“I know you do.” Qu’elle insiste et c’est simplement ton rire qu’elle aura le plaisir d’entendre comme nouvelle confirmation par ton corps, mais pas tes mots. Tu ne mets pas la vidéo à votre appel car tu n’as pas un nombre illimité de data dans ce pays ci, alors tu fais attention tant que tu n’es pas sur un wifi. Le son de sa voix te suffit personnellement. Peut être bien que tu as surtout pas envie qu’elle voit dans tes yeux combien t’as envie de la serrer contre toi et combien vous êtes loin l’un de l’autre en même temps. “You’re not.” Le temps qu’elle a mis à répondre, ce silence, vaut tous les FaceTime du monde. Vous êtes comme deux ado qui sont en manque de la proximité de leur personne favorite. Exactly what we are. “Mmh.” Tu espères que c’est le scepticisme qui prévaut dans cette réponse plutôt qu’elle soit en train de partir en bad de ne pouvoir que te parler et t’entendre. La conversation continue et tu es plutôt soulagé que ce soit le cas. Tu mets donc sa réaction sur le fait qu’elle ne croit pas à ce repas que tu lui as promis de prendre. Tu as encore plus envie de lui prouver que tu peux quand tu veux. Et là, tu veux qu’elle ne s’inquiète pas pour toi en plus de toutes les autres émotions que vous traversez tous les deux.

“Oh, cool, ça fera un truc à rajouter pour ton retour, alors.” Elle a l’air de se faire une méga to do list pour ton retour. Tu n’as pas oublié ce qu’elle a mentionné auparavant. Ton anniversaire notamment. Elle ne devrait pas s’embarrasser de ça mais tu ne vas pas lui souffler une fois de plus. Tu sais qu’elle fera quoi qu’il arrive. Tu espères juste qu’elle va pas mettre trop d’effort là dedans. “Told ya. Je suis géniale avec les mômes, j’y peux rien.” Elle est définitivement de très bonne humeur et les rires que tu entends de l’autre côté du combiné te font sourire sincèrement. “Don’t start being an emotional baby.” Ton tour de pouffer en l’entendant dire ça. « This is literally my middle name. » Car vraiment, t’es une boule d’émotion à tous les moments. Tu pleures plus vite que ton ombre aussi. Pas là tout de suite, heureusement, même si tu arriverais facilement à camoufler ça dans le son de ta voix. “Oooooh.” Et la relance sur ton désir de faire des gâteaux avec eux ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. “Tu seras plus qu’invité si tu promets de ne pas d’être chiant à vouloir tout nettoyer derrière à chaque étape car ça risque de m’agacer très très fortement.” Tu peux pas t’empêcher de lâcher un grand rire car damn elle te connait beaucoup trop bien. « Promis je rangerai qu’à la fin. » Car il est clair que tu rangeras et que tu apprécieras même ce moment contrairement à elle.

“Une tarte aux pruneaux ? Un gâteau magique à la vanille ? Un soufflé à la banane ?” Tu plisses les yeux en voyant très bien à quoi elle joue. « Hmmm… I see what you’re doing here. » Et tu n’ajoutes rien de plus à ce propos. Les mots sont parfois obsolètes entre vous et tu n’as pas la tête à une joute verbale là. Tu es vraiment un emotional baby yep. “Le trajet en taxi est long ?” Juste elle dit ça que le taxi s’arrête et le chauffeur te dit que t’es arrivé à destination. « One sec babe. » Que tu dis en nichant ton téléphone dans la poche de ton hoodie et allant récupérer ta valise dans le coffre avant de dire au revoir au taxi et de reprendre ton téléphone une fois que tu es dans le lobby de l’hôtel. « Je viens juste d’arriver à l’hôtel. » Tu remets ta casquette correctement sur ta tête. « You good if I call you back in ten minutes when I’m in my room? » T’as l’impression qu’elle avait l’air prête à rester au téléphone avec toi encore un moment et t’es carrément ok avec ça. Mais tu préfères te poser - et tester le lit - plutôt que de continuer à lui parler dans l’entrée avec toutes tes affaires.

« This is literally my middle name. » “Literally.” pas faux, pas faux ; il t’émiette si rapidement, ton grand dadais, mais paraitrait-il que tu l’aimes comme ça, dans le meilleur et dans le pire. C’est ton baby tout court qui te manque mais dont t’essaie de penser à son retour plutôt qu’au faites qu’il ne soit pas là. Ca va aller, ça va passer, tu verras rien ; allez dire ça à ta gorge enrouée de la veille qui te fait sangloter silencieusement par intermittence contre ta grenouille qui a l’habitude d’avaler tes larmes depuis trois décennies. Cependant, l’avoir au téléphone te procure plus de joie que de peine, comme à chaque fois car t’es douée pour être une optimiste à toute épreuve, même dans celle-là car, au final, ce n’est pas la pire que t’as connu. Mais c’est celle qui fait le plus mal quand même. « Promis je rangerai qu’à la fin. » “Je préfère.” t’apprécies même beaucoup ; tu râles déjà d’avance de ce que tu vas devoir nettoyer car tu cuisines (pâtisses) peu mais quand tu le fais, on le sent quand t’es passée. Les trucs vont traîner dix ans dans l’évier, t’en as conscience mais tu mettras un point d’honneur à nettoyer et (peut-être) ranger avant que Jordan ne revienne. En trois semaines, ça devrait être faisable, non ?

Tes formes prêtent sur le papier posé dans le plat, tu commences à prendre les douilles où t’as tes glaçages colorées pour décorer tes biscuits - faut bien faire les choses. « Hmmm… I see what you’re doing here. » tu glousses légèrement. “I don’t see what you mean.” alors t’es penchée avec ta douille rouge pour tracer les contours des zones à peinturer - le meilleur moment. « One sec babe. » la seconde d’après justement, t’entends un bruit infernal de frottement et de parasites étranges avant que le téléphone a l’air de retrouver la vie. « Je viens juste d’arriver à l’hôtel. » “Waw, mon timing est impecc!” rien que ça suffit de te rendre fière ; c’est presque comme si t’étais avec lui. « You good if I call you back in ten minutes when I’m in my room? » l’attention qui se déporte sur le télephone, tu lui souris même si ton partenaire ne peut pas te voir. “Pas de problème. Je vais aller chercher mes écouteurs en attendant. Ca sera plus simple.” tes beaux écouteurs portables ultra pratiques, t’auras l’impression que Jordan te berce les tympans et c’est le plus près que tu peux l’avoir dans votre situation géographique là.

