Assise dans la chambre, sur le lit, portable reposant dans ma main gauche, mes doigt tapotant l'écran, je soupire pour l'énième fois. Pourquoi est-ce que c'est si dur que ça que de passer ce coup de fil, celui qui va changer la vie de trois personnes. Nous sommes pourtant prête, Erika et moi. Ma fiancée a passé plusieurs heures a discuter avec Jackson il y deux jours, nous avons, par la suite, aussi énormément échanger sur le sujet et maintenant il me suffit de sauter le pas pour le prévenir de la date que j'ai choisi. Mais pourquoi est-ce que ça me semble tellement compliqué? Parce que c'est un homme? Parce que ça fait des années que je n'ai plus fait l'amour avec un homme? Ou est-ce seulement parce que cet homme est Jackson?

Prenant une profonde inspiration, je fini par déverrouiller le téléphone et fait défiler l'écran jusqu'à tomber sur le contact de Jackson. un dernier soupire, une dernière morsure sur la lèvre inférieur et je prends mon courage à deux mains en appuyant sur le bouton d'appel. Je compte à peu près trois sonneries avant d'entendre la voix de mon meilleur ami à l'autre bout du fil et attends quelques secondes en silences avant de m'humecter les lèvres et lâcher un "Je suis prête" à peine audible de l'extérieur mais que Jackson n'aura pas de mal à entendre dans le combiné.

Le maintenant prononcé vivement par Jackson a l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Sans savoir pourquoi, j'ai le souffle coupé par ce simple mot et j'avoue avoir du mal à rassembler mes  pensées et mes idées afin qu'elles soient claires et nettes. "N...non. pas maintenant" parvenais-je à articuler avant de prendre une profonde inspiration et me lever du lit.

"J'ai fais mes calculs et le meilleur moment pour moi tombe dimanche prochain, le 5 mars" Reprenais-je en m'approchant du calendrier accroché au mur.  Je m'humecte les lèvres et me mordille l'intérieur de la joue "Ce... ce n'est pas contre toi Jax, mais je ne suis pas sûre de pouvoir réitérer l'expérience" dis-je en posant correctement ma voix "Autant, donc, mettre toutes les chances de notre côté afin que ça réussisse du premier coup" je me redresse et retourne vers le lit.

"Après peut-être que tu réussira là où 100% des hommes avant toi ont échoués" à savoir: me donner assez de plaisir pour au moins apprécier la chose. "Donc la suite et l'éventuelle deuxième fois dépendra fortement de ta performance. Mais pas de pression hein !" reprenais-je en lâchant un petit rire, afin de détendre un peu l'atmosphère de stresse que je venais de me créer toute seule.

Où je veux, quand je veux. Si la réponse à la deuxième déclaration vient d'être donner, celle pour la première est loin d'être gagnée. A l'aveu de Jackson de ne pas être capable de faire ça en terrain conquit, je ne peux que hocher la tête: son appartement regorge de trop de magnifiques souvenirs pour en mettre un te autre sur le tas. De même qu'il est sans doute inconcevable pour lui de souiller les draps du lit que je partage avec Erika.

"Si on avait les moyens, je t'aurais bien dit qu'on retourne en Norvège pour un week-end et qu'on utilise la Tree House de Odda" un doux sourire apparaît sur mon visage lorsque  les souvenirs de cette escapade neigeuse me gagnent à nouveau. "Je ne me vois pas aller dans un hôtel non plus, trop impersonnel..." je pince les lèvres et me laisse tomber en arrière sur le lit "On pourrait faire un saut en nouvelle zélande,  louer un van emménager et se poser au bord d'un lac pour se mettre dans l'ambiance? " proposais-je, l'air de rien. Même si c'est une proposition à la légère qui m'est venue d'un coup, je dois avouer que ça me tenterait bien et que ce n'est pas non plus très déconnant en vrai.

Un Van, c'est cosy et intimiste, on ne risque pas d'être déranger par quique ce soit et ça pourrait, en même temps, nous permettre de partir quelque jours pour se mettre dans l'ambiance "Franchement, faire l'amour devant le Mordor, c'est plutôt badass, non?" reprenais-je avec une certaine ironie dans la voix, preuve que je commence tout doucement à mettre le stress de côté en faisant tous ces plans.

