Je n’aurais pas pensé qu’il avait ça en lui. Pourtant son poing aura fini sur mon visage comme l’avait prédit Mia quand je lui ai raconté ce qui c’est passé lors de ma soirée d’anniversaire. Les conséquences auront pris plusieurs semaines mais elles seront arrivées malgré tout.

Comme souvent en ce moment, je finis la soirée seul à boire dans le salon quand Dylane travaille de nuit, entouré de ses chiens. Je tourne la bouteille entre mes doigts, esquissant des croquis sans avoir beaucoup de cœur à la tâche. Soudain on sonne et je regarde la porte surpris. Je regarde mon téléphone, je n’attends personne. Je me lève, abandonnant ma bière sur la table, pour aller ouvrir.

J’ouvre la porte et découvre le visage de Jill. Mon réflexe immédiat est de la reclaquer immédiatement. Je n’ai pas envie de la voir. Pas ce soir. Mon cœur a loupé un battement, me ramenant des semaines en arrière à ma soirée d’anniversaire. A ce baiser volé. A l’aveu de sentiments cachés durant des années.  A l’usage du passé pour elle et à la manière dont elle m’avait repoussé.  Tout ça n’aura été qu’un jeu, un défi de plus. Bailey a eu raison. Je n’ai été qu’un jouet de plus sur la liste, sur la collection de Jill. Juste un jouet un peu plus récurrent c’est tout.  La porte est à peine refermée que je soupire, conscient que malgré tout ce qui nous séparait aujourd’hui, Jill restait une des personnes dont j’étais le plus proche et que je n’allais pas pouvoir l’éviter éternellement. Alors j’ouvre de nouveau la porte, plantant mon regard dans le sien, lui disant d’une voix neutre. « Qu’est ce que tu veux ? »  Pourtant je devine déjà au timing pourquoi elle est là. Je devine que c’est en lien avec ma confrontation avec Bailey quelques jours plus tôt, aux traces que j’ai laissé sur son visage comme à mon nez qu’il a cassé. Je m’écarte pour la laisser entrer malgré tout.

@Jill Mcgrath-Fitzgerald

Elle se demande comment va Pete depuis des semaines. Elle ne sait pas comment elle va s’y prendre pour que ça aille mieux entre eux. Elle ne sait même pas s’il va avoir envie de la revoir un jour. Mais elle tente, elle ne lui envoie pas de message, elle sait qu’il n’y répondra pas. Elle préfère débarquer devant sa porte, et toquer, comme si de rien n’était. Comme lui le faisait quand elle n’avait aucune envie de le voir. Elle tente sa chance, il ne pourra pas l’ignorer éternellement. Elle déteste quand ils se font la tête de cette manière, et elle sait qu’ils ont terriblement besoin d’une explication. Il n’aura pas d’autre choix que d’accepter qu’elle rentre.

Elle toque, il ouvre, et il lui referme la porte au nez. Elle grimace mais elle n’est pas près d’abandonner. « Qu’est ce que tu veux ? » Elle retient la porte et finit par entrer dans cette maison qui n’est pas la sienne. Elle regarde, elle l’observe de loin, et il a l’air particulièrement énervé. “Juste parler.” Elle lève les mains au ciel en signe d’innocence. “Tu comptes me jeter de force de chez toi ?” Elle sait qu’elle n’a rien fait de mal pourtant, qu’elle n’a fait que parler de la vérité, dire que jamais rien n’aurait été possible entre eux. Mais il l’a mal pris, et il a décidé de la laisser de côté depuis. “Tu comptais ne plus me parler pendant combien de temps ?” Elle ne supporte pas qu’il l’évite de cette manière pour avoir dit la vérité. Il ne veut pas l’affronter, il ne veut pas avoir de vraie discussion parce qu’il reste un gamin dans sa tête Pete, et s’il hausse le ton contre Jill, elle n’hésitera pas à le faire aussi. Il ne peut pas disparaître de sa vie quand bon lui semble, surtout pour une histoire aussi idiote.

