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 we were never any good at being friends (craker #13)

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Message(#) Sujet: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyVen 27 Aoû 2021 - 10:10


Sur l’écran de ton téléphone, il y a le nom de ton frère qui apparaît encore une fois. C’est la sonnerie qui remplit l’habitacle sans que tu ne te décides de répondre, bien incapable de décrocher malgré l’envie d’entendre sa voix au bout du fil, malgré ton coeur qui se serre chaque fois que tu penses à ton aîné et le besoin qui se fait de plus en plus pressant de tenter de recoller les morceaux d’une relation qui semble s’effriter un peu plus jour après jour. Le problème, c’est la fierté. La tienne autant que la sienne. Les appels se multiplient d’un côté comme de l’autre sans que jamais vous n’osiez être le premier à décrocher, sans que jamais vous ne preniez le temps d’aller au bout de la démarche. Ce serait si simple pourtant de le faire maintenant, là, tout de suite. De répondre, de souffler un désolée qui ne serait pas suffisant mais qui serait le début de quelque chose quand même. Tu y penses, tu y penses si fort, trop fort et trop longtemps sans doute parce qu’une fois que tu sors de tes pensées, la sonnerie a cessé et c’est seulement la musique que Wyatt a mis quelques minutes plus tôt qui résonne dans la voiture. Tu échappes un long soupir et tu laisses ton téléphone tomber dans ton sac à main, retournant temporairement ton attention à la route qui défile sous vos yeux.

Le silence n’est pas lourd comme il a pu l’être il n’y a pas si longtemps. Cette voiture, même si elle tombe en morceaux et qu’elle pue la cigarette, elle a été témoin du pire et du meilleur de votre relation, sous toutes ses formes. Il y a eu les disputes, il y a eu les réconciliations, il y a eu les baisers échangés à l’abri des regards du reste du monde et toutes ces choses que tu vous permettais seulement dans l’anonymat le plus complet. Il y a eu le road-trip, l’horrible silence en y allant, celui qui avait précédé toutes les vérités qui se devaient d’être dites, celles qui allaient faire mal et qui allaient éventuellement vous briser. Il y a eu le silence en revenant, celui beaucoup trop lourd quand il ne restait plus rien à dire mais qu’il vous fallait revenir à Brisbane ensemble. Et depuis quelques semaines, il y a les rides de ton appartement jusqu’à l’hôpital pour les différents suivis entourant ta grossesse. Celles qui se composent de small-talks polis, des petites choses qui sont sans grandes importances, parce que c’est toujours plus simple de garder les choses à un niveau superficiel entre vous pour éviter les débordements. Et dieu sait qu’il y en avait eu souvent, des débordements. Des bons et des mauvais, des vérités finalement avoués, des conversations trop longtemps repoussées pour finalement repartir sur une base qui se voulait plus saine, mais qui était encore chancelante, fragile et à risque de tomber au moindre faux-pas. « Je pense qu’on va pouvoir savoir le sexe aujourd’hui. » que tu offres, brisant le silence pour la première fois depuis plusieurs minutes. Tu peines à croire que t’es déjà rendue à la moitié de ta grossesse, sans doute parce qu’un tiers s’est déroulé sans que tu ne le réalises. Tu fronces légèrement les sourcils, tournant ton regard vers le Parker quand tu réalises que vous n’avez pas vraiment discuté si vous vouliez ou non savoir le sexe du bébé. Il y a encore tellement de choses dont vous n’avez pas parlé, vous y allez au fur et à mesure, vous improvisez et vous cherchez une balance entre vous qui est à l’opposé de tout ce que vous avez toujours connu. « Est-ce que tu veux savoir? On en a pas discuté. » T’es pas certaine d’avoir un avis sur le sujet, mais tu ne peux t’empêcher de te dire qu’il y a déjà eu tellement de surprises et de choses à gérer que c’est probablement mieux d’avoir toutes les informations possibles. Tu préfères quand même lui demander son avis. Tu fais attention, pour une fois dans ta vie, de l’inclure autant que possible dans toutes les décisions. Ça ne te vient pas naturellement, mais l’intention y est et tu ne peux qu’espérer que cela facilite un peu les choses sur le long terme.
@Wyatt Parker :l: :l:
est-ce que tu reviens là?
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyJeu 9 Sep 2021 - 22:51


La sonnerie de son téléphone envie l’habitacle alors que mes doigts se serrent encore un peu plus fort autour du volant. C’est le même manège qui s’enclenche, son regard qui se perd sur l’écran du mobile sans que ses doigts n’entreprennent le moindre mouvement pour décrocher cet appel qu’au fond elle attend tellement. Pour la troisième fois en moins de quelques jours, je l’observe impuissant atteindre que la sonnerie ne meurt et qu’un souffle s’échappe d’entre ses lèvres. Et mon poing se serre avec force autour du levier de vitesse alors que son image s’entrecroise avec le reflet d’Ariane à des milliers de kilomètres. Tout ce que je vois dans le comportement de Rosalie me renvoi au silence qu’impose ma sœur depuis des semaines. Est-ce qu’elle aussi attends que la sonnerie se meure pour mieux souffler ? Est-ce qu’elle prend un malin plaisir à regarder mon prénom danser sur son écran avant de laisser échapper son téléphone au fond de sa poche ? J’en ai laissé des messages sur son répondeur, au point d’encombrer totalement la mémoire. Désormais, il ne reste plus que sa voix nasillarde qui m’insulte pour avoir osé l’appeler et puis rien… Juste les bips qui s’enchaînent dans un silence qui me colle une angoisse. « La prochaine fois tu réponds ou c’est le vol plané. » J’ai déjà jeté son téléphone par-dessus un toit, je peux tout à fait recommencer. Qu’elles s’étouffent avec leur fierté toutes les deux.

Pour noyer les pensées, pour ne pas déverser ma colère sur la mauvaise personne, j’augmente le son de la radio. Une chanson niaise et populaire, c’est bien ce qui fera l’affaire. Je me concentre sur la route que je connais presque par cœur désormais, direction l’hôpital Saint-Vincent. Rosalie a dû faire plusieurs examens sanguins et autre pour le suivi de sa grossesse, mais aujourd’hui tout sonne un peu différent. Aujourd’hui, il s’agit de faire une échographie, de voir le bébé, d’entendre son cœur battre. Aujourd’hui, je vais rentrer avec elle dans le cabinet du médecin. Je ne cesse de penser à ce rendez-vous depuis la veille, à me demander ce que l’on va bien pouvoir voir, ce qu’il va bien pouvoir nous dire. J’ai commencé à faire des recherches sur Internet plus stupides les unes que les autres juste pour me préparer à toutes les éventualités. J’ai eu besoin de m’occuper l’esprit pour ne pas arriver avec un million de questions en étant bien incapable de les exprimer. Je n’y connais absolument rien en grossesse, en terme médicaux et en bébé à naître et ce rendez-vous me stress. Au point de presque sursauter lorsque Rosalie s’adresse de nouveau à moi. « Je pense qu’on va pouvoir savoir le sexe aujourd’hui. » Je crois que j’avais lu cela quelque part, c’est quelque chose autour du cinquième mois. Je crois. Je sais plus vraiment, les informations ont fini par se mélanger un peu. « Est-ce que tu veux savoir? On en a pas discuté. » Etonné, je tourne mon regard dans sa direction. C’est bien la première fois que Rosalie me demande clairement mon avis sur quelque chose, faudrait noter cela quelque part, d’une pierre blanche où je ne sais quoi. « On a eu assez de surprise comme ça. » que je réponds lentement avant de tourner sur la droite pour entrer dans le parking de l’hôpital. « Pis comme on sera jamais d’accord sur un prénom, autant prendre de l’avance. » J’anticipe déjà les futurs désaccords. Après tout, c’est totalement impensable que l’on puisse s’accorder aussi facilement sur un élément aussi important. Dieu que je n’ai pas hâte.

i'm baaaack we were never any good at being friends (craker #13) 1484806105
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyVen 10 Sep 2021 - 10:56


