Ca y est, c’est le jour J. Ca fait même pas une semaine qu’on s’est décidé, forcés de constater que je passais quand même bien plus de temps chez Greg que dans mon propre appartement et que ça devenait un peu ridicule de faire comme si on avait tous les deux notre chez soi. Parce que clairement, chez Greg, c’était devenu chez moi aussi. Ca fait des semaines, des mois que je passe 90% de mes soirées chez lui et que petit à petit, j’ai des fringues qui trainent ici et là, que sa salle de bain sent plus Givenchy que le Mâle. et que les plantes renaissent petit à petit en étant placées sous les rayons du soleil, plutôt que derrière une porte sans jamais voir la lumière du jour. Greg m’avait fait une mini place dans son placard où je pouvais poser deux ou trois fringues pour la semaine, mais là, il allait quand même devoir faire un peu plus d’effort.
On avait passé la matinée chez moi à empiler mes cartons, alors que ça faisait déjà trois jours que je rentrais chaque soir après le travail pour faire du tri, voir ce que j’allais pouvoir embarquer avec moi, ce que je laissais à Jane et ce que j’allais vendre, plus tard.
D’ailleurs, Jane. Pas vraiment surprise, elle me voyait beaucoup moins et elle suivait toutes mes aventures depuis que j’étais avec Greg, elle s’était réjouit mais elle allait sans doute devoir quitter l’appartement aussi. Ca me faisait toujours un pincement au cœur parce que j’adorais cet appartement et j’y avais passé tant de temps, mais là, c’était pas ici que j’me sentais bien ces derniers temps. Elle m’avait aidé à vider mes placards, je lui avais donné quelques fringues, parce que forcément, j’étais obligée d’en laisser. On aurait pas la place pour tout ça chez Greg et ça me faisait pas de mal de m’en séparer, je ne les mettais plus.

Impossible pour moi de laisser ma coiffeuse sur le trottoir ou de la mettre en vente sur ebay, je l’avais pris et elle trouverait bien une place dans la chambre de Greg, je pense que c’est tout ce que j’allais vraiment prendre avec moi, en dehors de mes affaires personnelles. - qui prenaient quand même pas mal de place.
“Ta chance, quand même, c’est que j’sois pas sentimentale.” parce que j’aurai pu prendre une tonne d’objet qui servaient à rien, juste parce que mes parents, mes grands parents ou des amis me les avaient offert, mais franchement, désolée à tous, c’est pas mon truc.
Jane avait insisté pour que je garde mes clés, le temps qu’elle donne son préavis au moins, j’étais toujours la bienvenue ici et j’étais toujours un peu chez moi. Je les avais gardé et sans un sens, ca me rassure un peu aussi.
On venait donc d’arriver chez Greg, les derniers cartons dans ses bras, la coiffeuse était restée dans la petite camionnette qu’on avait loué pour pas s’embêter. “Pose les là, on fait le dernier aller retour et on est bon…” et c’était officiel, on allait enfin vivre ensemble. Première fois de ma vie que je m’installe réellement avec quelqu’un qui n’était pas qu’un simple colocataire, à 36 piges, faut une première à tout…
“Fais attention… a trois…” un, deux, trois et je soulève la coiffeuse en même temps que lui. Elle pèse plus qu’elle en a l’air, parce qu’elle est vieille, qu’elle est en bois massif. J’avais eu de la chance qu’un voisin passe par là tout à l’heure pour aider Greg, j’avais bien vu qu’ils en avaient un peu baver, mais là, j’étais aux commandes, je pense que ça allait être pire. “J’vais pas tenir.” j’ai déjà plus aucune force dans les bras alors qu’on est même pas à l'ascenseur, alors qu’on est toujours sur le trottoir. “Pose.” c’est comme un cri du coeur. Ca allait être très long de faire ces 6 mètres là…


@Gregory Morton
profitons qu'ils s'aiment encore un peu

C’est complètement irréel qu’elle emménage aujourd’hui chez moi. Qu’elle emménage tout court en fait. Nathalie est la seule personne avec qui j’ai vraiment vécu, même Alexis n’a pas eu ce privilège (pas sûr qu’on puisse parler de privilège avec toi Morton…) puisqu'on s’était contenté de quelques affaires chez l’un et chez l’autre en sachant pertinemment que cette relation n’aboutirait de toute façon pas. Elle avait déjà sa petite famille, madame Chapman, et j’attendais clairement plus qu’une femme et des ados à mes côtés, je voulais mes propres enfants aussi. Est-ce que ça veut dire que tu pourrais potentiellement te projeter avec Noa ? Vouloir vos enfants à vous ? Si tu la laisses emménager chez toi, c’est bien que t’as des plans de prévu, non ? Allez, avoue Greg !

