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 guess we'll have to see it through ; jean&grace

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Message(#) Sujet: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyDim 4 Avr 2021 - 12:08


Le bar vient d'ouvrir ses portes au public et d'allumer les lumières du devant pour appâter la clientèle et Grace, elle, remarque à peine la peinture fraîche de la façade contre laquelle elle s'appuie avant de sentir que sa veste en cuir y reste collée. Elle serre les dents, lâche un putain entre celles-ci et contemple la jolie tâche de blanc cassé qui contraste avec le noir tout neuf de sa veste : quelle putain de veine. Quelle putain de soirée.
Quelle putain de semaine, tout court.
Faute de moyen utile et sain pour s'énerver, la grande gamine qu'elle est flanque le plus inutile des coups de pied dans un mégot déjà échoué par terre et écrasé maintes fois : ça ne change rien, mais au moins ça l'apaise un peu. Chose dont le joint collé entre ses lèvres aurait dû se charger mais apparemment, cette semaine, la Terre avait décidé d'être contre Grace.
Bon. Elle l'avait mérité, qu'elle songe en soupirant une volute de fumée.
C'était le genre de trucs où on recevait forcément un je t'avais bien dit, le genre de mois auquel elle repenserait dans quelques années et se dirait que, franchement, elle avait été particulièrement conne, sur ce coup. Elle le sait, quelque part, Grace. Sauf que ce soir, elle n'a pas envie de l'entendre. Elle a envie d'être indignée et de se conforter dans sa colère, ou d'oublier, ou peut-être les deux. Elle a envie d'un bisou sur le front, ou d'une étreinte chaude et maternelle – du genre qu'elle ne pouvait pas demander à sa propre mère parce que celle-ci lui dirait qu'il faut arrêter d'être triste, et que c'est parce qu'elle passe trop de temps sur son téléphone qu'elle est comme ça.
Jean, elle, ne lui dirait pas ce genre de trucs. Elle la laisserait vider son sac, ragerait contre son ex avec elle, boirait pour oublier en sa compagnie. Et les possibles remontrances qu'elle pouvait lui faire quant à ses pérégrinations avec Louisa, elle se les faisait déjà.
Alors quand Jean arrive, elle lui saute dessus sans retenue, la prend dans ses bras et la serre contre elle en oubliant jusqu'à la tache de peinture fraîche qui lui barre le dos. “Thank God you made it. I missed you so much I could just cry.” Sept mois, qu'elle songe. Plus d'une demi-année. Si longtemps qu'elle en aurait presque oublié son odeur et combien elle l'apaisait, alors comme pour compenser, elle se colle un peu plus à elle, un peu plus longtemps. Juste ce qu'il faut pour se recentrer, sentir ses nerfs redescendre, retrouver son imperturbable sourire : “I picked a fancy bar for once. Wanted to feel sexy and spend half of my savings on a dirty martini. That okay with you?” Elle lui offre un large sourire, gamine irrécupérable, prête à se ruiner pour plaire et lui tirer le plus mince des sourires. Parce que Grace a toujours été comme ça, après tout : prête à tout pour faire sourire, pour tirer l'enthousiasme, l'affection, l'attention. Surtout avec Jean. “Next time I'll invite you over at my place. Well, when I have one. I'm still homeless”, qu'elle débite en rompant l'étreinte, tirant la porte et écrasant le mégot de joint dans le cendrier à disposition. Le bar s'offre à elles, moitié tables, moitié mur impressionnant où s'empilent les alcools et elles trouvent une table à l'extrémité de la salle, près d'une porte-fenêtre ouverte – assez pour fumer, pas suffisamment pour échapper au regard attentif des bartenders. “I'm really glad you came.” La Cachemirie réitère, visiblement pas remise de la présence de son amie – ses yeux se plissent, éclipsent ses iris dans un sourire éclatant. “How have you been? Hubby's not too mad I'm stealing you away for the evening, is he?

@jean atwood :l:
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyMer 7 Avr 2021 - 18:36


guess we’ll have to see it through (ft. @Grace Salman :l: )

Grace est une de ses plus vieilles amies, sa meilleure amie probablement, même si Jean n’aime pas vraiment hiérarchiser ses relations amicales. Être ami avec Jean c’est se retrouver très vite en haut de sa liste de priorité, elle s’investit très vite et très intensément avec ceux qui sont chers à son cœur, que ce soit depuis quelques semaines ou des années. Mais il faut l’avouer, son amitié avec Grace est particulière. Fut un temps où elle ne pouvait simplement pas se passer d’elle, c’était d’ailleurs le bon temps quand elles vivaient ensemble, elles se voyaient tous les jours, avaient leurs rituels et elles avaient beau être de vrais désastres à cette époque avec leurs chagrins d’amour respectifs, ça avait été un beau moment de leurs vies respectives pourtant. Mais Jean est retournée avec Matthias, et Grace est partie traverser le globe pour prendre des photos saisissantes de soulèvements de peuples opprimés, de moments importants, des horreurs de la guerre aussi et d’évènements politiques qui définiront la face du monde dans l’avenir. Elle a beaucoup manqué à Jean pendant ces sept mois d’absence mais il faut le dire, la journaliste est également un petit peu envieuse de sa prise d’envol. Elle aurait voulu partir avec elle, être sur le terrain à couvrir l’actualité géopolitique brûlante, partir à l’aventure et changer le monde main dans la main avec son amie. Mais au lieu de cela, elle est restée là faute de moyens, faute de média lui faisant confiance, aussi pour sauver son mariage et ça n’est pas franchement une réussite. Elle se retrouve à la traîne dans tous les domaines et si elle est surexcitée à l’idée de retrouver Grace, elle n’a pas hâte de devoir raconter dans combien d’impasses professionnelles et personnelles elle se trouve.

Grace a choisi un bar huppé avec un rooftop impressionnant offrant une vue imprenable sur le quartier illuminé de Spring Hill et au-delà encore, sur toute la ville. Jean y est déjà venue quelques fois, notamment avec Matthias quand elle l’accompagnait à des soirées mondaines pour ses films. Elle a donc opté pour une petite robe automnale noire aux manches longues et élégante. Le temps commence à se rafraîchir quelque peu à Brisbane alors que la grisaille de l’automne s’invite en ce début du mois d’avril. Quand elle arrive devant le bar, elle voit Grace bondir de l’ombre et la prendre dans ses bras aussitôt. Jean ne se fait pas prier et se blottit contre elle, enroulant ses bras dans son dos, sans réaliser tout de suite que les manches de sa veste s’imprègnent aussitôt de la peinture blanche présente dans son dos. “Thank God you made it. I missed you so much I could just cry.« Don’t lie to me, you were so busy being an adventurous photographer, I’m sure you didn’t eve have anytime to think about me… but me, I really did miss you. A lot... » Elle reste accrochée à elle comme une moule à son rocher, la sentir dans ses bras après tout ce temps ça lui fait bien plus de bien qu’elle ne l’aurait cru. Elle a du mal à lâcher prise mais Grace n’a pas l’air pressée non plus, elle la sent se blottir encore un peu plus dans leur étreinte. Jean sent qu’elle aurait pu laisser échapper une larme d’émotion si elle n’avait pas condamné ses voies lacrymales depuis bien longtemps. “I picked a fancy bar for once. Wanted to feel sexy and spend half of my savings on a dirty martini. That okay with you?” Même si Jean ne roule pas sur l’or, elle a la chance de partager les frais avec son mari qui gagne sa vie bien mieux qu’elle, alors même si ses articles ne se vendent pas et que son salaire de mi-temps en tant que serveuse n’est pas mirobolant, elle n’est pas en position de se plaindre. De plus que si c’est ce bar qui donne envie à son amie, elle aurait bien été capable de faire un micro-prêt à la banque pour couvrir les frais de leurs boissons ce soir, elle veut que leurs retrouvailles soient parfaites. Elle veut voir son amie heureuse tout simplement. « Whatever you want for your welcome-back party, Gracie ! Let’s get broke and drunk ! I should say, let’s get brunk ! » s’esclaffe-t-elle fière du mot qu’elle vient d’inventer, il aurait pu leur servir à toutes les deux il y a bien longtemps, à l’époque pas si lointaine où elles sortaient beaucoup trop pour leurs moyens. Elles sont toujours enlacées sur le trottoir, comme incapable de se décoller, elles semblent avoir peur toutes deux de lâcher prise et que l’autre leur échappe à nouveau pendant bien trop longtemps. “Next time I'll invite you over at my place. Well, when I have one. I'm still homeless”  Finalement, elles se séparent d’un commun accord à cet instant, tant parce que Grace imprime le mouvement que parce que Jean veut voir le visage de son amie après qu’elle vient d’avouer ne pas avoir de logement. « Wait what ? Where are you staying then ? We do have a spare bedroom you know... » propose-t-elle avec un regard inquiet, son amie n’a pas l’air d’avoir dormi à la rue depuis son arrivée, mais elle se méfie des apparences avec Grace.
Grace écrase sa mauvaise habitude dans le cendrier et elles entrent dans la salle principale du bar, Jean salue les bartenders et suit Grace jusqu’à la table qu’elle a choisie, près de la fenêtre évidemment, pour pouvoir fumer à sa guise. “I'm really glad you came.« And I’m really glad you’re back ! » lui répond Jean avec le même sourire en saisissant sa main sur la table et la serrant dans la sienne pendant quelques secondes. “How have you been? Hubby's not too mad I'm stealing you away for the evening, is he?” Voilà la question qu’elle redoutait et elle s’apprêtait à poser la même, à laquelle Grace aura probablement bien plus de choses intéressantes à répondre. Elle récupère sa main pour joindre les deux sous son menton et prendre un air pensif : « I’ve been fine… And Matt is not mad, he told me to say hi and to invite you home for dinner some day. » Il est chou Matthias, attentionné et adorable, ça devrait être un bonheur d’être sa femme. Ça devrait oui, mais pourtant… « Maybe, I will, but neither of us can cook and I don’t know… I think what I really want right now is spending time just between us two... » Après tous ces mois séparés, elles ont tellement de choses à se dire et à se raconter qu’il leur faudra plus d’une soirée pour épuiser tous les sujets de discussion qu’elles doivent aborder. Elles sont du genre à pouvoir parler pendant des heures sans s’arrêter et quand elles sont comme ça, personne ne trouve sa place dans leur discussion, pas même le mari de Jean. « I’ve been busy trying to become the journalist I want to be… It’s not that promising… And I’m still a part-time waitress, trying not to be an freeloader wife for Matt... » Elle gagne à peine de quoi participer aux dépenses du ménage et financer ses quelques déplacements professionnels et des sorties occasionnelles comme celle de ce soir. Heureusement, Matthias paye un peu plus souvent les courses, elle sait très bien qu’il règle certaines factures en cachette également, Jean n’aime pas vraiment ça mais c’est ce qui lui permet de pouvoir se payer un cocktail hors de prix avec son amie ce soir, alors parfois elle fait comme si elle n’avait pas remarqué. « But my life is just super boring. What about you ? Tell me everything ! You must have seen and photographed so many interesting things… I wish I could have come with you... » lâche-t-elle avec du regret dans la voix mais un regard de fierté envers son amie.
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyVen 9 Avr 2021 - 22:47


When do I not think about you?” Grace demande, rhétorique, charmeuse, toujours. Revoir Jean la soulage plus qu'elle ne l'aurait pensé – et comment a-t-elle pu penser autrement ? La jeune femme est la seule qui ne lui reproche pas son départ soudain, ni ne lui demande d'explications pour celui-ci : elle est contente de la retrouver, tout simplement et, pour ce soir, Grace s'en trouve soulagée. Elle se sent libérée de ne pas marcher sur des œufs, de pouvoir librement ignorer le prix conséquent des cocktails, et elle retrouve son éternel motto : on verra plus tard. “Brunk. I like that. Let's get brunk.” Et comme toujours, elle ne démord pas de son enthousiasme, tout autant qu'elle serre Jean contre elle jusqu'à l'étouffer. Même la relâcher, ça semble impossiblement dur. “Nah, I'm fine. I'm staying at Jordan's for a while, just so I can get back on my feet.” Elle n'aime pas dépendre, Grace ; or vivre chez Jordan quelques semaines lui paraît largement préférable à demander de l'aide à ses parents, voire à retourner à Gold Coast chez sa mère. Ce serait un flagrant je te l'avais dit dans la gueule de cette dernière, qui ne rêvait que de voir sa fille poursuivre des études de droit...
Et Jean, face à elle, aurait probablement été vue comme une femme ayant décroché le gros lot – mari brillant, mariage sur les rails, situation stable et la possibilité de vivre de ses rêves. Pourtant Grace le sait : elle n'en vit pas, très loin de ça même. Elle le lit dans ses yeux quand elles en parlent : “You should have. But we still can go back together, y'know? There's a lot going on in Kashmir, it's just... Australia doesn't really care, I reckon.” Et ça se comprend, qu'elle admet intérieurement, l'amertume au cœur. Le conflit est trop ancien, trop larvé pour qu'on s'en soucie encore dans une ère ou l'immédiateté et le sensationnalisme priment. La Corée du Nord pourrait exploser demain que ce serait de l'histoire ancienne dans trois mois. Le monde veut toujours bouger plus vite, dans une sempiternelle mécanique d'escalade – c'est peut-être pour ça, songe-t-elle, que Jean a du mal à trouver sa place dans une société qui se détourne du journalisme de fond au profit du choc et du surplus. “I stayed in Srinagar for a while, you know, for the sake of memories”, qu'elle raconte, en éternelle déférence pour sa ville natale quittée trop tôt pour qu'elle s'en souvienne, “and uh, I spent a lot of time in Pakistan, actually.” Le pays paternel, Peshawar quittée trop tôt et jamais retrouvée – Grace avait beau ne rien connaître de ses origines et de celles de ses parents, elle avait voulu s'y intéresser, maintenant plus que jamais. “Oh, and Afghanistan, too. I actually covered the ethnic discrimination that's going on, and I met the last Jewish dude to live there. Fun stuff.” Ses yeux brillent mais ses expressions en disent moins : tout passionnant que ce soit, ça ne paie pas le loyer. “Are they still hiring? At your place? Cause I could use the money.” Elle dit ça avec une légère grimace qui indique le taux d'inconfort proportionnellement à sa réticence à se présenter sous un tel jour : dans sa fierté et son ego surdimensionné sur certains aspects, Grace n'aime pas qu'on la perçoive comme une ratée, ou une nana dans le besoin parce qu'elle n'a pas atteint ses objectifs. Pourtant, c'est ce qu'elle est : autant l'admettre à une amie proche plutôt que de finir à la rue. L'idée ne s'arrête pas là, pourtant : “And...you know... We could spend a few months working there, save up a bit, and then go to...whichever country has a lot going on. We could find your breakthrough article.” Retour des yeux qui brillent, du grand sourire et des mots qui s'emballent. Tant pis pour les plans sur la comète ou la faible faisabilité de ceux-ci : l'idée de partir au bout du monde avec Jean pour bosser sur un sujet, n'importe lequel, la séduit suffisamment pour qu'elle passe outre les contraintes. “How great would it be? Just sailing away to another continent, build ourselves a career on the way. Honestly, that's all I want.” Et elle est parfaitement sérieuse, la Cachemirie, les yeux enfoncés dans ceux de sa vis-à-vis alors qu'elle récupère leurs commandes et trinque presque par automatisme, touillant la boisson avec une petite paille. “Oh, uh, I also just got back from Canada with you-know-who.” La paille s'immobilise. Ça sort d'un ton hésitant, et à raison : Jean seule sait combien elle en a bavé, pour tourner la page sur Louisa ; elle se rappellera aussi sans doute aucun la promesse solennelle de Grace de ne plus jamais aller la voir – mais tout ça, c'était avant que Louisa ne revienne s'excuser et lui propose d'aller au bout du monde avec elle. Et Grace est peut-être forte, mais elle n'est pas surhumaine non plus.