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Simon est un amateur de bons plans. Alors quand il t’a proposé d’aller une soirée d’une connaissance (entendre là d’un gars qu’il s’est sûrement déjà fait), tu n’as pas réfléchi dix ans pour dire oui. Des fêtes improvisées, chez des gens que tu ne connais pas, ça te rappelerait presque ta folle jeunesse (lol). Quoiqu’il en soit, tu te fais plaisir, le charme toujours présent, la folie encore plus, bavarde comme pas deux ni trois et tu t’es fais des nouveaux compagnons de soirée avec qui t’as dansé, bu, rigolé. Simon est déjà plus dans ton champ de vision depuis un moment, et tu le maudis de son absence. Car s’il avait été là, il aurait peut-être pu te stopper de poster cette foutue photo, ce post de l’enfer qui était pourtant un ‘je t’aime’ crié au monde pour ton partenaire. Comme quoi, même alcoolisée, même au milieu de corps qui auraient pu t’attirer, tu penses à lui ; t’as plus l’habitude de pas avoir son soutien, que ce soit physique avec son bras autour de toi que visuel, vos yeux se cherchant toujours dans la foule quand vous êtes loin de l’autre, comme une assurance que l’autre est toujours là, safe and sound dans le champ périphérique. Seulement là, Jordan n’est pas là et même si t’es joyeuse, t’es aussi prise d’une profonde mélancolie de l’extrême quand tes nouveaux amis te demandent si t’as quelqu’un. “Oui mais il est loin, loin, loooooin!” tu leur as dit en mimant de tes mains à quel point il est loin. La discussion s’enchaînant, t’as posté ton machin en pleine euphorie - c’est l’amour, parait-il, ça rend con et aveugle - et c’est qu’une fois qu’arrivée à la maison que tu vois les messages.

Jordan qu’a vu et Jordan qu’a visiblement pas aimé. Tu comprends pas pourquoi, mais apparemment, tu devrais le savoir car t’as la science infuse et que t’es censée tout savoir sur tout, pas vrai, Birdie ? Tu râles devant la porte d’entrée, tu le maudis d’avoir deux putain d’entrée, et le pire, c’est qu’il ne répond pas. Plus. Il joue le mort. Il voit tes messages mais il répond pas. Tu vas le supprimer, ce putain de post, même si tu sais pas pourquoi ; à ce stade, tu t’en fous. Pieds nus, la veste balancée dans le salon à la va vite, tu jettes ton téléphone sur le lit avec une délicatesse précaire mais une rage certaine. “Fuck you.” que tu lui dis sans oser l’écrire quand même. T’es énervée car t’aimes pas qu’on t’ignore, et ça aussi, il doit pouvoir le deviner, lui, sûrement pour ça qu’il fait ça. T’as fauté quelque part mais tu n’as pas l’esprit de le voir pour l’instant ; la seule chose que tu vois, c’est que Jordan t’ignore et ça te met dans un mood absolument affreux. Alcoolisée, ce n’est pas mieux.

Le réveil promet.

“Literally.” Elle veut le dernier mot la miss. Tu le lui laisses sans problème. T’es juste content d’être celui qui entend un peu plus de la voix de l’autre. I win. T’es stupide. Still wining. “Je préfère.” Comme ça y’a l’impression qu’elle te mène à la baguette mais tu es juste le plus faible de la planète pour lui faire plaisir. Elle te manque bien trop là maintenant pour refuser ses demandes. Surtout quand il s’agit de nettoyer. Tu nettoieras dans tous les cas. Elle sera contente, et toi aussi. “I don’t see what you mean.” Elle t’amuse à prétendre comme ça. Tu te mords la lèvre alors que ton coeur à une petite pointe car ceci n’est que le premier jour de ton séjour. Tu te dis que y’en a pas d’autres prévu après. “Waw, mon timing est impecc!” Vraiment, elle l’a senti et ça te fait kiffer. Y’a pas de coïncidences. Tu crois fort aux synchronicités. Vous êtes liés par bien plus que vos coeurs Birdie et toi. Voilà une preuve supplémentaire à la très longue liste mentale que tu as depuis un long moment maintenant. Cette liste que tu préférais mettre de côté au début car vous étiez que des amis. Right. On y croit tous. “Pas de problème. Je vais aller chercher mes écouteurs en attendant. Ca sera plus simple.” « Love you. » Que tu dis spontanément avant de raccrocher et d’aller check in.

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9 Novembre, dans la soirée.
Tu es dans le studio d’enregistrement avec les gars, vous êtes en train de bosser sur une mélodie. T’es au piano à tâtonner alors qu’un des gars vient à côté de toi pour tester quelque chose à son tour, tout en chantonnant les phrases que vous venez d’écrire. Tu vois ton téléphone s’éclairer avec la notif d’un nouveau post Instagram de Birdie. Tu souris alors que tu n’attends pas une seconde pour déverrouiller et… Et sentir ton coeur se compresser dans ta poitrine. « What the fuck Bird… » Ton visage fermé, tu galères à faire un screen et envoyer un SMS à ton oiseau.

« Jordan ? »
« Je reviens… »

Tu te lèves du piano et sort de la pièce, prenant de grandes inspirations alors que tu attends la réponse à ta demande de retrait du post. Elle est ivre. Elle comprend pas. Tu insistes, elle comprend toujours pas. Elle est ivre. Elle est ivre et elle va pas enlever le post parce qu’elle comprend pas. Tu te retrouves à faire les cent pas en essayant de rester en contrôle de ta respiration, de ton coeur qui est en train de péter une durite. Ton cerveau qui s’emballe plus que tout. Elle comprend pas. Elle est ivre. Elle a posté cette photo. Elle comprend pas pourquoi tu veux qu’elle l’enlève. Et c’est bien ça qui te fait le plus mal. Elle est ivre. Est-ce que ça doit excuser pour autant ? Tu sais pas. Vu l’état dans lequel tu es là, c’est pas rien du tout. Mais tu essaies fortement de te maîtriser et tu mets beaucoup de temps. Et tu vois les autres messages de Birdie. Et tu vois qu’elle a apparemment supprimé le post. Et tu vas vérifier tout en continuant tes grandes respirations. Le post n’est plus là. Tu fermes les yeux et va t’asseoir dans le canapé de cette même pièce. Y’a un des gars qui vient te rejoindre.