“Ta chance, quand même, c’est que j’sois pas sentimentale.”
« Ma chance, ouais… »

J’avais juste l’impression qu’on avait dévalisé tout Ikea tellement la camionnette est remplie, on doit pas avoir la même notion de "pas beaucoup d’affaires". Je me gare, arrête le moteur et tourne ma tête vers elle pour lui signifier que je plaisante, évidemment que je plaisante. Mouais, à moitié. Tu veux bien qu’elle vienne vivre chez toi mais t’es tellement minimaliste que t’aurais préféré qu’elle t’annonce n’avoir qu’une seule valise à prendre. En même temps, t’aurais dû t’en douter, avec tout le bordel qu’il y a chez elle, qu'elle allait ramener beaucoup de choses. Mais non, toi tu te voilais la face en te disant que la majorité appartenait à Jane. On sort de la camionnette qu’on vide en 50 aller-retour tellement il y a d’affaires (ça va t’abuses pas non plus toi), mais au moins, ça ne me laisse pas de temps pour stresser. Non pas que ça m’angoisse qu’elle vienne vivre chez moi (oh que si), mais c’est juste que j’ai jamais vraiment cohabité avec quelqu’un (et surtout pas ta meuf actuelle slash future femme. Quoi, fais pas genre tu vas pas la demander en mariage dans quelques mois et la foutre encloque, tout le monde sait que c’est comme ça que ça va se finir entre vous).

Le dernier trajet est le plus fatal, il faut qu’on monte sa coiffeuse. Déjà, c’est quoi une coiffeuse ? Et pourquoi elle avait besoin de ramener un meuble qui pèse 3 tonnes ? Je la laisse guider parce qu’elle a moins de biscotos que moi et qu’elle est mieux placée pour savoir quand elle pourra plus la porter, mais elle nous ordonne de poser son gros truc au bout de 10 secondes. « On va jamais y arriver si tu nous fait poser ton meuble tous les 50 centimètre mon amour. » Le "mon amour" est clairement là pour atténuer ma frustration parce que j’en ai juste ras le cul. Pourquoi est-ce qu’elle a pas accepté faire appel à un déménageur ? Nous on aurait été pépère devant la télé et je serais pas en train de me casser le dos. « La prochaine fois, peut-être que tu m’écouteras et que t’accepteras de payer 200$ pour nous faciliter la vie. » Outch, t’es vache là, Greg, commence pas le concubinage comme ça dis ! « Pardon, j’suis juste crevé. » C’est bien, rattrape-toi dès maintenant. « Tu veux que j’appelle Amos ou que je demande à un voisin de m’aider ? » Ca ira plus vite en tous cas. « Tu peux commencer à défaire tes affaires pendant ce temps si tu veux. » Et puis ça nous évitera de se bouffer le nez dès les premières minutes, c’est pas plus mal.

