« C’est la nostalgie qui t’amène ? » La nostalgie ou l’espoir de le trouver ici. Moi-même je ne sais pas vraiment alors que je souris en m’avançant vers le garçon qui est exactement la personne que je cherchais à trouver ici. J’aurais pu lui envoyer un message, j’aurais pu l’appeler, mais je n’ai jamais été du genre à demander de l’aide quand quelque chose ne va pas. Instinctivement pourtant je l’ai cherché, sachant pertinemment que je le trouverais ici là où on se réfugie depuis toujours. Ca ne surprendrait personne de savoir que Holden se réfugie lui qui a fait de son métier une quête des étoiles, moi en l’occurrence, je n’ai rien à faire là si ce n’est une certaine curiosité. Pourtant ce petit monde étoilé, c’est bien lui qui m’a fait le découvrir et lui qui continue de me faire m’y intéresser. « Je suis persuadé que le concierge a planqué une bouteille de rhum quelque part c’est l’unique raison de ma présence ici. » Je me marre m’approchant un peu plus, le regardant de haut alors qu’il est allongé sur le banc. « Ca fait pas très chercheur tout ça, on dirait plutôt un maître de la sieste. » J’observe son visage de poupin qui n’a pas changé depuis qu’on a seize piges. « Tu as toujours le don de me cacher la lumière Freddy ». « Comment ça je suis pas ta lumière ? » je m’exclame faussement offusqué avant de m’asseoir à même le sol, adossé contre le banc sur lequel il s’est allongé. Il n’y a personne aujourd’hui et je dois dire que c’est ainsi que je préfère ce planétarium.

« On peut toujours pas fumer ici ? » je demande pour la énième fois en sachant déjà pertinemment la réponse. Cela fait quelques temps qu’on ne s’est pas vu lui et moi, j’ai été plutôt occupé avec la promotion de mon dernier film, un road trip entre amis tournant au drame, un film que j’ai tourné courant 2020 et qui m’avait fait m’échapper de Brisbane pour l’Europe durant quelques temps. « Pourquoi t’es là toi ? Tes étoiles te manquaient ? » ma tête se penche en arrière pour le regarder avant de laisser mon regard se perdre dans le planétarium.  Je me mordille la lèvre alors que je plonge dans mes propres pensées et dans la raison au fond de ma présence ici. C’est d’un ton un peu lointain que je ne peux m’empêcher de demander :« S’il y avait une étoile que tu ne connaissais pas et qui franchement ne t’intéresse pas. Mais que tu savais que cette étoile, c’était ton étoile. Qu’elle était liée à toi d’une façon ou d’une autre. Est-ce que tu chercherais à la connaître l’étoile ? » Mon discours n’a pas vraiment de sens, emmêlé de métaphores auxquelles je ne réfléchis pas vraiment, pour quelqu’un de bien trop centré sur ma propre personne je n’ai jamais aimé trop parler de moi, de toutes ces choses si personnelles que je n’en parle en réalité à personne, préférant les enterrer au fond de moi.  

@Holden Atwood  

« Tu penses à son foie ou à ta soif ? Regarde en dessous de la poubelle. J’ai vu qu’il montrait un intérêt assez étrange pour elle... » L’acteur a un sourire mutin qui veut bien dire que le foie du concierge est bien loin dans ses priorités. Non, il préfère de loin sa soif. Mais pour ce soir, il abandonne la chasse aux trésors, préférant se concentrer sur son ami d’enfance, s’asseyant au sol. « Allez pour cette fois je la lui laisse. » Il ne peut s’empêcher de commenter sur la position de son ami allongé sur le banc. « Je pourrais toujours dire que j’analyse une énième fois l’hypothèse de la planche de Rose et Jack. Et comme tu te moques je dirais que c’est toi qui fait Rose, si on nous surprend. » Freddy ne peut s’empêcher de rire imaginant déjà la scène. « Faut dire que je ferais une Rose magnifique » Il y avait quelque chose de profondément naturel dans leurs échanges. Si Freddy était quelqu’un de naturellement à l’aise peu importe la situation, il l’était toujours bien plus en présence de Holden, comme si le masque tombait, l’acteur disparaissant peu à peu pour laisser place au gamin qui s’était lié d’amitié avec le garçon il y a des années de ça.

