Vient un temps où il faut se rendre à l'évidence. À quelques jours du mariage, tu n'avais d'autre choix que d'accepter la fatalité de cette union forcée. Enfin, accepté c'est un grand mot. Disons simplement que tu n'as d'autre choix que de vivre avec. Ça ne rend pas la situation plus facile à vivre autant pour eux que pour toi. Honnêtement, tu trouveras ça plus facile d'être à sa place qu'à la tienne. Tu préfères cent fois être malheureuse que ton fils le soit. Mais, Marcus a raison. C'est à Damon de choisir ou non de se plier aux demandes de son père. Il fait le mauvais choix, mais c'est quand même son choix. À lui de vivre avec les conséquences de sa décision. Tu ne peux plus rien y faire - c'est pas faute d'avoir essayé de le dissuader. Tout problème vient avec une solution. Celle-ci n'y fait pas exception. Toutefois, tu n'es quand même pas pour lui jouer dans le dos, pour aller à l'encontre de ses demandes. Ça te mettrait au même pied d'estale que Saül qui n'en fait qu'à sa tête et ce n'est vraiment pas ce que tu désires. Par un pure miracle, Cosimo ne te déteste pas (ou il cache bien son jeu) et tu aimerais bien que ça reste ainsi. C'est donc sous cette fatalité là que tu as d'abord écrit à ton fils le (besoin?) de le voir lui, mais aussi celle qui partagera sa vie pour les prochaines années de sa vie. Ça aussi, c'est une autre chose que tu dois accepter, que Megan fasse partie de la vie de Cosimo. C'est une acceptation bien plus difficile à faire alors que tu ignores encore et toujours l'histoire de A à Z. Tu crois comprendre qu'elle est aussi une victime de Saül, qu'au fond, tu devrais pas lui en vouloir. Peut-être que ça viendra, un jour. Pour l'instant, il te reste un goût plutôt amer de l'inclure dans l'équation. Tu le fais quand même, c'est ce qui compte, non ?

Ce n'est que lorsque tu arrives chez Damon (et Megan) que tu tombes sur le message de ton fils t'indiquant qu'il allait avoir un peu de retard. Tu soupçonne de le faire trop travailler (faut bien que ce soit la faute de quelqu'un). T'es déjà là. Tu vas quand même pas revenir plus tard. Ce n'est que quelques minutes à l'attendre. Tu peux faire ça. Hm, sans doute. Tu lèves déjà les yeux au ciel à l'idée de devoir passer c'est quelques minutes avec Megan. Elle n'en a sûrement pas plus envie que toi. Si vous pouviez juste ne pas vous parler jusqu'à ce que Cosimo arrive, ce serait parfait. La politesse en veut autrement et elle est poliment chiante Megan - et t'es parfaitement hypocrite, un beau combo. Bref, un nouveau message envoyé pour Damon et te voilà à cogner à cette porte qui est censée être leur petit nid d'amour. La porte n'est même pas encore ouverte que tout te semble faux et angoissant.

Tu devrais sûrement commencer par un bonjour. Tu devrais sûrement sourire et avoir l'air un minimum sympathique. Sûrement. Tu feras un effort si elle en fait un. Tu en feras aussi quand Damon sera là pas forcément avant. À suivre. « Damon m'a dit qu'il serait là bientôt. Ça ne pose pas de problème que je l'attende j'espère. » Elle sait sûrement déjà tout ça. Elle a sûrement reçu les mêmes messages que toi. Quand à son opinion, bof, tu t'en fout pas mal que ça lui pose problème ou non.

@megan monroe  

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Megan Monroe & @Elise Irish

Lorsque mon téléphone vibre entre mes doigts et que je parcours des yeux le message de mon fiancé, j’en perds mon sourire. Déjà peu emballée à l’idée de recevoir sa mère chez nous pour le dîner, je le suis encore moins à l’idée de passer une demie heure seule avec elle. De mémoire, ce n’est jamais arrivé : il y avait jusque-là toujours au moins une personne pour faire tampon entre elle et moi et tout laisse à croire que, sans ça, elle aurait été bien plus incisive. Je crois deviner de quoi est faite la matriarche du clan Williams : les faux semblants sont sa spécialité. Tant qu’elle est scrutée, observée, elle reste cette aristocrate avec un balai dans le cul mais, à l’abri des regards, j’ai tendance à penser qu’elle peut-être bien plus directe, bien plus agressive et je n’avais aucune envie de vérifier ma théorie.

Pourtant, il est bien trop tard pour faire marche arrière : la mère de l’italien doit déjà être en route et je doute qu’elle me fasse le plaisir de rester dans sa voiture en attendant l’arrivée de son fils. Elle doit être bien trop heureuse de pouvoir profiter de cette occasion pour me confronter en tête à tête. J’ignore ce qu’elle me reproche concrètement : bien sûr, je lui vole certainement son petit garçon à ses yeux, mais est-ce suffisant ? Elle ne peut être au courant de la teneur de mes échanges avec Saül, du choix qu’il m’a laissé - un choix compliqué, suicidaire d’un point de vue social, mais existant tout de même - et, à ses yeux, je ne suis supposée être qu’une victime de plus de son ex-mari. A ce titre, pour quelle raison m’a-t-elle si officiellement prise en grippe ?

Bien sûr, Damon a insisté en me disant que je n’étais pas obligée de cuisiner. Mais il ne le fera pas, et je sais que sa mère me jugera si nous nous faisons livrer. De toute façon, c’est ridicule : je sais cuisiner et j’aime ça, alors j’ai tranché : j’ai préparé quelque chose de simple, sans mettre les petits plats dans les grands mais qui aura le mérite d’être fait maison. Plutôt que de tomber dans le piège de préparer une spécialité italienne qui sera forcément critiquée, je me suis contentée d’une tourte à la viande bien plus australienne : recette que je maîtrise bien mieux et qui ne me fait prendre aucun risque. De toute façon, je ne me fais pas d’illusions : Elise trouvera bien quelque chose à me reprocher.

Lorsqu’elle sonne à la porte, je cherche en moi la force de composer un sourire poli. Elle a été si peu fine la dernière fois que nous avons échangé plus qu’un bonjour que c’est compliqué : j’ai toujours été une impulsive. « Damon m'a dit qu'il serait là bientôt. Ça ne pose pas de problème que je l'attende j'espère. » - « Bonjour à vous aussi, Elise. » Mes lèvres étirent un grand sourire qui me coûte, mais qui a le mérite d’être convaincant. Je m’efface pour la laisser entrer dans l’appartement à contre-coeur. « Bien sûr que non, je ne vais pas vous laisser sur le pas de la porte. » Aussi tentant que ce soit. Je referme doucement la porte derrière elle, avant de l’observer balayer la pièce du regard. Cherche-t-elle un défaut à notre intérieur ? Va-t-elle émettre un commentaire sur la décoration accrochée au mur, constituée en grande partie de photos qui sont mon œuvre ? « Vous n’étiez jamais venue, non ? » Je passe plus de temps ici que Damon, je le saurais certainement, mais je n’écarte pas la possibilité qu’il ait fait visiter l’appartement à sa mère. « Je vous sers quelque chose à boire en attendant ? » Je fais le tour du bar, l’abandonnant dans l’espace salon, pour me servir un verre d’eau et lui ramener ce qu’elle désire. Un coup d'œil au four plus tard, je suis de retour. « Vous tombez bien. Evelyn Pearson m’a demandé de travailler le plan de table et… Je dois admettre que puisque je ne connais pas le quart des invités, j’ai peur de commettre des impairs. » Dans une famille normale ce genre d’exercice n’est pas supposé être compliqué, mais je suis certaine que chez les Williams, tout le monde se déteste ou se reproche quelque chose.

