Lorsqu’on sonne à la porte, elle ne peut s’empêcher d’être surprise au vu de l’heure tardive, n’attendant personne et pourtant lorsqu’elle voit Mia sur le pas de sa porte un large sourire apparaît sur ses lèvres.

« Surprise. »  Elle la regarde avec surprise, contente de voir son amie malgré tout. « Tu es toute seule ? » La jeune femme hoche la tête. « Maddox dort chez Law. Qu’est ce que tu fais là ? » demande-telle avec un sourire, la laissant entrer et refermant la porte derrière elle.

« Tu ne travailles pas ce soir ? » « Pas de soir non. » Mais elle était en train de se dire qu’elle irait bien au Bowling malgré tout, peut être rejoindre Channing sur le ring illégal.  Mia s’installe sur un fauteuil en croisant les jambes. « T’as pas une petite vente à faire ou un truc louche ? ».  Le sourire de la brune se fragilise alors que son regard se fixe dans celui de son amie. « Qu’est ce que tu racontes ? »  Elle avait cependant une petite idée de ce dont elle était en train de parler. « Non parce que, figure-toi, que j’ai appris que le bowling dans lequel tu travailles semble être le quartier général de… mince aide moi j’ai un trou de mémoire…  …ah oui, de la Ruche… le gang rival du Club. Tiens donc, le monde est petit tu ne trouves pas ? Et évidemment, tu ne t’es pas dit que ce serait peut-être bien d’en parler à ta meilleure amie, n’est-ce pas ? ».


Elle avait su dès le moment où Mia s’était rapproché d’Alec Strange, que cela finirait mal. Et pas que pour la jolie blonde, mais aussi pour tous les secrets que Danika lui cachait. Tout comme elle avait pu identifier Alec Strange, tout comme elle avait entendu parler de lui, elle savait qu’à défaut de savoir les détails de ce qui se tramait à la Ruche, le Club savait au moins que le QG des abeilles était au Bowling. Cela avait été une question de temps avant que Mia, bien trop liée au Club, bien trop liée à Alec ne finisse par l’apprendre.  Danika avait simplement espéré avoir un peu plus de temps et à présent elle ne savait pas quelle réaction avoir.  Alors elle ne dit rien, restant silencieuse un instant, puis se dirige vers la cuisine pour aller chercher une bouteille de vodka avant de revenir s’asseoir en face de Mia avec un verre à shot. Elle n’avait pas de doute sur le fait qu’elle en allait en avoir besoin aussi elle s’en sert un, toujours silencieuse avant d’enfin relever son regard vers Mia.

« Alec je suppose ? »   Un léger rire secoue ses épaules. Un rire jaune face à cette situation qui est en train de lui filer entre les doigts sans qu’elle ne contrôle quoique ce soit. « J’aurais dû t’en parler comme tu comptais me parler de lui je suppose ? » Elle est facile cette attaque prononcée avec bien trop de calme. Elle boit le shot cul sec, laisse l’alcool effacer la panique. « Je suis barman au Bowling, Mia, c’est tout. Et tu me sembles pas idéalement placée pour me faire la morale quand ton petit ami est le bras droit du plus gros gang de la ville. »

Sauf que ce n’est pas tout. Bien sûr que ce n’est pas tout, mais elle est si engloutie dans ses mensonges qu’elle ne sait pas par quoi commencer.

@Mia McKullan  

« T’es tellement pathétique avec ta mauvaise foi Dani ». Son regard devient froid en réponse, un sourire tout sauf chaleureux déformant ses traits. « Regarde toi dans un miroir. » réplique-t-elle froidement. A ses yeux, tomber amoureuse d’Alec Strange était bien plus pathétique, sans doute, parce qu’elle ne s’autorisait pas à aimer qui que ce soit. « Arrête ! Il n’est plus question d’Alec là mais de TOI et uniquement de TOI ! ». Sujet dont elle ne veut pas parler, sujet que Mia ne semble pas prête de lâcher ce soir.