Février 2023

Toujours confortablement installée au sofa, j'éprouvais un heureux mélange de reconnaissance et d'excitation face à la nouvelle de Mills. Il souhaitait commencer un suivi, recevoir de l'aide psychologique.. Ça me touchait étrangement que malgré toutes les personnes qui ont dues lui proposer de l'aide, ce soit vers moi qu'il décide de se tourner. Il faut croire que j'avais fait bonne impression... Je ne vous mentirai pas non plus en vous disant que cette annonce m'excitait grandement parce qu'une partie de moi allait enfin pouvoir pénétrer dans sa tourmente, le découvrir sous son vrai jour et l'aider à profondément mieux se sentir. C'était excitant, en effet. « Va pour anonyme. Rien de fiché dans les serveurs, rien de numérique, non plus. Qu'une feuille de papier et un stylo. » Je voulais le mettre en confiance, lui faire sentir que je n'avais que de bonnes intentions vis à vis de sa démarche. Il proposa alors le local de l'association, ce qui me semblait être une vraie bonne idée. Il s'y sentait à l'aise, ça avait été son safe place depuis quelques années déjà... Tout me semblait indiqué pour tenir nos réunions là-bas. « Ça me semble être une bonne idée. Tu veux faire ça quand ? » On avait maintenant un but et un lieu, ne nous manquait plus qu'établir une plage horaire... Ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres...

Je n'avais pas besoin de regarder mon agenda d'avance pour être capable de répondre à Jackson que j'étais disponible ce samedi. À vrai dire, même si j'avais un empêchement, je me serais organisée pour le déplacer, le reporter ou l'annuler. La santé mentale de mes patients passait avant tout et si le jeune homme manifestait l'envie et ressentait le besoin à se prendre en main, je me devais d'à tout prix lui tendre la main et lui donner les outils pour mettre tout cela en branle. « C'est parfait. Je ne dis pas non à un bon café pour bien débuter la journée ! » dis-je tout bonnement d'un ton joyeux. Est-ce que je serais en train de jubiler ? Non, je n'irais pas jusque là, mais j'étais très heureuse qu'il décide enfin de crever l'abcès et d'enfin s'aider. « On confirmera l'heure la veille, ça te va ? » conclus-je rapidement, je crois qu'on avait fait le tour et je sentais que Jax ne souhaitait pas s'éterniser au téléphone.

Une heure qu'elle tournait en rond dans son salon avec ce foutu carton d'invitation. Lorsqu'elle était rentrée du travail, Marley avait balancé ses clés sur la commode et les avait faites tomber derrière. Elle avait donc été les récupérer et avait constaté que ce n'était pas la seule chose cachée derrière. Elle avait retrouvé, un élastique pour les cheveux, une publicité pour un robot ménager et une enveloppe beige. Lorsqu'elle avait prit l'enveloppe, son cœur s'était emballée. Elle ne savait comment cela était possible mais pendant des semaines elle était parvenue à faire abstraction de son contenu, à oublier les lignes qu'elle avait pu lire. Hésitante, elle avait jeté à nouveau un coup d'oeil dedans. Oui, il s'agissait bien de l'invitation de Louisa pour son mariage. Lorsqu'elle l'avait reçue, Marley l'avait jetée de côté sans la moindre hésitation : Il n'était pas question qu'elle se rende au mariage d'une femme qui se disait être son amie mais qui tombait enceinte de l'homme qu'elle aimait dans son dos.

Pourtant ce soir, devant le morceau de papier, la métisse hésitait. Et si elle commettait une erreur en ne se rendant pas à son mariage ? Elle n'avait toujours pas digéré la grossesse de la pilote, et cela lui brisait toujours autant le cœur de savoir que le père n'était autre que Jackson mais quelque chose au fond d'elle lui disait qu'elle allait finir par regretter sa décision. Elle se laissa tomber sur le canapé, le carton d'invitation sur les genoux et après avoir pris une longue inspiration, décida d'appeler Jackson. A chaque sonnerie son cœur battait un peu plus vite. Depuis qu'elle avait quitté son appartement au petite matin il y avait cela une dizaine de jours, elle n'avait eu aucune nouvelle. Et s'il ne décrochait pas... Elle n'eut pas le temps de se questionner davantage qu'elle entendit sa voix à l'autre bout. « Salut... » murmura-t-elle quelque peu prise au dépourvu. Nerveusement son pied droit tapait sur le sol tandis qu'elle jouait négligemment avec l'une de ses mèches de cheveux. « Comment tu vas depuis... ». Elle s'arrêta, butant sur les mots appropriés. Depuis quoi ? Depuis que le bras de Swenson était remonté à la surface ? Depuis qu'elle avait appris qu'il était un meurtrier ? Ou encore qu'il allait devenir père ? Depuis qu'ils avaient recouché ensemble ? Aucune de ces propositions ne semblaient convenir. Elle répéta donc avec un peu plus d'assurance : « Comment tu vas ? ». Pas la peine de poser davantage de mots sur la situation, si Marley avait passé ses journées et ses nuits à ressasser les derniers événements, elle savait qu'il en était de même du côté de l'agent.