(si ça t'intéresse voilà l'appartement de Damon et Megan )

« Bonjour à vous aussi, Elise. » C'est le sourire de la parfaite hypocrite qui orne ton visage, sûrement pour faire écho au sien. L'envie de rouler les yeux au ciel d'exaspération est assez présente. C'est pas gagné pour la tentative de faire un semblant d'effort pour l'accepter dans la famille, tout ça. « Bien sûr que non, je ne vais pas vous laisser sur le pas de la porte. » Dommage, t'aurais pu te plaindre de son manque d'hospitalité, mais non, elle est gentille et bien élevée. C'est toujours aussi chiant de l'admettre. Tu détestes tout ce qui l'a rend parfaite. À vrai dire, Damon t'aurait présenté Megan dans de différentes conditions, tu l'aurais sûrement apprécié. Tu entres à l'intérieur alors que Megan referme la porte derrière elle. Ça sent bon ici. L'appartement est envahi par une odeur de nourriture. Elle joue les bonnes petites femmes au foyer qui attendent son mari avec un bon petit repas ? Vaut mieux que ce soit ça, si elle l'a fait pour toi, c'est peine perdu. Tu ne comptes pas vraiment t'éterniser ici. Ca fait déjà cinq minutes de trop que tu passes entre ses murs sans la présence de ton fils. « Vous n’étiez jamais venue, non ? » Et va savoir combien de temps ça aurait pris pour que tu viennes ici si tu n'avais pas imposé ta présence. C'est toi qui t'es invité, et non l'inverse. « Non, en effet. Vous avez l'air bien installé. » Tiens, un semblant de compliment. Il faut les prendre quand il passe. Ça doit bien être la première fois de sa vie à la blonde qu'elle vit dans autre chose qu'une pièce de deux mètres carrés. On s'habitue rapidement à la luxure. C'est pour ça qu'elle est là ?

« Je vous sers quelque chose à boire en attendant ? » Tes yeux qui scrutaient la pièce, les murs surtout, se reposent sur Megan qui file en direction de la cuisine. « Non, ça ira. Je resterais pas longtemps. » Même pas le temps d'un café si Damon ne met pas trop de temps avant d'arriver à votre rescousse, autant la tienne que la sienne. De toute manière, ça la soulage sûrement que tu n'imposes pas ta présence trop longtemps ici. « Vous tombez bien. Evelyn Pearson m’a demandé de travailler le plan de table et… Je dois admettre que puisque je ne connais pas le quart des invités, j’ai peur de commettre des impairs. » qu'elle dit en revenant dans le salon quelques minutes plus tard. Et si elle te demande à toi, c'est sûrement parce qu'il y a des noms que même Damon ne connaît pas. Les vieux oncles et tantes, cousins et cousines que personnes ne voient jamais, mais qui se font un malins plaisirs à venir critiquer le mariage de l'autre. C'est toujours ça, un concours de qui a la famille la plus heureuse - lire ici la plus riche. « Montre-moi. » que tu lui réponds tout simplement en la suivant jusqu'à ce plan qu'elle a débuté à la moitié environ. Et bien dis donc, Saül s'est gâté pour le nombre d'invités. Tu te demandes s'il y en a plus qu'à votre propre mariage. « C'est à ce demander si c'est un mariage ou un rendez-vous d'affaires. » Qui est-ce qui compte le plus parmi la liste d'invités ? La famille et les amis ou les amis/associés de Saül ?

Tu fronces doucement les sourcils, concentrés dans ta tâche, en glissant des noms autour d'une table, choisissant bien ceux qui devraient être installés plus loin des mariés. Y'a toujours ce vieux riche un peu pervers qu'on préfère avoir loin. Même à elle, tu lui souhaites pas ça pour le jour de ces noces. « Damon m'a parlé de toi. » que tu débutes sans même la regarder. C'est pas de l'impolitesse, c'est que t'es occupé sur son plan de table voilà. « Il a dit qu'il va pouvoir compter sur toi. » Tes yeux se lèvent finalement sur elle pour déceler sa réaction. Ça la touche qu'il ait dit ça ? Ça la rend fière qu'il soit tombé dans le panneau ? C'est ça que tu veux savoir si Damon a raison ou s'il s'est fait berner par une jolie manipulatrice. « Il a raison ? » Vaut mieux pour elle qu'il ait raison. Et il vaut mieux aussi qu'elle soit honnête là tout de suite. Elle est idiote si elle croit pouvoir te mentir sans que tu ne t'en rende compte.

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Megan Monroe & @Elise Irish

Elise est toujours aussi aimable qu’une porte de prison pour VIP, le genre d’endroit où l’on enferme les personnalités en vue qui sont sortis du droit chemin - le genre d’endroit où se serait retrouvé son ex mari. D’apparence riche et lisse, elles n'offrent sous la surface que froideur et solitude et c’est exactement tout ce que renvoie la mère de mon fiancé. Froide, malheureuse, seule mais incapable de faire quoi que ce soit pour empêcher son monde de s’écrouler. Je me promets de ne jamais devenir comme ça : j’ai la pugnacité pour, si je dois couler, je coulerai en m’étant battue comme une diablesse pour remonter jusqu’à la surface. « Non, en effet. Vous avez l'air bien installé. » - « Oui, aucun de nous n’a voulu garder ses meubles, on préférait partir sur quelque chose de neuf. » Pour la symbolique, pour nous donner une vraie chance pour un nouveau départ. Nous n’avons emmené que nos effets personnels et nos souvenirs et, pour preuve, se côtoient sur les murs mes photos et quelques rares toiles de Damon. « Non, ça ira. Je resterais pas longtemps. » - « Oh. Damon m’a dit que vous dîneriez avec nous. » Ou bien ai-je mal compris ? Je fronce les sourcils, un peu frustrée de m’être fait des nœuds au ventre pour rien : bon, nous aurons tous les deux des restes au moins et, après tout, je suis soulagée de ne pas avoir à faire semblant devant Elise plus longtemps que nécessaire.

« Montre-moi. » Elle est directive mais, au moins, elle accepte de m’aider et je ne suis pas de celles qui se formalisent lorsque son interlocuteur préfère aller droit au but : au moins, pour une fois, elle n’est pas fausse qu’elle en devient parfois niaise. Elle joue franc jeu, et je suis bien plus à l’aise avec ça, moi qui n’ai pas pour habitude d’avoir ma langue dans ma poche. Alors, sans me plaindre, je l’entraîne jusqu’à la table basse du salon sur laquelle j’ai disposé le plan de table et sur lequel je déplace des étiquettes ornées de nom et prénoms qui me sont pour la plupart inconnus depuis trop longtemps. « C'est à ce demander si c'est un mariage ou un rendez-vous d'affaires. » - « Oh. Je ne connais pas grand monde, Damon m’a dit qu’il y avait pas mal de cousins ou d’oncles éloignés. » Déjà, je peux caser tous les noms de famille à consonance italienne dans le lot. « Il y a beaucoup de collègues de son père ? » Je pince les lèvres en parcourant le plan de table des yeux : après tout, cela n’a rien de surprenant. Ce mariage, c’est une démonstration de force du patriarche Williams, c’est sa façon d’étaler sa réussite en s’appropriant celle de son fils : un trophée, c’est tout ce que je représente pour lui. Et pour Elise ? Une sorte de nuisible dont elle aimerait pouvoir se débarrasser.