« Parlons-en justement de ça. Tu as su me faire la leçon de morale sur la personne qu’était réellement Alec. Mais tu penses valoir mieux Danika ? Ne prétends pas être juste une simple serveuse, il y a forcément plus ! Alors, crache le morceau ! » Pense-t-elle réellement pouvoir la faire parler de cette manière quand chaque phrase prononcée ne fait que la fermer un peu plus, alors qu’elle s’installe dans le fauteuil confortablement, la colère sous contrôle, la colère qui pourtant bouillonne sous sa peau, son regard la trahissant. « Oh non je ne pense pas valoir mieux. » Elle se pense au même niveau, elle se pense tout sauf recommandable aujourd’hui. L’air détendu est fictif, il est la seule chose qui calme son cœur qui bat bien trop vite, elle s’appuie sur le dossier, croisant les jambes.

« Et si moi je me mets en danger en étant avec lui, on en parle de ton implication dans un gang alors que tu as ton fils ? Tu as pensé à Maddox ? » C’est à la mention de son fils, que la colère se révèle sur son visage, que son ton claque avec froideur dans la pièce. « Tu crois que ce n’est pas à lui que je pense ? Parle pas de ce que tu comprends pas. » Lou avait été claire, les implications de son manque de participation dans la Ruche étaient évidentes, son fils serait la première cible, son nom et sa réputation les deuxièmes.

« Putain mais pourquoi tu fais ça Danika ?! » Pourquoi ? Pourquoi tout le monde agit comme si elle avait le choix ? Comme si c’était une situation qu’elle avait cherchée et dans laquelle elle se complaisait ? « Je sais vaguement ce que ce que ce Bowling cache, tout comme je suppose que les employés de ton très cher Alec se doutaient forcément de ce que le restaurant cachait. » Elle se serre un verre, l’amertume palpable. Elle pourrait avouer toute la vérité en cet instant, mais elle ne peut pas, ne voulant pas mêler Mia à tout ça, elle qui est déjà impliquée bien trop dans ces histoires.

« Ca veut pas pour autant dire que je participe à leurs activités. Je suis pas dans ce gang Mia. » Le premier mensonge est là, il vient avec facilité, parce qu’elle ne se considère pas comme membre de la Ruche, parce qu’elle voit le chantage de Lou et les missions de cassage de gueule comme des détails qu’elle peut passer sous silence, qu’elle préfère oublier. Autrement dit, Danika préfère se voiler la face tout simplement parce qu’elle ne se considère pas comme une des abeilles de Aberline. Pourtant, c’est exactement ce qu’elle est.

Elle soupire, consciente qu’elle ne pourra pas lui mentir complètement, qu’elle n’est pas capable de ne rien révéler. « Il y a un fight club…Je fais des combats… ça me permet d’avoir un peu d’argent en plus. » Deuxième mensonge, ça lui permet d’avoir beaucoup d’argent en plus, qui s’ajoutent à son salaire dans la Ruche. Mais en réalité ce n’est pas pour cela qu’elle a commencé, mais bien pour le besoin de trouver un ring, pour déverser une colère qui ne la quitte plus depuis la mort de son père. « Je t’en ai pas parlé parce que ça ne mérite pas qu’on en parle Mia. Tout est sous contrôle. » affirme-t-elle d’un ton qui se veut rassurant comme si elle pouvait reprendre le contrôle de la situation, calmer la blonde en furie dans son salon, éviter que la rage ne devienne omniprésente dans cette pièce.




@Mia McKullan  

« Dans ce cas je dois te fuir aussi ? » Peut être que son regard se fait un peu plus triste le temps d’un instant avant d’être recouvert du voile habituel de protection, du froid qui le cristallise alors que son regard fuit le visage de son amie. « Encore mieux Danika, tu utilises ton fils pour justifier tes faits et gestes. Comment tu peux prétendre penser à lui quand tu l’exposes autant !? Éclaire moi Danika, en effet, je ne comprends pas. » Ses poings se serrent alors qu’elle mord sa langue pour s’empêcher de prononcer des paroles qu’elle regretterait, pour contrôler la colère et la rage alors que le goût du sang se répand dans sa bouche, acre et métallique.

« Que tu le veuille ou non tu en fait partie Dani’, quelque soit ton rôle là-dedans ! Tu le sais très bien, je pense que tu n’es pas stupide à ce point pour ne pas te rendre compte du danger auquel tu t’exposes ». Son regard fuit, elle ne pourra jamais lui parler de la Ruche, elle ne pourra jamais entrer dans les détails de sa relation avec Lou, elle ne peut pas inclure la jeune femme là-dedans, encore plus maintenant qu’elle sait sa relation avec Strange.

