« J'ai vraiment la trouille, Jax. Je sais que tu es absolument parfait et que tu vas sans doute trouver les mots les plus parfaits … » Allongée dans son lit, elle a le regard ancré dans celui qu'elle peut désormais officiellement appeler son petit-ami. Elle a tellement confiance en lui qu'elle prononce cette phrase sans ciller, sans baisser les yeux. Bien au contraire. Elle a le regard ancré dans le sien comme si elle voulait s'y accrocher, s'y noyer même. « Je sais que ce n'est qu'une cicatrice mais elle est vraiment dégeu… », dit-elle en esquissant un sourire en coin bien que derrière ce sourire se cache un milliard de doutes et de questionnements. Niamh n'est qu'un être humain comme les autres. Elle sait qu'elle vient de traverser une dure épreuve. Elle sait que tout cela était obligatoire, qu'elle est en vie et qu'elle peut s'estimer heureuse. Elle sait que pas mal de personnes sur cette planète ont ce genre de fardeau sur leurs épaules qui finissent par devenir des partenaires. Néanmoins le changement de son corps a été sans doute un peu trop brutal. Brutal car elle n'a pas eu le temps de se préparer. Pas le temps de s'imaginer avec cette cicatrice transversale sur le bas ventre qui lui rappelle à chaque regard qu'on lui a retiré une bonne partie de ses entrailles. Si elle ne l'accepte pas encore ce corps tout nouveau, comment un autre pourrait-il l'accepter ? La main posée sur la joue de Jax vient finalement s'écraser sur son visage qu'elle enfouit entre ses mains pour soupirer en marmonnant : « Je suis vraiment débile. » Elle écarte doucement les doigts de la main pour regarder Jax.
Elle est là, allongée dans son lit, entre les bras de celui pour qui son cœur bat.
Elle est là, allongée dans son lit, simplement vêtue d'une petite culotte et d'un tee-shirt gigantesque portant le logo d'un groupe de musique. Elle est là et devrait être la plus radieuse et la plus heureuse des femmes. Elle est là et devrait faire voler les différents vêtements qui les séparaient … et pourtant, elle avait peur de lui faire découvrir cette nouvelle Niamh. Car, cela rendrait les choses encore plus réelles. Elle avait été malade. Elle avait eu un cancer. Elle est malade. Merde !

« Arrête d'être aussi dur avec toi-même. » Elle était dur avec elle-même. Sans doute. Sans doute parce qu’elle ne voyait pas faire autrement. Elle avait besoin d’être dur, c’était sa manière de fonctionner. Elle était dure avec elle-même pour avancer plus rapidement, pour se relever plus rapidement. Du moins, c’était la technique qu’elle jugeait judicieuse … par le passé. Mais aujourd’hui cette technique était plus ou moins contreproductive. Elle ressassait des choses qu’elle ne maîtrisait pas. Elle n’acceptait pas une vérité qui lui était pourtant imposée. « Tu es une femme forte, une femme qui a souffert mais moi je vois toujours la même femme resplendissante et tellement belle. » Un sourire apparut sur le visage de la jeune femme et avec un peu d’attention, on pourrait même voir ses joues prendre une teinte légèrement rosée. Il marquait un point. Dans ses yeux, elle avait le sentiment d’être resplendissante. Elle avait le sentiment d’être la plus belle. Il avait ce talent particulier de la rendre tout simplement rayonnante. L’amour, n’est-ce pas ? Etre amoureux rend beau, à ce qu’il paraît. « Et ne te prend pas la tête, ça viendra quand ça viendra. » Elle tourna doucement la tête pour déposer un tendre et fugace baiser sur l’intérieur de son poignet alors qu’il replaçait une mèche de ses cheveux. « Je le savais que tu allais une fois de plus trouver les mots justes… » souffla-t-elle en plissant le nez avant de tendre les bras pour les enrouler autour de son cou, caressant du bout des doigts sa nuque.

« T’en as pas marre d’être parfait ? » demanda-t-elle de manière plus rhétorique qu’autre chose tout en ayant cette voix rieuse. Elle tendit le cou pour déposer ses lèvres sur les siennes, lui offrant un baiser des plus chastes.