Si tu n’étais pas si concentrée à retenir ton souffle jusqu’à ce que la sonnerie de ton téléphone cesse enfin, peut-être remarquerais-tu que Wyatt s’est tendu à côté de toi, que ses doigts serrent le volant plus fort, que son poing se referme plus serrer contre le levier de vitesse. Si tu prenais ne serait-ce qu’une seconde pour réaliser l’étendu de la situation, si tu sortais la tête de ton nombril et voyait plus loin que seulement ce qui t’affecte toi, tu réaliserais à quel point c’est ridicule pour Garrett et toi de vous appelez de la sorte sans jamais répondre à l’autre alors que l’envie existe pourtant clairement de part les appels qui se multiplient au fil des jours, bien que la finalité demeure sans résolution. Ridicule parce que tu sais que Wyatt, il n’attend que ça, un appel d’Ariane. Une réponse à un de ses appels, un signe de vie, n’importe quoi. Toi aussi, tu attends, tu espères et c’est désespérant, de se prendre la voix de son répondeur à tous les deux jours parce qu’elle n’a pas la moindre intention de revenir sur sa décision la rouquine, aussi irrationnelle soit-elle. Tu lâches un long soupir quand le silence reprend place dans la voiture, ton téléphone qui tombe machinalement dans le fond de ton sac et c’est la voix de Wyatt qui te sort éventuellement de tes pensées. « La prochaine fois tu réponds ou c’est le vol plané. » Tu tournes la tête vers lui, mais son regard est concentré sur la route. Tu la vois enfin, la tension, les traits crispés et l’agacement qui se lit de partout sur son visage naturellement fermé. « C’est toi qui vas payer le prochain appareil peut-être? » Ça se veut être une plaisanterie, mais le ton utilisé ne transmet pas l’intention derrière les paroles et ça sonne bien plus comme une pique comme autre chose, ce qui n’est définitivement pas l’ambiance que tu veux instaurer juste avant cette échographie qui te stresse déjà bien plus que tu ne veux l’admettre. « Désolée. » que tu finis par souffler, déjà prête à mettre tes émotions en dent de scie sur le dos des nerfs et des hormones. « J’suis pas prête. » que tu rajoutes finalement, faisant inévitablement référence à ton frère. Pas prête à lui parler, pas prête à lui pardonner, encore moins prête à t’excuser. Il y a encore beaucoup de chemin à faire et tu avances lentement. Peut-être trop lentement, mais tu fais de ton mieux, tu le jures.

Le volume de la musique augmente dans la voiture et tu te concentres sur les paroles d’une chanson populaire alors que la route qui défile sous vos yeux se fait de plus en plus familière au fil des semaines. Entre les différentes prises de sangs et rendez-vous de suivi pour X et Y raison, tu passes plus de temps à l’hôpital que tu n’en as jamais passé de toute ton existence, l’attente même pour les rendez-vous souvent longues et interminables. Aujourd’hui, tu espères qu’ils ne vous feront pas attendre trop longtemps. Tu es impatiente de remettre les yeux sur ce petit être qui doit avoir bien poussé depuis ta première échographie. Ton ventre lui a poussé de manière considérable, il n’y a vraiment plus de doute possible, plus de cachette permise. Tu veux entendre le cœur battre, entendre le médecin te dire que tout va bien et que les choses progressent aussi bien qu’elles le peuvent, au vu des circonstances qui ont mené à ta grossesse. Et évidemment, il y a cette possibilité de savoir s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille qui pend au bout de ton nez, bien que vous n’ayez même pas pris le temps de statuer avec Wyatt si vous vouliez savoir ou non avant l’accouchement. Tu lui demandes son avis ce qui te vaut un regard surpris de sa part et tu dois te pincer les lèvres pour éviter une remarque du genre n’aie pas l’air si surpris surtout. « On a eu assez de surprise comme ça. » Savoir donc. Tu acquiesces d’un mouvement de la tête alors que tu flattes ton ventre, l’excitation venant de redoubler dans les cinq dernières secondes. « Tu voudrais quoi, toi? » A-t-il une préférence? Est-ce qu’il y a pensé comme ça? Est-ce que ça l’obsède autant que toi? Si les choses se sont relativement calmées entre vous depuis quelques semaines, les conversations ne viennent toujours pas avec aisance, les sujets souvent gardés au plus simple pour éviter tout débordement. L’équilibre n’est pas encore atteint et peu importe ce que vous êtes, peu importe ce que vous faites, c’est fragile, précaire au mieux, mais vous essayez et c’est sans doute là la seule chose que vous pouvez réellement faire. « Pis comme on sera jamais d’accord sur un prénom, autant prendre de l’avance. » « J’imagine que t’as déjà une liste de qualifications. » Il n’a pas tort après tout. Vous avez jamais vraiment été très doués pour vous mettre en accord sur quoique ce soit, même quand votre relation était au beau fixe, alors tu ne t’imagines pas que trouver un prénom pour ce bébé va être une partie de plaisir, au contraire. « En parlant de nom… » Tu appréhendes déjà sa réaction à la prochaine question qui va franchir le seuil de tes lèvres, mais tu ne peux pas t’empêcher de la poser. « Est-ce que tu penses qu’on pourrait lui donner les deux noms? Craine-Parker, ou Parker-Craine si tu préfères. » Tu évites de tourner ton regard dans sa direction, tu n’es pas certaine de vouloir voir sa réaction. Tu proposes toutefois, tu suggères, tu n’imposes pas et tu espères que ça aussi, il va le prendre en considération. Ça ne sonne pas particulièrement bien, ni dans un sens, ni dans l’autre. Probablement parce que c’est un mélange qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Deux univers diamétralement opposés qui n’auraient jamais dû se trouver, mais qui ne semblent pas être en mesure de se lâcher malgré tout. « Je trouve ça important, qu’il ou elle ait le même nom que moi. » Et tu n’es pas assez conne ou naïve pour croire qu’un jour, tu porteras le nom Parker. Pas après tout ce qui s’est passé.
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyDim 12 Sep 2021 - 21:46


Ma mâchoire se serre alors que je m’efforce de trouver toute la volonté de ne pas envoyer valser le téléphone de Rosalie par la fenêtre. Le jeu sonne stupide quand elle ne cesse de fixer l’écran annonçant le prénom de son aîné sans jamais anticiper le mouvement pour décrocher. C’est à se demander ce qu’elle attend avec son air triste. C’est à se demander ce que fait Ariane lorsque je suis l’idiot qui passe son temps à la sonner. Deux fois par jour depuis son départ, sans jamais avoir eu de réponses. Alors lorsque la sonnerie se coupe, j’explose. Je tente d’amener autant de douceur que possible dans une remarque qui se voudrait pourtant assassine. Elle joue avec mes nerfs la Craine lorsqu’elle ne réalise en rien le parallèle, lorsqu’elle s’accroche à sa fierté qui n’a plus de place depuis si longtemps déjà. « C’est toi qui vas payer le prochain appareil peut-être ? » Elle veut jouer à la plus maligne. « Pourquoi avoir besoin d’un prochain, tu réponds jamais ! » Mes doigts s’enroulent autour du volant tandis que je négocie un virage bien trop serrer. Mes dents claquent les unes contre les autres alors que je tente, maladroitement, de ne pas laisser toute ma colère se déverser sur elle. Ce n’est pas le lieu, ce n’est pas le moment. Pourtant, un jour, il faudra que quelqu'un prenne pour les absents quand je ne cesse de tout ruminer dans mon coin sans jamais pouvoir extérioriser. « Désolée. » Je souffle alors qu’elle cherche à se repentir. Dans deux secondes, elle évoquera les hormones et je me contenterais de grogner en guise de réponse. « J’suis pas prête. » Je ne m’attendais pas à une telle réplique, au point de lâcher un éclat de rire sarcastique. « Et ça vous trouerait le cul de décrocher et juste dire ça ?! » La vulgarité n’a pas lieu d’être, mais en elle réside mon dernier mécanisme de défense quand le parallèle se fait bien trop intense. « Ça prend trois mots Rosalie. » Juste quelques petits mots pour laisser un signe de vie sans forcément engager une longue conversation. Ce n’est qu’un petit rien qui pourtant fait beaucoup.

