Elle ouvre les yeux. Sa paume de main qui couvre ses yeux et ses paupières qui s’agitent pour se protéger du soleil. Elle met quelques secondes à s’habituer à la luminosité de la pièce et quelques secondes encore à comprendre ou elle est, et surtout ce qu’elle fait dans ce bureau, sur ce canapé. Ça lui revient rapidement. Les traces sur son poignet lui rappelle pourquoi elle a fuit et pourquoi sa valise se trouve contre le canapé. Sparky n'a pas bougé, toujours allongé sur le sol. Il relève le museau quand il entends Sofia soupirer, montrant qu'il ne dort pas et il vient frotter sa tête contre la main qui dépasse du canapé de Sofia. Elle le regarde, en voilà au moins un qui ne la quittera jamais, ou du moins pas de façon volontaire. Encore une pensée négative, une autre et elle en a clairement pas besoin. Elle soupire à nouveau, referme les yeux, et se masse les tempes quelques secondes. Elle déteste cette journée, elle déteste l'état d'esprit dans lequel elle est, elle le déteste surtout. Elle s'agite un peu, elle s’étire et s’assoie sur le divan. Elle ne sait pas combien de temps elle a dormi mais dormir n'a pas arrangé miraculeusement ses problèmes visiblement. Sa main qui masse sa nuque doucement pour évacuer les tensions de cette journée et pour essayer de trouver un sens à tout ça. De son départ de cet appartement dans lequel elle s’était presque installée avec son nouveau mec, à son arrivée dans le bureau de son ex-mari. Tout a été si vite finalement. Elle ne l’a pas revu depuis si longtemps et pourtant c’est le premier auquel elle a pensé. Le premier vers lequel elle a voulu se réfugier et elle ne sait même pas pourquoi. Peut-être parce que si elle est incapable d’expliquer sa présence ici, cela prouve qu’il ne viendra pas la retrouver ici. Mais quoiqu’il en soit, quelque soit la raison, elle est là. Serrant dans ses bras cette peluche idiote à laquelle elle tient plus qu’elle ne devrait et qui semble la rassurer un peu. Elle hésite à partir, à prendre sa valise, Sparky et à faire face à ce qu’elle vient de vivre. Une énième déception. Et si les déceptions amoureuses elle a toujours pu les gérer, plus ou moins bien, cette fois ce n’est pas que son cœur qui souffre. Elle a toujours cru en l’amour, le véritable amour. Elle est une éternelle romantique même si elle ne le dit pas ainsi. Elle aime le concept même de l’amour. Aimer et être aimée. C’est important pour elle. Elle a toujours été optimiste, joyeuse, souriante et pétillante. Mais aujourd’hui elle ne l’est pas. Il lui a prit ça. Elle sait qu’elle se relèvera et ira de l’avant, parce qu’elle est comme ça, mais pas maintenant. Pas aujourd’hui. Parce qu’elle tremble encore en repensant à lui. Elle tremble encore en repensant à ses mots, à ses insultes et à sa main qui serre son poignet si fort qu’elle n’ose pas bouger. Elle n’a jamais eu aussi peur de sa vie et elle n’a jamais hais quelqu’un de la sorte. Elle a la rancune tenace Sofia, elle a du répondant Sofia, en temps normal du moins mais face à celui qu’elle pensait aimer, elle n’a pas pu réagir et elle s’en veut. Elle s’en veut d’avoir aimer. Encore. Elle s’en veut d’y avoir cru. Encore. Elle a toujours cru en l’amour, la vie est faite pour être partagée, c'est ainsi qu'elle conçoit le monde, mais elle a fait n’importe quoi, elle l’a partagé avec n’importe qui et finalement, l’amour n’est peut être pas fait pour elle ? C’est à cette conclusion qu’elle en arrive quand elle relève la tête et qu’elle le voit. « William. » Un mélange de tendresse mais surtout de gêne dans la voix alors qu’elle se sent ridicule d’être ici. Elle est aussi surprise de le voir, et pourtant elle est dans son bureau, mais dans la précipitation de sa décision, elle n'a pas réfléchit à ce qu'elle pourrait lui dire, ni même à comment il allait la recevoir, bien qu'il n'ait pas eu à le faire, elle s'est incrustée par elle même. Elle n'ose pas trop le regarder, c'est Will quand même, et il restera toujours Will, son ex-mari, le premier avec lequel elle a pensé vivre son conte de fée, celui dont elle a toujours rêvé, celui auquel elle a toujours cru et pourtant, la vie tente de lui montrer que les contes de fée ça n'existe pas. Il n'est pas son prince charmant, il n'est pas son Will, il n'est pas son geek, il n'est même plus son mari, mais pourtant c'est à lui qu'elle a pensé aujourd'hui alors que sa vie sentimentale s'effondrait une fois de plus. Elle serre toujours Arlo dans ses mains, et elle se sent presque conne d'un coup. Elle lui a fait du mal déjà, elle a brisé les vœux de leur mariage, et elle vient encore vers lui quand elle a besoin, elle se sent minable et ça c'est assez nouveau finalement. Elle n'a jamais voulu être comme ça. Ce n’est pas elle ça. Elle n’est pas ainsi, elle a de la ressource normalement. Elle sait faire face et pourtant aujourd’hui, elle n’y arrive pas. Elle ne peut pas rentrer chez elle, elle ne peut pas être seule, elle a bien trop peur qu’il soit là à l’attendre. Elle ne peut pas aller dans les lieux qu’elle fréquente habituellement parce qu’elle a été assez conne pour le laisser entrer dans sa vie. Ah des conneries elle en a fait, mais là elle a fait fort, très fort. Et elle n’est pas coupable et pourtant elle s’en veut d’avoir été aussi aveuglée. Tellement besoin et envie d’être aimée. Tellement besoin d’attention et d’affection. Tellement peur d’être seule, qu’elle s’est attachée à n’importe qui et elle en paye le prix. Ça a toujours été ça finalement son défaut, vouloir compter pour quelqu'un, vouloir être avec quelqu'un, vouloir tout partager avec quelqu'un et elle a tout perdu. Elle a perdu Will, mais depuis elle se perds aussi un peu et elle se déteste. Et elle s'en veut de l'impliquer la dedans. « Je n’aurais pas dû venir. Je n’avais nul part ou aller je suis désolée de venir squatter sur ton lieu de travail. » Elle le regarde et elle se souvient pourquoi elle est venue ici. Et c’est parce qu’ici personne ne penserait à venir la chercher. Enfin pas que pour ça mais en partie. Elle est venue ici parce qu'elle avait besoin de quelqu’un en qui elle avait confiance finalement. Un homme dont elle ne peut pas avoir peur. Et c’est à lui qu'elle a pensé. Celui avec qui elle a passé huit années en couple. Un mariage raté, une relation détruite, mais des souvenirs qui restent et un lien qui n’est pas complètement effacé. Du moins de son côté. « Tu as bonne mine, les dinosaures semblent toujours autant te combler. » Une tentative d'humour, mais aujourd'hui, elle n'est pas cette fille joyeuse qu'elle a l'habitude de l'être. Lui, il a l'air heureux, mais Will l'est toujours non ? Elle l'espère en tout cas, parce qu'elle l'apprécie trop pour lui souhaiter d'être malheureux même si au fond d'elle, penser qu'une autre puisse le rendre heureux pourrait être douloureux, elle veut le meilleur pour lui. Le divorce a peut-être mit fin à leur mariage, à leur couple et à leurs sentiments amoureux, elle a toujours une affection spéciale pour lui. Elle n'a que trente ans, bientôt trente et un et elle a vécu huit ans de sa vie avec lui, ce n'est pas quelque chose qu'elle peut effacer du jour au lendemain. Et depuis qu'il est entré dans la pièce, même si elle se sent gênée d'être là face à lui, étonnamment elle se sent en sécurité et c'est ce qu'elle cherche finalement.