L’aveu des combats est difficile, comme une partie d’elle qu’elle a caché au monde extérieur, une part de violence qu’elle aurait voulu cacher. Car s’il y a quelque chose de digne dans des compétitions officielles, dans une pratique journalière d’un art martial, il n’y a plus rien de tout ça lorsque le poing s’abat dans l’ombre, dans un ring tout sauf légal. Il n’y a plus rien de digne au goût du sang dans la bouche et au corps endolori. Lorsque Mia relève enfin son regard dans le sien, l’incompréhension ternit son regard. «  Des combats… Danika, tu prends conscience de ce que tu es en train de me dire ? Tu ne peux pas dire que tout est sous contrôle quand tu te mets toi-même en danger en pratiquant des combats que je suppose illégaux dans un fight club. Ça te rapporte peut-être un peu d’argent mais ensuite ? Ça ne t’a pas suffi de voir ton abruti de petit ami KO sur un ring ? Qu’est-ce qui se passera quand tu auras pris le coup de trop Danika ? Tout ça pour quoi au final ?! Pour quelques billets ? ». Si elle voit le danger c’est justement ce qui l’attire. La mention de Lawrence par contre fait assombrir son regard, serrer sa mâchoire et crisper son corps, comme si la simple mention de l’homme  était un poing lancé à son visage. « Laisse Lawrence hors de ça. » crache-t-elle froidement, se levant, trop agitée, allant se poser à la fenêtre.  «  « Tu te devais de m’en parler Danika ! Tu te DOIS d’être honnête avec moi ! Je l’ai toujours été avec toi, je t’ai toujours tout dit, je ne t’ai jamais rien caché ». Alors que Mia s’agite, bouillonnante dans la pièce, elle ne peut s’empêcher de rire froidement. « Bien sûr tu ne m’as jamais rien caché. T’es sûre que Strange déteint pas sur toi ? T’es tout aussi peu honnête que moi. Et tu sais pourquoi ? Parce que t’as pas le choix. »  Son regard s’ancre dans le sien, brûlant d’une vérité dure à entendre, qui est qu’en le choisissant lui elle a choisi aussi la vie qu’il mène et les mensonges qu’ils impliquent. Elle a choisi le mensonge et si elle venait à parler cela pourrait bien vite se retourner contre elle. Tout comme cette conversation vaudrait sans doute à Danika une balle dans le corps si Lou avait les oreilles qui trainaient. Danika ne se faisait plus d’illusion sur la violence de ce monde. Elle était présente partout sur cet échiquier et Mia et elles n’étaient que des pions à déplacer quand les hommes comme les frères Strange ou Aberline plaçaient leurs pièces sur l’échiquier.

«  J’en ai assez que tu me mettes toujours à l’écart » Il est là le rappel d’une situation qu’elle n’a pas envie de se souvenir, de la mort de son père et du rejet de tous ses proches. Son regard se détourne. « Je ne cherche pas à t’enfoncer, je cherche juste à te venir en aide ! Si c’est l’argent le problème, pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? Ca avait largement le mérite que tu m'en parle. ».  La colère brille de nouveau dans ses yeux.

« Je te dois rien. C’est mon problème pas le tien, j’ai pas besoin de ton aide. » Elle a bien trop de fierté pour accepter la main tendue, préfère la mordre plutôt que d’accepter qu’elle a été trainée au sol depuis longtemps et a besoin d’aide pour se relever.  Pourtant, cette main tendue, celle de Mia est bien une des rares qu’elle est capable d’accepter et à peine les paroles prononcées, elle les regrette, soupirant, passant une main sur son visage. « Je dois de l’argent. Pas un peu d’argent. Beaucoup d’argent. Mon père… mon père s’est endetté avec des paris sportifs. » Elle minimise, ne dit pas qu’il les a ruinés.  L’aveu est amer et la haine qui brûle dans son corps se ressent dans la dernière phrase. « J’pourrais te dire que c’est que ça, que c’est que pour cet argent que je monte sur ce ring Mia. Mais la vérité, c’est que j’aime ça. » Cet aveu-là raisonne dans la pièce sans qu’elle n’ose la regarder, son regard se perdant sur l’extérieur. Elle ne comprendra pas, elle en est persuadée et c’est sans doute ce rejet qu’elle attend de pied ferme, construisant les murs autour de son cœur, se rassurant sur le fait qu’elle n’ait besoin de personne.




