. Et dans la voiture, il comprend qu’il n’a aucune échappatoire. Que s’il a réussi à s’enfuir de chez ses parents pour ne pas faire face aux sujets désagréables, il ne peut pas la semer, elle. Il ne peut pas, il n’en a pas envie. Et pourtant, il sait que tout serait plus simple s’il essayait, s’il partait : il se l’est prouvé à lui-même, pour New York, avec Jordan. Il a aussi compris que le manque qu’il ressentait vis-à-vis d’elle ne s’atténuait pas de jour en jour mais augmentait, de seconde en seconde. Elle attrape sa main, lie ses doigts aux siens et confirme ses pensées : il ne peut pas partir, cette fois. Il ne peut pas non plus rester silencieux et faire comme s’il ne s’était rien passé, ça, il l’a suffisamment fait. Il ne peut pas reprocher quelque chose aux autres et se permettre de le faire dans la foulée. Alors sa peau contre la sienne devient une impulsion, un point de départ. Il lui explique, trouve des mots qui ressemblent à ceux qu’il pense réellement pour lui confier le pourquoi. Jamais, alors. Et elle accepte de ne plus le défendre. Peut-être est-elle capable de le comprendre, elle, de le pardonner aussi. Mais elle ne peut pas l’entraîner avec lui dans cette volonté-là. Il ne dit pas merci, il le pense suffisamment fort : il resserre légèrement sa main autour de celle de sa femme. Et c’est suffisant, du moins, il l’espère.

Il est désolé. Il est toujours le premier à l’avouer, même s’il aimerait que ce soit l’inverse. Qu’elle le dise, elle aussi. Sans exprimer ses torts, forcément, mais qu’elle l’admette : qu’elle dise qu’elle s’en veut, que rien n’est calculé, que rien n’est volontaire, que rien n’est apprécié. Mais elle ne le fait pas, et finalement, il en a trop l’habitude pour le lui reprocher, ça encore. C’était comment ? Elle ne rebondit pas sur ses excuses, lui demande plutôt comment son voyage s’est passé. Elle accepte d’en parler, accepte de passer au-dessus de tout ce qu’ils ont omis de se dire. T’as toujours rêvé de retourner là-bas. Et t’as encore rien dit. Il n’était qu’un bébé quand ses parents ont décidé de quitter l’Amérique pour l’Australie, l’éloignant de ses origines, dans la seule optique de le protéger. Alors oui, évidemment qu’il a toujours voulu y retourner. Il sort de la voiture, lui aussi, prend soin de vérifier qu’elle est bien verrouillée avant de la suivre, pas à pas, jusqu’à la porte d’entrée. Le MoMA ne t’a pas déçu, tu me l’aurais déjà dit sinon. Est-ce qu’il y avait de la place au Blue Note ? Ça le fait sourire, car elle a raison. Il aurait fait une trêve dans leur guerre froide pour lui dire que ce n’était pas aussi bien qu’il l’avait prévu. Parce que de ça, ils en parlent peut-être depuis qu’ils se connaissent. Il y a toujours de la place pour un Copeland, là-bas. Je l’ignorais avant d’y mettre les pieds. Son père s’était fait un nom, à New York. Un nom célèbre, reconnu. Un nom que l’on n'oublie pas, même après quarante ans. Un nom que l’on veut célébrer, peu importe comment, surtout en favorisant le fiston qui, lui aussi, a ses parts dans la grande pomme. Les agences Copeland ont beau être connues et reconnues à Brisbane, là-bas aussi, elles ont commencé à pousser. Tu as mangé combien de hot-dogs à Coney Island ? Le grand débat revient sur le tapis, encore. Il se pince les lèvres, presque honteux d’avouer son score. Trop peu pour que ce soit mentionné. Il n’avait pas tellement d’appétit ce jour-là et même s’il voulait respecter ses prédictions, il n’a pas su aller au bout. Vraiment pas. Elle arrive jusqu’à la porte, il s’arrête en face d’elle. Et en croisant son regard, il sait qu’elle ne va pas se retourner pour l’ouvrir et qu’ils ne vont pas rentrer dans la foulée. Je me suis torturé l’esprit pendant un mois. À me demander ce que tu faisais et avec qui. Mais même en m’imaginant tous les scénarios possibles, il y en avait toujours un pire que les autres. Raconte-moi les bons avant de me dire si toi aussi, tu as pensé au pire. Il peut lui raconter tous les détails de ce voyage. Lui dire les films qu’ils ont choisi de regarder dans l’avion, les snacks payés beaucoup trop chers à l’aéroport, les taxis, l’accent américain, la démesure partout où ils mettaient les pieds. Il peut lui dire, oui, mais pourquoi remuer le couteau dans la plaie ? Face à elle, toujours en dehors de leur maison, il peut bien baisser les armes. J’ai pensé au pire, moi aussi. Autant l’admettre, dès le départ. J’ai imaginé ce que ça me ferait de ne pas rentrer à la maison, de ne pas en avoir le courage. Mais il avait un billet de retour, des responsabilités à Brisbane. Il l’avait elle. Mais je suis revenu et je n’ai pas envie de regretter ce voyage seulement parce que je l’ai mal envisagé. Et… j’étais avec Jordan, personne d’autre. Il tient à le lui rappeler, le confirmer, insister : il était avec un ami, rien de plus. Le blond sort ses clés de sa poche et se rapproche d’elle pour pouvoir passer sa main dans son dos et déverrouiller la serrure. Je suis rentré. Et je n’ai plus l’intention d’aller où que ce soit, maintenant. Il ne partira plus du jour au lendemain, en la laissant seule avec ses doutes. Il range à nouveau ses clés au fond de sa poche et appuie sur la poignée pour ouvrir la porte derrière elle. On rentre ? Le « on y va » de tout à l’heure a disparu, le ton agressif également. Il lui demande, lui laisse le choix de rentrer chez eux, de se retrouver, ou de rester sur le pas de la porte pour ressasser toute leur rancune mutuelle – même s’ils ne l’acceptent pas, s’ils ne la disent pas, elle est là.

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