Elle sursaute elle aussi, surprise par la réaction de surprise de Will. Bravo Sofia, au moins il t'a remarqué. Pour le coup oui, il l'a bien remarqué et il semble mettre quelques secondes à réaliser, à se remettre de ses émotions, et pourtant ce n'était clairement pas son but de faire peur à son ex-mari. Elle n'ose rien dire de plus, elle reste là à le regarder dans l'attente d'une réaction de sa part, autre que l'effet de surprise provoquée par sa présence ici. Il la regarde, ses yeux bleus si profonds qui la fixent, elle ne sait toujours pas si elle a bien fait de venir parce qu'il ne peut rien pour elle finalement. Il n'est plus dans sa vie et c'est une décision qu'ils ont pris ensembles, la dernière décision qu'ils ont pris en commun d'ailleurs. Il est long le silence entre eux deux, assez long pour que même Sparky réalise qu'il se passe quelque chose. Allongé sur le sol, le cri de surprise de Will n'a pas réussi à le faire bouger, il a à peine relever la tête vers sa maîtresse, mais cette fois, quand il tourne la tête vers Will, il se lève et se dirige vers l'homme qui se tient toujours debout. Une tête familière pour lui, il s'en approche et Sofia regarde son chien briser la distance, elle le regarde faire ce qu'elle est incapable de faire. Venir chercher une marque d'affection auprès du professeur Dunham. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Une moue gênée, le nez qui se plisse légèrement et les sourcils qui se froncent, elle s'attendait à cette question et pourtant elle ne sait pas si elle doit y répondre ou non. Et ceux qui pourraient penser que chaque question mérite une réponse se trompe, mais là n'est pas franchement le débat. Cette question, c'est pourtant la plus évidente qu'il peut poser, mais elle a espéré qu'il soit surprenant encore une fois, parce que c'est aussi ce qu'elle recherche, ce qu'elle aime -aimait- chez lui. Elle lève les épaules, souris. « Sparky avait envie de te voir je crois, c'est lui qui m'a conduit jusqu'à toi. » Est-ce le moment de blaguer ? Sûrement pas mais elle en a besoin. C'est déjà assez étrange de se retrouver ici face à Will, cette distance entre eux et cette surprise de se retrouver, si en plus elle lui lâche la vérité ça ne risque pas d'arranger les choses. Quoiqu'au fond, elle ne pense même pas qu'il puisse arranger quoique ce soit, c'est sa vie, il n'en fait plus partie, alors elle doit se débrouiller avec ses conneries non ? Et pourtant elle lui parle avec un peu plus de sérieux. Elle s'excuse d'être là, de squatter son bureau. Elle devrait aussi s'excuser de le déranger, mais elle ne le fait pas, parce qu'elle n'a pas envie d'être ailleurs finalement alors elle n'est pas vraiment désolée au fond. « Non non t’inquiète pas… » Ne pas s'inquiéter, oh elle aimerait ça vraiment. Ne jamais s'être mise dans la merde, elle aimerait vraiment. Mais au moins elle n'a pas à s'inquiéter de squatter ici. Serait-il en train de lui dire qu'elle a eu raison de venir ? Peut-être pas mais au moins il ne l'a pas mise dehors, enfin pas encore et ça suffit pour réussir à faire naître un sourire sur le visage de Sofia qui à défaut d'être heureuse, se sent au moins rassurée et en bonne compagnie. Bravo Will, tu as réussi à me faire sourire malgré cette journée horrible. Et c'est à son tour de sourire. Il sourit à l'une des tentatives d'humour de Sofia et elle sourit avec lui. « Y a des choses qui changerons jamais. » Elle le regarde et inconsciemment, elle joue avec sa bague, celle qui a depuis longtemps pris la place de son alliance, voilà une chose qui a changé William. « Tant que tout ça te rends heureux, c'est tout ce qui compte. » Elle montre du doigt les fossiles et autres objets qui ornent son bureau. Ses dinosaures, elle les déteste autant que lui les adores et pourtant elle a toujours cet abruti d'Arlo avec elle parce que c'est son dinosaure à elle, lui il a tout les autres. Elle a toujours apprécié le côté passionné de Will, du moins jusqu'au jour ou elle a comprit qu'il serait toujours plus passionné par son boulot ou par ses jeux vidéos que par l'optique d'une vie de famille. Mais c'est du passé tout ça. Ou pas finalement puisque les choses ne changent pas d'après ses propres mots. Elle ne réagit pas plus, elle voudrait pourtant savoir si certaines choses ont quand même changé dans la vie de Will, mais ça ne la regarde plus. De toutes façons les changements c'étaient avant qu'elle les aurait voulu, désormais tout cela ne la concerne plus. Ou presque. « Mais m’appelle pas William, s’il te plaît. Je déteste toujours autant. » Elle rit légèrement, se retenant de répéter plusieurs fois le prénom 'William' juste pour l'embêter un peu. Elle l'aurait fait en d'autres circonstances. Elle l'aurait sûrement fait si ça n'avait pas fait plusieurs années qu'elle ne l'avait pas vu et si elle n'était pas là pour un sujet des plus sérieux. « Moi j'aime bien William, mais si tu préfères je peux reprendre Willy. » Elle se détends vraiment en le regardant, elle voyant son regard mon dieu que tes yeux sont magnifiques William Dunham. Elle pourrait rester silencieuse, ou pas d'ailleurs, c'est pas forcément sa qualité première loin de là. Elle sait qu'à un moment ou un autre elle devra lui dire exactement ce qu'elle fait là. Et pas utiliser son chien comme excuse, pourtant c'est une belle excuse Sparky. Mais elle ne peut pas se contenter d'un simple, je n'avais nul part ou aller. Tu as pleins d'endroit ou aller Sof', juste il n'y avait aucun endroit dans lequel tu te sentais aussi en sécurité qu'ici. « Tu m'as demandé ce que je faisais là. » Elle est un peu plus sérieuse d'un coup. Fini les dinosaures, fini les William. Elle appelle son chien et elle le prends pour le poser sur ses genoux, histoire de rester calme. Elle ne veut pas inquiéter Will, elle ne veut même pas qu'il puisse la voir ainsi et pourtant elle est là devant lui et elle va devoir justifier sa présence. « Je ne peux pas rentrer chez moi. » Simple, calme, en apparence. Et c'est finalement pas forcément bon signe, elle est plutôt du genre à avoir du mal à rester calme. Sa main qui cache son poignet douloureux, elle ne sourit plus, elle n'ose même plus regarder Will. « J'avais peur de rester seule chez moi. Qu'il soit là à m'attendre. » Ça t'apprendra à t'attacher à n'importe qui Sofia, à laisser n'importe qui entrer dans ta vie. Elle ne veut pas le dire, elle ne veut pas avoir à l'avouer à haute voix qu'elle s'est laissée avoir, qu'elle s'est attachée à un type qui a osé lever la main sur elle. « Je ne veux pas te mêler à tout ça, j'avais juste besoin de me sentir en sécurité. » Il lui faudra plus que quelques heures, elle le sait mais Will a sa vie désormais et elle n'a pas le droit de venir ainsi après plusieurs années. Elle ne peut pas s'imposer dans sa vie comme ça et ramener avec elle son lot de problème. « Je peux rester ici quelques heures ? Je partirais demain avant même que tu ne reviennes au travail. » Une nuit, c'est tout ce qu'elle demande, ou du moins tout ce qu'elle ose demander et c'est déjà beaucoup parce qu'il ne lui doit rien, plus rien du tout mais elle demande quand même, elle lui demande à lui et à lui seul.