« Damon m'a parlé de toi. » Je relève la tête et la dévisage, mais elle continue à manipuler les étiquettes comme si de rien n’était. Damon lui a parlé de moi. Et pour lui dire quoi au juste ? Déjà, mon cerveau tourne à toute vitesse et tente d’élaborer diverses théories, qui vont du positif ou plus embarrassant : je préfèrerait qu’elle ignore que son ex-mari m’a malmenée au point de laisser un bleu sur mon bras, plus tôt cet hiver. « Il a dit qu'il va pouvoir compter sur toi. » - « Oh. » Je suis à la fois touchée et surprise et ses deux émotions se trahissent sur mon doux visage. J’écarquille les yeux et, si je ne rougis pas, je ramène une mèche de cheveux blond derrière mes oreilles, pour occuper mes mains. « Il a raison ? » Je ne m’y trompe pas : c’est un test mais je n’ai pas besoin de faire semblant pour dire ce qu’elle attend - je suppose - de ma part. Si la genèse de tout ça est trouble, le résultat reste le même : je suis dans le camp de son fils. Je ne suis pas le toutou de Saül, je tente simplement de me préserver des conséquences de ma bêtise, et d’en préserver Damon aussi, à présent. « Oui, il peut. Autant que je peux compter sur lui. » Tant que je peux compter sur lui. Je ne suis pas Elise, je ne deviendrai pas une marionnette au bras de son mari comme elle l’a été pendant des années, j'aspire à un équilibre mais je ne m’inquiète pas : le blond n’a rien à voir avec son père. « Et tant qu’il voudra bien de moi à ses côtés. » Elle a relevé la tête vers moi à présent et son visage reste de marbre, si bien que je ne sais pas si elle a eu ce qu’elle voulait. « Vous avez un fils doux et généreux. C’est difficile de ne pas se prendre de tendresse pour lui. » Je ne suis pas une petite sotte avec des yeux en coeur en train de lui débiter que Damon est formidable, qu’il est le fiancé parfait et que je suis la plus chanceuse sur terre : je crois qu’elle décèlerait facilement ce genre d’hypocrisie tandis que mes révélations elles sont parfaitement sincères.

« Oui, aucun de nous n’a voulu garder ses meubles, on préférait partir sur quelque chose de neuf. » De toute manière, c'est pas comme s'ils n'avaient pas les moyens de le faire. Enfin Damon, elle, sûrement pas. Pas encore du moins. Tu te demandes ce qu'elle gagne dans cette union. Elle est là pour l'argent ? Pour autre chose ? Elle est là parce que Saül l'y oblige ? Pourquoi elle ? Pourquoi pas une autre ? Tant de questions. Aucune réponse. Tu ignores encore si un jour tu auras droit à l'explication détaillée de cette histoire. « Oh. Damon m’a dit que vous dîneriez avec nous. » « On a dû mal se comprendre. » C'est sûrement l'heure choisie qui portait à confusion. Tu n'y as même pas songé une seule seconde à une possible invitation. Tu as juste penser que c'était sûrement là le meilleur moment pour les avoir tous les deux en même temps. Tu aurais sûrement pu avoir cette discussion là avec Cosimo seulement. Au fond, c'est pour lui tout ça, pas pour elle. Mais ce qui est à lui sera à elle. Alors aussi bien tenter de faire les choses correctement dès le début.

Megan te parle ensuite du plan de table, de tous ses noms qu'elle doit placer alors qu'elle ne les connaît même pas. Tu as presque l'impression de te retrouver vingt ans en arrière. Tu connaissais mieux la famille de Saül qu'elle celle de Damon, mais reste qu'un mariage vient toujours avec des personnes que personne ne voit jamais. « Oh. Je ne connais pas grand monde, Damon m’a dit qu’il y avait pas mal de cousins ou d’oncles éloignés. » Voilà. Des cousins et des oncles que Cosimo n'a même pas vu depuis une éternité. Il l'entendra souvent la phrase : la dernière fois que je t'ai vu t'étais grand comme ça. « Il y a beaucoup de collègues de son père ? » Tu acquiesces doucement d'un signe de tête en continuant de manipuler les étiquettes. Des amis. Des ennemies. Tout le monde est le bienvenu pour regarder la puissance de Saül Williams. « Demande à Damon de te montrer quelques phrases en Italien. Rien de compliqué. Ça leur fera plaisir. » À la famille. Pas aux collègues, bien sûr. Ne serait-ce pas là un conseil ? Qu'elle le prenne. Elle n'en aura pas souvent. « Je sais pas c'est qui ceux-là. Ils doivent être nouveaux. Tu verras avec Saül. » que tu lui dis en pointant un groupe de cinq noms orphelins. C'est sûrement pas des personnes qu'elle connaît s'ils n'ont toujours pas de place. Sûrement de nouveaux associés de Saül. Ça veut pas dire qu'elle peut les mettre tous ensemble. Mais bon, elle fera bien comme ça lui chante.

Et si vous alliez directement dans le vif du sujet avant l'arrivée de Damon ? « Oh. » Sa réaction est spontanée. Elle est surprise. Tu sais pas ce qu'elle pensait que tu allais lui dire, mais elle ne s'attendait pas à ça. Elle est honnête, mais tu ne peux pas t'empêcher de demander ce que Damon aurait pu te dire d'autre à son sujet. « Oui, il peut. Autant que je peux compter sur lui. » Ça, tu sais déjà qu'elle pourra compter sur lui. Damon est beaucoup trop gentil. Elle pourrait compter sur lui même si elle ne le mériterait pas. « Et tant qu’il voudra bien de moi à ses côtés. » Cette phrase-là, elle te dérange un peu. « Il se passera quoi à ce moment-là ? » Elle va l'empêcher de partir ? Qu'elle essaie, juste pour voir. À la seconde où Damon voudra se sortir de ce merdier, tu seras la première à tout faire pour que ce soit possible. « Vous avez un fils doux et généreux. C’est difficile de ne pas se prendre de tendresse pour lui. » Tu oses espérer qu'elle ne tient pas le même discours devant Saül. Ce n'est sûrement pas les qualités qu'il a envie d'entendre de ce fils que tu as dorloté selon lui. « Il est aussi parfois un peu trop naïf et certaines personnes profitent de cette générosité. Je ne voudrais pas que ce soit ce qui lui arrive, tu comprends ? » La formule de la phrase est peut-être poliment prononcée, ou presque du moins - pas sûr que Megan trouve un seul mot de ta bouche polie. Ça reste quand même des menaces. Ça reste quand même une mère qui veut protéger son fils, encore et toujours.

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Megan Monroe & @Elise Irish

« On a dû mal se comprendre. » Et une part de moi se demande si ça lui fait pas plaisir, que j’ai préparé quelque chose - plus pour faire des efforts pour Damon que pour elle - parce que je pensais que sa mère dînerait avec nous. Elise joue à des jeux dont je n’ai que faire : ceux de la haute société et ce type de coup bas - si c’en est un - ne peux pas m’atteindre puisque je me fiche bien de tout ça, je n’appartiens pas à leur monde. « Oui, sûrement. » Je hausse les épaules avant de jeter un dernier coup d'œil au four. Je fais le tour du bar pour éteindre l’appareil et laisser ma préparation finir de cuire doucement. Ca en fera plus pour nous., que je me retiens d’ajouter : il ne manquerait plus qu’elle me prenne pour une morte de faim, avec tout le reste.

« Demande à Damon de te montrer quelques phrases en Italien. Rien de compliqué. Ça leur fera plaisir. » Je me retiens de rétorquer que je me moque bien de faire plaisir à l’oncle Lissandro ou Giovanni, mais pour Damon et parce que sa famille compte pour lui, je le ferai et je note le conseil d’Elise avec un hochement de tête. « J’espère que ça ne leur viendra pas à l’idée de me répondre en italien, je connais pas un mot. » Je parle anglais, mais c’est à peu près tout. Contrairement à Damon, je n’ai pas la chance de venir d’une famille multiculturelle et je n’ai pas eu la chance de parcourir le monde depuis mon plus jeune âge non plus. « Je sais pas c'est qui ceux-là. Ils doivent être nouveaux. Tu verras avec Saül. » Et au pire, les cinq orphelins formeront une table de cinq : je n’ai pas la moindre envie de parler plan de table ou quoi que ce soit - pour ce que ça vaut - avec mon futur beau père. En fait, depuis l’épisode du bleu sur le bras, je n’ai plus du tout envie de me retrouver dans la même pièce que lui tout court, et encore moins seule avec lui.