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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyLun 12 Avr 2021 - 0:18


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Dans leur étreinte, elles s’avouent à quelle point elles se sont manquées. Jean, son visage blotti contre la chevelure de jais de son amie, plaisante sur le fait que cette dernière n’ait pas eu le temps de penser à elle lors de son aventure à l’étranger. “When do I not think about you?” Un léger rire lui échappe, c’est bien une réplique de Grace ça et ça provoque un tel bonheur de la retrouver, elle et ses remarques de sale gosse charmeuse, au moins son voyage ne l’a pas changée. Pas de manière visible en tous cas, mais Jean se doute qu’elle a du vivre des émotions fortes, surtout qu’elle lui avait dit qu’elle allait retourner sur les traces de ses origines. Entre elles, ça a toujours été naturel, fluide, elles se comprennent, se font du bien l’une à l’autre sans même avoir besoin d’y penser. Jean ne pense pas une seconde à faire un quelconque reproche à son amie, elle est simplement heureuse de la retrouver et de s’apprêter à vider son compte en banque à coup de tournées de fancy cocktails. “Brunk. I like that. Let's get brunk.” Les deux amies débordent d’enthousiasme de se retrouver enfin, elles rient et se serrent de plus belle dans les bras, ignorant le risque d’asphyxie mutuelle. Jean s’inquiète quand elle lui dit ne pas avoir de logement et propose aussitôt la chambre d’amis chez elle et Matthias, sans même imaginer que sonn mari puisse être contre. “Nah, I'm fine. I'm staying at Jordan's for a while, just so I can get back on my feet.” Jean a souvent entendu parler de son meilleur ami mais elle ne l’a jamais rencontré, ils ne sont pas dans les mêmes cercles de relations de Grace et il faut croire que c’est le destin qui ne les a jamais fait se rencontrer, même quand Jean et Grace vivaient ensemble, c’était toujours la photographe qui allait le voir chez lui et non l’inverse. Mais elle n’en avait entendu que du bien alors elle plaisante à nouveau : « Okay, okay, you live in his celebrity palace, then. You’re the VIP-kind of homeless ! » Elle ne sait pas vraiment dans quel genre de maison vit Jordan, mais elle imagine qu’une star de la chanson doit vivre dans une villa gigantesque. Elle dit ça pour détendre l’atmosphère, maintenant que leur étreinte est terminée, elle sent bien que son amie n’est pas très à l’aise d’évoquer son actuelle dépendance à l’hospitalité d’autrui. Elle est fière, Grace, elle tient à son indépendance, tout comme Jean qui insiste pour garder son emploi de serveuse alors qu’elle pourrait accepter l’offre de son mari de le laisser gérer financièrement le temps que sa carrière décolle enfin.

Les deux jeunes femmes vont s’installer dans le bar et la journaliste détourne bien vite la discussion sur le voyage de Grace, la photographe a probablement bien plus de choses intéressantes que Jean à raconter avec sa petite vie bien rangée. Elle regrette de ne pas avoir tout envoyer valser pour sauter dans l’avion avec elle. “You should have. But we still can go back together, y'know? There's a lot going on in Kashmir, it's just... Australia doesn't really care, I reckon.” La première impulsion de Jean serait de lui répondre tout de suite : Let’s do it, let’s go right now! Elle en aurait été capable Jean, de partir sur un coup de tête, avec un sac à dos et sans argent, mais maintenant qu’elle est mariée, elle se sent enchaînée. Elle a une responsabilité envers Matthias et leur mariage et si elle était tout à fait honnête avec elle-même, elle s’avouerait qu’elle déteste ça, qu’elle regrette de s’être mariée si jeune avant d’avoir pu accomplir de réelles choses dans son métier, que c’est peut-être la pire erreur de sa vie. Et dire qu’ils parlent d’avoir des enfants alors même qu’ils sont incapables de recoller les fragments de leur relation… Elle secoue la tête tristement, tant pour chasser ces pensées que pour refuser l’offre de Grace : « If only I could... I would follow you all over the globe...» Puis elle rebondit sur son évocation du conflit au Cachemire, Grace est personnellement touchée par le drame qui s’y déroule puisqu’elle est originaire de là-bas : « Nobody cares, not even the UN, they won’t do anything until it’s dramatic and too late… » Les Cachemiris sont pris en tenaille entre trois pays dans une bataille de territoire qui dure depuis des décennies, la situation est grave et ne fait qu’empirer mais visiblement pas assez pour que la communauté internationale décide d’intervenir. C’est le genre de sujets qui sont réellement importants, un article pourrait changer l’opinion publique australienne, voir plus largement encore, cela pourrait avoir des effets. Et c’est tout ce qu’elle a toujours voulu, Jean, changer le monde avec sa plume en dévoilant tout simplement la vérité. “I stayed in Srinagar for a while, you know, for the sake of memories, and uh, I spent a lot of time in Pakistan, actually.« How is it there ? In Indian-occupied Kashmir, I mean… » Jean sait que l’Inde a révoqué toute l’autonomie dont disposait la région, a aboli le parlement, empêché les rébellions en coupant toutes les communications et notamment internet pendant une longue période, il semblerait que cette région déjà meurtrie se retrouve au temps des colonies. Mais il y a peu d’informations qui filtrent, et tant qu’il n’y a pas de gros évènements importants, la presse ne s’y intéresse pas vraiment. “Oh, and Afghanistan, too. I actually covered the ethnic discrimination that's going on, and I met the last Jewish dude to live there. Fun stuff.” Trop d’horreurs ont lieu partout dans le monde, Jean est toujours touchée un peu trop violemment par ces images, ces histoires, ces évènements tragiques car elle n’oublie jamais qu’il y a des êtres humains qui souffrent, des individualités détruites et martyrisées. Paradoxalement, c’est là-bas qu’elle rêve d’être, aux pires endroits de la planète, face aux pires tragédies et elle voit la même passion briller dans les yeux de Grace. Elles se comprennent. « You’ve been busy ! Please show me your photographs soon… Not tonight though, tonight we just celebrate our reunion ! »

La passion a beau leur servir de moteur, elle ne suffit pas à payer les factures, ni les cocktails hors de prix. “Are they still hiring? At your place? Cause I could use the money.” Elle se fait violence, la brune, en quémandant de l’aide. Elle doit vraiment être dans une situation délicate et Jean hausse les épaules : « I have no idea, maybe. I’ll ask my boss, he’s nice. » Ce qui n’est pas forcément une référence, Jean s’entend très facilement avec tout le monde, elle ne se concentre que sur le positif, les qualités des personnes qui l’entourent. Jusqu’à ce qu’elles aillent trop loin. Bien entendu. “And...you know... We could spend a few months working there, save up a bit, and then go to...whichever country has a lot going on. We could find your breakthrough article.” Le cœur de Jean se serre dans sa cage thoracique et elle ferme les yeux pendant une seconde, le temps de s’imaginer ce que ça pourrait être de partir avec Grace à l’autre bout du monde et de se battre pour faire entendre la voix des opprimés. Elle lâche un soupir de renoncement mais rouvre les yeux et s’efforce de sourire à son amie : « There’s nothing I’d like more… Maybe. Let’s get you a job first. » Elle élude un peu, reporte cette décision à plus tard, ce rêve inaccessible. Car il y a Matthias et qu’elle a déjà probablement tout ruiné avec Enoch, elle ne peut pas le faire souffrir, il ne mérite pas ça. “How great would it be? Just sailing away to another continent, build ourselves a career on the way. Honestly, that's all I want.« It would be perfect. Absolutely perfect. We’ll think about it, okay ? » Ce n’est pas comme si elles allaient prendre une décision aussi capitale à cet instant, dans un bar bien au dessus de leurs moyens. Un serveur leur porte leurs cocktails et Grace les récupère pendant que Jean se jette sur son porte-feuille et paye leurs boissons. « My treat. And don’t freak out, you’ll get a chance to go broke on the second round. » s’empresse-t-elle de dire à son amie en sachant qu’elle va protester. En vérité, elle voudrait les payer toutes, les tournées de ce soir, sa situation financière semble bien meilleure que celle de Grace et elle essaiera, tout en sachant que son amie ne la laissera pas faire.

Elles trinquent et Jean porte son Sydney Slinger à ses lèvres, elle boit une gorgée du breuvage qui est délicieux mais pas assez pour justifier son prix. “Oh, uh, I also just got back from Canada with you-know-who.” La journaliste manque de s’étouffer avec sa gorgée et toussote en scrutant le visage de Grace d’un regard perçant qui analyse la moindre de ses réactions dans l’espoir d’avoir mal compris. Mais non, Grace est hésitante et semble s’être imperceptiblement recroquevillée sur elle-même comme pour anticiper la colère de Jean. « Tell me you’re talking about Voldemort and not Louisa. » demande Jean sans aucun sourire ni dans la voix, ni sur le visage. Elle n’a pas envie de s’énerver contre son amie ce soir, elle n’a pas envie de se retrouver dans la même situation encore, à devoir lui prouver encore une fois par A+B que Louisa n’est pas la personne qu’il lui faut. Louisa a fait beaucoup de mal à Grace, Jean la connaît à peine mais elle a toujours détesté son attitude envers Grace et la journaliste a du ramasser son amie à la petite cuillère après leur séparation. « Why in hell did you go to Canada with her ? Are you back together ? » Sa voix n’est plus douce et bienveillante, elle ne se contrôle plus vraiment quand il s’agit de Grace et Louisa, elle est pleine de reproches et d’agacement. « She hurt you so bad, don’t you remember ?! » grogne-t-elle en buvant une grande gorgée de son cocktail. Elle a l’impression que son amie est tombée dans un piège mortel alors qu’elle s’est évertuée et tué la santé à lui hurler de ne pas prendre ce chemin, de ne pas poser son pied à cet endroit, qu’elle l’avait prévenu mille fois que le piège était là. Elle se sent personnellement attaquée, alors qu’elle ne devrait pas le vivre aussi intensément, même si elle veut le bonheur de Grace, après c’est sa vie à elle, ce sont ses choix… Mais elle ne peut pas se contenir, déjà à l’époque, elle détestait que Grace passe tant de temps avec Louisa et qu’elles aient beaucoup moins l’occasion de se voir. C’est probablement égoïste, mais maintenant qu’elle a retrouvé son amie, elle ne veut pas que cette mégère la lui vole encore une fois.  
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyMar 13 Avr 2021 - 17:59


I mean, just say the word and I'll take you wherever.” Sourire complice mais sourire sincère : c'est peut-être la récence de son retour qui la fait parler ainsi, peut-être que c'est le manque de voyage, ou le manque d'attaches sur Brisbane, mais elle en est presque certaine. Elle n'aurait aucun mal à repartir, là, dès demain, où que Jean veuille aller. Le Cachemire, ou l'autre bout du monde, ça lui importe peu. “I mean, Jammu and Kashmir is pretty fine, as far as Srinagar is concerned... The Internet is back, so are the tourists, the elections went pretty peacefully... The turmoil is pretty latent overall, you know? People go on about their daily lives, pretty much.” Elle pince les lèvres malgré tout : le semblant de normalité n'est que façade pour un peuple qui ne sait plus comment s'en sortir autrement qu'en la fermant. La révocation d'un dernier semblant d'indépendance n'a fait qu'aggraver ce sentiment de servitude et devoir obéir aux lois indiennes est tombé comme une épée de Damoclès – aussi prévisible que détestable, et incontournable malgré tout. Les entreprises indiennes, petites ou grandes, ont commencé lentement à coloniser le territoire face à la vindicte réprimée des locaux et l'économie se relance dans un silence contestataire. Personne n'aime son quotidien, pour autant chacun le subit. “It felt weird, you know. Going back there after so long. I expected, y'know, to feel some sort of belonging but it didn't...Happen. Elle termine sa phrase silencieuse avec un geste vague dans les airs, l'air résigné, l'air de dire : à quoi je m'attendais, franchement, parce qu'une gamine qui a laissé son pays natal à ses 4 ans n'a aucune connivence avec celui-ci près de 25 ans après, et c'est normal, non ? Pourtant, ce manque de proximité avec sa terre de naissance l'avait attristée, quelque part. Suffisamment pour qu'elle y repense, là, ce soir, et qu'elle embraye directement sur son envie de repartir, et de gagner suffisamment pour en avoir les moyens. “Meh, I mean, we'd probably find a job there and– fine, I'll shut up.” Elle se connaît, la brune, noyant son sourire dans une nouvelle gorgée d'alcool : elle est capable d'essayer de la convaincre et de tout plaquer d'emblée, une seconde fois. “How many rounds are we talking about here, Atwood? Cause I still have to eat and survive until May.” La serveuse ramasse les billets tendus et Grace remercie son amie d'un clin d'oeil. “Cheers. To us. And I'm definitely buying the next ones. All the next ones.

