« C’est pas demain que tu devais débarquer ? » Je comprends plus rien, Lenore débarque ici quand elle veut. Heureusement que c’est pas toutes les semaines, heureusement que c’est pas tous les mois non plus, mais ces derniers temps, c’est un peu l’bordel. Peut être qu’elle m’avait dit aujourd’hui et que j’ai rien compris, peut être aussi qu’elle fait un peu comme bon lui semble et qu’elle part du principe qu’elle sera toujours la bienvenue chez moi. C’est un peu le cas en vérité, mais faudrait pas qu’elle me prenne pour acquis, blondie. « Vas y, entre. Par contre, j’te préviens, j’ai pas changé les draps. » alors si elle veut pas dormir dans un lit qui pue, avec les mêmes draps depuis quoi… merde, c’est quand la dernière fois qu’elle est venue déjà ? Deux mois ? Ouais. Bref, si elle veut être sûre de dormir dans un lit propre, elle a qu’à changer le linge. Elle fait comme chez elle de toutes façons. « Comment ca s’est passé ta mission ? » mission ? Ou j’sais pas, ce qu’elle fait, pour les militaires. Cette nana m’impression toujours autant, j’sais pas comment elle fait pour être toujours debout après tout c’qu’elle fait. « Si t’as faim, tu m’demandes pas, j’ai rien. » ah, on dit toujours que j’ai l’sens de l’accueil, mais merde, je l’attendais demain moi. « Ou j’vais faire deux, trois courses en bas. » ouais, y a l’épicerie au pied de l’immeuble, j’suis pas si con. Par contre, j’ai d’la bière, ça, ça manque jamais. Surtout que Nicholas est passé hier et qu’il a laissé sa marchandise. « Mais si t’as soif. » j’ouvre le frigo et voilà la caverne d’Alibaba. « Tu veux une IPA ? Une blonde ? Brune ? y a tout ce qu’il faut. » Moi, je me sers, elle a qu’à aller voir par elle-même et prendre ce qui la branche. J’vais refermer l’ordinateur sur lequel j’suis en train de retoucher des photos. Dernière séance : photo d’un bébé pour des faire part, le bébé a carrément chier sur son père et ça, deux minutes après les premiers clichés. On a pas eu le temps d’en faire beaucoup, mais au moins, j’ai pu immortaliser le moment. Pour une fois qu’il y a un peu d’action pendant ces shoots. J’en ai vraiment ras le cul de prendre des gosses à moitié endormi dans les bras de leur mère. Mais demain, j’pars en filature, y a un le lancement d’un film dans l’cinéma du coup et j’espère avoir quelques clichés que j’pourrais revendre à quelques magazines d’info. J’commence à avoir des infos en exclus et vraiment, c’est une bonne occasion pour arrondir mes fins de mois et peut être pouvoir changer d’appart dans les mois à venir. Ras le cul de ce trou.