« Il se passera quoi à ce moment-là ? » Je lève un sourcil. Pense-t-elle que je suis en train de proférer une menace ? « Sauf votre respect, je crois que ce genre de discussion ne regarde que Damon et moi. » J’ignore ce qu’elle croit avoir compris : moi, je voulais simplement sous entendre que je ne suis pas elle, que je ne resterai pas à côté de mon époux violent et misogyne pour agiter le bras et envoyer des sourires à la foule si, dans l’intimité, il se moquait de moi et m’humiliait ouvertement. Mais quoi qu’il en soit, je n’ai pas l’intention de laisser la rigide quarantenaire m’intimider comme si j’étais une jeune fille en fleur. Des connasses dans son genre, j’en ai connu des bien plus impressionnantes lorsque j’étais en famille d’accueil et que je n’étais qu’une gamine. « Il vous dit qu’on peut compter sur moi. Ça devrait vous suffire non ? Vous lui faites confiance, je suppose ? » Répondre non, c’est désavouer son fils et je compte bien là dessus pour m’en sortir de cette conversation sans me brûler les ailes. « Il est aussi parfois un peu trop naïf et certaines personnes profitent de cette générosité. Je ne voudrais pas que ce soit ce qui lui arrive, tu comprends ? » - « J’ai pas l’intention d’en profiter. » Je soutiens son regard sans me laisser dévorer toute crue. « Je sais pas ce que Saül vous a dit, je sais pas ce que Damon vous a dit. Mais cette discussion je l’ai déjà eue avec votre fils. Je fais pas ça pour l’argent. » La version officielle, c’est que Saül m’a pratiquement mis un couteau sous la gorge. L’officieuse, c’est qu’il a menacé d’étaler mes vilains secrets au vu et au su de tous. Ce qui se cache sous la surface, c’est que l’idée d’appartenir à un tel clan me fait briller les yeux et parle à la gamine paumée dont personne n’a jamais voulu que j’étais, que je suis toujours au fond. « Peut-être que dans votre monde, c’est ce à quoi vous êtes habituée. » Les coups bats et les personnes qui sont fausses, qui ne veulent que lui soutirer quelques dollars et lui nuire. « Mais je viens pas de votre monde. » Et je suis sûre que ce sera profitable à Damon, au final.

« J’espère que ça ne leur viendra pas à l’idée de me répondre en italien, je connais pas un mot. » Elle s'attend à quoi au juste ? Bien sûr qu'ils vont lui répondre en italien. S'ils se sentent un peu généreux, ils vont lui bafouer un truc incompréhensible en anglais. Les Williams (et autres branches) se sentent généralement peu généreux. « Il y en a plusieurs qui ne parlent pas un mot anglais. » Les plus âgés surtout, ceux qui ne jurent que par leur pays natal. Elle y aura droit elle aussi au jugement de mélanger le pur sang italien avec une australienne. Quel gâchis. Heureusement que Cosimo est purement italien - même si personne ne le sait.

« Sauf votre respect, je crois que ce genre de discussion ne regarde que Damon et moi. » Sauf votre respect, oh, pitié à d'autres. Elle n'a aucun respect pour toi et c'est bien loin de t'atteindre. Tout comme elle n'en à rien à faire que tu n'en aies pas pour elle. Tu as vraiment roulé des yeux ou tu l'as juste pensé ? Tu l'as pensé très très fort. « Il vous dit qu’on peut compter sur moi. Ça devrait vous suffire non ? Vous lui faites confiance, je suppose ? » Non, ce n'est pas suffisant, mais elle tourne la phrase pour que tu n'aies pas le choix de dire le contraire. « Bien sûr que je lui fais confiance. » C'est évident même. Ça ne veut pas dire que son jugement est bon. Ça ne veut pas dire qu'il ne fait pas d'erreurs. On en fait tous. La confiance n'a aucun lien avec ça. « J’ai pas l’intention d’en profiter. » Bien. C'était pas si compliqué à dire. Tu choisis de la croire parce que c'est plus simple si c'est vrai. C'est moins difficile à encaisser si ce n'est pas une profiteuse. Peut-être qu'ils réussiront à trouver un équilibre dans tout ça malgré tout. « Je sais pas ce que Saül vous a dit, je sais pas ce que Damon vous a dit. Mais cette discussion je l’ai déjà eue avec votre fils. Je fais pas ça pour l’argent. » Elle fait ça pour quoi, alors ? C'est ça que tu ne comprends pas. C'est ça le petit détail qui t'accroche. Tu as l'impression que tu ne connaîtras jamais la réponse. Tu ne veux même pas lui demander. Ce serait une perte de temps. Cette discussion et cette fausse amabilité a assez duré de toute façon. « Peut-être que dans votre monde, c’est ce à quoi vous êtes habituée. Mais je viens pas de votre monde. » Il y a du bon et du mauvais dans tous les mondes, le vôtre, le sien. C'est pas une raison de ne pas être une profiteuse de venir d'un monde différent. Elle croit quoi ? Que tous les pauvres veulent rester dans leur misère ? Que tous les riches recherchent toujours le moyen d'en avoir plus ? Non, vraiment pas. Être un salaud ou pas, c'est dans l'ADN, pas dans la classe sociale. « J'espère que tu es honnête. » Dans le cas contraire, tu feras de sa vie un enfer. Pas besoin de le dire avec des mots, elle a compris le message.

Tu arrêtes finalement de la dévisager à la seconde où la porte d'entrée s'ouvre. Pas trop tôt. Te retrouver toute seule avec Megan ? Le moins souvent possible s'il vous plaît. Elle se dit sûrement la même chose. Tu souris doucement à la vue de Damon, le sauveur, qui arrive. Tu n'es pas trop certaine d'être si à l'aise avec la présence de Damon et Megan dans la même pièce. À croire que tu n'aies pas envie qu'elle connaisse la version gentille de toi-même. Damon, lui, il les connaît presque toutes les versions de toi. Sauf la pire, naturellement. « Bonjour. » Ah tiens, pour lui tu connais les règles de politesse. « Tu as eu une grosse journée ? » Probablement pour qu'il ait un léger (trop long) retard sur votre horaire. Ce n'est pas son genre de faire attendre les autres.

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@megan williams et @elise irish

***
C’était peut-être la quatrième fois qu’il venait relever le poignée afin de rendre accessible à ses yeux l’heure indiquée par la montre qu’il y portait. Un soupire s’en vint se paire avec les chiffres qu’il pouvait lire. Fermant les yeux un instant, Damon décida finalement que ce qu’il était en train de faire pourrait attendre qu’il revienne au bureau le lendemain - de toutes façons, rien d’extraordinaire n’allait se passer pendant la nuit, qu’il termine ce rapport aujourd’hui ou le jour s’en suivant. Il n’était pas du genre à venir laisser un dossier inachevé, en cours de finalisation, ouvert sur son bureau de la sorte mais à certaines situations particulières se devaient d’avoir des actions adoptées en tant que telles. En l’occurence, il savait que de retour à l’appartement, une toute autre journée était prête à le recevoir: celle où il tenterait de concilier dans la même pièce sa mère et sa fiancée - et il savait d’avance que cela allait lui demander plus d’efforts et de retenue que de venir terminer ce dossier ce soir.

Eteignant la lumière de son bureau, l’italien fut dans la rue en une fraction de seconde. La circulation était encore dense malgré l’heure déjà bien lancée de la soirée, et il vint peiner un instant à venir s’y insérer. Cela devait faire des semaines qu’il n’avait pas conduit, mais avec les innombrables allers-retours qui étaient prévus à son programme entre les cours, le travail et le mariage, il se devait de se remettre derrière le volant afin de pouvoir en temps et en heure à tous les endroits où il était attendu. Augmentant le volume sonore de la voiture, les notes d’une des compositions de Beethoven se firent entendre à travers tout l’habitacle. La musique classique était toujours un moyen pour lui de venir reposer son esprit, de réorganiser ses pensées. Il n’en était pas un grand fan, ou plutôt peut-être il en était par dépit et non par choix, mais il devait avouer qu’il n’avait trouvé guère mieux que ce type musical pour venir remettre dans l’ordre les pièces des puzzles qui pouvaient se montrer à lui. Et en cet instant, un peu de calme avant la tempête ne lui ferait pas de mal.