« Hey… Sorry, I’m gonna take like… I don’t know… I need a moment. »
« Take all the time you need. Everything ok? »
« Yeah yeah it’s just… »

Tu te masses les paupières cherchant les bons mots. Autant c’est tes potes, autant c’est pas tes amis. « Got triggered by something… » Et c’est comme ça que tu leur a faussés compagnie pour le reste de la soirée, n’ayant pas la tête à te remettre au travail. Tu as de la chance d’avoir pris de l’avance dans les premiers jours en bossant en amont. Vous n’allez pas perdre de temps. Dans le lit de ta chambre d’hôtel tu regardes le plafond presque autant que les messages de Birdie. Tu te dis que ça sert à rien d’essayer de lui parler tant qu’elle est sous l’emprise de l’alcool. Ca te conforte tellement dans ton choix de ne plus boire une seule goutte quand tu vois les dégâts que ça fait dans ce genre de situation. Tu finis par t’endormir.

les sms:

sms:

10 novembre
Le réveil a été brutal. D’abord parce que t’étais affalée sur le canapé, encore habillée, une jambe et un bras pendant lamentalement et sur le ventre, la position que tu détestes le plus. Non seulement tu te réveilles avec un mal de crâne assez terrible, mais tu te paies des articulations en berne, tendues comme pas possible - il serait temps de te rappeler que tu n’as plus vingt ans malgré que tu persistes à croire que l’âge n’est que dans la tête et que le temps n’a aucune emprise sur toi. Mais les douleurs physiques ne sont rien comparées à ce que tu vois sur ton téléphone une fois que t’as émergé, pris une douche et que t’as un café fumant devant toi. Naturellement que t’allais pour ton message de bonjour à ton partenaire ; tu revois les messages de la veille - ou de tout à l’heure, peu importe. Tu te liquifies sur place ; non seulement t’as posté Jordan sur ton instagram - officiallisant encore plus la chose officielle qu’elle ne l’est déjà - mais le concerné n’a pas apprécié. Pire, tu l’as effacé parce qu’il te l’a demandé avant d’ignorer tes messages qui suivaient. Une main sur le front, les yeux bloquant sur ton cellulaire, tu sens que t’as commencé à t’énerver. De son silence, de ses non-dits, de l’ignorance qu’il a décidé t’établir envers toi. Tu déglutis légèrement avant de taper tes premiers mots. D’effacer. De recommencer. De soupirer. De songer à demander à quelqu’un. Mais non, c’est ta merde, ta responsabilité. Tu finis par lui envoyer quelque chose. Il te répond, c’est le soulagement. Mais la conversation est brève. Le soulagement ne dure pas, il fait place à un coeur qui se gonfle et qui se fend. Ce n’est pas normal. Sa photo te fait sourire mais… Plus de retour.

11 novembre
Le jour d’après est encore pire. Il t’envoie une simple photo. La culpabilité te ronge de l’intérieur, son manque de communication te désarçonne. Jordan est toujours le premier à vouloir parler pour arrondir les angles, pour poser les choses, pour ne pas garder en soi. Pourquoi il ne le fait pas, alors ? Pourquoi il devient un mur que tu n’oses même pas frôler ni même regarder de peur qu’il s’effondre sur toi ? Tu n’as pas cette force. Tout comme tu n’as pas celle de supporter son ineptie envers toi. Ca fait mal, putain, et tu trouves ça injuste car tu ne comprends pas entièrement pourquoi. L’anxiété te gagne et tu te verrais presque en train de faire tes affaires ici pour retourner chez Mason à ce stade. Non. Impossible que ce soit la fin. Vous êtes plus solide que ça. Parait que c’est sain de se disputer ; même si là, il n’y a eu aucune dispute puisque tu ne sais profondément pas de quoi tu es coupable. Mais cela ne t’empêche pas de te terrer à la maison quand tu n’as pas à aller travailler, vieille carcasse sur son canapé qui n’a pas le coeur à aller dans son atelier ou à embêter autrui. Tu te poses simplement devant tes films de Noël croulant de bons sentiments sous de la fausse neige en grignotant des sucreries. Quand t’es pas occupée à pleurer.

12 novembre
Tu n’avais que l’espérance d’avoir un peu plus qu’une photo aujourd’hui ; au moins un message. Mais t’as eu plus. Une conversation entière. Autant dire que le monde aurait pu flancher autour de toi que tu n’aurais pas bougé d’un poil. Les mains moites, le coeur battant, t’es passée par toutes formes d’émotions ; culpabilité, tristesse, désarroi, colère, incompréhension. La seule chose persistante est qu’il te manque cruellement, que tu aurais préféré te faire pardonner avec ton corps, avec tes baisers, avec tes câlins, en lui faisant un repas le plus sucré et chocolaté au monde tout en passant un de ses vinyles préférés. T’aurais fait tout ça car t’as conscience d’avoir fauté. Cependant, t’as commencé à t’énerver (de nouveau) quand Jordan à décréter que tu ne méritais pas une explication claire et précise. Quand il te la donne, tu restes pantois.

Tu n’avais pas pris l’ampleur de son complexe physique. Bourrée, encore moins. Mais même lucide, tu n’avais pas conscience. Tu regardes ton téléphone quelques secondes sous les quelques larmes qui glissent sur tes joues. L’envie de le prendre contre toi est encore plus forte mais au moins, les lignes se sont dessinées et tu comprends mieux ce qui t’es reprochée. Tu te sens affreuse et horrible de ne pas t’en être rappelée, de ne pas l’avoir pris avec plus de sérieux mais en même temps, ça remonte à si loin et tu ne te rappelles même plus exactement ce qu’il t’a dit. Là, marqué par message et vu la leçon au coup de claque dans la gueule que tu viens de recevoir, tu t’en rappeleras même avec deux milligrammes d’éthanol dans le système.

Ton petit organe palpitant semble respirer après tout cette conversation - même la partie sur la mort, oui oui - et tu te sens déjà un peu mieux en envoyant ton dernier message. Tes mains contre ton visage, tu te traites de tous les noms pour avoir été stupides. Faudrait vraiment que t’arrête de boire autant. Ça ne te réussit pas.

10 novembre
T’as passé une nuit de merde sans comprendre comment Birdie a pu faire un truc pareil alors que tu lui as expliqué plutôt en détails - à ton avis - le gros problème que tu as avec ton corps il y a quelques semaines de ça. Et puis tu te souviens qu’elle était ivre et tu te dis que bien sûr elle a oublié. Tu mets tout sur le compte de l’alcool et ça te brise le coeur de voir que ça fait des dégâts entre vous. Toi qui est totalement sobre depuis le premier octobre. Tu as finalement continué, tu n’as pas pris de cheeky cocktail à minuit le soir d’Halloween. C’est les moments comme ça, où Bird perd le contrôle qui te fait te rappeler que c’est peut être extrême de ne plus boire du tout, mais ça fonctionne et c’est totalement pour le meilleur. Tu voudrais tellement qu’elle arrête de boire jusqu’à en devenir ivre et perdre le contrôle, mais jamais tu le lui diras. Elle est une grande fille et elle fait sa vie. A toi d’adapter la tienne avec la personne qu’elle est. C’est toi aussi qui regarde ses SMS sans savoir quoi y répondre et quand y’en a un nouveau qui arrive où elle a compris qu’elle a fauté, tu mets encore tout ça sur le compte de l’alcool et tu voudrais juste la serrer contre toi. Ce qui est fait est fait, tu sais qu’elle doit se sentir mal et tu voudrais la pardonner mais t’es encore en colère contre elle au fond de toi.  Tu n’as pas envie de lui parler. T’as encore besoin de laisser le temps au temps afin d’avaler cette pilule. Y’a bien un truc qu’on peut te donner Jordan c’est que tu ne sais pas faire semblant.