 J’ai mal aux doigts, peut-être à force d’avoir porté pleins de carton et de connaitre par cœur l’ascenceur après l’avoir pris dix fois avec des trucs dans les mains. Mais là, cette coiffeuse, c’est le plus lourd. « On va jamais y arriver si tu nous fait poser ton meuble tous les 50 centimètre mon amour. » Je secoue la tête, determinée, je me replace correctement et cette fois ça ira. « Juste une mauvaise prise, ca va l’faire ! » oui, parce que si ça l’fait pas, j’allais en entendre parler pendant des heures. « La prochaine fois, peut-être que tu m’écouteras et que t’accepteras de payer 200$ pour nous faciliter la vie. » 200 dollars pour quelques chose qu’on peut faire nous même, j’vois pas l’principe. Et c’est pas parce que je gagne bien ma vie que j’ai envie de claquer mon fric aussi facilement – je me le garde plus volontiers pour me payer des fringues, j’avoue. « Pardon, j’suis juste crevé. »  j’hausse les épaules, j’comprends aussi et sa veine, c’est que j’suis tellement contente et excitée de cet emménagement que j’suis pas susceptible. « Ca fait toujours deux cents dollars de plus pour ma cagnotte love room. » je lève les yeux au ciel, j’ai pas de cagnotte love room, j’sais même pas c’que ça pourrait être une cagnotte love room. Faire un remake de Christian Grey et sa red room ? Possible. J’suis même certaine que Greg kifferait se prendre au jeu tien. Ca m’fait sourire du coup, mais j’dois reprendre mon sérieux parce qu’il va perdre patience si j’y mets pas un peu du mien. « Tu veux que j’appelle Amos ou que je demande à un voisin de m’aider ? » Je fronce les sourcils, franchement, ce serait con de le faire déplacer pour ça… « Tu peux commencer à défaire tes affaires pendant ce temps si tu veux. » ca mérite deux secondes de réflexion quand même. « Il a surement mieux à faire… » un des voisins de Greg – un de nos voisins ? – arrive sur le trottoir et nous salue. Là, j’crois que c’est notre jour de chance aussi. « Bonjour Ed’ » oui, Ed, c’est presque un pote maintenant. « Tu pourrais pas donner un coup de main à Greg ? » je fais la moue, abusant de ma faiblesse de femme pour lui faire croire que sans sa force d’homme, on n’y arrivera jamais. Je pense qu’en touchant la virilité d’un homme, on peut tout obtenir. « J’m’en occupe ! » parfait ! J’me pousse et laisse le champ libre en ouvrant les portes devant eux et en moins de cinq minutes, la coiffeuse se retrouve au beau milieu de notre salon, on s’occupera plus tard de la mettre à sa place. « Merci beaucoup Ed, tu passes quand tu peux pour boire un verre ! » pas maintenant, laisse nous là, j’ai juste envie de me poser et profiter de nos premières minutes officielles ensemble ! « Avec plaisir, bon emménagement ! » et le voilà qui déguerpi aussitôt, ayant sentie que mon invitation n’était pas pour tout de suite.
Je referme la porte derrière lui en la claquant à moitié. La camionnette attendra en bas de l’immeuble quelques minutes supplémentaires, on irait la ramener plus tard. « Je m’occupe de ranger tout ça demain sans faute ! » parce que j’le vois venir, il va se sentir envahie avec tous ces cartons accumulés chez lui, mais dans moins de 24h, ce sera ni vu, ni connu.
Je m’approche de lui, glissant mes mains dans les poches arrières de son jean et relevant le bout de mon nez pour croiser son regard. « Aucun regret ? Parce que maintenant, c’est trop tard…»

Ca me tend d'avoir à poser son meuble qui pèse trois tonnes toutes les deux secondes, et je pense qu'elle l'a bien compris. Mais elle s'entête à vouloir essayer d'y arriver par elle-même, peu importe si elle n'en est pas capable. Lâche l'affaire Noa, s'il te plaît, je veux qu'on en finisse au plus vite. Je râle, elle fait mine d'en avoir rien à faire, je m'impatiente, elle garde toujours son calme. « Ca fait toujours deux cents dollars de plus pour ma cagnotte love room. » C'est quoi ça encore, une cagnotte love room ? Déjà qu'elle ramène une coiffeuse, peut-être bien qu'elle compte me ramener la masseuse en tenue de cuir pour sa love room ? Je hausse un sourcil de questionnement, sourire en coin, mais elle ne me laisse pas le temps de rebondir, la voilà qui nous fait porter à nouveau son meuble, et, 50 centimètres plus loin, nous le fait poser à nouveau. Cette fois, j'ai plus de patience et je lui demande s'il ne vaudrait pas mieux faire appel à quelqu'un qui a des plus gros muscles qu'elle, pour le bien de tous (et surtout le tien, monsieur le lieutenant). Et même si je crois pas en Dieu, j'ai l'impression qu'il a quand même entendu mes prières silencieuses puisque Ed mon sauveur se propose gentiment pour m'aider. Mon regard soulagé parle pour moi : merci vieux, j'y serai jamais parvenu sans toi. Et parce que Noa sait mieux y faire que moi avec les gens, elle lui propose une bière future pour le remercier. J'acquiesce d'un hochement de tête, offre une tape (virile t'as vu, parce qu'il faut montrer qu'il a des muscles le Greg) à Ed en le remerciant chaleureusement, et regarde Noa refermer la porte derrière lui. C'est qu'elle se sent déjà chez elle, madame Jacobs. Mon sourire s'élargit davantage quand elle s'approche de moi pour glisser ses mains sur mon cul, et que ses lèvres se rapprochent des miennes. « Aucun regret ? Parce que maintenant, c’est trop tard…» Je l'embrasse furtivement avant de regarder son énorme meuble en plein milieu de notre salon.  "Tu rigoles ? Ça fait des années que je rêve d'avoir une coiffeuse dans mon salon !" Je me marre, l'embrasse à nouveau, et glisse les mains sur sa taille pour la rapprocher un peu plus de moi. "Bienvenue officiellement chez toi" que je glisse doucement à son oreille, avant d'ajouter, le regard espiègle et le sourire moqueur : "Une love room alors ? Tu veux la jouer 50 Shades ?"