Le silence perdure dans l’habitacle tandis que l’on se rapproche de l’hôpital. Ma mâchoire ne desserre pas tandis que les pensées s’enchaînent sans aucune cohérence. Je vacille entre l’absence de ma sœur et cette échographie qui me bouffe l’esprit depuis des jours. Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend et ce n’est pas comme si Rosalie était le moins du monde expressif sur le sujet. Il est encore difficile d’évoquer le bébé, de parler de la naissance et de tout le reste. On avance à l’aveugle, un jour après l’autre, au point de se demander au dernier moment si l’on souhaite connaître le sexe ou non. « Tu voudrais quoi, toi ? » - « Je… » Les mots restent suspendus, car je n’ai jamais pensé aussi loin, je n’ai jamais réfléchi à cela. « J’ai pas de préférence. » Enfin, je crois. Je n’en sais trop rien. Il va falloir accueillir ce petit être et c’est bien tout ce qui accapare mon temps libre. « Tant qu’il va bien. » C’est ce qu’on dit non ? C’est ce que les parents concernés expriment, la volonté d’avoir un bébé en bonne santé qu’importe son genre. Il faut dire que je pense à cela aussi, depuis cette soirée sur la plage. Rosalie a parlé de danger pour sa santé et Internet est probablement bien le pire endroit pour se renseigner à ce sujet. Mais elle ne pense pas à tout cela elle, s’inquiétant bien plus du futile, c’est toujours plus facile. « J’imagine que t’as déjà une liste de qualifications. » Je hausse les épaules, pas vraiment prêt à lui avouer que depuis quelques jours les marges de mes carnets se remplissent de prénoms de toute origine et de tout genre. « La signification, c’est important. » Non pas que Wyatt est une signification particulière si ce n’est l’évocation de la combativité en germanique. Cela sonne peut-être idiot, mais j’imagine que l’on peut s’aiguiller sur un prénom qui a un sens. Ou quelque chose dans le genre. J’en reste persuader, il nous faudra bien trop de temps pour tomber d’accord.

« En parlant de nom… » Elle hésite, Rosalie tandis que la voiture marque son arrêt sur la place de parking. « Est-ce que tu penses qu’on pourrait lui donner les deux noms? Craine-Parker, ou Parker-Craine si tu préfères. » Je pouffe du nez alors qu’elle évite mon regard. Toute sa famille me déteste, évoque un nombre incalculable de jugement sur ce bébé à naître et il faudrait qu’il porte leur nom ? J’allais refuser, je cherchais juste l’art et la manière de l’exprimer, mais elle est rapide la brune. « Je trouve ça important, qu’il ou elle ait le même nom que moi. » - « Au cas où je me barre, c’est ça ?! » Ce n’est vraiment pas le moment de se lancer dans ce genre de conversation quand les nerfs sont déjà à fleur de peau. Elle ne pouvait pas attendre après le rendez-vous ? Elle ne pouvait pas réaliser la tension ou simplement faire attention ? « Réponds à ton frère, arrange les choses et après, on pourra reparler de ça. » Je souffle à nouveau tandis que mes doigts me démangent pour une cigarette. « Mais tant qu’il n’y aura pas eu d’excuses de leur part, personne ne s’appellera Craine. » Et surtout pas notre enfant, déjà rejeter par sa famille maternelle sans même avoir vu le jour. Je sais à quel point notre vision de la famille est différent, mais si j’ai toujours protégé mon frère et ma sœur sans que Rosalie ne le comprenne, elle n’est pas prête à réaliser ce que je serais capable de faire pour mon propre sang. « Aller viens, tu vas être en retard sinon. »
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyLun 13 Sep 2021 - 2:49


Même quand tu ne parles pas à ton frère, ce dernier semble trouver un moyen de créer de nouvelles tensions entre Wyatt et toi. Ou du moins, c’est ce que tu te fais croire quand tu es éternellement à la recherche d’un coupable autre que toi pour tout ce qui semble aller de travers dans ta vie en ce moment. « Pourquoi avoir besoin d’un prochain, tu réponds jamais! » Il s’emballe le Parker, et tu n’es pas certaine de comprendre ce que tu as fait pour qu’il se défoule ainsi sur ta personne. Tu n’as pas encore compris que ce n’est pas vraiment à toi qu’il s’adresse, pas vraiment à toi qu’il en veut autant, un parallèle dont tu n’as pas encore saisi toute la lourdeur. Ce sont seulement les prochains mots qui te mettent finalement la puce à l’oreille, d’une évidence que tu aurais pourtant dû comprendre il y a longtemps déjà. « Et ça vous trouerait le cul de décrocher et de dire juste ça? » C’est le vous qui te rendre dedans, qui te rappelle la situation dans laquelle il se trouve vis-à-vis de sa propre sœur et que les commentaires qu’il te lance ne s’adresse pas vraiment à toi, ou du moins, seulement en partie. « J’suis pas Ariane. » que tu réponds alors, retenant le piquant qui te démange pourtant, tes nerfs tout aussi à vif que les siens. « Ça prend trois mots Rosalie. » « C’est pas la même chose. » Tu lâches un soupir, ce n’est vraiment pas le bon moment de parler de la rouquine alors que vous êtes déjà tous les deux à cran, bien que personne ne sera prêt à l’admettre. Pourtant, tu ne peux t’empêcher d’en rajouter. « Ariane a aucune raison de t’ignorer, alors que tu sais très bien pourquoi j’peux pas parler à Garrett en ce moment. » Tu ne peux pas, tu ne veux pas, tu ne sais plus vraiment lequel prend le dessus sur l’autre. Tout ce que tu sais en ce moment, c’est que tu te maudis de ne pas avoir couper le son de ton putain de téléphone.

Malgré tout, tu parviens à tourner la conversation vers l’essentiel de la journée : ce petit être qui pousse. Celui que vous allez pouvoir voir dans une dizaine de minutes à peine. Celui dont vous allez entendre le cœur battre, celui qui aura certainement grossi de manière hallucinante depuis ta dernière échographie. C’est la première fois que Wyatt va pouvoir le voir d’ailleurs, réaliser ce qui se passe vraiment. Toi, tu le réalises un peu plus à chaque jour alors que c’est ton corps qui change sans arrêt et que tu peux maintenant sentir quelques coups plusieurs fois par jour, pour te rappeler que ce n’est pas un rêve tout ça, qu’il y aura bel et bien un bébé qui se joindra à vous dans quelques mois à peine. « Je… J’ai pas de préférence. » Tu hoches la tête. Toi non plus, tu ne penses pas du moins. La vérité c’est que même si tu le sens, juste là sous tes doigts qui caressent éternellement ton ventre arrondi, tu es incapable de t’imaginer une fille ou un garçon, incapable de voir au-delà du moment présent. « Tant qu’il va bien. » Tu approuves d’un signe de la tête. Ça non plus, tu ne parviens pas vraiment à te l’imaginer. Qu’il ou elle puisse ne pas aller bien, alors que pourtant, tu es loin d’avoir fait attention à quoique ce soit pendant les douze premières semaines, insouciante des changements qui se produisaient à ton insu. « La signification, c’est important. » Parler de prénoms, c’est bien plus simple que de partager cette peur que quelque chose pourrait ne pas aller. Plus aisé de se prendre la tête pour un truc sans doute trop superficiel comparé à la santé du bébé, ou même la tienne. L’important toujours repoussé à plus tard, pour ne pas avoir à se montrer trop vulnérable trop vite. Chasser le naturel, il revient au galop. « Tant que tu me proposes pas des trucs qui sont imprononçables en anglais. » Parce que tu le connais le Parker, tu n’as aucun doute qu’il va suggérer des prénoms qui vont rappeler à ses origines françaises. Tu n’as rien contre l’idée en soit, tant que ce n’est pas un prénom qui sera difficile à porter dans la vie de tous les jours. Tu retiens d’ailleurs un commentaire sur le prénom bien trop lourd de son frère, espérant simplement qu’il n’ait pas envie d’affliger votre enfant de la sorte.