« Juste parler. » Juste parler mais moi je n’ai aucune envie de parler avec elle. Aucune envie de ressasser notre dernière conversation, aucune envie de me souvenir du passé et de réaliser que j’ai rêvé pour rien. Que ce nous n’était qu’un mirage, une fantaisie que j’ai simplement imaginé dans mon esprit et qui n’arrivera jamais.

« Tu comptes me jeter de force de chez toi ? »

La jeter de force de chez moi me semblait être une bonne option à laquelle je pensais sérieusement. Mais il fallait se rendre à l’évidence, je lui avais ouvert la porte j’étais donc prêt à la laisser entrer même si j’avais aucune envie de la voir. Elle a levé les bras dans les airs comme si je lui pointais un flingue au visage et je ne dis rien la laissant entrer. Mon visage porte encore les traces des coups échangés avec celui qu’elle a choisi et je n’ai pas de doute que c’est pour ça qu’elle est là. Je ne réponds rien, me contentant de la laisser entrer.

Je referme la porte derrière elle partant en direction du salon pour aller me chercher une bière. “Tu comptais ne plus me parler pendant combien de temps ?” J’hausse les épaules sans la regarder. Je n’ai pas vraiment décidé. Peut être que j’attendais que ça fasse moins mal. Peut-être que j’attendais qu’elle revienne. Je n’y ai pas réfléchi préférant noyer mes pensées dans l’alcool. « J’en sais rien. J’ai pas décidé. Pourquoi t’es là ? J’ai rien à te dire. »

Je sais déjà que cette conversation se finira d’une seule manière possible. Je sais que je n’en sortirai pas indemne, que ses mots feront mal et je ne veux pas avoir encore cette impression de lui donner une partie de mon cœur pour qu’elle le brise sous ses doigts. Alors je pique, j’attaque, je fuis. Elle n’a jamais voulu parler Jill de ce nous aussi présent qu'inexistant, pourquoi est-ce que ça commencerait maintenant ?

Elle se devait d’aller voir Pete, surtout après avoir appris qu’il s’était battu avec Bailey. Elle ne veut pas de problème avec le jeune homme, mais elle n’aime pas l’idée de le perdre. Pourtant, lui n’a pas l’air d’avoir envie de la voir. Il a presque fermé la porte alors qu’elle était devant et elle se demande pourquoi il réagit aussi fort. Elle tente de discuter avec lui, sans s’engueuler. Elle gardera son calme, quel que soit le sujet, parce qu’ils ont besoin de discuter réellement, même si lui n’a pas l’air d’en avoir envie.

« J’en sais rien. J’ai pas décidé. Pourquoi t’es là ? J’ai rien à te dire. » Il est froid malgré les questions de la McGrath. “Tu veux que je disparaisse de ta vie à tout jamais ?” Elle le fixe, elle veut vraiment une réponse sincère à cette question. Elle attend quelques minutes, elle ne sait pas ce qu’elle doit faire. “Pourquoi tu t’es battu avec Bailey ?” Elle rentre directement dans le vif du sujet, parce qu’il y a un problème qu’ils doivent régler tous les deux. Elle ne le lâchera pas, quoi qu’il puisse dire. Elle va s’asseoir à l’intérieur même si elle n’est pas vraiment invitée, il sait qu’elle n’est pas du genre à se laisser faire aussi facilement. Si elle a décidé quelque chose, elle est prête à tout. Et ce soir, elle a décidé qu’elle voulait qu’ils brisent la glace, qu’ils passent à autre chose enfin. Elle ne supporte pas qu’il soit aussi absent de sa vie, et elle ne comprend pas pourquoi il continue à camper sur ses positions de cette manière. Ils ont toujours réglé leurs problèmes, ils se sont toujours pardonnés, pourquoi cette fois ça ne fonctionne pas correctement ? Elle reste calme même si au fond d’elle elle rage un peu. Elle ne comprend pas sa réaction, et elle ne sortira pas de cette maison tant qu’elle n’aura pas eu d’explications.