Ed nous a surement évité une première crise d’installation en arrivant pile quand Greg commençait à perdre patience, chose qui avait tendance à me faire rire mais je sais qu’on aurait sans doute fini par se prendre la tête – pour toujours mieux se retrouver. Mais si je pouvais éviter deux heures désagréables, c’était pas plus mal.
Nous voilà alors tous les deux, avec un meuble au milieu du salon et Greg avait toujours l’air d’en faire des tonnes quant à l’espace que je prenais chez lui. "Tu rigoles ? Ça fait des années que je rêve d'avoir une coiffeuse dans mon salon !" Franchement, c’était pas si pire. Il exagère. Je suis arrivée avec quasiment rien en laissant presque tous mes meubles à Jane pour l’appartement. Il devait aussi capter que si on se sépare un jour, franchement, j’ai plus rien. Alors, c’est pas un meuble qui va lui faire peur, si ? Parce que moi, j’ai aussi toutes les raisons de flipper. C’est un vrai nouveau départ et c’est la première fois, aussi étonnant que ça puisse paraitre que je m’installe avec quelqu’un… sans que ce soit une colocation. A 37 ans, c’est grave ou bien ?
"Bienvenue officiellement chez toi" voilà, ce que je préfère. Une vague de frisson parcourt l’ensemble de mon corps à l’entente de ses paroles. Je suis chez moi, chez nous. « J’vais aller mettre une étiquette sur la boite aux lettres, pour montrer au monde entier qu’on est ensemble pour de bon. » et quelle fierté… J’avais hâte de faire mes changements d’adresse alors que je détestais ce genre de paperasse. Bon, en même temps, si mon courrier arrivait encore à Toowong, c’était pas très grave, Jane me les récupéreraient en attendant que je m’occupe définitivement de tout ça.
"Une love room alors ? Tu veux la jouer 50 Shades ?" J’aurai du parier, qu’il allait rebondir sur ça. Ca m’fait sourire. Je pince mes lèvres et relève les yeux, plongeant mon regard de biche dans le sien. « Grand connaisseur ? » d’où il avait la référence ? Je taquine, je sais même pas de quoi je parle moi-même. « Ca te donne des idées ? » mes doigts dans les poches de son pantalon se resserrent doucement, comme un aigle qui agrippe sa proie. « Je te savais pas grand fan de Christien Grey. » ca m’amuse, sourire aux lèvres, je soulève mon corps en forçant sur la pointe des pieds pour venir mordiller le lobe de son oreilles, doucement puis un peu moins. « J’ai l’impression d’avoir encore beaucoup à découvrir, monsieur l’agent… »

« J’vais aller mettre une étiquette sur la boite aux lettres, pour montrer au monde entier qu’on est ensemble pour de bon. » Elle a l’air si heureuse d’habiter ici, si fière de mélanger ses meubles aux miens que ça me fait ricaner. "Ensemble pour de bon" alors ? Ca veut dire quoi ? Fais pas comme si tu savais pas ce qu’elle sous-entendait, Greg. Ca n’a pas été toujours très évident entre vous, t’as merdé plus d’une fois – et tu merderas encore, lol – et t’as pas toujours été très avenant avec elle. Laisse-lui cette petite victoire, non ? Je raccourcis davantage la distance physique entre elle et moi avant de rebondir sur ce qu’elle avait dit un peu plus tôt, complètement joueur. « Grand connaisseur ? » Je hausse les épaules, regarde en l’air d’un air innocent. Grand connaisseur, mouais. Je m’étais renseigné. Je cherchais à comprendre pourquoi les nanas étaient tant admiratives de ce Christian Grey et de sa gueule d’ado, c’est surtout ça. « Ca te donne des idées ? » Ses doigts s’agrippent à mon cul, elle me rapproche encore plus d’elle. Mais c’est que ça l’excite ces histoires de fouet et de latex ? « Je te savais pas grand fan de Christien Grey. » Elle vient me titiller le lobe en sachant pertinemment l’effet que ça me fait, avant de prendre sa voix sensuelle pour ajouter : « J’ai l’impression d’avoir encore beaucoup à découvrir, monsieur l’agent… » Je rigole doucement, me fraie un chemin dans sa chevelure jusqu’à son cou pour l’embrasser, marquer sa peau de mes dents. « J’ai l’impression que c’est pas à moi que ça donne des idées… » Je la soulève pour qu’elle enroule ses jambes autour de ma taille, et la pose sur sa coiffeuse. Elle est suffisamment résistante, non ? « Alors comme ça t’es dans le délire BDSM ? » que je dis, le sourire aux lèvres. « Parce qu’on peut s’arranger, tu sais… »