Elle le regarde sourire, et même si ce sourire n'est pas pour elle et qu'il est destiné à Sparky, ça lui fait du bien de voir le sourire de Will Dunham. Ça pourrait presque l'apaiser, lui faire oublier pendant quelques secondes ce qu'elle fait ici, avec sa valise et son chien. Il n'a rien à faire dans le bureau d'un professeur d'université, mais il est là avec elle, parce qu'elle ne quitte jamais son chien et qu'il était bien hors de question qu'elle le laisse entre les mains de cet homme violent qu'elle vient de quitter. Alors Sparky est là, et c'est lui qui aide à briser la glace, lui qui permet à Sofia de voir le sourire sur le visage de Will, lui encore qui donne une excuse toute faite pour expliquer ce qu'elle fait là. Une excuse qui n'a rien de sérieuse, mais qui permet de rendre les retrouvailles un peu moins lourdes, un peu moins stressantes aussi. Pour elle et pour Will. « Il a pleins de pouvoirs si tu savais tu serais jaloux, mais je veux le garder pour moi, alors je lui ai appris à ne pas les montrer à n'importe qui. » Oh mais Will est loin d'être n'importe qui, et elle le sait. Sparky aussi le sait d'ailleurs, mais son seul vrai pouvoir à ce chien, c'est finalement d'être le seul mâle sur cette terre qui ne pourra jamais lui faire du mal ou la quitter. C'est triste dit ainsi, mais Sparky au moins, il n'a d'yeux que pour sa maîtresse, à part quand Will est dans le coin, mais elle n'en tient pas rigueur à son chien pour cette petite trahison. Will a été son maître et Sparky a une qualité que n'a pas sa maîtresse, il est fidèle. Sparky aurait pu être le sujet de discussion, lui ou les dinosaures. Ou encore autre chose, parce que tout semble mieux que les réponses qu'elle devra lui donner. Parce qu'elle sait qu'elle devra lui dire la vérité, mais elle repousse le moment fatidique. Parce que si lui ne sait rien, Sofia sait ce qu'elle fait ici, et elle sait que derrière les sourires et les blagues, il y a une vérité bien moins joyeuse. Elle a peur, ou du moins elle avait peur, parce qu'auprès de Will, elle ne ressent plus totalement cette peur, peut-être que ce sentiment de sécurité que sa présence apporte suffit à calmer un peu la kiné ? Elle a l'air un peu bête au moment ou il regarde Arlo, ou il lui fait remarquer qu'elle a encore cette peluche offerte par son ex-mari. Qu'est-ce que tout cela signifie ? Pourquoi elle a encore cette peluche qui est pourtant intimement liée à son ex ? Un dinosaure, offert par le plus passionné des dinosaures qu'elle n'est jamais rencontré. C'est Arlo, mais c'est aussi une part de Will qu'elle garde avec elle tout le temps et elle ne sait même pas se l'expliquer. Juste elle en a besoin. « Tu pensais quand même pas que j'allais le jeter ? C'est Arlo ! Il est censé me guider et me ramener chez moi quand je suis perdue. » Un clin d’œil au film, à ce dinosaure terrifié et perdu qui cherche à rentrer chez lui. Sauf, que quand elle est perdue, c'est dans le bureau de Will que ce fichu dinosaure l'a conduit et ce n'est définitivement pas chez elle. Il est sans doute mal réglé, ou alors c'est elle qui est déréglée, peut-être, qui sait ? Quoiqu'il en soit, elle est là. Face à William, ou Willy Wonka s'il veut. En temps normal, elle lui aurait sans doute lâcher une petite vanne, sur le faite que si Willy Wonka était cool, pour mériter ce surnom, lui aussi devait l'être, mais elle ne dit rien. Juste un léger sourire en réponse à la grimace et à la blague de Will. Ça ne serait pas le premier surnom, ni même sa première référence à un film, il est comme ça Will. Et elle le sait, elle le connaît, elle a pratiqué l'humour Dunham pendant prêt de huit ans. Sauf qu'aujourd'hui, elle a l'humour un peu en berne, et le sourire pas toujours sincère. Elle porte les événements de la journée sur elle, marquée par cette agression qu'elle n'avait pas anticipé, qu'elle n'avait pas vraiment vu venir. Pourtant les signes étaient sous ses yeux, sauf qu'elle n'a préféré voir que l'amour, une erreur qu'elle a beaucoup trop faite mais qui aujourd'hui laisse des traces. Face à Will, elle reprends son sérieux, c'était agréable de parler avec lui, de retrouver une certaine amitié entre eux, mais il ne quittera sans doute pas son bureau sans savoir ce qu'elle fait là. Pourquoi maintenant ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi ici ? Elle sait qu'il ne sera pas du genre à la bombarder de questions, mais elle lui doit au moins une explication. Une réponse à sa première et unique question. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Et ce n'est pas simple à avouer, entre la honte d'avoir été faible, la peur d'être rejeté, la gêne de le mêler à ça. Elle tente de ne pas montrer à quel point elle se sent mal aujourd'hui, à quel point elle est touchée par cette situation. Elle tente de ne pas trop l'inquiéter, restant assez vague finalement dans ses explications, mais est-ce qu'elle doit lui dire ? Est-ce qu'elle doit vraiment le mêler à ça ? Elle veut juste un peu de répit finalement mais elle n'en aura pas tant qu'elle n'aura pas réellement expliqué pourquoi après des années de silences, elle est assisse dans le bureau de Will. Pourquoi elle semble avoir peur, pourquoi elle n'est pas aussi pétillante, pourquoi même son appartement est devenu un lieu dans lequel elle ne se sent pas en sécurité. Mais elle ne sait pas comment avouer la vérité, c'est encore si récent, tout est à vif. Les insultes, les menaces, et la violence.  « Qu’est-ce qu’il y a ? Il se passe quoi au juste ? » Elle ne le regarde pas, mais elle entends l'inquiétude dans la voix de Will, voilà bravo Sofia, tu as réussi à lui faire peur, incapable de se débrouiller seule, tu m'étonnes que tu sois incapable de rester seule. Rester seule elle déteste ça, mais désormais c'est aussi sa plus grande peur, être seule face à lui. Sauf que c'est Will qui est face à elle, et elle ne devrait plus ressentir cette peur. Elle relève les yeux pour lui faire face parce qu'elle ne peut pas rester à regarder le sol du bureau et avant qu'elle ne puisse parler, il reprends la parole. « Pourquoi tu peux pas rester chez toi ? On dirait qu’il y a Voldemort qui te suit à la trace pour te tuer et que tu le fuis. » Un léger rire, mi-nerveux, mi-amusé sort de la bouche de Sofia, parce qu'elle aimerait finalement que ce soit Voldemort qu'elle tente de fuir. Il fait peur Voldemort, mais il représente tout un univers et si Voldemort était vraiment à ses trousses, elle aurait des supers pouvoirs magiques pour se défendre et elle ne se sentirait pas si nulle, si incapable, si faible. « Si seulement c'était Voldemort que je fuyais, je suis sûre que tu serais le premier à être volontaire pour tenter de m'aider à le vaincre celui là. » Elle pourrait parler de Voldemort encore longtemps, des pouvoirs qu'elle aimerait avoir si elle était sorcière, de ce qu'elle ferait si elle avait vraiment le mage noir à ses trousses, mais ce n'est pas le cas. L'homme qui lui fait peur est tout ce qu'il a d'humain, et elle ne peut pas utiliser un « Avada Kedavra » pour se débarrasser de lui. Elle a à moitié avoué qu'elle fuyait quelqu'un et il est temps de se montrer honnête Sofia. Il l'a demandé. « J'ai quitté quelqu'un ce matin parce qu'il s'est mal comporté envers moi, il était furieux et j'ai peur de ce qu'il pourrait faire, je ne savais pas ou allait pour qu'il ne me trouve pas, alors je suis venue ici. » Elle est honnête à quelques détails prêts. Elle ne veut pas que Will la voit comme une victime, elle n'a jamais été cette fille là et elle ne veut pas l'être. Alors elle minimise peut-être les choses, le 'il m'a menacé, frappé et retenue si fort que mon poignet est marqué par les traces de sa main' s'est transformé en 'il s'est mal comporté' et c'est déjà assez. Le ton de sa voix, son regard fuyant, et surtout son manque d'espoir et de joie dans les yeux devrait suffire à faire prendre conscience à Will que quelque soit la situation, elle a eu un impact certain sur Sofia. Pour aujourd'hui du moins. « Je ne veux pas te mêler à tout ça, je vais me débrouiller, je veux juste rester loin de lui le temps qu'il se calme, une nuit ou deux et ça ira. » Elle y croit, elle espère sincèrement pouvoir vite retrouver sa vie d'avant. Celle ou elle riait à la moindre blague, et souriait à tout. Celle ou elle n'avait pas à fuir son propre appartement et tout les lieux qu'elle aimait tellement.

Elle discerne le petit sourire de Will, et elle sourit en l'entendant prononcer ces mots, bien sur que Sparky lui manque, c'est un chien parfait. Elle se souvient avec une pointe de nostalgie du jour ou elle a ramené Sparky du refuge, elle vivait encore avec Will à cette époque, elle était encore heureuse avec lui. Et, elle se demande si elle aussi elle lui manque un peu depuis leur divorce. Mais elle ne dit rien, ce n'est pas le moment pour ça, pour les souvenirs et la nostalgie. C'était dans une autre vie, et la page est tournée depuis quelques années désormais. Alors pourquoi elle est là ? Pourquoi c'est vers lui qu'elle s'est tournée quand elle s'est retrouvée au pied du mur, perdue ? Elle n'a pas la réponse à ce genre de question, et elle n'a pas envie de s'éterniser non plus à en trouver parce qu'aujourd'hui cette journée n'a rien de logique. Elle est là, Sparky est là et y'a même Arlo avec eux, c'est peut-être même à cause de lui qu'elle est là. C'est la seule explication logique finalement.