11 novembre
Tu lui envoies une photo car tu lui as promis de le faire une fois par jour sans faute. Et contre vents et marées tu es préparé à le faire. Même si t’es toujours en colère contre elle. Tu l’aimes et ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Tu le sais. T’as même pas un seul doute sur le fait que ça ne sera pas la fin de vous deux. Tu ne veux pas lui parler mais tu veux lui faire comprendre que t’es toujours là. C’est dur quand t’es à autant de kilomètres d’elle. Tu as une journée un peu plus productive aujourd’hui même si tes potes voient bien que y’a un truc depuis quelques jours. Tu leur as expliqué, ils ont vu ta crise de panique et depuis, même si vous n’êtes pas en retard sur le planning, loin de là même, tu fais en sorte d’être encore plus efficace. Et ça fonctionne.

12 novembre
Deux photos aujourd’hui, pour montrer à ton oiseau que oui, vous travaillez. Tu n’arrives pas à retenir quelques mots de plus qui enclenchent une conversation plus sérieuse. Celle ci même qui te fait réaliser que Bird n’avait effectivement pas réalisé l’étendue de ton complexe. Tu te sens réellement stupide de l’avoir laissé sans qu’elle ne comprenne ce qu’il se passait car pour toi c’était évident. Ton corps c’est tellement le problème numéro un. Pourquoi tu existes Jordan ? Une question que tu t’es posé presque quotidiennement depuis aussi loin que tu te souviens. Pourquoi toi et pas ta mère ? Pourquoi pas l’inverse ? L’inverse aurait été mieux. Y’aurai pas eu tous ces trauma dans ta petite tête que tu gères au quotidien. Y’aurait pas eu Birdie toute triste de l’autre côté de l’océan à cause de toi et tes problèmes.

Cette conversation t’as fait du bien et tu te sens stupide de ne pas avoir opté pour la communication en premier lieu ce coup ci. Se couper de l’autre n’a fait que rallonger votre misère à tous les deux sur un continent différent. C’est toi qui parle toujours de la communication comme la chose la plus importante. L’honnêteté. C’est seulement maintenant une fois que tu lui as dit ton ressenti et le pourquoi que tu n’as plus cette pression dans ta poitrine. Que tu n’as plus cette réticence à répondre à ses messages. Que tout a l’air d’être revenu plutôt équilibré. Même si tu détestes savoir que Bird se sent toujours mal pour ce qu’il s’est passé. C’est pour ça que tu es tout de même un poil appréhensif de ce coup de fil que tu lui as dit lui donner plus tard. T’as été vague dans l’indication parce que toi même tu ne sais pas.

13 Novembre
Après une nuit blanche au studio à bosser avec les autres, tu as dormi quelques heures le matin. Les gars ont prévu d’aller à la plage et tu as décliné l’offre. Tu as un oiseau à appeler. En t-shirt dans ton lit, y’a ton ordi à côté de toi - pour changer - et la peluche wombat - pour changer aussi - mais tu es réveillé depuis peu et tu hésites à appeler ta partenaire en FaceTime ou non. Tu te grattes la tête un moment et puis tu décides que non. C’est mieux de ne pas voir son visage et ses yeux qui doivent s’en vouloir encore. Ca va te briser le coeur. T’as mis ton casque sur les oreilles pour pouvoir l’entendre parfaitement tout en restant bien dans le lit. Tes yeux sont fermés et ton coeur bat plutôt très vite. Elle décroche. « Hey babe… » Tu fermes fort les yeux en priant tous les cieux qu’elle ne cherche pas à s’excuser une fois de plus. Tu voudrais aller de l’avant et tu veux pas imaginer la culpabilité dans ses yeux, ni l’entendre dans sa voix. Mais t’es marrant Jordan, c’est pas si facile. If you feel like shit, she feels like shit. Au moins, vous êtes synchro et vous partagez ça ensemble, si c’est pas beau ça. Shut the fuck up. « Je te dérange pas ? J’ai la journée pour moi, je peux rappeler plus tard si faut. » Tu te demandes ce qu’elle a de prévu aujourd’hui. Tu te demandes ce qu’elle porte sur elle. Tu te demandes où elle se trouve là tout de suite, alors qu’il doit être l’après midi bien entamée en Australie.

Plutôt énergique pour un coeur en berne, mi-figue mi-raisin coupé en deux ; le stress d’une communication écrite ou vocale mêlé et se confrontant à l’envie de l’entendre ou d’avoir un signe. Il n’a plus émis de messages après ceux de la veille et ça ne t’aide pas à penser que tout est rentré dans les clous. Jordan te punit d’une façon ou d’une autre, reconnaissant bien là une technique que tu sais toi-même faire ; le silence, l’ignorance. Même si tu penses qu’il a besoin de temps - et toi aussi - pour éviter d’être un joli duo de saules pleureurs au téléphone, il n’empêche que tu te sens mal de ne pas avoir plus de nouvelles. Mais tu prends ton mal en patience. T’es rentrée du travail avec quelques courses dans les bras et le silence brisé par les chaussures que t’envoie valdinguer à travers la pièce puis le bruit des clés sur le comptoir ne te fait aucun bien au moral. Alors t’allume la télévision pour un bruit de fond. Il y a toujours un film de Noël qui traîne quelque part et ça te suffit pour ne pas avoir à cogiter dans ce petit cerveau cadburien.

