CHARLIE & CLYDE Strangers in your head Devil's on your shoulder Strangers in your head As if you don't remember As if you can forget

L’atmosphère chargée en humidité et en braises qui se dispersent tout autour du burning man chargent l’air d’une pesanteur que le brun ressent à chaque bouffée, les yeux qui divaguent sur ses collègues postés non loin de lui alors qu’Halsey vient tout juste de lui texter qu’elle arrive sous peu - en retard selon lui, sous son meilleur jour qui mérite qu’elle prenne son temps, selon elle. Le journaliste profite de la distraction pour scanner d’un coup d’oeil rapide ses mails auxquels il est trop attaché pour son propre bien, toujours à l’affût de la moindre chose qu’il ne pourrait pas rater. Un gros dossier vient de sortir et il sait que son nom risque d’être affiché une fois ou deux dans les médias, ce qui lui plait tout autant qu’il aimerait que cela reste circonscrit. Evidemment, ce n’est qu’une consécration qui booste sa fierté lorsqu’il se remémore les journées et les nuits entières à suivre des pistes qui se sont pour la moitié être révélées sans suite, avant que le faisceau d’indices ne parle pour lui-même et lui permette de ficeler le rendu final quelques jours auparavant. Alors, envers et contre toute logique alors qu’il ne sait pertinemment que peu de gens prennent réellement le temps de lire le nom du journaliste associé à une enquête, il épluche ses mails et les recherches de son navigateur en espérant paradoxalement y apparaître discrètement.

Ce n’est que lorsqu’il relève la tête et voit clairement qu’une jeune femme le fixe qu’il délaisse son portable pour le faire glisser dans sa poche tandis que ses sourcils s’arquent d’un air interrogateur. A moins que ses yeux vitreux ne fixent le vide, il serait prêt à parier qu’elle est sur le point de l’aborder et ce n’est pas son air inoffensif qui lui donne envie de se défiler. Elle est même plutôt jolie, non pas que cela puisse donner lieu à quoi que ce soit - hormis si elle est prête à finir en pâture pour la brune qui est sur le point de montrer son nez - mais son visage inspire à Clyde l’envie de lui rendre son regard plutôt que de se détourner en prétextant n’avoir rien vu. Il est là, libre, à sa plus totale disposition et espère bien que son regard donnera lieu à un autre chose qu’un staring contest qui pourrait vite devenir aussi agaçant que flippant. Pourvu qu'elle n'ait pas trois grammes qui lui courent dans le sang et lui tienne la jambe éternellement - pour son bien à elle, évidemment.

Charlie a parfois la discrétion d’un troupeau d’éléphant dans un magasin de porcelaine (un éléphant seul n’aurait pas été une image assez forte). Lorsqu’elle se perd dans ses pensées, elle a la fâcheuse tendance d’oublier trop rapidement qu’elle ne devient pas invisible pour autant et que son regard, lui, reste toujours aussi perçant. Ses yeux bleus se voient d’autant plus sous la lumière du feu et elle ne se rend compte de son erreur qu’au bout de longues secondes d’observation évidente. Avant de faire quoi que ce soit, elle avait besoin de s’assurer que son esprit n’était pas en train de se jouer d’elle et cela sous entendait que Charlie devait être certaine de son identité. Pour cela, elle a dû le dévisager pendant plusieurs secondes, ayant ainsi pour conséquence qu’elle se sente plus stupide que jamais en cet instant.

Il en faudrait bien plus pour la décontenancer et lui faire perdre pied, raison pour laquelle elle s’avance finalement en direction du brun d’un pas assuré, se faufilant au milieu de la foule dense et abandonnant derrière elle Léo qui est parti leur chercher des boissons. Si jamais il est réellement perdu, elle sait qu’il finira par l’appeler, ils ne sont plus au Moyen Âge après tout. Pour sa part, elle a une curiosité à assouvir et une certaine passion à mettre en exergue. Si le Destin l’a depuis éloigné du monde du journalisme, elle y a pourtant passé de longues années pendant lesquelles elle s’est imaginée en faire son métier. C’est pour cette raison comme bien d’autres qu’elle a longtemps écumé tous les articles de presse un minimum sérieux - ou non. Oui, d’accord, elle lisait aussi beaucoup la presse people, mais c’est seulement parce que son regard s’y perdait et qu’elle était ensuite aspirée par les articles. Ce n’était donc absolument pas de sa faute et, de toute façon, cela n’a rien à voir avec l’ordre du jour.

Drôle de désignation pour un homme, “l’ordre du jour”. “Vous êtes journaliste, n’est ce pas?” Elle l’a salué dans son esprit mais a oublié de changer ses pensées en mots. Promis, elle n’est pas malpolie, simplement un peu trop pressée de connaître la réponse à sa question, raison pour laquelle elle précise sa pensée sans réellement lui donner le temps de parler. “Wakefield?” Elle est ce genre de personne qui aime tout savoir sur tout, et connaître le visage des auteurs fait partie de toutes ces choses qu’elle souhaite connaître sans que cela n’intéresse qui que ce soit d’autre. Ils sont très peu à avoir de photos officielles mais beaucoup en ont au moins des officieuses. “Clyde, c’est bien ça? C’est un prénom qu’on oublie difficilement.” Les questions s’enchaînent avant qu’elle se raisonne enfin et se décide de se taire, gardant une distance entre eux pour le laisser libre de prendre ses jambes à son cou si jamais il décide de s’enfuir loin de cette blonde bien trop curieuse qu’elle représente à merveille.