« Oh, il doit pas être très difficile à avoir. » Elle sait qu'il parle de Voldemort, mais elle aimerait qu'il parle d'un autre. D'un être bien trop réel, et d'un potentiel danger lui aussi réel. « On va pas s’mentir, c’est un noob, il s’est fait battre par un lycéen quand même. » Elle le regarde, elle lui sourit légèrement acquiesçant d'un geste de la tête. C'est vrai qu'il n'a pas toujours brillé par ses plans et la réussite de ceux ci, mais il a quand même tué le lycéen et elle ne compte pas vraiment subir le même sort, à moins que quelqu'un lui trouve une pierre de résurrection. Elle n'a pas de baguette, pas de sorts magiques, pas même ses muscles, elle a juste la fuite comme défense et désormais elle a Will aussi. Et puisqu'elle est là face à Will, si elle n'a pas vraiment d'explications sur le pourquoi elle est venue ici précisément. Elle a en revanche, une explication sur les évènements qui l'ont conduite à se trouver là et elle se lance, elle lui doit bien ça. « Comment ça, il s’est mal comporté avec toi ? » Est-ce qu’elle doit lui dire la vérité ? Lui dire que les premiers signes du caractère de son désormais ex, elle les avait vu mais elle avait fait l’autruche parce qu’à côté de ça il était tout ce qu’elle désirait ? Il s’intéressait à elle. Il lui disait ô combien il l’aimait. Il l’a regardait, constamment. Peut être un peu trop d’ailleurs en y repensant. Elle se sent fautive. Honteuse et elle ne peut pas partager ça avec Will. Il n’est plus son mari, mais ça reste Will quand même. Et pourtant, elle lui doit une réponse, une honnête. « Il a bu, s’est énervé et s’est montré agressif et menaçant. Alors je suis partie. » C’est une partie de la vérité Sofia, elle lui ment encore, ou du moins elle ne lui dit pas tout. Mais ça ne serait pas une première non ? Sauf que là ce n’est pas pour se couvrir, mais pour ne pas l’inquiéter. Pas plus qu'il ne semble l'être déjà, sa voix trahissant une pointe d'inquiétude, ce qui émeut la kiné. « T’as peur de lui ? » Elle lève les épaules et baisse les yeux. « Un peu oui. » Une voix presque étouffée, honteuse. Oui elle a peur, elle est terrifiée même mais elle veut croire qu’il acceptera la rupture sans faire de vagues. Qu’une fois calmé et sobre, il l’a laissera tranquille. Elle l’espère mais ce soir, elle veut a tout prix être loin de lui. Et elle est en sécurité ici avec Will, jamais il ne viendra la trouver ici alors elle peut souffler un peu. « Je l’avais jamais vu comme ça auparavant. Il a perdu ses nerfs ce soir et je crois qu’il pourrait être violent oui. » Elle le croit, elle le sait alors qu’elle cache toujours son poignet avec son autre main. « Dans quelle merde tu t’es encore foutue Sofia ? » Elle soupire presque par mimétisme mais aussi parce qu'elle réalise qu'elle est vraiment dans la merde. Elle se sent pathétique, faible et honteuse de venir montrer cette image à Will. Après des mois, années de silence depuis le divorce, c'est une image bien différente qu'elle lui montre. Moins rayonnante, moins joyeuse, moins optimiste. « Je sais pas. Tu sais la logique et moi ça n’a jamais été vraiment le grand amour. » Et le grand amour c’est bien parce qu’elle le cherche désespérément qu’elle se retrouve toujours dans des situations merdiques mais là elle a fait fort. Sa vie affective est un désastre finalement et elle en est dépitée. Ses mauvais gestes, ses choix désastreux elle serait la première à les critiquer si elle n’était pas trop occupée à les enchaîner. « Je crois que dans un film d’horreur je serais la première à mourir, tu sais l’idiote de service qui fait tout ce qu’il ne faut surtout pas faire, et bien c’est moi. » Une pointe plus légère, un peu de sarcasme aussi mais elle le pense. Elle n'a jamais su faire les bons choix, encore moins quand les situations se compliquent. Et pourtant quand Will lui propose de venir un peu à la coloc, elle a l’impression que peut être pour une fois elle a fait le bon choix. Elle est venue au bon endroit, vers la bonne personne. « Tu n’as pas à faire ça. » Elle a envie d’accepter, elle a besoin d’accepter. Elle n’a jamais parlé de Will ou de son mariage, pas à lui alors il ne viendra pas la chercher chez lui, ou ici. Elle voudrait accepter mais elle se sent mal de voir qu'il est prêt à l'aider. Et elle réalise ensuite. Attends minutes la coloc. « Mais la coloc, tu vis avec des gens ? » c'est le principe d'une coloc non? « Je ne peux pas m’imposer, je dois assumer mes conneries, je suis pas certaine d’avoir ma place chez toi. » Non non c’est même sûr que tu l’as pas. Mais où veux tu aller ? A l’hôtel ? Ah oui ce serait une bonne idée. Et pourtant l’idée d’être avec Will a quelque chose de plus rassurant, de plus sécurisant. Sans doute la nostalgie qui parle aussi un peu là dedans. Acceptes et tais-toi, tu en as besoin avant qu'il change d'avis. « J'ai juste besoin de quelques jours, je te promets de me faire discrète, merci Will. » Elle ne pensait pas finir chez lui, elle ne pensait même pas qu'il serait vraiment là pour elle, mais il l'est. Il propose son aide et elle se sent reconnaissante parce qu'elle n'a pas toujours été là pour lui, elle ne s'est pas toujours bien comportée mais lui, il est là et alors qu'elle se sent mal, il lui tends la main pour l'aider à se sortir de cette mauvaise passe.

Elle ne pensait pas avoir ce genre de conversation un jour. Encore moins avec Will. Il aurait du être son grand amour. Il l'a été d'ailleurs. Son premier, sa premier belle et grande histoire. Un mariage, de l'amour, et puis le conte de fée s'est effondrée et toute cette histoire s'est terminée le jour ou elle a signé les papiers d'un divorce qui venait détruire la belle histoire. Enfin belle, c'est un bien grand mot, elle l'a terni par deux fois sa belle histoire. Elle a trompé par deux fois son mec, elle a détruit son mariage qui battait de l'aile au lieu de le sauver. Mais y'avait-il vraiment encore quelque chose à sauver ? Surement pas, mais elle n'a même pas essayé. Tant pis, les regrets sont là, mais elle est passée à autre chose Sofia. Parce qu'elle va de l'avant, parce qu'elle croit toujours que l'amour est primordial à sa vie, et elle cherche cet amour partout. Même chez les pires mecs de Brisbane visiblement. Et, elle n'aurait jamais du se retrouver face à Will à évoquer les blessures faites par un autre homme. Elle n'aurait jamais du être dans son bureau à se cacher d'un autre. Elle n'aurait jamais du le mêler à tout ça et pourtant c'est ce qu'elle a fait et il la questionne encore. Voulant en savoir plus, sans doute pour comprendre la merde dans laquelle elle s'est mise. « Il a déjà levé la main sur toi ? » Me regarde pas comme ça Will c'est déstabilisant. Elle hésite à lui mentir, elle ne veut pas lui montrer qu'elle a été si conne, si faible. Elle hésite à ne rien lui dire, mais alors qu'il a son regard posé sur elle, son regard si bleu, si profond plongé dans le sien, elle ne sait plus quoi dire. Quoi faire. Elle ouvre la bouche, soupire, la referme. Elle ne peut pas, pas quand il la regarde comme ça. « Me mens pas, j’te connais, je sais quand t’essaies de me cacher des trucs. »  Lui mentir ça n'a jamais été mon fort, le tromper oui, lui cacher non. Il la connait c'est