Il n’est donc pas surprenant que, quand tu vois son nom s’afficher sur ton cellulaire, pour un appel et non un message, t’es surprise. Jordan ne t’a même pas envoyé de messages, il ne t’a pas prévenu, il a juste… appelé directement. Ce qui te met un peu de baume au cœur. Tu pinces ta lèvre avant de te décider de décrocher au bout d’une éternité (mais en vrai, quelques secondes), levant ton téléphone à ton oreille. « Hey babe… » t’es à peu près certaine que tu pourrais te mettre à pleurer juste en l’entendant mais tu fermes les yeux et tu serres les dents en ne répliquant rien, stupidement - il réussit à te prendre au dépourvu, là. « Je te dérange pas ? J’ai la journée pour moi, je peux rappeler plus tard si faut. » allez, Birdie, fais quelque chose mais ne pleure pas, s’il te plait. Tu déglutis légèrement, passe ta langue sur tes lèvres puis ta main dans tes cheveux. “Hi.” okay, bon début, la suite maintenant. “Non non, c’est bon, je viens de rentrer du travail. J’ai fait quelques courses, j’étais à court de farine et de sucre. Et de chocolat. Je crois que j’épuise beaucoup trop vite les stocks quand je suis seule.” mais il doit s’en foutre, de ça, non ? T’en sais rien, tu te sens tellement stupide, tu ne sais même pas ce que tu dois dire et blablater de rien te semble être la meilleure option. Tu racles ta gorge en faisant le tour de l’îlot. “Tu viens de te réveiller ?” il a l’air d’avoir sa voix endormie. Tu l’imagines avec ses cheveux en bataille et son visage du réveil. Celle que t’aime voir et que t’aime embrasser (ok, t’aime embrasser toutes ses têtes, de toute façon). Celle qui te manque cruellement. Tu retiendras de dire à quel point c’est calme sans lui. Tu n’aimes pas beaucoup quand c’est aussi calme. Les films à la télé apaisent ton âme mais pas ton coeur ; y’a que lui qui peut faire ça. On ne peut pas dire qu’il a été à la fête ces derniers jours. Mais même la lionne s’est se montrer un petit chaton apeuré alors t’oses pas ; t’ignores s’il veut en parler ou pas, s’il veut t’entendre t’excuser ou non, ou s’il veut simplement passer à autre chose. Toi, tu veux seulement que ça redevienne comme avant. Tu aimes les surprises mais pas sous forme de bâtons dans les roues qui te mettent à mal. Tu te demandes s’il a veut ta page entre temps. Tu n’espères pas. Ou peut-être que si ; ça aurait été un bon moyen pour lui rappeler à quel point tu l’aimes. Mais que t’es juste une stupide abrutie qui fait des choses de stupides abrutis. Tu ne te dédouanes pas, la honte est assez présente en toi avec son amie la culpabilité pour que t’es conscience de ta faute ; mais passer sous silence te conviendrait très bien. Tes pages peuvent aider à l’apaiser ; mais toi, t’as pas grand chose. Juste à attendre qu’il revienne et que tu puisses l’étouffer de tes baisers. Lui prouver encore et encore que son corps, tu l’aimeras pour deux s’il le faut.

Il est long le silence à l’autre bout du fil. Trop long. Une seconde est une éternité. Tu ne sais pas ce qui est en train de se passer de l’autre côté du combiné mais tu tortures ta lèvre inférieure et tes yeux se ferment encore plus fortement. Tes sourcils sont froncés et tu vas même serrer le drap dans une de tes mains. Mais tu n’entends pas de reniflement ou autre indicateurs qu’elle serait en train de pleurer. Tu proposes de rappeler plus tard si jamais. Ca ferait sens, ça expliquerait même tout. Elle est au milieu de quelque chose et ne peut pas parler. Elle est peut être chez le médecin ou au travail tu- “Hi.” Et tu sens tes poumons se vider de l’air que tu n’avais même pas remarqué avoir bloqué. “Non non, c’est bon, je viens de rentrer du travail. J’ai fait quelques courses, j’étais à court de farine et de sucre. Et de chocolat. Je crois que j’épuise beaucoup trop vite les stocks quand je suis seule.” Okay, elle parle beaucoup, elle a la voix stable, elle a l’air d’aller, non ? I wanna hold her.

“Tu viens de te réveiller ?”
« Ouais y’a pas longtemps. »

Tu te frottes un oeil après avoir arrêté de martyriser le drap qui n’a rien demandé. « On travaille surtout la nuit et on profite du pays la journée. » Mais pas toi, pas aujourd’hui. Tu voulais rester là à téléphoner à Birdie et puis t’as quelques trucs que tu voulais voir de ton côté sans avoir besoin des gars. Tu peux bosser sur des morceaux que vous avez bien entamé et tu en as surtout très envie. Tu aimes te mettre la tête totalement dans le boulot et tu aimes être en avance sur ton programme. Oui tu pourrais faire un programme plus strict mais ça ne sert à rien. Vous avez largement le temps de tout faire dans le trop grand nombre de jours que vous avez encore devant vous. C’est réellement un des meilleurs studios que tu as jamais vu et dans un pays pareil c’est totalement paradisiaque. « I’m happy to hear your voice. » Que tu dis d’un coup comme ça parce que c’est vrai et parce qu’elle te manque. « Tu vas faire encore des gâteaux test ? Ca se garde longtemps ? Y’en aura pour moi ? Tu peux les mettre au congèle ? » Car tu as bien entendu la partie chocolat. Même si la vérité c’est que n’importe quel pâtisserie ça passe crème - sans jeux de mots et encore plus quand tu sais que c’est quelqu’un que tu aimes qui les a fait. Oui t’es sentimentale comme ça.

« Ouais y’a pas longtemps. » i know you, i know you, i know you. Quasiment ravie d’avoir vu juste, tu l’es encore plus en réalisant que t’as été un de ses premiers réflexes de réveil. Il n’a pas attendu très longtemps pour te contacter ; c’est souvent lui qui le fait, de toute façon. Ce n’est pas un réflexe chez toi de rester pendue au téléphone, encore moins d’appeler ; t’es à l’ancienne, tu débarques chez les gens sans prévenir au grand damne de certain(e)s. Alors appeler est dans les cordes de Jordan. Même si t’es surprise qu’il ne t’ait pas envoyé un message avant. Ne serait-ce que pour tâter le terrain ; ça te rassure. Cela signifie que ce n’est pas si étrange que ça en a l’air. Pourtant, tu sens quand même une pression ou une tension, comme une bulle qui flotte au-dessus de vous qui n’attend qu’à être éclatée. Cela serait tellement plus simple s’il était là. Vous êtes doués dans la communication non verbale ; tout comme vous êtes très doués pour vous faire des films dans vos têtes. Un regard suffirait pour vous rassurer mais en même temps… Non, il t’a déjà vu triste, il t’a déjà vu messed up, tu n’aurais pas eu peur de lui montrer la culpabilité sur tes traits. Au moins, tu n’aurais pas eu besoin de l’exprimer, il aurait su. Mais tu n’aurais pas pu supporter son silence en réel. Tu pries pour que ça n’arrive jamais. « On travaille surtout la nuit et on profite du pays la journée. » ta silhouette finit enfin par atterrir sur le canapé sur lequel tu t’affales plus que tu t’asseoie, souriant vaguement mais sans grande conviction. “Je suis pas franchement surprise. Incroyable que vous ayez du temps pour dormir. Vous avancez bien ?” est-ce que t’es pas loin de moi pour rien ? est-ce qu’il va y avoir un round deux de ce voyage si jamais ce n’est pas finalisé ? Des questions à double intérêt à tes yeux ; à ce stade-là, tu t’en fiches un peu de son travail. Tu te soucies simplement de son bien-être, s’il va bien dans la tête et dans le corps, s’il est satisfait de ce qu’il fait là-bas, que t’as pas ruiné son moral - il a parlé d’être misérable et t’as pas aimé ce terme, t’as pas aimé savoir que tu l’as rendu comme ça. T’es censée le faire sentir aimé et chéri, pas misérable.