Sauf s'il n'y en a pas, songe-t-elle directement après avoir prononcé le surnom funeste de son ex, parce que Jean est déjà en train de bouilli
No, yeah, I know, it's just– she just...ghosted me a year ago, and then she came back, and I guess I was just looking for closure.” La phrase se veut définitive mais les inflexions tournent vers l'interrogation – l'a-t-elle trouvée, cette résolution propre et nette qu'elle cherchait désespérément ? La cherchait-elle, même, ou n'était-ce qu'une excuse fomentée pour excuser son besoin irrépressible de retourner la voir ? Et même si elle l'avait véritablement cherchée, cette fin tranchée, l'avait-elle trouvée en partant deux semaines au bout du monde avec Louisa pour rencontrer sa famille, elle qui avait si désespérément voulu être incluse dans la vie de la belle ? L'avait-elle trouvée en couchant avec elle à plusieurs reprises malgré les barrières qu'elle avait placées autour d'elle et de son cœur ? “She needed me, Jean. Or someone at least, and I was there and I was not gonna let her go through her shit on her own.” Ses lèvres retrouvent le verre, l'alcool apaise son besoin de se justifier. Quoi qu'elle dise et quoi qu'il se soit passé, Louisa maintenait et maintiendrait une place importante dans sa vie, suffisamment pour justifier d'aller au bout du monde pour l'aider à faire le deuil de son père. Elle n'en dit pas plus, pourtant : elle sait que Jean balaiera ses justifications comme ce qu'elles sont, des justifications, au mépris de la relation que Louisa et Grace avaient construite et s'échinaient à renforcer malgré tout. “But we're not back together. And it's not gonna happen.” Sa voix chancelle et pourtant elle sait que Jean a raison : elle lui a fait trop de mal, et qu'importe s'il y avait une raison, qu'importe si ça lui avait paru justifié sur le coup. Comment retrouver la confiance entière et pleine qu'elle lui avait accordé ? Comment s'empêcher d'être sur ses gardes à tout instant par peur de se faire larguer sans préavis une nouvelle fois ? Elle pince les lèvres, les trempe dans le dirty martini, comme pour y diluer le drôle de goût qui se propage dans sa bouche. “I'm dating, anyway. Meeting new people. Putting myself out there.” Elle n'ose pas non plus relever le nez, malgré tout – elle le sait elle-même, sa volonté d'enfin rencontrer de nouvelles personnes et s'ouvrir à la possibilité d'une nouvelle relation n'est qu'un début encore fragile. Elle a Louisa dans la peau ; c'est clair, c'est presque incontournable. “Okay, hey, enough about me. How's...everything? With Matt, I mean.” Renvoi de balle : ne suffit pas de parler de ses déboires amoureux à elle ; autant passer sur ceux de Jean et de son mari, qui n'étaient pas au beau fixe à son départ. L'ont-ils d'ailleurs un jour été ?

@Jean Atwood :l:
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyJeu 15 Avr 2021 - 14:44


guess we’ll have to see it through (ft. @Grace Salman :l: )

Jean ne rêve que de partir avec Grace sur un coup de tête et Grace semble prête à sauter le pas. Peut-être que ce sont des promesses en l’air, mais elles font chaud au cœur de la journaliste. Elles la tiraillent aussi entre son devoir de femme mariée, ses responsabilités vis à vis de sa famille aussi, Cian qu’elle ne veut pas abandonner dans une période si difficile, et puis ses rêves, ce qu’elle ferait si elle pensait qu’à elle et à ses propres aspirations. Jean l’interroge sur la situation dans sa région natale et écoute avec intérêt son récit du terrain, de la façon dont les Cachemiris s’adaptent encore et toujours à ce qui leur est imposé, aux nouvelles règles et à la main mise toujours plus forte de l’Inde sur cette portion du Cachemire. “...The turmoil is pretty latent overall, you know? People go on about their daily lives, pretty much.« Yeah… for now... » Jusqu’à une autre attaque contre leur indépendance, une nouvelle limitation de leurs libertés, ils ne sont pas maîtres de leur destin et peut-être que personne ne l’est vraiment mais leur situation est unique et dure depuis une éternité. “It felt weird, you know. Going back there after so long. I expected, y'know, to feel some sort of belonging but it didn't...” Jean est partie très jeune d’Irlande également, elle avait à peine deux ans, mais leurs situations ne sont pas comparables. Elle a été entourée toute sa vie de sa tribu d’Irlandais, parents, frère, oncle, cousins... Puis, elle est retournée régulièrement en Irlande pour les vacances, chez ses grands-parents. Elle se sent Irlandaise, pas autant qu’Australienne, mais cela fait partie de son identité tout de même. « I can’t imagine how weird it was. But it’s logical. You’ll go back, you’ll learn to get used to it, to tame it… I’m a pretty bad Irish, you know ? I hate Guiness and I’m not a sheep enthousiast either ! » finit-elle en riant, sortant tous les clichés de son pays natal pour redonner le sourire à son amie. Ce qui lui manque parfois, ce sont ces étendues verdoyantes et l’odeur de la terre mouillée par la pluie, ici en Australie tout n’est que poussière, sable et sécheresse.  Il paraît qu’il pleut plus à Brisbane qu’à Dublin, mais la pluie n’a pas la même saveur ici.

How many rounds are we talking about here, Atwood? Cause I still have to eat and survive until May.” Jean hausse les épaules avec un air malicieux : « Until we’re freaking brunk, remember ? » s’esclaffe-t-elle, elle est si heureuse de retrouver celle qu’elle considère comme sa meilleure amie depuis des années déjà. “Cheers. To us. And I'm definitely buying the next ones. All the next ones.” Jean lève son verre en direction de Grace et la regarde comme si elle était la septième merveille du monde : « To us. May we make it changing the world. Together, hopefully. » Elle lui laisse volontiers croire qu’elle va la laisser payer tous les verres qu’elles risquent commander ce soir, mais elle a plus d’un tour dans son sac pour détourner son attention au moment de l’addition. Puis elle largue la bombe, elle a été au Canada avec celle dont on ne doit pas prononcer le nom et Jean, abasourdie, cherche à se faire confirmer qu’il s’agit bien de Louisa. “No, yeah, I know, it's just– she just...ghosted me a year ago, and then she came back, and I guess I was just looking for closure.” Sa voix traduit son incertitude à ce sujet et Jean se pince l’arrête du nez en soupirant, elle la questionne aussitôt sur toute cette histoire. Pourquoi ? Alors qu’elle lui avait fait jurer de ne jamais retomber entre les griffes de la militaire. “She needed me, Jean. Or someone at least, and I was there and I was not gonna let her go through her shit on her own.« Yeah, she needed someone and you sacrificed yourself, is that it ? You forgot everything she got you through and decided to take a bullet for her, or a flight in this case. And she got you hooked again ? » C’est l’hôpital qui se fout de la charité, Jean qui reproche à Grace de faire passer le bien-être des autres avant le sien. C’est pratiquement un mode de vie pour Jean, et pourtant elle ne peut pas supporter que Grace suive cette voie, surtout si c’est pour rejoindre Louisa. Seigneur, comme elle peut la détester cette Louisa, la seule chose qu’il y a de sauvable chez elle, c’est son chien, l’adorable Byron. “But we're not back together. And it's not gonna happen.” C’est du blabla tout ça, Jean sent que la colère a quittée son amie, elle n’en veut plus à Louisa, elle lui a pardonné comme ça en un claquement de doigt et elle va retomber dans ses bras à tous les coups. « You better not, you’ll meet someone else. Someone who didn’t already broke your heart once. » dit-elle en saisissant ses mains qu’elle serre dans les siennes, son regard plongé dans les iris sombres et captivants de la photographe. Elle est on ne peut plus sérieuse et son air grave, à la limite de la sévérité, le traduit. Elle tient trop à son amie pour la voir souffrir. Mais dans son cœur, au fin fond de son inconscient, elle l’aime surtout beaucoup trop pour accepter de la partager avec quiconque. “I'm dating, anyway. Meeting new people. Putting myself out there.” Alors cette phrase la froisse en son for intérieur, juste un peu mais elle le sent, sans qu’elle ne comprenne pourquoi d’ailleurs, alors qu’elle vient de lui conseiller de rencontrer quelqu’un d’autre. « Yeah, just... don’t replace me, okay ? I wouldn’t survive ! » plaisante-t-elle avec un petit rire. Mais est-ce vraiment une plaisanterie ? Elle trempe ses lèvres dans son cocktail et boit une gorgée. “Okay, hey, enough about me. How's...everything? With Matt, I mean.” Elle a encore le verre aux lèvres quand Grace renvoie la balle dans son camps, abordant son mariage en perdition, Jean relève alors aussitôt le cocktail et en reprend une longue rasade pour se donner le courage de se plonger dans ce sujet. Parce qu’avec Grace, elle ne pourra pas esquiver et puis elle ne veut pas esquiver. Sans leurs discussions, Jean a été perdue pendant des mois, elle a besoin d’y voir plus clair dans ses sentiments et il n’y a personne de plus indiqué que Grace pour ce genre de discussion. Elle n’a aucun filtre avec elle, comme si elles étaient âmes sœurs, comme si elle était sa sœur jumelle, cette relation qu’elle n’a pas avec Holden, cette fusion, elle l’a trouvée avec Grace. Elle repose son verre sur la table en le faisant tournoyer lentement et pousse un profond soupir. « Terrible. Everything is awful… Nothing works, we’re constantly arguing. Each step forward is followed by three steps back… I don’t know what to do... » Elle ne montre à personne d’autre son désespoir comme elle le fait avec Grace en cet instant. Elle se plaint de Matthias et de son mariage en permanence, à son oncle, à Leslie, à Wendy et à tous ses autres amis, mais jamais elle ne leur laisse voir à quel point cela la détruit de n’arriver à rien avec lui. « He is utterly perfect, so why can’t I just be happy with him ? Why am I barely tolerating his presence ? I’m totally lost Grace and I fucked up big time… I... » Le réveil de la honte lui revient en mémoire, sous la tente, nue dans les bras d’un autre homme, dans les bras d’Enoch. « I cheated on him, oh my god, I’m the worst human ever… He doesn’t deserve that... » C’est à elle à présent de fuir le regard de Grace, elle sait pourtant qu’elle ne la jugera pas, qu’elle cherchera à comprendre avant tout. C’est la première fois qu’elle le dit à voix haute, Jean, et Grace est la première personne qu’elle met au courant. Rien que le fait d’avoir prononcé les mots, elle se sent un peu plus légère, elle est loin de se sentir bien mais c’est un premier pas.  
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyVen 16 Avr 2021 - 13:37


I didn't sacrifice m–... Look, okay, it was pretty dumb. But I'm fine, I swear. Not hooked on anything.” Pour une fois, qu'elle se retient de dire. Là-dessus, Jean la connaît mieux que personne : Grace apprécie de se donner l'image d'une femme indépendante, charmeuse, qui papillonne, mais elle est davantage du genre à se bourrer la gueule avant un premier rencard par peur de vomir de stress et à pleurer pendant trois ans si celui-ci ne se passe pas bien. Louisa, c'était son premier grand amour, pour preuve : elle n'a jamais vraiment réussi à s'en détacher ou à s'en remettre. Si on l'écoutait, la jeune femme avait tourné la page, et quelqu'un qui la ghostait ainsi ne méritait même pas son attention ; dans les faits, ça l'avait obnubilée jusqu'à ce qu'elle s'en sente amoindrie et rabaissée dans son estime d'elle-même. Et Dieu sait pourtant qu'elle en a beaucoup. Et que Jean est toujours là pour la lui remonter. “How could I ever replace you? No one could compete with you.” Retour du sourire malicieux, parce qu'elle le sent : le mauvais temps est passé, et si Jean lui en veut toujours d'avoir parcouru le Canada avec Louisa, elle parvient suffisamment à le retenir pour qu'elle ne s'en rende pas compte. Côté people-pleaser, peut-être, à moins que ça ne soit purement que son envie de rendre Jean heureuse, toujours un peu plus.
Et finalement, peut-être que parler de son mariage branlant n'est pas la meilleure façon pour se faire.
Matthias, Grace ne l'a jamais apprécié que par défaut : il était là, il était gentil, et c'était plus que ce qu'on pouvait attendre dans de nombreux cas, alors la Cachemirie ne s'autorisait pas à le sonder ni à le juger davantage – elle n'avait pas cette place dans la vie de Jean, après tout ; ou rien qui arrive à la cheville d'un Calloway quasiment présent depuis le berceau. Or, avec la tournure que prend la conversation, c'est de plus en plus difficile de se retenir et de s'écarter de tout jugement. « Terrible. Everything is awful… Nothing works, we’re constantly arguing. Each step forward is followed by three steps back… I don’t know what to do... » Quitte-le, qu'elle pense spontanément, et c'est mal, et dénué de toute nuance et Grace vaut mieux que ça. Alors elle pince les lèvres, se contente de hocher la tête et de reprendre une gorgée de sa boisson. Et dans tous les mondes, la brune se serait imaginée s'étouffer dans sa boisson à mesure que Jean continue de vider son sac, recracher son verre sur la table, ouvrir d'énormes yeux face à la révélation. Mais rien. Rien de plus qu'un très calme : “Okay. So you cheated”, une fois que l'aveu sort. Et elle hoche la tête, plusieurs fois, davantage prise de court que véritablement choquée. Une main gauche dépose le verre sur la table et s'avance jusqu'à frotter le bras de la jeune femme, puis lui saisir la main. “Damn, Atwood. I'm sorry.” Parce que, qu'importe ce qu'elle s'imaginait quant à leur couple, et qu'importe combien elle se retenait (parfois avec violence) de lui conseiller de le quitter, elle ne les pensait pas si mal que ça. “Maybe...just maybe it means that it's time to move on to something else?” Énième pincement de lèvres : “Jean, I know you, and I know you're not the type of person to just cheat out of boredom or to skedaddle to greener grass when things get rough.” La preuve : ils étaient encore ensemble, et ça représentait presque tout une vie. Elle qui n'avait qu'un an d'expérience, peut-être deux si on cumulait les CDD ratés, aurait été infoutue de tenir aussi longtemps malgré les hauts et les bas. “He might be a great guy. Doesn't mean he's great for you, and it doesn't make you an awful person for wanting more. Or for wanting something different, for that matter.” Elle lâche sa main, reprend son verre et relève les yeux, l'air de demander : c'est le cas ?, puis le repose. La même main se lève, interpelle au passage un serveur, auquel elle glisse un keep 'em coming qui ne marche que dans les films mais que le jeune homme a dû entendre suffisamment souvent pour obtempérer sans en demander davantage. “That's all I'm saying. But then again, you're seeking advice from the dumbass who just spent two weeks with her ex.” Grace lui renvoie un sourire un peu piteux doublé d'une grimace, parce qu'après tout qui est-elle pour conseiller Jean sur ce qu'elle devrait faire ou l'aider à relativiser sur ses émotions. “How did it happen?” finit-elle par demander alors que le serveur leur sert une deuxième tournée. Cette fois, c'est à son tour de dégainer pour payer : aucune envie de lui laisser le temps d'interrompre la conversation. “You plan on telling him?