C’était Elise qui leur avait demandé, à Megan et à lui, si elle pouvait passer les voir un soir de la semaine lorsqu’ils seraient tous les deux disponibles. Lorsque Damon avait reçu le message, ses sourcils n’avaient pu s’empêcher de venir se froncer; cela n’était pas réellement dans les habitudes de sa mère que de venir proposer une rencontre en précisant que la fiancée de son fils devait également être de la partie. D’ordinaire, elle aurait plutôt eu tendance à venir demander au jeune homme si la demoiselle ne serait pas de la partie; quelque-chose d’anormal semblait émaner de cette future rencontre, et rien qui ne plaisait d’avance à Damon. Mais il vint jouer le jeu, il vint faire en sorte que toutes les conditions pour que cette rencontre puisse avoir lieu soient réunies. Il avait d’avance un brin des appréhensions à l’idée de venir passer la soirée en compagnie de Elise et Megan, en sachant qu’aucune des deux ne pouvait réellement voir en peinture la première - il savait que dans toute situation normale, c’était ainsi que les choses se seraient passées; mais lui en l’occurrence aurait pu se passer de cette rivalité en rien nécessaire.

Claquant la portière de sa voiture, il vint avaler quatre à quatre les quelques marches du hall d’entrée de l’immeuble dans lequel sa fiancée et lui avaient emménagé quelques semaines plus tôt. L’ascenseur fut son meilleur ami afin de ne pas arriver jusque chez lui - chez eux - à bout de souffle; promis un jour, il arrêterait la cigarette et pourrait se permettre de monter par les escaliers. Il vint tourner tout aussi rapidement la clef dans la serrure, et avant même qu’il n’eut le temps de venir reprendre son souffle ou de venir en échapper un, il vint déjà sentir deux yeux sur lui. « Bonjour. » Il n’avait même pas eu le temps devenir desserrer juste le minimum nécessaire de sa cravate que déjà, la voix de sa mère venait s’adresser à lui. Et si les deux femmes n’étaient ne rien contentes de venir partager quelques instants ensemble, Damon de son côté était plutôt ravi de voir sa mère et sa fiancée réunies dans la même pièce. Assez pour venir esquisser un petit sourire. « Bonsoir maman. » Venant faire les quelques pas le séparant de ce qu’il se devait d’appeler les deux femmes de sa vie, il vint en premier lieux se pencher vers sa mère afin déposer un baiser sur sa joue. Et, aussi étonnant fut-il pour lui, il ne vint pas hésiter un seul instant à faire la même chose avec Megan. « Bonsoir à toi aussi. » Il vint également y ajouter un petit clin d’oeil, de ceux que seule Megan pouvait voir présentement.

« Tu as eu une grosse journée ? » Finissant d’en découdre avec sa cravate une bonne fois pour toute, il vint échapper cette dernière sur la première surface plane se trouvant  à sa portée. « Horrible. J’aurais pu y rester toute la nuit si j’en avais eu envie. » Oh, quelques temps plus tôt, il aurait pu venir le faire, afin de venir marquer des points dans le tableau de scores que gardait Saül. Désormais, il ne jouait plus à ce petit jeu là - surtout en connaissant les sales coups bas que le joueur Williams sénior était capable de mettre en place. « Désolé d’être arrivé en retard d’ailleurs. J’ai manqué quoi ? A part que ça sent super bon. » Parce-qu’en plus d’être en retard, il était affamé et il n’avait qu’une seule hâte: venir découvrir ce que Megan avait préparé pour ce soir.

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Megan Monroe & @Elise Irish

« Il y en a plusieurs qui ne parlent pas un mot anglais. » J’ignore ce qu’elle tente de faire, mais elle ne me culpabilisera pas en me rappelant mes origines australiennes. Si j’ai honte de mon histoire, fort heureusement elle ne la connaît pas, je n’ai pas honte d’être née sur le même sol qui l’héberge, Elise. Alors, comme réponse, je me contente de hausser les épaules. S’ils ne parlent pas un mot d’anglais, ce n’est pas en quelques semaines que je deviendrai bilingue en italien, ne nous voilons pas la face. J’apprendrai les bases par politesse, mais ne pas pouvoir converser avec chaque oncle resté au pays ne m’empêchera pas de dormir la nuit : mon mariage sera célébré sur le sol australien, après tout.  

« Bien sûr que je lui fais confiance. » J’esquisse un léger sourire, parce que je sais que capituler l’emmerde profondément, mais que la tournure de ma question ne lui a pas laissé d’autre choix. Dire le contraire, c’était infantiliser Damon, c’était crier haut et fort qu’à ses yeux il n’est qu’un enfant incapable de faire ses propres choix et de prendre ses propres décisions. Elle m’a prise en grippe depuis le premier jour, la quarantenaire. A partir de là, pourquoi aurais-je le moindre scrupule à me battre sur son terrain, celui des sourires hypocrites et de l’agressivité passive à peine dissimulée ? Je me promets une chose : elle ne me fera pas craquer, il faudrait qu’elle soit plus coriace, pour ça. « J'espère que tu es honnête. » Encore une fois, si je le suis aux yeux de son fils, qui est-elle pour venir chez moi, chez nous, pour sonder mon honnêteté ? Si Saül est un poison, à mes yeux, Elise est tout aussi toxique et si Damon ne le réalise pas, il le fera peut-être un jour. En tout cas, avec moi, la comédie de la mère inquiète ne prend pas : c’est régir la vie de son fils, qui l’intéresse. D’une façon différente de celle utilisée par l’homme d’affaires, mais tout autant envahissante.

L’arrivée de Damon m’autorise au moins à ne pas répondre. Je pourrais presque pousser un soupir de soulagement tant je suis heureuse de le voir venir mettre fin à cette discussion qu’il ne soupçonne pas et dont je ne lui rapporterai rien : je ne suis pas idiote, critiquer la mama du jeune italien est le meilleur moyen de se le mettre à dos, que j’ai raison ou tort ne changera pas grand chose à ses yeux. « Bonjour. Tu as eu une grosse journée ? » La mère salue le fils, le fils embrasse la joue de sa mère et moi je me contente d’observer tout ça d’une distance raisonnable, méfiante quant à ce qu’Elise prépare. Elle a demandé à nous voir tous les deux et après ce délicieux bras de fer, je suis toujours aussi curieuse mais j’appréhende la surprise qu’elle a préparée, que j’imagine déjà mauvaise ou piégée. « Bonsoir à toi aussi. » Damon dépose un baiser sur ma joue le plus naturellement du monde et moi, j’enroule mes doigts autour de son bras le temps de le lui rendre, avant de laisser à nouveau ma main glisser le long de mon corps. « Horrible. J’aurais pu y rester toute la nuit si j’en avais eu envie. » Réalise-t-il qu’il se tue à la tâche pour venir remplir les poches de son père ? A-t-il pensé à chercher autre chose, une fois qu’il aura son diplôme en poche ? « Au moins tu auras un peu de vacances pour la lune de miel. » Puisque c’est ce qu’elle sera uniquement pour nous, des vacances bien méritées et appréciables après l’effervescence des préparatifs du mariage. « Interdiction de ramener du boulot. » Il fait bien ce qu’il veut dans les faits, je tente simplement d’alléger l’atmosphère et, pour preuve, mes lèvres s’étirent en un adorable sourire.

« Désolé d’être arrivé en retard d’ailleurs. J’ai manqué quoi ? A part que ça sent super bon. » - « T’es pile à l’heure. Ta mère me donnait des conseils pour le plan de table. Ses commentaires ont été… Fascinants. » Révélateur de ce qu’elle pense de ma présence dans la vie de son fils et à ses côtés. Le sourire que j’offre à Elise est tout aussi factice que le sien : elle saura lire entre les lignes. « Par contre, elle nous fausse compagnie pour le dîner. » Alléluia. Finalement, c’est plutôt une bonne nouvelle, ce problème de communication.

