Quelle idée de participer au Secret Santa de la ville de cette année…Mais Elizabeth avait été incitée par ses collègues de son association. Elle ne les connaissait seulement que depuis quelques mois mais avec eux, elle pouvait montrer une autre facette de sa personnalité. Si à la ABC elle n’était qu’une reine de glace, entre les murs de l’association elle n’était qu’une bénévole comme les autres. Elle pouvait aider une personne sans qu’on la regarde de travers, pensant qu’elle est malade ou qu’elle a tiré son coup hier. Et mine de rien, cela lui apportait beaucoup.

Les derniers mois avaient été difficiles pour la belle brune. Beaucoup de réflexions, de remise en question…et à l’évidence, toutes n’avaient pas été gaies. Enfiler son déguisement de Wonder Woman, voir les yeux des enfants briller, leurs sourires infatigables alors qu’ils combattent une maladie…Oui, ça l’avait aidé à avancer. Elizabeth était venue dans l’optique de contribuer à « guérir » les maux des enfants avec ses mots alors qu’en réalité c’est eux qui l’avaient guérie.

Participer à ce Secret Santa, c’était donc la continuité de son chemin à elle de convalescence psychique, presque comme une ligne d’arrivée. La capacité de sortir de sa zone de confort, de s’ouvrir de nouveau à l’autre en ne sachant ce qu’il pourra arriver, prendre le risque de ressentir, d’accueillir de nouveau ses émotions qu’elle avait isolées par peur qu’elles l’ensevelissent…Oui, c’était une nouvelle page qui s’écrivait.

Elle s’était longuement creusé la tête pour trouver un cadeau adapté et symbolique. Elle ne voulait pas offrir une vulgaire carte cadeau, aussi pratiques pouvaient-elles être ou autre cadeau passe-partout. Elle était passée par plein d’idées différentes mais n’était jamais réellement satisfaite. Jusqu’à ce que l’ampoule clignote dans sa tête et que l’évidence vienne la frapper.

Elle s’était donc rendue le jour J au point de rendez-vous, le « Café des Lutins », un lieu propice à l’échange et au partage. Qui l’aurait cru qu’Elizabeth Warren serait en train de rejoindre une totale inconnue, car il s’agissait à priori d’une femme selon le prénom, pour discuter ? Certaines personnes ne le croiraient même pas. D’ailleurs, elle avait été soulagée de ne pas tomber sur un nom familier. Elle n’avait pas besoin de se retrouver face à un employé de la ABC et de faire face aux rumeurs qui en découleraient. Dans le milieu du travail, il était hors de question qu’elle s’adoucisse.

Elizabeth était en avance au rendez-vous, comme partout où elle se rendait. Elle était un peu nerveuse. Elle s’était assise dans un coin cosy du bar, avec deux grands fauteuils confortables disposés l’un à côté de l’autre. Elle avait indiqué à la fameuse inconnue, dont elle avait eu le numéro par l’organisation, qu’elle porterait un foulard jaune. Ca lui avait fait d’ailleurs bizarre de ressortir cet accessoire qu’elle n’avait pas porté depuis bien longtemps maintenant. Comme quoi, le présent se mêlait au passé qui se mêlait au futur et la boucle se bouclait.

Soudain, elle entendit une voix prononcée son prénom et elle tourna sa tête.


@Tessa Mulligan

« Elizabeth ? »

Son regard se posa sur la femme qui avait prononcé son prénom. Elle était jeune, plus jeune qu’elle c’est certain. Elle avait les traits autour des yeux assez tirés qui indiquaient probablement une fatigue physique mais son regard dégageait de la gentillesse. Elle était plutôt grande en taille, à vue d’œil d’une hauteur similaire à Elizabeth. Elle était assez menue, avec un look plutôt décontracté. Son apparence candide tranchait avec le look carré et rigoureux d’Elizabeth. Elle avait pourtant envisagé une tenue plus simple mais c’était impossible pour elle. Elle avait donc sorti une habituelle robe noire près du corps, ajustée au genou, avec des escarpins, tout ce qu’il y a de plus classique. Après tout, elle se devait aussi de rester elle-même, et ça, c’était Elizabeth Warren tout craché : sobre et élégante.