Ca va bientôt faire trois ans que Lenore s'est enrôlée, et plusieurs mois, pas encore un an, qu'elle vit dans deux colocations à la fois : l'une avec ce qu'il lui reste de famille, l'autre avec cet adulescent fraîchement arrivé en ville. Quand elle a débarqué, il n'avait encore rien meublé, le vrai cliché du pseudo dandy qui bouge sans attache, s'amuse sans regrets, agit sans trop réfléchir. Une sorte d'esprit libre, et en ça, du haut de son égo surdimensionné pour la gamine qu'elle est associé au galon prit au régiment, elle s'est reconnue. Ca aurait pût être un traquenard, elle dira en avoir eut conscience alors que c'était avec une certaine naïveté, à l'abris du regard d'Eli et Reagan -comme consciente de son inconscience-, qu'elle avait contacté Dinis. Ils s'entendent bien la plupart du temps, ils ont une certaine complicité malgré le gap presque générationnel, mais parfois il lui prend la tête pour pas grand chose, même sans rien dire de particulier. Je t'avais dit aujourd'hui. C'est faux, son aplomb ne la trahira pas à moins que le métisse ne se souvienne par magie de leur conversation entre deux gueules de bois. Ew, qu'elle lâche pour toute réponse à l'annonce des draps. Ses collègues étaient peut-être bourrins et parfois plutôt creux, ils avaient de la discipline qui dans ce genre d'occasion pouvait étrangement lui manquer, à elle, éternelle indisciplinée. C'était les vacances ouais, j'étais en Nouvelle-Zélande mais c'est pas le plus... Alerte : pseudo dissonance cognitive chez Dinis. Tu m'éclates, un coup je vais me chercher à bouffer un coup tu te chauffes pour sortir, t'as bu combien de litres hier ? Elle attrape une bière au pif après qu'il ai refermé le frigo avant de se laisse tomber dans le lit après avoir balancé ses chaussures dans un coin. C'est vrai qu'il pue. Ou c'est moi qui te perturbe ? Est-ce qu'un collègue de la caserne lui a conseillé ce genre de phrase de femme sûre d'elle pour soit disant "faire tourner la tête à n'importe quel gars" ? Elle ne l'avouerait jamais, surtout pour ne pas admettre avoir parlé du rejet embarrassant qu'elle avait vécu à son dernier passage chez le photographe. Ce dernier avait eut l'élégance de ne pas lui en tenir rigueur le lendemain et le temps passé ailleurs avait, avec du recul, rendu la situation plus amusante que gênante, alors elle chambre tout en le fixant quelques longues secondes lui et ses cheveux ébouriffés, son air à la fois renfrogné et espiègle. On a qu'à commander ! Sa passion. Non ! non ! attends ! Lenore se redresse à genoux sur le lit. Et si on faisait une pizza ? Ses yeux brillent presque l'espace de quelques secondes, Dinis semble avoir du mal à suivre, absorbé par sa bière plus que l'inverse, Lenore hausse les épaules et ouvre la sienne qui, grâce à son précédent bond dans le lit, s'échappe de la canette comme un geyser de mousse. Merde !
Elle me mettrait presque le doute, mais quand même, si j’étais sûr de quelques chose, c’est qu’elle m’avait pas prévenu qu’elle débarquerait aujourd’hui. Elle peut m’dire le contraire, j’reste persuadé que c’est pas le cas. Mais puisque madame avait décidé de venir squatter aujourd’hui et qu’elle était déjà présente, j’m’en fou qu’elle reste autant de temps qu’elle le veuille, elle me dérange pas, blondie. Au moins, elle est prévenue sur l’hygiène de la chambre, si elle veut, elle sait où se trouve le linge de lit, ce sera l’occasion de dormir dans des draps propres ce soir. « C'était les vacances ouais, j'étais en Nouvelle-Zélande mais c'est pas le plus... » j’me tourne vers elle, j’attends la suite, le plus quoi ? Mais j’crois que j’aurai jamais la fin d’la phrase. « Tu m'éclates, un coup je vais me chercher à bouffer un coup tu te chauffes pour sortir, t'as bu combien de litres hier ? » j’essai de compter, comme un con, alors qu’elle est juste en train de se foutre de ma gueule. Elle se choppe sa bière alors que moi, j’essai d’avoir un minimum le sens de l’hospitalité. « J’essaie d’être accueillant. » que j’lance, juste comme ça, pour éviter de passer pour un con. « Ou c'est moi qui te perturbe ? » ca y est, voilà qu’elle recommence, ca m’fait toujours rire, qu’elle me rentre dedans comme ça, avec un aplomb à faire pâlir toutes les putes en bas d’la rue. « tu m’fais toujours tourner la tête, tu sais bien. » d’ailleurs, c’est bien une des rare nanas qui arrive à venir squatter comme ça chez moi, sans qu’on ai envie de se foutre sur la gueule au bout de dix minutes. « On a qu'à commander ! » bonne idée, la pizzeria du quartier est pas mal et j’ai toujours le prospectus collé à mon frigo, je sais déjà que j’vais lui prendre une Calzone aux quatre fromage mais que j’veux pas son fromage bleu dégueulasse, du coup, ca devient plus qu’une trois fromages, et j’demande même pas une ristourne, j’me fais vraiment arnaquer comme un con. On va dire que c’est son pourboire. J’suis à deux doigts de décoller du frigo le flyer de la pizzeria, l’eau à la bouche, quand elle fait encore la girouette. « Non ! non ! attends ! » « Quoi ? » « Et si on faisait une pizza ? » elle est en train d’me pire que la pizza que j’allais commander est moins bonne que c’qu’on est censé faire de nos doigts ? « J’ai rien pour faire ça ! » on va quand même pas s’emmerder alors qu’en quinze minutes, on peut être servi ? Je finis quand même pas prendre le papier pour lui donner quand j’entends un bruit que j’aime pas du tout. J’me retourne et je sais déjà ce que je m’apprête à voir. Effectivement, voilà un triste spectacle. « T’avais pas besoin d’en foutre partout pour l’excuse de changer les draps, j’t’ai dis moi-même que fallait l’faire… » je lève les yeux au ciel, elle-même elle est trempée. « tout ce gâchis… t’as l’cul mouillé aussi ,d’ailleurs. » et ça, ca m’fait un peu plus marrer. « Change tout ça, j’m’occupe d’appeler la pizzeria. Tu veux quoi ? »
C'est admirable ! qu'elle répond à la fois sincèrement, avec un petit applaudissement, à la fois pour se foutre de sa gueule, Dinis qui précise essayer d'être accueillant, l'emphase sur la notion de tentative étant importante et quelque peu hilarante, toutefois, il a presque réussit en un sens, ou alors c'est juste l'habitude, l'aise qu'Eleonore ressent en sa présence, ici, dans cette seconde "famille" qu'elle s'est choisit à la volée. C'est sans doute pour cette exacte raison que le photographe se permet de répondre en son sens face à ses avances, mutine, Foxy le toise quelques secondes avant de tourner la tête avec un sens de la dramaturgie qui ferait douter de ses qualités de combattantes. Il se fout de sa gueule, elle en est persuadée, les deux mains qu'il avait brutalement posées sur ses épaules pour arrêter sa fougue et la décaler (balancer ?) sur le côté sans l'ombre d'une difficulté représentaient depuis l'essence du peu d'effets que la blonde avait sur son aîné. Pourquoi persister alors ? Par fierté ? Parce qu'elle ne prenait jamais un non pour réponse ? Avait-elle déjà essayé avec un autre réellement ? Lenore en avait pourtant administré des refus au régiment, un "oui" aurait changé la donne, l'aurait peut-être assagie. Plus Dinis fuyait plus elle le désirait, ou bien était-elle victime de cette admiration un peu ridicule qu'ont certaines jeunes filles envers les hommes plus mûrs ? Un mélange de tout probablement. L'orgueil, la complicité, la sécurité, et d'autres éléments qu'elle ne s'avouerait probablement jamais. Changeons de sujet. Parlons peu, parlons bouffe. Ils polémiquent vite fait, il fait le rabat joie pour un peu de farine et quelques tomates facilement trouvables à l'épicerie du coin, Blondie grimace en imitant les manières de son hôte quand il lui répond; avant de se faire surprendre par sa bière, comme fatalement punie pour ses moqueries. Pourtant elle continue entre deux éclats de rire et une gorgée de mousse. Blablabla... elle sort du lit tout en vidant le fond de bière survivant dans son bec. C'bon t'en as d'autres des bières à deux balles non ? dit-elle en espérant aller se resservir, ...Ouais merde, ça va puer la mort. qu'elle constate effectivement en tirant sur son t-shirt pour le renifler en même temps qu'elle sent des gouttes couler sur ses jambes. Ok ! Marinara supplément mozza please ! répond Lenore du tac au tac sans se faire prier tout en faisant demi-tour avant d'enlever son jean puis son t-shirt sans une seconde d'hésitation avant de regarder le lit, comprenant avec un brin de retard le vrai sens de la requête de Dinis dans les termes "change tout ça". Un peu penaude, elle jette un œil vers le séjour, et quand elle entend son hôte terminer la commande, Lenore s'empresse de se jeter sur les draps pour les enlever du lit avant de passer pour une fille désespérée; les attrapes tous d'un coup, en même temps que ses fringues, puis les jette dans la machine qu'elle prépare à faire tourner avant de finalement y ajouter son soutien-gorge. L'air de rien. Je peux avoir une IPA en attendant ? lance-t-elle en récupérant les draps propres.