« Il faut toujours traîner ton petit derrière dehors pour fumer ! » On ne peut toujours pas fumer et c’est assez pour que Freddy roule des yeux avec un petit sourire, comme si il ne savait pas parfaitement les raisons de cet interdit qui n’avait rien de supprimant. « Des vieux jeux ! » Bien sûr Freddy.

« C’est ma vie… Je ne suis fidèle qu’à elles. Je devrais peut-être en dédier une à nom Atwood ça sonne pas mal » Freddy ne répond rien, mais il n’a pas besoin que Holden s’explique pour savoir que Holden en réalité pour exactement les mêmes raisons que lui, pour fuir une situation, peu importe laquelle. Aussi l’acteur se contente de s’installer à côté de lui comme ils ont toujours eu l’habitude de le faire, à observer les étoiles et à prétendre au fond qu’ils sont encore les deux gamins sans problèmes, bien loin de la vie d’adulte d’aujourd’hui.

« Tu t’entraînes pour de nouvelles répliques de films ? C’est romantique et poétique ton truc… »  L’acteur ricane, son regard se perdant sur le plafond, si seulement.  " Je crois oui… Parce que déjà, elle aurait éveillé ma curiosité. L’étoile dont tu parles … C’est une fille, un mec ? le môme en couche sale, t'a rendu visite ? » Bien sûr qu’il pense à une personne à laquelle l’homme serait intéressé. Femme ou Homme, Freddy était le roi pour trouver une nouvelle conquête, pour se passionner pour un être pour en être ennuyé le lendemain, ses aventures toutes plus éphémères les unes que les autres. Mais il y avait toujours un dénominateur commun, il réfléchissait peu, se posait peu de questions, suivait ses envies comme il l’entendait. Non cette fois-ci les choses étaient différentes, tout simplement parce que sa métaphore sans grand sens n’était pas à propos d’une conquête mais d’un sujet bien plus sérieux. Un sujet qu’il n’abordait jamais. « Je voulais me reconvertir poète mais je crois que je suis pas assez torturé pour ça ! » Lance-t-il fanfaron, comme s’il pouvait détourner l’attention le temps d’un instant et reprendre les mots prononcés. Mais le silence le rattrape vite, le fait hésiter longuement. Peut-être parce qu’il ne parle jamais de sa vie d’avant, celle qu’il a vécu avant de rejoindre la famille des Mulligan, sujet qu’il a enfoui en lui pour ne plus jamais l’aborder. Il n’en a parlé à personne de cette lettre, mais elle hante ses pensées déjà depuis un moment. « Non…j’ai réçu une lettre récemment. Une lettre d’une femme qui prétend être ma mère biologique. » Il laisse les mots raisonner dans la pièce, son regard concentré sur les étoiles plutôt que son ami, le ton neutre, trop neutre, comme s’il pouvait encore prétendre que ce sujet ne le touche pas.




@Holden Atwood  

«  Épile toi d’abord, la toison brune sur le torse ce n’est pas vendeur et crédible » Freddy prend un air offusqué,  allant pincer les cotes de son ami pour le principe. « COMMENT OSES TU CRITIQUER MA BEAUTE ?! »  Un chut leur parvient d’une grande mère à l’autre bout de la salle et Freddy ne peut s’empêcher de rire, il n’a jamais été des plus discrets.