Les muscles se détendaient et elle laissa ses bras retomber doucement tout en passant par les épaules du géant. Finalement, ses doigts vinrent saisir le pan de son tee-shirt alors que son regard se rivait lui-aussi sur le pan de son tee-shirt. Le moment de vérité. C’était débile, elle le savait. Les cicatrices, tout le monde en a. Elle se souvenait même s’être dit que cela ne la dérangerait pas, elle ferait des blagues, expliquerait des anecdotes débiles sur les dinosaures … mais quand on lui avait ôté ses pansement et qu’elle avait vu son ventre marqué par cette cicatrice de plusieurs centimètres sur son bas ventre … elle avait eu le sentiment de ne voir quelle. Niamh n’était pas certes pas futile, ni matérialiste, ni sensible aux apparences … pourtant, quand ses doigts se mirent à saisir le pan de son tee-shirt pour le remonter doucement, elle eut le sentiment de brûler. Brûler de l’intérieur. Un pas à franchir. Elle le savait. Et puis, elle avait confiance en lui. Elle devait lui faire confiance. Elle pouvait lui faire confiance, encore plus important ! Le tee-shirt était arrivé au-dessus de son nombril alors qu’elle relevait les yeux vers Jax. La cicatrice se trouvait deux, trois centimètres au-dessus de son sous-vêtement et s’étendait sur une dizaine de centimètres. Elle arqua un sourcil avant de se cacher derrière son arme préférée : l’humour. « Je suis toujours en train de réfléchir à une anecdote amusante pour l’expliquer … » Une attaque de velociraptor peut-être ?

« Un jour, tu finiras par te lasser de ce côté parfait »  Cette phrase sonnait comme une constatation, comme un fait déjà bien ancré dans la pierre. Du côté parfait, on se lasse. Niamh avait déjà entendu parler de ces personnes qui ne sont pas attirés par les gens « biens » ou alors jamais très longtemps. L'attrait pour le méchant, pour le mauvais, le fantasme du bad-boy. Elle en avait hélas déjà constaté l'existence sur ses amies. Niamh, elle, elle n'avait jamais compris cet intérêt pour le mauvais. Peut-être était-ce lié à son éducation ? Ses parents avaient toujours veillé à lui inculquer des valeurs, à lui rappeler que les gens biens ne sont pas ennuyeux. Que les gens biens ne sont pas forcément privés d'aventures. Niamh faisait partie de ceux qui, au contraire, pensaient faire fuir la perfection. Sa vie n'était pas un total désastre mais elle n'était pas parsemée d'arcs en ciel et de licorne. Non, sa vie était parsemée de quelques obstacles plus ou moins importants. Elle avait le sentiment qu'à chaque fois que sa vie prenait une bonne direction, une direction tranquille et positive … elle finissait par chercher dans une crotte de chien, avec une paire de sandales. Oui, cela aurait été l'image appropriée. Marcher dans la rue d'un pas sautillant sourire aux lèvres jusqu'à ce que l'on marche dans une crotte de chien encore chaude, avec des sandales. La vraie joie. Tout ça pour dire que la perfection de Jax, elle allait en prendre soin et la savourer. «Pourquoi vouloir l'expliquer ? »  Simple question, et elle se liquéfiait littéralement. Il mettait le doigt sur le gros point faible de la blonde : toujours essayer de trouver une issue de secours, le tout avec un rire. Mais, elle n'avait pas besoin d'explication. Elle n'avait pas besoin de donner d'explication. C'était son Marcel. Son cancer. Son corps. Elle releva la tête vers Jax comme électrifiée par cette soudaine vérité. Une illumination. Un fin sourire avait pris place sur ses lèvres.

« Tu penses vraiment que je puisse me lasser, un jour, de cette perfection ? Sérieusement ? Impossible, Jax. », dit-elle dans un souffle. « C'est fou mais avec toi, à mes côtés, je me sens bien. Juste bien. J'ai le sentiment de pouvoir être moi-même, sans avoir la moindre peur, la moindre gêne. Tu me fais énormement de bien, Jax et je dois t'avouer que je tombe un peu plus sous ton charme chaque jour qui passe. » Sa voix était posée. Un murmure. Une caresse presque. La blonde s'ouvrait. Elle parlait de ses émotions. Elle parlait de ses sentiments qui ne faisaient que se décupler depuis que Jax était entré dans sa vie. « Je ne vais pas me lasser car je ne veux pas me lasser. », ajoute-t-elle en acquiesçant d'un signe de tête ses propres paroles. Elle avait parlé sans le quitter des yeux. Son regard était ancré dans le sien à tel point qu'elle découvrait de nouvelles nuances dans les prunelles de son petit-ami. Oui, son petit-ami. Elle lui avait confié ce titre, ce rôle. Elle avait finalement baissé les barrières. Ils étaient un couple et des instants comme celui-ci lui montraient, lui prouvaient combien elle voulait l'intégrer dans sa vie.
« Maintenant que je t'ai trouvé Jax Collins, je ne suis pas prête de te lâcher. » avait-elle fini par ajouter d'une voix rieuse alors qu'elle tendait la nuque pour pouvoir déposer un baiser sur ses lèvres, posant une main sur sa joue. Un tendre baiser qui suivi de ses propos avait tout d'une délicate déclaration d'anour.