« Tu veux que je disparaisse de ta vie à tout jamais ? »  Mon regard se détourne, je plonge mes mains dans mes poches. « De toute façon tu feras exactement ce que TOI t’as envie de faire, donc pourquoi tu me demandes mon avis ? » Mon ton est froid et sarcastique. C’est une diversion comme un autre, une manière de prétendre que ça ne m’atteint pas, qu’elle peut disparaître de ma vie sans que j’en ai quoique ce soit à faire. Après tout je suis parti à l’autre bout du monde dès que j’en avais envie, je suis parti sans un au revoir des dizaines de fois. Je préfère prétendre que ça ne me ferait rien qu’elle pourrait disparaître de ma vie et que ça ne changerait rien. Ca serait un mensonge de plus quand elle était un des piliers de ma vie, mais peu importe. Je commençais à me dire que ça ferait sûrement moins mal de ne plus jamais la voir que d’affronter son regard sombre aujourd’hui sans pouvoir effacer les mots que j’avais avoué. « Je m’en fous de toute façon. » je mens comme un idiot, je prétends que rien ne m’atteint, quand elle est capable de me blesser bien plus que n’importe qui d’autre, quand ma vie ne serait pas la même sans elle dedans. Mon amie me manque plus que la fantaisie du couple que l’on aurait pu être. Mais ça je préfèrerais crever que de l’avouer.  « Pourquoi tu t’es battu avec Bailey ? »  Je ris, sortant mon paquet de cigarette, n’en revenant pas qu’elle me pose la question. Je prends le temps de boire une gorgée de bière, de la reposer sur la table à côté de moi et de m’allumer la cigarette pour la porter à mes lèvres. [

color=#006600]« Demande à ton mari Jill, c’est lui qui est venu m’agresser au DBD, c’est lui qui m’a pété le nez. J’ai pas porté le premier coup. »[/color]  Bien sûr que j’avais provoqué Bailey mais c’était après qu’il était venu me donner des ordres, après qu’il m’ait enfoncé un peu plus dans ce précipice, me soulignant à quel point elle ne m’aimerait jamais. « J’pensais pas qu’il aurait ça en lui tu me diras un peu moins une chiffe molle pour une fois, j’étais presque impressionné. » Mon ton est sarcastique, mon sourire sonne faux, tout n’est qu’apparences pour cacher la blessure qu’elle a laissé béante dans mon cœur, une blessure qui ne date malheureusement pas d’y hier.

« De toute façon tu feras exactement ce que TOI t’as envie de faire, donc pourquoi tu me demandes mon avis ? » Elle lève les yeux au ciel, il n’est pas près d’oublier l’annonce qu’elle lui a faite. Elle déteste cette idée, et elle continue de se demander sans arrêt pourquoi il n’arrive pas à passer au-dessus après toutes ces années. “Au moins t’as pas changé t’es toujours aussi con.” Elle ne va pas changer pour lui ni pour lui faire plaisir. C’est - c’était ? - son meilleur ami, il est celui qui l’a toujours accepté comme elle était, avec qui elle n’a jamais fait semblant, et il n’a pas l’air de comprendre ce que ça représente aux yeux de la McGrath. « Je m’en fous de toute façon. » “Même Tracy qui dit pas un mot ment mieux que toi. Elle boude mieux aussi.” Il ressemble à un enfant, et elle s’en amuse. Elle peut bien essayer de s’amuser pour deux non ? Il n’a pas l’air d’être d’une humeur joyeuse.

Elle lui pose la question, lui demande pourquoi il l’a frappé lui au lieu de s’en prendre directement à elle. « Demande à ton mari Jill, c’est lui qui est venu m’agresser au DBD, c’est lui qui m’a pété le nez. J’ai pas porté le premier coup. » “Bouuuuh pauvre Pete.” Elle croise les bras sur sa poitrine, elle commence doucement à s’énerver. “La vérité.” Elle le suit du regard même si lui continue de l’éviter au maximum. “Réponds pas comme si je savais pas exactement comment tu fonctionnais.” Parce qu’elle sait très bien que c’est lui qui a cherché la bagarre, que ce soit avec ses mots ou avec ses poings, c’est lui qui a commencé. « J’pensais pas qu’il aurait ça en lui tu me diras un peu moins une chiffe molle pour une fois, j’étais presque impressionné. » “Vu l’état de ton visage je veux bien te croire.” Elle hausse les épaules et reste assise sur son canapé. “Je suis plus enceinte on peut toujours se battre entre nous, peut-être que comme ça t’arrêtera de me faire la gueule comme si j’avais déclenché la troisième guerre mondiale.”