vrai, ils ont vécu ensemble, ils ont été marié, ils ont été amoureux, ils ont été heureux aussi. Elle est là, et il ne l'a pas repoussé alors elle joue la carte de l'honnêteté, tant pis si elle se sent minable ensuite. « Avant aujourd'hui non. » Mais aujourd'hui oui, voilà ce que ses mots sous-entendent, voilà l'information qu'il voulait, elle ne cache plus son poignet, il finira par le voir, et puis désormais il sait qu'elle a les marques de cette journée. « Mais, je l'avais déjà vu en colère, c'est quelqu'un de colérique quand il n'a pas ce qu'il veut, je savais qu'il pouvait s'énerver facilement mais jamais contre moi, enfin pas par la violence. » Les insultes oui, les reproches aussi, mais à côté de ça il était parfait. T'es vraiment conne Sofia, vraiment. Elle le sait, elle le sait très bien et c'est peut-être pour ça qu'elle hésitait tant à dire la vérité à Will parce qu'elle est fautive elle aussi. Et qu'elle a un peu honte d'avoir supporté ça et d'avoir fait en sorte de ne pas voir la vérité, parce qu'elle voulait juste être aimée, et ne pas être seule. « Ouais. Pourtant toi, tu t’y connais concernant le grand amour. » Tu es la preuve que non Will. Voilà à quoi elle pense quand elle entends les mots de Will. Ce type est une autre preuve qu'elle n'y connait rien. Elle y croit mais finalement elle commence à douter. Parce qu'elle n'est peut-être juste pas faite pour ça, ou qu'elle a laissé passer sa chance ? « Je suis pas sure que ma vie soit un bel exemple pour défendre la notion de grand amour. » Regarde nous, regarde moi, un mariage raté. Mais tu es là face à moi, tu ne me détestes pas, au moins on a réussi notre divorce c'est déjà pas mal. Elle prends cette réussite, elle en a besoin, alors qu'elle a l'impression de faire les pires choix possibles depuis quelques temps. L'idiote de service c'est elle. C'est comme ça qu'elle se nomme, l'idiote qui court au devant du tueur dans un film d'horreur. L'idiote qui se sépare des autres. L'idiote qui hurle et fait du bruit pour appeler un hypothétique rescapé alors qu'elle est sur une ile entourée de dinosaures, l'idiote qui se fait bouffer dans les cinq premières minutes d'un film, fin de l'histoire, le reste se passe sans elle,  dédicace à ce film que tu aimes tant critiquer Will!. C'est elle, c'est comme ça qu'elle voit sa vie affective du moins. Et ça a le mérite de faire rire Will, de détendre un peu l’atmosphère qui était bien trop lourde. « Ouais, clairement. Moi je serais le mec super relou qui prend rien au sérieux et qui meurt au milieu du film. » Il a raison sur une chose, il prends rien au sérieux Will et si c'était quelque chose qu'elle aimait sincèrement chez lui au début de leur histoire, c'est aussi devenu un problème quand justement les choses sont devenues sérieuses. Mais elle ne veut pas repenser à ça. Pas maintenant. « L'avantage d'être l'idiote de service et de mourir en première c'est que j'aurais pas à connaitre un monde sans Will Dunham et j'aurais pas non plus à supporter tes blagues lourdes alors qu'on a un tueur fou à nos trousses. » Elle lui sourit, une blague, qui trahit pourtant une pensée sincère. Will Dunham a rendu son monde plus beau, plus joyeux et ce pendant quelques années et ça lui fait du bien d'être là ce soir avec lui. Et la situation semble prendre une tournure encore plus inattendue quand il lui propose de l'héberger. Elle ne veut pas, elle ne peut pas accepter, il n'a pas à faire ça et elle n'a pas demandé ça. Mais il le fait quand même et elle se sent émue par son geste. Surprise mais émue de cette aide plus que bienvenue.  « Ouais avec plusieurs mecs ; un qui s’appelle Sheldon, l’autre Rajesh mais tout le monde l’appelle Raj, et Howard. Oh et notre voisine est blonde est hyper canon, je rêve de pouvoir coucher avec elle un jour. » Elle rigole franchement à sa remarque, même dans de telles situations Will arrive à la faire sourire, à la faire rire même et elle se souvient des fois ou elle le comparait à ce groupe de nerds scientifiques, dont elle était fan à l'époque. Parfois c'était positif et bien souvent plutôt pour se moquer de lui, avec beaucoup d'amour. « Ah oui tu fantasmes sur les blondes toi maintenant ? » C'est tout ce que tu trouves à dire Sofia vraiment ? Elle sourit malgré tout, elle veut garder ce sourire sur ses lèvres, elle veut oublier cette journée et se laisser porter par la capacité de Will à la faire rire, à raconter des blagues quelques soient le moment ou la situation. Elle en a besoin là maintenant. « Bon plus sérieusement oui je vis en coloc. Avec Adèle et d’autres filles. » Adèle, elle connaît, elle l’apprécie beaucoup la cousine de Will, mais elle ne réagit pas, pas plus qu'elle ne réagit aux 'autres filles'. Will entouré de filles et elle se demande si l'une d'elle est la fille de Will, enfin la copine de Will. Mais ça ne la regarde pas, quoique l'ex-femme qui débarque, ça peut être gênant non ? Tant pis elle de ne dit rien, elle le remercie, parce que c'est ce qu'elle doit faire. Lui montrer la gratitude qu'elle ressent pour lui à ce moment et se faire discrète parce qu'elle lui en demande beaucoup, même si elle n'a finalement rien demandé, elle s'impose dans sa vie et elle ne veut pas tout bouleverser. Elle fixe les mains de Will qui s'agitent. Elle fixe cet anneau qu'il a au doigt, qu'elle a reconnu, toutes ces heures de visionnages du seigneur des anneaux ne sont pas oubliées. Elle fixe cet anneau avec lequel il joue, elle qui avait l'habitude de jouer avec l'alliance qu'il avait à ce même doigt, l'alliance qui symbolisait leur amour, enfin presque, cette alliance qu'ils ne portent plus, ni lui, ni elle.  « Allez viens. » Elle relève les yeux. Elle le suit sans broncher, sans batailler, elle accepte de quitter ce bureau dans lequel elle se sentait en sécurité pour suivre Will, sa valise dans une main et la laisse de son chien dans l'autre. « Tu deviens quoi sinon ? » Par ou commencer ? Quatre ans c'est long et à la fois court non ? Elle réfléchit, comme si elle faisait le point sur sa vie depuis leur divorce. Elle cherche ce qui vaut le coup d'être partagé. « Je travaille toujours à l’hôpital, j'ai fais quelques voyages depuis, enfin ces dernières années. » depuis le divorce, mot qu'elle ne veut pas prononcer au risque de gâcher ce moment. « J'ai pris des cours de guitare mais en vrai je suis toujours aussi nulle, je sais pas tenir le manche de ma main gauche. Et sinon, comme tu as pu le deviner, je suis célibataire. » Depuis à peine quelques heures mais elle l'est. Seule, sans mec, sans enfant, sans vie de couple, sans rien de ce pourquoi elle a cassé son mariage avec Will. « Au faite, tu as fini par le trouver ? » Elle baisse les yeux, regarde la main de Will et reprends. « Ton anneau, tu pourras me le prêter si jamais il revient ? Je pourrais me cacher grâce à lui. A moins que depuis quatre ans, tu as aussi trouver la cape d’invisibilité, et si tu l'as tu es obligé de me la montrer, c'est trop cool comme pouvoir. » Elle n'a jamais été fan avec l'idée d'être invisible, elle aime trop la vie, le monde, les gens pour vouloir se fondre dans la masse et être invisible, mais la cape d'invisibilité lui serait bien utile en ce moment. Oh ça oui.