« Des fois, on ne le veut pas mais c'est ce qui arrive. Ca vire sur un dix cennes. Mais je ferais tout pour que cela n'arrive jamais de toute façon. » Et pour la première fois, elle prenait conscience qu'elle n'avait peut-être pas été la seule à avoir été maltraitée par les histoires d'amour. Peut-être que Jax, lui aussi, avait dû vivre et affronter des histoires de cœur à en perdre quelques plumes. C'est bête mais cela la mettait un peu en colère. L'idée qu'on ait pu lui faire du mal, qu'on ait pu ne pas voir en lui tout ce qu'elle, elle voyait. Dans un sens, elle était en colère de se rendre compte qu'on ait pu le blesser … et de l'autre, elle était ravie que la Terre soit peuplée d'écervelées qui lui aient laissé la place. Elle allait en prendre soin. Elle allait tout faire pour continuer à voir ce sourire venir étirer ses lèvres. La niaiserie des premiers mois ? Peut-être. Dans tous les cas, elle était intimement convaincue qu'il en valait la peine. Il la poussait même à rêvasser. Des rêves qu'elle ne s'était jusque là jamais vraiment autorisée. « Et je ne suis pas prêt de partir. Moi aussi je suis bien avec toi et je crois que Virgil t'as apprécié aussi.», elle se redressa aussitôt, le regard lumineux. Virgil. Conquérir le père avait été une chose mais il lui fallait avec douceur apprendre à connaître le petit bonhomme. Il allait falloir s'armer de patience et de douceur. Et Niamh en avait la frousse. « Tu le penses vraiment ou tu dis ça pour me rassurer? », dit-elle aussitôt en plissant les yeux d'un air suspicieux et en agitant son index sous son nez. « J'ai l'impression d'avoir quinze ans et d'avoir absolument envie d'être apprécié par les cools du bahut et dans la vie d'aujourd'hui, le plus cool, c'est Virgil. » Un aveu teinté d'humour et pourtant criant de vérité. Elle ne voulait pas faire de faux pas. Elle voulait l'apprivoiser le petit bonhomme. « Je sais que c'est important pour toi, alors ça l'est d'autant plus pour moi. » Elle affichait désormais un sourire plein d'assurance. « Peut-être qu'on pourrait s'organiser une petite sortie rien qu'à trois. Tu en dis quoi ? », et elle se pinça les lèvres, levant les sourcils, attendant le verdict de son amant.

Elle ne se reconnaissait pas vraiment dans ce tout nouveau discours. C'était si nouveau. Et pourtant, elle avait le sentiment que sa place était exactement celle-ci. Tout était nouveau et pourtant, elle ne semblait pas être totalement dépassé. On lisait l'enthousiasme au fond de ses prunelles. On entendait le bonheur teinter sa voix. Elle était … heureuse. Heureuse depuis bien longtemps.

