❀ it's me I am the problem « piece it all, back together again, bidn't get along | been four years since we had it all and you were my friend, those days got away, hope you find solace in this | grown apart and we're so far gone but I'm waving the white flag, sending my love back, move on »

(gif : @harleystuff & tumblr)

Elles se sont croisés par hasard au détour d’une rue, Shirley avec son éternelle Starbucks dans la main, Madison en train de chercher une boutique qui vendait des pellicules. Elles se sont reconnues, évidemment, elles n’ont pas beaucoup changé en trois ans, et elles ont discuté, rattrapant le temps perdu avec quelques banalités. Evidemment, à la fin de la discussion, Madison se retrouve invitée à la soirée d’anniversaire le week-end prochain, un “passe, ça fera plaisir à tout le monde de te voir !” lancé avec un grand sourire, et Madison a souri poliment et a répondu un évident “oh, avec plaisir” en réfléchissant déjà à une excuse pour annuler au dernier moment. Ce genre d’invitations ne sont jamais vraiment sérieuses, de toute façon, une sorte , une politesse que l’on balance pour terminer une conversation et prétendre que l’on veut se revoir. Madison ne pense pas que ce groupe-là veut vraiment la revoir, pas après qu’elle ai disparu ainsi. Ils n’étaient que des amis de soirées, le genre de personnes qu’on voit le samedi soir mais que l’on appelle pas le lundi matin ; il a suffit qu’elle évite quelques soirées et ignore quelques textos, et elle les avait perdues de vue, blâmant la vie, les emplois du temps chargé. Elle se doute qu’ils pensent tous que sa rupture avec Reese a précipité cet éloignement et se demande ce qu’il leur a dit, l’histoire qui se raconte. Elle n’est pas la première ni la dernière ex de Reese, et elle s’imagine qu’ils doivent rire de tout ça maintenant. A vrai dire, elle a beaucoup de bons souvenirs avec eux, principalement alcoolisés, et elle sait qu’ils appartiennent à ce moment de sa vie où quelque chose a basculé en elle et qu’elle n’a plus bu de la même façon.

Elle ne pensait pas aller à la soirée, mais le week-end suivant, Louis travaille au bar - ils se sont encore pris la tête la veille, et elle n’a pas envie de le rejoindre et de lui tenir compagnie pendant son service - et elle doit aller déjeuner chez ses parents le lendemain, provoquant une montée d’angoisse en elle. Elle sait que les questions sur sa vie vont fuser, comme à chaque fois, et elle réfléchit déjà à comment se présenter sous son meilleur jour, pour plaire à sa famille, avoir l’air d’avoir sa vie en main. Assise sur son canapé, son deuxième verre de vin à la main, elle envoie quelques messages à des amis, cherchant une soirée où se joindre. Elle n’a pas envie d’être seule, pas envie de ressasser ses pensées, d’être là quand Louis va rentrer, sûrement alcoolisé lui aussi, trop entreprenant comme à chaque fois. Maxwell ne lui répond pas, Sara a déjà quelque chose avec une vieille amie à elle, et c’est à ce moment là qu’elle se rappelle de Shirley et de sa proposition. Elle hésite, se demande si Reese sera là, parce qu’elle n’a pas trop envie de le croiser, se demande si elle va être inquiète de revoir toutes ses anciennes connaissances. Elle pense à Nina, la petite blonde aux yeux foncés et au sourire qui retournait l’estomac de Madison, il y a presque quatre ans de ça.

Tant pis, se dit-elle en finissant un troisième verre. L’alcool l’aidera, et les autres auront bu aussi. Elle attrape son casque de vélo et se dirige dans le bar que Shirley lui a envoyé par texto, les jambes déjà légère des quelques verres qu’elle a d’avance. Elle ne s’est pas trompée : ils ont tous bu aussi et tout le monde est simplement content de la voir, tous dans dans cette petite euphorie de soirée. Elle remarque Reese, un peu plus loin, et elle lui fait un sourire qu’il ne lui renvoie pas. Elle sent ses poumons se contracter, inquiète tout à coup.

La soirée bat son plein quand, une heure plus tard et deux nouveaux verres au compteur, elle sort pour chercher une cigarette. Elle a la mauvaise habitude de fumer quand elle a trop bu, et ses yeux papilonnent à la recherche de quelqu’un pour lui en donner une quand elle remarque Reese, cigarette aux lèvres, appuyé contre la devanture du bar. Elle s’approche, un peu timide. Ils s’entendaient étrangement bien, à l’époque, et l’eau avait coulé sous les ponts, non ?

« Hello, ça fait longtemps, » commence-t-elle avec un petit sourire maladroit. « Je… Est-ce que je peux abuser et te demander une cigarette ? » Dit-elle avec une petite grimace désolée. Elle hésite et ajoute : « Les bonnes résolutions pour arrêter n’ont pas tenu pour toi non plus, hein ? » Elle se souvient qu’il fumait par intermittence, un peu comme elle qui fumait beaucoup trop quand elle avait bu ; elle se permet cette petite remarque amusée, comme pour se rappeler qu’elle le connait, puisque après tout, Reese n’est pas inconnu.