« J'ai connu pire. » Froncement de sourcils du côté de la métisse. Marley avait du mal à comprendre comment la situation pouvait être pire mais rapidement elle sentit sous ses doigts le souvenir du trou laissé par la balle dans le crâne de l'agent. Evidemment qu'il avait connu pire. « Toi ? ». Elle sursauta légèrement sur le canapé, prenant conscience qu'elle ne s'était pas vraiment préparée à cette question pourtant évidente. Comment allait-elle ? Elle n'aurait su véritablement le dire. Les réminiscences de leur nuit passée ensemble l'avaient longtemps bercée et elle se raccrochait à cela lorsqu'elle se sentait glisser sur la pente de la tristesse. Le réveil avait été doux, le départ un peu moins, l'arrivée chez elle brutale. Lorsqu'elle était partie de chez Jackson, elle avait eu la sensation d'avoir un goût d'inachevé aux creux des lèvres. Ils s'étaient quittés sans trop savoir où cela les mènerait. Le silence de son appartement avait été moins oppressant qu'il ne l'était ces derniers mois et l'espace de quelques instants Marley s'était sentie apaisée. Tout avait basculé lorsqu'elle était entrée dans la douche. En lavant son corps courbaturé par les assauts répétés de Jackson, elle avait découvert avec horreur des traces sur ses cuisses, sur son ventre, sur ses bras. La crise de panique qui s'en était suivie n'avait pas été jolie à voir. La maquilleuse avait passé de longues minutes recroquevillée sous l'eau brûlante, à tenter en vain d'effacer de sa mémoire les souvenirs de son agression. Elle avait contre toute attente réussi à se raisonner, à reprendre le dessus. Les traces qui parsemaient son corps n'avaient rien à voir avec celles laissées par Swenson. Cette fois-ci il ne s'agissait pas de violence mais d'amour. Les doigts de Jackson s'étaient resserrés sur ses cuisses par avidité, ses dents s'étaient plantées dans son ventre par amour. L'excitation du moment l'avait emporté sur tout le reste, et toutes ces années d'absence avaient été comblées en une seule nuit. Ils avaient du temps à rattraper et c'était ainsi qu'ils l'avaient fait. Sous sa douche, Marley s'était vue se jeter sur le corps athlétique de Jax, elle s'était souvenu l'avoir dévoré elle-aussi, ne pas avoir pris garde à ses ongles qui s'enfonçaient dans sa peau, à sa bouche qui aspirait son essence. Lui aussi devait avoir des marques, signe que tout ce qu'ils avaient vécu avait bien eu lieu. « J'vais bien. » affirma-t-elle dans un sourire. Tout était loin d'être parfait mais si elle prenait de la hauteur, la métisse devait bien admettre que contre toute attente un poids s'était envolé. Elle avait réussi à aimer son corps l'espace d'une nuit, avait même osé remettre une robe ample quelques jours plus tard, et l'absence de haine entre Jax et elle était plus que réconfortante.