« Moi c’est Tessa, enchantée. »

Elle s’installa en face d’Elizabeth, le sourire aux lèvres, et déposa délicatement son cadeau devant. Elizabeth n’avait jamais été très emballée par les fêtes de fin d‘année, toujours source de conflit chez les Warren mais de recevoir un cadeau d’un parfait inconnu, elle ne pouvait nier que cela venait titiller sa curiosité et générer un certain enthousiasme. Le paquet attira son regard. Que pouvait-il y avoir dedans ? Il avait été soigneusement emballé, probablement un papier cadeau réalisé par un vendeur ou une vendeuse. Ou  peut-être la jeune femme était-elle minutieuse et appliquée ? Après tout, Elizabeth ne connaissait absolument rien de la personne assise devant elle. Elle prit d’ailleurs la parole et Elizabeth en fut heureuse, elle n’avait jamais été très douée pour faire la conversation et elle allait déjà devoir se dépasser pour ce moment.

« C’est assez étonnant comme concept, c’est la première fois que je fais ce genre de choses. »

Elizabeth sourit, elle voulait renvoyer le plus possible une image chaleureuse, bien différente de sa réputation de reine de glace.

« Moi aussi c’est la première fois »

Elle était un peu gênée. Elle qui avait pourtant tant l’habitude de mener la danse, elle ne savait pas vraiment où était sa position dans une telle situation. Devait-elle prendre les choses en main ? Ou bien laisser la jeune femme prendre ses aises et se laisser guidée par elle ? Mais elle le tarda pas à trancher, reprenant ses bonnes vieilles habitudes dominantes...

« Ca vous dit que l’on commande quelque chose à boire ? »

Elizabeth indiqua discrètement au serveur de s’avancer. Normalement, dans ce genre d’endroit, il fallait se lever pour commander mais la prestance et le charisme imposant de la belle brune devaient probablement indiquer qu’elle était du genre à se faire servir. Le serveur était très jeune, facilement impressionnable. Sans doute était-ce pour cette raison qu’il n’avait pas hésité à s’avancer. Il bredouilla pour demander quelles étaient les boissons souhaitées.

« Pour moi ça sera un latte macchiato caramel. Avec de la crème fouettée »

Elizabeth ne faisait pas souvent des écarts mais là, elle avait bien besoin d’un remontant, d’un petit coup de pouce pour l’encourager dans sa démarche de s’ouvrir à une parfaite inconnue. Le serveur s'éloigna pour aller transmettre la commande.

« Alors…Tessa…qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer cette folle aventure ? »

Cela lui semblait un bon départ.

Mea culpa:

@Tessa Mulligan

La jeune femme commanda un capuccino et le serveur les laissa face à elles-mêmes. Elizabeth attrapa son courage à deux mains et décida de lancer une petite question, nourrissant au passage sa curiosité de comprendre comment Tessa s’était retrouvée en face d’elle aujourd’hui. L’inconnue lui expliqua que c’était une façon pour elle de rencontrer quelqu’un qu’elle n’aurait jamais croisé dans sa vie de tous les jours. Pour le coup c’était totalement une réussite sur ce point. Elle mentionna aussi le besoin de se changer les idées. Elizabeth n’était pas sûre de savoir si elle devait demander pourquoi : était-ce trop personnel ? Tessa glissa un sourire, probablement un de gêne, avant de renvoyer la même question à Elizabeth.

« Certaines personnes de mon entourage m’en ont parlé et m’ont incitée à le faire. Je n’étais pas sûre dans un premier temps car je…je ne suis pas très à l’aise avec l’imprévu dans ma vie privée et la vérité c’est que dans un contexte comme celui-là, on ne sait jamais ce qui peut arriver. »

Si au travail, elle pouvait gérer mille crises surprises dans la journée, elle n’en avait plus la force quand elle rentrait chez elle. Et puis quand elle se trouvait au sein de son entreprise, Elizabeth n’avait aucune difficulté à éloigner ses affects : son surnom de reine de glace n’était pas dans toutes les bouches des employés par hasard…Cependant, dans un contexte concernant l’entourage ou de nouvelles rencontres, elle avait beaucoup plus de mal à gérer l’inattendu. Il y avait aussi le fait que dans son job, étant donné qu’elle était haut placée, elle n’avait aucun problème à diriger les autres. En dehors des studios ABC, c’était beaucoup plus ardu de contrôler les gens…

« Mais finalement je les ai écouté car je voulais me dépasser, sortir de ma zone de confort. On peut vite s’enfermer dans une routine qui n’est pas forcément bonne et ne pas voir le temps passer »

Il n’y avait qu’à voir les derniers mois qu’elle avait vécus. Plus de sorties, peu d’amis, beaucoup d’alcool, moins de sport…Oui, c’était certain, elle avait beaucoup vécu dans sa bulle et bien qu’elle l’ait percée, elle voulait donner son maximum pour ne pas retomber dans le même piège.