@Reese Grigson

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Dans le bar, Reese a évité Madison, ne lui a pas adressé un mot, un regard. Mais dans la rue éclairée par les néons des devantures, la confrontation est plus franche, les yeux posés observent. Madison, ivre, essaie de soutenir son regard, de sourire, espérant qu’ils puissent faire comme si de rien était. Après tout, il n’y a rien de grave entre eux, pas vrai ? Simplement un écho résiduel d’une relation avortée qu’aucun d’eux n’a vraiment aimé. C’est ce que se dit Madison, en tout cas. Reese était trop détaché pour vouloir être en couple, c’était en réalité l’amitié qui avait toujours primé dans les quelques mois qu’ils avaient partagé ensemble. Madison a longtemps pris soin de ne briser le coeur de personne, de ne jamais vraiment être en couple parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait pas le rendre, pas vraiment. Jusqu’à qu’elle rencontre Oliver. Maintenant, elle sait qu’elle balance leurs coeurs en équilibre et qu’un faux mouvement les amènera dans le ravin.

Reese semble hésiter avant de tendre une cigarette à Madison avec un soupir. Tout à coup elle se demande si elle a vraiment bien fait de venir là, de sortir fumer avec lui. Elle a eu envie de lui parler, elle ne sait pas trop pourquoi. Peut-être pour se dire qu’elle le peut encore. Ou simplement parce qu’elle a trop bu. Les deux, peut-être.

« J’ai arrêté. C’est juste une passe. » Madison hoche la tête. Elle ne va pas le contredire. Elle s’y connait, elle aussi, en passe. Depuis plusieurs mois, boire tous les jours est une passe, qui partira. Tout comme elle s’était dit il y a deux ans que boire cinq jours sur sept était une passe qui partirait. Elle inspira la fumée acre de la cigarette, sent qu’elle se détend un peu plus. Fumer quand elle a bu décuple toujours les sentiments dans son cerveau cotonneux. Elle tangue doucement sur ses jambes, regarde Reese.  « Qu’est-ce que tu fais là, Mad ? » Madison a trop bu, certes, mais pas assez pour ne pas entendre la pointe d’acidité dans le surnom. Elle a toujours été perspicace et Reese a toujours été plus sincère qu’il ne le croyait. « Je croyais qu’on fêtait un anniversaire, j’ai mal compris ? » Demande-t-elle avec un petit sourire amusé, essayant de détendre l’atmosphère. Ce n’est peut-être pas le bon angle d’approche, elle a trop bu pour vraiment le savoir. Elle sait que Reese est un fêtard, comme elle - n’est-ce pas ce qui les a rapproché, au fond - et elle espère le trouver d’humeur festive. « Je savais pas que vous aviez gardé contact, avec Shirley. J’pensais que t’avais coupé avec tout le monde. » Ah, non, l’humeur festive n’est pas là. « Non, on a pas gardé contact. Je l’ai recroisée dans la rue par hasard il y a quelques jours et elle m’a proposé de passer. Elle m’a dit que ça vous ferait de me revoir », ajoute Madison. Lorsqu’elle a bu, elle est plus honnête, elle prend plus de risque : elle veut entendre Reese dire qu’il est content de la recroiser. « Et je n’ai pas coupé les ponts avec tout le monde, on s’est juste perdu de vue. » C’est ce qu’elle se raconte, en tout cas. Elle hausse les épaules. « C’était plus tes amis que les miens depuis le départ. » Sous-entendu : après la rupture, y en a qui garde les potes. Et ce n’avait pas été elle. Elle tire à nouveau sur la cigarette. Elle avait rencontré le fameux groupe et Reese, elle s’était greffé à eux, mais elle était finalement plus une pièce rapportée qui se rajoutait de temps en temps. Même si après tout, tout le monde avait un peu cette position dans le groupe à l’époque. Aucun d’eux n’était vraiment proche. Elle se demande si ça a changé, depuis.  « Vous êtes encore tous amis ? Je n’ai pas vu Sasha ou Nina, » dit-elle d’un ton dégagé. Nina, cette fameuse fille à qui elle avait pensé obsessivement et qui l’avait, sans le savoir, poussé dans les bras de Reese pour lutter contre ses sentiments. Mais l’alcool aidant, elle ne peut pas s’empêcher de demander de ses nouvelles, de façon déguisée. « Et toi, quoi de beau ? T’es toujours mécano ou t’es revenu dans le droit ? » Demande-t-elle dans un nuage de fumée avec un petit sourire. L’orientation de Reese, ça avait été toujours été un sujet compliqué.