« I’m happy to hear your voice. » oh. Ça te réchauffe le cœur alors que tes yeux regardent abstraitement l’écran de télévision silencieux. Tu ferais bien d’aller chercher tes écouteurs. Mais t’as la flemme de bouger pour l’instant et t’as pas envie de rompre ce contact qui te paraît si fragile avec ton partenaire. Tant pis si ton oreille chauffe ; t’en as deux, c’est pas pour rien. « Tu vas faire encore des gâteaux test ? Ça se garde longtemps ? Y’en aura pour moi ? Tu peux les mettre au congèle ? » il te bombarde à son tour et tu passes un doigt au milieu de tes sourcils en souriant légèrement. “I’m happy too. I’ve missed you.” dis-tu d’une toute petite voix. Ca t’a manqué de l’entendre, de communiquer, de parler avec lui. Cela te semble naturel comme pensée. “Les biscuits se gardent assez longtemps mais pas trop non plus car il ne faut pas qu’ils deviennent de la pierre. Malheureusement, y’en a déjà plus ; je grignote beaucoup trop devant mes films. J’en ferai quand tu reviendras. Ca sera ton cadeau de bienvenue à la maison.” oh t’es niaise mais oh que tu t’en fous. C’est un acte beau à tes yeux, surtout si Jordan a vraiment l’air enclin à vouloir faire partie de tes testeurs. Tu comptes aussi essayer autre chose que des biscuits mais ça, il n’est pas obligé de le savoir - non, il ne doit pas le savoir sinon, ça ruinerait absolument tout. “Tu vas aller où, aujourd’hui ?” parler de la pluie et du beau temps pour retrouver le confort de vos habitudes ; please, yes.

“Je suis pas franchement surprise. Incroyable que vous ayez du temps pour dormir. Vous avancez bien ?” Vous dormez pas beaucoup pour dire la vérité mais tu vas bien te retenir de le lui dire car elle ne va pas être contente de savoir que tu ne prends pas soin de toi autant que tu le devrais. T’as jamais été un grand dormeur, ni un grand mangeur, mais ça ne l’empêche pas de te disputer à ce propos également. Y’a des choses où c’est plus facile de faire des efforts, la bouffe. Mais si le sommeil ne vient pas à toi tu peux littéralement rien faire pour changer ça. Tu pourrais te remettre à fumer de l’herbe. Hmm. « On avance bien ouais. On a plein d’idées y’a certainement un tas de chansons qui ne finiront pas sur l’album. » Oui. A ce point là. Et c’est le pied quand c’est dans ce sens là. C’est l’horreur dans l’autre. Si les idées ne sont pas là, tu sais d’avance que peu importe ce que tu écriras, ce sera de la merde en boîte.

“I’m happy too. I’ve missed you.”
« I’ve missed you too. »

T’étais un poil en suspend car elle s’est faite silencieuse un poil trop longtemps à ton goût. C’est clair que vous êtes en train de marcher sur des oeufs car c’est impossible d’oublier ce qu’il s’est passé y’a quelques jours et la grosse conversation de la veille. Elle le sait déjà qu’elle te manque. Tu le lui as dit quelques fois mais tu t’en moques de le répéter. Le sentiment est toujours là. Encore plus depuis ces derniers jours où tu aurais bien envie d’être ne train de te refaire une santé en profitant de ses bras. “Les biscuits se gardent assez longtemps mais pas trop non plus car il ne faut pas qu’ils deviennent de la pierre. Malheureusement, y’en a déjà plus ;” « You’re serious? » T’es choqué et impressionné. “ je grignote beaucoup trop devant mes films. J’en ferai quand tu reviendras. Ca sera ton cadeau de bienvenue à la maison.” Oh. Parce que tu pensais pas que ce serait elle qui aurait tout mangé quand elle dit qu’il y en a plus. Un doux sourire sur tes lèvres quand elle dit qu’elle va t’en faire quand tu reviendras. « Was about to make a request. » Elle t’a devancé. Ca te fait sourire. « Thanks. » Tu vas tâtonner le matelas à côté de toi pour choper le wombat qui est là. Tu vas le serrer contre toi en nichant ton nez dessus.

“Tu vas aller où, aujourd’hui ?”
« I don’t know. The guys left already. I’m resting. »

Tu as eu besoin de ton Beauty sleep (non). « Le lit est pas mal je vais rester là je pense. J’ai mon ordi donc… Toi même tu sais je vais bosser. Je suis inspiré et j’ai hâte de montrer ça aux gars ce soir. » Hallucinant comment tu kiffes ton boulot Jordan. Jamais tu t’arrêtes. Ca te plaît tellement. I’m very lucky. « Qu’est ce que tu as prévu toi ? Encore de la pâtisserie ? » Tu continues de l’imaginer sans rien sous le tablier oui. « Oh and sorry in advance cos you’ll only have my face as a photo today. »  Pas aussi bien qu’un bout du pays - si - mais ce n’est pas ce qu’elle avait demandé en premier lieu. Ou en tout cas ce que tu avais compris. La vérité c’est que tu n’es pas désolé du tout et tu sais qu’elle va être très contente elle aussi. « Can I request a picture a day from you too? » Tu te mords la lèvre. Elle te manque et tu veux un peu plus d’elle dans tes journées. Comme si tu voulais rattraper le temps. « Could be anything and bonus points if your boobs are showing. » Tu te doutes qu’elle n’a pas besoin de marche à suivre mais tu es bien content d’avoir glissé ça l’air de rien.

« On avance bien ouais. On a plein d’idées y’a certainement un tas de chansons qui ne finiront pas sur l’album. » tu sais ce que ça peut être ; au moins eux peuvent mettre toutes leurs créations quelque part, ils peuvent les mener à bien d’une façon ou d’une autre, ça sera utilisable plus tard. Tu n’as pas cette chance avec tes créations ; mais c’est ce qui rend la chose intéressante. Les idées ne manquent pas mais le temps, la capacité, le matériel ne sont pas toujours en ta faveur. T’admires Jordan à être une source inépuisable pour ses clients - qu’importe s’il est pote avec eux, ça reste quand même des clients à tes yeux. T’en as pas beaucoup vu depuis que t’es là ; l’intérêt d’avoir le studio en bas près de la porte d’entrée principale. Ça évite à ce qu’ils envahissent le terrain principal et franchement, tu trouves que c’est une idée extra. Tu n’as pas besoin de faire un quelconque effort pour être présentable (ça t’aurait gonflé, clairement).