Elle va voir où j’vais lui mettre ses bières à deux balles. « Dans l’frigo » et j’suis trop gentil d’lui répondre. « La prochaine que tu fou en l’air, j’te la fais lecher jusqu’à la dernière goute. » parce que même si c’était pas faux, que ce soit des bières à deux balles, quand même avec mon salaire misérable de petit photographe, deux balles is deux balles. Note à moi-même : demander un loyer un peu plus conséquent la prochaine fois qu’elle débarque. Ca lui fera les pieds. Marinara supplément mozza, c’est noté, c’est commandé, j’guète dehors pour voir si le livreur va pas se prendre une rincée en venant, parce que le ciel est menaçant ce soir et en même temps, j’en ai rien à foutre s’il pleut à torrent sur sa gueule, il est payé pour ça aussi. Et bon, c’est à cinq minutes, ca va pas l’tuer. La commande est faite, je raccroche et quand j’me retourne, j’vois Len qui se bat avec les draps plus grand qu’elle. Ca m’fait bien rire et y a même pas moyen que j’lui donne un coup de main, fallait pas tout déguelasser. « Il arrive dans quinze minutes. » et en attendant, moi j’vais aller pisser tien. J’disparais dans les chiotte deux minutes. J’prends bien la peine de laisser couler l’eau un moment pour lui faire comprendre que j’suis pas un crasseux qui s’lave pas les mains après avoir toucher sa teub. « Je peux avoir une IPA en attendant ? » « sers toi. » j’ressors, les mains encore bien mouillées, toujours dans le même objectif. Et là merde, si j’avais ma bière en main, j’crois que j’l’aurai fais tomber moi aussi. Putain, Lenor est à poil. 1. Est-ce que si les flics débarquent, on va pas m’prendre pour un pédophile ? Elle a quel âge déjà ? Le calcul est rapide mais j’crois que c’est bon, j’suis pas un criminel, elle est majeur si elle fait l’armée, non ? respire Dinis, respire. 2. Est-ce qu’elle me prend pour son pote gay devant qui elle peut s’foutre à poil sans laisser présager la moindre réaction physique ? 3. Pas de trois. C’est déjà bien assez de questions qui se bousculent dans ma tête. « T’as cru que j’étais ta meilleure amie ? » ca fait longtemps que j’avais pas vu des nibards pareil bordel. J’suis bloqué comme un con entre le salon et mes chiottes. « T’as besoin d’un coup d’main ? tu veux la lessive ? » ouais ,aller, la lessive, elle est où déjà ?