« Je ne sais pas si je me suis bien expliquée »

Après tout, la jeune femme en face d’elle ne connaissait rien de sa vie. Il était donc fort possible qu’elle ne comprenne rien à son charabia pseudo philosophique.

Tessa complimenta ensuite le café, c’était apparemment la première fois qu’elle y rentrait. Elizabeth était satisfaite d’avoir pu lui faire découvrir cet endroit. Elle n’y était pas venue souvent car il était relativement éloigné de son lieu de résidence mais le peu de fois où elle était venue s’installer pour un moment, elle avait apprécié le service et la qualité des produits, deux éléments très importants aux yeux de l’intransigeante femme d’affaires.

Tessa révéla ensuite qu’elle avait toujours vécu à Brisbane, soulignant qu’elle réalisait avoir encore beaucoup à découvrir.

« On en découvre toujours, à chaque âge de la vie »

Elle se sentait vieille de tenir un propos pareil mais après tout, elle était bien placée pour le savoir. Alors qu’Elizabeth approchait la quarantaine, elle se surprenait encore à passer la porte de nouveaux établissements, à se fourrer dans de vieilles ruelles de la ville, à poser son regard sur des bâtiments méconnus jusqu’alors durant ses promenades, etc…Brisbane était une ville complexe et multiculturelle, c’était là d’ailleurs tout son charme attractif.

Le serveur s’approcha et déposa leur commande. Elizabeth le remercia d’un signe de la tête.

Elizabeth prit ensuite le risque d’amener sur la table la question du travail. Elle n’aimait habituellement pas souligner son rôle important dans le monde des médias car elle se retrouvait souvent avec des personnes qui tentaient de se voir offrir des faveurs. Ce qui était absurde de tenir un comportement pareil face à elle quand on connaissait la rigueur et l’importance de la méritocratie aux yeux de la brune. Des faveurs ? Celles qu’elle avait faites durant sa carrière, elle pouvait les compter sur les doigts de ses mains…Mais Tessa ne semblait pas appartenir à ce milieu, elle pouvait le sentir dans ce qu’elle dégageait. Elle était discrète, humaine, à l’écoute…rien à avoir avec les personnalités de la télévision. Sans compter le fait que si elle était vraiment du même milieu professionnel qu’Elizabeth, il y aurait eu fort à parier qu’Elizabeth la connaisse déjà…

« Vous êtes de Brisbane et je ne vous ai jamais croisé. Alors dites moi, que faites-vous dans la vie ? »

Puis elle se souvint que si elle, elle n'appréciait pas habituellement parler du travail, il en était peut-être de même pour la jeune femme.

« Enfin, on n'est pas obligées de parler de travail si ça ne vous branche pas »

Voilà, comme ça, elle lui laissait une porte de sortie.


@Tessa Mulligan

Effectivement, il était toujours possible de tomber sur une mauvaise surprise et Elizabeth se réjouissait d’être en compagnie d'une jeune femme sympathique et souriante. Des personnalités hors du commun, elle en rencontrait tous les jours dans son milieu professionnel. Pouvoir échanger avec des personnes moins extravagantes et plus calmes était des plus agréables. Tessa révéla ensuite être sur la même longueur d’ondes que la femme d’affaires. De nouveau, ses propos étaient rassurants et permettaient à Elizabeth de lâcher un peu de lest. Elle prêtait une oreille attentive à la suite de la prise de parole de Tessa. Celle-ci révéla avoir des difficultés au niveau de sa santé, ce qui avaient brusquement bousculé sa routine. Elizabeth ne put s’empêcher de sentir un pincement au cœur pour cette belle jeune femme. Avoir une quelconque maladie ou autre souci aussi tôt dans son chemin de vie ne devait pas être évident.

« On n’a jamais tout perdu. Il nous reste toujours quelque chose »

Se contenta-t-elle de dire, amenant une pointe positive plutôt que quelconque forme de pitié, ce dont Tessa était probablement devenue allergique à. Elle ne demanda pas plus d’informations, considérant que cette discussion concernait la vie privée de Tessa et que la jeune femme n’avait probablement pas envie de s’étaler sur un problème de santé qui venait envahir son quotidien.