« Au moins t’as pas changé t’es toujours aussi con. »

C’est celui qui le dit qui y est, j’aurais sûrement répondu par le passé. Avant tout ça. Avant ce je t’aime sorti par inadvertance. Avant ce poing qui avait fracassé mon nez. Je la regarde sans rien dire,  j’ai pas le cœur d’y répondre. Pas le cœur de lui trouver une réplique cinglante. Non je me contente de ricaner et de boire une gorgée de plus.

« Même Tracy qui dit pas un mot ment mieux que toi. Elle boude mieux aussi. » Je ressemble à un enfant, c’est ça qu’elle essaye de me dire. Elle s’amuse Jill, elle se moque et comme toujours j’ai la sensation d’être un jouet de plus. Je serais entré dans le jeu, ça avait toujours été le nôtre.  On se provoquait jusqu’à ce qu’on s’engueule et on se provoquait jusqu’à ce qu’on se pardonne.  Sauf que cette fois-ci je n’ai pas envie de jouer, je n’ai plus envie de jouer quand elle me donner envie d’effacer notre relation à coup de verres de vodka.   Elle m’avait toujours tenu tête c’était sans doute pour ça qu’elle me collait à la peau, qu’elle restait trop présente malgré mes sentiments pour Molly, peut-être tout simplement parce que je savais qu’au fond, Molly me laisserait la blesser encore et encore alors que Jill me tiendrait tête, me pousserait dans mes retranchements, me blesserait tout autant que je serais capable de la blesser. Mais étais-je réellement capable de la blesser ?  « Tant mieux Jillian, retourne avec tes gamins alors. Je t’ai pas demandé de venir. » je crache, venimeux. Pourquoi est-elle venue ?

“Bouuuuh pauvre Pete.” Ma mâchoire se serre, mes poings se ferment et je m’éloigne, me détournant du démon qui m’atteint bien plus que je ne veux l’admettre. “La vérité.” La vérité de pourquoi j’ai frappé Bailey ? Tout simplement parce qu’il a enfoncé le clou, il m’a juste rappelé pourquoi elle et moi n’arriveraient jamais, il a choisi de m’enfoncer sans réaliser que j’étais déjà plus bas que terre. J’ai parlé et j’ai frappé pour blesser, pour tenter d’équilibrer, sans succès. « Réponds pas comme si je savais pas exactement comment tu fonctionnais. »  Elle me connait par coeur et pourtant aujourd’hui j’ai l’impression qu’elle ne me connait pas.  Qu’elle est aveugle encore à l’ampleur des dégâts. « Tu sais rien Jill. » je réponds froidement.  Mais pourquoi les remarquerait-elle quand j’ai passé des années à les camoufler d’un sourire, à prétendre que moi non plus je n’en avais rien à foutre.


“Vu l’état de ton visage je veux bien te croire.” Elle trône sur mon canapé, nonchalante et je bois une gorgée de plus mes yeux lançant des éclairs.    “Je suis plus enceinte on peut toujours se battre entre nous, peut-être que comme ça t’arrêtera de me faire la gueule comme si j’avais déclenché la troisième guerre mondiale.” Je ricane de nouveau. « T’as pas déclenché la troisième guerre mondiale. J’ai juste décidé d’arrêter tout ça. » Ce tout ça flou qui veut dire d’arrêter de penser à elle, de la vouloir elle. « T’es là pour pour me sermonner d’avoir parlé à ton mari ? » J’utilise le titre et pas le nom. « Je me battrais pas avec toi. » Ni pour toi, mes yeux semblent crier « J’suis fatigué de me battre pour quoique ce soit de toi. » j’hausse les épaules plus sérieux, hypocrite au fond, je ne me suis jamais vraiment battu pour elle, ça fait des années que je prétends que ça ne m’atteint pas.