« Bonsoir maman. » Tu lui souris doucement alors qu'il vient poser un baiser contre ta joue et il va refaire le même manège auprès de sa future épouse. « Bonsoir à toi aussi. » C'est quoi son problème de s'enrouler comme un cobra de la sorte autour de son bras ? Elle se la joue possessive ? Elle a déjà oublié que rien tout ça n'est vrai ? Franchement qu'elle se garde le rôle de la fausse amoureuse pour le vrai public. Ici avec toi, ils n'auront jamais à faire semblant. Ce qui est quand même un bon atout dont elle se contrefout. Elle préfère marquer son faux territoire. Marques tant que tu veux ma chérie, j'ai pas peur. Comme si cette connasse allait briser quoique ce soit. Elle est rien. Ce serait bien qu'elle s'en rappelle. « Horrible. J’aurais pu y rester toute la nuit si j’en avais eu envie. » Rien d'étonnant là-dessus. Saül doit le faire bosser deux fois plus pour pas lui laisser le temps de réfléchir trop longtemps. Tout d'un coup qu'il trouverait le temps de se rebeller. Tu te demandes pourquoi il ne quitte pas son emploi chez Michael Hills. Il déteste ça, c'est évident. Ce n'est toutefois pas vraiment le moment idéal pour parler de ça. « Au moins tu auras un peu de vacances pour la lune de miel. Interdiction de ramener du boulot. » Hm, c'est pas faux que ça lui fera sûrement du bien à Damon de s'éloigner de tout ça, de prendre du recule, d'être lui-même dans un endroit où personne ne le connaît. Le pauvre, il saura enfin c'est quoi le sentiment de se sentir enchaîné dans sa propre ville, mais libre dès qu'il posera un pied dans un avion. « Où est-ce que vous avez décidé d'aller ? » que tu demandes quand même un peu curieuse de voir si Damon avait choisis de faire découvrir à Megan un endroit qu'il aimait ou s'ils avaient plutôt opté pour un endroit qui était inconnu autant par l'un que par l'autre.

« Désolé d’être arrivé en retard d’ailleurs. J’ai manqué quoi ? A part que ça sent super bon. » - « T’es pile à l’heure. Ta mère me donnait des conseils pour le plan de table. Ses commentaires ont été… Fascinants. » Finalement, Megan est plus énervante quand Damon est là que lorsqu'elle est toute seule. Ça ne lui va pas du tout de jouer les hypocrites. Elle pourrait se forcer pour Damon, mais non, rien. Qu'on te demande pas d'en faire toi non plus. « Par contre, elle nous fausse compagnie pour le dîner. » Ah oui, ça lui plaît bien de remettre ça sur la table hen. Pourvu que Damon n'insiste pas pour que tu restes. Mais tu doutes que même lui, il préfère ne pas vous avoir dans la même pièce. « J'vais faire ça vite. J'ai déjà pris assez de temps à Megan comme ça. » Comme si c'était vraiment pour ne pas déranger Megan plus longtemps que tu voulais écourter cette visite. Tu sors une grosse enveloppe de ton sac que tu viens déposer sur le comptoir. C'est assez facile d'y voir l'étampe du notaire dessus. Non, malheureusement, ce ne sont pas des papiers de divorce. Ça te fera plaisir de leur fournir par contre si c'est l'étape après le mariage. Aucun problème, tu deviens presque une experte en divorce. « Quand Saül m'a demandé en mariage, il m'a offert une maison à Grenade. » Le récit est pour Megan. Cosimo sait déjà tout ça. Il y a passé tous ses étés lorsqu'il n'était qu'un gamin, mais il y a longtemps que vous n'y avez pas mis les pieds tous les trois. « J'aimerais vous l'offrir à mon tour, en espérant que vous puissiez y construire d'aussi beaux souvenirs que nous. » Tu n'es pas certaine que Damon en garde vraiment des souvenirs de cette époque-là. C'est peut-être trop loin dans ses souvenirs. Mais c'est vrai, c'est sincère. Grenade a toujours été un terrain de trêve avant de finalement devenir un terrain de guerre. « À condition que tu ne la vende pas. » que tu ajoutes en direction de Damon en poussant l'enveloppe vers lui - vers eux. Tu ne sais pas si Saül ira jouer au vautour en sachant la nouvelle. Mais c'est pas vrai qu'il va avoir cette maison que tu t'es battu pendant des mois pour qu'il ne puisse jamais l'avoir.

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***
« Au moins tu auras un peu de vacances pour la lune de miel. Interdiction de ramener du boulot. » Il vint laisser échapper un petit rire au commentaire de Megan. Elle n’avait pas tout à fait tort - avec le nombre d’heures supplémentaires qu’il s’appliquait à venir faire par semaine, il aurait largement de quoi venir alimenter leur petite évasion pour leur lune de miel. « Je compte rien ramener du tout, promis. » Il vint ajouter là un petit clin d’oeil en direction de la jeune femme. Qu’importe ce que leur lune de miel représenterait à leurs yeux, il n’était pas question qu’il vienne y apporter du boulot; il comptait en profiter du début à la fin et de se détendre après les tempêtes essuyées au fur et à mesure des quelques derniers mois. Il comptait faire en sorte de venir oublier la Michael Hills et tout ce que cette dernière pouvait lui apporter - ce qui n’était jamais réellement synonyme de positif, dans la vie quotidienne de Damon; cela représentait également et surtout l’endroit où Saül pouvait exercer le plus grand des pouvoirs sur lui. Il s’en rendait compte, le jeune homme, mais ce n’était pas pour autant que pour le moment il comptait y faire quoi que ce soit. Il avait besoin de rester à son poste encore quelques temps, quelques semaines à minima, afin de terminer son cycle d’études et pouvoir faire les choix qui lui semblaient judicieux pour sa propre vie en ayant en mains tous les atouts qu’il aurait su récolter sur le chemin. « Où est-ce que vous avez décidé d'aller ? » Son regard vint passer de Megan à sa mère, alors qu’un doux sourire s’étirait sur ses lèvres. « Quelque part que je connais pas, aussi extraordinaire que ça peut être. » Il ne venait en rien se vanter d’avoir pu profiter de la situation financière de ses parents pour voyager et découvrir le monde, mais jusque récemment encore Elise était celle avec qui il venait conquérir de nouveaux territoires; Saül les avait laissé vivre leur vie dans leur coin, et c’était aussi pour cette raison que ces deux Williams-ish étaient autant soudés. Ce qu’il pensait faire pour les détacher à cette famille n’avait fait que les rapprocher avec le temps passé. « On va aller se la couler douce à Hawaï. Ca nous fera du bien. »

« T’es pile à l’heure. Ta mère me donnait des conseils pour le plan de table. Ses commentaires ont été… Fascinants. » Aux mots de la jeune femme, il vint cette fois-ci hausser légèrement un sourcil. Fascinants n’était pas exactement l’adjectif qu’il s’attendait à entendre à la fin de cette phrase, mais il ne préféra pas venir relever. Les deux femmes avaient du avoir une intéressante conversation avant son arrivée, et bizarrement cette fois-ci il n’était pas spécialement pressé de connaitre tous les tenants et aboutissants de cette dernière. Il n’y avait pas besoin d’un dessin pour savoir qu’elles ne se toléraient qu’uniquement parce-qu’il se trouvait au milieu des deux. « Par contre, elle nous fausse compagnie pour le dîner. » Le sourcil toujours haussé vint passer de Megan à Elise dans la seconde. Il savait qu’elles ne pouvaient réellement se supporter, donc, mais il ne pensait pas que sa mère leur fausserait compagnie de la sorte. Il s’apprêtait à venir insister un instant, rien qu’un seul, pour que la brune passe le reste de la soirée avec eux mais il n’eut le temps de rien dire que cette dernière prit les devants. « J'vais faire ça vite. J'ai déjà pris assez de temps à Megan comme ça. » Donc, il n’avait en rien son mot à dire dans l’histoire apparemment. La situation présente le dérangeait quelque-peu - pas qu’on ne lui ait pas demandé son avis, ça il avait l’habitude, mais qu’il ne puisse pas être envisageable qu’ils puissent tous les trois diner à la même table sans que cela soit le prélude d’une troisième guerre mondiale. Sa mère semblait réellement pressée, puisqu’une enveloppe fut glisser sur le comptoir avant-même que Damon ait prononcé le moindre mot. L’affaire était close avant même d’avoir été exposée - mais il gardait cette interaction plutôt étrange dans un coin de son esprit, il aurait le temps plus tard de venir y repenser et surtout d’y trouver des solutions.