La conversation se poursuivit. Le moment était plaisant. On pouvait entendre une playlist chill en fond qui amenait à se laisser porter par le moment. La chaleur de la boisson d’Elizabeth venait effleurer la peau de sa main d’une caresse. Elle se délectait de la première gorgée, la meilleure, dans laquelle on pouvait sentir toutes les saveurs se mélanger.

« Oui, je suis née ici et j’y ai toujours vécu en réalité, l’idée de quitter Brisbane ne m’a jamais effleuré l’esprit. »

Une vraie australienne, comme elle. Si Elizabeth appréciait les voyages, elle aimait tout autant rentrer chez elle, dans sa ville natale, dans laquelle elle avait construit tous ses repères. Et aujourd’hui, même si cela n’avait pas toujours été le cas, toutes les personnes qui lui étaient proches y étaient rassemblées, ce qui venait en rajouter une couche sur le fait de rester ici. Peut-être un jour volerait-elle de ses propres ailes dans un autre pays. Elle ne gardait aucune porte fermée car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans la vie. Il n’y avait qu’à voir le déroulement de l’année dernière pour preuve…

Alors qu’Elizabeth tenta d’en découvrir davantage sur la vie professionnelle de Tessa, elle ne fut pas surprise de découvrir que la jeune femme était vétérinaire. Cependant, elle fut davantage impressionnée par sa volonté d’ouvrir son propre cabinet, preuve de courage et détermination qui pouvaient être dissimulées au premier abord par sa douceur dominante.

« Vous vous lancez seule dans cette aventure ou bien une personne vous accompagne-t-elle ? »

La question était volontairement vague. Il pouvait s’agir d’un ami ou d’une amie, d’un frère ou d’une sœur, d’un conjoint ou d’une conjointe, d’un parent, etc…Car il était certain que la masse de travail n’était pas la même si elle bénéficiait de soutien, ce qu’Elizabeth lui souhaitait de tout cœur.

« Quand comptez-vous ouvrir vos portes ? Je crains de ne pouvoir contribuer de quelconque façon à votre réussite n’ayant moi-même pas d’animaux »

Elle y avait pensé pourtant. Elle ne l’avait jamais dit à personne, de peur que l’on se moque d’elle mais l’idée de prendre un chien avec elle l’avait effleurée. Mais elle s’était rapidement réfrénée dans cette idée, se déplaçant énormément pour son travail. Et elle redoutait de ne pas offrir assez d’amour à cet être en demande...Les démonstrations affectives, ce n’était clairement pas sa tasse de thé.

Tessa retourna tout naturellement la question sur le travail, probablement elle aussi curieuse d’en découvrir plus sur la belle brune.

« Je travaille dans les médias »

Elle réalisa cependant que l’information était maigre et que son interlocutrice n’était pas un vautour. Elle pouvait donc tout à fait donner un peu plus de précisions.

« Je suis directrice de la programmation de l’une des grandes chaînes sur votre télévision »

Oui, bon, pas trop d'informations tout de même, Elizabeth restait méfiante. On ne chassait pas le naturel aussi facilement que cela...


@Tessa Mulligan

« Il y a toujours une leçon à tirer de toutes les épreuves de la vie. Disons que cela a bousculé mon quotidien un peu trop tranquille. »

Tessa démontrait une belle maturité pour son âge. Les soucis de santé qu’elle avait eus devaient probablement avoir été assez importants pour permettre de lui offrir une dose de sagesse sur la vision de la vie. Parfois, les plus grands épreuves qui se mettaient sur notre chemin pouvaient être celles qui nous apportaient le plus sur la réflexion et la quête du bien-être. « Ce qui ne tue pas rend plus fort » comme disait un grand philosophe allemand. Elizabeth y croyait dur comme fer, elle qui avait également affronté son lot de tempêtes...

La femme d’affaires questionna l’activité de la jeune femme, et notamment sur les modalités de son installation. Tessa révéla qu’elle avait à la base prévu de démarrer son cabinet seule mais qu’elle avait finalement réfléchi sur le fait de proposer un partenariat à une amie à elle, bientôt fraîchement diplômée.