@Jill McGrath-Fitzgerald  

Elle ne veut pas qu’il lui en veuille autant. Elle ne savait pas qu’il l’aimait, elle n’a jamais vraiment voulu le comprendre. Elle n’avait pas le temps, pas l’envie de s’engager à l’époque où il aurait pu se passer quelque chose, et il y a eu Bailey. Elle sait la McGrath qu’ils n’auraient pas pu être heureux ensemble. Ils se seraient détruits à petit feu, et leur vie n’aurait été que chaos. Elle a réussi à rentrer et elle ne compte pas sortir de cet appartement tant qu’elle n’aura pas vraiment discuté avec lui. Elle le cherche, elle continue de jouer comme elle l’a toujours fait. C’est son meilleur ami et elle n’a pas le droit de le laisser là, il n’a pas le droit de l’abandonner de cette manière, pas après tant d’années à l’avoir supporté. « Tant mieux Jillian, retourne avec tes gamins alors. Je t’ai pas demandé de venir. » Elle lève les yeux au ciel, elle déteste qu’il la traite comme ça. “Tu m’as donné aucune nouvelle depuis des semaines.” Il n’a pas le droit de faire ça.

« Tu sais rien Jill. » Elle serre les dents, elle commence à s’énerver. “Arrête ça.” S’il peut être froid, elle le sera elle aussi. Il a besoin d’hurler et pourtant il ne le fait pas, pourquoi il ne le fait pas ? Elle va le pousser à bout, il n’y a que comme ça qu’il pourra vraiment s’exprimer, et si ce n’est pas aujourd’hui, elle reviendra vers lui plus tard. Elle ne compte pas le perdre. Elle reste assise sur le canapé sans lâcher son regard. « T’as pas déclenché la troisième guerre mondiale. J’ai juste décidé d’arrêter tout ça. » Tout ça ? Qu’est ce qu’il veut dire par là ? “Donc tu comptes juste m’éjecter de ta vie comme ça ?” Elle fronce les sourcils, comment pourrait-il penser à faire une chose pareille ? « T’es là pour pour me sermonner d’avoir parlé à ton mari ? » “En partie.” Parce qu’elle sait qu’il a cherché à se faire frapper pour rien. « J’suis fatigué de me battre pour quoique ce soit de toi. » “T’es injuste.” Elle ne retient pas ses mots. “Je savais pas ce que tu pensais, tu l’as caché et c’est moi la fautive ?” Elle se lève et se place face à lui. “T’es mon meilleur ami Pete, et c’est pour ça que je suis venue. Mais si t’as décidé de jouer au gamin je peux rien pour toi.” Elle lève les mains au ciel mais elle ne sort pas. Il ne peut pas rester à camper sur ses positions, pas comme ça.

“Tu m’as donné aucune nouvelle depuis des semaines.” « Et alors ?» je crache avant de reprendre une gorgée de bière, agressif, incapable de supporter on cœur qui se serre face à elle. La colère me serre de protection, le sourire cette fois n’est pas suffisant. Je lui en veux, bien plus que je ne le pensais pour la douleur qu’elle me fait ressentir. “Arrête ça.” Elle n’aime pas mon ton glacial ni mon comportement et moi en cet instant j’ai juste envie d’être à égalité, de la blesser autant qu’elle me blesse. “Donc tu comptes juste m’éjecter de ta vie comme ça ?” Je ne réponds pas, j’élude. Je n’ai pas envie de l’en faire partir complètement et pourtant je n’ai qu’une envie en cet instant, qu’elle quitte cette maison.