Dinis Irish : l'Art et la Manière de l'Elégance since 1932. Même pas en rêve je pose ma langue sur quoique ce soit ici ! elle aimerait bien l'y voir, Dinis, à la contraindre et forcer de lécher des draps, il a pas vu les petits biscotos qu'elle a fait pousser pense-t-elle (un peu présomptueuse de ses capacités, bien que certains gars au boulot évitent effectivement de se frotter à elle mais plus par crainte de son esprit de teigne que de ses muscles. Lenore fait son cirque, docile, calme, surtout pour camoufler le malentendu sans ça Dinis se serait sans doute prit les draps sur la tronche à un moment ou un autre. Rhoooo... le voilà qui fait sa mauvaise tête en l'envoyant balader pour la bière, elle lui fera payer un peu plus tard, elle se le promet, bien que l'affront soit plus que minime. T'as cru que j'étais ta meilleure amie ? Elle se retourne après avoir claqué la porte de la machine, l'air d'un "plaît-il ?" désinvolte et innocent collé sur la figure. Elle s'est préparée à feindre l'indifférence, le manque de comprenette, quelque chose comme ça, mais l'air hagard de son ami planté dans l'encadrement de la porte la prend elle-même au dépourvu l'espace d'un instant, comme si Blondie avait tenté de jouer avec des allumettes pour finalement être surprise du feu qui pouvait en résulter. Non c'est bon. répond-t-elle finalement, ignorant le sarcasme révélateur de celui qui avait joué l'homme de marbre quelques semaines plus tôt. Aide moi à mettre les draps, on a 15minutes paraît-il. sur ces mots, Lenore le double après lui avoir laissé la plupart des draps en mains minus le drap housse qu'elle s'attelle à arranger en grimpant sur le lit, commençant par les bords haut du matelas. Me fait pas croire que c'est un peu de peau qui te coupe la langue. Difficile de savoir si son choix de s'installer à 4pattes sur le matelas pour accrocher le bord droit puis le bord gauche est une naïveté de sa part ou une provocation délibérée. Si j'avais sût que je pouvais te faire taire comme ça, j'aurais tenté plus tôt. Finalement, ses potes étaient peut-être de bons conseils ?
Ya rien pour la faire pâlir, elle est d’une aisance alors que moi j’suis comme un con. C’est quoi cette génération de nana qui s’fou à poil comme ça alors qu’à la base, j’avais juste demander de changer les draps, pas qu’elle se change elle. Enfin… à part avoir viré ses fringues, elle s’était pas vraiment changé, juste dessapée. Elle a rien d’autre à se foutre sur le cul genre ? Moi qui était prêt à la laisser galérer à faire quatre fois le tour du lit pour réussir à mettre le draps housse correctement, j’vais vite m’activer pour en finir au plus vite. Faut vraiment qu’elle se rhabille. « Aide moi à mettre les draps, on a 15minutes paraît-il. » c’est bien, au moins, on est sur la même longueur d’onde. J’fais un pas vers le lit et la voilà à quatre pattes, son cul bien sous mon nez, le dos cambré, c’est pas possible. Elle fait exprès ? Elle m’allume clairement là non ? J’me pince les lèvres et mon regard est pas foutu de regarder le plafond non ? Pas foutu de lever les yeux ? Un peu de volonté mec, t’es pas si faible si ? C’est si mal de se rincer l’œil alors qu’elle a l’air totalement à l’aise avec sa posture là ? « Me fait pas croire que c'est un peu de peau qui te coupe la langue. » si elle avait un débardeur avec un décoleté qui me laisserait deviner un peu la forme de ses seins, je pourrais dire « un peu de peau », si elle avait un croc top, si elle portait un short super court, je serai ok avec le terme « un peu de peau » mais bordel, y a plus que son bas qui cache sa peau. On est dans tout l’inverse de « un peu de peau » non ? « Si j'avais sût que je pouvais te faire taire comme ça, j'aurais tenté plus tôt. » tenté quoi ? elle m’rend fou là, Lenore. Bon aller, mec, bouge toi. J’me chauffe, j’m’avance cette fois et je choppe le draps, qu’elle se bouge de là. « y a rien qui va. » que j’souffle, c’est audible, elle va capter. « T’es quasiment à poil sur mon lit. » que j’lui dis, comme si j’étais énervé contre elle, j’suis pas énervé, j’tente juste de comprendre pourquoi elle fait ça. On dirait juste qu’elle est pas pudique, que la vie c’est comme ça, ses parents c’est des hippies de Woodstock ou quoi ? On a appris à vivre à poil en toutes circonstances chez elle ? Adepte des camps naturistes où se trimballer nibards à l’air et queue en liberté c’est juste normal ? et dans quinze minutes, y a l’autre qui va se ramener, énervé aussi d’avoir traversé la rue sous la pluie, j’peux pas déraper maintenant. « Termine, j’vais boire ma bière. » la bière c’est frais, ca rafraichit, ca fait du bien ,ca va m’détendre tien. Et au passage, je choppe un t shirt qui traine sur une chaise pour lui balancer. « Mets ça. » ce sera trop grand pour elle, mais j’ai que ça sous la main et j’vais pas aller fouiller dans ses fringues.