« I’ve missed you too. » tu mordilles l’intérieur de sa lèvre plusieurs fois d’affilés en espérant quand même que cette conversation ne se finisse pas en tirades de désespoir de vos côtés respectifs. Voilà plus d’une semaine qu’il est parti maintenant, autant de jours où il n’a visiblement pas eu le temps de fouiller sa valise comme t’aurais songé qu’il aurait fait pour une raison qui t’échappe mais ça fait toujours autant de jours qui te rapprochent de son retour et de sa présence. Vous n’avez clairement pas besoin d’exprimer vos manques respectifs, vous le savez ; mais là ça semble plus nécessaire encore que vous prenez vos précautions comme si l’un attend que l’autre parle en premier de ce qui a été dit ou dise quelque chose qui ne plairait pas. Tu n’es pas friande de ces situations, surtout avec Jordan où tu n’as jamais vraiment eu besoin d’être sur la retenue, même dans tes pires moments.

« You’re serious? » tu glousses légèrement. “Je les ai fait y’a une semaine. J’avais prévu d’en ramener aux studios et tous les environs mais...” mais ouais, t’as voulu faire ta grosse devant la télévision parce qu’ils étaient foutrement bons (et beaux), tes biscuits. Et aussi parce que tu manges quand t’es stressée. Entre autres. “Mais j’ai profité d’être seule pour m’empiffrer comme jamais.” subtile, Cadburn. Comme si t’avais des difficultés à te nourrir, de toute façon. Tu aimes manger mais tu trouves que ça reste une perte de temps par moment - exactement comme le sommeil ou aller aux toilettes. Si seulement il y avait des cheats codes comme dans les Sims pour mettre toutes les barres au vert en une fraction de seconde, indécent que personne n’ait réussi jusqu’à présent. « Was about to make a request. Thanks. » “Je vais passer deux mois à en faire donc t’inquiètes pas, t’auras le temps d’en être écoeuré.” dis-tu d’un ton qui s’efforce d’être aussi léger que l’air ; mais maintenant, parler de nourriture te paraît sensible, t’as peur de dire quelque chose qu’il ne faut pas et- stop it. Il n’y a jamais eu aucun problème jusqu’à présent, pourquoi y en aurait-il maintenant ? “Si ça trouve, tu vas les trouver dégueulasses. Te fais pas d’espoirs trop haut.” t’es une pâtissière lambda après tout.

« I don’t know. The guys left already. I’m resting. » “That’s good.” qu’il se repose, t’apprécie de le savoir. Tu n’es toujours pas sa mère mais t’es satisfaite d’apprendre qu’il prend du temps pour lui ; t’es bien placée pour savoir que le corps ne va pas en rajeunissant (même si t’as tendance à vouloir l’oublier). « Le lit est pas mal je vais rester là je pense. J’ai mon ordi donc… Toi même tu sais je vais bosser. Je suis inspiré et j’ai hâte de montrer ça aux gars ce soir. » tu souris ; il n’y a absolument rien qui te surprenne dans cette phrase. « Qu’est ce que tu as prévu toi ? Encore de la pâtisserie ? » tu lâches un gros souffle en t’affaissant encore mieux dans le canapé, ta main libre jouant sur ton ventre en réfléchissant à tes projets du jour. “Nope, pas ce soir. Je pense que je vais me mater un énième film de Noël. Et peut-être commander japonais. J’ai une envie de sushis, c’est affolant.” tu penses aux makis (ça te fait toujours sourire en pensant à Malachi) et aux bons vieux sushis, ça te fait saliver d’avance. Tu soupçonnes que tu n’es toujours pas sereine mais hey, peut-être que ton envie passera d’ici la fin de la conversation. “I’m not preggy, I swear.” souffles-tu, d’un timbre amusé, regardant tes doigts sur ton ventre cette fois-ci. Toujours plat, toujours ferme, toujours mince, aucun problème à déclarer.

« Oh and sorry in advance cos you’ll only have my face as a photo today. » sorry ? t’es presque offensée par de telles paroles. Tu ne comptes pas lui dire que voir sa tête te manque car vous avez déjà un niveau de niaiserie et d’air de camés en manque bien élevé à ton goût mais tu ne peux pas t’empêcher de sourire doucement, les prunelles montant vers le plafond. “I’m not sorry for that.” car sa tête vaut tous les paysages du monde. “Waiting for that.” une putain de bordel de semaine que tu l’as pas vu. The need is real. « Can I request a picture a day from you too? » en voilà une idée - que vous n’aviez pas eu jusqu’à présent. « Could be anything and bonus points if your boobs are showing. » tu penches la tête d’un air songeur avant de rire légèrement à la fin de ses mots. “Obviously. What would I win with those bonus points ?” après tout, il parle de points, ce n’est que justice de parler de récompenses, non ? Tu reprends un ton plus sérieux, plus doux, mordillant ta lèvre malgré ton fin sourire. “Mes journées n’ont rien de passionnantes et je n’ai pas de paysage que tu ne connais pas. Mais je peux faire ça, oui.” tu pourrais faire à peu près tout ce qu’il te demande car t’as l’impression de le lui devoir pour éponger une dette d’une faute que t’as commise - et ce n’est pas qu’une impression. Ce qui te fait penser… “I hope you can feel my arms around you because that would be what I would do if you were here. Hugging you, bothering you away from work, smelling you, kissing you…” autant de façon d’exprimer et de répéter sans le dire qu’il te manque et que t’es désolée. “I don’t like when we…” fight même si t’as pas l’impression que vous vous soyez vraiment frictionné. Être ignorée te fait sortir de tes gongs ; être ignorée par Jordan fut pire que ça.

L’entendre rire te fait vraiment du bien à chaque secondes. Si elle rit, elle est pas en train de s’en vouloir de ce qu’il s’est passé non? “Je les ai fait y’a une semaine. J’avais prévu d’en ramener aux studios et tous les environs mais…” Mais ? Elle a tout bouffé ? “Mais j’ai profité d’être seule pour m’empiffrer comme jamais.” Tu es impressionné par sa capacité à manger alors qu’elle a un si petit corps. « T’as eu raison ouais. »
Tu fais pas du tout le lien entre sa culpabilité, ses émotions et la bouffe car tu n’es pas comme ça du tout de ton côté. Toi t’écris des chansons. Des chansons de drama queen. Des chansons que tu vas une fois de plus garder juste pour toi car elles ne reflètent pas la réalité et tu ne veux pas faire peur à ton oiseau.

“Je vais passer deux mois à en faire donc t’inquiètes pas, t’auras le temps d’en être écoeuré.” Deux mois ? C’est plus que du test à ce niveau là mais si tu as une excuse pour manger des gâteaux à tout tes repas parce qu’il faut pas gaspiller, t’es le premier en ligne. T’as un tout petit peu oublié que tu vas devoir manger correctement vu que tu vas te mettre au sport Jordan. “Si ça trouve, tu vas les trouver dégueulasses. Te fais pas d’espoirs trop haut.” Elle est en train de flipper de ses capacités, tu connais très bien ce sentiment, tu es le même. « Tssss. J’y crois pas une seconde. » Vous êtes bien les mêmes à ce niveau là.