@Mia McKullan  

« Tu détournes la conversation, comme toujours, c’est bien plus facile ».

Bien sûr que c’est plus facile. Plus facile pour elle de mordre plutôt que d’accepter de s’ouvrir. Elle a beau tenter de calmer la colère, de l’apaiser et de répondre à ses questions, de lui dire toute la vérité, elle en est incapable. Non elle n’est capable que de dévoiler une partie de son monde, celui des combats et de l’endettement.

« A quel point ? » A quel point aime-t-elle les combats ? A quel point aime-telle le ring illégal de la Ruche ? Comme une accroc à la cocaine, comme une accroc en quête non pas de poudre blanche mais de danger et de violence, d’entendre son cœur battre bien trop vite dans sa poitrine. Mais elle comprend quand Mia reprend la parole qu’elle ne parle pas des combats mais des dettes, de celles qui sont désormais les siennes. « Est-ce que c’est ce qui te pousse à travailler pour le gang ? Tu reçois des menaces de leur part ? C’est eux qui sont derrière tout ça ? »

La remarque lui arrache un rire jaune. « Mon père s’est endetté comme un grand, que ce soit dans ces magouilles là ou dans des autres ça n’a pas d’importance, c’est moi qui dois régler l’addition. J’ai besoin d’argent Mia. Pas un peu d’argent. Pas le genre d’argent que t’as avec un salaire fixe. » Elle plante son regard dans le sien avant de boire une nouvelle gorgée de son verre, avouant finalement que ce n’est pas la seule raison de combats, qu’elle y va pour une toute autre raison.

« Tu aimes ça jusqu’à quel point Dani ? Pourquoi tu n’as pas repris les compétitions plutôt que de te mettre en danger de la sorte ? Qu’est-ce que ce fight club a de plus ? ». Danika reste silencieuse, observant le visage de Mia sans expression. Elle ne sait pas comment expliquer, elle ne sait pas expliquer que le danger n’est pas le même, l’ivresse qu’elle ressent sur le ring non plus. Mais surtout elle n’arrive pas à admettre la peur de l’échec, la peur de n’être plus jamais assez bien. Et peut être aussi la colère, la colère contre un père qui n’est plus là et qui l’a poussé au sommet, pour mieux la faire chuter. Un voile froid recouvre son regard, elle se persuade avant même de prononcer les mots que Mia ne pourra jamais comprendre, que cela ne sert à rien d’argumenter. « Je reprendrais jamais la compétition. Ma carrière est terminée Mia. » Le ton est implacable, la carrière de championne est derrière elle, de ce temps d’avant où son père n’était pas tombé malade, où elle n’était pas tombée enceinte. Elle est consciente de ne pas répondre à toutes les questions de la journaliste mais reste incapable de parler de ça sans en dire trop, sans révéler le merdier dans lequel elle est aujourd’hui. « Même s’il t’a foutu dans une merde sans nom, et que je déteste qu’il ait pu te faire ça, je ne suis pas certaine que ce qu’il aurait aimé… pour toi ». C’est la mention de son père qui l’a fait redresser la tête et laisser apparaître la colère froide sur ses traits alors que sa mâchoire se contracte. « Non. » Sa voix claque sèchement. « T’as pas le droit de le mentionner. Tout comme t’as pas le droit de l’utiliser pour me souligner à quel point il serait déçu de moi. Parce que tu sais quoi ? J’en ai plus rien à foutre de ce qu’il aurait pu penser. Pas après tout ça. Tout comme j’en ai rien à foutre de ce que toi ou Law pouvaient penser. Ce ne sont pas vos affaires ça ne vous concerne pas. Et si ton mec avait été un peu plus intelligent Mia, c’est aussi ce qu’il t’aurait dit. Parce que ça ne te concerne pas, parce qu’il est hors de question que tu sois mêlée à tout ça d’une manière ou d’une autre. Et si t’es pas capable de comprendre ça et bah tu peux partir. La porte est grande ouverte. » Elle la regarde froidement, croisant les jambes, les mains posées sur l’accoudoir de son fauteuil et au fond d’elle, se répète encore et encore que c’est le mieux pour elle, qu’elle fait ça pour elle et non pas pour se protéger de son regard et de son jugement.



@Mia McKullan