Il a pas vraiment bougé Dinis, et ce sera la première leçon de Lenore concernant le pouvoir qu'une femme peut exercer sur un homme qu'importe l'âge de ce dernier. Là, sur le moment, c'est qu'une pulsion qu'elle a, un crush de jeune femme couplé à la curiosité et la frustration, accompagné d'une teinte de pragmatisme froid : mieux vaut lui qu'un du régiment sait-on jamais. Plus tard, ce sera un jeu, une lettre d'amour, la naissance d'une enfant, la débauche réconfortante. Mais ce soir, c'est juste insolent, à la fois naïf et calculé, l'erreur dont elle rougissait quelques minutes auparavant se transforme peu à peu en une bravade plus efficace que ses phrases clichées balancées à la volée, et plus le brun réagit tout en s'efforçant de ne pas le faire, plus Lenore se sent à l'aise, séduisante, femme et surtout... plus maline. Bien qu'en réalité, au moment où elle recule sur le lit, toujours en position du petit chien, elle a pas l'air fine pour un sou. Au final, le grand brun lui arrache presque le drap d'entre les doigts et ça, ça la déconcerte. Comment ça ya rien qui va ? Ben...ça va, je viens de faire tout ça toute seule c'est norm... sans vraiment avoir le temps de terminer sa phrase, le photographe l'interrompt en continuant de souffler, s'agiter, pester et finalement pointer du doigt l'évidence. Ton lit ? marmonne-t-elle arquant un sourcil avant de baisser un peu la tête, c'est quand ça l'arrange ses conneries de "mon lit" "mon ci" blablablabla. Il se barre finalement, terminant même pas sa tâche et cette fois c'est Lenore qui reste comme un con l'espace de quelques secondes avant de rattraper de justesse le t-shirt qu'il manque de peu de lui envoyer en pleine poire. Ce mélange de tensions nerveuses et autres fait monter comme une sensation de stress en la jeune Kemper qui a le sentiment de devoir jouer quitte ou double. ...Ok., que dire de plus ? Lenore regarde le t-shirt, plus déçue qu'elle ne l'imaginait, mais l'enfile quand même avant de terminer de faire le lit avec toute la lenteur nécessaire à sa prise de position : quitte, ou double ? La porte sonne et l'Australienne se glisse jusqu'au frigo pour se saisir d'une bière, tout en scrutant son hôte récupérer les pizzas. Il est rarement tendu Dinis, ou plutôt, il est rarement une énigme et pourtant il n'est pas du genre sentimental à se confier sur ses états d'âmes non plus, mais il a rarement été une telle énigme que ce soir. Pourquoi tu t'énerves ? Lenore lui enlève les cartons des mains pour les poser sur la table, derrière, comme pour remettre cette distraction alimentaire à plus tard. Je sais qu'tu plaisante quand tu dis que j'te fais tourner la tête, mention à la dernière fois, alors, pourquoi tu t'énerves ? je l'ai mis ton satané t-shirt, arrête de bouder maintenant ! elle a défié son regard l'espace de quelques secondes avant de détourner les yeux avec empressement, puis finalement les talons, pour récupérer la bière réclamée précédemment et l'entamer à grande gorgée, regrettant au passage que ce ne soit pas un alcool un peu plus fort. Soit je te plais pas, soit t'es gay, ya pas d'quoi en faire un foin.