Tu aurais sans aucun doute pu choisir un meilleur moment. Attendre que les nerfs redescendent, ne serait-ce qu’après l’échographie avant de faire ta demande, pas avant. Mais les mots ont déjà filé de tes lèvres alors que la voiture s’arrête dans le stationnement de l’hôpital et Wyatt ne tente même pas de retenir sa réaction alors qu’il pouffe du nez, témoignant d’avance de son opinion sur ta proposition. « Au cas où je me barre, c’est ça?! » « C’est pas ce que j’ai dit! » Tu soupires bruyamment, à la limite insultée que ce soit la première chose qui lui vienne en tête quand vraiment, tout ce que tu souhaites, c’est partager le même nom que ton enfant. Ça ne te semble pas si excessif comme demande, mais de toute évidence, Wyatt ne l’entend pas de la même façon. « Réponds à ton frère, arrange les choses et après, on pourra reparler de ça. » « Ça a rien à voir avec mon frère! » Et s’il y a une chose que tu détestes plus que tout, c’est de te voir imposer quelque chose, comme un ultimatum qui n’a pas lieu d’être. Pardonnes à ton frère sinon pas de Craine pour le bébé. Pour qui il se prend encore, le Parker? « Mais tant qu’il n’y aura pas eu d’excuses de leur part, personne ne s’appellera Craine. » « Je te rappelle que je m’appelle Craine, moi. » Et que tu as beau ne pas en être particulièrement fière les trois quarts du temps, ça reste ton nom de famille, le seul que tu as et le seul que tu puisses oser espérer partager avec votre enfant. Tu retiens un commentaire comme quoi il rêve s’il pense avoir droit un jour à des excuses du clan Craine, consciente que cela ne ferait qu’envenimer la situation déjà bien trop à cran. « Et la décision n’appartient pas qu’à toi je te ferais savoir. » Pas qu’à toi non plus Rosie.

Tu détaches ta ceinture de sécurité, évites d’autant plus de poser ton regard sur Wyatt. « Aller viens, tu vas être en retard sinon. » C’est sans ajouter le moindre mot que tu sors de la voiture, ferme la portière – sans doute un peu trop violemment – et parcoure les quelques mètres qui vous séparent de l’entrée de l’hôpital. C’est dans un silence complet que vous arpentez les couloirs jusqu’à vous rendre à la clinique prénatale. Tu passes à l’accueil, indique ta présence et on te dit de prendre place dans la petite salle d’attente, Wyatt à tes côtés bien que tu ne lui accordes toujours pas la moindre attention. Ce n’est définitivement pas comme ça que tu avais imaginer les minutes menant à ce rendez-vous, mais vraiment, tu ne peux pas non plus dire que tu es totalement surprise. Ton regard se perd un peu partout dans la salle, sur les autres femmes qui arborent des ventres bien plus gros que le tien, sur le papier peint défraichis sur les murs, les magazines qui trainent sur une petite table devant toi, avant d’accrocher finalement sur le roman de la femme assise en face de toi. Tu ne reconnais pas la couverture, mais un détail attrape ton attention par-dessus tout le reste. Le nom de l’auteur, écrit en grosses lettres dans le bas de la couverture lit Wyatt Parker et voilà que ton attention passe du livre à l’homme silencieux assis à tes côtés. « Tu veux m’expliquer ça? » que tu murmures en serrant les dents, pointant le livre de la fille devant toi. Tu n’as pas envie de faire une scène devant tout le monde, mais voilà que tu n’as aucune idée de comment tu te sens devant la réalisation que non seulement Wyatt a publié un roman récemment, mais qu’il n’a pas jugé important de te le faire savoir.
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyJeu 16 Sep 2021 - 20:50


« J’suis pas Ariane. »
« T’agis exactement comme elle pourtant. »

Ah, elles sont bien parfaites les deux meilleures amies, passer des années à se haïr pour en réalité n’être que le reflet de la deuxième. C’est que je pourrais presque applaudir Rosalie pour au moins avoir eu la décence de rester en ville, mais l’envie s’échappe à chaque soupir qu’elle prononce complètement à côté de la plaque. En rien, elle n’entend pas l’orage qui gronde, tout ce qui reste dans l’ombre, mais qui s’étale pourtant sans cesse sous ses yeux. Tout dans ses actions me rappelle le silence imposer par ma sœur, mais elle ne calcule pas tout cela la Craine, elle préfère se conforter dans l’idée que la situation qu’elle partage avec son aîné n’est qu’un autre chapitre aux drames de sa vie. Elle m’exaspère à se chercher des excuses sans jamais admettre qu’elle pourrait partager les fautes. « Ariane a aucune raison de t’ignorer, alors que tu sais très bien pourquoi j’peux pas parler à Garrett en ce moment. » Elle joue avec ma patience. « Ah parce qu’elle te l’a dit ? » Voilà où j’en suis rendu, à douter de tout et en particulier du lien qui pouvait nous unir avec la rousse. « Elle a forcément une raison. » Et j’en deviens dingue à envisager toutes les combinaisons possibles et imaginables sans jamais recevoir une quelconque confirmation. Je me fiche bien de ses amours avec Saül, en ce qui concerne Abel – et égoïstement, ma personne – c’est bien une tout autre version. À mesure que les jours s’écoulent, il est bien plus difficile de lui trouver des excuses à la gamine.

Comme toujours, dès que la tension s’installe, à l’instant où l’un des parties préférerait fuir, le changement de sujet s’installe. Notre drapeau suisse se présente désormais sous le nombril de Rosalie, petit invité qui prends sa place à mesure que le temps défile. Il se devait être l’unique préoccupation de la journée et bien sûr sa tante lui vole déjà la vedette. Ma mâchoire se serre à la réalisation sans cesse grandissante de l’absence dans ma sœur dans ce nouveau chapitre de ma vie, celui dans lequel le contrôle m’échappe complètement. Il est bien plus simple de parler prénom plutôt que de laisser l’angoisse s’immiscer par tous les coins. « Tant que tu me proposes pas des trucs qui sont imprononçables en anglais. » Je lève les yeux au ciel un brin amusé par sa réflexion. « Wyatt Junior. » Cela se voulait être une plaisanterie et aucunement une marque de possession sur cet enfant à naître, mais voilà que cela semble avoir réveillé les idées de la Craine. Elle en impose son nom de famille au milieu d’un bordel qui ne fait de sens pour personne. La conversation se pourrait être anodine, mais elle est abordée au mauvais moment, quand elle refuse d’adresser la parole à ses proches, quand ils n’ont de cesse d’émettre un jugement sur tout ce qui ne les regarde pas. « Je te rappelle que je m’appelle Craine, moi. » Comment pourrais-je l’oublier ? « Et la moitié de nos problèmes viennent du fait que tu t’appelles Craine. » Il fallait faire honneur au nom de famille, il ne fallait pas se mêler avec les moins riches, les insignifiants. Elle dira que je ne suis qu’un con, que je ne prends rien en considération. « Et la décision n’appartient pas qu’à toi, je te ferais savoir. » Elle ne pense qu’à elle, une fois encore. Mon éclat de rire résonne dans ce parking qui semble étrangement vide tout à coup. Je fais volte-face juste assez rapidement pour croiser son regard. « Je t’enlèverai jamais le fait que c’est toi qui vas le porter pendant neuf mois, mais les décisions se prennent à deux. » Qu’elle le veuille ou non, que cela l’enchante ou pas. « C’est pas comme si on pouvait faire machine arrière maintenant. »

Le chemin jusqu’au cabinet du médecin se fait dans un silence de mort. Soudainement, je ne sais plus vraiment si j’ai ma place dans cet endroit face à tous les autres mecs présents. Ils sont dévoués pour leur compagne, ça dégouline d’amour de partout autour de nous alors que la guerre froide acte trois mille se joue dans notre coin. Rosalie refuse de croiser mon regard, je m’efforce à ne pas laisser ma jambe sautiller avec trop de violence. Je repense à tout ce que j’ai pu lire sur Internet, à tout ce qui semblait important. Je me perds dans mes pensées sans jamais prendre conscience de tout ce qui m’entoure. Grave erreur. « Tu veux m’expliquer ça ? » Mon regard suit la direction qu’elle pointe pour tomber sur un dessin que je pourrais reconnaître entre mille. La touche de Ginny et mon nom qui se mélange à l’aquarelle en contre-bas. La femme assise en face de nous est en train de lire mon livre. Mon palpitant s’emballe, j’ai les mains qui deviennent moites alors que j’observe chaque réaction de la future maman qui semble complètement plonger dans sa lecture. Est-ce un sourire que je pourrais deviner ? Elle en est à quel moment de l’histoire ? Tout se bouscule alors que je me laisse submerger par tout un tas d’émotions inconnues avant que la réalité me rappelle sous la forme d’un coup de coude administrer par Rosalie. Un raclement de gorge et mon visage se ferment à nouveau, comme si de rien était. « C’est mon bouquin. » Haussement d’épaule pour la forme alors que son regard se veut presque assassin. « Il est sorti la semaine dernière. » Et j’en oublie de revenir à son visage, bien trop intéresser par les réactions de la lectrice qui tourne les pages sans s’arrêter.
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyJeu 16 Sep 2021 - 21:47