@Jean Atwood :l:
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyMar 20 Avr 2021 - 0:18


guess we’ll have to see it through (ft. @Grace Salman :l: )

Grace ne peut pas nier que sa décision de suivre Louisa au Canada était stupide, elle l’avoue à Jean mais fait mine que cela ne veut rien dire, que ça n’a pas réveillé de sentiments chez elle. La journaliste n’est pas certaine de la croire, elle a vu comme son amie a été dévastée par cette rupture, elle-même dont la relation avec Matthias était plus longue et officialisée par le mariage n’avait pas été dans cet état quand ils ont décidé de se séparer il y a de cela deux ans. Elle avait été même soulagée, d’une certaine manière, d’échapper à leurs disputes constantes, de prendre une respiration de tout cela. Pourtant, elle n’avait pas bien vécu cette période de célibat, elle n’avait pas vraiment su quoi en faire, elle avait passé son temps à se demander pourquoi ça n’avait pas fonctionné avec Matthias sans arriver à le comprendre. Grace, quant à elle, lui annonce être prête à rencontrer de nouvelles personnes et Jean ne peut s’empêcher de ressentir une certaine jalousie et à faire une remarque un peu dramatique sur le ton de la plaisanterie. “How could I ever replace you? No one could compete with you.” Jean lui rend son sourire radieux, c’est tout ce qui compte pour elle, ne pas perdre son amie, être toujours parmi les personnes les plus importantes dans sa vie. Il faut l’avouer, quand elles avaient été en coloc, Jean était très dépendante de Grace et elle vivait mal toutes ses échappées pour aller rejoindre Louisa. Elle s’était sentie abandonnée, ce qui est stupide, elle ne peut bien entendu pas empêcher Grace d’avoir une vie amoureuse. Pourtant, elle ne compte pas se gêner pour pour faire du forcing pour qu’elle n’en ait pas une avec Louisa.

Puis, le sujet se détourne vers la vie amoureuse de Jean, ou plus exactement vers son mariage, ce qui n’est malheureusement pas exactement la même chose. Face à Grace, Jean se montre brutalement honnête, plus qu’elle ne l’est jamais avec quiconque, même avec elle-même. Au fur et à mesure que les mots franchissent ses lèvres, elle réalise de quoi ça a l’air et ce que quiconque pensera en entendant cela. Quitte-le. Et c’est ce qu’elle devrait faire, non ? Ou plutôt c’est ce qu’il devrait faire lui, vu que c’est elle qui l’a trompé. “Okay. So you cheated” Grace est déconcertée mais elle prend la nouvelle avec un calme incroyable. Les gestes de réconfort de Grace font bondir son coeur dans sa poitrine, elle a envie de se retrouver dans les bras de son amie mais elles sont séparées par une table et des cocktails hors de prix. “Damn, Atwood. I'm sorry.« Thanks… » bredouille-t-elle sans savoir réellement pourquoi elle la remercie, ni pourquoi Grace s’est excusée, mais elle sent la compassion de son amie et tout son soutien, c’est le plus important. “Maybe...just maybe it means that it's time to move on to something else? Jean, I know you, and I know you're not the type of person to just cheat out of boredom or to skedaddle to greener grass when things get rough.” Combien de personnes lui ont déjà conseillé de quitter Matthias ? Trop. Et à chaque fois, elle s’insurge car elle ne veut pas s’avouer vaincue, car elle ne veut pas le briser lui, car elle espère que les choses pourront s’améliorer avec le temps, avec de l’amour. Mais y a-t-il de l’amour ? Et est-ce que Grace se voile la face quand elle considère que la tromperie de Jean n’est pas une stupide erreur de parcours, une lubie, un dérapage sur un coup de tête ? La journaliste s’en veut tellement qu’elle n’arrive plus à savoir quelles ont été ses motivations. « Leave him, leave him, leave him… That’s all you ever say, all of you... I myself don’t even know what type of person I am… The lying and cheating type apparently... » Elle ne peut pas s’empêcher à nouveau d’être sur la défensive quand on lui suggère qu’elle devrait mettre fin à son mariage. “He might be a great guy.« He is. » la coupe-t-elle. “Doesn't mean he's great for you, and it doesn't make you an awful person for wanting more. Or for wanting something different, for that matter.” Bien sûr qu’elle a raison, bien sûr que tout cela est plus que logique, bien sûr que ça résonne en elle bien plus profondément qu’elle ne veut l’accepter. Mais ses pensées et émotions sont si bordéliques qu’elle en reste au même point. « Maybe you’re right and I think that I did it to figure it out, to try feeling something else, something more or different whatever. But I didn’t... » Elle s’était laissée porter parce qu’elle voulait des réponses, elle voulait comprendre ses sentiments envers son mari, elle voulait s’assurer de savoir si ce n’était simplement pas le bon pour se convaincre que la racine du problème c’était elle, et seulement elle.

How did it happen?” lui demande-t-elle alors que le serveur leur ramène de nouvelles boissons que Jean n’avait pas même remarqué que Grace avait commandées. L’intrusion du serveur dans leur cocon la coupe dans son élan et lui rappelle qu’elle s’est promis de payer tous les verres. Elle voit Grace dégainer son porte-feuille mais dit au serveur : « Put all of ours drinks on the tab, please. It’ll be easier... » Il n’aura pas à les interrompre, elles n’auront pas à faire des calculs tout au long de cette soirée et paieront à la fin, mais surtout, il sera plus facile pour Jean d’aller discrètement régler l’intégralité de l’addition à un moment donné. Une fois que le serveur s’est éloigné, Jean reprend son récit, non sans avoir enfilé une grande gorgée de son cocktail : « He’s a close friend and I’ve been there for him through rough times… I just invited him to join me for a work trip to Melbourne to take his mind off things, but I told Matt I was going alone… I don’t even know why I lied, I didn’t even think of him this way before... » Ça pourrait clairement laisser penser qu’elle a prémédité son coup, mais elle avait simplement voulu éviter une dispute, il faut dire qu’elle a passé tellement de temps avec Enoch dernièrement que ça en est devenu un problème pour Matthias, même s’il ne l’a jamais dit clairement de cette manière. « I wasn’t even drunk, we were camping on our way to Melbourne, we were having so much fun and all of a sudden he kissed me by the campfire. It was weird and stupid and we yelled at each other… But we ended up naked in the tent... » débite-t-elle en parlant trop vite, comme si les mots lui brûlaient les lèvres et qu’elle devait les expulser le plus vite possible. Elle a honte, honte de ce qu’elle a fait à Matthias, honte de ce qu’elle a fait à Enoch, honte de ce qu’elle a fait à Charlie aussi… Vraiment, elle n’aurait pas pu faire pire en couchant avec l’ex de sa cousine, le père de ses enfants à qui Charlie a déjà brisé le cœur. Qu’est-ce qu’il lui est passé par la tête ? Elle a été égoïste sur tous les plans et elle va blesser trois personnes en un coup… “You plan on telling him?” Ça, c’est la grande question, elle la retourne dans sa tête depuis des semaines, depuis son retour de Melbourne. « Should I ? I shouldn’t… He’ll be devastated and I don’t even know what to conclude of all of this… » Elle baisse les yeux, abattue par tout cela. Elle a trompé son mari et cela ne lui apporté aucune des réponses qu’elle espérait, elle aurait voulu réaliser en se trouvant dans les bras d’Enoch que c’était Matthias le bon, ou l’inverse. Elle aurait voulu un moment de clarté divine, trouver la réponse à tout magiquement, recevoir la solution à ses dilemmes sur un plateau d’argent mais elle n’a trouvé que de la culpabilité et des regrets. « I think I am the problem… Maybe I can’t never be satisfied with my life, maybe I can’t love anyone like they do in movies… Matt and Enoch, they’re my best friends, they are wonderful, nice, funny, so why don’t I feel it ? » Jean déverse tous ses états d’âmes sur Grace et elle réalise bien que toute la conversation est monopolisée par elle et ses questionnements existentiels et que ce n’est pas juste vis à vis de son amie. « I’m sorry… I’m being a total joykill, we said this would be a celebration. It’s just… I missed you so much, I missed being able de tell you everything... » Jean a l’habitude d’être plutôt le réceptacle des problèmes des autres et même si elle ne se prive pas de se plaindre elle-même, elle ne se livre jamais aussi pleinement que face à Grace. « But… Let’s just stop talking about this. Tell me what you’re planning on doing here, apart from kidnapping me to go on an adventure... » ajoute-t-elle avec un sourire un peu forcé, il lui reviendra, dès qu’elle pensera à autre chose, dès qu’elles seront en train de s’amuser ou de parler d’un sujet qui les passionne.
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyMer 21 Avr 2021 - 21:01


Sounds to me like you're the lost type, point blank, Jeanie.” Où est passée la Grace qui prône toujours l'honnêteté, la responsabilité, la droiture en toute occasion ? Celle qui exècre le mensonge et la tromperie dans les relations ? Restée au Cachemire, peut-être – elle est loin de s'en faire la réflexion, là, présentement, mais fut un temps, elle aurait été plus dure avec son amie. C'était peut-être le fait que Jean lui avait manqué, qu'elle ressentait dans ses entrailles une profonde et chaleureuse bouffée d'affection pour elle, son antipathie profondément refoulée et dénuée de raison apparente pour la personne de Matthias, mais elle se sent compréhensive. Protectrice, même. “Hey, at least you're sure of that much, right? You're not in love with someone else and the problem is not Matthias himself but your marriage. That's one step forward, no matter which angle you're looking at it from.” L'alcool est possiblement en train de discourir pour elle, mais ça lui semble évident à l'instant : quoi qu'elle en tire, la blonde saura au moins qu'elle ne cherchait pas du frisson en se tournant vers son amant – le problème vient d'ailleurs et il lui appartient de le trouver.
Elle demande, enfin, un peu à reculons mais avec force curiosité, ce qui l'a amenée à tromper son conjoint. La réponse l'étonne à peine : Jean n'est pas une calculatrice, encore moins une lâche ; l'absence de préméditation et la confusion dont elle lui fait part sont presque des évidences. Grace, elle, n'en demande pas plus, se concentre toujours davantage sur l'après plutôt que l'avant : quid de Matthias, dans ce fatras de sentiments ? “Okay. The way I see it, you've really got two options here. One, you want to patch things up with him and you tell him, because you can't have that kind of lie standing between you guys. Two– you think maybe this is the end and there's no point in telling him.” Elle prend une nouvelle gorgée de son second cocktail, profite momentanément du léger buzz créé par l'alcool et ancre son regard dans celui de son amie pour y trouver des réponses. “Or he could ask and you could still tell him, or take it to your grave or...There are MANY other options but the topic seems touchy enough as it is, so let's narrow it down to these two.” Les plus radicaux, en tout cas – en espérant que ça suffise. “Trust me– I've been in his shoes and it would've been nice to remain unaware of some stuff. All it does is fuel your insecurities and soothe the other person's conscience.” Et c'est peut-être elle, qu'elle songe ; c'est possible que ça lui soit propre et spécifique, avec son ego beaucoup trop épais et son orgueil insurmontable, mais la rupture avec Claire l'avait trop marquée pour qu'elle passe outre facilement. Elle le pense toujours : un désolée mais je ne suis plus heureuse aurait suffi. Pas besoin des détails. Pas besoin de se rappeler qu'elle était le mouchoir dans sa relation on/off avec Aaron. « I think I am the problem… Maybe I can’t never be satisfied with my life, maybe I can’t love anyone like they do in movies… Matt and Enoch, they’re my best friends, they are wonderful, nice, funny, so why don’t I feel it ? »Maybe that's all they are? Your best friends?” qu'elle suggère alors et l'ironie de la conversation leur échappe, mais de mémoire d'homme elle leur échappe toujours de toute façon, alors : “having a hard time with one relationship doesn't make you a problem, let alone the problem”, qu'elle poursuit sagement, balayant l'idée saugrenue d'un revers de main imaginaire. “And I'm absolutely no expert by any standard, but I reckon forcing yourself to love them won't actually work. Fake it til you make it only works with orgasms. Or books. Wait..” Ou alors avec les vêtements, elle ne sait plus trop. Qu'importe, Jean est triste et Grace prend son verre pour se décaler et s'installer sur sa banquette à elle, poser sa tête sur son épaule et faire un geste vague dans le vide : “Yo, it's fine. I missed talking to you, whatever the topic.” Au fond, elle ne peut s'empêcher de se sentir vexée qu'en son absence, ses amis les plus proches rencontrent l'amour, Avril Lavigne, Hugh Jackman et détruisent leur mariage sans la tenir au parfum. Et surtout, elle, en face, n'a rien de palpitant à y répondre. “I don't really know, actually. I just missed home, you know?” Pauvre sourire. Brisbane lui manquait, ses proches aussi ; son frère et sa sœur, surtout. Tout ce à quoi elle s'était retenue de dire au revoir. “I guess for now I'll just focus on finding my own balance. Get some much needed stability and be happy with it.” Elle se demande un instant si ce sont ses propres mots ou si elle a plagié ça du livre de développement personnel qu'elle a lu dans l'avion du retour : la Cachemirie est plus connue pour ses excès que pour être la représentation parfaite d'un quelconque équilibre. Elle ne marche même pas droit, en plus. “I'm actually going to Admiralty Bay next week to take a few photos for a story they wanna publish in the news. The indigenous tribe there is protesting against the implementation of new wind farms. No one else wanted to go, apparently.” Elle hausse les sourcils, petite moue qui signifie : va comprendre pourquoi. L'idée lui caresse l'esprit avant qu'elle ne la rejette spontanément : “I'd kidnap you if it could help your career in any way, but I'm afraid this isn't the news coverage that's gonna make you famous.” Pourtant, la Nouvelle-Zélande est jolie et les problématiques indigènes sont aussi nombreuses que passionnantes. C'est sûrement le mauvais moment pour proposer à Jean de l'embarquer, ceci dit. “What's new with you? I mean, except for... Your trip to Melbourne.

