Cela faisait maintenant quelques mois que ma boutique, que dis-je ma petite entreprise avait pris en tremplin dans sa création. Après des semaines de travaux, de la publicité bien placé, un travail de pro et surtout ce qui compte plus que tout, de la motivation, elle était enfin dans une belle lancée. Je faisais de l’évènementiel, en partie bien sûr mais pas que, je faisais des photos de mariage, de naissance, d’animaux, tout un tas de facette en vérité. J’étais seule à gérer ma petite société, j’étais heureuse dans ma vie professionnelle, bien plus que dans ma vie personnelle. J’étais plutôt jolie, j’étais gentille et souriante, aimable, sociable mais j’avais un défaut qui faisait que j’étais encore célibataire à pas moins de trente ans, pour le plus grand malheur de ma mère qui n’hésite jamais pour le balancer dans les dents dès qu’elle le peut. Ce n’est pas ma faute si je crois que l’amour, le vrai existe et que je brûle les étapes plus vite que met flash pour parcourir la planète à toute vitesse. Je suis comme cela, on pourrait surement plus rien y faire, la faute aux films de noël, surement.

A la boutique, attendant patiemment un client, pas des moindres, car c’était un psy qui me l’avait envoyé. Il y a quelques temps, j’avais eu dans l’idée de proposer à ceux le souhaitant, s’ils ne se trouver pas à leurs gouts, qu’ils avaient des défauts, qu’avec un peu de talent et du matos de qualité, je pouvais réussir à faire changer le regards des autres sur eux-mêmes, parce que pour moi, tout le monde possède une beauté, intérieur comme extérieur, il suffit simplement de la chercher. Non pas que mon année en psy m’avait donné des supers pouvoirs, mais il suffit de le montrer, de le dire aux autres pour qu’ils le croient non ? Du moins, c’est ce que je pensais au plus profonds de moi. Je n’avais pas beaucoup de travail aujourd’hui, c’était le moment parfait pour ce genre de rendez-vous qui pouvait prendre du temps en fonction de la personne qu’on avait en face de nous. Puis étant seule, je ne pouvais pas en faire plus que ce qui était possible. Préparant Sandy, mon appareil photo, j’avais encore quelques minutes avant qu’il ne daigne franchir cette petite qui n’était pas très loin de moi.

J’ai toujours cette impression que j’oublie quelque chose, c’est humain, naturellement, mais pourtant, arborant une moue à la recherche de ce que j’aurais pu oublier. « Hum… Ah oui ! ». Dis-je en m’avançant vers la machine à café pour l’allumer, pour qu’elle soit prête si jamais le client en voudrait un, allant ensuite préparer la chaise tout en prenant soin de regarder si tout le matériel était prêt pour d’éventuels shooting. Fixant l'horloge rapidement pour venir prendre une rapide gorgée dans ma petite bouteille d'eau, le pire dans cette histoire c'est qu'avec tout ce matériel, les lampes pouvaient faire monter la température assez rapidement. Alors je me devais de proposer à mes clients une hydrations, peu importe qu’elle soit chaude ou fraiche. C’est alors que soudainement, la porte venait de s’entrouvrir tout en laissant échapper un léger son pour m’avertir que quelqu’un était en train de rentrer...

@Keith Weddington

Depuis quelques temps maintenant, j’essayais d’aider les autres qui ne s’assume pas, qui ont honte de leurs corps, bref j’essaie du mieux que je peux de leurs venir en aide. Bien sûr, je ne suis pas du tout psychologue, mon boulot à moi c’est de faire en sorte qu’en sortant de chez moi après quelques clichés, ils s’aiment un peu plus, s’assument un peu plus, sérieusement c’est pas de tout repos parfois mais pour le moment, j’avais réussi quelques fois. D’ailleurs concernant aujourd’hui, j’avais un client qui venait pour cela, du moins c’était son psy qui me l’avait envoyé. On était comment dire cela, en partenariat, ouais un truc dans le genre et du coup parfois il m’envoyer ses patients. Même si au cours de ma folle jeunesse, pousser par mes parents pour devenir comme eux, c’est-à-dire, psy, j’avais fait qu’une seule année et cela m’avais suffit, pour ne pas faire la bêtise de continuer dans une voie qui ne me convenait pas du tout. Entendant la porte s’ouvrir pour venir me retourner aussitôt en affichant un visage d’ange, un sourire charmant, tout ce qui faisait de moi, moi. Un homme, plutôt ténébreux et très charmant en y regardant de plus près. Non, non Ody, je te vois venir, faut absolument pas crushé sur un client, jamais, jamais. Son visage était crispé, tendu, bref il n’était pas là pour faire causette ou alors égayé ma journée, si ce n’est de son charme qui le rendait…. Non, j’ai dit non. Reprenant intérieurement mon sérieux tout en lui souriant de pleine dent avant de prendre la parole sur un ton doux et légèrement taquin. « Bonjour, enchantée, moi c’est Roberts, en prononçant bien sur le "S" parce que sinon ça fait Robert ! Mais sinon mon prénom c’est Odessa. ». Dis-je en riant légèrement tout en m’avançant vers lui, tentative d’humour surement avorté en voyant sa mine qui était toujours aussi crispé.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il était là, merci au psy de m’envoyer des personnes sans prendre le temps de l’informer sur ce que j’essayais de faire dans ma société, ce n’est pas très cool tout ça, puis venir était une condition alors ! Encore mieux. Un sourire s’affichant sur mon minois, tandis que je venais reprendre la parole à la suite de ce qu’il venait de me dire. « Mais justement, vous êtes ici pour devenir un adepte des photos… ». Dis-je en ricanant légèrement pour reprendre soudainement un peu plus de sérieux. « J’étais qu’une simple condition alors ? Dois-je le prendre bien ou mal pour le coup ? ahah. Vous savez, quand quelqu’un franchit le seuil de chez moi, je suis toujours ravie. ». Ce n’était pas faux pour un sou, j’aimais les gens, j’aimais tout le monde, j’étais la nana plutôt sympa à qui tout le monde parle sans réellement s’en soucier. Le charmant jeune homme, bien qu’un brin ténébreux avait soif, dans un élan de gentillesse envers ce dernier et surtout parce que je suis toujours à prendre soin de mes clients, j’allais donc lui chercher une petite bouteille d’eau. Ce qui ne fut pas long avant que je lui tende cette dernière en affichant un sourire charmeur. « Et voilà pour vous ! ». Il me demande ensuite, après s’être abreuver d’eau, si j’étais bien la photographe, en y regardant bien, il n’y avait que lui et moi ici, cela couler de source. Une légère moue toute mignonne pour venir lui répondre sur un ton sérieux. « Yep ! Promis, je suis très douée avec mon appareil photo, y a pas à s’inquiéter. ». Dis-je en me reculant de quelques pas tout en gardant un air aimable et serviable pour venir reprendre le cours de notre discussion. « Alors, Weddington ! Dites-moi tout ? ». Parce que oui, je ne savais toujours pas son prénom et qu’il fallait bien que j’en sache plus sur ce dernier avant qu’on commence notre séance. Par pitié ! J’espérais sincèrement qu’il resterait vêtu, parce que sinon, je ne répondrais pas de mon moi profond qui a toujours tendance à réagir plutôt à sa guise en voyant des jolis garçons. Restons professionnel Ody, hein.