Il vint plutôt reporter son attention sur l’enveloppe qui se trouvait désormais sous ses yeux. Le mot notaire pouvait être lu dessus, et cela vint quelque peu perturber l’italien. « Quand Saül m'a demandé en mariage, il m'a offert une maison à Grenade. » Il ne fallut qu’un seul instant, à peine une seconde, pour que Damon vienne relever son regard pour le poser sur le visage de sa mère. Il savait déjà vers quoi s’en allait son discours, et d’avance il avait déjà le coeur qui se mettait un battre un brin plus fort et ses yeux qui le piquaient plus que de raison. Elle ne pouvait pas faire - cela lui semblait improbable. Il connaissait par coeur la maison de Grenade, pour y avoir passé un nombre incalculables de jours et de semaines. Il connaissait par coeur derrière l’histoire qui s’y rattachait, avec les ajouts de dernière date également. Il savait à quel point cette maison pouvait être un symbole - pour qu’importe qui de leur famille, aussi torde cette dernière puisse t-elle être. « Maman… » - « J'aimerais vous l'offrir à mon tour, en espérant que vous puissiez y construire d'aussi beaux souvenirs que nous. » Oh, qu’il sentait les venir, les émotions. Il s’attendait peut-être à tout de la part d’Elise ce soir, mais certainement pas à ça. « À condition que tu ne la vende pas. » Ses yeux à lui vinrent glisser un instant de l’enveloppe à sa mère, faisant une fois de plus le chemin inverse. Elle venait de leur offrir la seule chose pour laquelle elle s’était battue à travers son divorce, et elle était face à Saül - ce qui n’était en rien une chose aisée, donc. Si elle avait gagné bien des choses à travers les procédures, et avait bien sur en profiter depuis, cette maison était quelque-chose à part. Déglutissant avec grand peine, avant même de venir ajouter un mot ou quoi que ce soit, Damon vint faire le tour du comptoir pour venir prendre sa mère dans ses bras. Il n’y avait besoin de rien cacher, en cet instant; que ce soit Megan ou Elise, les deux femmes savaient déjà à leur niveau qu’il était un homme d’émotions, et qu’il s’en cachait pas. Ce fut alors sans aucune honte ni surprise que quelques larmes vinrent s’échapper sur ses joues, alors qu’il resserrait son étreinte autour de sa mère. « T’étais pas obligée. » Parce-que cette maison représentait la dernière pierre à l’édifice de son divorce, et qu’elle aurait pu la garder jalousement pour elle pendant des décennies encore. « Mais je crois pas qu’il existe de cadeau qui m’aurait fait plus plaisir que ça. » Se reculant alors de la brune, ne lâchant pas ses épaules pour autant, il vint tenter là d’étirer une petite moue rieuse. « Et tu sais bien que sous aucun prétexte je viendrai la vendre. » Pour toutes les raisons déjà citées plus haut, qui resteraient toujours vraie qu’importe le nom que portait le titre de propriété.

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Megan Monroe & @Elise Irish

« Où est-ce que vous avez décidé d'aller ? » Maintenant que Damon est rentré, je le laisse mener la conversation avec sa mère et je m’efface sans me faire prier : je n’apprécie pas assez la blonde pour converser avec elle de tout, de rien, et de là où nous passerons nos premiers moments loin de toute l’agitation Williams. Je la soupçonne de n’avoir que faire de là où nous avons choisi de nous échapper et de ne demander que pour les apparences : tout est fait pour les apparences dans cette famille et à l’abri de mon appartement je n’ai pas besoin de prétendre que je m’entends bien avec elle et que j’adhère à tout ça. « Quelque part que je connais pas, aussi extraordinaire que ça peut être. On va aller se la couler douce à Hawaï. Ça nous fera du bien. » Au moins, ce moins là a été laissé à notre discrétion. Contrairement à la date, aux invités et au choix du lieu, personne n’a donné la moindre indicative à ce sujet, si ce n’est que nous nous devions de partir en lune de miel, à nouveau pour les apparences.

« J'vais faire ça vite. J'ai déjà pris assez de temps à Megan comme ça. » Aleluia. Je reste un pas en arrière, curieuse de ce qu’elle vient faire et ce qu’elle avait de si important à nous dire pour avoir besoin de nous voir tous les deux. Elle ne delande que rarement ma présence, en temps normal. « Quand Saül m'a demandé en mariage, il m'a offert une maison à Grenade. » Saül a certainement fait tout ça à l’époque parce que c’était ce qu’il convenait de faire et, contrairement à Damon, je ne vois pas tout de suite où elle veut en venir : je ne connais pas la symbolique de cette maison. Je ne sais pas quelle valeur elle a aux yeux d’Elise et du reste du clan Williams. « Maman… » - « J'aimerais vous l'offrir à mon tour, en espérant que vous puissiez y construire d'aussi beaux souvenirs que nous. » Offrir une maison, est-ce courant dans leur univers ? Est-ce le genre de chose qui passe de main en main comme un bijou de famille ou une montre ? Je ne me voile pas la face : la maison est un cadeau pour Damon et les Williams s’empresseront de mettre à jour mon contrat pré nuptial en conséquence, pour s’assurer qu’elle reste dans la famille en cas de divorce. N'y a-t’il que chez le riches que l’on pense divorce avant même que la cérémonie n’ait été célébrée ? Se rendent-ils compte de l’image que cela renvoie de l’univers autour duquel ils gravitent ? « À condition que tu ne la vendes pas. » Par respect pour Damon plus que pour Elise, je n’interviens pas et je laisse la mère et le fils partager ce moment qui semble important, puisque Damon est un livre ouvert, incapable de jouer au dur et de cacher ses sentiments. Il est ému, cela se voit autant que le nez au milieu du visage. Il prend sa mère dans ses bras et moi, je garde mes mains accrochées au comptoir, spectatrice de la scène. « T’étais pas obligée. Mais je crois pas qu’il existe de cadeau qui m’aurait fait plus plaisir que ça. Et tu sais bien que sous aucun prétexte je viendrai la vendre. » Grenade donc. Pensive, je me demande à quoi ressemble la propriété. Fait-elle partie de ces immenses villas dont on ne peut faire le tour en une semaine ? Est-ce un havre de paix ou un lieu de fête ? Damon me dira plus tard ce qu’il a envie de me dire : sur l’heure, j’adresse de simples remerciements à Elise puisque c’est ce qu’il est attendu de moi. « Merci Elise. C’est extrêmement généreux. » La valeur monétaire de cette maison ne représente peut-être rien pour elle mais je ne suis pas idiote : elle a une valeur sentimentale, si j’en crois leur émotion à tous les deux. « Vous êtes sûre de ne pas vouloir rester pour dîner ? » Si je demande, c'est évidement plus pour Damon que pour elle.

« Quelque part que je connais pas, aussi extraordinaire que ça peut être. On va aller se la couler douce à Hawaï. Ça nous fera du bien. » Le monde est si grand, mais il est vrai que vous avez déjà eu la chance de découvrir plusieurs endroits. Tu as sûrement découvert plus de pays aux côtés de Damon qu'aux côtés de Saül. Les voyages servaient surtout à lui donner une pause de vous deux soyons honnête. Il y a longtemps que ce n'était plus décevant pour son fils et sa femme quand il avait une importante réunion de dernière minute l'empêchant de partir en vacances avec sa famille. À chaque fois, tu te demandais il allait attendre combien de temps avant d'annoncer son absence. La fois à l'aéroport, tu y avais presque cru qu'il allait vraiment venir - en sachant qu'il ne ferait que travailler à distance. Mais non, juste avant l'embarquement, l'appel mystère.