« Vous vous êtes bien entendus pour son anniversaire mais c'était jour de fête et rien n'aurait pu le détourner de son gateau et de ses cadeaux » Elle avait également fait ce constat et savait ce que cela signifiait. Elle avait fait parit du décor avec les autres invités, ce qui était tout à fait compréhensible. L'excitation et l'enthousiasme de Virgil avaient tout simplement occulté les quelques gestes tendres et discrets du duo. Elle savait ce que cela signifiait, oui : rien était fait, tout était à faire. « Mais dès qu'il te connaîtra un peu mieux, il sera bleu de toi. Comme c'est possible de ne pas tomber sous ton charme » Elle souffla tout en lui donnant un petit coup, amusée. Il avait l'art et la manière de faire en sorte qu'elle se sente toujours „parfaite“. Et cette simple remarque la faisait tendrement sourire, les joues légèrement rosies par tant de douceur. « C'est vrai après tout, je suis parvenue à séduire le père … je vais bien parvenir à plaire au fils. », dit-elle d'une voix amusée bien que l'on pouvait toujours lire une once d'inquiétude au fond de ses prunelles. « J'en dis que c'est une excellente idée » et elle joignit les mains contre son menton, les yeux pétillants de malice. Elle était soulagée, soulagée du fait qu'il trouvait que c'était une bonne idée. Elle ne s'emballait donc pas ? Elle marchait à son rythme. Ils avaient la même vitesse de croisière. Dieu soit loué. Elle en était tout simplement soulagée. «Qu'est ce que tu penses d'une sortie à la piscine ? Ou à la ferme ?» Il répliqua avec quelques propositions qui lui mettaient légèrement la puce à l'oreille : avait-il lui aussi déjà réflechi à une sortie à trois ? Elle trouvait cela tout simplement craquant. «La piscine ? J'pensais que l'eau n'était pas ton élément …», dit-il en prenant un air pensif. Elle se souvenait en effet de cette confidence lors de leurs premiers rendez-vous. Il lui avait bien confié ne pas être un grand fan des étendues marines … elle, qui était un véritable poisson dans l'eau. Elle posa une main sur le torse de son géant. «Il pourrait prendre la décision. Moi, tout me va. Je suis un véritable caméléon. Avec des chèvres ou avec un bikini.», qu'elle ajouta d'une voix amusée alors qu'elle se redressait pour venir se placer en califourchon sur son géant, la main posée sur son torse.
Son sourire amusé, son regard pétillant, ses gestes presque trop maladroits : elle était le naturel à l'état pur. Elle se pencha alors vers Jax pour venir déposer un doux baiser sur ses lèvres, une caresse presque. Les yeux clos, elle les ouvrit doucement tout en restant à quelques centimètres de ses lèvres, plongeant son regard dans le sien. «J'aime vraiment ce que nous sommes en train de devenir ….», un partenariat. Oui, ils étaient en train de marcher ensemble, main dans la main, dans la même direction, sur le chemin de la vie. Et elle en était tout simplement heureuse.

« C'est vrai mais je crois que Virgil ne tient pas de moi là dessus », cela pouvait être son premier point commun avec le petit bonhomme. Voilà qui était donc prometteur. Planifier une sortie avec son petit-ami et son fils, la vie lui faisait quelques clins d'oeil apparemment. Peut-être qu'il était enfin arrivé son temps, à elle. Le moment d'être heureuse même avec Marcel comme colocataire dans son corps, ou plutôt ex-colocataire. L'option de la ferme ou de la piscine, tout lui irait. Son plus gros défaut ou plus grande qualité était sa capacité d'adaptation. Elle pouvait s'adapter à tout, hélas. Son père lui avait dit que malheureusement, il lui arrivait également de s'adapter aux mauvaises personnes, aux mauvais caractères. Un petit quelque chose sur lequel elle devait bosser. Néanmoins, elle vit le regard de Jax dévier sur sa cicatrice sans vraiment vouloir y prêter attention. « Oui, il sera ravi de choisir la sortie. » Elle hocha d'un signe de tête pour finalement venir se lover contre son géant, avouant finalement combien elle était heureuse de ce qu'ils devenaient. Ensemble. En binôme. Un petit trio, bientôt. Peut-être. Elle se laissa alors porter sur le côté tout en enroulant ses bras autour de sa nuque, pour poser son regard dans le sien … Son sourire n'annonçait néanmoins rien de bon, elle releva la tête pour suivre son regard qui venait de rencontrer sa table de chevet. Ah oui ! Elle l'avait presque oublié. « Les magazines people ? C'est donc ça, ton petit défaut ? » Elle ricana avant de le pousser doucement et tendre le bras vers le fameux magazine people.

« Ca, monsieur Collins. C'est la preuve que je pense tout le temps à toi. », dit-elle en saisissant le magazine et en lui tapotant le dessus de la tête avec. « Je suis tombée dessus dans la salle d'attente du doc', et j'ai été obligée de l'emprunter – non, pas de le voler car je le ramènerai. Évidemment. » Elle avait même levé son index dans les airs en précisant le fait qu'elle l'avait emprunté bien que tout le monde savait que ce magazine n'allait jamais retrouvé la table basse du service oncologie de l'hôpital de Brisbane. « Il y a un article sur la série dans laquelle tu m'as dis jouer … Je me suis dis que ça pourrait t'intéresser … Peut-être. Je ne sais pas. Je ne suis pas jamais sortie avec une star.... », ajoutait-elle sur un ton mutin, sourire malicieux aux lèvres pour finalement lui tendre le magazine.