La jeune femme glissa une jambe sous ses fesses, fixant toujours le carton posé sur ses genoux. Elle ne devait pas oublier que c'était ça la raison de son appel. Elle avait besoin de savoir ce qu'elle devait faire mais pour cela devait mesurer ses mots. Il n'était pas question qu'une maladresse ou qu'une attaque sournoise – dont elle était bien capable – viennent ruiner le peu d'accalmie qui régnait entre eux. « J'ai reçu l'invitation de Louisa » confessa-t-elle alors. Elle n'avait pas besoin de préciser de quoi il s'agissait. L'apollon avait dû comprendre. Elle se demandait s'il était au courant, si Louisa l'avait prévenu qu'elle allait inviter son ex lors de son mariage. Elle se pinça légèrement les lèvres et murmura : « J'sais pas vraiment quoi faire... ». Elle ne savait pas si sa présence était véritablement la bienvenue ou non. Louisa avait-elle réellement envie de la voir pour l'un des plus beaux jours de sa vie ? L'avait-elle invitée parce que contre toute attente elles étaient toujours amies ou l'avait-elle fait parce qu'elle culpabilisait par cette grossesse qui bouleversait autant sa vie que celle de Lynch ? Quelque peu anxieuse, la brune osa demander : « T'as envie que je vienne ? ». Autant être claire et directe. Elle ne parlait pas de venir accrochée à son bras, elle voulait simplement savoir si Jackson avait envie de la voir ce soir-là ou non. Si sa présence pouvait perturber le bonheur fragile de l'agent, alors elle ne viendrait pas. Marley savait que le lien qui les unissait était plus que fragile et qu'à tout moment il pouvait être rompu. Il lui avait dit qu'il essaierait de lui faire confiance à nouveau, et cela passait indéniablement par le fait de prendre en compte les souhaits et désirs du garçon. Les doigts de la métisse agrippèrent un peu plus violemment le combiné du téléphone, attendant avec une angoisse certaine le verdict.

« Cool ». Laconique comme toujours. Avec le temps on aurait pu penser que Marley se serait habituée à ce trait de caractère de l'agent mais cela n'était pas vraiment le cas. Elle avait parfois envie de le secouer, de lui tirer les vers du nez afin qu'il s'exprime davantage. Lorsqu'ils étaient dans une même pièce, le peu de mots de Jackson l'incommodait moins qu'en d'autres circonstances parce qu'elle pouvait le regarder. Il suffisait qu'elle observe son corps se tendre ou se détendre, sa mâchoire se crisper ou se relâcher, ses sourcils se froncer ou non, son regard s'assombrir ou briller d'une quelconque autre lueur afin de savoir ce qu'il ressentait réellement. Leur relation était basée en grande partie sur leur proximité physique, sur les marques de tendresse qu'ils s'offraient sans rechigner mais aussi sur leurs échanges de regard. Marley mentirait si elle affirmait être capable de lire dans ses pensées, elle avait néanmoins la prétention de croire qu'elle faisait partie des rares personnes sur cette terre à être capable de le comprendre en grande partie grâce à un coup d'oeil. Au téléphone tout était différent néanmoins. Elle devait se contenter de ce qu'il lui donnait et malheureusement pour elle, c'était toujours trop peu. Les silences étaient tous plus angoissants les uns que les autres. Lorsque les secondes s'égrainaient et qu'il ne disait rien, Lynch avait toujours tendance à imaginer le pire. Et c'était ce qui était peu à peu en train de se produire. Lorsqu'elle lui annonça qu'elle avait reçu l'invitation de Louisa, il ne répondit rien ce qui l'obligea à poursuivre. Ce fut à cet instant là qu'elle osa lui demander s'il avait envie de la voir pour cet événement si important dans sa vie et dans celle de la pilote. Une nouvelle fois il ne répondit pas pourtant elle fronça les sourcils et se redressa sur son canapé. Elle était persuadée d'avoir entendu un coup de freins, comme si la voiture de Jackson avait dérapé. « Ca va ?! » s'inquiéta-t-elle. Elle n'eut pas besoin qu'il lui réponde puisqu'en tendant l'oreille elle se rendit compte qu'il s'était arrêté et qu'il ne roulait plus. Elle se laissa retomber dans le creux des coussins de son canapé et attendit nerveusement qu'il daigne enfin lui répondre. Marley n'était pas connue pour sa patience et le fait de ne pas pouvoir observer les réactions de Jackson – et donc anticiper ce qu'il allait lui dire – l'agaçait prodigieusement. Elle finit par se lever et commença à tourner en rond dans son salon. Il fallait qu'elle s'occupe sinon elle risquait de se montrer brusque avec l'agent qui prenait un temps fou à lui répondre. « Ouais ». Elle ferma les yeux, expirant profondément. Il n'y avait pas eu d'explosion de joie ni même d'enthousiasme particulier du côté de Jackson mais au moins il lui avait répondu et en plus de cela favorablement. Soulagée, la jeune femme se dirigea dans sa cuisine et ouvrit l'un de ses placards pour prendre un paquet de cookies.