« Maman… » En une phrase seulement, il comprend tout à fait où tu veux en venir, mais tu ne lui laisses pas le temps de placer quoique ce soit que tu poursuis dans ta lancée. L'enveloppe contient les papiers nécessaires pour faire un changement de propriétaire sur la maison de Grenade. Ta signature est déjà dessus. Il ne manque plus que celle de Damon - et Megan - s'ils l'acceptent bien sûr. Tu ne savais pas trop comment il allait prendre l'offre. Il le verrait peut-être comme un cadeau empoisonné que Saül cherchera à lui reprendre à la première occasion. Damon est sûrement plus facile que toi à manipuler pour arriver à ses fins. C'est la seule raison pour laquelle tu ajoutes que tu tiens à ce qu'il la garde. Peu importe la suite, s'il ne peut plus le gérer, tu préférerais qu'il te la redonne plutôt qu'elle tombe entre les mains de ton ancien époux. Ce n'est absolument pas comme un cadeau empoisonné qu'il voit cette offre Damon. Tu ne t'attendais absolument pas à ce qu'il soit autant ému. Rapidement, il fait le tour du plan de travail pour venir te serrer dans ses bras « T’étais pas obligée. » Tu viens à ton tour resserrer l'étreinte autour de ton fils alors qu'une goutte d'eau tombe contre ton épaule te confirme qu'il a versé une larme. Tu as le coeur si gros qu'il menace d'exploser soudainement. Megan reste à l'écart de cet échange, mais elle est quand même de trop. Sa présence t'empêche d'être totalement à l'aise avec le moment pourtant touchant que tu partages avec ton fils. « Mais je crois pas qu’il existe de cadeau qui m’aurait fait plus plaisir que ça. » Il s'éloigne légèrement et tu viens poser ton regard dans le sien en souriant doucement. « Et tu sais bien que sous aucun prétexte je viendrai la vendre. » C'est ce que tu espérais entendre. « C'est à toi qu'elle revient. » Et à ses enfants à lui peut-être un jour qui sait. « Je t'aime. J'ai de la chance de t'avoir. » Ah le bel italien qui permet d'avoir un semblant d'intimité. Il y a une éternité que cette langue s'est un peu perdue entre vous deux en dehors de l'Italie. Ça va. T'es pas trop rouillée. C'est comme faire du vélo. Ça ne se perd pas.

« Merci Elise. C’est extrêmement généreux. » Ah, elle est encore là celle-là. « Ça me fait plaisir. » Et le pire, c'est que c'est parfaitement honnête. Megan ou non dans l'équation. Elle ne doit pas avoir l'habitude de se faire offrir une maison comme on offre le dernier album de son groupe préféré. Il n'y en a pas de limite ici. « Vous êtes sûre de ne pas vouloir rester pour dîner ? » Tu vas vraiment devoir décliner cette offre deux fois plutôt qu'une ? On dirait bien. De toute façon, tu viens de leur offrir de quoi s'occuper toute leur soirée. Damon lui expliquera ce que cette maison représente et il pourra lui montrer de quoi elle a l'air. Tu te demandes si elle va la trouver hideuse juste parce qu'elle vient de toi. « Certaine, merci. » On sait tous que c'est ce qu'elle a vraiment envie que tu répondes de toute manière. « Je t'enverrai par courriel les nouvelles photos de la maison. » À Damon, bien sûr. Parce qu'elle n'est plus exactement comme avant depuis le passage de Saül et Ariane. « Il reste deux-trois petites choses à régler avec les assurances, mais vous pourrez mettre ça à votre goût. C'est eux qui paye. » Comme si ça changeait quoi que ce soit sur le budget que ce soit vous ou les assurances qui se chargent du paiement.

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***
Il aurait pu rester encore des instants entiers, ainsi, à sentir l’étreinte de sa mère autour de ses épaules. Il avait l’impression, pour la première fois depuis trop de temps, d’être enfin à sa place. Mais il savait parfaitement qu’ils ne pouvaient rester ainsi le reste de la soirée, alors il se recula dès que l’instant lui sembla propice. Bien sûr, certaines lames s’étaient échappées et avaient roulé sur ses joues - il n’en avait que faire; s’il y avait bien une personne devant qui il ne s’était jamais retenu, c’était Élise, et Megan rejoignait doucement mais sûrement cette liste très restrictive. Disons qu’il était sensible et se laissait facilement emporter par ses émotions; peu cependant pouvaient prétendre connaître les raisons de ces dernières sans se tromper. « C'est à toi qu'elle revient. » Si elle était restée entre les mains de Saül, jamais elle ne lui serait revenue. Il aurait fait en sorte de la garder, coûte que coûte. « Je t'aime. J'ai de la chance de t'avoir. Alors que son sourire vint s’agrandir, une ou deux larmes de plus s’échappèrent à entendre sa mère parler en italien - cela faisait si longtemps. « Je t’aime aussi. Merci pour tout, maman. » Parce-que Damon savait que, malgré tout, elle tentait de faire au mieux pour son fils dans une situation qui la dépassait plus que jamais: la moitié des éléments lui avaient été rendus flous, de manière explicite et faite exprès, mais on lui demandait de donner la meilleure performance tout de même avec si peu d’informations. Et malgré tout, elle savait trouver sa juste place.

« Merci Elise. C’est extrêmement généreux. » Le regard du garçon vint se poser un instant sur sa proximité, avant de venir étirer un petit sourire. C’était effectivement extrêmement généreux de la part de sa mère, car il savait parfaitement à quel point cette maison représentait beaucoup pour elle. « Ça me fait plaisir. » Avant de définitivement s’écarter d’Elise, Damon vint déposer un baiser appuyé sur sa tempe. « Ça nous fait plaisir aussi, tu sais. » Megan n’avait pas encore tous les détails et toute l’histoire se cachant derrière cette maison, mais elle serait autant heureux que le fils Williams lorsque ce dernier serait venu ajouter à son tableau les quelques détails qui lui manquaient. « Vous êtes sûre de ne pas vouloir rester pour dîner ? » Si elle avait déjà dit qu’elle déclinait l’invitation une fois, Élise n’était pas du genre à revenir sur sa parole de la sorte; si bien que Damon savait d’avance qu’elle viendrait refuser une seconde fois. Toutes fois, il appréciait l’attention toute particulière que venait apporter là sa fiancée, car elle ne saurait faites autrement que comprendre que cela aurait fait plaisir à Damon - et malgré tout ce qu’elle pourrait laisser paraître, à Élise - que de partager un diner tous ensemble. Leur couple n’était peut-être pas tiré d’une vérité, mais le jeune homme avait à cœur à ce que les choses se passent au mieux pour tout le monde. « Certaine, merci. » Il vint étirer un petit sourire discret. « Je t'enverrai par courriel les nouvelles photos de la maison. » Cette fois-ci, il vont hocher doucement la tête. « Ça marche. » - « Il reste deux-trois petites choses à régler avec les assurances, mais vous pourrez mettre ça à votre goût. C'est eux qui paye. » Enfin, un petit rire vint se faire entendre de la part du blond. « On a tout le temps du monde pour voir ça, maman, t’en fais pas. » Une fois que le mariage serait passé, ils auraient tout le temps nécessaire pour venir régler ce genre de soucis.

Quelques minutes plus tard à peine, Damon venait embrasser sa mère une dernière fois sur la joue, avant de fermer la porte de l’appartement à sa suite. Laissant un soupire s’échapper, il vint ensuite rejoindre de nouveau Megan dans la cuisine. Il s’était attendu à tout, sauf au contenu de la discussion qu’ils venaient tous les trois d’avoir. Se laissant retomber sur l’un des fauteuils, le jeune homme vint défaire la cravate qui pendait toujours à son cou - il avait fait tomber la veste mais n’avait pris le temps de se débarrasser du reste. D’un main, il vint attraper les papiers qui étaient restés sur le comptoir et leur jeta un regard distrait. « Je pensais pas qu’elle viendrait la donner à qui que ce soit un jour. » Regard avec lequel il vint accrocher celui de la demoiselle la seconde qui s’en suivit. « Je te raconte ça pendant qu’on dîne ? Ça sent super bon et je meurs de faim. » Et le sourire qu’il vint afficher là était, enfin, redevenu bien plus amusé et taquin qu’il n’avait su l’être dans les dernières heures.