Parfois elle a haït la capacité de Will à parler pour ne rien dire, les blagues inappropriées alors qu'elle essayait d'être sérieuse et qu'il ne pouvait même pas l'être plus de cinq minutes. Elle a aimé ça tellement, puis elle a haït ce même trait de caractère et aujourd'hui, elle voudrait tellement qu'il raconte des conneries. Qu'il parle parce qu'elle n'aime pas son silence. Il est inhabituel, anormal et ça la confronte à la réalité de sa situation, et à la gravité des propos qu'elle tient, des faits qu'elle raconte. Ca lui laisse le temps aussi de réaliser à quel point elle a été conne, vraiment conne. Elle s'en veut, et elle se sent même coupable d'avoir laissé faire parce qu'elle savait, elle l'avait déjà vu en colère, entendu les insultes. Elle se sent conne et le silence qui suit ses aveux ne l'aide pas, vraiment pas. Parles, dis un truc, n'importe quoi Will. « Pourquoi t’es pas partie avant ? »  Tout sauf ça! Elle baisse les yeux, ne voulant absolument pas avoir à affronter le regard de Will. Elle ne sait pas ce qu'elle y verrait mais elle préfère ne pas le savoir, parce qu'elle se sent déjà assez honteuse, assez nulle sans avoir à subir le regard pleins de pitié ou de colère, ou d'incompréhension de Will. Elle sait que la question est légitime, voir même logique. Mais pourquoi as tu décidé de réagir logiquement ce soir ? Je veux le Will léger, celui qui fait des blagues quelques soient les circonstances. Même une blague sur les violences pourraient passer, mais pas cette question. Bon les blagues sur les violences peut-être pas, ni aujourd'hui, ni sans doute jamais, mais elle n'a pas envie de répondre à cette question. Pas plus qu'elle ne voulait montrer ses marques au poignet ou avouer qu'elle savait pour le côté colérique de son désormais ex. « Je pensais qu'il m'aimait. » Pitoyable Sofia ! Ce n'est pas ça l'amour et elle le sait. Ce n'est pas ainsi dans les contes de fées, ni même dans la vie réelle, pas ainsi que l'amour doit se vivre mais elle a trop peur d'être seule. Trop peur de finir seule. Trop peur de passer à côté de sa grande et belle histoire. Elle est tombée bien bas et elle s'en rends compte, mais c'est trop tard, le mal est fait et désormais, il faut aller de l'avant. Elle l'a aimé oui. Peut-être que lui aussi il a aimé Sofia, mais ce n'est pas comme ça qu'elle veut être aimé, pas comme ça qu'elle veut vivre non plus alors c'est un nouveau trait qu'elle tire sur une autre histoire. Abonnée aux relations foireuses, voilà ce qu'elle est. Peut-être devrait-elle ajouter ça sur sa fiche tinder ? Une fiche avec 'abonnée aux relations foireuses' et 'idiote de service' c'est vendeur non ? Heureusement pour elle sur ce genre de truc, les hommes regardent bien plus la photo que la bio, c'est peut-être finalement ça son problème d'ailleurs. Les rencontres superficielles, les relations qui le sont aussi, cette connexion qui ne se fait pas, et elle s'accroche à ce qu'elle trouve, sans ressentir la flamme. Le coup de cœur, le coup de foudre, ou quelque soit le nom. Elle ne l'a plus jamais ressenti, plus depuis Will et pour quelqu'un comme Sofia qui a toujours cru à la notion de grand amour c'est dur. Will était son premier grand amour et le seul encore à ce jour, et ça l'énerve autant que ça la perturbe. « Arrête, tu les aimes mes blagues. Tout le monde les aime. » Elle lui sourit. Oui j'ai aimé tes blagues, comme j'ai aimé tout de toi. « Toujours aussi modeste. A défaut d'être drôle tu as confiance en toi c'est déjà pas mal. » Elle le taquine un peu, parce qu'elle ne se voit pas lui dire qu'elle aime ses blagues, le mot aimer et Will Dunham sont deux mots qui n'ont plus à coexister, et pourtant ils ont été liés pendant des années. Tant pis, c'est fini, et ça n'empêche pas Sofia de rire aux blagues de Will. De rire sincèrement parce qu'elle a besoin de se détendre et de penser à autre chose. Imaginer son ex en coloc avec des nerds tels que Sheldon Cooper n'a rien de compliqué tant la comparaison a longtemps été faite à l'époque. Un sourire, un rire léger et plus fort encore vient participer à l'ambiance agréable qui finit par s'installer entre eux. Malgré le contexte, malgré les années de silence, malgré la gêne de Sofia, elle se sent à l'aise et elle plaisante avec lui. Will qui flash sur une blonde ? Si c'est Penny la voisine d'en face c'est drôle, si c'est une autre blonde, ça l'est bien moins, mais ils parlent de Penny là, et ça convient bien à Sofia qui se remet de toutes les émotions qu'elle vient de vivre. Des retrouvailles, jusqu'au moment ou il propose de l'héberger quelques jours, en passant bien sur par la violence subie. Ils parlent de tout et rien et la discussion se prolonge alors qu'ils quittent l'intimité du bureau de Will, ensembles. Chose qu'elle n'a pas vraiment anticipé Sofia. Mais elle le suit et elle joue même le jeu du 'qu'est-ce que tu deviens depuis le jour ou la fin de notre histoire a été officialisée ?' Un  peu hésitante sur ce qu'elle peut dire ou non, elle lui parle, de choses et d'autres. Rien de sérieux, elle l'a été assez pour la soirée voir même pour plusieurs jours. « T’es toujours aussi nulle à la guitare ? Tu fais vraiment aucun effort… C‘est pas comme si j’avais déjà passé plusieurs heures à essayer de te faire évoluer. » Elle lève les épaules et sourit. Les souvenirs de ces moments, ces heures passées à essayer d'apprendre à faire bouger ses doigts sur les cordes en compagnie de Will sont toujours présents. Peut-être même qu'à l'époque elle avait fait en sorte de ne pas réussir pour qu'il lui montre encore et encore, pour qu'il soit proche d'elle. Mais tout ça ce n'est plus à l'ordre du jour. Elle ne l'aime plus, elle n'ait plus sa femme, mais elle n'a pas tout oublié pour autant. « Faut croire que tu dois pas être un très bon prof. » Ironique quand on pense au lieu qu'ils viennent de quitter, le bureau du professeur Dunham, heureusement pour ses élèves en dino c'est de loin le meilleur, aussi le seul qu'elle connaisse ceci dit.  « Mais c'est pas de ma faute. Mes doigts sont trop petits, ou la guitare trop grande j'en sais rien, j'ai vraiment essayé, j'en ai acheté une pour m’entraîner mais on est pas compatible elle et moi, je l'aime pas et elle me le rends bien. » La guitare de Will ne l'aimait pas non plus, pourtant Sofia l'aimait beaucoup cette guitare, et elle aimait beaucoup entendre son propriétaire jouer pour elle. Encore un souvenir d'une autre vie. « J’ai pas retouché à un piano depuis… » Une vie qu'il rappelle en évoquant le piano. Le divorce qu'il tait, qu'il ne prononce pas mais qui pourtant est là dans l'air. Ils ont partagé huit ans de leur vie ensemble, huit ans et des souvenirs ils en ont beaucoup forcément, reste à savoir comment elle va les gérer. Comment ils vont aborder ces retrouvailles, ces discussions, ces moments passés ensembles qui font obligatoirement ressurgir certains souvenirs. Elle ne réagit pas plus, peut-être pour éviter de faire remonter d'autres souvenirs, ce n'est sans doute pas le moment pour elle de repenser à un passé ou elle a été heureuse. Parce que oui, avec Will elle l'a été, sincèrement heureuse et amoureuse. Mais tout ça n'existe plus, elle n'a plus d'alliance, et lui non plus. Une bague des plus simple pour elle, comme pour combler le vide laissé par le retrait de son alliance, l'anneau, le fameux, pour lui qui occupe la place qui était celle de l'alliance. Une alliance qu'elle lui avait passé au doigt quelques années plus tôt qui n'est plus là. Comme tout le reste, ce n'est plus là entre eux. Mais elle ne se laisse pas distraire par les souvenirs, elle sourit, elle se détache du souvenir de l'alliance, elle repense à ses nombreuses soirées devant le seigneur des anneaux et elle aussi elle pratique l'humour de geek, celui que Will connaît bien.  « T’es folle ! » Il fait sursauter Sofia et Sparky. Elle rit une fois la surprise passée. « C’est mon précieux, ça se prête pas ce genre de merveille. » Ce qui est à toi est à moi. Elle lui aurait rétorqué ce genre de propos quelques années plus tôt en se trémoussant pour le faire plier, mais ce n'est plus d'actualité. Plus du tout. « Tu sais qu'il est très convoité, maintenant que je sais que tu l'as trouvé, je pourrais chercher à m'en emparer moi aussi. Surveilles tes arrières. » Elle lui fait un clin d’œil, elle n'est pas sérieuse, qu'est-ce qu'elle ferait de ce bijou elle ? Elle voudrait son pouvoir, mais elle sait qu'il n'en a aucun, pas plus que la cape d'invisibilité dont ils parlent. Et sa cape d'invisibilité elle va l'avoir, enfin pas directement mais l'appartement de Will lui servira de cachette le temps que tout se calme. Le temps qu'elle sache aussi comment gérer cette histoire. « Et toi Will, à part ta quête de l'anneau, qu'est-ce qui s'est passé de beau dans ta vie ? » Comment tu vas ? Est-ce que tu es heureux ? Est-ce que tu es toujours célibataire ? Est-ce que ta console est toujours aussi importante dans ta vie ? Est-ce que tu penses à moi de temps en temps ? Euh non pas la dernière question. Je n'ai pas à savoir ça. Ni même à savoir si tu as trouvé une femme qui t'acceptes comme tu es et qui ne te saoule pas avec ses désirs d'adultes. Elle a tout pleins de questions, mais elle se contente de celle là. Lui laissant la possibilité ou non de lui parler, il en a déjà fait beaucoup pour elle.