@jean atwood :l:
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyMer 5 Mai 2021 - 1:05


guess we’ll have to see it through (ft. @Grace Salman :l: )

Jean et Grace ne sont pas du genre à se mentir pour préserver les tendres sentiments de l’une ou de l’autre, mais elles ont cependant toujours eu une indulgence particulière l’une envers l’autre. Jean sait qu’en avouant à son amie qu’elle a trompé son mari, elle risque de réveiller en elle une certaine indignation et elle ne pourrait pas lui en vouloir si elle lui reprochait son manque d’honnêteté et de droiture, Jean se flagelle déjà suffisamment à ce sujet. La vérité c’est quelque chose qui lui tient particulièrement à cœur, en tant que journaliste mais aussi comme valeur humaniste basique et elle qui apporte tant d’importance au bien-être de ceux qu’elle aime, elle n’arrive pas à assumer d’avoir fait ça à son mari. Mais Grace ne la juge pas, ne lui signale même pas par un regard ou une attitude qu’elle désapprouve, il faut dire qu’elle n’a jamais été fan de Matthias, à croire qu’il n’y a que Jean qui voit à quel point il est un homme exceptionnel qu’elle ne mérite pas. “Hey, at least you're sure of that much, right? You're not in love with someone else and the problem is not Matthias himself but your marriage. That's one step forward, no matter which angle you're looking at it from.” Difficile pour Jean de prendre ça comme une bonne nouvelle, ou comme une avancée quelconque dans son cheminement d’ailleurs, Matthias c’est son mariage, son mariage c’est Matthias, alors dissocier les deux ne semble pas faire sens pour elle en cet instant. Elle finit par expliquer comment cela est arrivé, honteuse de s’être laissée porter par le moment. “Okay. The way I see it, you've really got two options here. One, you want to patch things up with him and you tell him, because you can't have that kind of lie standing between you guys. Two– you think maybe this is the end and there's no point in telling him.” Jean reste interdite devant deux choix si extrêmes, aucun des deux ne lui convient. Bien sûr qu’elle veut essayer encore de recoller les morceaux avec Matthias, malgré tout elle ne peut se résoudre à baisser les bras, mais elle se sent actuellement incapable de lui avouer ce qu’elle a fait. Elle aurait l’impression de lui arracher volontairement le cœur et elle ne croit pas qu’ils pourraient surmonter cette épreuve-là. Mais l’option qui consiste à ne rien lui dire implique que c’est forcément fini entre eux et ce n’est pas ce qu’elle veut, en tous cas ce n’est pas ce qu’elle croit vouloir. Elle pousse un long soupir tandis que Grace prend un gorgée de son cocktail : « Yeah, great. It’s that simple, right... » Mais rien n’est jamais si simple, il faut simplement parfois simplifier les choses pour y voir plus clair comme le précise bien Grace : “Or he could ask and you could still tell him, or take it to your grave or...There are MANY other options but the topic seems touchy enough as it is, so let's narrow it down to these two.” Mais elle n’aime pas ces options,  elle voudrait juste remonter le temps et ne jamais proposer à Enoch de l’accompagner dans ce voyage. “Trust me– I've been in his shoes and it would've been nice to remain unaware of some stuff. All it does is fuel your insecurities and soothe the other person's conscience.” Grace est honnête et elle conforte Jean dans la décision qu’elle a déjà prise sans se l’avouer vraiment, car elle n’aime pas mentir Jean et dernièrement, elle ne fait que ça... Pourtant, elle l’a déjà décidé intérieurement, elle ne dira rien à Matthias, ça lui ferait trop de mal. « I need to preserve him… I can’t drop a bomb like this in his life… in our life. And I’m not ready to give up on him just yet... » Elle s’acharne Jean, elle sait pourtant que quelque part leur mariage est mort depuis longtemps, qu’il l’était même peut-être déjà avant qu’ils ne se passent la bague au doigt. Elle se demande encore et toujours si le problème ne vient tout simplement pas d’elle, si elle n’est tout simplement pas incapable d’aimer qui que ce soit… Mais cette fois-ci, elle le verbalise à voix haute face à son amie au lieu de ressasser ces questionnements dans sa tête. “Maybe that's all they are? Your best friends?« Maybe… but… I don’t know... »having a hard time with one relationship doesn't make you a problem, let alone the problem. And I'm absolutely no expert by any standard, but I reckon forcing yourself to love them won't actually work. Fake it til you make it only works with orgasms. Or books. Wait..” Jean ne peut retenir un rire devant l’utilisation hasardeuse de l’adage que tous les bouquins de développement personnel brandissent pour donner confiance aux adeptes de leurs méthodes. Elle a beau faire semblant d’être une journaliste accomplie dont on s’arrache les articles, ça ne décolle pas pour elle et sa carrière. Et probablement que c’est un peu ce qu’elle est en train de faire avec son mari, se convaincre qu’il y a encore de l’amour, qu’ils arriveront à trouver un équilibre, que ses sentiments amoureux se révéleront à elle, clairs et limpides, indiscutables. Mais rien ne se produit et elle se ment à elle-même. « Fuck, I thought marrying your best friend was the ultimate life goal to achieve happiness... » plaisante-t-elle amère. Mais en réalité, ils ne se sont pas laissés le temps de devenir meilleurs amis, Jean et Matthias, tout est allé trop vite entre eux et c’est peut-être pour cela que Jean a perdu de vue les frontières entre amitié et amour. Grace est sa meilleure amie et pendant une seconde, l’idée qu’elle aurait pu l’épouser elle l’effleure, après tout elles se connaissent depuis bien plus longtemps. Son inconscient s’occupe de refouler cette pensée à la fois effrayante et pourtant si séduisante. La journaliste finit par s’excuser de casser ainsi l’ambiance et son amie vient s’asseoir à côté d’elle, elle pose sa tête sur son épaule et Jean se sent presque instantanément mieux, comme un enfant triste qui reçoit l’étreinte de sa mère. Le sentiment est difficile à décrire mais elle a une telle confiance envers Grace, elles sont si proches, qu’elle ne s’est jamais sentie mal à l’aise avec ce genre de gestes de sa part, même si elle sait qu’elle aime les femmes, elle se sent en sécurité avec elle, elle ne panique jamais comme ça a pu lui arriver avec d’autres femmes. “Yo, it's fine. I missed talking to you, whatever the topic.” La tête de Jean bascule sur le côté et sa joue se blottit contre la chevelure de jais de son amie, elle n’a plus envie de parler de Matthias, elle a juste envie de profiter de leurs retrouvailles, de se changer les idées, de s’amuser et de boire plus que de raison.

I don't really know, actually. I just missed home, you know? I guess for now I'll just focus on finding my own balance. Get some much needed stability and be happy with it.” Jean lui souhaite de trouver une certaine sérénité, elle a toujours été dans l’excès et l’impulsion, Grace, et ça ne lui a pas uniquement apporté du positif dans sa vie. « As long as you don’t look for that stability with Louisa, I’m totally on board ! » plaisante-t-elle avec un petit rire, comme si elle ne pensait pas vraiment ses paroles, comme si cette énième pique envers Louisa n’était pas parfaitement calculée pour rappeler à Grace quels risques elle encourrait si elle choisissait cette voie. Puis la photographe lui annonce qu’elle a déjà un voyage pro prévu en Nouvelle-Zélande pour aller couvrir des manifestations des populations aborigènes contre l’installation d’éoliennes sur leur territoire. Il y aurait un sujet passionnant à faire. “I'd kidnap you if it could help your career in any way, but I'm afraid this isn't the news coverage that's gonna make you famous.” Jean lève les yeux au ciel, secouant la tête avec un sourire désabusé : « Since when do you think my goal is being famous ? » s’offusque-t-elle exagérément. Grace sait bien que ce qui anime Jean c’est rétablir la vérité, participer à rendre le monde plus juste et beau, informer et former le grand public sur des sujets importants et graves. Bien entendu, elle attend l’article qui fera du bruit et lui permettra d’être reconnue, financée ou embauchée par un média prestigieux, d’acquérir la liberté de choisir l’angle avec lequel elle veut traiter un sujet et de laisser son empreinte. C’est son objectif ultime, mais elle ne compte pas y parvenir en vendant son âme au diable : « It could be really interesting for an article… the confrontation between the need for New-Zeland to invest in renewable energy technologies and their duty to respect the indigenous population and their lands… I already see it... » Mais elle est déjà en train de se noyer dans les mille sujets qui l’intéressent et elle n’a personne pour lui financer son voyage. « But… I’m already super busy, I’m gonna be crushed by all my ideas for articles… And I doubt that your boss would pay for your plus one on this trip. » s’amuse-t-elle alors que c’est un véritable drame pour elle, elle aurait adoré s’envoler de Brisbane avec Grace pour couvrir un sujet aussi unique, engagé et délicat. Elle ne supporte pas de réaliser qu’il n’y aura jamais assez d’heures en un jour, de jours dans un mois, de mois dans une vie pour s’attaquer à tous les sujets du monde, effectivement enquêter sur tous et rédiger tous les articles dont elle a l’idée. Elle ne fait que faire des listes de ces articles qu’elle n’aura jamais le temps d’écrire et ça la frustre énormément, être indépendante et tout faire toute seule ne l’aide pas non plus à être plus rapide et efficace. “What's new with you? I mean, except for... Your trip to Melbourne.« Not much you know, still not really talking to my brother. Still struggling to get published. And Grumpy still hates Matt... » Elle finit sur une note d’humour en évoquant son chat borgne et particulièrement grincheux qui n’aime que Jean et ne laisse quasiment personne s’approcher de lui (ou d’elle en sa présence) sans se mettre à feuler et donner des coups de griffes dissuasifs. Grace est une des rares personnes que Grumpy a facilement accepté, il n’était pas aussi à l’aise avec elle qu’avec Jean mais quand elles étaient en coloc, au moins ne l’attaquait-il pas et la laissait-il s’approcher de Jean sans râler. « You know what ? Let’s dance ! » s’anime soudain Jean en finissant son cocktail d’une traite et en tirant son amie par la main jusque sur la piste de danse. Elles sont seules à danser, les autres clients sont plus guindés et les quelques uns qui envisagent de danser attendent probablement plus tard dans la nuit pour le faire. C’est ce moment où tous attendent que de premières personnes se lancent, puis qu’il y ait assez de gens en train de danser pour passer inaperçus. Jean se moque qu’on les regarde, elle a envie de se défouler et de faire l’idiote avec sa meilleure amie. Et c’est ce qu’elles font pendant une bonne partie de la soirée, elles dansent, se ruinent en cocktails, discutent de tout et de rien, rient beaucoup et Jean réalise qu’elle ne s’est pas sentie aussi bien depuis des mois. Quand Grace était partie c’est comme si elle avait perdu sa moitié et elle le comprend d’autant mieux maintenant qu’elles se sont retrouvées.

A un moment donné, bien que Jean n’ait finalement bu que quatre cocktails, bien loin de son seuil de tolérance, elle commence à se sentir nauséeuse, elle a soudain chaud et son teint devient crayeux, elle se rattrape à l’épaule de son amie alors qu’un léger vertige lui fait perdre son aplomb sur ses jambes : « I don’t feel so good… oh no... I need to... » La nausée la secoue d’un spasme, elle va vomir là tout de suite maintenant, en plein sur la piste de danse ! Non ce n’est pas possible, elle s’élance sur ses jambes flageolantes vers les toilettes, la main devant la bouche comme si cela allait aider à quoique ce soit, elle y pénètre au pas de course mais c’est déjà trop tard, elle régurgite les cocktails sur le carrelage des WC avant d’avoir pu s’approcher d’un lavabo ou d’une cuvette. Elle s’appuie contre le mur frais pour reprendre ses esprits et sa respiration et quand Grace la rejoint, elle souffle : « Fuck my life… I just puked 40 dollars worth of drinks... » Elle se sent toujours nauséeuse et s’excuse : « I’m sorry, I don’t know what happened… Maybe their juice has expired… Are you feeling okay ? » Car elle ne se sent pas ivre, pas au point d’en vomir en tous cas, elle a passé l’âge de boire jusqu’à s’en rendre malade, elle connaît ses limites.
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyMer 5 Mai 2021 - 17:34


Bien sûr, qu’elle sursimplifie quelque chose de bien trop complexe et entremêlé et bien sûr, que quoi qu’elle dise, ça ne sera jamais aussi évident. Jean, d’ailleurs, ne semble pas dupe. Tant pis : c’est si facile, pour elle, d’aller d’un extrême à l’autre, parce que dire c’est compliqué lui a toujours semblé être une bonne excuse et que sa vie entière peut se résumer aux extrêmes. Et peut-être est-ce aussi plus simple que d’avouer qu’elle n’attend qu’une chose, c’est que Jean divorce, parce qu’elle n’a jamais apprécié Matthias sans vraiment comprendre pourquoi. « Fuck, I thought marrying your best friend was the ultimate life goal to achieve happiness... »Is it, though?” Elle affiche un sourire contrit en répondant, posant sa joue dans sa main. Ca ressemble plutôt à une espèce de cauchemar fiévreux, de son point de vue : un bref instant, elle s’imagine épouser Jordan, voir le tatouage de Zac Efron qui orne son cul tous les matins et supporter l’idée qu’il l’a déjà vue frotter ses fesses contre une nana façon chimpanzé au collège parce qu’elle ne savait absolument pas comment draguer autrement. Grace, elle, a toujours été partisane de l’idée selon laquelle il fallait que les deux se fassent en même temps, sans jamais y parvenir elle-même : tomber amoureuse, d’une personne proche, assez pour pouvoir la considérer comme meilleure amie, mais insuffisamment pour qu’elle vous aie vue vous curer le nez en 3ème. Bref, de l’intimité et du mystère, sans que l’un ne tue l’autre dans l’oeuf.
Elle y réfléchirait davantage, mais l’alcool progresse lentement dans son système et toute envie (voire capacité) de discourir quant aux méfaits d’une institution patriarcale se noie dans des conversations plus légères, plus surfaites : leur quotidien. “He still hasn’t come around, huh?” réagit-elle lorsque Jean mentionne Holden, un air plus doux sur le visage, puis : “Hah! That fluffy bastard”, qu’elle commente avec entrain (et non sans un certain orgueil) quand son amie revient sur son chat hargneux envers son compagnon. Une des plus grandes fiertés de sa vie : dépasser tout le monde dans l’estime de Grumpy, être la meilleure au moins sur ce point là. “You know, I was thinking of getting a cat and if I do end up adopting one, I want it to be just like Grumpy. I miss his grouchy face.” Et la sienne, à elle, aussi. Et tout ce qu’apportait l’idée d’une colocation.