Quoi mon lit ? oui c’est mon lit, aux dernières nouvelles non ? Y a qu’un lit ici, j’habite ici donc, c’est mon lit, non ? J’ai l’impression de l’avoir agressé alors que j’ai juste donné un fait. Mon lit, pas l’sien, elle est juste de passage la blonde, dans l’coin, mon lit, mon appartement, mes draps, à moi, tout ça là, c’est à moi, merde ! Ok, une bière et ça ira. Juste une bière. Et j’ai juste le temps de prendre une canette dans le frigo que ça sonne déjà à la porte, quoi, déjà quinze minutes ? Non, j’y crois pas. Je jette un œil dehors et c’est bien le livreur qui est là et il pleut même pas, c’est même pas drôle. J’vais chercher les deux pizzas et donne la monnaie au gamin, sans pourboire, il a pris aucun risque à venir avant l’orage, il fera mieux la prochaine fois. J’reviens, blondie s’empare des pizzas pour les poser comme si elle allait différer leur dégustation. J’ai la dalle moi. Pourquoi elle me pique ma bouffe comme ça ? « Pourquoi tu t'énerves ? » mauvaise foi bonjour : « je suis pas énervé. » qui a dit que je m’énervais ? Personne, si ? Non, pas moi. « Je sais qu'tu plaisante quand tu dis que j'te fais tourner la tête, alors, pourquoi tu t'énerves ? je l'ai mis ton satané t-shirt, arrête de bouder maintenant ! » elle se fou d’ma gueule en plus, Len. D’ailleurs, le t shirt j’ai pas l’impression qu’il soit vraiment très propre, ca pue un peu, une odeur chelou, j’crois qu’il traine dans cette pièce depuis trop longtemps et qu’il aurait mieux fait d’aller lui aussi dans la machine à laver, mais au moins, j’vois plus ses tétons qui m’appellent pour me dire de les bouffer. Et elle tourne encore les talons pour me montrer son petit cul couvert par la dentelle, ses jambes fines et élancées. Merde. Je m’apprête à ouvrir une boite de pizza pour croquer dedans, même si j’sais pas si j’ai l’droit, puisqu’elle a pas donner son autorisation. Mais j’ai payé, c’est j’ai la dalle. « Soit je te plais pas, soit t'es gay, ya pas d'quoi en faire un foin. » J’vais la buter. Elle va voir si j’suis gay, Lenore. J’fais un pas vers elle et j’viens poser ma main sur la sienne, celle qui tient la poignée du frigo qu’elle est en train de refermer après avoir pris MA bière. Mon regard se plonge dans le sien, je la surplombe et j’crois que j’aime bien ça. Mes doigts desserrent leur emprise sur elle pour venir se glisser le long de MON t shirt qu’elle porte maintenant. « Vire ce truc, ça pue, faut l’passer à la machine aussi. »
Entre quelques conversations intéressantes, des visionnages de films plutôt divertissants, pas mal d'alcool et de conneries à débiter ou de grosses bouffes partagées en silence, parfois Dinis et Lenore ont des interactions sans queue ni tête. L'un dit noir, l'autre blanc, ils se chamaillent la plupart du temps pour rire mais le l'embrouille s'engraine parfois réellement sans qu'aucun des deux ne puisse en définir l'origine. Juste comme ça, pour se chercher. L'adolescente se cherche sans doute encore tandis que l'adulescent grande gueule ne laisse rien passer. Alors, dans cette même veine, il rétorque qu'il est pas énervé le Oz, les sourcils encore froncés, le regard brumeux d'une bouderie encore jamais vue auparavant, la mâchoire serrée d'un conflit intérieur inconnu à Lenore. Toutes ces micro-réactions s'accentuent quand la jeune fille s'approprie les pizzas, ce qui termine d'anéantir sa patience et lui permet de balancer sa lassitude à la tête de celui qui la loge pour si peu cher; avant de baisser les armes en ravalant sa fierté au même titre que le houblon, tout en s'accordant une dernière remarque amère. La bonne remarque, finalement. Alors qu'elle n'attend plus rien de la situation, se faisant déjà le déroulé dans sa tête des sermons qu'elle servirait à ses collègues qui s'étaient improvisés Hitch experts en