« C’est super important la confiance en soi. » Elle n'en a jamais vraiment manqué Sofia, parfois elle s'est sentie mal-à-l'aise devant le charisme de certaines personnes ou devant leur expérience ou la force qu'elles dégageaient, mais elle n'a jamais vraiment douté d'elle. Ou même douté du monde autour d'elle. Optimiste de nature. Passionnée par la vie, par ce qu'elle a de beau à offrir, oubliant parfois que tout n'est pas si rose, si magnifique, si joyeux que ce qu'elle voudrait croire. Et elle en a eu un aperçu aujourd'hui même. L'amour qui se transforme en violence. La vie en rose qui laisse des bleus sur ses bras. Et le doute qui s'installe en elle, la peur aussi. Elle a confiance en elle, mais peut-être pas aujourd'hui. Et pourtant avec Will, elle arrive à sourire. Elle arrive à rire, elle arrive même à retrouver son sens de l'humour, tout en se replongeant dans les souvenirs de leur ancienne vie, de leur vie commune qui n'existe plus depuis longtemps pourtant. Elle le taquine sur ses compétences de profs, et elle se dédouane d'être toujours aussi nulle en guitare. Elle est déterminée dans la vie Sofia, déterminée et ambitieuse dans sa vie professionnelle, mais elle est aussi très impatiente et quand elle n'y arrive pas, elle a tendance à ne pas se battre très longtemps, surtout quand les choses n'en valent pas la peine et elle n'a jamais réellement prit la guitare au sérieux. Un passe-temps, une lubie comme elle en a connu d'autres, mais elle aurait pu depuis longtemps abandonné l'idée d'apprendre à jouer de cet instrument. Elle a essayé le violon, échec. Elle a essayé la batterie, elle a adoré mais c'était un carnage pour les autres. Elle a même essayé le triangle mais ça elle a vite laissé tomber. Mais pas la guitare, de là à y voir un signe avec son passé et Will ? Non sûrement une simple coïncidence. Oui oui c'est une coïncidence si le seul instrument que tu t'entêtes à vouloir apprendre à jouer à tout prix c'est aussi celui que tu as tant aimé entendre durant tes années de mariage. Elle n'y cherche pas plus de sens finalement, elle se laisse porter par la conversation qu'elle a avec Will, avec son ex-mari et elle réalise que finalement, il a fallu qu'ils divorcent pour se reparler, chose qu'elle avait l'impression qu'ils ne faisaient même plus durant leur mariage.  « Alors pour ma défense si, je suis un super prof. T’aurais pu demander à mes élèves à la sortie de l’amphi, je suis un prof cool. » Elle n'en doute pas de ça, elle l'a assez vu, assez eu à entendre le blond parler de ses dinosaures pour savoir qu'il doit être passionnant à écouter en tant que prof. Qu'il doit être cool aussi avec son sens de l'humour bien à lui et ses références que parfois il est le seul à comprendre. « J'imagine qu'ils doivent t'apprécier, tu es passionnant quand tu parles de dinosaures, tu as les yeux qui pétillent, c'est presque mign ... euh marrant, enfin pour ceux qui aiment les dinos quoi, et toi tu as enfin des gens avec qui en parler sans endormir ton auditoire. » Elle rit doucement, et elle se moque, elle en rajoute, comme elle le faisait au début de leur histoire quand elle a découvert cette passion pas si commune de Will, quand elle a du écouter ses premières histoires de dinosaures. Pour elle, un dinosaure c'était un dinosaure point. Et elle avait vite apprit que si elle voulait avoir une chance avec Will, elle allait devoir comprendre, et vite, que la vie des dinosaures ne se résume pas au fameux dessin animé 'Denver le dernier dinosaure' et pourtant finalement la chanson semblait aller parfaitement à Will. Les dinosaures c'étaient ses amis et bien plus encore, tellement plus qu'il en a fait son métier, tellement plus qu'elle s'est sentie délaissée au profil de cette espèce pourtant déjà éteinte depuis bien longtemps. C'est presque triste comme constatation, mais elle a fait le deuil de leur histoire, de leur rupture, de leur divorce aussi, même si les souvenirs reviennent un peu alors qu'elle parle avec son ex. Comme ce souvenir de Will jouant du piano, de son piano à elle qu'elle avait tout naturellement fait installer dans leur appartement. Sa façon avec laquelle il tambourinait sur les touches avec la délicatesse d'un Argentinosaurus, et elle qui se moquait de lui et des fausses notes qu'il enchainait massacrant les chansons qu'elle essayait de lui apprendre. C'était son truc à elle le piano, lui c'était la guitare, et finalement ça non plus ça ne semble pas avoir changé.

Quatre ans se sont passés, loin l'un de l'autre, l'un sans l'autre et leur vie ne semble pas si différente. Est-il plus heureux désormais ? Sans doute, il a l'air de l'être en tout cas. Fier de son anneau qu'il défends fermement. Elle sait ce que le film représente pour Will, mais elle est loin de savoir ce que l'anneau signifie en revanche, loin de se douter que si Will le porte à ce doigt ce n'est pas anodin, et que si l'anneau a prit la place de son ancienne alliance, il a aussi désormais une nouvelle femme et pas n'importe laquelle. Une femme que Sofia n'a jamais pu supporter. Mais ça la kiné ne le sait pas, et c'est peut-être mieux ainsi finalement. Elle ne sait finalement pas grand chose de la vie de Will, de ce qu'il a vécu ces quatre dernières années, de ce qu'il a fait depuis qu'ils ont quitté leur appartement et prit des routes différentes. Et si les questions sont nombreuses, elle sait que la plupart des questions ne la concerne pas -plus- mais ils vont de nouveau cohabiter pour quelques jours et c'est aussi le moment de découvrir ce que Will a fait de sa liberté retrouvée. « Oooh pas grand-chose. » Pas de ça avec moi Will, pas toi, tu as toujours des trucs à dire, à raconter même quand ça n'intéresse personne. « Avec Birdie on revient tout juste d’un petit road trip. On a été à Las Vegas, on a fait un petit stop vers la zone 51 et puis on a été en Birmanie. » Voilà l'exemple parfait des trucs qui n'intéresse personne, ou du moins qui ne m'intéresse pas du tout MOI. Birdie. Toi. Ensembles. Étonnant ! Pas du tout. Énervant ! Énormément. Elle n'a plus son mot à dire sur les fréquentations de Will, elle n'a même jamais eu son mot à dire sur Birdie finalement, bien qu'elle n'ait jamais apprécié la meilleure amie de son ex. Peut-être que c'est finalement l'une des meilleures choses avec le divorce, elle n'a plus jamais eu à revoir l'autre blonde. Elle lui a laissé son Will, elle lui a redonné ce mec qu'elle ne veut que pour elle mais avec qui elle prétends ne jamais vouloir coucher. Birdie et rien que ce prénom suffit à énerver Sofia. Mais elle ne dit rien. Elle écoute toujours Will, parce qu'il redevient lui. Il parle, il s'enthousiasme pour des choses dont il est sans doute le seul à faire, mais elle le retrouve, une partie d'elle a l'impression de retrouver celui qu'elle a aimé, il y a longtemps. « En Birmanie y a mur de calcaire de plus d’un kilomètre de long sur lequel on a retrouvé 5055 empreintes de huit espèces différentes de dinosaures. C’était beaucoup trop bien. Et puis je voulais essayer d’adopter un alien, c’est pour ça qu’on s’est arrêté vers la zone 51, mais ces petits cons se cachent super bien. » J'aime pas l'emploi du 'on' William, surtout pas quand je sais qu'il regroupe Birdie et toi. Jalouse Sofia ? Oui et elle n'en a plus le droit mais elle l'a toujours été de Birdie et elle le sera peut-être toujours. Il peut être avec qui il veut, la terre entière s'il le veut, plusieurs en même temps s'il le désire, bien qu'il n'avait pas de temps à consacrer à une, mais pas avec elle. Parce que c'est presque comme donner du sens à leur dispute, à la jalousie de Sofia, mais des années plus tard. Elle efface le fait que Birdie était visiblement présente avec Will et elle se concentre sur le reste. « Dis moi que tu as essayé de les compter toi même les 5055 empreintes ? » Imaginer Will tenter de compter les empreintes a quelques choses d'amusant, tout comme l'idée de le voir tout excité devant ce mur de calcaire à jouer à un jeu qu'il est le seul à pouvoir jouer, 'devines à qui appartient cette empreinte', la plupart des gens ne sont même pas capables de citer le long des dinosaures alors de là à savoir à quoi leurs empreintes ressembles, il n'y a définitivement que Will qui puisse aimer ça. « Adopter un alien ! Mais qu'est-ce que tu voulais faire d'un alien ? Tu voulais faire un remake d'E.T ? Tu sais qu'aux yeux des gens tu es presque déjà un alien toi même. » Elle dit ça en riant, vraiment amusée par l'idée de voir Will s'occuper d'un mini alien. Et puis elle est prise d'une pensée qui la dérange et qu'elle ne peut pas partager avec lui. Tu n'aurais pas de temps à lui consacrer Will, on le sait tout les deux, tu aimes trop ta liberté et ton indépendance. « J'ai jamais mis les pieds à Vegas, c'est vraiment comme dans les films ? La fête, les machines à sous, la décadence, l'excès ? On dit que c'est la ville du péché alors as tu succombé toi aussi ? » Elle est une grande adepte des voyages, et des films, et quand on parle de destination comme Vegas, forcément qu'elle s'enthousiasme un peu, ravie de pouvoir en apprendre plus sur des lieux qui pourraient servir de destination pour son prochain voyage.