Et elles dansent, et parlent, et écoulent les boissons avec une intensité modérée, maintenant que l’atmosphère s’est considérablement détendue. Si bien qu’elle se laisse porter, peu attentive au reste du monde, toute à l’euphorie ressentie par le simple fait d’être ici, avec Jean, enfin de retour chez elle et armée de l’impression que tout est enfin à sa place. C’est peut-être cette sensation de galvanisation, ou alors l’alcool, ou peut-être juste le sourire de Jean et ses mèches blondes qui sautillent autour de sa tête qui lui ont manqué. Qu’importe : elle ne se l’explique pas, pas plus qu’elle ne démêlera l’incident plus tard ; toujours est-il qu’un bref instant, à peine le temps d’un battement de cils, elle est presque sûre que Jean s’approche d’elle pour l’embrasser. Et l’espace d’un moment tout aussi bref, elle est presque sûre de le vouloir.
Puis les mèches blondes dansent violemment jusqu’aux toilettes du bar et, ah.
You good?” Trente secondes, à peine, le temps de récupérer son cerveau éparpillé au sol et de se rendre jusqu’aux toilettes sans vouloir plonger la tête dedans. Devant elle, Jean est pâle, manifestement retournée et le contenu de son estomac gît sur les carrés beiges du sol. “Well damn, grandma”, qu’elle souffle dans un rire qu’elle veut crédible, encore secouée. “Maybe you caught something on your way here. Or you're pregnant. Oh God, you're pregnant.” Et comme à chaque fois qu’elle est confuse, elle babille à ne plus savoir qu’en faire, manifestement anxieuse. Elle qui s'est retrouvée au sol, la moitié du crâne dans un étau électrifié à ne plus réussir à parler ni bouger pendant la dernière grosse cuite de sa vie est devenue fondamentalement incapable de garder son sang froid en cas de pépin pendant une soirée. Grace qui, à une époque, ramenait trop d'alcool et maintenait un calme olympien en toute occasion, est devenue frileuse, trop inquiète au premier signe inattendu, trop préparée à ce que la victime calanche au premier vomi parce qu'après tout, si ça lui est arrivé, ça peut s'abattre sur n'importe qui. La Cachemirie se nettoie consciencieusement les mains avant de tendre un essuie-mains à son amie, sourcils toujours froncés. Trop d’alcool ? Elles n’avaient pas tant consommé que ça. Trop de chaleur ? Trop de monde ? Trop d’émotions ? “Shit. Has your drink been roofied?” Mais ça ne collerait pas, si ? Ce genre de drogues n'induit pas de nausées – c'est tout juste si elle induit quoi que ce soit dans l'immédiat qui se distingue de la classique léthargie un peu hors du monde. Inquiète quand même, Grace relève le menton de son amie, scrute ses yeux pour y guetter des pupilles élargies et passe une main sur son front pour en évaluer la chaleur. Moite, bien sûr : le genre de symptômes qui veut tout et rien dire. Sa propre incompétence l'agace. “How do you feel? Any other symptoms? Like are you– are you– are you feeling sleepy or dizzy? disoriented? Shit, I don't know what I'm doing.” Surtout parce que le vrai a tendance à se mêler au faux et que, pour elle au cerveau déjà bien cassé par l’accident, l’alcool monte plus vite que de raison. Retour au lavabo : elle plie plusieurs essuie-mains et les passe sous l'eau du robinet, puis les essore et les amène à Jean. “Here. Should settle your nausea”, qu’elle déclare, appliquant la matière fraîche sur le front et le cou de la concernée. “How about we head to the riverside, yeah? Get some fresh air?” Sa voix est plus douce, un peu la même qu’on adopterait avec un enfant qui souffre de la grippe, mais Grace est presque tout aussi fébrile. Les cinq minutes suivantes, elles sont presque aussi floues que sa conscience : elle se souvient juste avoir signalé les dégâts au bar, payé pour les boissons et ramassé leurs affaires quand l’air frais de l’extérieur la frappe en plein visage. Retour au monde. “Okay, new plan: no getting brunk tonight, we’re going stargazing and puking instead. Fine by you?” Elles amorcent leur marche jusqu’aux quais de la rivière et Grace prend tout son temps, attend Jean qui se calme, se retient d’allumer une clope au cas où l’odeur l’écoeure. “Feeling any better? You can barf in my purse, if you’re too scared of leaving a trail”, qu’elle lance, taquine, nez vers le ciel. “Okay, here should do it.” Elle s’assoit à même l’herbe, la rivière à deux mètres à peine en contrebas : “Convenient spot if you feel like hurling again.” Abrutie. Grace se laisse choir dans l’herbe, et tant pis pour ses longs cheveux propres : le ciel n’est pas exceptionnellement clair, ni même plus intéressant que d’habitude, d’ailleurs, mais elle regarde les étoiles avec une intensité certaine. “You think there’s some dude up there, chilling in his cosy spaceship, looking through his window and being like: damn, these bitches are brunk? Because I think about it a lot.” Tout pour dissiper le malaise crasse qui ne veut décidément pas lui foutre la paix.

@Jean Atwood :l:
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptySam 8 Mai 2021 - 2:26


guess we’ll have to see it through (ft. @Grace Salman :l: )

Jean ne souhaite plus parler de Matthias ou d’Enoch, alors elle ne rebondit pas sur le sujet, Grace émet des doutes sur le fait qu’épouser son meilleur ami soit la solution adéquate pour être heureuse et elle ne peut pas vraiment la contredire. Elle devrait être comblée de bonheur si c’était aussi simple que ça. Finalement, Jean donne des nouvelles génériques, évoque son frère. “He still hasn’t come around, huh?« And me neither. We may never be back to what we were... » dit-elle en haussant les épaules comme si ça ne lui faisait ni chaud, ni froid. Pourtant, ça lui fait mal de se dire qu’elle et son jumeau ne se comprendront peut-être plus jamais, que le fossé qui les sépare ne fera que s’agrandir… Elle a beau mal le vivre, dès qu’ils se retrouvent face à face, elle ne peut pas s’empêcher de foncer tête baissée dans leur querelle. Ils s’ignorent ou se lancent des piques, s’agacent mutuellement, reprennent leur compétition malsaine pour être celui des deux qui réussit mieux sa vie et ils finissent toujours par se disputer et se faire du mal. La conclusion est toujours la même : il vaut mieux pour tout le monde qu’ils s’évitent au maximum. Autant parler de Grumpy, c’est bien plus réjouissant. “Hah! That fluffy bastard” Jean rit de bon cœur devant la fierté de son amie qui a su gagner le cœur de son chat sauvage et grognon. “You know, I was thinking of getting a cat and if I do end up adopting one, I want it to be just like Grumpy. I miss his grouchy face.« You don’t know what you’re wishing for, he’ll scare everyone away ! » s’amuse-t-elle. « But if you really want this, Grumpy will probably be okay to take your kitty as his intern... » Tout semble plus léger soudain alors qu’elles plaisantent sur le gros matou roux de Jean qui pourrait apprendre toutes ses mauvaises manières et devenir le mentor du futur chat de Grace.

Le reste de la soirée se déroule dans cette ambiance de camaraderie et de célébration, elles dansent, rient, discutent et tout va bien jusqu’à ce que Jean se sentent soudainement mal. Vertige, nausées, elle vacille vers Grace avant de s’élancer vers les toilettes où elle a à peine le temps de rentrer que les cocktails font le trajet inverse et éclaboussent le carrelage. Jean s’adosse au mur, se sentant fébrile et l’arrivée de Grace ne la surprend pas mais la gêne. “You good?” Mais elle découvre bien vite ce qu’il vient de se produire. “Well damn, grandma” Jean a un peu honte, personne n’a envie de  montrer l’intérieur de son estomac à autrui, mais elle s’efforce de plaisanter pour dédramatiser la situation mettant en avant le gâchis qu’elle vient de faire des cocktails hors de prix sirotés ce soir. Mais elle se demande surtout ce qui a pu la rendre malade de la sorte, elle n’a pas bu tant que ça pourtant. Elle y pense, une hypothèse fugace qui jaillit dans son esprit au même moment où Grace la verbalise : “Maybe you caught something on your way here. Or you're pregnant. Oh God, you're pregnant.” Enceinte ? Est-ce que c’était possible ? Mais elle ne veut même pas l’envisager, elle secoue la tête vigoureusement, ce qui n’arrange pas ses vertiges : « No, no, no, no, no… Impossible. I’m taking the pill... » Mais en réalité, elle ne la prend pas toujours de manière très sérieuse, il faut dire que les ébats avec son mari sont devenus si peu fréquents qu’elle ne s’est pas efforcé plus que ça. Et maintenant, elle ne peut s’empêcher de calculer quand ont été ses dernières règles, quand est-ce qu’elle a pris la pilule et quand elle l’a oublié… Quand elle a couché avec Matthias et Enoch aussi… “Shit. Has your drink been roofied?” Elle préférerait presque cette option et elle s’y accroche comme à une bouée de sauvetage : « I haven’t really kept an eye on my glass all night long... » Elle est allée danser, elle a laissé son verre sans surveillance à leur table, est-ce que ça pourrait être ça ? Ce n’est pas franchement réjouissant, même inquiétant à vrai dire, mais elle préfère se dire que c’est cela plutôt que la grossesse. Il n’y aurait pas de pire moment pour tomber enceinte. Elle ne réfléchit même pas au fait que les nausées ne collent pas du tout aux symptômes provoqués par le GHB et ses cousins. “How do you feel? Any other symptoms? Like are you– are you– are you feeling sleepy or dizzy? disoriented? Shit, I don't know what I'm doing.” Grace est en train de paniquer et Jean essaye de la rassurer comme elle peut, alors même qu’elle ne se sent pas tout à fait bien. « I’m okay, I felt a little dizzy before but I’m better now... maybe I’m just tired… I haven’t dance like that in a billion years. You were right I’m just probably getting old... » tente-t-elle de la convaincre en s’efforçant d’avoir l’air convaincante, souriant au tacle qu’elle vient de s’envoyer à elle-même. Mais Grace lui apporte des serviettes humides et les place sur son front et son cou sans lui demander son avis. “Here. Should settle your nausea” Jean ne peut retenir un frisson qu’elle attribue au choc thermique, mais peut-être que l’origine en est tout autre, les doigts de Grace ayant effleuré délicatement sa gorge au même moment… Jean récupère les serviettes et les passe sur son visage, dans sa nuque et son décolleté, ça la soulage un peu, au moins son estomac n’est plus totalement sans dessus dessous. « Thanks... »How about we head to the riverside, yeah? Get some fresh air?« Okay… I’m sorry… really… for killing all the fun... » s’excuse-t-elle avec le regard coupable. « Let me just freshing up a little... » Et tandis que Grace part récupérer leurs affaires, Jean s’avance vers le lavabo pour se rincer la bouche, boire de l’eau et s’en passer encore davantage sur le visage. Quand elle rejoint la salle du bar, le visage humide, elle constate que son amie vient de régler l’addition complète. Merde, super bien réussi ton plan pour offrir les boissons! Jean a beau protester, c’est fait et elles se dirigent enfin vers l’extérieur.

La journaliste n’est pas mécontente de quitter l’ambiance confinée et étouffante du bar. Elle respire à fond l’air frais de la nuit et se sent à nouveau un peu mieux quand la brise caresse sa peau mouillée. “Okay, new plan: no getting brunk tonight, we’re going stargazing and puking instead. Fine by you?” Jean lui jette un regard suppliant : « Don’t talk to me about puke please. Let’s walk, it’ll probably help... » Après tout c’est une technique qui a toujours fonctionné les quelques fois où elle s’est retrouvée vraiment saoule et nauséeuse. Walk it off. Alors elle suit son amie, elles déambulent dans la nuit vers le bord de la rivière et Jean se concentre sur sa respiration, elle inspire profondément et parvient peu à peu à calmer ce malaise qui l’a saisie sur la piste de danse. “Feeling any better? You can barf in my purse, if you’re too scared of leaving a trail” Jean lâche un rire plus naturel, plus détendu, mais pousse son amie du poing contre son épaule : « Shut up with that now ! I’m feeling good enough to kick your ass if you keep recording me of that ! » la menace Jean avec les sourcils froncés contredits par un regard malicieux. Elle aimerait bien que Grace arrête de lui rappeler son moment peu glorieux de la soirée, mais elle ne va probablement pas se priver de la taquiner pendant mille ans après ça. Elles ont atteint la rivière et Grace choisit un emplacement où elle s’installe dans l’herbe, Jean ne tarde pas à s’asseoir à ses côtés, plaçant son regard sur la rivière et les lumières de la ville qui s’y reflètent. “Convenient spot if you feel like hurling again.« Okay, you really have a death wish. Last warning and I’m going full Karate Kid on you ! » annonce-t-elle en pinçant le flanc de son amie, cherchant le point le plus chatouilleux qu’elle connaît bien, pour illustrer ce dernier avertissement.