«Je suis bien loin d'être une star et crois moi, ce genre de torchon ne parlerons jamais de moi » Il attrapa le magazine et son sourire s'évanouit quelques secondes. « Oh … je pensais que ça pouvait t'intéresser … désolée. », dit-elle avec sincérité avant de finalement reposer son attention sur Jax, qui semblait électrisé. Elle fronça les sourcils, posant une main sur son avant-bras, inquiète. « C'est pas possible.» « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? », demanda-t-elle aussitôt en se rapprochant de Jax, pour regarder elle-aussi l'article qu'il était en train de lire. Qu'avait-elle manqué ?« Cette femme, c'est mon ex mais pas seulement. » Le cœur de la blonde fit un bond dans sa poitrine. Elle écarquilla les yeux, et entrouvrit la bouche. Elle était un peu sous le choc et baissa de nouveau le regard sur le papier glacé. C'était son ex ? Cette déesse aux yeux de biche, aux lèvres pulpeuses, au visage absolument parfait ? Elle déglutit avec difficulté. « Oh », finit-elle par lacher alors que ce n'était pas encore fini puisque Jax ajouta « C'est la mère de Virgil. » Et là, le palpitant de la belle se mit à battre la chamade. Car, elle voyait le visage de son Jax s'assombrir. Le sourire, qui quelques secondes plutôt avait irradié la pièce, avait disparu. Elle se rapprocha alors de Jax, pour poser ses mains de part et d'autre de son visage, sur ses joues. Elle le contraint ainsi à poser son regard sur elle. « Je crois que tu sais aussi bien que moi que cela signifie que vos chemins vont devoir se recroiser .... » Elle parlait de cette voix calme, posée, pleine de certitude et d'assurance. « Et, je suis là. Je serais là. » Ses mains se posèrent finalement sur les mains du géant, desquelles elle fit disparaître le magazine qu'elle envoya valser dans un coin de sa chambre. « Vois le positif, au moins ça ne te prend pas par surprise en plein tournage .... » Elle tenta l'humour avec un petit sourire timide avant d'ajouter : « Est-ce que tu veux en parler? »
Et, elle oubliait tout. Elle oubliait sa peur de l'abandon, elle oubliait cette cicatrice, ce corps meurtri. Elle oubliait tout car elle ne voyait que ce voile dans le regard de son petit-ami et l'empathique Niamh se mettait de côté pour lui. Parce que c'était ce que l'on faisait dans un couple. Alors, elle chercha son regard et lui adressa un sourire complice. « Quand tu seras prêt, on pourra en parler. »

« T'as pas tord même si j'aurais préféré ne jamais la recroiser. » Elle lui adressa un tendre regard alors qu'elle prenait doucement et lentement conscience des conséquences de cette nouvelle sur son petit-ami. Elle était néanmoins à mille lieux de se douter ce qui allait se produire, ce que cela signifiait pour elle, pour lui, pour eux. Aucune idée. Niamh marchait sur des œufs. Prudente, douce, elle posa sa main sur Jax comme pour prouver sa présence, pour s'imiscer à pas feutrés dans sa vie personnelle, sa vie privée qui allait tôt ou tard faire partie de la sienne. « Il n'y a pas grand chose à dire, elle a abandonné son fils sans même m'en parler. Et elle ignore que c'est moi qui ait récupérer la garde de Virgil. » Niamh déglutit avant d'ouvrir grand les yeux. Les choses devenaient un peu plus claires. Jax allait vouloir protéger son fils. De cette femme. Lui cacher son existence peut-être. Était-ce qu'il fallait faire ? Etait-ce juste ? Niamh n'en avait absolument aucune idée : après tout, elle ne la connaissait pas. « Et puis, on a mieux à faire que de parler d'elle, non? », dit-il pour ne pas que cette mauvaise nouvelle ne vienne troubler leur paix à eux. Elle laissa s'échapper un éclat de rires amusé avant d'enrouler ses bras autour de son cou, sa jambe autour de sa jambe pour venir davantage se blottir contre lui. Elle se blottit contre lui et déposa une ribambelle de tendres baisers sur ses lèvres et ces derniers se firent plus doux quand ils atterrirent dans le cou du géant. Et, elle souffla au creux de son oreille qu'ils avaient suffisamment attendu, qu'ils devaient fêter le fait qu'elle soit de nouveau opérationnelle. Et oui, elle avait utilisé le mot « opérationnelle » parce qu'elle était comme ça Niamh, naturelle.

Et c'était entre quelques baisers que les quelques vêtements superflus disparurent pour ne les laisser qu'eux deux. Aux oubliettes les questions sur son apparence. Aux oubliettes les doutes. Il la regardait avec cette étincelle au fond des yeux. Il la regardait comme si elle était la plus belle, la perle rare. Amoureux. Sur leur nuage. Ils savouraient cet instant de paix tout en ignorant volontairement les nuages gris qui étaient en train de s'imiscer dans leur paysage aux couleurs pastels.

RP TERMINE