C'est presque fou pour elle d'être avec lui, presque dingue de voir la facilité avec laquelle elle a à discuter avec son ex-mari. Il n'est pas n'importe qui Will, bien au contraire. Il n'est pas n'importe quel ex, pas n'importe quel homme même. Il fut son premier. Il fut aussi celui qu'elle avait vu comme étant son grand amour, elle avait sans doute vu ce qu'elle voulait voir, et omit le reste mais c'était Will. Elle a porté son nom, elle a porté une alliance signe de leur amour, elle a avancé vers lui dans une belle robe blanche, devant leurs proches, elle s'est unie à lui comme elle ne l'a jamais fait avec personne. Il n'avait rien du prince charmant, mais c'était le sien et c'était tout ce qui comptait. Sauf que désormais les sentiments ont disparu, le mariage est depuis longtemps terminé, mais il reste un lien entre eux qui semble indéfinissable à l'heure actuelle mais qui rassure la kiné. Elle se détends, elle oublie pendant un temps les raisons qui l'ont poussé à se retrouver face à Will. Elle s'autorise à se montrer telle qu'elle est, et c'est pas son meilleur jour. Pas aujourd'hui mais pourtant elle lui sourit. Elle s'amuse de ses remarques, et elle le suit hors de son bureau, elle le suit jusqu'à son domicile, là ou il lui a proposé de l'héberger, là ou elle compte se cacher un peu.

Les retrouvailles sont faites, mais il y a encore beaucoup à découvrir l'un sur l'autre. Les années se sont écoulées, ils ont grandi, du moins elle, elle a grandi. Lui, visiblement comme il l'a dit, il n'a pas changé. Et tant mieux finalement, parce que Will, c'est ainsi que les gens l'aiment, elle aussi elle l'a aimé comme ça, avant de s'exaspérer devant son comportement. Mais elle n'attends plus rien de lui, elle n'a pas besoin qu'il mûrisse, qu'il grandisse et qu'il partage ses rêves, elle a juste besoin d'un ami ce soir et Will est sacrément bon dans ce rôle, parce qu'il est drôle, parce qu'il sait faire rire les gens, parce qu'il l'a fait rire. Et elle s'intéresse à lui. Elle découvre ce qu'il est devenu, elle se rends compte par elle même qu'il n'a pas beaucoup changé Will, chose qu'il lui avait déjà dit. Mais elle le constate, alors qu'il parle toujours autant de dinosaures et de Birdie. Voilà deux des sujets favoris de son ancien-mari, ça et les jeux vidéos, voilà le trio gagnant dans la vie de Will. Un trio trop prenant, et elle dans tout ça, elle devait se contenter des miettes, chose qu'elle ne voulait plus. Mais tout ça, c'est le passé. Un passé bien présent dans son esprit aujourd'hui, mais c'est normal, c'est la première fois qu'elle se retrouve face au regard si électrisant de Will. Elle n'est plus sa femme et surtout, il n'est plus son mari donc il peut faire ce qu'il veut, avec qui il le veut et quand il le veut. Et pourtant, elle ressent comme un sentiment de malaise, ou de jalousie, soyons clair avec les mots, quand il parle de Birdie. Birdie et encore Birdie. Et toujours Birdie. Mais elle fait abstraction de la blonde, elle ne pense qu'aux vacances dont lui parle Will, à son séjour sur les traces des dinosaures. Elle l'imagine totalement surexcité comme un goss devant un sapin de noël, voir peut-être encore plus excité que ça. Elle l'imagine raconter la vie de chacun des dinosaures dont les traces sont visibles sur ce grand mur, elle l'imagine aisément parce qu'il était comme ça aussi avec elle. Et elle a aimé l'entendre lui parler de ses passions avec autant d'enthousiasme, au début du moins. Elle rit quand il se compare à un Hobbit, toujours un mot pour rire, toujours une référence pour accompagner ses propos, mais la discussion est légère et c'est ce dont elle a besoin à ce moment précis. De la discussion légère, pas de Will précisément, que les choses soient claires. Quoique ? Peut-être que c'est de lui finalement dont elle a besoin ? Te perds pas dans tes pensées Sofia. C'est Will face à toi. Et c'est Will qui parle d'adopter un alien, c'est Will qui plaisante encore. Et Sofia repense à cette série totalement WTF. Et elle a cette image en tête. Oh mon dieu. Elle lâche un vrai rire à l'idée de voir Roger et Will cohabiter ensemble, personne ne pourrait survivre à une telle association non ? « L'état que serait votre appartement, ça me fait presque peur. Et puis, tu aurais du partager tes chips et tes bières, pas sûre que tu aurais aimé ça bien longtemps. » Will aime sa vie, et s'il y a une chose qu'elle a apprise, c'est que Will aime son indépendance, vivre sa vie comme il l'entends, sans responsabilité, sans obligation. Elle aurait aimé qu'il en soit autrement, mais c'est un fait, leur divorce en est la preuve. Mais maintenant, ils sont tout les deux célibataires, indépendants. Et visiblement Will en profite bien. Las Vegas ! « En vrai ? C’est exactement comme dans les films. » La curiosité de Sofia est attisée, elle aura des milliers de questions à lui poser, elle la fan de voyage et de films. Mais elle l'écoute parler alors qu'elle entre dans l’ascenseur au côté de Will. Un endroit clôt, une proximité entre eux, elle ne pense pas aux souvenirs qu'elle peut avoir à ce moment précis. Elle écoute Will parler de son voyage.  « La tentation de céder à tout ce qu’il y a autour de toi, franchement, faut avoir beaucoup de volonté pour résister. Mais je t’avoue que j’ai pas eu beaucoup de chance et j’ai perdu un peu d’argent là-bas mais c’était super. Et oui j’ai cédé à pas mal de tentation. » De nouveau, le regard que lui lance Sofia ne fait aucun doute, elle est amusée et surtout elle aura pleins de questions à poser à Will, et bien sur elle voudra voir des photos, en espérant quand même qu'il en existe quelques unes sans Birdie qui gâche le premier plan. « J'espère que tu as pleins de photos, tu sais que j'aime les souvenirs de voyages ! » Elle entre avec lui dans son appartement, c'est étrange pour elle. « Bienvenue dans mon nouveau chez moi. » Elle regarde le chien de Will, ça aussi c'est nouveau. Elle se sent mal-à-l'aise, un peu gênée d'entrer ici dans son espace de vie, mais elle est résignée à l'idée d'avoir besoin d'aide cette fois. Elle a besoin de Will, pourquoi lui, elle n'en sait rien et elle aura bien le temps de se questionner sur les raisons qui l'ont poussé à se retrouver dans le bureau de son ex-mari, elle pourra le faire quant elle aura retrouvé sa sérénité. « Dépose tes affaires je vais te faire visiter un peu. » Elle tient Sparky alors que son chien et celui de Will se regardent et font connaissance l'un avec l'autre. Elle regarde son chien et après quelques minutes, elle le lâche, il semble vite s'adapter à son nouvel espace, et la kiné espère simplement qu'il en sera de même pour elle. « Merci Will, merci beaucoup. » Elle a reprit un peu de sérieux alors qu'elle le remercie parce qu'elle sait qu'il n'avait pas à le faire, que rien ne l'y obligeait, mais elle le remercie sincèrement. « Je vais me faire petite, et pas rester longtemps, je te promets. » Ses promesses, il sait bien qu'elles n'ont pas toujours beaucoup de valeurs malheureusement, mais cette fois, elle compte bien les tenir. Will l'aide, Will lui tends la main, lui offre une solution, et elle ne compte pas abuser de la gentillesse de l'Australien, même si finalement, le retrouver, ça lui a fait énormément de bien.