séduction, Dinis s'approche face à une Lenore incrédule. Elle soupire. C'est bon, c'est bon... "je retire" qu'elle allait dire, interrompue par la prise de Dinis sur la sienne. Lenore regarde la main hâlée du trentenaire sans comprendre avant de relever les yeux. Son cœur s'emballe. Ils ont déjà étés si proches, ils ont déjà dormis ensemble, peut-être même qu'il lui a fait une teinture un jour et qu'elle s'est permise de lui faire deux ou trois points noirs, mais toutes ces proximités n'avaient absolument rien à voir avec cet instant là. Cet instant où toutes les idées tordues et les fantasmes de l'arrogante s'étaient rejoint un jour sans jamais réussir à anticiper le ressenti qu'elle aurait réellement : un mélange d'angoisse et d'euphorie, une fébrilité encore en partie inconnue. Elle voulait pas que ça se passe comme ça Lenore, elle voulait prendre les devants, qu'il cède sous sa coupe et que rien ne la fasse se sentir vulnérable, que rien ne puisse la faire douter d'elle et de l'expérience quasi-nulle qu'elle avait. Un rire jaune s'échappe de ses lèvres en même temps qu'elle envisage de faire une blague pour désamorcer la situation, mais son ventre s'embrase et des palpitations, ou quelque chose du genre, la titillent ci et là tandis que l'adrénaline continue d'enfler sa poitrine. ...Trop tard. qu'elle lâche quand même, rappelée à "l'ordre" par le vacarme de la machine lancée quelques minutes plus tôt, reculant d'un pas avant de se confronter au frigo qui l'empêche d'en faire un de plus. Fait le toi-même.. "avoue"-t-elle enfin, glissant une main timide mais désireuse, curieuse, sur l'épaule puis dans le cou de Dinis. Quelques-uns de ses doigts laiteux s'entremêlant dans la chevelure sombre et en bazar de celui-ci, ponctuant son hésitation : l'envie de tirer sa nuque à elle pour l'embrasser et lui prouver, ou se prouver, qu'elle n'est plus une enfant, et l'embarras d'envisager un tel geste à nouveau. La dernière fois tout y était : l'alcool, la nuit sombre, le lit qu'il partageait et une spontanéité merveilleuse qui avait tout facilité. Lenore avait grimpé sur lui sans ménagement, plaqué ses lèvres contre les siennes, serré ses hanches de ses cuisses et il l'avait renversée sur le côté avant de dégager dans le salon. Hormis la honte, rien ne devait l'empêcher de réitérer aujourd'hui, maintenant que Dinis avait fait un pas vers elle. Rien.
Lenore n'a jamais été trop fleur bleue, elle a eut ses moments de naïveté, pas terminés en réalité et qu'elle garderait sans le savoir pour encore de longues années d'une manière altérée; des moments d'immaturité émotionnelle aussi, mais très peu de rêves et d'imagination pour le moment. Et concernant l'acte en lui-même, elle n'a que des idées morcelées. Des fractions d'images assemblées étrangement les unes aux autres, des fantasmes mêlés à des croyances montées de toutes pièces par les images pornographiques, les magazines féminins ou les ragots des collègues. Quand Reagan bouffait du verre pour arnaquer les passants pour deux trois billets, Lenore bien trop jeune, savait déjà quel débardeur à bretelles mettre, avec quel short ou quelle jupe, pour recevoir un peu d'attention financière. Personne ne lui avait franchement apprit ou expliqué, mais ce vieux gars qui servait de père à la voleuse de fère l'avait encouragée aussi tôt qu'il avait découvert les bénéfices du manège dangereux dans lequel Eleonore s'était lancée enfant, trop jeune pour réaliser les méfaits d'une sexualisation prématurée. Eli avait longtemps été trop occupé pour le remarquer jusqu'à ce qu'il lui tombe dessus du jour au lendemain sans que la blondinette ne comprenne pourquoi certaines pouvaient battre des cils et pas elle. La rivalité avait commencé. Pauvre enfant.
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