Finalement, Grace s’allonge dans l’herbe et Jean en fait de même, le ciel au dessus d’elles comme une immense toile sombre à admirer. La blonde se sent bien à présent, heureuse d’être là, d’avoir retrouvé sa meilleure amie et que ces mois séparés n’aient pas créé un fossé entre elles. “You think there’s some dude up there, chilling in his cosy spaceship, looking through his window and being like: damn, these bitches are brunk? Because I think about it a lot.” Jean lâche un rire en imaginant Dieu dans un vaisseau spacial à les observer. « I think if He is anywhere, He probably has better things to do than learning our lingo... » Comme juger le fait que Grace sorte avec des femmes, ne peut s’empêcher de penser Jean, gangrenée par son éducation catholique et conservatrice. Elle n’a jamais vraiment remis en question la religion qui fait partie de sa vie depuis l’enfance, elle aime beaucoup de ses facettes d’ailleurs, comme le fait qu’elle prône l’entraide et la solidarité, la bonté et la bienveillance, cela correspond bien à ses valeurs. Elle est bien consciente que la religion peut être également intolérante suivant la façon dont elle est pratiquée. Si Jean se considère ouverte d’esprit et tolérante, il y a toujours eu quelque chose de viscéralement déstabilisant et effrayant pour elle dans l’homosexualité. Pourtant, elle a de nombreux amis LGBT, elle est pleine de contradictions et de batailles intérieures qu’elle ne comprend pas vraiment. Elle essaye juste d’être une humaine décente et d’être une bonne amie pour Grace : « You think that He is really judging everything we do and everything we think from up there ? » Son regard est perdu dans les étoiles. « Because I really try to do good… But I don’t always succeed as you know... » Elle tourne la tête vers son amie et se demande si celle-ci se pose les mêmes questions et remet en cause sa façon d’aimer et surtout, qui elle aime... « You shall not commit adultery yata yata… » récite-t-elle avec une grimace. Puis sa main cherche celle de Grace et la serre dans la sienne : « Thanks for being here, for being back. I’ll admit it now, I was terrified that you would never come back... »
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptySam 8 Mai 2021 - 13:10


Première certitude : la pilule est loin d'être efficace à 100%. Voilà ce que se dit Grace, relativement inculte à ce sujet, jamais concernée par ces produits ; ça a toujours tenu du bon sens et tous les cours de prévention du monde le répètent sans discontinuer. Seconde certitude, les drogues de soumission n'ont pas la nausée pour effet principal et Jean est suffisamment alerte, bien largement autonome pour rejeter toute hypothèse suivant cette idée. Elle le confirme elle-même, pourtant ; leurs verres ont plusieurs fois été sans surveillance. Il y a du monde au bar, ça aurait pu tomber sur n'importe qui, et franchement, c'était totalement stupide d'abandonner leurs boissons comme ça. C'est arrivé à Jean comme ça aurait pu lui arriver à elle – et le reste n'a pas de sens, ni rien pour étayer le propos, mais elles choisissent chacune de croire à ça plutôt que de retenir l'option la plus probable et la moins désirable à la fois.
Grace tremble presque quand elles sortent, et elle se demande si c'est le froid, la fatigue, le stress, ou un cocktail des trois ingrédients – Jean a encore le teint cireux, le pas un peu vacillant et elle pourrait tout à fait faire une overdose, là maintenant, ou bien accoucher, sait-on jamais ; alors Grace fait ce qu'elle fait de mieux quand elle est hors de sa zone de confort : plaisanter, parler beaucoup et surtout ne pas penser au pire. Et qu'importe si elle se prend des poings dans l'épaule : au moins, ça marche.
La rivière s'offre à elles comme réceptacle à vomi en plein air, songe-t-elle, et elle choisit de se vautrer dans l'herbe pile à l'endroit où il n'y a personne et où les étoiles sont masquées par la pollution. Ça serait presque romantique, comme endroit, si elles n'avaient pas parlé de vomi, de bébé et de drogue tout le long du chemin. Maintenant, les deux jeunes femmes parlent de la possibilité d'un dieu, ou du moins d'une présence supérieure à la leur qui aurait avis et droit de gouvernance sur leurs faits et gestes. “Fair enough, but I mean– think about it. Whoever's up there made us, so maybe they made up the word brunk and slipped it into our mouths and now, he's having a laugh because we're using it thinking they meant drunk and broke when it actually means mutual assured destruction in Swahili.” C'est davantage la gêne que l'alcool qui parle, la Cachemirie le sait ; pourtant elle a tout loisir de laisser la frontière entre les deux devenir floue et elle l'emploie à foison. Les yeux perdus vers le ciel, elle se revoit dans le bar, à bêtement imaginer un rapprochement alors que son amie essayait de lui communiquer qu'elle allait gerber d'un moment à l'autre. Les yeux se ferment d'un coup : quelle conne, mon dieu. Quelle conne, quelle conne, quelle conne. Quelle conne d'avoir pu considérer Jean ainsi alors qu'il n'avait jamais été question de quoi que ce soit entre elles ; quelle conne d'imaginer qu'entre toutes les femmes sur tous les continents du monde, Jean éprouverait quelconque intérêt pour une femme, ou pire : pour elle. Son moment d'égarement lui semble si stupide qu'un rire lui échappe involontairement et, l'espace d'un instant, elle est tentée par l'idée de raconter son trouble à son amie. Au lieu de quoi : “Maybe we're Sims”, qu'elle soupire de manière presque inaudible. Peut-être que le soi-disant dieu dont elles parlent est une gamine un peu sadique de douze ans qui les regarde s'allonger dans l'herbe avec un joyau vert au dessus fes cheveux et qui jubile à voir la gêne sur le visage de Grace, parce qu'elle lui a inoculé des pensées qu'elle n'aurait jamais eues autrement. Ça aussi, c'est plus facile à accepter que l'alternative ; l'idée que Jean lui plaise vraiment. « You think that He is really judging everything we do and everything we think from up there ? » Elle caresse mentalement l'idée. Si c'est le cas, il doit bien se marrer. “I'm not sure”, qu'elle soupire en retour, tentant de reprendre contenance. “I was kind of raised in between different gods, and they have very contrasting ideas on good and bad.” Elle tourne la tête pour rencontrer les yeux de Jean, à son tour ; contemple ses iris remplis de culpabilité et de honte. “But I'm pretty sure they both agree that doing your best is what truly matters.” Ça, et ne pas tromper, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas coucher avec une personne du même sexe et ne pas vendre son esclave noir à un seuil supérieur au prix du marché. Elle dispense Jean de cette réflexion. Et peut-être qu'elle ne devrait pas, parce que la prochaine concerne son départ, et son retour tout aussi abrupt, et la main qui vient serrer la sienne ne semble plus aussi anodine qu'elle l'avait toujours été. “I know.” C'est tout ce qu'elle répond parce que son cerveau est tombé en panne, trop concentré sur leurs doigts qui s'entremêlent et sur son cœur qui en subit un léger soubresaut. Alors, bêtement, Grace retire sa main et fait mine de se gratter la tempe pour justifier son geste. Elle emplit ses poumons d'air, regrette plus que jamais la clope qu'elle aurait calé dans tout autre cas entre ses lèvres, et consent enfin à tourner le menton vers son amie. “Look, enjoy me being drunk because you're never gonna get that much unabashed honesty from me ever again.” La phrase s'accompagne d'un rictus et le silence qui la suit aurait tout aussi bien pu durer dix ans.
I'm sorry I've been a shit friend.”
C'est probablement la première fois qu'elle le dit sans qu'on ne le lui demande. “And don't say I haven't been. You're the worst liar I know.” Un sourire taquin guette le coin de ses lèvres mais elle s'astreint au sérieux avant de poursuivre : “I just needed to be on my own for a while. You know, sort my shit out, figure out what was next. I'd have done that in Brisbane, but it's so...busy, you know? Too much background noise, too many distractions. All. The. Time.” C'est en le disant qu'elle réalise que c'est faux : le bruit ne venait pas de l'extérieur, mais d'elle-même. Elle n'avait simplement jamais pris le temps de l'écouter. “It'll probably sound stupid but for a moment I felt like what I think Jeremy must be feeling like all the time. Everything is so loud, nothing makes sense and how can you hear your own thoughts when the rest of the world is screaming all around?” La comparaison à son frère aîné est audacieuse mais elle ne la reprend pas. Elle revoit Jeremy frotter son visage de ses deux mains, comme pour se cacher, se balancer d'avant en arrière dans sa couverture pour contenir son anxiété, ou encore ouvrir la machine à laver en plein lavage pour que le bip d'essorage ne lui fasse pas peur. Essayer de se réapproprier le contrôle sur des éléments qui leur échappaient totalement : c'était là leur plus gros point commun, sans doute. Et pourtant, Grace n'avait jamais eu cette peur-là avant de frôler la mort. “Although to be honest I'm not sure I actually found the peace and quiet I was seeking. Nor did I become wiser in any shape or form. But I don't feel like banging my head against the walls anymore. And I reckon it's a good place to start.” Elle finit avec une touche d'humour, comme d'habitude, parce qu'elle a dit vrai : son orgueil est trop fort, son embarras trop profond pour qu'elle ne sache vraiment comment présenter ses excuses. “I know you needed me and I wasn't there”, qu'elle souffle, parce que ça a toujours été une vérité centrale dans leur amitié : elles ont besoin l'une de l'autre. Or, c'est la toute première fois que l'une manque à l'appel. “But I'm here now and I promise I'm not leaving. I'll even text you every time I leave my place, if you want. Let you be the jealous boyfriend and all.” Un rictus taquin ponctue sa phrase et elle s'autorise enfin à se rapprocher de la jeune femme, se blottir près d'elle pour une étreinte méritée et retardée. “You're not gonna puke on me, are you?” Peut-être que si, mais qu'importe : la Cachemirie a déjà passé un bras autour de la taille de Jean et son nez se retrouve contre ses cheveux, près de son cou. Ça n'a pas à être bizarre, qu'elle se rappelle, profitant simplement de son odeur et du confort qu'elle retrouve en sa présence. Elles ont toujours été proches, et rien n'a changé entretemps, sinon la fatigue et l'alcool qui l'étourdissent. “Tell me you're not mad at me”, qu'elle demande enfin dans une petite voix, et ses lèvres touchent presque son cou, et c'est si tentant de se rapprocher encore qu'elle reste complètement immobile, yeux mi-clos, à attendre que le moment passe.

@jean atwood :l:
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyDim 9 Mai 2021 - 23:17


guess we’ll have to see it through (ft. @Grace Salman :l: )

Étalées dans l’herbe, le nez dans les étoiles, Grace commence à questionner l’existence d’un être supérieur qui les observerait de là-haut. Jean met en doute le fait que l’Être Supérieur puisse s’intéresser à leurs vies et leurs mots inventés pour la soirée.  “Fair enough, but I mean– think about it. Whoever's up there made us, so maybe they made up the word brunk and slipped it into our mouths...” Est-ce qu’il les a faites imparfaites aussi, est-ce qu’elles peuvent vraiment le rendre responsable de tous leurs choix et actions ? Jean ne croit pas. “and now, he's having a laugh because we're using it thinking they meant drunk and broke when it actually means mutual assured destruction in Swahili.” Jean lève un sourcil devant cette hypothèse étrangement spécifique de son amie et le rire gêné de Grace lui confirme qu’elle a un peu déraillé : « Brunk is not a Swahili word... What are you talking about ? You’re definitely drunker than me... » la taquine-t-elle avec un sourire emplit de malice, elle lui dirait bien que c’est elle qui devrait aller nourrir les poissons de la rivière, mais elle n’a pas envie de revenir sur son exploit dans le bar. “Maybe we're Sims” Jean reprend un peu son sérieuxet secoue la tête : « No, we’re not... Maybe He made us as we are but I also think he gave us freewill. Or else the world would be perfect, the people would be basically good and you know like me that it’s far from it... » Dieu n’a pas mis le mot brunk dans sa tête tout comme il ne l’a pas non plus forcée à tromper Matthias. C’est dommage pour Jean qu’elle ne croit pas au destin, à un chemin déjà tout tracé à l’avance par Dieu ou qui que ce soit, ça aurait peut-être pu la décharger d’une partie de sa culpabilité au moins…

Ce n’est pas le fait d’être une marionnette d’une entité supérieure qui l’inquiète, c’est surtout qu’il puisse juger le moindre de ses faits et gestes, entendre ses pensées qui sont loin d’être toujours bienveillantes et chrétiennes. “I'm not sure… I was kind of raised in between different gods, and they have very contrasting ideas on good and bad.” Jean n’a jamais été une extrémiste de la religion dans laquelle elle a été élevée, elle n’a quasiment pris que les valeurs positives et qui lui tenaient à coeur, elle n’a jamais considéré que sa religion était mieux que les autres, elle respecte que la spiritualité puisse être interprétée différemment. Il n’y a probablement pas d’Être divin barbu assis dans un trône au milieu des nuages, mais elle croit qu’il y a une morale universelle portée par les religions… Elle n’est pas une spécialiste en théologie, mais elle est prête à parier que l’adultère n’est une bonne chose dans aucune d’elles, ni même l’homosexualité. Pourtant, Grace est la meilleure personne qu’elle connaisse dans l’univers et elle espère n’être pas si mauvaise dans le fond elle-même… Pourtant, en cet instant, elle sent uniquement le poids du jugement de l’univers sur ce qu’elle a osé faire à Matthias, bien qu’elle soit probablement la seule à se juger. “But I'm pretty sure they both agree that doing your best is what truly matters.” Jean s’efforce de lui sourire même si elle sait que son amie essaye simplement de la réconforter : « I’ll chose to believe you, because I need you to be right... » Elle espère que l’univers sait qu’elle fait de son mieux avec ce qu’elle est et ce qu’elle a, elle espère que Matthias comprendra aussi, si elle finit par être honnête avec lui. En tous cas, la présence de son amie lui fait énormément de bien, elle a pu se confier et verbaliser ses craintes, recevoir son soutien inconditionnel et rire pour alléger ses angoisses. C’est tout naturellement qu’elle glisse ses doigts entre ceux de la photographe et s’accroche à sa main comme si elle avait peur qu’elle ne se volatilise en lui avouant qu’elle a eu peur de ne jamais la revoir. “I know.” lui répond-t-elle l’air un peu gênée et leurs mains se détachent. Jean est peinée que Grace rompe ce geste de tendresse dont la journaliste avait besoin mais elle ne laisse rien paraître et essaye de se convaincre que son amie avait vraiment une démangeaison au visage. “Look, enjoy me being drunk because you're never gonna get that much unabashed honesty from me ever again.” Cette déclaration fait soudain stresser Jean, elle est d’autant plus désarçonnée par le geste de mise à distance de la photographe. Qu’est-ce qu’elle va bien pouvoir lui avouer ? Elle s’arrête de respirer, suspendue aux lèvres de Grace, ne pouvant plus cacher son désarroi devant son silence, elle finit par  souffler d’une voix tremblante : « What do you mean ? »I'm sorry I've been a shit friend.” Jean ne sait pas pourquoi mais elle se sent soulagée qu’il ne s’agisse que de ça, son imagination commençait à partir en vrille. Elle ouvre la bouche pour la contredire aussitôt mais Grace ne lui laisse pas le temps : “And don't say I haven't been. You're the worst liar I know.” Jean ne lui rend pas son sourire, elle est tout à fait sérieuse alors que son corps entier se tourner vers Grace, sur le flanc elle redresse partiellement son buste en s’appuyant sur son coude : « Look at me. You’re not a shit friend, never been, never will. » Elle est presque grave dans son ton et son expression,  Grace pourra dire ce qu’elle veut mais elle ne ment pas, même si elle n’était jamais revenue à Brisbane, Jean sait qu’elle resterait sa personne préférée dans tout l’univers. “I just needed to be on my own for a while. You know, sort my shit out, figure out what was next. I'd have done that in Brisbane, but it's so...busy, you know? Too much background noise, too many distractions. All. The. Time.” C’est la première fois que Grace lui explique vraiment pourquoi elle a ressenti le besoin de partir, Jean l’écoute avec attention mais elle n’a pas besoin de ces justifications pour pardonner à son amie d’être partie ainsi, elle ne lui en a jamais voulu. « I know, Gracie. I understand. You just needed it... » Jean la comprend bien plus qu’elle ne veut l’avouer, son hypersensibilité la rend particulièrement vulnérable au vacarme de la ville, aux lumières agressives des néons, à ses émotions exacerbées et à celles d’autrui. Chaque journée l’épuise sans qu’elle ne s’autorise à lever le pied pour autant, elle aurait peut-être dû partir avec elle, plaquer tout, Matthias, sa famille, ses articles invendables… “It'll probably sound stupid but for a moment I felt like what I think Jeremy must be feeling like all the time. Everything is so loud, nothing makes sense and how can you hear your own thoughts when the rest of the world is screaming all around?” Jeremy est le frère autiste de Grace dont elle a du s’occuper comme un parent. Jean ne peut pas prétendre comprendre ce que vit Jeremy ou n’importe quelle autre personne sur le spectre autistique, bien qu’elle sache que son hypersensibilité lui donne un aperçu de ces agressions quotidiennes qu’il subit du monde extérieur. « It’s not stupid, the world is exhausting sometimes... On most days, I’d also like to feel much less of… everything... » avoue-t-elle avec un regard compatissant, elle voudrait que Grace arrête de se flageller pour être partie ainsi et qu’elle accepte simplement que Jean ne lui en tient pas rigueur, et même qu’elle la comprend. “Although to be honest I'm not sure I actually found the peace and quiet I was seeking. Nor did I become wiser in any shape or form. But I don't feel like banging my head against the walls anymore. And I reckon it's a good place to start.” Elle plaisante pour alléger un peu l’ambiance de la discussion parce qu’elle n’assume pas vraiment de parler aussi profondément de ce qu’elle ressent, mais Jean ne la laissera pas minimiser ainsi le chemin parcouru. « You do really seem better, Gracie… You needed it and it’s not because you didn’t come back as enlighted as Buddha that it wasn’t worth it. » Personne n’a exigé d’elle qu’elle ait découvert le sens de l’existence et qu’elle soit devenue une autre personne en sept mois d’absence, en tous cas, pas Jean.