“That’s good.” Tu savais que ça allait lui faire plaisir cette info. Toi aussi t’es bien content d’avoir un peu de time off. Un peu de ta solitude où tu as pris la première occasion pour téléphoner à ta partenaire. Yup. Car tu peux. Car tu veux. Car tu te sens bien mieux vis à vis de tout ça. T’as envie de te frapper de ne pas avoir communiqué plus tôt. Vous avez perdu de précieux jours et tu vas t’en vouloir pendant longtemps encore. Tu ne referas pas cette erreur une deuxième fois c’est sûr. Allé arrête de penser à ça Jordan. Elle est là au bout du fil avec toi. La tempête est passée et c’est une bonne chose que tu ne sois pas en train de psychoter sur d’éventuels followers de Birdie qui aurait pris en screenshot la photo. Pourquoi faire ? T’es sûrement un total inconnu pour eux, donc t’as raison de ne pas penser à ça. Tu n’es pas une star, ça ne refera pas resurface sur internet d’une façon ou d’une autre. Faut dire qu’il y a d’autres trucs d’années auparavant qui se baladent sur le net mais qui se sont perdus aussi avec le temps. “Nope, pas ce soir. Je pense que je vais me mater un énième film de Noël. Et peut-être commander japonais. J’ai une envie de sushis, c’est affolant.” Sa dernière phrase te fait sourire. On dirait toi quand t’as une envie de chocolat d’un coup. Ce qui est quasiment tous les jours en fait Jordan donc non ce n’est pas pareil. “I’m not preggy, I swear.” Oh. Parce que tu n’avais même pas pensé à ça alors que l’univers sait combien de tes soldats se sont retrouvés dans les plus beaux tréfonds de cette planète. « Damn. I didn’t even think about it. » Y’a plein de choses que tu ne fais pas de lien entre la bouffe et quelqu’un. Mais ça va, Bird plaisante, elle prend la pilule, y’a aucun risque. Right.

“I’m not sorry for that.” Tu vas lui envoyer une photo de toi dans ce lit, la tête avec les cheveux en vrac, car ça va être ton image pour toute la journée. Flemme de tout, tu prendras une douche avant de devoir filer avec les gars au studio. “Waiting for that.” Tu la feras dès que vous aurez raccroché. Tu espères en avoir une avec ses boobs visibles même si tu as déjà quelques photos de cet ordre sur ton téléphone, ce ne sont pas les mêmes tous les jours. “Obviously. What would I win with those bonus points ?” Ton sourire sur ton visage se fait super large. Tu n’as pas pensé à ça. « I don’t know, what would you want? » Parce que c’est pour elle après tout. Et oui tu viens totalement de lui refiler la patate chaude. Sûr qu’elle trouvera bien quoi faire de ces points au moment opportun.

“Mes journées n’ont rien de passionnantes et je n’ai pas de paysage que tu ne connais pas. Mais je peux faire ça, oui.” T’as eu peur qu’elle cherche à se défiler pendant une seconde. « Can you show me your outfits of the day? Everyday? » Que tu murmures car dieu sait combien tu aimes Birdie nue, mais aussi dans ses vêtements. Elle a un style rien qu’à elle qui te fait briller les yeux à n’importe quelle occasion. Tu aimes tellement voir dans son apparence combien elle est confiante en elle et qu’elle en a absolument rien à foutre du regard des autres. Ca t’inspire à chaque fois et t’es fier de te pavaner avec elle bras dessus bras dessous. T’es pas aussi excentrique qu’elle mais tu aimes les jolies fringues aussi. Surtout celles qui cachent bien ton corps.

“I hope you can feel my arms around you because that would be what I would do if you were here.” Tu serres un peu plus fort le wombat contre toi de l’entendre dire ces mots. “ Hugging you, bothering you away from work…” Un sourire très large qui se forme aussitôt sur ton visage car oui, elle est la reine avec ses tentatives de te couper de ton travail. And I love it when she does that. Tu l’aimes tout court Jordan. “ smelling you, kissing you…” Tu déposes un baiser sur Miss Wombat automatiquement, même plusieurs. “I don’t like when we…” Tu t’arrêtes et rouvres les yeux suite à cette phrase en suspend. Looks like we are gonna talk about it in the end. Pas comme si tu lui avais dit de ne pas le faire. Elle a le droit de parler de ce qu’elle veut, t’es pas encore là pour la contrôler. Sauf pour qu’elle enlève une photo qui t’a fait avoir une crise de panique. Ok là c’est légitime. « I don’t like it either… » Que tu murmures sans utiliser le mot non plus car t’es pas totalement sûr de ce qu’elle voulait dire mais t’aimes pas non plus quoi qu’il soit. Tu l’as pris comme un ‘I don’t like when we don’t talk’. Alors tu vas parler, parce que tu t’en veux également de ne pas avoir parlé plus tôt.

« J’ai une connaissance qui est coach sportif… » Que tu annonces, car oui, tout revient à ça au fond pour toi. « I will really do my best to do things right. Even the eating… » Tu grimaces déjà en tournant un peu la tête pour regarder par la fenêtre. Presque à la recherche de quelque chose pour te changer les idées alors que tu es littéralement en train de parler du truc qui te fait grimacer fort. « I really… Want to like my body and I’m… Taking care of it better… » T’as arrêté de boire considérablement depuis le début de l’année et totalement depuis octobre. C’est pas facile mais tu es fier de toi en même temps et cette simple pensée te fait du bien. Savoir gérer tes émotions sans passer par l’alcool pour oublier, penser à autre chose. Nope. Tu mets tout dans tes écrits, tu écris encore plus qu’avant. It’s therapy. « I don’t know if it will do the trick but I’m gonna try… » Parce que toi même tu veux aller plus loin pour prendre soin de toi. C’est vrai. Tu sais pas si tu seras assez fort pour manger correctement tous les jours sans exception. Vraiment ça, ça te semble totalement impossible mais tu vas voir si ton pote coach peut pas te filer des genre de shaker avec des protéines et autres trucs qui ne te demanderait pas de manger des repas entiers mais plutôt des choses à la saveur chocolat. T’es déjà en train de vouloir contourner le truc Jordan. I’m just trying to make the best with what I have, and what exist. C’est vrai après tout, peut être que c’est possible. C’est pas comme si tu voulais être un bodybuilder de toute façon. Like i could. Quand on veut, on peut. « I’ve got Miss Wombat on my face right now. » Que tu dis pour changer de sujet si jamais le besoin est. Vous vous connaissez bien tous les deux. Une perche pour parler d’autre chose quand c’est trop intense au bout d’un moment c’est la meilleure issue de secours que vous n’êtes pas non plus obligé de prendre. Selon comment l’autre se sent.