« T’agis exactement comme elle pourtant. »

Tu secoues la tête, parce que ce n’est pas du tout comme ça que tu vois la situation. Tu n’es pas sortie de la vie de ton frère, ni de celle de tout le monde qui t’entoure, sur un coup de tête. Tu n’as pas cherché à créer une onde de choc partout autour de toi (même si tu l’as fait, par erreur que tu te fais encore croire pour calmer ta conscience coupable), tu n’ignores pas Garrett sans qu’il ne comprenne la raison de ton silence. Oh non, il sait exactement ce qu’il a dit et ce qu’il a fait pour que tu te sentes incapable de prendre ses appels aujourd’hui et le cœur de problème, il se trouve juste à côté de toi et en plus, il a le culot de te dire que tu agis en égoïste sans jamais utiliser les mots. « Ah parce qu’elle te l’a dit? » Tu fronces des sourcils. Il ne pense quand même pas que tu as des contacts avec sa sœur et que tu ne lui aurais pas dit? Tu te pinces les lèvres, retient une fois de plus une remarque trop piquante alors que les tensions ont déjà monté en flèche dans l’habitacle soudainement trop petit pour vous deux – vous trois? – et ça te donne d’horribles impressions de déjà-vu. « Non, tu sais bien que non. » Ça pince, qu’il puisse ne serait-ce qu’insinuer le contraire. Tu dois te rappeler de prendre une grande inspiration, que le moment est teinté par vos nerfs, par cette échographie qui approche, par ce bébé qui chamboule tout et qui offre une vision nouvelle à vos univers. « Elle a forcément une raison. » Tu hausses les épaules. Il y a longtemps que tu as arrêté d’essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête de sa cadette pour qu’une journée, elle agisse comme la femme et la mère comblée et que la seconde d’après, elle décide de se pousser sans jamais rien dire à personne sur les motifs qui l’ont emmené à lever les pattes de la plus cruelle des façons. « Je l’abandonnerais jamais, moi. » est la seule chose que tu parviens à murmurer alors que tu flattes ton ventre. Parce que cet abandon-là, c’est celui qui fait le moins de sens à tes yeux et sans doute la comparaison qui fait le plus mal dans ce que Wyatt vient de dire.

Pour palier aux tensions qui prennent pourtant toute la place, vous tentez de vous concentrer sur l’essentiel. Ça fonctionne, une seconde à peine. Trop rapidement, il est question de lui trouver un nom éventuellement, tout en sachant pertinemment que ça risque d’être une autre bataille sans fin entre vous deux, parce que c’est bien le seul domaine dans lequel vous semblez exceller en tout temps : vous prendre la tête pour tout et pour rien. « Wyatt Junior. » est sa proposition lorsque tu demandes un truc qui se prononce bien en anglais et tu ris, sur le coup. Du genre de rire qui fait bien, pendant quelques secondes. Qui rappelle que tout n’a pas besoin d’être si terriblement sérieux en tout temps. Et sans doute que si tu avais profité de ce rire-là, de la tension qui venait à peine de descendre d’un niveau ou deux, tu aurais évité de parler du nom de famille. Tu aurais choisi un autre moment. Mais dans ta maladresse (ou ton égoïsme?) éternelle, tu ne le fais pas. Tu penses que tu agis avec douceur, mais ce n’est pas vraiment une qualité qui te définit bien et trop rapidement, les tons montent à nouveau et ce n’est qu’une nouvelle manche d’une guerre qui devait être finie, mais qui désormais, n’a plus de date d’expiration vu ce qui pousse à vue d’œil dans le fond de ton ventre. Ce serait naïf et complètement stupide de croire que tout sera beau et simple entre vous parce que vous voulez éviter les débordements. Vous restez Wyatt et Rosalie, avec vos caractères de merdes complètement incompatibles, votre historique trop lourd et des vies qui n’ont jamais su s’accordées. « Et la moitié de nos problèmes viennent du fait que tu t’appelles Craine. » Tu échappes un rire sarcastique. « Et l’autre moitié vient du fait que t’as un caractère de merde! » Oui Rosalie, c’est exactement le genre de répliques qui va aider à la situation. Félicitations pour toute ta belle retenue surtout. Idiote. « Je t’enlèverai jamais le fait que c’est toi qui vas le porter pendant neuf mois, mais les décisions se prennent à deux. » Comme si tu ne faisais pas tout ton possible justement pour qu’il se sente aussi inclus que possible dans le processus. À croire que qu’il ne voit que ce qu’il veut voir : tes travers, comme toujours. « C’est pas comme si on pouvait machine arrière. » Non, il est bien trop tard pour ça maintenant et ce genre de commentaires te restent en travers la gorge, bien que tu évites de dire quoique ce soit. « Fais juste y penser, ok? C’est tout ce que je te demande. » Pour une fois que tu n’imposes rien, il a quand même fallu que la situation dégénère, encore.

Tu es jalouse de toutes ces femmes qui tiennent la main de leurs partenaires, dans un geste qu’elles tiennent sans doute pour acquis, alors que toi, tu évites ne serait-ce que de croiser le regard de Wyatt. Ce n’est pas ainsi que tu t’imaginais fondée une famille, pas comme ça que tu rêvais de vivre ta première (et unique?) grossesse. Tu les maudis du regard, tous ces couples qui se chuchotent des mots doux à l’oreille et qui échangent des rires avec une aisance qui n’existe pas assez souvent entre Wyatt et toi. Et puis ton regard accroche sur le livre de la femme assise en face de toi. Sur le nom de l’auteur. Et rien ne fait de sens alors que tu réalises ce que ça veut dire. Tu ne comprends pas comment il a pu publier un livre sans que jamais le sujet ne soit approché entre vous. Alors tu demandes des explications et tu attends alors que son regard se perd sur la fille devant vous. Tu le vois le sourire qui prend place sur ses lèvres alors qu’il observe la moindre de ses réactions, ce qui ne fait que te rendre encore plus impatiente pour une quelconque réponse, chose que tu lui fais comprendre par un coup de coude sans doute plus violent qu’il n’avait besoin de l’être. « C’est mon bouquin. » Oui, ça tu l’avais déjà compris par son nom tracé en grosse lettre sur la couverture. « Il est sorti la semaine dernière. » « Et t’avais l’intention de m’en parler? » Elle tremble, ta voix, alors que tu ne saurais identifier avec justesse toutes les émotions qui défilent présentement en toi. C’est un mélange des plus particuliers, entre une fierté non-avouée de savoir qu’il a réussi malgré tout, malgré toi, à se refaire une place dans cette industrie qui ne pardonne pas facilement, et puis une colère sourde du fait qu’il n’ait jamais rien dit à ce sujet dans les derniers mois, quand tu pensais naïvement que vous aviez pris la décision d’être complètement transparent l’un en face de l’autre. « Je pensais qu’on avait dit plus de secrets. » Et ça, ça ressemble à un putain de gros mensonge à tes yeux. Il y a tes ongles qui s’enfoncent dans tes cuisses alors que tu fais ton possible pour rester calme, mais il ne rend vraiment pas la situation facile alors qu’il est toujours aussi concentré sur la fille qui lit son livre. Tu t’apprêtes à ouvrir la bouche une fois de plus lorsqu’une technicienne rentre dans la petite salle d’attente et appelle ton prénom. Sauver par la cloche.
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyDim 19 Sep 2021 - 15:47