« T'as un +1 ? » « Hein ? Non ! » s'empressa-t-elle de répondre lâchant maladroitement le paquet qui tomba sur ses pieds. Les sourcils froncés, la métisse était confuse. Comment pouvait-il envisager une telle chose ? Il y a de cela quelques minutes elle ne savait même pas si elle allait se rendre au mariage de Louisa, ce n'était pas pour en plus venir accompagnée. En plus, qui en-dehors de l'agent aurait pu venir avec elle ? La seule personne susceptible de l'accompagner au mariage de Louisa était Malik et c'était tout sauf concevable. A la pensée du rappeur Marley frémit. Elle venait seulement de se rendre compte qu'il serait aussi présent pour le mariage. Elle sentit sa respiration accélérer et envisagea presque de faire machine arrière. Se retrouver dans la même pièce, à la même soirée que Jackson, Louisa et Malik lui paraissait soudainement être une très mauvaise idée. Paradoxalement c'était aussi et sans doute le meilleur moment pour tous se réunir. Après tout, ils venaient célébrer le mariage de la pilote, c'était un événement heureux et joyeux que rien ne devait venir entacher. Peut-être qu'ils parviendraient tous à faire table rase du passé.

Sa boite de cookies dans la main, Marley retourna s'asseoir sur son canapé et demanda à Jackson : « Pourquoi tu me demandes ça ? T'y vas accompagné ? ». Elle sortit un biscuit qu'elle fourra dans sa bouche et alors qu'elle mastiquait en silence, attendait avec une crainte certaine qu'il lui réponde. Il était fort probable qu'il y aille avec quelqu'un mais la brune ne l'avait pas envisagé avant. Lorsqu'elle avait reçu l'invitation, Jackson et elle se reparlaient à peine. C'était à l'époque où il l'entraînait au dojo. Leur relation était si fragile qu'ils avaient pris grand soin de ne pas trop aborder leur vie privée. Peut-être qu'à cette période il avait invité quelqu'un. « Je ne t'en voudrais pas si c'était le cas... » souffla-t-elle doucement. Ca lui briserait le cœur, évidemment. Mais elle avait promis de faire des efforts, de lui laisser tout le temps dont il avait besoin, elle lui avait dit qu'il pouvait lui faire confiance. Se montrer mature en ne réagissant pas au quart de tour en faisait partie. Même si elle risquait de bouillir en le voyant au bras d'une autre, la métisse ferait en sorte de cacher ses émotions. Elle espérait néanmoins que la réponse de Jackson serait aussi négative que la sienne. Elle avait beau se dire qu'elle gérerait si c'était le cas inverse mais au fond d'elle, elle savait que sa jalousie et sa possessivité risquaient de prendre le pas sur tout le reste.

« Big Daddy, pépites de chocolat. » Un fin sourire complice s'étira sur le visage de Marley. Elle n'avait même pas besoin de confirmer ses propos. Il savait. C'était lui et son goût immodéré pour le sucre qui lui avait fait mettre le nez dedans. Dès la première fois où elle avait croqué dans ses biscuits, elle n'avait jamais cessé depuis. En plus d'être délicieux, ces cookies la ramenaient inlassablement à l'époque de sa vie où elle les dévorait dans le lit aux côtés de Jackson. Sans doute était-ce pour cela qu'elle avait toujours un air nostalgique et triste lorsqu'elle en mangeait aux côtés de Davis. « T'as pas compris. » Le corps de la métisse se tendit sur le canapé tandis que les rouages de son cerveau se mettaient en branle afin de savoir à côté de quoi elle venait de passer. Heureusement pour elle, Jackson s'expliqua rapidement ce qui l'empêcha de se faire des idées. « Le témoin sexy vient toujours seul. C'est ce qui le rend sexy. ». Elle soupira comme s'il la fatiguait alors qu'en réalité il l'amusait. Sexy, il l'était toujours. La brune fut rassurée de savoir que personne ne viendrait avec Jackson. Si elle lui disait accepter le fait inverse, au fond d'elle, elle savait parfaitement que cela la ferait souffrir. Elle lui dit avec une voix faussement menaçante : « J'espère que le témoin sexy ne va pas repartir avec la demoiselle d'honneur sexy... » Une menace dite sur le ton de la plaisanterie mais qui renfermait une énorme part de vérité. Jackson le savait, il n'était pas dupe. Il connaissait la jalousie de Marley, son côté possessif avec lui. Il aurait beau le lui reprocher, il agissait de la même manière avec elle. Elle continua de manger son cookie, se faisant la réflexion que la conversation était détendue et que cela faisait longtemps que cela n'était pas arrivé. C'était plaisant de pouvoir parler ainsi à Jackson, de pouvoir plaisanter à nouveau, se dire les choses. Le fait que toutes les vérités aient éclaté entre eux – la demande en mariage de Davies, son histoire de cul avec Malik, le meurtre commis par Jackson, la grossesse de Louisa – avait eu pour effet de remettre les choses à plat. Tout n'était pas réglé loin de là, mais les secrets semblaient s'être enfin dissipés. Marley ne cachait plus rien à l'agent et elle espérait qu'il en était de même de son côté.