I know you needed me and I wasn't there” Oui, elle avait eu besoin d’elle, elles avaient toujours eu besoin l’une de l’autre en toutes circonstances, mais Grace n’avait pas disparu sans laisser de traces au moins. Même si elle était difficilement joignable, elles avaient pu un peu se parler pendant ces sept mois, elle ne l’avait pas rayée de sa vie non plus. « I was okay and at least you didn’t fake your own death... » plaisante-t-elle en riant pour rappeler à son amie qu’il n’y a pas eu mort d’homme (ou de femme) dans cette histoire. “But I'm here now and I promise I'm not leaving. I'll even text you every time I leave my place, if you want. Let you be the jealous boyfriend and all.” Les promesses de Grace lui font chaud au cœur, mais pas autant que l’étreinte qu’elle finit par lui donner. Les deux amies sont allongées dans l’herbe, enlacées, et Jean sent tous ses soucis disparaître et devenir insignifiants, l’étreinte de Grace est la seule chose dont elle a besoin pour oublier tout le reste. « I know and I’ll never leave either... Just know that you can tell me everything and if you ever feel like flying away again and leave evrything behind, just take me with you... » Elle aimerait que sa vie soit plus simple pour qu’elle puisse tenir cette promesse sans avoir à y réfléchir à deux fois, après tout même si Grace lui avait proposé de l’accompagner l’année précédente, Jean aurait trouvé plusieurs raisons de refuser, en première place : son mariage à sauver. Elle veut cette promesse sincère, elle veut pouvoir la tenir quand ce jour arrivera, mais elle ne peut pas prédire l’avenir, Jean, alors elle promet peut-être l’impossible… L’instant est intense, leur étreinte est douce et réconfortante, Jean pourrait rester ainsi toute la nuit, le visage à moitié enfouit dans les cheveux de son amie. Comme à son habitude, Grace rompt tout moment trop profond et intime avec une plaisanterie pour briser le charme : “You're not gonna puke on me, are you?« Okay, that’s it, you’re dead ! » Jean s’attaque à son amie sans se défaire de leur proximité, elle se met à la chatouiller franchement, pinçant ses flancs, grattouillant son ventre avec un rire un peu sadique : « I warned you, now you’re gonna die by the tickling torment, dear ! » Elles roulent dans l’herbe l’une sur l’autre entre cris et rires, Jean refusant de laisser sa meilleure amie en réchapper si facilement et si vite. Elle l’avait pourtant prévenue d’arrêter de ramener l’incident de régurgitation sur le tapis, ce n’est que justice.

« Ok, ok ! I stop, but shhh with you know what ! » Finalement, leur petite lutte prend fin, elles sont décoiffées, leurs chevelures pleines d’herbe. A moitié essoufflées, elles retombent mollement dans les bras l’une de l’autre. “Tell me you're not mad at me” lâche Grace d’une petite voix et Jean sent son cœur se serrer. « Of course not ! » s’écrie-t-elle en resserrant l’étreinte entre elles, inconsciente qu’elle vient de coller les lèvres de son amie contre son cou, ne réalisant même pas ce bref contact. Ça ne dure qu’une seconde et Jean relâche son étreinte, se détache d’elle juste pour pouvoir la regarder dans les yeux : « I could never be mad at you. I’m just really happy you’re here. Let me just be happy to have you back, okay ? And stop blaming yourself for no reason. » Le dernier regard est assorti de sourcils froncés, Jean adore se culpabiliser pour tout et n’importe quoi, mais elle ne supporte pas que ceux qu’elle aime soient rongés par des remords qu’elle juge inutiles. Elle se laisse finalement retomber sur le dos, la tête à nouveau dans les étoiles, les cheveux en batailles et les joues rougies par l’alcool et la bataille de chatouilles. Elle se sent bien, plus l’ombre d’une nausée à présent. « If I were as brave as you are, I would probably have done something like that myself a long time ago… Leave my husband that I don’t love, my family that I can’t look in the face, my job that I don’t like and my stupid articles that noone wants to publish and go be a war journalist or something like that... » Triste constat de sa vie, un constat brutalement honnête soudain. Mais sans l’argent de son mari ou de ses parents, elle n’a aucuns fonds pour payer ses frais de voyage et tant qu’aucun média ne lui fera confiance et ne la laissera faire ses preuves, elle n’aura jamais un poste de ce genre. Alors c’est le serpent qui se mord la queue, elle reste là, cherche l’article qui lui donnera une crédibilité quelconque mais ne fait finalement que s’épuiser à donner des coups d’épée dans l’eau. « My brother thinks I’m brave for resigning from ABC and be back to student jobs, but truth is, I’m a coward… You’re the bravest person I know... » conclut-elle en tournant son regard vers Grace à nouveau.
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Message(#) Sujet: Re: guess we'll have to see it through ; jean&grace guess we'll have to see it through ; jean&grace EmptyLun 10 Mai 2021 - 10:13


« No, we’re not... Maybe He made us as we are but I also think he gave us freewill. Or else the world would be perfect, the people would be basically good and you know like me that it’s far from it... » Que répondre à ça, sinon : pas con ? Jean a été élevée dans une famille chrétienne, avec toutes les valeurs que cela véhicule, face à une Grace à la mère profondément agnostique et au père entre deux religions, forcé de quitter la sienne pour en épouser une autre au plus jeune âge. Cette dichotomie a profondément marqué ses propres croyances et sa méfiance toute relative face aux religions quelles qu’elles soient. Elle en est sûre, pourtant : tout n’est pas laissé entre leurs mains, il y a forcément des forces supérieures à leur volonté individuelle et si cela n’engage aucune notion de karma ou de redevance, la jeune femme se sent suffisamment observée pour en ressentir de la honte de temps en temps. Elle a eu du mal avec son coming out, davantage par pression sociétale que par croyance véritable, mais ça suffit à lui faire comprendre les peurs de son amie. “Yeah, you know, there are people thrown out of helicopters and into the sea for their political opinions out there. If there's anyone who's watching over humanity, I doubt they're keeping tabs on an adulterer and a lesbian.” A moins que ledit dieu soit omniprésent et omnipotent comme il est censé l’être. Grace, elle, a toujours eu du mal avec ce concept : n’explose-t-on pas façon Funes ou la mémoire, quand on est condamné à tout voir et tout retenir à tout moment donné ? “There's at least gotta be a scale or something. Like: okay, this one over there is gay, but does she deserve to be sent to hell alongside Pol Pot and John Howard?” Les gens ne sont pas bons par nature, voilà ce qu’elle pense : ils sont égoïstes par nécessité de survie et dans un monde toujours plus complexe et désespéré, il faut se battre pour garder un semblant de stabilité mentale. Elle n’en voudrait jamais à Jean d’avoir trompé son mari, parce qu’elle-même est trop sujette aux erreurs de jugement pour ne pas comprendre un écart de comportement. Jean se repent et se fustige déjà : la punition est largement suffisante, et si un dieu quelconque voulait lui faire payer davantage qu’elle ne payait déjà, il serait sacrément rancunier.
Et puis c’est à son tour de se confesser, de ressentir cette boule coupable dans la gorge parce que les excuses qu’elle a à présenter ne peuvent plus être repoussées. Il faut dire qu’elle a disparu sans donner de nouvelles à quasiment tout le monde : Jordan, Siloë, sa mère, son frère et sa soeur. Seule Jean a reçu de ses nouvelles, son dernier lien entre le monde qu’elle avait quitté et celui auquel elle s’était rattachée, et c’était le fait même qui l’avait exemptée jusque-là d’excuses. Pourtant il lui semblait injuste, soudain, de ne pas faire amende honorable pour son absence prolongée. « I know, Gracie. I understand. You just needed it... » Si elle veut être honnête, la Cachemirie dirait qu’elle se doutait déjà de la réponse de Jean, et qu’elle ne ressentirait aucune culpabilité supplémentaire ni de blâme quelconque pour ses actions - et c’est peut-être ça, qu’elle cherche, quelque part. Après les reproches de ses amis, elle a peut-être simplement besoin de quelqu’un qui la comprenne et la rassure, lui dise qu’elle a pris la meilleure décision pour elle à un instant critique et que le reste n’était qu’annexe. Elle étouffe un soupire, continue de vider son sac, de sortir le mal être sur lequel elle avait eu tant de mal à poser des mots à l’époque. « You do really seem better, Gracie… You needed it and it’s not because you didn’t come back as enlighted as Buddha that it wasn’t worth it. » Et cette fois, la brune pince les lèvres : elle se sent mieux, c’est vrai, et ce sous de nombreux aspects. Elle n’est plus aussi en colère qu’avant, plus aussi triste, non plus ; le monde extérieur et ses obligations ne représente plus la charge incommensurable qu’il avait été auparavant. Et pourtant, force est de constater que Jean va tout aussi mal qu’elle à l’époque et qu’elle n’a pas été là pour ça. Peut-être que c’est un chemin qu’elles auraient dû faire ensemble, et ça la taraude de ne pas avoir pensé aux sentiments de son amie. Alors pas de doute, lorsque celle-ci lui répond en lui demandant de penser à elle la prochaine fois : elle ne partira plus. Ou en tout cas, pas sans elle. L’étreinte qu’elles échangent est agréable, confortable ; le genre de conforts qu’on ressent lorsqu’on rentre enfin chez soi après un voyage trop long et trop éprouvant et Grace se demande si l’excursion au Cachemire était bien nécessaire alors qu’elle avait eu ce réconfort aussi près d’elle… « I warned you, now you’re gonna die by the tickling torment, dear ! » Un rire alarmé se noie entre ses lèvres avant qu’elle ne se retrouve complètement avachie dans l’herbe et elle réalise qu’elle avait besoin de tout ça. De patience, de compréhension, de simplicité ; d’une étreinte sans jugement ni malaise. De rire, peut-être, sans penser au reste.
Sa tête retrouve l’épaule de Jean et son rythme cardiaque diminue lentement, trop foutu par l’alcool et les émotions pour se réguler comme il faut. Elle retient l’envie d’embrasser le cou de la blonde, parce que céder à l’alcool et à la solitude est une immonde connerie qui viendrait gâcher tout le reste et pourtant, à chaque fois, les mêmes questionnements reviennent la tancer. « If I were as brave as you are, I would probably have done something like that myself a long time ago… Leave my husband that I don’t love, my family that I can’t look in the face, my job that I don’t like and my stupid articles that noone wants to publish and go be a war journalist or something like that... » So why don't you leave him? Voilà ce qu'elle aimerait lui demander, ce qui reste au bord de ses lèvres sans jamais se décider à les quitter, et c’est loin d’être le plus gros des problèmes de Jean mais c’est pour l’instant le plus important à ses yeux à elle. Elle ne l’aime pas. Elle ne l’aime pas, et elle se berne dans cette idée de mariage parfait qui est mort avant même d’avoir vu le jour. Au lieu d’en parler, pourtant, elle se contente de répondre, à nouveau : “Seriously, though. I’ll take you up on that.” Si un jour, par un quelconque miracle, ça arrivait. “But I don't think it's cowardly at all”, qu'elle enchaîne, “you know, taking a leap of faith. And it'll be worth it, and at some point you’ll look back and think: thank fuck I did it. You just need to get there.” Elle se demande si elle n’est pas meilleure en conseils quand elle est alcoolisée que sobre. “Plus, it takes a lot of courage to stay and try to be the person that people want you to be.And you must be so tired, and I’m sorry you have to go through that, qu’elle pense, et elle le garde à nouveau pour elle, parce qu’elle sait que Jean s’empresserait de démentir, de défendre son homme, et qu’elle ne veut pas la froisser. “I mean it, though. You could get a divorce and tell the newspapers to fuck off and we could just leave. Fake our own deaths and start all over again on the other side of the planet. I wouldn’t mind.” Et elle dit vrai, Grace : tout plaquer ne lui fait pas peur. Maintenant, elle est consciente qu’elle a assez de ressources en elle-même pour le faire et retomber sur ses pieds. “You’re the bravest person I know. You just need time to figure things out”, qu’elle conclut, et sa main cherche celle de Jean jusqu’à la serrer dans la sienne - au diable la gêne, elle passera demain. “How about I get you home, snookums? You might have thrown up your alcohol but I haven’t and my legs feel all wobbly.” Rappel discret qu’elle est incapable de tenir l’alcool comme elle l’était avant que son cerveau ne soit complètement flingué. “Or we could just prepare for our future life as hobos and sleep in the grass”, qu’elle murmure enfin, happée par la fainéantise, parce qu’elle est si bien, là, contre son cou et dans ses bras, qu’elle est presque sûre qu’elle pourrait s’endormir d’une minute à l’autre.

@Jean Atwood :l:
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