Le nerf de la guerre se joue entre deux places de parking, à slalomer entre les voitures pour atteindre l’ascenseur. La rengaine qui devient une habitude commence à me jouer sur la patience quand il faut croire que chaque trajet commun en voiture se termine dans un bain de sang. Tout se place dans des détails sans importance, mais qui vienne masquer l’angoisse latente du rendez-vous. On ne fait pas dans la facilité, on est bien loin d’admettre qu’une pause serait méritée, que l’on a probablement besoin de souffler. Non, cela a toujours été bien plus simple de hurler. « Et l’autre moitié vient du fait que t’as un caractère de merde! » Je le retiens vraiment le geste qui se voudrait de lancer mon majeur dressé dans sa direction. La répartie est pathétique et tout ce qu’il y a de plus infantile. Le rapport est proche de zéro lorsque je souligne, une fois de plus, l’influence de sa famille et qu’elle me reproche un trait de caractère qui n’entre en rien dans le dilemme. Je pourrais répliquer cent fois, mais préfère me taire. Dans quelques minutes, on sera de nouveau en public et il sera bien plus simple de faire comme si de rien était. Bientôt, elle va me reprocher de pas m’impliquer quand elle est celle qui ne cesse de dresser de barrières pour tout envenimer. « Fais juste y penser, ok? C’est tout ce que je te demande. » Je hoche la tête, mais croise son regard qui se veut insistant. « Okay, c’est bon. » Il faut que le sujet soit clôturé. Je reviendrais probablement pas dessus et il faudra penser en accélérer lorsque le moment sera venu. On verra. Je me fiche bien de tout cela pour le moment.

La salle d’attente est assez remplie, mais la probabilité pour que l’une de ces femmes lise mon livre se devait d’être proche de zéro, voir moins mille. Pourtant, juste en face de nous, une future maman est en train de dévorer mon bouquin. Tout devient parfaitement réel alors qu’elle tient son exemplaire entre ses mains et qu’elle semble complètement happé par sa lecture. Rosalie pose des questions qui ne font aucun sens alors que je voudrais juste profiter de l’instant. Juste observer pour comprendre, pour voir ce qu’il en ressort. Mais elle insiste la brune à mes côtés. « Et t’avais l’intention de m’en parler? » - « Peut-être. » J’attendais encore un peu, je voulais avoir quelques retours, je voulais connaître l’ampleur des dégâts. S’il s’avérait que le tout était un échec personne n’aurait rien su. Question d’ego et de fierté mal placé, il paraît. Mais Boyd m’a déjà envoyé quelques mails, des félicitations, le retour d’un critique plus que positif. L’engouement était lancé, mais cet à cet instant précis, dans cette salle d’attente sans âme que se joue toute la réalité de ce que j’avais engendré. L’histoire de Jules se fait désormais connaître dans le monde entier bien loin de ses débuts sur les toits de la capitale anglaise. « Je pensais qu’on avait dit plus de secrets. » La remarque s’échappe entre deux soupirs, dans un murmure qui se veut m’être purement destiné. C’est frapper si bas que je pourrais en pleurer de rire. « Je t’ai laissé ruiner ma carrière une fois, pas deux. » Qu’elle ne joue pas la surprise, qu’elle ne se prétende pas offensé, elle pourrait le regretter. Elle avait brisé mon rêve et elle pensait que j’allais lui parler de mon projet avant que ce dernier ne soit abouti ?

Elle n’a en rien le temps de me reprocher quoi que ce soit tant mon attention est tourner vers la lectrice. Et comme si le médecin avait senti la tension voilà qu’on appelle Rosalie dans le cabinet. Elle se lève sans que je détache mon regard du bouquin sur le siège en face. Jusqu’à ce que le regard d’un autre homme s’interpose dans ma course, du style outré de me voir fixer une autre femme que celle que j’accompagne. Me voilà affublé du titre de goujat quand ce n’était que le livre entre les mains de l’autre qui m’intéressait. Il aura juste le droit à un regard noir l’autre gars, avant que je ne suive Rosalie dans le cabinet du médecin.

« Vous devez être le futur papa ? » La question me renvoi à la situation comme une bonne claque prise en pleine gueule quand Rosalie est déterminé à bouder et que l’on doit jouer le couple enjoué. « Oui. » Je murmure à peine, me prends dans la figure que bientôt quelqu’un m’appellera papa et ce sont toutes les angoisses qui reviennent sans prévenir. Le médecin échange avec la future maman, ça parle de nausée et de prise de poids tandis que ma jambe ne cesse de rebondir sans jamais cacher le stress qui grandit. Il ne faudra que quelques minutes pour que Rosalie se retrouve allonger sur un lit, le ventre à l’air et que le médecin ne viennent poser son appareil au contact de sa peau. Je m’attendais à rien comprendre, je tenais la distance. Jusqu’à ce que l’image apparaisse et que les contours d’un bébé déjà bien développer se dessine sous mes yeux. Un bébé qui bouge avec un cœur qui bat. « C’est un bébé en forme. » J’entends à peine le médecin, les yeux fixés sur l’écran. Tout devient trop réel, ce n’est plus juste une illusion ou le sujet d’une conversation, mais un petit être à part entière. Juste là, sous mes yeux bizarrement devenus légèrement embués. J’ai le cœur qui bat aussi vite que le sien ou ce n’est que l’écho qui me donne l’impression que le monde tourne au ralenti. Je me rapproche pour mieux voir et cela semble amuser le médecin qui tourne un peu l’écran dans notre direction. « On a un petit bras, le pied juste ici. » Il explique, mais je n’entends rien lorsque ma main cherche celle de Rosalie pour la serrer avec force sans jamais lâcher l’écran du regard. « Bébé est dans une bonne position, vous voulez connaître le sexe ? » Je crois que je n’ai même pas entendu la question.
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyDim 19 Sep 2021 - 16:34


Tout se termine dans un silence bien trop familier entre vous deux, celui qui suit toujours les escalades et les haussements de voix, ceux que vous n’avez jamais été en mesure de retenir. C’est puéril au possible quand il n’y a pas si longtemps, vous aviez pris la décision de tenter de passer par-dessus cette mauvaise habitude. C’est bien difficile toutefois d’aller contre tout ce que vous connaissez, les disputes qui partent d’un rien et qui prennent une tournure de guerre froide dès que les insultes frappent un peu trop proches des points sensibles, ceux que vous connaissez parfaitement l’un chez l’autre. Le chemin jusqu’à la clinique se fait en silence, c’est probablement ce qu’il y a de plus sécuritaire alors que le vrai nœud du stress qui vous habite aujourd’hui se trouve de l’autre côté d’une de ses portes qui se dressent devant vous. C’est l’échographie, de s’assurer que le bébé va bien, la réalisation qu’il ou elle est bien là et que tout va devenir bien réel dans moins de cinq mois. C’est la peur dans son état le plus pur et évidemment, quand ni un ni l’autre ne sait gérer ses émotions, tout devient motif à s’engueuler. Et le destin t’offre un nouveau motif, et pas qu’un petit, sous la forme d’un roman signé par Wyatt. Roman dont tu ignorais tout de l’existence avant qu’il ne se trouve juste là, sous ton regard surpris, choqué. « Peut-être. » Peut-être? C’est tout? Tu t’impatientes à côté de lui, c’est ton corps en entier qui se raidit alors que tu ne comprends pas comment il a pu te cacher une nouvelle si importante. Tu peux comprendre qu’il n’ait pas chercher à t’impliquer dans le processus, mais un petit heads up avant de te retrouver face à face avec le truc aurait été apprécié. Clairement, c’est un autre sujet sur lequel Wyatt et toi n’arrivez pas à voir du même œil. « Je t’ai laissé ruiner ma carrièe une fois, pas deux. » Tu échappes un soupir bruyant, trop bruyant sans doute, mais tu n’as même pas le temps de lâcher un sérieux? que voilà qu’on appelle ton nom et c’est sans offrir un regard à Wyatt que tu te diriges vers le médecin, lui offrant toute ton attention à défaut d’avoir envie de partager le moment avec le Parker qui suit pourtant le mouvement.