« T'as une robe ? » Un sourire malicieux glissa sur ses lèvres. Evidemment qu'il pensait à sa tenue. Elle n'avait pas encore pris la peine de s'en occuper ne sachant pas si elle allait se rendre au mariage ou non. « Pas encore, mais demain ce sera le cas. » Elle s'en occuperait avec le plus grand soin. Elle avait toujours aimé la façon dont il posait son regard sur elle, la manière dont ses yeux la dévoraient et encore plus la puissance et la fougue de ses mains lorsqu'il s'agissait de lui retirer le morceau de tissu qui la couvrait. Elle ne lui retourna pas la question parce qu'elle savait pertinemment qu'il avait déjà son costume. Jackson ne laissait jamais rien au hasard et encore moins pour le mariage de sa meilleure amie, de la mère de son futur enfant. « Tu m'offriras une danse ? » réclama-t-elle, pressée de sentir les mains du garçon accrocher ses hanches, son nez glisser dans son cou et avec un peu de chance sa mâchoire venir se frotter contre la sienne pour lui montrer à quel point il l'aimait.

« No spoile. » De frustration et d'agacement, la langue de la brune claqua contre son palais tandis que ses yeux roulaient. Il faisait ça pour la rendre dingue, elle le savait mais au lieu de faire comme si cela ne l'atteignait pas, la métisse démarrait au quart de tour. C'était si simple pour Jackson de rendre folle Marley. Il savait exactement sur quel bouton appuyer. Un sourire malicieux et fier glissa sur le visage de la maquilleuse lorsqu'elle l'entendit ronronner à l'autre bout du téléphone. A cet instant elle aurait pu jurer qu'il venait de fermer les yeux et que son esprit divaguait déjà sur la future tenue qu'elle allait s'acheter. Savoir qu'elle lui faisait toujours autant d'effet après toutes ces années et toutes ces disputes la rassurait. L'attraction physique qu'ils ressentaient l'un pour l'autre était toujours aussi forte qu'au premier jour et les sentiments amoureux que la brune éprouvait pour l'agent étaient eux toujours plus forts et plus intenses.

« Une seule ? » Le bas ventre de Marley se contracta, son corps réagissant toujours plus vite aux mots, aux sous-entendus, aux avances du garçon. « Je croyais que c'était moi la gourmande... » souffla-t-elle en souvenir de ce qu'il lui avait dit le matin qui avait suivi leurs retrouvailles endiablées. Si cela ne tenait qu'à elle, elle passerait la soirée accrochée à son bras, sa tête contre sa poitrine, sa main sur son torse, ses lèvres contre les siennes, mais elle savait qu'il y avait peu de chances que cela arrive. « D'autres questions ? » Elle se mit à rire et hocha la tête de gauche à droite comme s'il pouvait la voir. « Non m'sieur ! » répondit-elle. Ce coup de téléphone l'avait soulagés d'un poids énorme. Sa décision était prise concernant le mariage et en plus de cela, elle était rassurée de voir qu'il n'y avait pas de gêne avec Jackson. Ils ne s'étaient pas revus depuis qu'elle était partie de son appartement sans trop savoir quoi dire ou quoi faire et malgré les jours qui s'étaient écoulés, Jax ne semblait pas regretter leur nuit passée ensemble. « J't'embête pas plus. Hâte de voir à quel point t'es canon dans ton costume. » un nouveau gloussement lui échappa tandis qu'après qu'il lui ait dit au revoir elle raccrochait. Elle laissa tomber sa tête sur le dossier du canapé, un sourire béat accroché aux lèvres, l'esprit plus léger, les cuisses humides.