« Si je peux me permettre, je vous invite à faire attention. Quand on fait affaire, l’amitié peut en pâtir. Ce n’est pas infaisable bien sûr, des tas de personnes y arrivent, mais ça demande de prêter une plus grande vigilance »

Elizabeth avait toujours refusé de mêler amitié et business. Elle n’avait jamais développé de grandes amitiés au sein de la ABC et ce, volontairement. Elle était dans un milieu impitoyable. Il était déjà tellement difficile de prendre certaines décisions que si les affects s’en mêlaient, cela rendrait sa tâche impossible. Après, il était évident que Tessa n’allait pas avoir le même genre de décisions et responsabilités dans son quotidien mais elle restait tout de même une cheffe d’entreprise. Elizabeth ne cherchait pas à casser son enthousiasme mais simplement à lui apporter une once de son expérience professionnelle. Sa position était bienveillante et pas du tout paternaliste. Elle espérait que cela pouvait se sentir dans le ton qu’elle avait employé. Elle était tellement habituée à être autoritaire qu’il était parfois difficile pour elle de laisser de côté ce réflexe directif.

Concernant l’ouverture des portes du cabinet vétérinaire, le grand moment était prévu pour dans quelques mois. Tessa n’hésita pas ensuite à questionner Elizabeth sur la raison pour laquelle elle n’avait pas d’animaux.

« Ce n’est pas que je ne les aime pas, c’est plutôt que j’ai emploi du temps très compliqué et pas du tout régulier et je sais que ce n’est pas un environnement idéal pour un animal »

Si y’a bien une chose qu’elle ne voulait pas faire c’est laisser un être innocent à l’abandon. Elle savait très bien ce que c’était de vouloir recevoir de l’affection et de se confronter à une réalité qui n’allait pas dans ce sens…

Elles discutèrent ensuite tout naturellement du travail d’Elizabeth. Tessa semblait impressionnée par sa réussite. Elizabeth avait beau connaître la prospérité de sa vie professionnelle, elle en oubliait parfois le dur labeur qu’elle avait du fournir.

« Merci, je me suis beaucoup battue pour pouvoir arriver là où j’en suis. Et je vous souhaite la même réussite avec votre cabinet Tessa »

Et elle le pensait de tout son cœur. Cette jeune femme semblait avoir un avenir prometteur de par son sérieux et son investissement.

« Je pense que l’on n’aurait pas pu faire plus opposés comme univers, je doute réellement que nous aurions pu nous rencontrer en une autre occasion que celle-ci. »

Elizabeth ne pouvait qu’acquiescer avec ce fait-là. Entre l’âge et la différence du milieu professionnel, cela faisait déjà pas mal d’obstacles à leur rencontre.

« C’est certain. »

Elle sourit. Puis, elle prit le temps de finir sa boisson chaude. Le temps passait si vite, cela faisait déjà un bon moment que les deux femmes échangeaient et elles n’avaient toujours pas partagé leurs cadeaux.

« Et d’ailleurs, si on passait aux réjouissances de l’occasion de notre rencontre ? J'espère que mon cadeau vous plaira »

Elizabeth mit en avant sur la table le cadeau bien emballé. Elle n’avait pas fait le papier cadeau elle-même mais elle avait bien pris le temps de choisir le contenu. Elle avait longtemps hésité. Elle ne voulait pas offrir un présent superficiel ou inutile. Il fallait aussi faire attention au choix genré car personne ne connaissait à l'avance l'identité du destinataire du cadeau…Et mine de rien, ce n’était pas aussi évident que ça quand on pensait avec un regard de femme. Après de longues heures de réflexion, car Elizabeth ne faisait jamais les choses à moitié, elle avait opté pour un polaroid moderne. Qui n’avait pas envie d’immortaliser ses souvenirs ?

« On dit bien que c’est l’intention qui compte non ? »

Et finalement, le vrai cadeau, n’était-ce pas de bénéficier de bienveillance de la part d’un inconnu et de se rappeler que non, la société n’était pas maudite dans un individualisme de consommateurs ?


@Tessa Mulligan

« A la base, je devais mener ce projet seule, mais j’ai peur de me laisser déborder par trop de responsabilités et puis, ma future collaboratrice a passé beaucoup de temps à m’aider dans la paperasse, sans même se douter de ce que j’avais derrière la tête. »

Elizabeth faisait partie de celles qui se méfiaient. Elle avait évolué dans un métier où elle avait vu tellement de trahisons...Elle en avait retenu que personne n’agit sans rien attendre en retour. Elle espérait de tout cœur que la collaboratrice de Tessa soit bienveillante et que tout se déroule bien pour elle mais elle ne pouvait s’empêcher de sentir son regard de femmes d’affaires prendre le dessus. Elle n’en dit cependant rien, considérant que ce n’était pas ses affaires et qu’elle avait déjà pris la peine de suffisamment prévenir Tessa par rapport à leur degré de proximité.

