sunday with a flu -- @Levi Lionhart  

☽ 20 avril 2021. La marina se faisait loin derrière eux maintenant, encore pourtant visible, Milo préférait se tourner vers le large. Il avait toujours été plus à l’aise perdu au milieu de la mer. Avec tout ce qui s’était passé dans sa vie, le militaire était probablement mieux lorsqu’il était loin de la terre ferme. Il traînait beaucoup de casseroles derrière lui, et Milo s’en était d’autant plus rendu compte en revenant à Brisbane. En quelques semaines, le métis s’en était pris plein la tronche. C’était assez compliqué à gérer, et c’était aussi pourquoi il se cachait derrière sa surconsommation d’alcool. Il n’aurait jamais cru trouver un partenaire de beuverie alors qu’il se trouvait sur son bateau. Pourtant, Levi, de son nom, s’était avancé vers lui se montrant à la fois chaleureux et sur la réserve… Milo l’observait du coin de l’œil, tentant d’analyser ce personnage qui se dressait à côté de lui.

Milo avait dû mal à le cerner mais il trouvait tout de même un certain réconfort à discuter avec lui. « J'te vois pas vraiment comme un inconnu. Un méconnu au pire, notre passion commune m'encourage, » Milo eut un sourire en coin, le méconnu comme il disait, avait réponse à tout. Il savait toujours quoi répondre, et avec une certaine espièglerie qui l’amusait en retour. « T’as jamais voulu faire autre chose ? » qu’il enchaîna, probablement curieux ou intrigué par le fait que Milo n’ait jamais fait que cela dans sa vie. Il prit une longue inspiration, évitant le regard de Levi il réfléchissait à cette question qu’il ne s’était jamais réellement posé. « Non. Je ne crois pas. Je suis né là-dedans et je ne me vois pas vraiment faire autre chose. Je suis capable de rien d’autre, d’ailleurs. A mon humble avis. » dit-il finalement après une minute de réflexion – il avait fini par tourner le visage  vers le brun pour lui accorder un regard.

Le militaire s’était lancé dans une courte biographie de ses voyages, toujours aussi passionné d’en parler mais quelque peu dérangé de monopoliser la parole.  « C'est que j'te pose beaucoup de questions, qu'est-ce que t'aimerais savoir sur moi ? » concéda-t-il d’un air amusé, et Milo ne put s’empêcher d’avoir un petit rire, satisfait de constater que Levi ne semblait pas embêté par le monologue du militaire. « Tu vis sur ton bateau toi aussi ? Tu n’as personne à rejoindre le soir ? » demanda-t-il, se permettant à son tour d’être très curieux. « C'est assez linéaire : Londres jusqu'à mes seize ans, puis la mer jusqu'à mes trente-deux ans avec quelques arrêts ici et là, puis Brisbane jusqu'à aujourd'hui. »Milo l’écoutait narrer ses récits de voyage, et lui aussi semblait apprécier n’avoir qu’un pied posé à terre. « Jusqu’à quand, du coup ? » demanda-t-il dans la foulée, comprenant bien que le brun n’était pas du genre à rester sédentaire bien longtemps… Peut-être qu’il se trompait mais il en saurait plus avec sa réponse.

Sans que tu ne l'exprimes à Milo, celui-ci t'offrait un présent inestimable en t'accordant cette virée en mer. Mouvé par le flux et le reflux des vagues, enveloppé du poignant air salin, bercé par la mélodie de l'insatiable mer, voguant l'indomptable, l'infini et l'inconnu, tu te sentais exponentiellement revigoré. Une énergie passionnée pulsait en toi, étouffant peu à peu les maux qui te tiraillaient, témoins de ta maladie.

Curieux, tu t'intéresses au soldat qui semble composer de multiples intrigues, bien que le mystère l'entourant ne te fasse absolument pas peur. « Non. Je ne crois pas. Je suis né là-dedans et je ne me vois pas vraiment faire autre chose. Je suis capable de rien d’autre, d’ailleurs. A mon humble avis. » Un sourire en coin apparaît sur tes lippes. Tu inspires profondément, tes doigts tapotent la rambarde. « Si tu devais commencer ta vie de zéro et tout était à choisir, même tes origines, qu'est-ce que t'aimerais en faire ? » Tu interroges. Tu savais que tes questions très conditionnelles pouvaient dérouter tes interlocuteurs, mais elles faisaient aussi ta spécificité. Tu abhorrais les cadres et les secondes chances, comme les songes élaborés de toutes pièces bien que souvent sans dessein ancré, t'étaient irrésistibles.

Tu apprécies en découvrir plus sur le brun dont la parole se délie progressivement. Il t'apparaît comme le genre d'homme qui gagne sincèrement à être connu. Ton rire se mêle aisément au sien et tu hoches négligemment une épaule quand Milo te lance : « Tu vis sur ton bateau toi aussi ? Tu n’as personne à rejoindre le soir ? » Ton esprit s'oriente derechef vers Asher, qui a royalement bouleversé ton quotidien. Il a changé la définition que tu te faisais de la vie, ordonné des priorités, procuré d'innovants comme insoupçonnés plaisirs. Ton histoire avec le musicien en protagoniste important était d'une tonalité euphorique ; le garçon te donnait la sensation que tu avais finalement une place dans ce monde et qu'elle se situait, de surcroît, à ses côtés. « Depuis mes seize ans, j'ai quasiment toujours vécu sur mon bateau, c'était l'endroit où je me sentais le mieux. Mais j'ai rencontré quelqu'un et j'aime beaucoup le confort de son lit. » Tu adresses un sourire entendu à Milo, puis lui relates la chronologie de tes destinations. « Jusqu’à quand, du coup ? » te demande-t-il quant à ton ancre jetée à Brisbane. La réflexion étire tes traits, incohérences flirtant avec certitudes dressant de prodigieux dilemmes. « Je ne sais pas. J'aime trop l'improviste. J'étouffe dans les cadres et entre les dates. » Tu hausses tes épaules. « Jusqu’à ce que mon cœur me le chante. » Tu formules. Une chose était sûre : cette escapade avec Milo viendrait t'aider, sans que le soldat le sache, à renouer avec ta passion de la navigation.