11 juin 2008

J’ai beau fermer les yeux et me concentrer sur le rythme de la musique, je n’arrive pas à me calmer, anticipant la suite avec fébrilité chaque fois que mes doigts entrent timidement en contact avec la peau d’Andy ou que ses lèvres viennent chercher les miennes. Je songe à me retirer de sur lui pour repartir chez moi parce que j’ai peur de ne pas être à la hauteur du haut de mes quinze ans. Sauf que je lutte contre ma nervosité palpable parce que je sais que c’est un passage obligé et tout ira mieux après que la glace sera brisée. « T’es sûr que ça va? On n’est pas obligé de faire ça aujourd’hui tu sais. » Lorsque j’entends sa voix, j’ouvre les yeux et je plonge mon regard dans le sien. Je me détends un peu aussitôt, me sentant rassuré qu’il ne me mette pas de pression. « Ça va aller, je suis juste un peu stressé. J’ai vraiment envie qu’on le fasse. » Je me perds dans ses yeux un moment pendant que mes bouclettes frôlent doucement chaque côté de son visage. Je lui souris, le regard pétillant, et je décide de finalement lui faire part de ce que je ressens pour lui. « Je t’aime. » Je sens que mon cœur s’apprête à me défoncer la cage thoracique tellement il bat fort alors que j’attends une réaction de sa part nerveusement. « Moi aussi. » Je soupire de soulagement puis je reprends possession de ses lèvres sans plus attendre. Pendant que l’une de mes mains se faufile sous son chandail le long de ses côtes, Andy détache ma ceinture et mon pantalon. Tout s’est passé beaucoup trop vite par la suite. Andy m’avait assuré que si je séchais les cours de l’après-midi, nous serions tranquilles chez lui. Sauf que son père est rentré plus tôt que prévu et la musique a camouflé ses pas. Pris de panique face à son père qui nous fixe avec dégoût, Andy me repousse violemment, me faisant tomber par terre les pantalons à moitié baissés. « Papa je n’ai rien fait je te le jure! C’est lui qui s’est jeté sur moi, je ne voulais pas! » Toujours au sol, je lève la tête et je fixe Andy le regard rempli d’incompréhension. Comme un lâche, il détourne la tête pour ne pas me regarder. Je n’ai pas le temps de me relever que son père m’agrippe par les cheveux pour me sortir hors de la chambre de son fils. « LÂCHEZ-MOI. » Je tente de me débattre pour me défaire de son emprise parce qu’il me fait mal, sans succès. Je tente d’avancer à la même vitesse que lui sauf qu’à chaque pas mes pantalons descendent un peu plus vers mes chevilles. « LÂCHEZ-MOI. » Je répète en paniquant en voyant qu’on se rapproche des escaliers. Il finit par me lâcher, d’ailleurs, sauf que je trébuche dans mes pantalons et je déboule jusqu’en bas de l’escalier. J’entends ses pas qui se rapprochent pendant que je tente de me relever malgré la douleur. « Dégage de chez moi, tapette. » Il me crache dessus, le regard rempli de dédain. Je ne me fais pas prier et je me relève en remontant mon pantalon. Avant de sortir, je regarde furtivement en haut de l’escalier pour voir si Andy y est mais il brille par son absence. Le cœur en miettes et la cuisse en feu, probablement éraflée sur le tapis de l’escalier, je sors de cette demeure où je ne suis visiblement pas le bienvenu. « Essayer de violer quelqu’un à ton âge, ça va être beau plus tard. » Et il me claque la porte au nez en me laissant seul dehors devant plusieurs curieux qui prenaient une marche dans le quartier. Déboussolé, je descends lentement du perron pendant que je lutte pour ne pas me mettre à pleurer tant que je ne me suis pas assez éloigné pour ne plus être dans leur champ de vision. Mon sac à dos est toujours dans la chambre d’Andy mais c’est bien le moindre de mes soucis actuellement. Tout ce que je souhaite, c’est rentrer à la maison sauf que je suis à l’autre bout de la ville et que je n’ai pas d’argent pour prendre l’autobus. Alors je marche longtemps, trop longtemps, dans la direction qui je crois me permettra de rentrer chez moi. Au bout de quelques heures de marche, je réussis à m’y rendre, pas sans me perdre cependant. Lorsque je pousse la porte d’entrée, je devine à l’exclamation de ma mère qu’elle s’est inquiétée, tout comme mon père et Tessa que j’aperçois du coin de l’œil à ses côtés dans le salon. « Link, mais où étais-tu?! » Sauf que je suis incapable de lui répondre, épuisé et au bord des larmes. Je n’ai ni le goût ni la force de les affronter ce soir et je compte sur mes bouclettes pour camoufler mes yeux rougis et mes paupières gonflées par l’émotion. « Link? » répète-t-elle pendant que j’enlève mes chaussures du bout des orteils. Puis sans même prendre le temps de les regarder, je me dépêche de monter l’escalier deux par deux en direction de ma chambre en reniflant. Et lorsque je pénètre enfin dans celle-ci, j’ai à peine le temps de refermer la porte derrière moi que je m’écroule sur mon lit.