Mais il fallait bien que la pièce de théâtre s’arrête. Que les conneries arrêtent de passer la barrière de ses lèvres, que le sourire de petit con capable de raconter on ne savait combien d’âneries à la seconde disparaisse. Le sourire s’étiole sur son visage à mesure qu’il avoue la véritable raison de sa soudaine mélancolie, celle qui l’a poussée à venir se réfugier ici pour oublier la réalité. Holden se redresse brutalement, manquant de tomber et cela lui arrache un sourire malgré tout. « EH me tombe pas dessus ! Tu pèses plus que 3 pommes maintenant ! » se moque-t-il en faisant référence à l’allure chétive du garçon quand il était enfant.  Comme s’il tentait encore de rattraper le coup comme si de rien n’était.  « Attends… Pardon, laisse pas des choses comme je suis trop jeune pour mourir... Tu veux dire… Biologique comme génitrice ? Celle qui t’a mise au monde et c’est barré ?  ». La mâchoire se serre légèrement, comme toujours quand il repense à ses origines, aux circonstances de sa naissance qui l’ont marqué au fer rouge.  Il n’en parle jamais, Holden fait peut-être partie des rares personnes à qui il a donné le plus détail, à qui il a dû expliquer un soir que les Mulligan l’avaient adopté à l’âge de six ans. Il n’a jamais parlé des détails des six ans passés en famille d’accueil, le sujet bien plus tabou qu’il ne veut l’admettre. Mais il a mentionné la mère inconnue qui l’a laissée dans la rue devant les portes d’un hôpital et qui a disparu de sa vie sans un regard en arrière. « Ouep celle là même. » répond-t-il avec un enthousiasme dans lequel transparait l’amertume.

«  Qu’est-ce qu’elle dit ? Genre, je suis ta mère à la façon Dark Vador ?  Mon pote avant de rejoindre le côté obscur, aussi convainquant qu'elle ne l'est,  vient me voir. »  Cela a au moins le mérite de le faire esquisser un sourire et un élan d’affection le prend pour son ami dont les réactions le font penser à autre chose.

« Disons qu’en plus de ça elle m’a ajouté un petit historique de ma prétendue histoire familiale. Comme quoi elle aurait eu une aventure avec un certain Walker. Walker, genre Walker Groupe le groupe immobilier et qu’il n’a jamais voulu quitter sa femme et ses gosses, du coup elle m’a laissé. » Chaque mot a été prononcé d’un ton plus détaché que le précédent. C’est la première fois qu’il en parle à voix haute et cela rend la chose un peu plus réelle. « Une belle fanfiction quoi. » Il ricane, il n’y croit pas, ne veut pas y croire, tout au mieux c’est une femme qui tient à l’arnaquer pour son argent. Alors pourquoi est-ce que le doute est présent ? Pourquoi est-ce que cela serre son cœur malgré lui ?

« Comment tu te sens ? » « Ca va. J’ai pas besoin de ça de toute façon. » Ca va, ou la phrase qu’il aura le plus prononcé dans sa vie, incapable d’avouer quand tout va mal et qu’il est au bord de la chute, incapable de parler, plutôt du genre à se noyer dans l’alcool à la moindre complication. Comme au mois de janvier dernier où il s’est complètement perdu après que Clara l’ait rejeté, se perdant dans sa solitude et rejetant tous ses proches. Il n’est pas retombé depuis.  « Je m’en fous. » Pourquoi alors est ce qu’il en parle à Holden quand il aurait pu le garder pour lui ? Pourquoi est-ce que les mots sonnent faux alors qu’il regarde le plafond plutôt que son ami ?

@Holden Atwood  

Ils étaient comme deux gamins piaillant en plein milieu d’un musée, brisant le silence omniprésent des lieux avec leurs idioties. Mais en vérité ils étaient deux gamins, rien de plus et rien de moins ce qu’ils avaient toujours été. Car pendant un instant quand ils se retrouvaient, Freddy avait l’impression de retourner au monde de l’enfance, à celui dont ils étaient rois. « On dérange je crois… ! Je croyais que les grands-mères avaient des sonotones ? C’est un mythe alors ? Ou peut-être un radar, tu sais comme les animaux, aux vibrations… »  Freddy rit, tirant la langue en direction de la grand-mère en question, provocateur jusqu’au bout des ongles. Holden avait toujours su lui arracher un sourire même dans les moments où même lui au sourire si facile n’arrivait pas à en faire apparaître un sur son visage.  «  Tu as décidément une mauvaise influence sur moi ! Moi qui suis un petit ange… » « Tu parles, pas du tout crédible Atwood, moi j’ai le souvenir en 2005, quand t’as piqué le dernier Star Wars à Archie Keynes, c’est là que j’ai compris que t’avais rien d’un petit ange ! » lança-t-il avec un clin d’œil. Mais ce qu’il oubliait de dire, c’était qu’il était celui qui l’y avait poussé, lançant le défi dans l’air avec un air innocent, son regard trahissant sa mutinerie.