« Vous devez être le futur papa? » Pourquoi est-ce que tu l’aurais emmené sinon? Tu te pinces les lèvres pour ne pas répondre quelque chose de cinglant qui ne lui serait de toute façon pas adresser, au pauvre médecin qui n’est là que pour faire son boulot. Il ne mérite pas de se retrouver au milieu de la troisième guerre mondiale, alors tu fais ton possible pour oublier la présence de Wyatt et concentrer seulement sur les questions qu’il te pose. Il prend ta pression, qui est un peu élevée mais encore dans la norme. Il te pèse, t’indique que ta prise de poids est bonne pour le temps de grossesse que tu as de fait. Il te demande si tu as encore des nausées (oui), si tu es fatiguée (oui), si tu te sens irritable plus qu’à l’ordinaire (demander à Wyatt, il dira sans doute oui) et pleins d’autres questions dans le genre qui ne font que confirmer une chose : que t’es bel et bien enceinte et pleines d’hormones qui te pourrissent la vie. Rapidement, tu te retrouves couchée, le gilet remonté et le médecin vient étendre un liquide frais sur ton ventre avant d’y apposer la sonde. Le bébé a grossi, encore plus que ce que tu ne t’imaginais depuis la dernière fois et ton cœur s’accélère alors qu’il fait danser la sonde sur ton ventre. « C’est un bébé en forme. » « Je le sens beaucoup bouger depuis quelques jours. » que tu confirmes avec un léger sourire et il t’indique que c’est bon signe et que bientôt, il te faudra prendre connaissance des patterns de ses mouvements et t’assurer qu’il bouge bien à chaque jour. C’est seulement à ce moment que tu décides enfin de retourner ton attention vers Wyatt qui est complètement obnubilé par l’écran sur lequel prend forme le bébé, votre bébé. La colère et la rancœur que tu éprouvais il y a cinq minutes à peine s’envolent pour ne laisser place qu’à un large sourire sur ton visage, bien plus émue que tu n’aurais cru l’être par la fascination du Parker qui semble réaliser pleinement pour la première fois tout ce qui se trame dans le fond de ton ventre. « On a un petit bras ici, une jambe là. » Tu ris doucement alors que tu retournes ton attention sur l’écran, regarde les petits membres pointés par le médecin, identifiant facilement le bras et la jambe en question. « Bébé est dans une bonne position, vous voulez connaître le sexe? » La main de Wyatt qui trouve la tienne, qui serre si fort que tu pourrais jurer que ta circulation est coupée momentanément. Tu serres en retour avant de hocher la tête à la positive au médecin qui continue de bouger la sonde ici et là. « C’est un garçon. » Et voilà que tes yeux se sont embués aussi, qu’un rire résonne dans la salle alors que tu te retournes vers Wyatt. « Un garçon. » que tu répètes et tu viens essuyer les larmes qui ont silencieusement sur tes joues et ça te prend une retenue immense pour t’empêcher d’approcher ton visage de celui de Wyatt et d’y planter un baiser, dans l’émotion du moment. « On va avoir un garçon. » Clairement, l’information prend du temps à être assimilé dans ta tête. Tu continues de le fixer pendant de nombreuses secondes alors que le médecin procède à prendre toutes les mesures nécessaires et c’est au bout de quelques minutes qu’il annonce que votre garçon grandit parfaitement bien, qu’il se place pile au cinquantième percentile, ni trop gros, ni trop petit et qu’il n’y a aucun signe de complication, bien que tu vas continuer d’avoir un suivi serré dans les semaines à venir. Le médecin te mentionne différentes prises de sang que tu dois effectuer dans les semaines à venir, te donne les papiers dont tu as besoin et vous souhaite une bonne journée alors que tu es encore occupée à analyser l’information qui dit que dans cinq mois, tu vas avoir un fils. Un mini-Wyatt. Oh dear.

C’est seulement lorsque vous quittez enfin le bureau du médecin que tu réalises que tes doigts sont restés enlacés avec ceux du Parker jusqu’à la toute fin du rendez-vous. C’est dans un geste maladroit que tu te défais de l’étreinte, tes pas lourds et lents alors que vous effectuez déjà le chemin en sens inverse pour vous rendre à sa voiture. « Comment tu te sens? » que tu lui demandes, réalisant que le médecin a lancé beaucoup d’informations sans jamais vraiment prendre le temps de bien tout expliquer. En repassant devant la salle d’attente, tu cherches la fille qui lisait le roman du Parker sans la trouver, te disant qu’elle a sans doute été appelé elle aussi entre-temps. « J’aurais pas dû réagir comme ça, tantôt. » que tu commences, marmonnant les mots, baissant le regard. « J’ai été prise de court. » Et ce n’est pas peu dire. « Je comprends pourquoi tu me l’as pas dit, mais je… J’aurais aimé savoir quand même. » Tu te pinces les lèvres, continues d’avancer sans jamais relever le regard vers Wyatt. « Ça parle de quoi, ton roman? »
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyDim 19 Sep 2021 - 22:36


Tout se calme dès l’instant où l’on entre dans le cabinet. Les soupirs se muent en silence, ma nervosité s’agite dans chaque rebond que fait ma jambe alors que j’écoute en retrait l’échange entre Rosalie et le médecin. De toutes mes forces, je retiens la remarque si aisément trouvée en ce qui concerne l’irritabilité de la future mère. Le récit éternel de la force des hormones sur l’humeur d’une femme est bien loin d’être une légende quand elle semble osciller entre le tout et le rien ces derniers temps. Elle évoque un peu de fatigue, ce qui me provoque un haussement de sourcils. Il faut que je surveille désormais, que je fasse attention même quand elle s’entête à ne jamais montrer ses faiblesses. Le médecin le répète encore, à son âge, il faut faire attention à tout et ne pas hésiter à consulter même si la question peut sonner stupide. J’écoute, je prends en note dans un coin de mon esprit, je tente de me formaliser avec le vocabulaire qui ressemble à un charabia incompréhensible.

Ma capacité d’écouter se fait la malle dès l’instant où le praticien démarre l’échographe. Ce qui n’était qu’une vision de mon imagination, une photo figée dans mon portefeuille, s’anime en live sur l’écran face à moi. Ce bébé, il est bel et bien là, plus vivant que jamais à donner des petits coups dans le ventre de sa mère. Tout s’aligne sous mes yeux, la réalité d’une vérité qui me semblait pourtant encore tellement fumeuse. Tout devient plus vrai que vrai. À nouveau, c’est l’angoisse qui monte accompagner par tout un tas de questions dont personne n’aura jamais la réponse à m’offrir. Est-ce que je serais un bon père pour cet enfant ? Est-ce que l’on arrivera à gérer sans s’engueuler constamment ? Tout s’accumule sous une pression mortelle qui me donne presque l’envie de fuir pour aller respirer ailleurs, pour ne surtout pas montrer tout ce qui me ronge de l’intérieur. « C’est un garçon. » La claque se veut puissante quand la réalisation s’ancre petit à petit. Ce bébé à l’image, c’est notre fils. « Un garçon. » Un petit garçon qui dans quelques mois sera à nos côtés. J’expire un souffle que je ne m’étais pas venu retenir alors que les doigts de Rosalie serrant les miens me ramènent dans la pièce tandis que nos regards se croisent. « On va avoir un garçon. » Ses larmes ravivent l’émotion de l’instant et me poussent sans aucune explication à venir embrasser son front. La seconde qui suit, la réalisation du geste venant, mes yeux se collent à nouveau à l’écran. Même pour l’écrivain que je suis, il paraît impossible de décrire la sensation qui s’installe à mesure que le médecin présente notre fils sous toutes ses mesures. C’est donc cela la fameuse claque ? La réalisation que bientôt, on sera responsable d’un minuscule être humain. Un cocktail explosif, une aquarelle d’émotions en toujours qui rends les yeux brillants et le sourire béat. Si elle demande, j’inventerai toutes les allergies du monde avant de justifier le sourire d’idiot par la retenue de ne pas me moquer de son nombril qui pointe vers l’avant. Le médecin convient de quelques rendez-vous avec Rosalie tandis que j’observe le cliché qu’il a imprimé pour nous. J’ai bien du mal à réaliser que dans cinq mois, on sera parent ensemble. Le monde entier souhaite nous voir séparer et c’est ce petit garçon qui désormais va en décider autrement.