“En partie.” Je roule des yeux, bien sûr qu’elle est là pour me sermonner d’avoir osé provoquer Bailey quand c’est lui qui a commencé, qui est venu m’agresser alors que j’étais au bar et que je ne lui avais rien demandé. « T’es injuste. Je savais pas ce que tu pensais, tu l’as caché et c’est moi la fautive ? » Un rire jaune secoue mes épaules. « T’es sérieuse ? » Mais elle l’est, à prétendre n’avoir jamais rien vu. “T’es mon meilleur ami Pete, et c’est pour ça que je suis venue. Mais si t’as décidé de jouer au gamin je peux rien pour toi.” Je pose ma bière, la mâchoire serrée, m’avançant vers elle. « Va pas me faire croire que tu savais pas Jill. Ose pas me dire que tu savais pas. » Chaque mot est articulé avec froideur. « On se connait depuis quand ? J’suis ton meilleur ami ? Tu m’as vu revenir vers combien de filles ou de mecs Jill ? » Mon ton monte sans que je le contrôle. « Ca a duré combien de temps Jill ? Tu crois qu’on a couché ensemble combien de fois ? tu crois qu’on a passé combien de moments ensemble ? » Mon regard est noir de colère et d’amertume et cette fois mon visage est proche du sien. « Ose pas me dire que tu ne savais pas BORDEL ! Non tu savais pertinemment et t’en avais RIEN A FOUTRE. Parce que t’es qu’une égoïste qui en a rien à foutre des autres, comme t’en a rien à foutre de Bailey ou de tes gamins que t’as laissé tomber dès qu’ils sont nés ! Tu fais ce que tu veux quand tu veux, peu importe les conséquences ! » Oh l’ironie quand en parlant je sais que je décris aussi mon propre comportement. J’ai toujours été aussi égoïste qu’elle, et mes mots sont entrelacés d’hypocrisie quand j’ai fait la même chose à mes proches pendant des années. Comme quoi on ne valait pas mieux l’un que l’autre.

Il est énervé, et Jill a du mal à comprendre pourquoi il l’est à ce point là. Elle ne sait pas ce qu’il peut bien se passer dans sa tête, alors elle tente de revenir vers lui, même s’il a apparemment décidé de lui fermer toutes les portes. « Et alors ?» Elle soupire, elle serre les dents, elle aussi commence à être un peu trop énervée. Il n’accepte aucune excuse, et il ne veut même pas qu’elle soit à ses côtés. Ils sont - étaient - amis pourtant, et elle ne comprend pas comment une si petite histoire a bien pu lui faire autant de mal. Il ne répond pas, ne lui dit pas directement qu’il compte l’éjecter définitivement de sa vie.

« T’es sérieuse ? » Bien sûr qu’elle l’est, elle a passé des années à se convaincre qu’elle ne savait pas et qu’ils n’étaient rien de plus que des amis avec quelques avantages. « Va pas me faire croire que tu savais pas Jill.  Ose pas me dire que tu savais pas. »  “T’as jamais rien dit.” Alors elle en est restée aux faits. Elle a pas posé de questions, elle a pas cherché à le comprendre, parce qu’il n’aurait pas dû s’attacher de cette manière. Elle reste debout et elle lui fait face. « On se connait depuis quand ? J’suis ton meilleur ami ? Tu m’as vu revenir vers combien de filles ou de mecs Jill ? » Elle déglutit. “Je suis pas dans ta tête.” Elle lui dit la même chose qu’elle se disait à elle à chaque fois qu’elle avait l’impression d’avoir des doutes. Ce n’était rien, jamais important. Ils restaient proches parce qu’ils s’entendaient bien mais ils n’étaient rien de plus que de très bons amis.  « Ca a duré combien de temps Jill ? Tu crois qu’on a couché ensemble combien de fois ? tu crois qu’on a passé combien de moments ensemble ? » “J’en ai aucune putain d’idée !” Elle aussi elle hausse le ton, et s’il voulait l’énerver il a réussi son coup.