@Keith Weddington

Aujourd’hui j’avais un rendez-vous avec un client qui n’était pas comme les autres, je ne me serais jamais attendu à voir un type de un aussi mignon mais aussi froid et distant avec moi. Généralement, avec les autres, j’arrive toujours à sympathisé ne serait-ce qu’un peu. Mais avec Keith, avec ce garçon meurtri par quelque chose de bien profondément ancré en lui. Il ne me met pas à l’aise pourtant j’essayais de le mettre à l’aise pour ma part mais cela n’avait pas l’air de fonctionné, non pas du tout d’ailleurs. Comme il le dit si bien, il n’a pas la tête du mec qui est ici de son plein gré, mais y a toujours des façons de faire, de dire les choses plutôt que de sortir les crocs. Je garde mon sourire en l’écoutant que je pouvais le prendre comme je le voulais, le fixant malgré tout du regard pour observer on léger rictus en coin. Un hochement de tête en guise de réponse, autant je savais être gentille, autant parfois je ne mâchais pas mes mots mais pour le coup-là, maintenant, je préférais garder le silence pour essayer de passer à la suite.

Il ne cherchait pas à savoir ces détails sous-entendus, il n’avait pas l’intention de se détendre à mon humble avis, j’en avais vu des clients réticents, malheureux mais lui c’était le saint Graal, le non coopératif, le gros relou d’une vie, sans doute. « Au temps pour moi ! ». Lançais-je assez directement tout en essayant de garde mon calme olympien. Il me balançait enfin son prénom, en espérant qu’on pourrait se mettre à bosser ou du moins à ce qu’il se détende un brin du string, je sais que ce qu’il a dû vivre n’était surement pas cool, mais s’en prendre à moi, ce n’était pas cool, au fond il le savait, j’en étais certaine. Il s’appelait donc Keith, c’est malgré tout mieux qu’un nom de famille non ? Très certainement. C’est plus familier et personnellement, pour l’heure, la familiarité serait d’une grande aide avec ce genre de gars dans ma boutique. Il s’ouvre un peu plus, il était lieutenant de police, il avait subi divers dégâts sur son corps à la suite de tout ça. J’hoche simplement la tête, pas envie de me prendre encore une soufflante, le bonhomme n’avait pas l’air de vouloir être, comment dire, coopératif à mon égard.

Cette thérapie à pour simple but de prendre conscience de son corps, qu’il soit meurtrit ou autre, mon but c’est de trouver les bons clichés afin que le client s’apprécie plus. Je ne suis pas psy, je ne suis pas dieu, je suis juste une nana prenant son boulot à cœur et qui fera tout pour que ses clients partent avec le sourire, s’aimant un peu plus ça serait sans doute la perfection à mes yeux. Il savait parler, il savait se rendre comment dire, un brin percutant dans ses propos, tant mieux pour lui, mon sourire toujours sur mon jolis minois, il était fort, je l’étais également. Le fixant du regard avec mon sourire en réponse au sien, qui était le premier depuis sa venue ici, un avancement ? Je n’en savais rien pour tout dire. L’air taquin, fraichement piquante envers lui pour venir lui dire quelques mots. « Après Keith ! Si vous n’avez pas envie d’être ici, si vous voulez que j’envoie un mail à votre psy pour partir d’ici, il n’y a aucun souci pour moi. ». Dis-je en le fixant du regard en perdant légèrement mon grand sourire. « C’est pas avec cette attitude que ça ira mieux pour vous, mais si je peux vous aider à vous sentir bien, en écrivant ce mail et en vous guidant vers la porte pour que chacun reprenne sa vie, c'est avec plaisir. ». Dis-je l’air moins charmant qu’à son arrivée, tout en restant courtois bien évidement.

@Keith Weddington