C’est seulement lorsque les doigts de Rosalie échappent aux miens que je réalise n’avoir jamais lâché le contact. L’engueulade semble loin quand ne reste que les images d’un bébé en bonne santé. « Comment tu te sens? » Une nouvelle fois, les mots m’échappent cruellement. « C’est bizarre. » que je murmure tout en lui tenant la porte pour sortir. « On va avoir un garçon. » Je répète l’affirmation presque bêtement, incapable de pleinement procéder à l’analyse de toute la situation. Il faudra quelques heures encore, quelques jours probablement pour pleinement prendre conscience que tout ceci n’est pas une vaste blague. « J’aurais pas dû réagir comme ça, tantôt. » C’est autre chose qui se joue tandis que Rosalie bégaie quelque peu dans les couloirs que l’on arpente. Je hausse les épaules ne voulant plus vraiment revenir sur le sujet. « J’ai été prise de court. » C’était quelque peu voulu, sans jamais avoir été pleinement calculé. « Je comprends pourquoi tu me l’as pas dit, mais je… J’aurais aimé savoir quand même. » Une nouvelle fois, je hausse des épaules. « J’attendais les retours. » Je n’en ai eu que très peu pour le moment, pas assez pour ressentir un sentiment de satisfaction quant à l’aboutissement de ce rêve autrefois avorté. « Ça parle de quoi, ton roman? » La première réponse, la plus vraie de toute, voudrait évoquer un seul prénom : Ginny. Tout cela avait commencé pour elle, pour l’aider à s’envoler au-dessus de ce qui pesait sur ses frêles épaules. « Je l’ai écrit à Londres. » Elle prendra conscience des années écoulées, du stress même que l’idée de vendre mon manuscrit avait bien pu engendrer. « C’est l’histoire d’une femme qui cherche à s’émanciper de tout ce qu’on lui a toujours imposé. Je… C’était des bouts d’histoire dans des carnets, s’en est devenu une aventure pas vraiment comme les autres. » Là-dedans, il y a beaucoup de rêves, de promesses, d’échappatoire, il y a beaucoup de Ginny et un peu de moi. Boyd dirait que je ne sais pas vendre mon livre, que je dois travailler mon discours. Comment vendre ce qu’il y a de plus personnel au fond ? « Le personnage s’appelle Jules. » L’information semble dérisoire. « Il était temps qu’elle prenne son envol. » Autrement dit, que je me débarrasse des poids de mon passé, que Ginny s’émancipe comme l’héroïne. Il était venu à point nommé ce livre. « Ça n’intéressera probablement pas grand monde de toute façon. » que je souffle dans un murmure avant de rejoindre le parking sans même attendre Rosalie. J’ai jamais su dealer avec mes émotions.
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Message(#) Sujet: Re: we were never any good at being friends (craker #13) we were never any good at being friends (craker #13) EmptyLun 20 Sep 2021 - 7:37


Le moment semble s’arrêter le temps de quelques secondes, quand les lèvres de Wyatt se posent sur ton front et que la nouvelle que vous allez avoir un garçon fait son chemin dans vos esprits. À ce moment précis, vous ressemblez sans doute à tous les autres couples qui trouvent leur chemin de cette petite salle d’examen. Rien ne laisse comprendre le complexe de votre situation quand ses doigts entrelacent les tiens et que vous admirez avec attention tous les membres de ce petit être qui prend forme sur l’écran devant vous. Ça importe peu qu’il y a dix minutes à peine vous étiez en train de vous énerver l’un contre l’autre pour une histoire de nom, ça importe peu que ce soit toujours le chaud et le froid entre vous d’une minute à l’autre quand se trouve juste là une raison de faire pause, une raison de faire mieux. Les mots du médecin se veulent parfaitement rassurant en tout point quant à ton état et à la santé du bébé et ça ne fait que te rappeler une fois de plus à quel point tout le reste est secondaire. Wyatt et toi, vous avez fait quelque chose de bien. Une chose, juste une, et elle se trouve juste là sous ton nombril.

Ce serait facile, aisé, de faire semblant de rien alors que vous reprenez le chemin vers la voiture de Wyatt, mais les pensées se bousculent trop rapidement dans ton esprit et tu ne peux retenir tous les mots qui se frayent un chemin dans ta tête. Une question d’abord, à savoir comment il se sent, comment il gère vraiment tout ce qui vient de se passer dans cette petite salle. « C’est bizarre. » Tu acquiesces d’un hochement de la tête, toi aussi tu peines à te faire à toutes les nouvelles informations qui vous ont été transmisses. « On va avoir un garçon. » Il répète avec un certain délai les mêmes mots que tu as émis alors que la sonde dansait toujours sur ton ventre pour laisser voir votre fils. Quand tu penses qu’il y a huit semaines à peine, il s’agissait d’un ça qui est devenu bébé et qu’aujourd’hui, vous pouvez l’appeler votre garçon, votre fils. Bientôt, il sera temps de réellement reprendre cette conversation sur les prénoms et de trouver un terrain d’entente. Mais ce moment précis n’est pas celui-là parce que tu n’as pas envie de replacer une certaine animosité entre vous alors que tu ne veux qu’une chose : profiter pleinement de cette nouvelle. Votre garçon va bien. Votre garçon va bien. « J’imagine qu’on peut réellement considérer Wyatt Jr. maintenant. »  que tu lances à la blague, incapable de retenir un rire qui se fait légèrement nerveux, mais qui est bien plus libérateur de toutes ces tensions que vous transportiez depuis avant le rendez-vous.

Tu pourrais éviter de revenir sur cette découverte choc que tu as fait juste avant de rentrer dans le bureau du médecin, mais tu souhaites – sans jamais utiliser les mots – t’excuser pour ta réaction qui a été un peu excessive sous le coup de la surprise. « J’attendais les retours. » Tu choisis de le croire même si tout porte à croire qu’il ne te l’aurait sans doute pas dit avant que tu ne te retrouves nez à nez avec un exemplaire à un moment ou un autre. C’est sans doute une bonne chose que ça se soit passé maintenant, qu’il ait été juste là, pour encaisser et tempérer tes réactions au moment même où tu les vivais. Tu te connais assez pour savoir que ça aurait facilement pu dégénérer davantage dans un contexte différent, mais tu évites d’y penser trop longuement. « Je l’ai écrit à Londres. » Un hochement de tête, tu fais ton possible pour rester neutre devant les différentes informations qu’il te partage à propos du roman qui se retrouve désormais disponible dans les différentes librairies de la ville et d’ailleurs aussi. « C’est l’histoire d’une femme qui cherche à s’émanciper de tout ce qu’on lui a toujours imposé. Je… C’était des bouts d’histoire dans des carnets, s’en est devenu une aventure pas vraiment comme les autres. » Il y a tellement de questions qui te viennent, mais tu n’en laisses aucune filer entre tes lèvres. C’est un sujet trop sensible pour que tu aies le droit de t’y attarder trop longuement. Tu as perdu ce privilège il y a dix ans, quand tu lui as joué dans le dos de façon impardonnable. « Le personnage s’appelle Jules. » Est-elle inspirée de quelqu’un qui a été important dans ta vie? Quelqu’un d’autre que moi? « Il était temps qu’elle prenne son envol. » Tu évites le commentaire cliché qui veut que c’était sans doute le temps pour lui aussi, de prendre son envol après que tu lui aies couper les ailes la dernière fois. Tu n’en penses pas moins toutefois et un mince sourire vient prendre place sur tes lèvres. « Ça n’intéressera probablement pas grand monde de toute façon. » Il se défile, avance plus vite et tu empresses le pas pour le rattraper. Ta main vient s’enrouler autour de son poignet pour le forcer à s’arrêter quelques secondes et se retourner vers toi. « La fille dans la salle d’attente avait l’air pas mal intéressée, elle. » que tu lui rappelles. Tu l’avais bien vu sourire, la blonde assise en face de toi alors qu’elle tournait les pages du roman du Parker. Ce n’est pas parce que toi t’étais choquée que tu n’avais pas pris le temps, toi aussi, d’analyser partiellement les réactions de la future maman. Tu défais l’emprise de tes doigts autour de son bras et reprend ta marche en direction de la voiture. Dans un murmure à peine audible, tu ajoutes un léger « Je suis fière de toi. » qui est si faible que tu n’es pas certaine qu’il l’ait entendu. Ça n’a pas vraiment d’importance de toute façon, qu’il ait entendu ou pas.

T’es fière. Terriblement fière.
Bien plus qu’il ne sera jamais en mesure de le comprendre, ou du moins, de le croire.
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