Il aimait la légèreté de cette conversation et aurait voulu s’y réfugier à jamais. «Quand je suis tombé sur toi la dernière fois ? Je n’ai pas le souvenir ? Et Non, je pèse maintenant 3 pommes et demi… Regarde-moi bien Mulligan, à part grandir je n’ai pas vraiment grossi. » Il n’avait pas tort, et puis surtout il avait toujours la même tête qu’il y a dix ans et Freddy lui aurait bien volé son elixir de jeunesse. «  Tu as raison je n’ai pas envie quand nous chasse pour exhibition… On me connaît ici » Il aurait souhaité garder son sourire éternellement, ne pas aborder la raison de sa présence, mais celle-ci était inévitable. Car s’il ne s’ouvrait pas à Holden, à qui s’ouvrirait-t-il ? «  Je devrais connaître ? Estime toi heureux, tu aurais pu tomber sur un cow-boy du Texas, d’ailleurs, je te vois déjà bébé, biberon à la bouche et l’asseau dans la main à la chasse au taureau…. » Son humour fut finalement ce qui le sauva du gouffre de tristesse qui menaçait de l’engloutir.  Il rit, mais son rire n’eut pas la même saveur ni la même légèreté. « Pardon, ce n’est pas drôle, mais il fallait que la fasse. Mais avoue quand même que ma fanfiction, a un meilleur plan que la tienne ? Tu ne quittes pas le monde mondain, tu aurais pu tomber pire… Tu veux le conseil d'un sage... Si tu vas plus loin dans tes recherches, vérifie ces dires... Elle serait peut-être tenté d'avoir de l'argent par ton biais.  »  Bien sûr qu’il y avait pensé et c’était sans doute ce qui rendait la situation encore plus amère, qu’on utilise son histoire pour de l’argent.  « J’vais pas aller plus loin. J’ai pas envie de la connaitre. J’ai pas envie de les connaître. » Non il ne veut rien savoir, ne pense qu’aux Mulligan qui sont sa vraie famille.

«C’est ça mon grand, tu n’as pas de sentiments, tu es le fort, bravo ! Lève ton derrière, on doit trouver la planque du concierge…. » Il n’avait pas tort bien sûr et le regard de Freddy le fuit.   « Tu as tellement une tête à faire peur que tu as besoin d’un remontant. Et puis ça fera un peu d’action, je sens que ne va pas être loin de mouchoirs et de la morve au nez, à partir dans un futur délirant… Et je préfère autant ne pas être sobre.. » Son rictus pourrait être l’écho d’un sourire, si son regard n’était pas aussi perdu et il se leva à la suite de son ami. « On n’a plus d’imagination » Il lui proposait un échappatoire et Freddy était toujours le premier à les prendre, à fuir aussi vite qu’il pouvait. Ce ne fut donc pas suprenant quand le masque revient sur son visage avec un sourire malicieux et qu’il lança : « T’as raison avec de l’alcool ça sera mieux ! » Il observa les lieux, le concierge était sûrement parti faire un tour de veille. « J’suis sûr il doit pas être dans son bureau, il doit faire une ronde, on tente d’y aller ? » Le roi des mauvais plans et des idées stupides était toujours partant pour ce genre de jeux stupides. Cambrioleur d’un soir, pourquoi pas, tout pour ne pas penser à la famille qu’il ne voulait pas connaître et à la vérité qu’il craignait d’entendre. « Heureusement que j’suis riche, sinon les Walker pourrait croire que c’est moi qui veut leur argent. » marmonna-t-il sur la route, comme s’il ne venait pas de dire cinq minutes avant qu’il ne voudrait jamais les rencontrer.


@Holden Atwood

WIN : ils forcent l'entrée du bureau du concierge et trouvent l'alcool caché sous le bureau.

SO CLOSE : Ils forcent l'entrée du bureau du concierge mais au lieu de trouver de l'alcool trouvent une collection de photos embarrassantes du concierge faisant des concours de déguisements avec son chien. Pas d'alcool en vue par contre. Autre planque ?

FAIL : ils forcent l'entrée du bureau du concierge et trouvent l'alcool caché sous le bureau. Le problème c'est que le concierge les surprend. La fuite doit commencer.