« Ose pas me dire que tu ne savais pas BORDEL !  Non tu savais pertinemment et t’en avais RIEN A FOUTRE.  Parce que t’es qu’une égoïste qui en a rien à foutre des autres, comme t’en a rien à foutre de Bailey ou de tes gamins que t’as laissé tomber dès qu’ils sont nés ! Tu fais ce que tu veux quand tu veux, peu importe les conséquences ! »  Elle serre les dents la McGrath. “C’est con parce que j’étais vraiment venue dans l’optique d’être gentille.” Elle fronce les sourcils et croise les bras sur sa poitrine. “Tu vas me remettre tes conneries sur le dos ?” Elle ne bouge pas de devant lui, et elle ne lâche pas son regard. “Jamais je t’aurais supplié, t’avais qu’à en parler, t’as merdé et c’est de ta faute.” Il n’est peut-être pas dans un super état mais elle s’en fiche Jill. Il a voulu la blesser, et elle est capable de lui faire exactement la même chose. “Parce que tu t’es pas amusé pendant toutes ces années peut-être ? C’est toi qui m’as dit de partir à Londres je te rappelle, c’est toi qui abandonnes tout sur ton passage et qui accepte aucune responsabilités ! Alors viens pas me faire chier avec tes putains de leçons de morale.” Elle le bouscule pour pouvoir passer devant lui et retourner vers la porte. “Au moins, je me suis remise en question. Je suis pas sûre que toi tu puisses dire la même chose. T’es le même ado que t’as toujours été.”

« T’as jamais rien dit. » Non je n’ai jamais rien dit, je n’ai jamais eu le courage de l’assumer que je l’aimais. Je n’ai jamais voulu gâcher cette amitié. Plus que tout en réalité, je n’ai jamais voulu me poser,  tenter un nous qui aurait sans doute était catastrophique. C’est bien plus simple d’être sans attache. Bien plus simple de fuir en réalité, de prétendre que je ne veux rien de plus. « Je suis pas dans ta tête. » Elle est facile cette réponse quand elle me connait par cœur. Elle est facile alors que c’est simplement qu’elle n’a pas voulu voir, comme moi je n’ai pas voulu voir non plus.

Mais combien de fois est ce qu’on s’est trouvé ? Combien de fois est ce qu’on avait partagé les mêmes draps ? Combien de fois au fil des années ? « J’en ai aucune putain d’idée ! » Elle hausse le ton, énervée, et moi je la regarde avec l’envie de réduire à néant notre amitié, de tout brûler sur notre passage. “C’est con parce que j’étais vraiment venue dans l’optique d’être gentille.” « C’est beau de croire que t’es capable d’être gentille. » je crache, mesquin.


« Tu vas me remettre tes conneries sur le dos ?” J’assume son regard, les poings serrés, le cœur douloureux.  “Jamais je t’aurais supplié, t’avais qu’à en parler, t’as merdé et c’est de ta faute.” Les mots font mal, parce qu’au fond je comprends qu’elle n’en a jamais eu quelque chose à faire, que ce n’était rien, que ça n’a jamais compté, que j’ai simplement été son bon pote avec qui elle s’amusait de temps en temps.

“Parce que tu t’es pas amusé pendant toutes ces années peut-être ? C’est toi qui m’as dit de partir à Londres je te rappelle, c’est toi qui abandonnes tout sur ton passage et qui accepte aucune responsabilités ! Alors viens pas me faire chier avec tes putains de leçons de morale.” Je ris jaune. Plus elle a raison plus j’ai envie qu’elle parte de cette villa. “Au moins, je me suis remise en question. Je suis pas sûre que toi tu puisses dire la même chose. T’es le même ado que t’as toujours été.” Je recule avant d’envoyer se fracasser ma bouteille encore à moitié pleine contre le mur. « DEGAGE JILL. » La douleur me semble insurmontable, rend chaque battement de mon cœur plus douloureux car je sais au fond qu’elle a raison. « Casse toi !  J’ai pas besoin de toi ! » Mensonge, mensonge, mensonge. Mais c’est plus facile de tout foutre en l’air, plus facile de tout détruire plutôt que de tenter d’améliorer les choses. Elle a sans doute raison, je suis le même ado que j’ai toujours été.