Tessa approuva le choix d’Elizabeth de ne pas prendre d’animal de compagnie si ce n’était pas pour avoir le temps de s’en occuper. La vétérinaire devait probablement voir beaucoup d’injustices envers nos amis les bêtes.

Quant à la réussite professionnelle d’Elizabeth, nul doute que Tessa en était impressionnée. Elle pensait que la femme d’affaires avait de quoi être fière et concernant le milieu du travail, oui, Elizabeth l’était.

Elizabeth décida ensuite de proposer l’échange pour lequel elles s’étaient retrouvées initialement. Tessa avança le présent qu’elle avait prévu pour la femme d’affaires. Elizabeth fut surprise de déceler en elle une pointe d’excitation. En réalité, elle n’avait pas l’habitude de recevoir de cadeaux à Noël. Les Warren n’étaient pas très démonstratifs et offrir un cadeau en était l’incarnation même. C’était, quelque part, une façon de montrer à une personne que l’on tient à elle. Sauf dans ce contexte de rencontre entre deux inconnus où bien évidemment il s’agissait de donner un peu de joie et de bienveillance. Et là, la mission était réussie pour la belle brune quand elle aperçut ce qu’elle avait reçu. Un magnifique diffuseur d’huiles essentielles. Sobre mais élégant. Elle en avait déjà un mais elle savait déjà qu’elle l’enlèverait pour le remplacer par celui-là en souvenir de ce bel instant de partage et en trophée symbolique de cette nouvelle vie qui se présentait à elle après sa période noire.

« C’est une superbe idée, j’adore utiliser les huiles essentielles »

Elizabeth était un peu maniaque des odeurs et elle aimait bien que cela sente bon chez elle. Et les huiles essentielles avaient aussi cet avantage de pouvoir changer facilement d’ambiance.

Tessa sortit également une jolie petite boîte de son sac à main. Elizabeth fut surprise, encore quelque chose pour elle ? Elle avait l’impression d’être une enfant qui ne se lassait pas de recevoir des attentions. Un petit bonus réalisé par la jeune femme, que cela pouvait-il être ? Elizabeth s’empressa de découvrir ce qui se cachait dedans. Des macarons irréguliers mais colorés firent leur apparition.

« Merci, c’est vraiment…adorable. Ca me touche beaucoup »

Elle ne savait pas quoi dire d’autres, n’étant ni une femme de mots, ni une femme de démonstration. Mais ses yeux reflétaient bel et bien le bonheur que lui avait procuré la vétérinaire. Cette dernière ouvrit également son cadeau, dénichant sous le papier cadeau le polaroïd dans une boîte. Tessa avait l’air ravie et Elizabeth était heureuse et soulagée de lire du plaisir dans le regard de la jeune femme.

« Je suis vraiment contente que cela vous plaise »

Ce moment de partage était plus intense qu’elle ne l’avait imaginé et cela généra une légère gêne chez la femme d’affaires, peu habituée à tant de générosité. Mais toutes les bonnes choses avaient une fin et en regardant son portable, elle se rendit compte qu’il fallait qu’elle se déplace vers son bureau. Ou peut-être voulait-elle abréger ce sentiment de gêne qui la parcourait...

« Tessa, j’ai passé un très bon moment à vos côté mais je vais devoir vous laisser. Le devoir m’appelle. »

Elle pouvait apercevoir des notifications de messages de son assistante, signe très probable d’une nouvelle crise à la ABC à laquelle la belle brune devrait faire face.

« Laissez moi régler l’addition, c’est pour compenser le coup des macarons, qui vont d’ailleurs probablement ne pas faire long feu »

Elle appela le jeune serveur d’un coup de main et il rappliqua directement. Elle lui tendit sa carte bleue et le remercia puis elle reconcentra son attention sur Tessa.

« J’ai été ravie de vous rencontrer Tessa. Peut-être aurons-nous l’occasion de nous recroiser un jour ? Ca sera avec plaisir en tous cas »

Elizabeth se leva et salua Tessa. Elle repartit de ce rendez-vous le coeur rempli de joie et sa foi en l'humanité requinquée: Secret Santa 2020, une réussite.


@Tessa Mulligan