@Reese Grigson

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(gif : @harleystuff & tumblr)

Dans la lumière éléctrique et tamisée de la rue animée, Madison observe le visage smbre de Reese qui se détache contre la fumée de cigarette blanche et vaporeuse. Elle sait qu’il est beau, de la même façon qu’elle sait qu’un tableau est objectivement bien peint, d’une façon un peu froide et distante, comme si elle observait quelque chose sous un microscope. Elle a toujours ressenti cette attirance qu’elle qualifie de cérébrale pour les garçons : elle sait qu’ils sont séduisants, attirants, bien plus qu’elle ne le ressent. « Si tu le dis. » La voix de Reese est froide, métallique. Madison se rend compte avec un frisson qu’elle en sait pas ce que Reese dit d’elle aux autres quand on lui demande pourquoi ils ne sont plus en contact. Ne se sont-ils pas perdus de vue, n’est-ce pas ce qu’elle affirme depuis des années ? Le visage d’Albane surgit dans l’esprit aviné de Madison, qui se sent immédiablement coupable. Au quotidien, elle se raconte que oui, elle a perdu Reese de vue, mais c’est un peu plus dur de l’affirmer devant l’intéressé, lui qui sait qu’il a été en colocation avec Albane qui est rapidement devenue l’une des meilleures amies de Madison. Si elle avait voulu le voir, elle aurait pu. Mais non, elle s’est contentée de l’éviter, se racontant avec aplomb que Reese ne voudrait de toute façon pas la revoir. « Et pourtant t’es là. » C’est un ton de reproche, Madison l’entend malgré la quantité d’alcool qu’elle a bu. Elle lève un sourcil, un peu surprise. Reese est le premier à ghoster ses ex, elle le sait, il lui a raconté alors qu’ils étaient encore amis, avant de se mettre en couple. Elle pensait qu’ils étaient un peu sur la même longueur d’onde dans cette histoire de rupture - ou du moins c’est ce qu’elle se raconte pour se donner bonne conscience. L’alcool la détendant, Madison évoque malgré elle Nina au détour de la conversation. « On s’est perdus de vue, j’imagine. » Madison a un petit rire et lève les yeux au ciel. Elle reconnait bien Reese, là, et elle ressent une petite pique d’affection nostalgique pur lui. « Ils ont pas changé de numéro, si tu veux de leurs nouvelles. Avec un peu de chance, ils te répondront. » Madison secoue la tête pour repousser ce qu’il vient de dire. Cette fois-ci, il est bien clair que Reese est en colère, sans qu’elle ne sache exactement à propos de quoi. Oui, elle n’a jamais répondu à son message après la rupture. Mais c’était un message, envoyé sûrement par politesse. Quoi, il voulait vraiment qu’ils gardent contact ? « Non, je leur piquerais une cigarette à une prochaine soirée… » Elle tente une plaisanterie pour détendre l’atmosphère. Sobre, elle n’aurait jamais osé, elle se serait murée dans un silence anxieux de sentir la colère de Reese. Mais l’alcool est toujours là pour la protéger, se dit-elle.

Elle questionne Reese sur sa vie, essaie de changer de sujet. « Aucun des deux. » Le silence plâne, opaque, désagréable. Reese essaie de la mettre mal à l’aise, Madison le comprend enfin au milieu de ses pensées embrumées par l’alcool.  « Je suis barman, en ce moment. » Madison a un petit sourire. « Tu mets tes talents de maître des cocktails à profit. » Lorsqu’ils étaient ensemble, Reese et elle inventaient souvent des cocktails avec les restants des bouteilles qui trainaient sur les tables basses après les apéros. « Toujours dans la photo toi ?» Elle hoche la tête. Elle ne sait pas à quel point Reese est réellement intéressé par sa réponse. Mais elle choisit d’être honnête : « Oui, ça commence à pas trop mal marcher, je suis plutôt contente. » Trop modeste et timide, elle se cache bien de préciser qu’elle est exposée dans deux galeries, qu’elle a décroché un shooting dans un magazine de mode prestigieux grâce à ses photos de Jo Carter.

« C’est pas parce qu’on fume une clope au même moment qu’on est obligés de se faire la conversation, tu sais. » Madison regarde Reese, une pointe de tristesse dans ses yeux qu’il ne peut peut-être pas voir. L’abcès ne demande qu’à être crevé. Elle mordille l’intérieur de sa joue. L’alcool la désinhibe mais elle reste cette gamine qui déteste la confrontation. « Ca me faisait plaisir de prendre de tes nouvelles, je ne me force pas. » Explique-t-elle d’une voix hésitante. « Je croyais qu’on avait eu une relation pas très sérieuse qui autorisait à faire la conversation au détour d’une cigarette des années après notre rupture mutuelle » , elle appuie le dernier mot pour rappeler à Reese qu’elle n’était pas la méchante de l’histoire. Oui, elle l’a évité quand il vivait avec Albane, parce que c’était un peu frais tout ça, mais bon, ça allait depuis, non ? « Je ne savais pas que tu m’en voulais encore pour la rupture, je ne suis pas sûre de comprendre pourquoi. »

@Reese Grigson